LE LIEN ENTRE AUTODETERMINATION, DISCRIMINATION RACIALE ET DEVELOPPEMENT EST SOULIGNE PAR LES DELEGATIONS EN TROISIEME COMMISSION
Communiqué de presse AG/SHC/637 |
Troisième Commission
26e séance – matin
LE LIEN ENTRE AUTODETERMINATION, DISCRIMINATION RACIALE ET DEVELOPPEMENT EST SOULIGNE PAR LES DELEGATIONS EN TROISIEME COMMISSION
Le colonialisme et ses vestiges, notamment le racisme, ont été identifiés comme des obstacles au développement par les délégations de la Troisième Commission qui poursuivaient ce matin leur débat sur l’autodétermination et la discrimination raciale.
Alors que le droit des peuples à l’autodétermination, consacré par la Charte des Nations Unies, a été réaffirmé dans la Déclaration du Millénaire, on compte encore 16 territoires non autonomes, a souligné le représentant d’Antigua-et-Barbuda, qui s’exprimait au nom de la Communauté des Caraïbes, en insistant sur le lien entre le développement et l’autodétermination et sur la nécessité de tout mettre en oeuvre pour assurer le succès de la deuxième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme. Il a estimé que le manque d’information sur les différentes options du droit à l’autodétermination - indépendance, association libre ou autonomie, constituait l’obstacle le plus sérieux à la réalisation de droit à l’autodétermination.
Les vestiges du colonialisme et ses implications en terme de discrimination raciale ont été qualifiés d’anathème au développement par le représentant du Guyana qui a expliqué, à l’instar du représentant de l’Indonésie, que la réalisation des objectifs de développement n’avait de sens que s’il renforçait l’unité de la nation. A cet égard, le représentant de la Jamaïque a souligné la nécessité de la réparation des pratiques raciales héritées du colonialisme.
Des délégations ont dénoncé les pratiques discriminatoires dont sont victimes les populations des territoires palestiniens occupés. L’observatrice de la Palestine a condamné «l’attitude raciste» de l’Etat d’Israël, puissance occupante, ainsi que la «forme de colonialisme» qui nie depuis 36 ans les droits fondamentaux des populations autochtones et prive 3,5 millions de Palestiniens de leurs droits fondamentaux. Répondant à la déclaration faite lundi par la délégation de l’Egypte, le représentant d’Israël a, de son côté, affirmé que le droit à l’autodétermination ne peut être exercé aux dépens d’autres droits et a rappelé que la Feuille de route visait la création de deux Etats.
La Commission a par ailleurs entendu la présentation de projets de résolution relatifs à la promotion de la femme et à la protection des droits de l’enfant.
Outre les délégations déjà citées, les représentants des pays suivants ont pris la parole: Antigua-et-Barbuda (au nom de la Communauté des Caraïbes), Chili, Guyana, Indonésie, République arabe syrienne, Jamaïque, Barbade. L’observatrice de la Palestine a également participé au débat.
Les représentants d’Israël et de l’Egypte et l’observatrice de la Palestine ont exercé leur droit de réponse.
La Troisième Commission poursuivra son débat général sur l’élimination de la discrimination raciale et l’autodétermination, demain, mercredi 29 octobre, à 15 heures.
Présentation de projets de textePROMOTION DE LA FEMME
La représentante du Canada a présenté au nom des coauteurs un projet de résolution intitulé «Amélioration de la situation des femmes dans les organismes des Nations Unies» (A/C.3/58/L.19). Soulignant un ralentissement des progrès dans la réalisation de la parité entre les sexes au sein des Nations Unies, elle a indiqué que le but de ce projet était de formuler et d’atteindre des buts concrets afin que l’objectif de parité entre hommes et femmes soit atteint d’ici à 2006. Elle a par ailleurs présenté les amendements apportés au projet.
Présentant un projet de résolution intitulé «Elimination de toutes les formes de violence à l’égard des femmes» (A/C.3/58/L.22), le représentant des Pays-Bas, au nom des coauteurs, a indiqué que la résolution définissait les mesures à prendre par tous les Etats pour éliminer les formes de violence contre les femmes. Elle demande au Secrétaire général de faire réaliser une étude approfondie de la question afin notamment d’en déterminer les causes et conséquences.
PROMOTION ET PROTECTION DES DROITS DE L’ENFANT
La représentante du Bénin a présenté au nom des coauteurs un projet de résolution intitulé «Importance du rôle des parents dans l’encadrement, la prise en charge, la surveillance et le développement des enfants» (A/C.3/58/L.23), expliquant que ce texte invite les parents à s’impliquer davantage dans la vie de leurs enfants.
La représentante de l’Egypte a présenté au nom des coauteurs un projet de résolution intitulé «Situation des enfants palestiniens et aide à leur apporter» (A/C.3/58/L.24). Face à la dégradation continue de la situation des enfants palestiniens observée dans les territoires occupés, la résolution exige qu’Israël respecte les dispositions pertinentes de la Convention relative aux droits de l’enfant et demande à la communauté internationale de fournir d’urgence l’assistance et les services nécessaires, a-t-elle précisé.
ELIMINATION DU RACISME ET DE LA DISCRIMINATION RACIALE
DROIT DES PEUPLES A L’AUTODETERMINATION
Déclarations
M. CHRISTIAN MAQUIEIRA (Chili) a indiqué que son pays, dans le souci d’assurer l’intégration de tous, s’attachait à renforcer l’offre de prestations sociales en mettant l’accent sur l’éducation, la santé et l’accès à la justice. Des politiques spécifiques sont destinées aux groupes sociaux les plus vulnérables en vertu du revenu, de l’âge, du sexe, du fait d’incapacités physiques ou mentales et de l’origine ethnique. Le programme «Tolérance et non-discrimination» vise à intégrer les demandes et propositions des citoyens dans les politiques publiques, a-t-il dit, et les 38 entités ministérielles et les organisations citoyennes concernées travaillent à l’élaboration d’un Plan national d’éradication de la discrimination au Chili. En tant que pays présidant la Commission des droits de l’homme, il a offert la collaboration de son pays en la matière.
M. GEORGE TALBOT (Guyana) a souligné que son pays avait une population ethniquement plurielle et que la nation continuait à lutter pour éliminer les vestiges du colonialisme. Le racisme est un anathème pour le développement, a-t-il affirmé soulignant que la réalisation des objectifs de développement dépend de la mobilisation de tous, quelle que soit leur race. L’élimination de la discrimination raciale est intiment liée à la lutte contre les autres formes de discrimination fondées sur le sexe, la nationalité ou encore la religion. Il a estimé que la montée d’actes racistes dans le sport et l’utilisation d’Internet à des fins de diffusion de propagande raciste présentaient une double menace, notamment pour les pays en développement et a appelé l’Assemblée générale à prendre des mesures pour contrer ces deux tendances. Au plan national, le Gouvernement a fait des progrès pour effacer les décennies de méfiance entre les principaux partis politiques et groupes ethniques, ce qui s’est concrétisé, le 6 mai dernier, par la signature d’une déclaration sur la coopération entre le Président de la République et le dirigeant du principal parti d’opposition. Le Guyana, a-t-il ajouté, s’est par ailleurs efforcé, de renforcer le cadre juridique de la protection des droits et les possibilité de recours contre la discrimination en matière d’emploi ou dans d’autres domaines liée à la race ou à l’origine ethnique.
Mme NADYA RASHEED (Palestine) a condamné l’attitude raciste de l’Etat d’Israël, puissance occupante, ainsi que la forme de colonialisme qui nie depuis 36 ans les droits fondamentaux des populations autochtones. Israël a empêché les quatre millions de réfugiés palestiniens de retourner chez eux, a poursuivi l’Observatrice. Elle a aussi dénoncé la discrimination au motif de la religion envers les Palestiniens qui ne peuvent même pas obtenir de passeport. Dans l’impossibilité de voyager, vivant dans le dénuement, ils sont souvent, comme les autres réfugiés dans le monde, victimes de discrimination. En Israël même, a dit l’Observatrice, plus d’un million d’Israéliens arabes ou d’origine palestinienne se voient nier leurs droits et sont victimes d’une discrimination institutionnalisée. Attirant l’attention sur le fait que ces populations vivaient dans des conditions bien pires que les citoyens israéliens moyens, elle a fait remarquer qu’Israël était la seule nation du monde à faire la différence entre la citoyenneté et la nationalité. L’observatrice a appelé à la restauration des droits des Palestiniens réfugiés et à la création d’un Etat avec Jérusalem-Est comme capitale pour permettre au peuple palestinien de vivre dans la dignité et le respect des principes d’égalité, de liberté et de tolérance.
M. MUHAMMAD HATTA (Indonésie) a indiqué que son pays était partie à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale (CERD) et avait adopté un Plan national d’action sur les droits de l’homme dans lequel il présente notamment ses priorités dans le domaine de l’élimination racisme. Il a précisé que la Constitution avait été amendée en 2000 pour interdire toutes les formes de discrimination et que le Gouvernement procédait également à un examen de toute la législation. Il a notamment cité la modification de la loi sur les traditions, croyances et traditions chinoises. L’Indonésie, a-t-il dit, élabore sa législation dans le domaine de la lutte contre le racisme en cherchant à maintenir un esprit de tolérance et de respect mutuel entre les différentes communautés par le biais de programmes d’éducation et le dialogue. Il a précisé que la législation adoptée à la suite des attaques terroristes de Bali veillait à ne porter préjudice à aucune religion, groupe ethnique ou nation. S’agissant de la montée d’actes racistes dans le sport, il a affirmé que son pays ne pouvait tolérer un phénomène qui sape une importante source de diversité.
Mme RANIA AL HAJ ALI(République arabe syrienne) a exprimé sa préoccupation quant à la montée du racisme envers les Arabes et les musulmans en dépit des progrès acquis dans la mise en oeuvre du Programme de Durban, dont les objectifs, a-t-elle dit, n’ont toujours pas été réalisés. Elle a fait état de l’usage des technologies de communication pour nourrir des sentiments de suprématie et de haine et menacer ainsi la stabilité et la paix internationales. Certaines lois sont promulguées, a-t-elle regretté, au titre de la lutte contre le terrorisme alors qu’elles ont une base raciale. Elle a appelé le Rapporteur spécial sur la lutte contre le racisme et le Haut Commissaire aux droits de l’homme à éviter de signaler la montée du racisme envers ces populations comme un phénomène existant seulement depuis le 11 septembre 2001. Elle a indiqué que les pratiques racistes dans sa région s’étaient aggravées, faisant notamment référence aux expulsions dues aux colonies de peuplement israéliennes ou à la construction du mur de séparation. Le vrai terrorisme, c’est l’occupation, a-t-elle affirmé. Elle a enfin souligné qu’il n’y avait aucune pratique discriminatoire dans son pays.
M. STAFFORD O. NEIL (Jamaïque) a appelé à l’application de tous les éléments du Programme d’action de Durban en soulignant la persistance de comportements discriminatoires et racistes notamment dans le domaine de l’emploi. Des groupes racistes demeurent des menaces, notamment avec la généralisation de la démocratie qui laisse le champ libre à leurs activités, a-t-il poursuivi, insistant sur la nécessité de mesures volontaristes pour contrer ce phénomène dans chaque société. Il reste beaucoup à faire, a-t-il dit, soulignant les domaines d’action prioritaire, à savoir l’éducation et les processus de socialisation en vue de promouvoir l’idéal d’harmonie raciale en association avec les organisations non gouvernementales et la réparation des torts passés. Celle-ci est selon lui nécessaire en particulier pour certains pays en développement qui ont souffert des pratiques raciales comme celles envers les esclaves africains ou les populations autochtones. Le représentant a cité les cas de l’Afrique et de Haïti. Il a enfin appelé à respecter le pluralisme culturel avec l’accentuation des migrations et les contacts accrus entre cultures différentes.
Mme JUNE CLARKE (Barbade) a appelé au renforcement et à la mise en oeuvre des instruments nationaux et internationaux contre le racisme et la discrimination, à réaliser des études sur les causes profondes du racisme et à mener des programmes d’éducation pour combattre les legs du racisme et de la discrimination institutionnalisés. Les délégations ont reconnu à Durban le lien entre éducation et lutte contre le racisme ainsi que la nécessité de réécrire les livres d’histoire pour y inclure les contributions des peuples autochtones et des communautés d’ascendance africaine. Elle a indiqué qu’un Centre d’études multiraciales menait des recherches sur l’ethnicité dans les Caraïbes et encouragé les Nations Unies à considérer l’Université des Antilles de l’Ouest pour la recherche et l’élaboration des politiques publiques en la matière. Faisant allusion à l’usage d’Internet, elle a appuyé l’inclusion d’un libellé plus énergique dans les documents du prochain Sommet mondial sur la société de l’information. Enfin, elle a indiqué l’élaboration d’une loi dans son pays en vue d’interdire la discrimination fondée sur la race, la couleur ou l’origine ethnique pratiquée dans les institutions, les entreprises privées et par les individus.
M. PATRICK A. LEWIS (Antigua-et-Barbuda), au nom de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a rappelé que le droit des peuples à l’autodétermination est consacré par la Charte des Nations Unies et réaffirmé par la Déclaration du Millénaire. Il a insisté sur l’importance de la reconnaissance de ce droit pour les seize territoires non autonomes restants, qui sont essentiellement des petites îles, ainsi que sur la nécessité de reconnaître le lien entre développement et autodétermination. Il a réitéré la proposition visant à convoquer sous les auspices de la Troisième et de la Quatrième Commission un forum international d’information sur l’autodétermination et a demandé que cette proposition soit incluse dans le projet de résolution sur l’autodétermination. Il a estimé que le manque d’information sur les différentes options du droit à l’autodétermination constituait l’obstacle le plus sérieux à la réalisation de ce droit par les peuples des seize territoires non autonomes restants. Il a souligné que les Etats Membres eux-mêmes ne disposaient pas des éléments d’analyse de la situation sur le terrain qui pourraient leur permettre de combler le fossé démocratique inhérent au modèle de gouvernance coloniale.
Droits de réponse
Le représentant d’Israël a exprimé sa déception quant au «discours haineux» prononcé lundi par la délégation de l’Egypte avec qui son Pays a signé un traité de paix. Il a estimé que le droit à l’autodétermination ne pouvait être exercé aux dépens d’autres droits. Faisant valoir les concessions territoriales importantes consenties aux Palestiniens et rappelant que la Feuille de route vise à la création de deux Etats, il s’est demandé si les Palestiniens étaient toujours intéressés à la paix.
Le représentant de l’Egypte a demandé au représentant d’Israël de compter combien de pays dans la Troisième Commission avaient été victimes d’occupation. Il a regretté qu’Israël ignore les résolutions de la communauté internationale et, soulignant que 600 enfants avaient perdu la vie au cours de la dernière année, s’est interrogé comment, après avoir tué tant d’enfants, Israël pouvait tenir de tels discours.
L’observatrice de la Palestine a indiqué qu’elle répondrait aux informations jugées erronées du représentant d’Israël au cours de son intervention de vendredi.
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