LES PAYS FOURNISSEURS DE CONTINGENTS PLAIDENT POUR DES CONSULTATIONS REGULIERES SUR LES OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX
Communiqué de presse AG/PKO/177 |
Comité spécial des opérations
de maintien de la paix
172e et 173e séances – matin et après-midi
LES PAYS FOURNISSEURS DE CONTINGENTS PLAIDENT POUR DES CONSULTATIONS
REGULIERES SUR LES OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX
Au second jour du débat général du Comité spécial des opérations de maintien de la paix, organisé dans le cadre de sa session de fond de 2003, de nombreuses délégations de pays en développement ont plaidé pour le renforcement du dialogue et du partenariat triangulaire entre le Conseil de sécurité, le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) et les pays fournisseurs de contingents. En effet, des consultations régulières peuvent contribuer à améliorer la planification des missions et, à cette fin, le représentant du Pakistan a fait valoir que toute modification sur l’état des forces ou la composition d’une mission de maintien de la paix devait être décidée après consultation des missions permanentes de ces pays.
Les pays fournisseurs de contingents devraient être mieux informés de la situation sur le terrain et, ce, de manière complète et régulière, ont également estimé une majorité de délégations qui, à l’instar de l’Indonésie et de la Roumanie, ont fait valoir que les informations collectées grâce à l’usage accrû des technologies de l’information pouvaient être facilement partagées avec les missions permanentes, en particulier des Etats Membres qui envisagent un déploiement. Au-delà du perfectionnement du mécanisme de coordination et de consultation entre les pays fournisseurs de contingents, le Conseil de sécurité et le Département des opérations de maintien de la paix, le représentant de la Fédération de Russie a estimé que pour assurer une transition entre la phase de maintien de la paix et celle de consolidation de la paix et de reconstruction, l’implication du Conseil économique et social et des autres institutions des Nations Unies était également nécessaire.
S’agissant des aspects opérationnels, la Fédération de Russie a proposé la création au sein du Département des opérations de maintien de la paix d’une subdivision spéciale qui serait chargée d’analyser les divers aspects complexes de planification des opérations de maintien de la paix. Pour d’autres délégations, comme la Malaisie, c’est au Groupe des pratiques optimales de jouer un rôle plus actif dans la définition de recommandations génériques, des procédures et des meilleures pratiques pour les opérations de maintien de la paix. C’est pourquoi, dans le contexte du renforcement du Groupe de pratiques optimales, certaines délégations ont proposé que des consultations soient organisées avec les pays fournisseurs de contingents qui ont déjà participé à différentes opérations.
Des réunions régulières devraient être organisées par le Secrétariat avec la participation d’anciens commandants de missions et commandants de missions en cours afin de tirer les leçons des expériences passées, comme l’avait demandé le Comité spécial l’an dernier, a rappelé le représentant de l’Ukraine. Le représentant de la Turquie a déclaré que sa délégation était disposée à partager avec le Groupe des pratiques optimales les enseignements qu’elle a pu tirer de son expérience à la tête de la Force internationale d’assistance à la sécurité en Afghanistan. L’Afrique est particulièrement intéressée par les travaux du Groupe des pratiques optimales, notamment dans le cadre de ses efforts visant à renforcer les capacités régionales en matière de maintien de la paix, ont observé les représentants du Malawi et de l’Afrique du Sud qui se sont félicités de l’organisation prochaine en Sierra Leone d’un séminaire sur le thème «Partenaires du maintien de la paix».
Outre ceux déjà cités, les représentants des pays suivants se sont exprimés au cours du débat: Namibie, Pologne, Bangladesh, Brésil, Tunisie, Sierra Leone, Thaïlande, Liban, Serbie et Monténégro, Singapour, Népal, Chili et République populaire démocratique de Corée. L’Observateur de l’Ordre militaire souverain de Malte est également intervenu.
Le Comité poursuivra ses travaux en réunion informelle jusqu’au 23 mars prochain.
Débat général
M. VIJAY K. NAMBIAR (Inde) a estimé que le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) devrait poursuivre la mise en œuvre des priorités définies par le Comité spécial des opérations de maintien de la paix. Il a souhaité que les missions qui se sont achevées en 2002 libèrent des fonds au sein du DOMP afin de financer de nouvelles priorités conformément à la phase post-Brahimi. De l’avis de sa délégation, une planification prévoyant une stratégie de sortie par phases devrait faciliter le bon déroulement des opérations de maintien de la paix. S’agissant du renforcement de la collaboration avec les pays contributeurs de troupes, le représentant a prôné une institutionnalisation sur une base annuelle des séminaires tels que celui qui était destiné aux conseillers militaires des missions permanentes d’Etats contributeurs de troupes. Pour ce qui est du recrutement, M. Nambiar a souhaité que la procédure de sélection soit limitée à 120 jours tout en maintenant des critères de transparence et de compétence pour pourvoir aux postes vacants. Le travail du Groupe des pratiques optimales doit servir de centre névralgique au sein du DOMP pour améliorer la gestion des missions de maintien de la paix et nous souhaitons que les conclusions du Groupe sur certaines missions soient partagées avec les pays contributeurs de troupes. Abordant la question de la planification des missions, M. Nambiar a demandé au Secrétariat de partager avec les pays contributeurs de troupes les résultats de l’étude menée sur le renforcement du processus de planification des missions à chaque étape.
Concernant le déploiement rapide, le représentant a salué les progrès réalisés au cours de l’année écoulée par le DOMP tout en rappelant que certaines conditions préalables doivent être remplies, à savoir disposer de moyens logistiques adéquats, d’où la nécessité de renforcer le système des forces et moyens en attente des Nations Unies. En outre, il a appuyé le principe de la mise en place d’une liste de personnes disponibles pour partir en mission afin de réduire les délais de déploiement, en particulier pour ce qui est des effectifs de police civile. Concernant la formation, M. Nambiar a plaidé pour le développement de normes globales pour les opérations de paix qui seraient agréées par l’ensemble des Etats Membres et non pas uniquement par certains pays ou organisations. Il a ensuite prôné le renforcement des liens entre le DOMP et le Département de l’information avant de plaider pour le renforcement des capacités régionales de maintien de la paix, notamment en Afrique. Pour autant, les Nations Unies et les pays développés ne doivent pas chercher à se désengager en transmettant les responsabilités du maintien de la paix aux pays africains, a-t-il mis en garde. M. Nambiar s’est félicité des efforts visant à renforcer les capacités africaines en matière de maintien de la paix et, en particulier, de la réunion qui s’est tenue récemment en Sierra Leone sur le thème «Partenaires du maintien de la paix». Faisant référence aux questions financières et budgétaires, le représentant a estimé qu’il fallait cesser de négliger les besoins de financement des opérations de maintien de la paix.
M. GERHARD THERON (Namibie) a souligné les progrès du Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) depuis le rapport Brahimi: cet élan doit être maintenu pour s’assurer que les Nations Unies resteront prêtes quand on leur demande à organiser des opérations de maintien de la paix. Il a fait valoir à cet effet la nécessité d’établir des listes de personnel militaire, de police et de police civile en vertu du système des forces en attente. Les consultations en cours entre l’ONU et les organisations régionales restent cruciales, notamment pour la création d’une force africaine en attente, a-t-il ajouté.
Mais en dépit des nombreux développements positifs, a poursuivi le représentant, beaucoup reste à faire dans le domaine des relations entre les Nations Unies et les Etats Membres. A cet égard, la Namibie s’associe aux préoccupations exprimées par de nombreux pays en développement concernant le taux de remboursement de leur participation aux opérations de maintien de la paix et la désignation à des postes supérieurs au Siège et dans les missions. Il est important que tous les Etats paient leur contribution dans les temps et de manière intégrale. Le représentant a donc lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle tienne ses engagements d’appuyer les opérations de maintien de la paix dans des pays comme la République démocratique du Congo et la Sierra Leone, malgré les développements qui peuvent survenir ailleurs.
M. MACHAMAD SLAMET HIDAYAT (Indonésie) a salué les efforts du Département des opérations de maintien de la paix pour contribuer au renforcement des idéaux de paix et de sécurité et a indiqué que le Comité spécial devait s’investir pour soutenir les réformes du DOMP. Il a rappelé qu’en 2002, l’indépendance du Timor-Leste, la tenue d’élections en Sierra Leone ou la délimitation du tracé de la frontière entre l’Éthiopie et l’Érythrée avaient été autant d’expériences positives à mettre au crédit du DOMP. Le représentant a plaidé pour le renforcement de la coopération entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays contributeurs de troupes, ainsi que pour une représentation géographique plus équitable dans le recrutement au sein du DOMP et pour une répartition plus équitable des responsabilités en matière de contribution aux opérations de maintien de la paix.
A cet égard, il a insisté sur la nécessité pour certains États développés de participer aux opérations de maintien de la paix sans tenir compte du risque. Il a par ailleurs prôné un renforcement de la coordination stratégique entre institutions des Nations Unies et DOMP afin d’assurer le succès des missions de maintien de la paix. Plaidant pour la définition d’approches stratégiques par pays, il a indiqué qu’à cette fin, l’Indonésie avait créé un centre de recherche sur les opérations de maintien de la paix et mis en place un module de formation de la police civile.
Mme BEATA PEKSA-KRAWIEC (Pologne) a apporté son plein soutien à l’idée d’utiliser au maximum et d’étendre les compétences du Groupe des pratiques optimales pour une analyse globale des expériences passées des missions, qu’elles soient terminées ou toujours en cours. Mais pour sa délégation, a-t-elle indiqué, la principale question reste celle de la sécurité des personnels de l’ONU et personnels associés participant aux opérations de maintien de la paix: des progrès ont été accomplis dans ce domaine, mais il faut de nouveaux efforts pour garantir la sécurité de tous ceux qui servent sur le terrain. Aussi, a-t-elle souhaité une révision totale de toutes les mesures efficaces qui peuvent être prises. La représentante a partagé le point de vue du Secrétaire général selon lequel une mission de paix ne peut réussir qu’à la condition d’avoir un mandat et des objectifs clairs, du personnel bien formé et bien équipé qui remplisse son devoir avec professionnalisme avec les ressources nécessaires pour mener sa tâche à bien. Le déploiement rapide reste par ailleurs la base du succès des opérations de maintien de la paix: l’un des moyens de renforcer le système des Forces et moyens en attente est de s’appuyer sur la coopération régionale comme dans le cadre de la Brigade multinationale d'intervention rapide (SHIRBRIG) à laquelle la Pologne a fourni trente observateurs militaires.
Par ailleurs, la représentante a salué la coopération entre l’ONU et des organisations régionales comme au Kosovo ou en Bosnie-Herzégovine, deux exemples qui peuvent servir de modèles pour d’autres situations de crise dans lesquelles une approche plus globale serait requise. Pour elle, les défis du maintien de la paix à l’heure actuelle ne peuvent être relevés qu’à travers la coopération; sur ce point, elle a souligné les efforts destinés à accroître les capacités de maintien de la paix en Afrique, grâce à la coopération entre l’ONU, l’Union africaine et la CEDEAO.
M. MARKIYAN KULYK (Ukraine) a indiqué qu’au cours des dix dernières années, la multiplication des conflits armés et leur caractère multidimensionnel avaient entraîné une modification de la doctrine du maintien de la paix. A cet égard, il a souligné le rôle central du rapport Brahimi dans la réforme du Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) et réaffirmé le soutien de l’Ukraine aux missions de maintien de la paix. Les efforts conjugués des Etats Membres et du Secrétariat ont permis, au cours de ces dernières années, de renforcer les capacités opérationnelles de maintien de la paix, a-t-il dit, avant d’inviter les membres du Comité spécial à se tourner vers de nouvelles priorités. A ce titre, il a tenu à souligner le rôle indispensable des consultations et ateliers entre le Secrétariat et les pays fournisseurs de contingents. Dans le même ordre d’idées, la coopération triangulaire, avec le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays fournisseurs de contingents, doit être intensifiée, a-t-il dit. Il est important de tirer les leçons des expériences acquises au cours des opérations de maintien de la paix, a-t-il dit, recommandant un renforcement du Groupe des pratiques optimales.
S’agissant du recrutement, le représentant s’est dit satisfait des efforts déployés au sein du DOMP pour accroître la transparence et les critères de compétence, tout en regrettant que les critères de représentation géographique équitable ne soient pas suffisamment appliqués. Il a indiqué que le personnel ukrainien de maintien de la paix est formé dans un centre national de formation pour les personnels civils et de police, suggérant que le DOMP puisse, pour sa part, établir des guides de formation et soutenir davantage les centres de formation nationaux.
M. GENNADY GATILOV (Fédération de Russie) a salué les progrès réalisés dans la mise en œuvre des recommandations du Sommet du Millénaire relatives au maintien de la paix et de la sécurité internationales, notamment au sein du Département des opérations de maintien de la paix (DOMP). A ce titre, il a souligné l’importance des travaux engagés sur la redéfinition des critères à appliquer dans le domaine du maintien de la paix et réaffirmé les principes directeurs des opérations, à savoir le respect de la souveraineté territoriale, l’impartialité et le consentement des parties. Il a estimé que les opérations de maintien de la paix, dans leur dimension multidimensionnelle, doivent faire l’objet d’une évaluation permanente. Il a salué la décision de l’Assemblée générale d’augmenter de 5% les effectifs du DOMP et plaidé pour davantage de coordination entre les différentes institutions des Nations Unies. Regrettant que le Bureau du Directeur des réformes internes au sein du DPKO reste vacant, M. Gatilov a demandé un renforcement des capacités du DOMP au niveau décisionnel. Le Comité spécial doit améliorer la planification, la formation, la coordination et les modalités de déploiement rapide des opérations de maintien de la paix, a-t-il dit ensuite.
Le renforcement du DOMP contribuera à améliorer la planification stratégique tant sur le terrain qu’au sein du DOMP, a-t-il dit, avant de souhaiter la création d’une subdivision spéciale qui serait chargée d’analyser les divers aspects complexes de planification des opérations de maintien de la paix, sans pour autant entraîner de dépenses additionnelles. La Fédération de Russie entend également souligner la nécessité de développer des liens étroits entre le Conseil de sécurité et le Conseil économique et social, notamment en ce qui concerne la transition de la phase de maintien de la paix à celle de consolidation de la paix. M. Gatilov a recommandé en outre le perfectionnement du mécanisme de coordination et de consultation entre les pays contributeurs de troupes, le Conseil de sécurité et le Secrétariat. S’agissant de la formation du personnel, il a souhaité que les programmes soient soumis, avant leur mise en œuvre, aux Etats Membres et au Comité spécial. Il a indiqué que la Fédération de Russie avait organisé un cours sur le statut international et l’appui aux Nations Unies à l’intention des pays de la région qui souhaitent fournir des contingents aux opérations des Nations Unies. La perspective de la stabilisation à terme de la situation en Afghanistan dépend en grande partie de la question de la sécurité, a dit ensuite M. Gatilov, avant d’aborder les questions opérationnelles et de recommander le renforcement des mécanismes de déploiement rapide et de systèmes de forces en attente. Les questions de coordination et de complémentarité entre Nations Unies et les organisations régionales dans le domaine du maintien de la paix, a-t-il estimé, doivent être examinées de manière approfondie par le Comité spécial. Outre les 12 000 hommes impliqués dans les opérations de maintien de la paix au sein de la Communauté des Etats indépendants (CEI), la Fédération de Russie, a rappelé M. Gatilov, fournit des troupes à 10 des 14 missions de maintien de la paix des Nations Unies.
M. HJ. RAMLI NIK (Malaisie) a plaidé pour le renforcement du Groupe des pratiques optimales afin qu’il joue un rôle plus actif dans la définition de recommandations génériques, des procédures et des meilleures pratiques pour les opérations de maintien de la paix. Dans ce contexte, il est important que le Groupe consulte les pays fournisseurs de contingents qui ont déjà participé à différentes opérations: des réunions régulières devraient être organisées par le Secrétariat avec la participation des anciens commandants de missions et commandants de contingents afin de tirer les leçons des expériences passées, comme l’avait demandé le Comité spécial l’an dernier.
Le représentant a jugé par ailleurs important de concrétiser et de mettre en œuvre le concept de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR), crucial pour assurer le succès des opérations de maintien de la paix. Les principes et recommandations formulés par le Secrétariat en 1999 méritent d’être améliorés. Un service de renseignements efficace doit permettre de surveiller les diverses activités qui pourraient nuire à la paix et à la sécurité, a-t-il ajouté. Pour lui, la phase de réinsertion suppose une planification précise en termes de sécurité et devrait être fondée sur des objectifs à long terme. La contribution financière de la communauté internationale est importante pour assurer les projets socioéconomiques et garantir la création d’un mécanisme gouvernemental capable de superviser la mise en œuvre de ces projets.
M. MOHAMED BENNOUNA (Maroc) s’est félicité de ce que les efforts entrepris par le Département des opérations de maintien de la paix ont permis d’améliorer ses relations avec les pays fournisseurs de contingents ainsi que la gestion des opérations. Mais cet effort d’adaptation des structures devrait être renforcé, notamment par le biais de la formation continue du personnel du Département et du recrutement d’un personnel hautement qualifié. Le représentant a réitéré, à cet égard, l’importance d’une représentation plus conséquente des pays fournisseurs de contingents au sein du DOMP. Il a également souhaité le renforcement de l’interaction entre le Secrétariat et les Etats Membres pour que ceux-ci soient mieux informés de la situation sur le terrain et d’une manière complète et régulière. Sur ce point, la concertation établie entre le Conseil de sécurité, les pays fournisseurs de contingents et le Secrétariat de l’ONU constitue un acquis qu’il convient de préserver et de développer, a-t-il ajouté.
Le représentant a souligné que l’effort consenti par les pays fournisseurs, leur engagement et l’expérience qu’ils ont accumulée sont autant d’atouts à même d’apporter un appui considérable au Conseil de sécurité lors de la prise de décision concernant les opérations de maintien de la paix. Il a, sur ce point, noté les efforts du DOMP mentionnés dans le rapport du Secrétaire général pour apurer les arriérés de l’Organisation envers ces pays fournisseurs, question d’autant plus importante que la majorité de ces pays sont des pays en développement assumant des charges financières considérables pour leur participation aux opérations de maintien de la paix. Le Maroc, a-t-il poursuivi, attend avec intérêt le rapport qui sera présenté par le DOMP et le Département de la gestion sur les moyens susceptibles de rationaliser l’ensemble du processus de remboursement rapide.
M. MUNSHI FAIZ AHMAS (Bangladesh) a rappelé qu’au cours de ces dernières années, d’importants progrès avaient été enregistrés alors que son pays renforçait sa coopération avec les Nations Unies: l’expérience et l’expertise devraient être davantage mises en valeur pour profiter mutuellement du renforcement de cette coopération dans les années à venir. Les soldats de la paix sont au cœur de toutes les opérations de maintien de la paix, a-t-il fait valoir. Certains progrès ont été accomplis pour consulter davantage les pays fournisseurs de contingents, comme les réunions privées avec le Conseil de sécurité. Mais il a souhaité que les informations collectées grâce à l’usage accrû des technologies de l’information soient mieux partagées, notamment avec les pays qui envisagent un déploiement. Il a également demandé que, lors des consultations menées avec les pays fournisseurs de contingents, leurs vues soient davantage prises en compte pour la mise en place des procédures à venir. Car, a-t-il estimé, ces consultations n’ont pas jusqu’à présent été tout à fait satisfaisantes, notamment lorsque la réduction d’une mission a été envisagée.
Compte tenu de l’importance de l’expérience sur le terrain, le représentant a considéré également qu’il est nécessaire de tirer davantage les leçons et les meilleures pratiques du passé d’où, selon lui, l’intérêt de renforcer le Groupe des pratiques optimales. Le travail de ce Groupe devrait mieux refléter l’expérience des principaux pays fournisseurs de contingents, tandis que les leçons tirées des missions en cours devraient être communiquées en temps voulu aux pays concernés comme un élément important de leur pré-déploiement. A propos des programmes de DDR, le représentant a remarqué que même lorsqu’un accord politique a été signé entre les parties, ce sont les soldats de maintien de la paix qui jouent un rôle essentiel sur le terrain: ce sont eux qui établiront le premier contact avec les groupes concernés, dans un environnement difficile et incertain. Ce fut le cas notamment des troupes du Bangladesh en Sierra Leone, a-t-il rappelé, en souhaitant des consultations plus étroites au niveau opérationnel avec les pays fournisseurs de contingents concernés.
M. JOSE ALBERTO ACCIOLY FRAGELLI (Brésil) s’est félicité de ce que le Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) ait à présent achevé son processus de réformes. Ainsi, il pourra s’adapter aux nouvelles réalités internationales, qui ont accrû la complexité des opérations de maintien de la paix. Les changements intervenus dans la culture de gestion du DOMP ont amélioré considérablement ses capacités de planification stratégique, a-t-il dit, insistant notamment sur le déploiement rapide qui a été amélioré grâce à la Base de soutien logistique des Nations Unies à Brindisi, en Italie, et à l’autorisation faite au Secrétaire général de débloquer les ressources nécessaires au déploiement d’une nouvelle opération de maintien de la paix avant même que le Conseil de sécurité n’ait établi son mandat. A présent, il importe de s’assurer que les Nations Unies puissent disposer, en temps opportun, des contingents, composés d’hommes et de femmes, prêts à être déployés sur le terrain, a poursuivi M. Accioly Fragelli, dans un délai de 30 à 90 jours. C’est là qu’interviennent les difficultés, a-t-il constaté, dans la mesure où les délais de remboursement auxquels font face les pays contributeurs de troupes ont restreint la capacité d’intervention des États.
Le Groupe de travail mis en place devrait nous aider à trouver les moyens de dépasser ces obstacles, a dit M. Accioly Fragelli, mettant en relation déploiement rapide et remboursement rapide. Les aspects multidimensionnels et complexes des opérations de maintien de la paix exigent que l’analyse s’étende au-delà de la dimension militaire pour couvrir des aspects multidisciplinaires tels que la prévention des conflits, l’aide humanitaire, les programmes de reconstruction et de développement, les droits de l’homme ou encore le renforcement des capacités institutionnelles. S’agissant de la protection des populations civiles, le représentant a prôné la mise en œuvre de modules de formation des agents de police sur la notion d’état de droit. Il a recommandé une consultation élargie sur ce point aux pays contributeurs de troupes pour ne pas se limiter au Comité spécial ou au DOMP. Il a souhaité que le cours dispensé par le DOMP aux conseillers civils et militaires du 20 au 30 janvier 2003 à New York soit renouvelé chaque année, soulignant à cet égard le rôle important du service d’évaluation de la formation. Il a jugé que les personnels militaires, civils ou policiers devaient participer aux modules de formation qui doivent en outre aborder des aspects tels que la prévention des maladies tropicales et d’infections comme le VIH/sida.
M. KAIS KABTANI (Tunisie) a estimé que les efforts entrepris pour mettre en œuvre les recommandations du Comité spécial devraient également porter sur une meilleure cohésion entre les différents intervenants; une définition précise des objectifs assignés assurerait par ailleurs une plus grande efficacité à l’action des Nations Unies sur le terrain, a-t-il ajouté. Tout en saluant l’augmentation du nombre de réunions entre les pays fournisseurs de contingents, le Secrétariat et les Etats Membres, il a souligné qu’il était nécessaire de mieux communiquer, par le biais du DOMP, l’information du terrain, à travers des rapports écrits et simplifiés. Le processus enclenché grâce à la résolution 1353 (2001) sur les relations entre le Conseil, le Secrétariat et les pays fournisseurs de contingents devra progressivement permettre d’aboutir à la prise en charge des préoccupations légitimes des fournisseurs de troupes et à la définition de meilleures pratiques, en vue de les associer au processus de prise de décisions.
Le maintien de la paix, a poursuivi M. Kabtani, ne saurait se substituer à la recherche d’une solution définitive aux conflits ou au traitement de leurs causes profondes. Aussi, est-il essentiel pour consolider la paix, selon le représentant, d’adopter une stratégie intégrée visant à remédier aux causes et à empêcher que les conflits ne puissent reprendre. Le représentant a, par ailleurs, réitéré l’importance que son pays accorde au renforcement de la coopération entre l’ONU et l’Union africaine notamment en ce qui concerne la capacité institutionnelle de l’Union africaine et, en particulier, les mécanismes de prévention, de gestion et de règlement des conflits en Afrique. Ceci requiert, selon lui, un engagement continu de la part de la communauté internationale. Pour le représentant, la question est de savoir comment gérer l’expérience collective des Nations Unies en matière de maintien de la paix ainsi que la myriade d’initiatives bilatérales et multilatérales en faveur de l’Afrique.
M. SYLVESTER E. ROWE (Sierra Leone) a rendu hommage au Département des opérations de maintien de la paix, aux pays contributeurs de troupes et aux agents de maintien de la paix pour leur rôle dans le processus de rétablissement de la paix en Sierra Leone. A ce jour, 72 combattants ont été désarmés et démobilisés et plus de 42 000 armes et 2,5 millions de munitions ont été collectées et détruites, a-t-il dit, soulignant le succès de la Mission des Nations Unies en Sierra Leone (MINUSIL) au cours des six dernières années. Le rapport du Comité spécial constitue une bonne base de travail pour les prochaines semaines, a-t-il dit ensuite, avant d’insister sur la question du déploiement rapide et des capacités des Nations Unies dans ce domaine. Les Nations Unies ne peuvent en effet envisager le déploiement d’une opération de maintien de la paix sans disposer de personnels militaire, civil et de police, ainsi que de logistique appropriée.
Les délais de 30 à 90 jours pour le déploiement rapide devraient être retenus comme un objectif pour les opérations à venir, a-t-il dit, soulignant les risques posés par les retards de déploiement dans les zones de conflits armés et invitant, à cet égard, à tirer les enseignements de l’expérience de la Sierra Leone. Les retards de déploiement causent des frustrations, encouragent le réarmement des groupes armés, créent des vides sécuritaires, entraînent une rupture de cessez-le-feu et accentuent, à terme les conflits armés. Regrettant les erreurs dans le déploiement des forces de maintien de la paix en Sierra Leone, M. Rowe s’est félicité toutefois des efforts qui ont permis au Conseil de sécurité d’autoriser, par sa résolution 1464 (2003), le déploiement de troupes de maintien de la paix et assurer la protection des civils en Côte d’Ivoire.
M. CHUCHAI KASEMSARN (Thaïlande) a fait valoir que le maintien de la paix serait toujours confronté à des défis, dont l’un est la sécurité des soldats engagés dans les opérations sur le terrain: en tant que pays fournisseur de contingents, la Thaïlande est particulièrement sensible à la question, a-t-il expliqué. Par conséquent, l’incorporation de principes et dispositions contenus dans la Convention sur la sécurité des personnels de l’ONU et personnels associés à l’Accord des Forces et moyens en attente (SOFA), signé entre l’ONU et les pays hôtes des missions de paix, constitue un pas important. Mais parallèlement, le représentant a jugé que des mesures concrètes pourraient être prises et que les capacités de l’ONU à analyser et fournir une évaluation fiable des menaces devraient être renforcées. Ces informations devraient ensuite être distribuées aux pays fournisseurs de contingents, car elles les aideraient dans leur processus de décision concernant leur éventuelle participation aux opérations de maintien de la paix.
D’une manière générale, le représentant a salué la plus grande coopération et les consultations entre les pays fournisseurs de contingents, le Conseil de sécurité et le Secrétariat et espéré qu’elles allaient se poursuivre et se renforcer. Le renforcement du dialogue avec le Conseil de sécurité est en effet un exemple positif d’amélioration des méthodes de travail du Conseil et un élément important de sa réforme, a-t-il souligné. Il a par ailleurs recommandé de réduire les délais de remboursement des pays fournisseurs de contingents.
Mme ALEXANDRINA-LIVIA RUSU (Roumanie) a mis en avant certains éléments clefs dans le domaine du maintien de la paix, notamment l’institution d’un ombudsman chargé de prévenir les actes répréhensibles des personnels de maintien de la paix. Dans la plupart des cas, les populations locales ont déjà souffert d’exactions diverses et il importe pour les Nations Unies d’imposer une règle de tolérance zéro. Elle a proposé des mesures innovantes dans le domaine de l’égalité des sexes par la mise en place au sein du Département des opérations de maintien de la paix de points focaux chargés des questions de sexospécificité et de protection des enfants. S’agissant de la coopération entre le Secrétariat et les pays contributeurs de troupes, la représentante s’est félicitée des progrès réalisés au sein du Secrétariat, mais a souhaité que les pays contributeurs de troupes soient régulièrement consultés et informés de l’évolution des opérations de maintien de la paix, notamment par le biais du Centre de situation. La présence de la police civile des opérations de maintien de la paix des Nations Unies est devenue une des garanties de leur succès, a-t-elle ensuite indiqué, avant de demander au Secrétariat de définir des règles de procédure standardisées sur des sujets tels que la discipline des forces de police civile.
Concernant la formation du personnel, Mme Rusu s’est félicitée de la création de modules de formation et de l’organisation de séminaires par le DOMP. Elle a toutefois recommandé une formation au niveau bilatéral des pays contributeurs de troupes ou l’adoption d’approches régionales et a plaidé pour l’augmentation des sessions de formation aussi bien au Siège des Nations Unies que sur le terrain. Abordant ensuite les questions de financement des opérations de maintien de la paix, elle a recommandé la signature de mémorandums d’accord avant le déploiement des troupes sur le terrain afin d’assurer le remboursement rapide des pays contributeurs de troupes. Elle a ensuite souligné l’importance de la brigade multinationale d’intervention rapide (SHIRBRIG) et du système de forces et moyens en attente des Nations Unies (UNSAS) dans le dispositif de déploiement rapide.
M. IBRAHIM ASSAF (Liban) a estimé que le Secrétaire général explique dans son rapport qu’il poursuit ses efforts pour améliorer les opérations de maintien de la paix en tenant compte des recommandations du Comité spécial. Le renforcement de la coordination entre l’ONU et les pays fournisseurs de contingents en est un des éléments clefs. Aussi, le représentant a-t-il insisté sur l’importance de respecter les principes généraux du maintien de la paix, relatifs à la souveraineté des pays et à la non-ingérence dans les affaires internes des Etats. Puis, le représentant a émis une série de remarques générales concernant le maintien de la paix: tout d’abord, a-t-il dit, les pays développés devraient participer à différentes opérations de maintien de la paix et leur rôle ne devrait pas se limiter à la fourniture de matériels et d’équipements; les chefs des opérations de maintien de la paix pourraient être choisis parmi les pays fournisseurs de contingents en tenant compte de la contribution de chacun; il faudrait traiter des causes profondes des conflits; et il faudrait aussi renforcer les opérations de déminage, fondamentales pour le rétablissement du cours normal de la vie.
Le rapport, a-t-il poursuivi, se réfère au fait que trois missions de maintien de la paix se sont terminées heureusement en 2002: ceci encourage à demander que les problèmes qui concernent certaines missions du Moyen-Orient, notamment la FINUL au Sud-Liban, soient rapidement réglés à leur tour, a-t-il conclu.
M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a plaidé pour une meilleure représentation des pays en développement et des pays fournisseurs de contingents au sein du DOMP et pour une accélération du processus de remboursement pour les pays qui contribuent aux opérations sur le terrain. Il a également appelé à l’uniformisation des règles d’engagement des Nations Unies dans les opérations de maintien de la paix. Pour s’être fait l’avocat d’une coopération triangulaire entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays fournisseurs de contingents, le Pakistan considère que les «briefings» organisés dans le cadre de la résolution 1353 ne remplissent pas cet objectif: même s’ils permettent de tenir ces pays informés, ils ne couvrent pas les objectifs visés tels que son pays les avait proposés, a souligné le représentant. Il a donc appelé le Secrétariat à associer davantage les pays fournisseurs de contingents aux questions opérationnelles et à la planification des missions; toute modification sur l’état des forces ou la composition de la mission doit être décidée après consultation des missions permanentes de ces pays, a-t-il estimé.
Le représentant a également souhaité, dans le bilan à venir des opérations en Sierra Leone, en République démocratique du Congo, en Erythrée-Ethiopie et en Bosnie-Herzégovine, que l’on tienne compte des vues exprimées au moins par tous les principaux pays fournisseurs de contingents. Jugeant que la question de la réforme du secteur de la sécurité était l’aspect le plus délicat des missions de paix, il a souhaité qu’elle soit traitée de manière inclusive et ne soit pas réservée à un cercle limité. Sur le renforcement de l’état de droit, le représentant a souhaité que les Nations Unies consultent davantage les acteurs locaux concernés et veillent mieux à ce que l’ensemble du processus ne soit pas dicté par l’une ou l’autre des factions armées. Enfin, il a souhaité que l’entraînement des soldats de la paix soit renforcé et amélioré, ce qui ne suppose pas, a-t-il souligné, d’imposer un entraînement type aux pays fournisseurs de contingents.
M. GRAHAM MAITLAND (Afrique du Sud) a indiqué que, malgré la faiblesse de leurs moyens, les opérations de maintien de la paix continuent de jouer un rôle utile dans le maintien de la sécurité internationale comme le montre le succès des opérations en Bosnie-Herzégovine et au Timor oriental. Il s’est félicité des changements intervenus au niveau du Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) et a souhaité que ces réformes soient répercutées sur le terrain. L’Afrique du Sud, a-t-il rappelé, contribue à la phase III du déploiement de la MONUC en République démocratique du Congo. Concernant l’évaluation des missions de maintien de la paix, il a estimé que le Groupe des pratiques optimales devait se pencher sur certains aspects tels que les critères de sexospécificité et maintenir un dialogue constant avec les instituts de recherche sur le maintien de la paix qui sont présents dans certains pays contributeurs de troupes. Le représentant s’est inquiété de la faiblesse des financements alloués à la dernière étape des processus de DDR, à savoir la réintégration des anciens combattants. Il s’est félicité ensuite de la décision de nommer un conseiller chargé du VIH/sida auprès du DOMP et d’inspecteurs chargés du contrôle et du suivi, tout en souhaitant connaître le lien qui existe entre d’une part ces inspecteurs et le Bureau du contrôle interne et les implications budgétaires de telles créations de postes d’autre part. Sa délégation se félicite par ailleurs de la convocation prochaine d’un séminaire sur les leçons tirées des opérations de maintien de la paix qui doit se tenir en Sierra Leone.
M. DEJAN SAHOVIC (Serbie et Monténégro) s’est félicité des progrès accomplis dans la réforme du Département des opérations de maintien de la paix (DOMP), notamment en matière de capacité de déploiement rapide. Cependant, le renforcement du DOMP n’est pas une fin en soi mais devrait être mené de telle sorte que les opérations de maintien de la paix soient conduites plus efficacement dans tous leurs aspects sur le terrain. De même, la gestion et la planification des opérations de maintien de la paix à venir doivent tirer les leçons du passé et s’aligner sur les meilleures pratiques. C’est pourquoi, nous appuyons les propositions relatives au Groupe des pratiques optimales soulignées dans le rapport du Secrétaire général. A cet égard, il est important d’analyser de façon réaliste les missions et d’en évaluer objectivement leurs succès et leurs faiblesses. Nous regrettons donc que le rapport du Secrétaire général ne présente que les succès. Dans le cas de la Mission des Nations Unies au Kosovo (MINUK) par exemple, le rapport mentionne l’organisation, entre autres, d’élections locales et le succès du processus de privatisation, mais ne dit pas un mot des graves problèmes que la mission doit affronter.
Afin de renforcer les capacités des missions de maintien de la paix des Nations Unies, il faut en outre renforcer la coopération entre les pays contributeurs de troupes, le Conseil de sécurité et le Secrétariat. Un certain nombre de mesures dans ce sens ont déjà été prises mais nous souhaiterions une meilleure représentation des pays non représentés ou sous-représentés au sein du DOMP. Nous sommes également en faveur du renforcement de la primauté du droit au sein des opérations de maintien de la paix car cela représente un élément clef du règlement des conflits à long terme. Un des moyens de relever les défis posés par les opérations de maintien de la paix complexes est en outre de développer la coopération avec les organisations régionales. De même, le succès des opérations de maintien de la paix dépend du niveau de coopération avec le pays hôte. En tant que pays hôte, nous sommes prêts à partager notre expérience et à fournir une contribution positive aux débats à venir sur la question. Nous estimons enfin que cette coopération doit être institutionnalisée par le biais des Accords de forces et moyens en attente dont nous attendons la mise en œuvre au sein de la MINUK.
M. MEHMET KEMAL BOZAY (Turquie) a lancé un appel en faveur de la prise de mesures additionnelles pour renforcer la capacité de déploiement rapide des Nations Unies et a précisé que son pays a rejoint le système de forces et moyens en attente des Nations Unies. Dans le même ordre d’idées, la Turquie est intéressée par le travail du Secrétariat concernant la constitution d’une liste d’attente pour la police civile et d’une capacité de déploiement rapide civile. Nous appuyons également le renforcement de la capacité de la Division de la police civile et sommes intéressés par le processus de spécialisation en cours dans plusieurs missions. Nous souhaiterions également trouver les moyens de renforcer la coopération entre le Secrétariat et les Etats Membres qui font partie du Système des forces et moyens en attente des Nations Unies afin de renforcer le déploiement rapide dont la logistique requiert une attention particulière. La Turquie se félicite à cet égard de la mise en œuvre des stocks de déploiement rapide dont nous apprécions les premiers résultats positifs.
La formation est en outre une dimension importante du succès des opérations de maintien de la paix. Nous nous félicitons par conséquent du travail accompli actuellement par le Secrétariat pour formuler le projet de module générique de formation standardisée ainsi que les efforts déployés pour développer les capacités de formation au sein des opérations de maintien de la paix. La coopération entre les pays contributeurs de troupes et le Secrétariat constitue un des domaines où des progrès considérables ont été accomplis. Cependant, en dépit de ces progrès, des efforts supplémentaires doivent être déployés afin de renforcer cette coopération. La primauté du droit au sein des opérations de maintien de la paix mérite également une attention particulière. A cet égard, les Nations Unies doivent mener des consultations plus étroites avec les acteurs nationaux des pays concernés. Enfin, en tant que pays contributeur de troupes très actif, la Turquie est prête à partager son expérience avec d’autres pays ainsi qu’avec le Secrétariat.
M. ONG HENG YAP (Singapour) a estimé que les futures améliorations des opérations de maintien de la paix seront faites sur la base des enseignements tirés du passé en vue d’établir des pratiques optimales. Le DOMP a, à cet égard, pris le bon départ en renforçant le Groupe des pratiques optimales et en initiant plusieurs études relatives à la MINUSIL, la MINUEE, la MINUBH et la MONUC, ainsi qu’en prévoyant de travailler avec les instituts de recherches et les universités. Il s’agira de cultiver une application naturelle et continuelle des enseignements et meilleures pratiques. Le rapport Brahimi, a-t-il rappelé, a été écrit après une série d’échecs des opérations de paix en Bosnie-Herzégovine et au Rwanda notamment. Une force de dissuasion crédible déployée dès le début d’une mission est donc un élément fondamental. Il faut à la fois déployer rapidement la force de maintien de la paix et mettre en place une force efficace et effective.
A propos du déploiement rapide, le représentant a félicité le DOMP qui a renforcé la capacité des Nations Unies en la matière, aussi bien en personnels qu’en matériels. L’un des aspects spécifiques est le système de «listes en attente»: maintenant qu’il a été défini de façon réaliste, il s’agit de lui permettre de porter ses fruits. De ce point de vue, a poursuivi le représentant, il est important de disposer de personnel entraîné pouvant être appelé pour différentes missions au sein d’une force de maintien de la paix. Suite à leur déploiement rapide, a-t-il ajouté, les soldats de la paix doivent pouvoir disposer de la capacité réelle de mener à bien leur mandat, notamment auprès des éléments locaux qui feraient preuve de mauvaise foi. Et les Casques bleus doivent être prêts à réagir au pire scénario qui se présente, d’où la nécessité d’une force robuste, bien entraînée et bien équipée: ceci suppose une participation universelle aux opérations de maintien de la paix incluant les pays développés. De la même façon, enfin, alors que l’ONU veille à renforcer les capacités régionales de maintien de la paix et à coopérer avec les organisations régionales, les opérations de maintien de la paix ne devraient pas être laissées à l’appréciation d’arrangements régionaux, ni cédées à certains pays.
M. NARAYAN DEV PANT (Népal) a jugé que l’année 2002 avait été encourageante pour ce qui est des opérations de maintien de la paix, prenant l’exemple des efforts déployés au Kosovo, au Timor oriental ou en République démocratique du Congo, autant de pays où ont été appliquées les mesures novatrices contenues dans le rapport Brahimi. Il a toutefois prôné un examen approfondi de certains éléments clefs des opérations de maintien de la paix, en particulier le concept de primauté du droit. Il a demandé au Conseil de sécurité d’impliquer les pays contributeurs de troupes en amont des décisions prises concernant le mandat des opérations de maintien de la paix dans la mesure où il s’agit de la vie des citoyens de ces pays.
Il a appuyé le principe de système de forces et moyens en attente des Nations Unies et souhaité que les pays développés soutiennent les efforts des pays pauvres en mettant à disposition les équipements nécessaires. Sans de tels efforts et sans complémentarité, les objectifs de déploiement rapide ne pourront être remplis, a-t-il dit avant d’inviter les pays développés à honorer leurs engagements pour financer les opérations de maintien de la paix.
M. JAIME ACUNA (Chili) a exprimé sa satisfaction à la vue des résultats positifs notés dans le rapport du Secrétaire général et les remarques de M. Guéhenno: il a rappelé que son pays participait activement aux opérations de maintien de la paix depuis leur création. Il a remarqué les succès des dernières années, notamment à Timor-Leste. Le représentant a rappelé que son Gouvernement avait organisé récemment à Santiago, Chili, un séminaire sur la participation des femmes aux opérations de maintien de la paix et indiqué qu’il en distribuerait les conclusions aux délégations présentes. Enfin, il a conclu en réaffirmant la volonté de son pays de continuer à contribuer à la cause du maintien de la paix dans le monde.
M. ISAAC C. LAMBA (Malawi) a salué les efforts de réforme du Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) qui a transformé les capacités des ressources humaines au Siège tout comme celles qui sont déployées sur le terrain. Réaffirmant l’appui de son pays aux opérations de maintien de la paix, il a rappelé que le Malawi avait contribué aux missions de maintien de la paix au Rwanda, en République démocratique du Congo (RDC) et au Kosovo. Dans un esprit de transparence et de représentativité, le représentant a souhaité que les observateurs militaires présents dans la MONUC tournent d’une région à l’autre afin de ne pas faire peser les risques sur les ressortissants de certains Etats. Il s’est inquiété également de la faiblesse des ressources financières et opérationnelles disponibles en Afrique au moment où ce continent entend renforcer ses capacités dans le domaine du maintien de la paix.
M.JOSE ANTONIO LINATI-BOSCH, Observateur permanent de l’Ordre militaire souverain de Malte, a rappelé que lors de son intervention devant le Comité spécial en décembre 2001, l’Ordre de Malte avait insisté sur la nécessité de fonder les opérations de maintien de la paix sur la diplomatie préventive et le déploiement préventif. Il est crucial pour l’ONU de pouvoir déployer rapidement des forces de maintien de la paix robustes et crédibles partout dans le monde; par conséquent, l’entraînement est un élément important dans le développement des capacités de maintien de la paix de l’ONU. D’autant, a-t-il souligné, que la complexité des problèmes à affronter est pire que par le passé. Parmi les dangers supplémentaires apparus, il a cité la maladie, qui peut décimer aussi bien les soldats de la paix que les populations civiles, et appelé à tenir compte de manière sérieuse de ce facteur quand on mobilise des ressources humaines, matérielles et financières.
Rappelant que l’on compte 1 800 décès dans le cadre des opérations de maintien de la paix depuis 1948, l’Observateur a prié instamment le Comité spécial de s’assurer que les concepts opérationnels tiennent suffisamment compte des mesures de sécurité. Il est indispensable, a-t-il conclu, de mobiliser une volonté politique collective et de prendre des mesures concrètes pour protéger les personnels à tous les niveaux.
M. PAK GIL YON (République populaire démocratique de Corée) a évoqué la situation actuelle dans le monde, caractérisée par des survivances de la guerre froide et l’émergence de nouvelles formes de conflit, pour estimer que cette situation exigeait des opérations de maintien de la paix qu’elles soient pleinement accomplies, conformément au mandat assigné par la communauté internationale. Les opérations doivent être menées sur la base des principes de non-ingérence, de respect de la souveraineté nationale et de l’impartialité en toutes circonstances. De toute évidence, elles ne sauraient bénéficier de l’appui des Etats Membres si ces activités de maintien de la paix venaient à violer la souveraineté de certains pays. Afin d’assainir les opérations de maintien de la paix et de s’assurer de leur succès, elles devraient reposer sur une stricte neutralité avec un examen minutieux des causes du conflit, des enjeux et des effets éventuels sur les pays voisins. Les Nations Unies devraient apporter davantage de considération à ces principes.
Si nous n’arrivons pas à empêcher les opérations de maintien de la paix d’être utilisées par les grandes puissances à leur propre bénéfice, ce sont les pays non alignés qui risqueront d’en devenir les victimes et, en ce cas, les Nations Unies n’auraient plus la confiance des Etats Membres, a-t-il prévenu. Il est anormal que les troupes américaines stationnées en Corée du Sud, sans l’assistance ni l’autorité des Nations Unies, en utilisent le drapeau. Au cours de la guerre de Corée, les forces américaines ont coiffé leurs soldats du casque des Nations Unies mais il s’agit d’une force américaine, a assuré le représentant. Aujourd’hui, le retrait des forces américaines de Corée du Sud est devenu une exigence urgente et une tendance irrésistible, a-t-il indiqué. Les organisations et la population de Corée du Sud exigent aujourd’hui le retrait des troupes américaines. Estimant que son pays et les Etats-Unis se trouvent désormais à un stade grave de confrontation, il a jugé que tout ceci s’inscrivait dans le contexte d’une opération militaire préméditée contre la République populaire démocratique de Corée. Mais nous n’avons aucune concession à faire aux Etats-Unis, a-t-il prévenu; s’ils continuent d’exercer une pression militaire comme c’est le cas aujourd’hui, la déflagration sera inévitable. Il sera alors impossible de survivre à cette guerre.
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