AG/DSI/321

LA FEDERATION DE RUSSIE ET D’AUTRES ETATS DE L’ANCIEN BLOC SOVIETIQUE S’INQUIETENT DE L’AVENIR RESERVE AU TRAITE D’INTERDICTION COMPLETE DES ESSAIS NUCLEAIRES

09/10/2003
Communiqué de presse
AG/DSI/321


Première Commission

5e séance – matin


LA FEDERATION DE RUSSIE ET D’AUTRES ETATS DE L’ANCIEN BLOC SOVIETIQUE S’INQUIETENT DE L’AVENIR RESERVE AU TRAITE D’INTERDICTION COMPLETE DES ESSAIS NUCLEAIRES


Un mois après la tenue de la Conférence visant à faciliter l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (CTBT) l’avenir de ce traité, ouvert à la signature en 1996, a mobilisé un grande partie des travaux de la Commission du désarmement et de la sécurité internationale (Première Commission).  Celle-ci poursuivait ce matin son débat général au cours duquel les experts en désarmement des Etats Membres de l’Organisation ont fait part de la politique de leurs pays en matière de contrôle des armements.


Dans un contexte marqué par une hausse des dépenses d’armement et le renforcement de doctrines militaires reposant sur la dissuasion nucléaire, la viabilité du CTBT a constitué une question récurrente.  Même si l’Algérie, pays qui figure sur la liste des 44 Etats dont la ratification du Traité est nécessaire, a ratifié le traité en juin dernier, le CTBT n’est toujours pas entré en vigueur.  Le représentant de la Russie a ainsi appelé à un moratoire des essais nucléaires en attendant son entrée en vigueur, une proposition appuyée par le Kazakhstan, pays qui, au moment de son indépendance, a volontairement renoncé à son héritage nucléaire qui atteignait alors le quatrième rang mondial.  Le Directeur du Comité préparatoire de l’Organisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires a cependant estimé que des progrès avaient été réalisés puisque 105 Etats ont ratifié le Traité dont 32 sur les 44 Etats dont la ratification est nécessaire à son entrée en vigueur.


Pour les Etats de l’ancien bloc soviétique comme le Kazakhstan mais également l’Ukraine, un plus grand contrôle des exportations de matières sensibles et de technologies à double usage et une coopération accrue entre Etats dans ce domaine constitueront également une étape importante dans la lutte contre le terrorisme international.  Selon ces Etats, la fourniture de garanties de sécurité de la part des Etats nucléaires contribuera au renforcement du régime de non-prolifération nucléaire. 


D’autres Etats ont souligné la responsabilité première qui incombe aux Etats dotés de l’arme nucléaire et leur a rappelé l’engagement qu’ils avaient pris en 2000 de procéder sans équivoque à l’élimination de leurs arsenaux nucléaires.  Pour le représentant de la Namibie, les Etats nucléaires sont davantage occupés à faire en sorte que les autres Etats n’y accèdent pas plutôt que chercher à les éliminer.  De l’avis de plusieurs délégations, une telle attitude n’a fait qu’encourager la prolifération des armes de destruction massive.


Les délégations des pays suivants ont pris la parole: Bahamas (au nom de la CARICOM), Kazakhstan, Guyana, Fédération de Russie, Australie, Namibie, Kenya, Jamaïque, Sierra Leone, Burkina Faso, Nicaragua, Ukraine, Norvège et Islande.  Le Directeur général du Comité préparatoire de l’Organisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires a fait une déclaration.


La commission poursuivra son débat général vendredi 10 à 10 heures.


DEBAT GENERAL SUR TOUS LES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR RELATIFS AU DESARMEMENT ET LA SECURITE INTERNATIONALE


Mme PAULETTE BETHEL (Bahamas), au nom des 14 Etats de la Caricom, a noté que le régime multilatéral de désarmement avait connu de sérieux revers au cours de l’année 2003.  La confiance en les Traités a été minée, la Conférence du désarmement demeure dans l’impasse et les dépenses militaires ne cessent d’augmenter, a-t-elle souligné.  Dans ce cadre, il n’est pas étonnant que des propositions aient été formulées en vue de réexaminer le rôle de la Première Commission, a remarqué la représentante des Bahamas, affirmant le soutien de son pays au processus de revitalisation des instances du désarmement.


Au cours de l’année écoulée, les armes de destruction massive ont préoccupé au premier plan la communauté internationale, a souligné la représentante des Bahamas.  Brandissant les menaces pesant sur les instruments multilatéraux, elle a exhorté les Etats Membres à mettre en œuvre le Traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP) et à ratifier le Traité sur l’interdiction des essais nucléaires (TCBT).  A cet effet, les Bahamas ont salué l’accord de coopération conclu entre le Comité préparatoire de l’Organisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (CTBTO) et l’Organisation pour l’interdiction des armes nucléaires en Amérique latine.  De même, la représentante a encouragé une coopération régionale pour promouvoir la création de zones exemptes d’armes nucléaires.


Rappelant la menace suscitée par les armes légères et de petit calibre, les Bahamas plaident pour la mise en œuvre du Programme d’action en vue de combattre le trafic et le commerce illégal de ce type d’armes.  En dépit de l’importance que revêt le Programme d’action, il devrait toutefois être renforcé par un contrôle de la production et du transfert des armes légères, a précisé sa représentante.


M. YERZHAN KAZYKHANOV (Kazakhstan) a regretté qu’en trente années d’existence, la mise en œuvre du TNP constitue encore une des questions les plus sensibles et que les armes nucléaires sont encore considérées comme ayant une fonction dissuasive.  Le représentant a réitéré sa conviction selon laquelle les Nations Unies pourraient occuper le devant de la scène si elles parvenaient à revitaliser le Traité.  Rappelant que son pays a été victime des conséquences de l’accident nucléaire de Semipalatinsk, le représentant a souhaité une entrée en vigueur rapide du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires et a suggéré l’adoption d’un moratoire dans l’intervalle.  Le Kazakhstan attache une importance considérable aux zones exemptes d’armes nucléaires et considère qu’elles contribuent grandement aux efforts de non-prolifération. D’ailleurs le Kazakhstan, qui a volontairement renoncé à son héritage nucléaire, est activement impliqué dans l’établissement d’une zone exempte d’armes nucléaires en Asie centrale, a-t-il dit.  Il a fait part de son soutien constant aux efforts déployés par l’Agence internationale de l’énergie atomique ainsi qu’au renforcement du système de garanties internationales.  


Le représentant a plaidé en faveur d’un plus grand contrôle des exportations de matières fissiles et des technologies à double usage.  Selon lui, une coopération accrue entre Etats dans ce domaine constituera également une étape importante dans la lutte contre le terrorisme international.  Une telle coopération peut réellement porter ses fruits au niveau national.  Il a précisé que son pays avait accueilli un Forum sur cette question associant des pays d’Asie centrale et du Caucase, Forum au cours duquel les participants ont élaboré des mécanismes d’interaction aux frontières afin de prévenir la diversion de tout ce qui pourrait entrer dans la fabrication d’armes de destruction massive et de leurs vecteurs.  Le représentant est d’avis qu’une coordination accrue entre les Nations Unies et les arrangements régionaux conclus à cet effet constituerait un élément important d’un nouveau modèle de sécurité internationale.  Le Kazakhstan met en place actuellement une Conférence sur la coopération et la confiance entre Etats dans la région d’Asie.  Il souhaite également rallier tout le soutien possible à sa proposition visant à mettre en place, à Almaty, un centre de diplomatie préventive et de gestion des conflits en Asie centrale.


Mme NADIRA MANGRAY (Guyana) a rappelé les conséquences désastreuses provoquées par les armes légères et de petit calibre sur le tissu socio-économique des sociétés.  Des millions de personnes perdent la vie ou sont blessées par ces armes, principalement des civils, des femmes et des enfants.  Pour lutter contre le fléau que constituent la prolifération et le commerce illicite de ces armes, son pays collabore avec les Etats de la CARICOM dans le cadre d’un groupe de travail sur le crime et la sécurité.  Les progrès réalisés dans la mise en œuvre du Programme d’action en vue de lutter contre le trafic des armes légères sont importants, mais la tâche à venir est ardue, notamment en ce qui concerne l’instauration d’un instrument de traçage efficace conformément aux recommandations du Groupe d’experts chargé d’examiner sa faisabilité.


Le fléau causé par les mines antipersonnel préoccupe également grandement le Guyana, qui a d’ailleurs déposé ses instruments de ratification de la Convention d’Ottawa sur l’interdiction de ces mines, en août dernier.  A cet effet, la représentante du Guyana a appelé les Etats Membres à associer leurs efforts afin de soutenir l’accès aux soins et la réhabilitation sociale et économique des victimes de ces armes inhumaines.


M. SERGEY LAVROV (Fédération de Russie) a réaffirmé l’engagement de son pays en faveur du désarmement nucléaire comme l’a montré la conclusion du Traité sur la réduction des armes stratégiques offensives entre les Etats-Unis et la Fédération de Russie qui est entré en vigueur le 1er juin dernier.  Par ce Traité, les deux Etats se sont engagés à réduire de deux tiers de telles armes.  Face à la menace terroriste, M. Lavrov a plaidé en faveur de nouvelles approches permettant de mettre un terme à la prolifération d’armes de destruction massive et d’un «multilatéralisme coopératif» qui tienne compte des besoins de sécurité non diminué pour tous les Etats.  Nous devons dans ce cadre renforcer le TNP et déployer tous les efforts permettant de faire un succès de la Conférence d’examen prévue en 2005.  Une autre mesure logique serait le lancement de négociations au sein de la Conférence du désarmement sur un traité d’interdiction des matières fissiles.  Le TNP a été confronté à de nouveaux défis, a-t-il ajouté.  Le retrait de la République populaire démocratique de Corée du TNP est une erreur.  La situation actuelle dans la péninsule coréenne doit cependant être réglée par des moyens pacifiques et il nous faut veiller à la poursuite du Processus de Beijing.  Pour renforcer le TNP, il est également essentiel d’améliorer l’efficacité du système de garanties de l’Agence.  Nous appelons tous les Etats qui ne l’ont pas fait à conclure de tels accords de garanties et soutenons les efforts de l’Agence visant à faire la lumière sur les questions qui s’articulent autour du programme nucléaire iranien.


Le représentant s’est dit profondément inquiet au sujet de l’avenir du CTBT et a appelé à un moratoire des essais nucléaires en attendant son entrée en vigueur.  Le représentant a cependant mis en évidence quelques initiatives positives et encourageantes prises récemment, comme le Projet international sur les cycles de combustion et les nouvelles générations de réacteurs nucléaires.  Le Projet est en cours depuis 2001, sous l’égide du Président de la Fédération de Russie, et associe 15 pays.  Par ailleurs, le représentant s’est fortement opposé à toute tentative de militarisation de l’espace extra-atmosphérique tout en se disant prêt à négocier un accord sur cette question.  Il rappelé que son pays et la Chine ont rédigé un document conjoint intitulé «Eléments pouvant entrer dans un accord international sur la prévention du déploiement d’armes dans l’espace extra-atmosphérique.  Le forum le plus approprié pour négocier un tel accord est la Conférence du désarmement à Genève, a-t-il ajouté.  Il a précisé que la proposition visant à décréter un moratoire sur le déploiement de telles armes est toujours valide.  D’autre part, il a précisé que la Russie présentera cette année encore le projet de résolution sur la sécurité de l’information.  Le représentant a confirmé que son pays attache une importance considérable à l’option diplomatique pour résoudre la question des missiles et a rappelé que la Russie soutien l’initiative visant à mettre en place un système mondial de non-prolifération des missiles et des technologies missilières.


Pour M. PETER TESCH (Australie), la prolifération des armes de destruction massive et de leurs vecteurs représente la plus sérieuse menace à la sécurité internationale.  En outre, la demande de technologies liées aux armes de destruction massive se fait plus forte, augmentant les risques que ce type d’armes soit acquis tant par des Etats que par des acteurs non étatiques, a-t-il souligné.  De ce contexte, la Première Commission se réunit alors que des défis importants sont posés au régime de non-prolifération et de désarmement basé sur le Traité de non-prolifération (TNP), d’interdiction des essais nucléaires (CTBT) ainsi que les Conventions sur l’interdiction des armes chimiques (CWC) ou bactériologiques (BWC). 


Rappelant les craintes récentes suscitées par la République populaire démocratique de Corée et la République islamique d’Iran, le représentant de l’Australie a appelé les Etats Membres à redoubler d’efforts en vue de renforcer les instruments internationaux du désarmement.  Dans le domaine du nucléaire, l’Australie est en faveur d’un renforcement de l’application des mécanismes de vérification de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), notamment par l’intermédiaire de Protocoles additionnels conclus avec elle.  Le représentant de l’Australie a aussi souhaité l’élaboration d’un traité concernant l’interdiction des matières fissiles malgré les difficultés rencontrées par la Conférence du désarmement en vue de parvenir à l’élaboration d’un programme de travail.  Dans le domaine des armes légères et de petit calibre, l’Australie poursuivra ses efforts en vue de la mise place du Programme d’action de 2001 contre leur trafic et leur commerce illicite, a ajouté M. Tesch.  A cet effet, son pays collabore avec ses partenaires régionaux afin d’apporter un soutien aux Etats des Iles du Pacifique dans le renforcement du contrôle de ce type d’armes. 


M. MARTIN ANDJABA (Namibie) a estimé que la situation en matière de désarmement était plutôt sombre, la paix et la sécurité internationales continuant à faire face à des défis graves.  La Namibie, qui est partie au TNP et au CTBT continue d’honorer ses obligations.  Il est facile pour les Etats nucléaires d’appeler les Etats, qui ne disposent pas de ces armes, de ne pas chercher à le faire quand eux même refusent d’abandonner leur statut d’Etat nucléaire.  Il nous semble en fait que ces Etats sont davantage occupés à nous empêcher d’acquérir de telles armes qu’à mener des négociations visant à éliminer leurs propres armes nucléaires qui sont devenues un moyen de pression.  Ce que les Etats nucléaires oublient pourtant est qu’une telle attitude ne fait qu’encourager la prolifération.


Sur le front des armes classiques, le représentant a rappelé que ce type d’armes constitue en Afrique de véritables armes de destruction massive.  Elles sont bien souvent entre les mains des seigneurs de la guerre et des enfants soldats.  Il est triste de constater qu’aucun des pays connaissant des situations de conflit ne sont eux-mêmes producteurs d’armes.  Ces armes proviennent de pays non africains qui sont déterminés à poursuivre leurs objectifs coûte que coûte.  Il est nécessaire de mettre en œuvre une plus grande coopération entre les acteurs concernés pour garantir que ces armes ne tombent pas dans de mauvaises mains 


Rappelant que son pays a été victime d’attaques terroristes en 1998 et 2002, Mme AMINA C. MOHAMED (Kenya) a appelé les Etats Membres à agir de manière collective pour lutter contre la prolifération, tant des armes conventionnelles que non conventionnelles et résoudre les questions de non-prolifération, de contrôle des armements et de désarmement.  Condamnant l’attaque terroriste dont a été victime le quartier général de l’Organisation à Bagdad, le 19 août dernier, le Kenya a appelé tous les Etats Membres à unir leurs efforts pour lutter contre de tels actes.  Dans ce cadre, le Kenya encourage toute mesure prise en vue de prévenir l’acquisition, par des terroristes, d’armes de destruction massive, et plaide pour l’universalité du Code de conduite de La Haye contre la prolifération des missiles balistiques (HCOC). 


Dans nos régions, le terrorisme est également exacerbé par la circulation d’armes légères et de petit calibre, a ajouté le représentant du Kenya.  Rappelant que le Programme d’action contre le trafic des armes légères appelle au soutien international de projets, le représentant du Kenya a espéré que des projets et initiatives sous-régionales puissent être soutenus dans sa région. 


M. STAFFORD NEIL (Jamaïque) a constaté des signes progressifs d’essoufflement de la diplomatie en matière de contrôle des armements et de l’architecture juridique existante.  Il est également préoccupant de constater la mise en œuvre de processus parallèles en marge des forums internationaux.  La hausse des dépenses d’armement, qui totalisent désormais 800 milliards de dollars, n’a fait que relancer les dépenses d’armement dans d’autres pays qui se sentent menacés.  Nous constatons ainsi qu’une plus grande militarisation augmente également les risques du recours à l’option militaire.  Le représentant a assuré la Commission de l’engagement de son pays en faveur du désarmement comme le montre la conclusion d’un protocole additionnel de garanties avec l’AIEA le 19 mars dernier.  La Jamaïque est également partie au TNP et au CTBT dont elle demande l’entrée en vigueur le plus rapidement possible.  Sur le plan des armes classiques, le représentant a exprimé le plein soutien de son pays à une convention sur le traçage de ce type d’armes.  Au sujet des mines antipersonnel, il a annoncé que son pays accueillera en 2004 la Première Conférence de révision de la Convention d’Ottawa et qu’il parrainera la résolution qui sera présentée par la Thaïlande sur cette question lors des travaux de la Première Commission.


Dans le contexte international actuel, M. SYLVESTER EKUNDAYO ROWE (Sierra Leone) a souligné que le désarmement n’était plus un choix mais une nécessité absolue.  La Sierra Leone estime qu’il est indispensable pour la communauté internationale, ainsi que pour le Conseil de sécurité, d’envisager sérieusement le respect ou le non-respect des obligations comme une menace à la paix et la sécurité.  Appelant au respect des instruments multilatéraux du désarmement, le Sierra Leone a également plaidé pour un renforcement de leur universalité.


Bien que la menace des armes de destruction massive occupe l’attention de la communauté internationale, la Sierra Leone a exprimé ses préoccupations quant à la prolifération des armes légères et appelé à la mise en œuvre du Programme d’action en vue de lutter contre le trafic et le commerce illégal de ce type d’armes.  Toutefois, dans la lutte contre le commerce illégal, le représentant de la Sierra Leone a réaffirmé les préoccupations de son pays face au transfert de ces armes illégales aux seuls Etats, ou à leurs agents autorisés, et non à des acteurs non étatiques.


M. MICHEL KAFANDO (Burkina Faso) a regretté les obstacles qui se sont dressés ces dernières années sur le chemin de la paix.  Après la dénonciation du Traité ABM et l’inexécution des Traités START, on constate que la Conférence du désarmement «bat de l’aile».  Le pessimisme se perçoit également dans le domaine des armes classiques.  Des milliers de personnes continuent d’être victimes des mines antipersonnel tandis que la Conférence de 2001 sur les armes légères a montré les limites des actions envisagées.  Face à la circulation incontrôlée des armes légères et l’insécurité, toutes deux liées à la multiplication des crises en Afrique, à la mauvaise gouvernance et à la xénophobie, le Burkina Faso s’est attaché résolument à la recherche de la paix et de la sécurité collective en adhérant aux mécanismes négociés dans la cadre de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest, dont le Moratoire de Bamako sur les armes légères.


Se joignant à la déclaration faite par le Pérou au nom du Groupe de Rio, M. MARIO H. CASTELLON DUARTE (Nicaragua) s’est déclaré extrêmement préoccupé par le recul du multilatéralisme en matière de désarmement, et notamment par l’impasse qui grève les travaux de la Conférence du désarmement, unique instance multilatérale de négociation.


Au Nicaragua, les problèmes posés par les mines antipersonnel résultent d’une décennie de guerre civile qui a sévi entre 1979 et 1990.  En 1990, la situation a encore empiré à cause de l’ouragan MITCH qui les a éparpillées dans la nature.  Entre-temps, quelque 90 000 mines ont été désamorcées dans le pays, mais il en reste encore 46 000 dans les régions du Nord, a ajouté le représentant du Nicaragua.  En 2003, trois zones ont bénéficié de priorités dans le cadre du déminage effectué en collaboration avec l’Organisation des Etats d’Amérique.  En matière de contrôle et de limitation des armements, le représentant du Nicaragua a évoqué le Programme de limitation présenté par son Président, lors de la Réunion des Etats d’Amérique centrale le 17 juillet dernier. 


M. ANATOLIY SCHERBA (Ukraine) a regretté le peu de progrès réalisés dans la mise en œuvre des 13 mesures adoptées lors de la Conférence de révision de 2000 du TNP.  Par ailleurs, les perspectives d’entrée en vigueur du CTBT n’incitent pas à l’optimisme.  Les incertitudes qui entourent la sécurité mondiale, a-t-il ajouté, renforcent la pertinence des mécanismes de vérification et de garanties de l’AIEA.  L’Ukraine, pour sa part, a ratifié le modèle de protocole additionnel de l’Agence et se prépare à le mettre en œuvre.  Nous pensons également que la fourniture de garanties de sécurité de la part de Etats nucléaires contribuera au renforcement du régime de non-prolifération nucléaire.  Nous demandons instamment à ces Etats de revalider les engagements qu’ils avaient pris en 2000 et notamment l’élimination sans équivoque de leurs arsenaux nucléaires.


Se félicitant du Traité sur la réduction des armes stratégiques offensives, le représentant a précisé que son pays avait rempli ses obligations contractées en vertu de la première phase de START I en détruisant son dernier silo de missiles balistiques intercontinentaux.  Il a ajouté qu’une des initiatives de cette année a été le Partenariat mondial contre la prolifération des armes de destruction massive et des matériaux.  L’Ukraine, a –t-il ajouté, a signé par ailleurs le Code de conduite contre la prolifération des missiles balistiques.  Il est par ailleurs indispensable de renforcer les mesures de contrôles des exportations de matériaux, équipements et technologies sensibles.  La mise en œuvre de la Convention sur les armes chimiques a été présentée comme une priorité du Gouvernement ukrainien tout comme l’est le respect de la Convention sur les armes biologiques.  S’agissant des armes classiques, il a regretté que le projet de destruction de telles armes ne couvre que 7% des besoins de son pays.  


M. JOHAN L. LOVALD (Norvège) a souligné les changements qui avaient profondément marqué la sécurité internationale au cours des dernières années, en raison des menaces que la prolifération nucléaire et que le terrorisme ont fait peser sur elle.  La communauté internationale doit être capable de répondre à ces nouveaux défis et, à ce titre, la Norvège soutient la Proliferation Security Initiative (PSI) et s’associe aux efforts européens exprimés dans la Déclaration de Thessalonique.  Déplorant les menaces qui ont pesé sur le Traité de non-prolifération nucléaire (TNP), la Norvège a cependant appelé les Etats Membres à favoriser l’entrée en vigueur du Traité d’interdiction des essais nucléaires (CTBT) et à permettre l’élaboration d’un traité sur l’interdiction des matières fissiles. 


Malgré les progrès réalisés lors de la Première conférence de révision de la Convention sur les armes biologiques, la Norvège a regretté que cet instrument ne soit pas universel et que certains pays ne respectent pas les obligations imposées par ce texte.  En outre, le représentant de la Norvège a souligné l’importance que revêt le renforcement de la Convention sur les armes bactériologiques, appelant tous les Etats à mettre en œuvre les obligations qui en découlent.  La Norvège a également souhaité le renforcement de la Convention sur certains armes classique.


M. HJALMAR HANNESSON (Islande) a estimé que le TNP constituait un élément clef des efforts multilatéraux visant à enrayer la prolifération d’armes terrifiantes.  Il a félicité Cuba et la République démocratique du Timor Leste pour leur accession à ce Traité, ce qui permettra de renforcer sa crédibilité tout en ajoutant sa voix à ceux qui appellent l’Inde et le Pakistan à en faire de même.  Des éléments de discussion encourageants sont apparus lors de la Conférence préparatoire de Révision du Traité prévue en 2005, et le consensus sur la nécessité du plein respect du Traité par les Etats parties, la transparence et la volonté des Etats nucléaires d’apaiser les craintes des Etats qui ne sont pas dotés de ce type d’armes.  Nous nous joignons aux Etats qui ont exprimé leurs préoccupations au sujet de la décision de la République populaire démocratique de Corée de dénoncer le TNP et de reprendre son programme nucléaire.  Dans ce même contexte, nous encourageons l’Iran a se soumettre aux exigences de l’AIEA.  Le représentant a par ailleurs évoqué les risques que l’acheminement maritime des matières nucléaires font peser sur des pays comme le sien qui dépendent des ressources de la mer pour leur survie.  Il a réaffirmé l’importance de la résolution  sur l’interdiction de déverser des déchets radioactifs.


M. WOLFGANG HOFFMANN (Directeur général du Comité préparatoire de l’Organisation du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires) a rappelé que le Traité d’interdiction des essais nucléaires (CTBT) constituait l’une des pierres angulaires du régime de non-prolifération et de désarmement.  Lors de son adoption en 1996, il était certain que le succès du Traité dépendrait de deux facteurs essentiels : son universalité et sa vérifiabilité, a-t-il ajouté, saluant les progrès réalisés.  A ce jour, le Traité a été signé par 169 Etats et ratifié par 105.  Sur les 44 Etats ayant la capacité nucléaire et dont la ratification est nécessaire pour l’entrée en vigueur du CTBT, 12 doivent encore adhérer au texte.  Le Directeur général a en outre dressé un état des lieux des mécanismes de vérification du Traité, qui repose sur un réseau de surveillance de 321 stations et 16 laboratoires.  Le 15 juin 2000, l’Assemblée générale a adopté un accord réglementant les relations entre les Nations Unies et la Commission préparatoire, qui fait d’elle un nouveau membre de la famille des Nations Unies.        


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