APPELS A LA SOLIDARITE INTERNATIONALE AVEC LE PEUPLE PALESTINIEN A L’OUVERTURE DES TRAVAUX DU COMITÉ POUR LES DROITS INALIENABLES DU PEUPLE PALESTINIEN
Communiqué de presse AG/PAL/823 |
Comité pour l’exercice des droits AG/PAL/823
inaliénables du peuple palestinien 14 février 2003
269e séance – après-midi
APPELS A LA SOLIDARITE INTERNATIONALE AVEC LE PEUPLE PALESTINIEN A L’OUVERTURE DES TRAVAUX DU COMITÉ POUR LES DROITS INALIENABLES DU PEUPLE PALESTINIEN
Les travaux du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien se sont ouverts cet après-midi sur des appels à la solidarité avec le peuple palestinien et le processus politique au Moyen-Orient. En lançant cet appel, le Président du Comité, Papa Louis Fall (Sénégal), a précisé que le Comité continuera de faire campagne en 2003 pour montrer que la protection internationale du peuple palestinien qui vit en territoire occupé est indispensable. Il s’agira de rendre le public conscient de la nécessité de fournir d’urgence des secours de base et de relever l’économie palestinienne gravement endommagée.
De son côté, le Chef de Cabinet du Secrétaire général, M. Iqbal Riza, faisant lecture d’un message de M. Kofi Annan, a lui aussi demandé le concours de la communauté internationale, le peuple palestinien ayant cruellement besoin d’une aide humanitaire et de secours d’urgence. A moins d’une aide immédiate de la part de la communauté internationale, a–t-il expliqué, les opérations d’urgence en Cisjordanie et à Gaza menées par l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) pourraient bien être suspendues d’ici à la fin du mois de mars.
M. Riza a rappelé qu’un consensus s’était dégagé sur la vision de deux Etats coexistant dans des frontières sûres et reconnues, une vision que le Conseil de sécurité a entérinée dans sa résolution 1397 et que la feuille de route du Quatuor doit concrétiser. Le plan de campagne élaboré par le Quatuor (les Etats-Unis, l’Union européenne, la Fédération de Russie et les Nations Unies) prévoit un règlement de la question en plusieurs étapes assorties d’un échéancier dans le but de créer d’ici trois ans une Palestine indépendante, viable et démocratique et à garantir la sécurité des Israéliens. Présentant le programme de travail pour l’année, le Président du Comité a indiqué que le Comité poursuivra ses efforts pour rétablir le dialogue israélo-palestinien, notamment dans le cadre du Quatuor.
La représentante de la Palestine a également informé le Comité des développements sur le terrain. Le Président du Comité a aussi informé les membres du Comité de ses activités intersession.
En début de séance, le Comité a reconduit les membres suivants de son Bureau: M. Papa Louis Fall (Sénégal) au poste de Président; M. Bruno Rodriguez Parrilla (Cuba), Ravan Farhadi (Afghanistan) comme vice-présidents et Walter Balzan (Malte) comme Rapporteur.
Le programme de travail du Comité pour 2003, adopté au cours de cette réunion, figure au document A/AC.183/2003/CRP.1.
M. IQBAL RIZA, Chef de Cabinet du Secrétaire général des Nations Unies, faisant lecture d’un message de M. Kofi Annan, a déclaré que la situation entre les Palestiniens et les Israéliens reste dangereuse. Ne nous berçons pas d’illusions en imaginant qu’elle ne peut pas s’aggraver; elle le peut très facilement. Le coût de la crise en vies humaines est déjà effrayant. Depuis septembre 2000, plus de 3 200 personnes ont été tuées – une grande majorité de Palestiniens mais également de nombreux Israéliens. Malheureusement, la majorité des victimes sont des civils dont de nombreux enfants.
Les bouclages, le couvre-feu, les exécutions extrajudiciaires, les détentions arbitraires, la démolition de leurs habitations, la poursuite des implantations des colonies de peuplement ainsi que le recours souvent excessif des Israéliens à la force ne font qu’accroître chez les Palestiniens la colère et le ressentiment qu’ils éprouvent depuis longtemps. Les attentats terroristes meurtriers et dévastateurs, notamment les attentats-suicide commis contre des civils israéliens ravivent de vieilles peurs. Du fait de cette escalade de la violence et de riposte, de ce climat généralisé de récrimination, de vengeance et de profonde méfiance réciproque, les réserves de bonne volonté qui existaient il y a dix ans semblent pratiquement épuisées.
Et pourtant une issue est encore ouverte, la nécessité d’un règlement prévoyant deux Etats étant largement admis. Le plan de campagne élaboré par le Quatuor (les Etats-Unis, l’Union européenne, la Fédération de Russie et les Nations Unies) doit permettre de concrétiser la vision, reprise dans la résolution 1397 de 2002, de deux Etats - Israël et la Palestine – vivant côte à côte dans la paix.
Le plan de campagne prévoit un règlement de la question fondée sur le cadre de référence de la Conférence de paix de Madrid de 1991, le principe de l’échange de la terre contre la paix, les résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité, les accords passés par les parties et la proposition du Prince héritier saoudien Abdallah, qu’a approuvée la Ligue des Etats arabes à son sommet de Beyrouth en mars dernier. Ce plan de campagne prévoit des étapes clairement définies assorties d’échéances réalistes. Il vise à mettre fin à l’occupation qui a commencé en 1967, à créer en trois ans une Palestine indépendante, viable et démocratique et à garantir la sécurité des Israéliens. Non seulement le plan de campagne règlerait le conflit israélo-palestinien mais il favoriserait aussi l’instauration d’une paix durable dans la région, y compris en ce qui concerne les négociations d’Israël avec la Syrie et le Liban.
L’un des facteurs importants pour atteindre cet objectif sera la volonté des Palestiniens et des Israéliens de prendre des mesures parallèles en matière de sécurité, humanitaires et politiques et de mise en place d’institutions. Evoquant la réforme entreprise par les Palestiniens, le Secrétaire général a ajouté que les premières mesures ont été prises. Elles font partie intégrante du cadre plus large des mesures prescrites par le plan de campagne. Je prie instamment le Gouvernement israélien de faciliter le processus entrepris par la partie palestinienne en instaurant les conditions propices à la normalisation de la vie des Palestiniens. Israël doit en particulier accélérer le retrait de ses troupes des zones palestiniennes occupées depuis septembre 2000, suspendre immédiatement
toutes les implantations des colonies de peuplement, cesser les démolitions de maisons, lever les restrictions à la circulation des personnes, des biens et des services essentiels et verser entièrement les taxes dues à l’Autorité palestinienne. Israël doit également honorer ses obligations au titre du droit international.
Pour leur part, les groupes palestiniens doivent cesser inconditionnellement tous les actes terroristes et l’Autorité palestinienne doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour combattre le terrorisme. Les attentats commis contre les civils sont des actes odieux et abjects, même si leurs auteurs agissent à titre de représailles.
Le concours de la communauté internationale reste crucial. Le peuple palestinien a cruellement besoin d’une aide humanitaire et de secours d’urgence. L’économie palestinienne connaît un déclin catastrophique. L’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) reste le principal prestataire de services de base pour plus de 3,9 millions de personnes. Aujourd’hui l’UNRWA est plongée dans une crise financière particulièrement grave. A moins d’une aide immédiate de la part de la communauté internationale, ses opérations d’urgence en Cisjordanie et à Gaza pourraient bien être suspendues d’ici à la fin du mois de mars. Je lance donc un appel aux donateurs pour qu’ils aident généreusement l’Office.
M. PAPA LOUIS FALL, Président du Comité et représentant du Sénégal, a déclaré que la gestion quotidienne d’un tel dossier préoccupe les Nations Unies, et au premier chef le Secrétaire général qui vient de nommer un Envoyé spécial pour les affaires humanitaires au moment où le monde est indigné de voir les conditions de vie des populations palestiniennes se détériorer si dramatiquement, entraînant une crise humanitaire sans précédent au Proche-Orient. Je fais mienne la proposition du Secrétaire général qui prône le déploiement d’une force multinationale d’observateurs internationaux dont la présence permettrait de briser le cycle de la violence et d’horreur dans cette région. C’est le lieu pour le Comité d’exhorter les membres du Quatuor à intensifier leurs efforts pour la mise en œuvre effective de la «Feuille de route» afin que devienne réalité la lumineuse vision du Président Bush consacrée par le plan arabe de Beyrouth et dont la résolution 1397 de 2002 incarne ce rêve de coexistence de deux Etats, Israël et la Palestine, à l’intérieur de frontières sûres et internationalement reconnues. Le Comité continuera d’œuvrer sans relâche à la mobilisation de l’opinion publique internationale. Rendant un hommage appuyé à la société civile, M. Papa Louis Fall a indiqué que le Comité allait dans le futur impliquer plus largement les médias, les universités, les parlements, les femmes dans la promotion des droits des Palestiniens
L’année écoulée a été encore marquée par la poursuite de l’Intifada, en réaction aux provocations, vexations et humiliations subies par le peuple palestinien. Le Comité demeure profondément meurtri devant les actes illégaux et inadmissibles que l’Etat hébreu impose aux populations et à l’Autorité palestinienne. Face à ces développements inacceptables qui desservent la cause de la paix, les Nations Unies ont l’impérieuse obligation de continuer à assumer leurs responsabilités vis-à-vis du peuple palestinien jusqu’au recouvrement intégral de son droit naturel à l’autodétermination, à l’indépendance nationale et
à la souveraineté. Les Nations Unies doivent, dans ce cadre, consacrer davantage de ressources en vue de favoriser le développement économique social et culturel du futur Etat palestinien. Le Président du Comité a exhorté les membres du Quatuor à amplifier leur élan jusqu’à la tenue de la conférence de paix pour le Moyen-Orient.
Présentation du programme de travail du Comité
Présentant le programme de travail pour 2003, le Président du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, M. PAPA LOUIS FALL, a précisé que le Comité, conscient des dangers que pose la poursuite de la construction de colonies de peuplement israéliennes dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem, continuera de montrer combien il est important de mettre fin à toutes les activités de peuplement et de renverser le mouvement afin de créer les conditions favorables à la reprise du dialogue politique. Le Comité s’emploiera à œuvrer avec le maximum d’efficacité pour répondre, comme il convient et en temps voulu, à l’évolution rapide de la situation sur le terrain tout en favorisant une analyse et un débat constructifs des divers aspects de la question de Palestine et en mobilisant l’assistance de la communauté internationale.
A cette étape particulièrement difficile, le Comité tient à souligner à quel point il est indispensable d’appuyer le peuple palestinien et le processus politique par toute une série d’activités. Une attention particulière sera accordée à la situation tragique qui règne actuellement sur le terrain. Il s’attachera à montrer combien il importe d’y remédier en mettant fin aux politiques et pratiques illégales de la puissance occupante, notamment les activités de peuplement d’Israël et diverses mesures de châtiment collectif. Le Comité poursuivra ses efforts pour rétablir le dialogue israélo-palestinien, notamment dans le cadre du Quatuor et au travers de l’action soutenue du Secrétaire général des Nations Unies et du Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient. A un moment où le peuple palestinien fait face à une crise humanitaire sans précédent, le Comité continuera d’examiner les questions liées à l’état de l’économie palestinienne et l’urgence de fournir des secours et une assistance internationale au peuple palestinien.
Le Président du Comité a rappelé que, dans sa résolution 57/109, l’Assemblée générale a demandé au Département de l’information d’étoffer sa documentation audiovisuelle sur la question de Palestine et de continuer de produire et de préserver cette documentation. Le Comité a pris note des travaux importants effectués par le Département pour ce qui est de convertir et de reformater des films et vidéos de l’ONU sur la question de Palestine couvrant la période 1947-2000. Le Comité continuera de collaborer avec le Département à cet égard.
Evoquant les activités que se proposent d’entreprendre le Comité et la Division des droits des Palestiniens, le Président du Comité a indiqué notamment qu’il prendra part à diverses réunions intergouvernementales et conférences sur le sujet. Des invitations à des réunions avec les membres et observateurs du Comité et le Secrétariat seront adressées à des agents du Gouvernement palestinien et d’autres personnalités palestiniennes tandis que les consultations avec les pays intéressés, y compris ceux de l’Union européenne, se poursuivront.
Le Comité a l’intention de concentrer son programme de réunions et conférences sur la situation actuelle sur le terrain à laquelle il importe de remédier en mettant fin aux politiques et pratiques illégales d’Israël, y compris les activités de peuplement ainsi que la restauration du processus politique entre les deux parties de manière à mettre fin à l’occupation et parvenir à un règlement définitif de la question de Palestine. Le Comité continuera de faire campagne pour montrer que la protection internationale du peuple palestinien qui vit en territoire occupé est indispensable et rendre le public international conscient de la nécessité de fournir d’urgence des secours essentiels et de relever l’économie palestinienne gravement endommagée.
Le Président a également mentionné les efforts de coopération que le Comité déploiera avec la société civile, y compris les organisations non gouvernementales, les parlements et les organisations interparlementaires pour mobiliser la solidarité internationale avec le peuple palestinien. Le Comité s’efforcera de faire participer différents secteurs de la société civile tels que les établissements académiques, les groupes de réflexion, les parlementaires et les médias. Il renforcera sa coopération avec le réseau international des organisations non gouvernementales s’intéressant à la question de Palestine, en se fondant sur les nouvelles directives élaborées à l’intention des organisations accréditées.
Par ailleurs, le Comité a demandé à la Division des droits des Palestiniens de continuer à développer, élargir et gérer le système d’information des Nations Unies sur la question de Palestine (UNISPAL) ainsi que le site Internet de la «Question de Palestine». La Division s’attachera à ce que cet ensemble de données soit complet, tenu à jour et d’utilisation facile. Le Programme de formation destiné au personnel de l’Autorité palestinienne se poursuivra. Le Comité estime que les données tirées de l’expérience acquise au cours des années précédentes devraient être évaluées régulièrement.
Le Comité recommande que la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien soit célébrée, le lundi 1er décembre 2003, et qu’elle comporte le programme habituel d’activités, y compris une exposition.
Le Président du Comité a précisé que le Bureau a été guidé, lors de son examen du programme de travail, par la nécessité de mieux l’adapter à l’évolution de la situation. Il continuera d’évaluer ce programme à la lumière de l’évolution du processus de paix et de la situation sur le terrain.
Mme SOMAIA BARGHOUTI, Observatrice de la Palestine, a fait le point de la situation dans les territoires palestiniens en expliquant que pas un jour n’est passé sans que les Palestiniens n’aient été victimes de la brutalité des forces d’occupation israéliennes. Tous les secteurs de l’économie ont été affectés par les crimes de guerre, le terrorisme d’Etat et les violations systématiques des droits de l’homme commis par les forces d’occupation d’Israël. Les élections du 28 janvier dernier n’ont fait qu’alourdir la main de M. Sharon et renforcer la droite israélienne. En même temps, la mise en œuvre de la Feuille de route continue d’être retardée et de souffrir d’obstacles tandis que les efforts de paix continuent d’être sapés. Comme vous le savez, Israël a empêché la partie palestinienne de participer à la Conférence de paix organisée sous les auspices de Tony Blair.
L’Observatrice a décrit les conditions de vie du peuple palestinien en expliquant que depuis le 1er janvier 2003, plus de 65 Palestiniens ont perdu la vie, notamment une femme de 65 ans qui a été ensevelie sous les décombres de sa maison. Le nombre total de morts palestiniens depuis la deuxième Intifada a atteint les 2 100 martyrs. Des centaines de maisons palestiniennes, d’ateliers de travail, de boutiques, d’étales de marchés ont été détruits dans le cadre de la politique israélienne de châtiment collectif qui a causé l’effondrement de l’économie palestinienne et mis un frein aux activités de la communauté internationale. Le siège militaire du Territoire palestinien occupé a aggravé la crise humanitaire que connaît le peuple palestinien et Israël n’a pas honoré les engagements humanitaires qu’il avait pris en août dernier auprès de l’Envoyé personnel du Secrétaire général pour les questions humanitaires.
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