AG/DSI/319

LA COMMISSION DU DESARMEMENT EXPRIME SON ATTACHEMENT AU MULTILATERALISME

07/10/2003
Communiqué de presse
AG/DSI/319


Première Commission

3e séance – matin


LA COMMISSION DU DESARMEMENT EXPRIME SON ATTACHEMENT AU MULTILATERALISME


Pour les Etats-Unis, une telle approche est valable si elle identifie correctement les priorités


La Commission du désarmement et de la sécurité internationale a poursuivi ce matin son débat général en entendant des appels répétés en faveur du multilatéralisme et du respect des traités de contrôle des armements, le représentant de la Chine affirmant pour sa part qu’à l’heure actuelle aucun Etat n’est en mesure d’assurer sa propre sécurité seul. 


Regrettant l’impasse dans laquelle se trouvent la Conférence et la Commission du désarmement, attribuée à des modes de pensées obsolètes, le Sous-Secrétaire d’Etat au contrôle des armements des Etats-Unis a affirmé que son pays était en faveur du multilatéralisme pour peu qu’il cible correctement les menaces à la sécurité du monde contemporain.  Nous sommes à une croisée de chemins, a encore précisé M. Stephen Rademaker, en ajoutant que les mesures prises par son pays en matière de désarmement constituaient la preuve de son attachement au multilatéralisme.  Il a précisé que les Etats-Unis ont augmenté leur contribution au budget de l’AIEA a réduit leurs armes nucléaires de 60%, y compris leurs armes tactiques. 


Si les Etats-Unis ont en revanche indiqué leur forte opposition au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires qu’ils ne ratifieront pas, le représentant de la Chine a signalé que les Etats nucléaires avaient des obligations auxquelles ils ne peuvent se soustraire.  Il a exhorté à la finalisation du Traité d’interdiction des essais nucléaires (CTBT) en vue d’un monde exempt d’armes nucléaires.  Un sentiment partagé par le représentant de l’Algérie, pays qui a ratifié le 18 juillet dernier le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires et qui compte parmi les 44 Etats dont la ratification est indispensable à son entrée en vigueur.


Les tensions dans la péninsule coréenne et le processus de pourparlers à six associant les Etats-Unis, la Chine, la Fédération de Russie, les deux Corées et le Japon ont également mobilisé une bonne partie des débats.  Le représentant de la République de Corée a annoncé son intention de ratifier prochainement le protocole additionnel de l’Agence internationale de l’énergie atomique.  Brandissant le spectre de la prolifération nucléaire dans la péninsule coréenne, il a également affirmé que le programme nucléaire de la République populaire démocratique de Corée constitue la menace la plus importante à la paix et la stabilité dans la région d’Asie du Nord-Est.  Il a précisé que les pourparlers à six qui ont commencé à Beijing en août dernier  constituent la meilleure opportunité de régler


ce problème.  Une analyse à laquelle s’est ralliée la représentante du Japon qui a appelé la République populaire démocratique de Corée à démanteler son arsenal nucléaire de manière transparente et vérifiable.  De son côté, le représentant de

la République populaire démocratique de Corée a dénoncé la politique japonaise qui, selon lui, recherche un affrontement militaire.


La situation en Iran  a également été abordée ce matin, principalement par les Etats-Unis qui ont lancé un appel à ce pays pour qu’il  prenne au sérieux la résolution adoptée en septembre dernier par le Conseil des gouverneurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique.  Le Sous-Secrétaire d’Etat au contrôle des armements des Etats Unis a expliqué que son pays travaille actuellement, avec le Conseil des gouverneurs de l’Agence, à la reprise d’inspections permettant de trouver des réponses aux questions qui se posent au sujet de la nature et de la portée du programme nucléaire clandestin iranien.


Outre les orateurs déjà cités, les représentants des pays suivants ont pris la parole : Malaisie, Etats-Unis, Chine, Algérie, Japon, République populaire démocratique de Corée, Emirats arabes unis, Ouganda, Madagascar, ainsi que le directeur général de l’Organisation internationale pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC). Les représentants de la République populaire démocratique de Corée et du japon ont exercé leur droit de réponse.


La Commission poursuivra son débat général mercredi 8 octobre à 10 heures.


DEBAT GENERAL SUR TOUS LES POINTS DE L’ORDRE DU JOUR RELATIFS AU DESARMEMENT ET LA SECURITE INTERNATIONALE


M. RAFTAM MOHD ISA (Malaisie) a souligné que 2003 avait été une année sombre en matière de désarmement, alors que, le 23 mai dernier, l’on célébrait le vingt-cinquième anniversaire de la première session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée entièrement au désarmement dont le document final posait l’objectif global des efforts à réaliser en la matière.  «Pourtant, 25 ans plus tard, cette ambition est loin d’être atteinte et nous n’avons rien à fêter» a déploré le représentant de la Malaisie.


En mars dernier, la guerre en Iraq était déclenchée mais aucune arme de destruction massive n’a été trouvée dans ce pays, a-t-il rappelé.  La République populaire démocratique de Corée (RPDC) s’est retirée du TNP et affirme à présent qu’elle détient des capacités en matière nucléaire, ce qui constitue une menace, a-t-il ajouté.  En outre, la Commission du désarmement ainsi que la Conférence du désarmement sont dans l’impasse, a encore regretté M. Mohd Isa.  «Ma délégation est déçue de l’absence de progrès en matière de désarmement» a-t-il poursuivi. 


Après avoir enjoint tous les Etats Membres à adhérer totalement aux instruments en matière de désarmement, le représentant de la Malaisie a indiqué que tous les Etats reconnaissent la menace des armes de destruction massive et la menace qu’elles représentent pour l’humanité.  «Il n’y a pas de prolifération bonne ou mauvaise», a déclaré le représentant de la Malaisie, demandant aux Etats Membres l’application de l’article 6 du Traité de non-prolifération et de leurs obligations en matière de vérification.  Dans ce cadre, M. Mohd Isa a également appelé au renforcement et à la mise en œuvre des mécanismes de vérification des armes de destruction massive. 


La Malaisie, en tant qu’Etat non nucléaire partie au TNP, s’est engagée à promouvoir le désarmement nucléaire; elle soutient la création d’une zone exempte d’armes nucléaires en Asie du Sud-Est.  «La communauté internationale possède déjà les instruments nécessaires pour parvenir au désarmement global, mais il faut une plus grande volonté politique face aux questions de désarmement international» a ajouté son représentant.


Rappelant qu’au cours du débat général, il a été question de revitaliser l’Assemblée générale, le représentant a émis l’espoir que la Première Commission en sortira aussi renforcée.


M. STEPHEN G.RADEMAKER, Sous-Secrétaire d’Etat au contrôle des armements des Etats-Unis, a réaffirmé sa conviction selon laquelle la première Commission peut et doit passer par un processus de réforme pour être en mesure de répondre aux nouveaux défis.  Nous nous réunissons à la croisée des chemins en matière de multilatéralisme et de contrôle des armements.  Le représentant a attribué l’impasse de la Conférence du désarmement et de la Commission du désarmement aux modes de pensée issus de la guerre froide et à l’examen superficiel de questions qui ne favorisent par le consensus.  Nous ne croyons pas au multilatéralisme simplement pour y croire, mais nous sommes en faveur d’un multilatéralisme qui cible correctement les menaces à la sécurité du monde contemporain.


Le représentant a indiqué que les mesures que son pays a prises en matière de désarmement constituent la preuve de son attachement au multilatéralisme; la contribution à la hausse au budget de l’AIEA en est un exemple.  De plus, les Etats-Unis ont signé le protocole additionnel de l’Agence et ont également mis en œuvre ses obligations en vertu du régime de non-prolifération en détruisant 13 0000 armes nucléaires et en éliminant plus d’une douzaine de types d’ogives.  Nous avons réduit nos armes nucléaires de 60%, y compris nos armes tactiques a –t-il précisé.  Avec le Traité de Moscou, le nombre d’ogives nucléaires déployées seront réduites des deux tiers d’ici 2012, ce qui représente la plus grande réduction d’armes nucléaires dans le cadre d’un traité de désarmement.  Les Etats-Unis et la Fédération de Russie élimineront 700 tonnes de matériel fissile dans le futur. 


Toutefois, les Etats-Unis s’opposent au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires qu’ils ne ratifieront pas.  Le représentant a également détaillé le soutien de son pays à la Convention sur les armes biologiques et la Convention sur les armes chimiques ainsi qu’au Registre des Nations Unies sur les armes classiques qui inclut désormais les Manpad.


Si certaines progrès sont faits grâce à la coopération d’Etats responsables, d’autres altèrent ces efforts en refusant de respecter leurs obligations, a –t-il regretté.  Le non-respect des traités de contrôle des armements constitue ainsi la menace principale à la paix et à la sécurité internationales.  Pour cette raison, nous parrainons tous les deux ans un projet de résolution sur cette question.  Nous avons dénoncé les cas de non-respect dans de nombreuses enceintes et nous avons régulièrement demandé instamment au Conseil de sécurité d’agir à la suite des violations du TNP par la République populaire démocratique de Corée, une violation confirmée par l’Agence internationale de l’énergie atomique.  Nous sommes déçus par l’incapacité du Conseil de sécurité à le faire. 


Le représentant a expliqué que son pays travaille actuellement avec le Conseil des gouverneurs de l’Agence à la reprise d’inspections permettant de trouver des réponses aux questions qui se posent au sujet de la nature et de la portée du programme nucléaire clandestin iranien.  Sur la base de preuves accumulées au cours des dernières années par l’AIEA, il ne fait pas de doute que l’Iran viole ses accords de garanties passés avec celle-ci.  Ces exemples de non respect des accords de contrôle des armements par la République populaire démocratique de Corée et l’Iran permettront de véritablement mesurer le degré de pertinence du multilatéralisme. Une autre menace à la paix dans le monde est le terrorisme nucléaire, biologique et chimique, a ajouté le représentant.


Le représentant a par ailleurs fortement critiqué les méthodes de travail de la Commission et notamment la répétitivité de ses résolutions dont le langage ne varie pas décennie après décennie.  Le représentant a appuyé la proposition visant à présenter certaines résolutions sur une base biennale.


M. HU XIAODI (Chine) a évoqué la multiplication des menaces à la sécurité depuis les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis.  La communauté internationale a pour mission de relever les défis posés à la sécurité.  Pour ce faire, il faut cultiver le concept de la recherche de sécurité grâce à la coopération internationale car il est certain qu’aucun Etat ne pourra assurer sa propre sécurité, a-t-il ajouté.  Appelant au respect de la diversité et la tolérance, le représentant de la Chine a souhaité que la mondialisation puisse permettre aux différents pays d’apprendre des autres et d’en tirer parti, en évitant toute exclusion.  Pour y parvenir, il est indispensable de favoriser la primauté du droit dans les relations internationales, a ajouté le représentant de la Chine, précisant que ce système comprend une série d’instruments juridiques relatifs au désarmement.  Les saper équivaudrait à mettre en doute la stabilité internationale, a-t-il déclaré.


La Chine a manifesté un soutien énergique au multilatéralisme en matière de désarmement.  A cet effet, son représentant a estimé que les Nations Unies pourraient encore jouer un rôle plus grand.  Elément essentiel du régime mondial de sécurité, le régime de non-prolifération gagnerait à être renforcé.  Un consensus mondial existe à cet effet, surtout face à la menace du terrorisme international.  Cependant, la Chine estime que la sécurité internationale est tributaire d’un environnement international meilleur pour faire régner la sécurité.  Seule une telle éventualité permettra d’éliminer les raisons profondes qu’ont certains Etats à se doter d’armes de destruction massive, a-t-il affirmé.


Employer des moyens autres que pacifiques pour lutter contre la prolifération est contre-productif, et la Chine s’oppose dès lors à des sanctions injustifiées.  Rappelant que la Chine défend le principe de non-prolifération des armes de destruction massive et de leurs vecteurs, le représentant a précisé que son pays avait adhéré à tous les instruments juridiques internationaux et promulgué une série de lois et de dispositions concernant les exportations de matériaux nucléaires, de produits chimiques et de missiles. 


Les Etats nucléaires ont des obligations auxquelles ils ne peuvent se soustraire, a-t-il poursuivi, appelant à la finalisation du Traité d’interdiction des essais nucléaires (CTBT) en vue d’un monde exempt d’armes nucléaires.  La Chine s’oppose fermement aux essais nucléaires sous quelque prétexte que ce soit, a rappelé son représentant. 


Après avoir rappelé que le 4 août dernier, des armes chimiques japonaises abandonnées dans la province chinoise de Heilomgjiang ont tué une personne et blessé plusieurs autres, le représentant a expliqué qu’il était important d’éliminer les armes chimiques japonaises abandonnées en territoire chinois. De plus, il a émis l’espoir que le Japon respecte toutes les obligations découlant de la Convention sur les armes biologiques.  Il a également indiqué que son pays était prêt à conclure un instrument portant sur la question des vestiges explosifs de la guerre. 


En matière d’armes légères, la chine appuie les efforts internationaux contre le trafic de ces armes et apporte son soutien au rapport du Groupe d’experts sur le marquage et traçage des ces armes.  En outre, la Chine a pris une part active dans l’assistance au déminage de pays affectés par les mines, envoyant notamment du matériel et des experts en Erythrée.


M. ABDALLAH BAALI (Algérie) s’est inquiété des signes d’essoufflements que laissait aujourd’hui transparaître le processus de désarmement.  Pourtant, les changements majeurs intervenus sur la scène internationale auraient dû plaider pour la réduction de l’intérêt stratégique et politique de l’arme nucléaire en tant que garante de la sécurité nationale, a précisé le représentant de l’Algérie.  «Le sentiment qui prévaut aujourd’hui est que l’arme nucléaire semble être créée pour rester» a toutefois déploré M. Baali.  Pour l’Algérie, il est inadmissible que l’arme nucléaire soit jugée bonne quand elle est détenue par certains pays et mauvaise quand elle est détenue par d’autres. 


Le maintien en vie du concept de dissuasion nucléaire, loin de favoriser la réalisation de l’objectif du désarmement, n’a fait qu’encourager certains pays à se doter de l’arme nucléaire et empêche le processus de désarmement de progresser.  La communauté internationale doit impérativement s’en débarrasser, a estimé le représentant de l’Algérie.  Le concept de dissuasion, au-delà de l’idée d’imposer injustement aux autres des règles et des obligations dont seuls les pays nucléaires demeureraient affranchis est de nature à remettre en cause et de fragiliser tout ce qui a été élaboré et convenu collectivement en matière de désarmement, a souligné l’ambassadeur algérien.  De même, l’émergence de nouveaux concepts qui reposent sur des logiques unilatérales, discriminatoires et sélectives, risquent de déstabiliser sérieusement le régime mis en place par le Traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP), a-t-il poursuivi.  En matière de désarmement nucléaire, l’Algérie estime que le cadre multilatéral s’avère la voie appropriée pour traiter de cette question prioritaire.


L’établissement de zones exemptes d’armes nucléaires constitue pour l’Algérie une contribution considérable au maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Toutefois, son représentant a déploré l’absence de progrès concernant la création d’une telle zone au Moyen Orient, en raison du refus d’Israël à ne pas adhérer au TNP.  Comme preuve de son ferme engagement en faveur du désarmement nucléaire, l’Algérie a notamment souligné sa ratification, le 18 juillet dernier, du Traité d’interdiction des essais nucléaires.


L’Algérie s’est dite en faveur d’une sécurité mondiale fondée sur la coopération, la mise en œuvre de solutions justes aux conflits et le respect des principes de la Charte.  A cet effet, elle a souhaité un renforcement de la stabilité au Maghreb et réaffirmé son soutien en vue de parvenir à une solution au conflit au Sahara occidental.  En matière de sécurité, son représentant a également rappelé les vives préoccupations de son pays au sujet de la situation en Palestine, réaffirmant le soutien de son gouvernement à la poursuite du processus de paix dans la région.


Mme KUNIKO INOGUCHI (Japon) a fait part de l’importante préoccupation que lui inspire la déclaration de la République populaire démocratique de Corée qui a indiqué son intention de se retirer du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP).  Le Japon appelle instamment ce pays à démanteler son arsenal nucléaire de manière transparente et vérifiable.  Cette question devrait être traitée de manière pacifique dans le cadre du processus de négociations à six.  Nous appelons la République populaire démocratique de Corée à mettre en œuvre la Déclaration de Pyongyang selon laquelle les deux parties doivent en premier lieu se mettre en conformité avec leurs engagements internationaux comme préalable au règlement de la question de la prolifération nucléaire dans la péninsule coréenne.


La représentante a par ailleurs lancé un appel à l’Iran pour qu’il prenne au sérieux la résolution adoptée en septembre dernier par le Conseil des gouverneurs de l’AIEA lui demandant de se mettre immédiatement en conformité avec ses obligations.  La représentante, évoquant le risque que des armes de destruction massive tombent entre les mains de terroristes, a réaffirmé l’attachement du Japon à la «Proliferation Security Initiative».  Elle a également rappelé les piliers de la politique japonaise en matière d’armes nucléaires qui se résume ainsi : pas de possession, pas de production et pas de présence de ce type d’armes sur le territoire japonais.  La représentante, qui a appuyé le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, a appelé instamment les Etats à le ratifier. Elle a également dit l’importance qu’il attache à un traité d’interdiction des matières fissiles.  En vue de la Conférence d’examen du TNP en 2005, Mme Inoguchi a également prié instamment les Etats à mettre en œuvre les mesures convenues lors du Processus d’examen de 2000.


S’agissant des autres armes de destruction massive, la représentante a réaffirmé l’importance de renforcer la Convention sur les armes chimiques ainsi que le fonctionnement de l’Organisation pour l’interdiction de ce type d’armes.  Elle a également appuyé les résultats du Groupe d’experts sur les armes biologiques qui s’est réuni en août dernier. Elle a apporté par ailleurs son soutien au Code de conduite sur la prolifération des missiles.


Pour ce qui est des armes classiques, et plus particulièrement des armes de petit calibre, la représentante a jugé que la Conférence d’examen du Programme d’action visant à enrayer la prolifération de ce type d’armes constituait un exemple de multilatéralisme.  Cette réunion a inspiré d’autres initiatives dans le monde et a permis de préciser l’engagement de la communauté internationale.  Elle a également assuré la Commission de l’intention de son gouvernement de poursuivre ses efforts en faveur de l’élimination des mines antipersonnel.


M. KIM SAM-HOON (République de Corée) a estimé que le régime de non-prolifération dont le TNP est la pierre angulaire doit faire face à des défis inégalés pour ce qui est de sa crédibilité et de son intégrité.  La communauté internationale se doit de mettre en œuvre une stratégie permettant de mieux traiter les questions de non-respect.  Le représentant a ajouté que son pays attache une importance particulière au renforcement des garanties de sécurité de l’AIEA et qu’il est en faveur de l’universalisation de son protocole additionnel. La République de Corée ratifiera ce protocole prochainement.  Les évènements récents ont montré que l’approche juridique reposant sur un modèle unique ne suffit plus pour répondre aux cas complexes de prolifération.  Nous devons trouver d’autres moyens de contrer cette nouvelle génération de menaces à la paix si les moyens conventionnels ne le peuvent. 


Les pays à capacité nucléaire ainsi que les fournisseurs de matériel et d’équipements doivent assumer leurs responsabilités et démontrer une volonté de transparence.  Il faudrait également mettre en place une structure de contrôle des exportations, clef de la non-prolifération.  Les régimes de contrôle des exportations, comme celui mis en place par le Nuclear Suppliers Group, ont joué un rôle important en érigeant des garde-fous et en permettant que des matières dangereuses ne tombent entre des mains mal intentionnées.  Dans ce contexte, nous accueillerons en 2004 la Réunion des membres du Régime de contrôle des technologies missilières. 


Brandissant le spectre de la prolifération nucléaire dans la péninsule coréenne, le représentant a affirmé que le programme nucléaire de la République populaire démocratique de Corée constitue la menace la plus importante à la paix et la stabilité dans la région d’Asie du Nord-Est.  Il a affirmé l’engagement de son pays à la dénucléarisation de la péninsule et a jugé inacceptable le programme nucléaire coréen.  Si ce pays l’abandonne, alors nous déploierons tous les efforts pour continuer à la relance économique de la République populaire démocratique de Corée.  Il a précisé que les pourparlers à six qui ont commencé à Beijing en août dernier  constituent la meilleure opportunité de régler ce problème.  Il a par ailleurs plaidé en faveur de l’entrée en vigueur du CTBT et d’un traité d’interdiction des matières fissiles.


M. ABDULAZIZ NASSER AL-SHAMSI (Emirats arabes unis) a dressé une série de demandes aux Etats nucléaires mais également aux Etats non nucléaires.  Ainsi, il a demandé aux Etats dotés de l’arme nucléaire de respecter pleinement leurs obligations contractées et de faire preuve de la volonté politique nécessaire à l’élimination de leurs stocks d’armes nucléaires et armes stratégiques.  Aux Etats qui ne disposent pas de l’arme nucléaire, il a demandé de ne pas essayer de s’en procurer, de revoir leurs politiques et de régler leurs différends par des moyens pacifiques.  Il a également souhaité que la communauté internationale redouble d’efforts dans l’élaboration d’un instrument garantissant la sécurité des Etats non nucléaires.  Il a également demandé que des comités spéciaux soient mis en place, en vertu de l’article 6 du TNP, pour suivre les efforts de destruction de tous les types d’armes de destruction massive.


Dans la région du Moyen-Orient, le représentant a regretté l’attitude d’Israël qui développe son arsenal nucléaire à l’abri des regards de la communauté internationale.  Il a redit son attachement à la création d’une zone exempte d’armes nucléaires dans la région du Moyen-Orient tout en demandant à la communauté internationale d’exercer des pressions sur Israël pour qu’il accède au TNP sans condition et qu’il place ses installations nucléaires sous le régime de garanties de l’AIEA.  Nous demandons également que soit mis un terme à l’aide financière, scientifique et technique apportée à Israël pour ériger ses installations nucléaires en raison de l’impact exercé sur le processus de paix.


M. CHARLES WAGABA (Ouganda) a rappelé que la prolifération des armes légères et de petit calibre en tant qu’armes privilégiées d’un grand nombre de conflits sur le continent africain représentait une menace constante à la paix et la sécurité tant en Afrique que dans le reste du monde.  C’est la facilité avec laquelle ces armes sont produites, transportées et distribuées qui en font une arme de choix lors des conflits, a souligné le représentant de l’Ouganda.  Saluant les progrès accomplis dans la recherche d’une solution aux conflits de la région des Grands Lacs, M. Wagaba a émis l’espoir que les progrès enregistrés ne seront pas anéantis par l’utilisation illégale du vaste arsenal d’armes de petit calibre déployées au cours des conflits, en particulier par des acteurs non étatiques.  Dans ce cadre, l’Ouganda a salué le rapport du Groupe d’experts sur le traçage du commerce illicite et du trafic de ce type d’armes.  L’Ouganda a en outre salué les progrès signalés lors de la première Conférence biennale d’implantation du Programme d’action contre le trafic des armes légères.


En matière de lutte contre les mines antipersonnel, le représentant de l’Ouganda a salué le grand nombre de pays devenus parties à la Convention d’Ottawa sur l’interdiction de ces mines.  En outre, son pays se portera coauteur d’un projet de résolution visant à favoriser la mise en oeuvre de la Convention. 


L’Ouganda s’est également inquiété de l’impasse de la Conférence du désarmement et appelé au renforcement du multilatéralisme.  Son représentant a également appelé les Etats Membres à renforcer l’universalité des normes en matière de désarmement, en particulier en ce qui concerne les armes de destruction massive, en ratifiant le Traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP), la Convention sur les armes chimiques, la Convention sur les armes biologiques ainsi que le Traité sur l’interdiction des essais nucléaires.  


M. MIHNEA MOTOC (Roumanie) a évoqué les nouveaux défis qui se posent en matière de sécurité et de stabilité dans le monde, précisant que les accords conclus à ce jour ne peuvent pas à eux seuls mettre un terme aux agissements de ceux qui en violent les dispositions.  Le Conseil de sécurité, qui a la responsabilité première de la paix et de la sécurité dans le monde, doit préciser la définition qu’il donne de ce qui constitue une menace à la paix et la sécurité internationales.  Nous devons moderniser le système mis en place par la Charte des Nations Unies en développant une approche multilatérale qui délégitimise l’acquisition d’armes de destruction massive, y compris par un système de vérification robuste.  Ceci exige des législations nationales plus strictes sur le contrôle des exportations ainsi qu’une approche internationale en matière de protection des matières sensibles.  Le représentant, réaffirmant la pertinence du TNP, a demandé aux Etats de conclure des accords de garanties additionnels avec l’AIEA.  Il a également demandé aux Etats de devenir parties au CTBT/TICEN.


Le représentant s’est dit en faveur du lancement de négociations sur un traité d’interdiction des matières fissiles.  La Roumanie a également accueilli avec satisfaction la conclusion du Code de conduite sur la prolifération des missiles balistiques tout comme elle est en faveur d’un régime de contrôle des exportations des matières chimiques et du renforcement de la Convention sur les armes biologiques.  Sur la question du contrôle des exportations, il a ajouté que son pays soutenait les initiatives prises par le Groupe de Wassenaar, un groupe comprenant des pays fournisseurs d’énergie nucléaire, ainsi que le Régime de contrôle des technologies missilières. 


Sur le plan des armes classiques, le représentant a fait part de l’appui de son pays aux instruments existants, que ce soit pour lutter contre les armes légères ou les mines antipersonnel.


Dans le contexte international actuel, Mme ANGELINA MOHAJY (Madagascar) a rappelé l’attachement de son pays aux processus multilatéraux en vue du désarmement total et complet.  Pays en développement confronté aux problèmes quotidiens de la pauvreté, Madagascar n’a pas d’autre recours qu’au système de sécurité collective institué dans la Charte de l’Organisation pour garantir la sécurité de sa population, a-t-elle souligné.  Cependant, Madagascar déplore l’impuissance de l’Organisation devant l’ampleur des problèmes de la pauvreté et sa paralysie face à la multiplication des conflits régionaux.  La Conférence du désarmement, seul forum multilatéral de négociation des instruments de non-prolifération et de contrôle des armements, reste bloqué, incapable d’avancer sur les questions de fond ou de procédures, a-t-elle ajouté.  Pire encore, l’ensemble du droit positif sur tous les aspects de désarmement, résultat de nombreuses années d’efforts, est miné par le refus d’un certain nombre d’Etats d’adhérer aux traités en vigueur, a poursuivi la représentante de Madagascar.


Malgré ces constats alarmants, des initiatives parallèles ont produit des résultats positifs.  Soulignant l’initiative canadienne ayant permis la conclusion de la Convention d’Ottawa sur les mines antipersonnel, Madagascar exhorte les pays à encourager et à mobiliser les ressources nécessaires face aux initiatives nouvelles. 


De manière générale, la délégation de Madagascar, membre du groupe africain et d’un mouvement des pays non-alignés, a indiqué soutenir les positions exprimées par ces deux groupes soit au cours du débat général soit au cours des consultations officieuses futures.  A cet effet, la représentante de Madagascar a espéré que la Première Commission pourra permettre de trouver les voies et moyens pour revitaliser le processus multilatéral de désarmement.


M. ROGELIO PFIRTER, Directeur général de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques, a dressé un bilan positif des activités de l’Organisation.  «Nos attentes ont été remplies et la communauté internationale peut être fière de ses accomplissements sur le front des armes chimiques».  La Première Conférence de révision qui a eu lieu du 29 avril au 9 mai derniers a été marquée par l’engagement renouvelé des Etats parties vis-à-vis de la Convention.  La Déclaration finale a réaffirmé les préceptes à l’origine de l’interdiction des armes chimiques.  Un autre document adopté à cette occasion détaille par ailleurs en 134 paragraphes les objectifs de la Réunion. Ainsi, les Etats parties ont élaboré deux Programmes d’action distincts, l’un portant sur l’universalité de la Convention et l’autre sur la mise en œuvre au plan national de la Convention. 


Le Directeur de l’Organisation a ensuite détaillé les résultats obtenus, qui se sont traduits au 1er septembre 2003 par la destruction de la part de cinq Etats de 8 000 tonnes métriques d’agents chimiques et près de deux millions de munitions.  L’Organisation a confirmé la destruction de près de 25% des stocks.  De leur côté, l’Inde, les Etats-Unis et un autre Etats Membre ont détruit 20% de leur stocks déclarés d’agents chimiques et en avril de cette année, la Fédération de Russie a achevé la destruction d’un pourcent de leur stock.  Malgré le coût de la destruction de tels stocks et la complexité de l’opération, les Etats parties restent profondément engagés à honorer leurs engagements, a affirmé le représentant.  Tous les Etats ont également affirmé l’importance d’un mécanisme de vérification de l’industrie chimique.  A ce jour, 1 600 inspections ont été menées.  Cent quarante sept Etats sont parties à la Convention et nous nous attendons à davantage d’adhésions dans le futur.  Nous travaillons de concert avec l’Union africaine pour favoriser la mise en œuvre de la Convention sur le continent africain.


Le Directeur a indiqué que des efforts concertés étaient nécessaires pour encourager les derniers Etats à ratifier la Convention.  Dans certains cas, les contacts que nous avons noués sont prometteurs. Dans d’autres, nous savons que des contraintes sécuritaires pourraient être à l’origine de la réticence de certains états à ratifier la Convention.  Evoquant les risques que de telles armes tombent entre les mains de terroristes le Directeur a précisé que l’Organisation participe activement aux consultations dans le cadre du Comité contre le terrorisme.  Dans le même esprit, nous entendons resserrer nos liens de coopération avec le Département des affaires de désarmement.


Droits de réponse


Le représentant de la République populaire démocratique de Corée a déclaré que «la politique du Japon est très dangereuse, car elle cherche un affrontement militaire entre nos deux pays.  Exhortant le Japon à cesser sa politique hostile envers son pays.  Il a regretté que les relations entre les deux pays se soient grandement détériorées.  En outre, a poursuivi le représentant de la RPDC, le sort de la Déclaration de Pyongyang est à présent menacé en raison de la politique du Japon.  Si le Japon veut assurer sa sécurité et assainir l’atmosphère politique, il devrait cesser de collaborer avec les Etats-Unis dans ses efforts pour «étouffer» la République populaire démocratique de Corée, a-t-il dit.


La représentante du Japon s’est montrée perplexe face aux observations émises par le représentant de la République populaire démocratique de Corée, invitant celui-ci à se souvenir que son pays avait entamé des pourparlers de fond importants avec la RPDC.  «Ces allégations sont injustes et j’espère que le représentant de la RPDC ne veut pas réellement dire que le Japon défend une politique hostile envers son pays.  Si c’était le cas, mon Premier Ministre ne se serait jamais rendu en République populaire démocratique de Corée» a déclaré la représentante du Japon.


Le Japon est attaché au règlement de tous nos problèmes bilatéraux sur les questions de fond et avec un dialogue positif, a-t-elle ajouté, indiquant que son pays ne développait pas de politique hostile envers la RPDC, malgré certaines inquiétudes qu’il peut avoir.  D’autre part, le Japon coopère avec les Etats-Unis dans le but de résoudre des problèmes non réglés dans la région d’Asie du Nord-Est, par des moyens pacifiques et dans un esprit constructif.  D’ailleurs, a-t-elle ajouté, le Japon bénéficie du soutien de la communauté internationale lorsqu’il s’agit de régler ces questions de manière pacifique.


La clef pour la mise en œuvre de la Déclaration de PyongYang est que le Japon règle son passé malheureux et ses antécédents historiques, a rétorqué le représentant de la République populaire démocratique de Corée.  «Ceci est une condition indispensable pour que nos relations bilatérales soient normalisées» a-t-il ajouté. 


Le Gouvernement du Japon est entièrement décidé à appliquer la Déclaration dans sa totalité, a fait observer sa représentante.


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