En cours au Siège de l'ONU

AG/1455

L’ASSEMBLEE GENERALE ADOPTE DEUX RESOLUTIONS SUR LE RENFORCEMENT DE LA CULTURE DE PAIX

10/11/2003
Communiqué de presse
AG/1455


Assemblée générale

59e séance plénière – matin


L’ASSEMBLEE GENERALE ADOPTE DEUX RESOLUTIONS SUR LE RENFORCEMENT DE LA CULTURE DE PAIX


Elle désigne 29 délégations qui siégeront pour quatre ans

au Conseil d’administration du PNUE à compter du 1er janvier 2004


Face aux nouveaux défis auxquels est confrontée la communauté internationale en ce début de Nouveau Millénaire, notamment le terrorisme et l’extrême pauvreté, les Nations Unies doivent rester la «voix des sans voix», a jugé ce matin le représentant d’El Salvador au cours du débat consacré par l’Assemblée générale à l’Université pour la paix et à la culture de paix.  A ce titre, l’Assemblée a adopté sans vote deux résolutions intitulées «Décennie internationale de la promotion d’une culture de la non-violence et de la paix au profit des enfants du monde (2001-2010)» et «Université pour la paix» et présentées respectivement par les délégations du Bangladesh et du Costa Rica.  Le premier texte encourage les autorités compétentes à dispenser aux enfants, dans les écoles, une éducation qui fasse une large part à la compréhension mutuelle, à la tolérance, à la citoyenneté active, aux droits de l’homme et à la promotion d’une culture de paix. 


Cette résolution engage par ailleurs la société civile, les organisations non gouvernementales et les médias, entre autres, à poursuivre et intensifier leurs efforts pour servir les objectifs de la Décennie internationale de la promotion d’une culture de la non-violence et de la paix au profit des enfants du monde (2001-2010).  Par sa seconde résolution, sur l’Université pour la paix, l’Assemblée prie le Secrétaire général d’envisager de nouveaux moyens pour renforcer la coopération entre l’Organisation des Nations Unies et l’Université pour la paix.  Elle insiste en particulier sur la nécessité de renforcer cette coopération compte tenu de la tâche importante qui incombe à l’Université pour la paix et du rôle qu’elle peut jouer dans l’élaboration de nouveaux concepts et de nouvelles approches en matière de sécurité fondés sur la recherche et le dialogue pour apporter une réponse efficace aux nouvelles menaces à la paix.


En fin de séance, l’Assemblée a désigné les 29 pays suivants pour siéger au Conseil d’administration du Programme des Nations Unies pour l’environnement à compter du 1er janvier 2004 et pour un mandat de quatre ans: Arabie saoudite, Bahamas, Bangladesh, Brésil, Bulgarie, Burkina Faso, Cameroun, Cap Vert, Colombie, Costa Rica, Ghana, Hongrie, Inde, Israël, Kazakhstan, Kirghizistan, Mexique, Monaco, Maroc, Pays-Bas, Pologne, République islamique d’Iran, République-Unie de Tanzanie, Royaume-Uni, Sénégal, Somalie, Suède, Turquie et Tuvalu.  Elle a par ailleurs décidé de reporter l’examen des deux points suivants de son ordre du jour à sa cinquante-neuvième session: Déclaration de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Organisation de l’unité africaine relative à l’attaque militaire aérienne et navale lancée en avril 1986 par l’actuel Gouvernement des Etats-Unis contre la Jamahiriya arabe libyenne populaire et socialiste et question de l’île comorienne de Mayotte.  L’Assemblée a reporté l’examen du projet de résolution sur le suivi de l’Année des Nations Unies pour le patrimoine culturel à une date ultérieure. 


L’Assemblée avait achevé auparavant son débat sur l’appui du système des Nations Unies aux efforts déployés par les gouvernements pour promouvoir et consolider les démocraties nouvelles ou rétablies au cours duquel la Fédération de Russie, la République de Corée et le Guyana sont intervenus.  Les délégations des pays suivants ont, quant à elles, pris la parole lors du débat commun sur les thèmes Université pour la paix et Culture de paix: Bangladesh, Costa Rica, Philippines, Pakistan, Liban, El Salvador (au nom des pays d’Amérique centrale), République populaire démocratique de Corée, Jamaïque et Kazakhstan.  L’Observateur du Saint-Siège s’est également exprimé. 


L’Assemblée reprendra ses travaux demain, mardi 11 novembre à 10 heures, pour procéder, entre autres, à l’élection de 18 membres du Conseil économique et social. 


APPUI DU SYSTÈME DES NATIONS UNIES AUX EFFORTS DÉPLOYÉS PAR LES GOUVERNEMENTS POUR PROMOUVOIR ET CONSOLIDER LES DÉMOCRATIES NOUVELLES OU RÉTABLIES:


Déclarations


M. ANDREY A. NIKIFOROV (Fédération de Russie) a affirmé que l’appui des Nations Unies à la consolidation des démocraties nouvelles ou rétablies constituait une composante importante du travail de l’Organisation, particulièrement dans le domaine de la coopération internationale en faveur des droits de l’homme et du respect des libertés individuelles.  On doit toutefois prendre en considération le fait qu’il n’y a pas de recette unique pour parvenir à la démocratie.  Si l’Organisation, au contraire, déployait des efforts pour soutenir l’idée d’une démocratie unique, ces derniers s’avèreraient contre-productifs et pourraient entraîner des violations des droits de l’homme et des libertés, a-t-il prévenu.  Reconnaissant par ailleurs le travail accompli au niveau intergouvernemental, notamment lors des quatrième et cinquième Conférences internationales, la Fédération de Russie a souligné que ces réunions doivent cesser de faire l’objet de consultations limitées entre quelques pays pour devenir des forums ouverts.  En accroître la participation permettrait à tous les Etats Membres de partager leurs expériences positives en matière de pratiques démocratiques, a ajouté en conclusion le représentant.


M. KIM SAM-HOON (République de Corée) a rappelé que son pays avait accueilli la deuxième Conférence de la Communauté des démocraties, en novembre 2002.  Il a salué le succès de la Conférence internationale des démocraties nouvelles ou rétablies, en Mongolie.  Il a indiqué que son gouvernement s’était engagé à participer activement au développement de chacun de ces deux Mouvements, à l’intérieur ou à l’extérieur du contexte de l’ONU.  Il a estimé que ces Mouvements pouvaient évoluer dans une complémentarité mutuelle, et ainsi se renforcer.  La Conférence de Séoul, comme celle d’Oulan-Bator, s’est préoccupée de miser sur la paix et la prospérité, la démocratie, la bonne gouvernance ou la société civile, a-t-il expliqué, signalant que le paragraphe final du Plan d’action d’Oulan-Bator appelait d’ailleurs à un rapprochement de leurs deux présidents.  Il a encore salué l’idée, comme indiqué dans le rapport du Secrétaire général, d’organiser un séminaire en 2004 sur les droits de l’homme et la bonne gouvernance.  Son gouvernement se dit prêt à jouer un rôle actif pour en assurer le succès.  En conclusion, la République de Corée a renouvelé son engagement dans la promotion de la démocratie et des droits de l’homme, dans son propre pays comme à l’extérieur, y compris à travers les efforts du système des Nations Unies pour supporter les gouvernements qui travaillent dans ce sens.


M. TORRINGTON (Guyana)a souligné que le renforcement de la bonne gouvernance et des politiques de développement nécessitait du temps, de l’énergie, ainsi que des ressources humaines et financières, mais que les ressources disponibles étaient souvent limitées.  C’est pourquoi, il a jugé essentiel d’adapter les normes de la démocratie aux réalités locales, en ayant une conception de la démocratie plus globale mais également plus souple.  Rappelant par ailleurs que le Guyana avait restauré la démocratie il y a 11 ans, avec la tenue d’élections libres, le représentant a fait valoir que son pays s’était efforcé de la consolider en investissant des ressources et de l’énergie.  La démocratie est une condition indispensable au développement durable de notre pays, a-t-il poursuivi, mettant en avant les réformes entreprises parmi lesquelles le renforcement des institutions dans le domaine judiciaire, mais également en ce qui concerne les rapports ethniques, la revitalisation des institutions locales, ainsi que la décentralisation.  Il a en outre précisé que ce processus de réforme destiné à renforcer les institutions démocratiques avait été soutenu par des partenaires bilatéraux ainsi que par des organisations internationales. 


Cependant, le représentant a souligné qu’avec les avancées démocratiques, les attentes étaient plus grandes et que le mécontentement de la population –qui s’exprime notamment à travers la fuite de cerveaux– permettait à quelques opportunistes cyniques de défendre des solutions plus productives à court terme mais moins démocratiques.  A cet égard, il a appelé la communauté internationale à soutenir les démocraties nouvelles ou rétablies, en prenant davantage en compte le lien étroit qui existe entre la démocratisation et les aspects économiques, et a appelé les pays contributeurs à renforcer leurs engagements.


UNIVERSITÉ POUR LA PAIX; CULTURE DE PAIX


Rapport du Secrétaire général (A/58/430)


Le rapport du Secrétaire général expose en détail les progrès accomplis pour revitaliser l’Université pour la paix, notamment sur le plan de l’élaboration et de la mise en oeuvre de son programme de formation ainsi que de l’élargissement de sa vocation au monde entier.  Le rapport décrit le nouveau programme de formation élaboré dans le cadre du programme quinquennal de développement et de revitalisation.  Actuellement en cours d’application sur le campus de l’Université du Costa Rica, il comporte cinq nouveaux programmes de préparation à la maîtrise dans les domaines de la paix et de la sécurité et un certain nombre de formations courtes s’adressant à des cadres en milieu de carrière.  Le matériel de formation mis au point sera diffusé auprès des universités partenaires dans le monde entier afin que les étudiants puissent étudier dans leur pays les questions essentielles relatives à la paix et la sécurité.


Le rapport rappelle en conclusion qu’en mettant l’éducation au service de la paix, le programme de l’Université pour la paix s’attaque aux causes profondes des préjugés, de la haine et des conflits d’une façon ciblée et concrète en renforçant les connaissances et l’expertise, ces ressources qu’il est urgent de mobiliser pour promouvoir la paix et la non-violence.  Avec le temps, un nombre croissant d’étudiants devrait acquérir d’excellentes qualifications dans les domaines de la paix et du règlement des conflits.  Rapidement, sera constitué un réseau d’étudiants, d’universitaires, d’enseignants et de chercheurs, mais aussi de femmes et d’hommes actifs et compétents oeuvrant en faveur de la paix dans différents pays du monde. Cela contribuera considérablement à renforcer les capacités d’enseignement et de recherche au service de la paix dans les pays en développement –une des priorités de l’Université pour la paix aux termes du mandat que lui a confié l’Assemblée générale. 


Le rapport précise en outre que d’ici à décembre 2005, la stratégie quinquennale de développement de l’Université sera arrivée à son terme: la première phase d’élaboration du programme d’études aura été menée à son terme; le programme devrait être financé dans une large mesure grâce aux droits d’inscription et des frais de scolarité; les activités régionales seront autofinancées; et le programme d’enseignement à distance permettra de dégager des recettes.  La réussite pleine et entière de la mission de l’Université dépendra du large soutien d’un nombre accru de gouvernements adhérant à l’Accord international portant création de l’Université pour la paix, mais également de la disponibilité des ressources financières nécessaires au fonctionnement institutionnel de l’Université et à la mise en œuvre et à la diffusion de son programme d’études, indique enfin le rapport.


Dialogue et coopération interconfessionnels


Projet de résolution (A/58/L.13)


Aux termes de ce projet de résolution, l’Assemblée générale, reconnaissant l’attachement de toutes les religions à la paix et à l’harmonie, et encouragée par les initiatives et efforts divers visant à organiser des dialogues interconfessionnels afin d’aider l’Organisation des Nations Unies et d’autres organisations internationales et nationales à réaliser la paix, l’harmonie et l’entente dans le monde -notamment le premier Congrès des dirigeants de religions mondiales et traditionnelles, tenu à Astana les 23 et 24 septembre 2003- décide d’établir un groupe de travail à participation non limitée pour examiner les apports du dialogue et de la coopération  interconfessionnels au renforcement de la capacité des Nations Unies à promouvoir la paix et l’harmonie internationales.  L’Assemblée générale recommande également que ce Groupe de travail à participation non limitée étudie la possibilité d’établir un processus et/ou de créer un mécanisme au sein du système des Nations Unies en vue de mobiliser le dialogue et la coopération interconfessionnels pour le renforcement de la capacité des Nations Unies à promouvoir la paix et l’harmonie internationales.  En outre, elle prie le Groupe de travail de lui présenter un rapport sur ses travaux avant la fin de sa cinquante-neuvième session ainsi quele Secrétaire général de fournir au Groupe de travail à participation non limitée toute l’assistance et tous les services dont il pourra avoir besoin dans l’exécution de ses tâches.


Décennie internationale de la promotion d’une culture de la non-violence et de la paix au profit des enfants du monde (2001-2010)


Projet de résolution (A/58/L.14)


Rappelant la Déclaration du Millénaire, qui appelle à promouvoir activement une culture de paix et notant que sa résolution 57/337 du 3 juillet 2003 sur la prévention des conflits armés devrait contribuer à promouvoir plus avant une culture de paix, le projet de résolution soumis à l’Assemblée générale réaffirme que l’objectif de la Décennie internationale de la promotion d’une culture de la non-violence et de la paix au profit des enfants du monde, 2001-2010, est de donner un nouvel élan au mouvement mondial en faveur d’une culture de paix après la célébration, en 2000, de l’Année internationale de la culture de la paix.  Il encourage les autorités compétentes à dispenser aux enfants, dans les écoles, une éducation qui fasse leur part à la compréhension mutuelle, à la tolérance, à la citoyenneté active, aux droits de l’homme et à la promotion d’une culture de paix.


Ce texte engage par ailleurs la société civile, y compris les organisations non gouvernementales, à poursuivre et intensifier les efforts qu’elle déploie pour servir les objectifs de la Décennie, notamment en adoptant son propre programme d’activités pour compléter les initiatives des Etats Membres, des organismes des Nations Unies et des autres organisations internationales et régionales.  Il engage également les médias à participer à l’éducation en faveur d’une culture de non-violence et de paix, en particulier en ce qui concerne les enfants et les jeunes, notamment au moyen de l’élargissement prévu du Réseau d’information pour la culture de la paix qui deviendrait un réseau mondial de sites Internet multilingues.  Il invite les Etats Membres à célébrer chaque année, le 21 septembre, la Journée internationale de la paix comme une journée mondiale de cessez-le-feu et de non-violence, conformément à la résolution 55/282 de l’Assemblée générale adoptée le 7 septembre 2001. 


Université pour la paix


Projet de résolution (A/58/L.16)


Aux termes de ce projet de résolution, l’Assemblée générale, notant avec satisfaction que le Secrétaire général s’emploie vigoureusement, en consultation avec le Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture et avec l’encouragement et l’appui du Gouvernement costa-ricien, à revitaliser l’Université pour la paix, et consciente des activités importantes et variées menées par l’Université pendant la période 2001-2003 avec l’aide et les contributions généreuses de gouvernements, de fondations et d’organisations non gouvernementales, et en particulier des progrès réalisés dans l’élaboration et l’exécution de son programme d’études et l’élargissement de sa vocation à l’ensemble du monde, prie le Secrétaire général, compte tenu de la tâche importante qui incombe à l’Université pour la paix et du rôle qu’elle peut jouer en élaborant de nouveaux concepts et de nouvelles approches en matière de sécurité fondés sur la recherche et le dialogue pour apporter une réponse efficace aux nouvelles menaces à la paix, d’envisager de nouveaux moyens de renforcer la coopération entre l’Organisation des Nations Unies et l’Université pour la paix.


Selon le projet de résolution, l’Assemblée générale prie également le Secrétaire général d’envisager de faire appel à l’Université dans le cadre des efforts qu’il mène pour régler les différends et consolider la paix ainsi que pour promouvoir la Déclaration et le Programme d’action en faveur d’une culture de paix et elle invite les Etats Membres, les organismes intergouvernementaux, les organisations non gouvernementales et les personnes intéressées à contribuer au Fonds d’affectation spéciale pour la paix ou au budget de l’Université.  En outre, elle invite les Etats Membres à adhérer à l’Accord international portant création de l’Université pour la paix, et à manifester ainsi leur soutien à un établissement d’enseignement qui a pour vocation de promouvoir une culture de paix universelle. Elle décide enfin d’inscrire à l’ordre du jour provisoire de sa soixantième session la question intitulée «Université pour la paix».


Déclarations


Mme SAMINA NAZ (Bangladesh), introduisant le projet de résolution A/58/L.14 au nom de ses coauteurs, a expliqué que l’objectif de ce texte était de renforcer la culture de paix dans le monde et de promouvoir le respect de la diversité, du dialogue et de la non-violence.  Le rôle joué conjointement par l’Unesco et par l’Unicef dans la promotion de la culture de paix en faveur des enfants est particulièrement apprécié par les Etats Membres, a-t-elle dit, avant d’exhorter les organisations de la société civile à soutenir les efforts internationaux dans le cadre de la Décennie internationale au profit des enfants du monde. 


Mme MARIA ELENA CHASSOUL (Costa Rica), présentant le projet de résolution A/58/L.16 au nom de ses coauteurs, a mis en avant la détermination de son pays à contribuer au renforcement de la culture de paix, notamment par la création de l’Université pour la paix.  Le Costa Rica accueille depuis 1980 l’Université pour la paix, a-t-elle rappelé, insistant notamment sur la nécessité de prévenir les conflits et les dérives fâcheuses des conflits armés en investissant dans la culture de paix.  L’objectif de ce projet de résolution est d’élargir la portée des programmes de l’Université pour la paix, a-t-elle indiqué ensuite, notamment les programmes couvrant les questions relatives aux droits de l’homme, à la sexospécificité ou au lien entre développement économique et consolidation de la paix.  Un programme quinquennal d’appui aux universités africaines a par exemple été mis en place par l’Université pour la paix, a précisé Mme Chassoul, ce qui a permis de renforcer les capacités et d’améliorer le niveau éducatif. 


M. BAYANI S. MERCADO (Philippines), introduisant le projet de résolution A/58/L.13 au nom de ses coauteurs, a souligné que le concept de culture de paix était devenu aujourd’hui un élément clef du mécanisme de consolidation de la paix et de maintien de la paix et de la sécurité internationales des Nations Unies.  Ce concept s’est étendu à d’autres organisations internationales et régionales, a-t-il dit, mais beaucoup reste à faire pour associer tous les acteurs, notamment ceux de la société civile, à la promotion de la culture de paix.  La société civile aurait en effet un impact positif sur le développement rapide d’une culture de paix, a-t-il dit, insistant à ce titre sur l’influence morale des institutions religieuses.  Le potentiel du dialogue et de la coopération interconfessionnels ne doit pas être sous-estimé car il peut contribuer fortement à la réalisation des Objectifs des Nations Unies évoqués dans la Déclaration du Millénaire. 


M. ZAHID HAMID (Pakistan) a rappelé que les guerres naissaient dans l’esprit des hommes.  Il a mis en avant la compréhension, la tolérance et la solidarité entre tous les peuples et les religions pour les éviter.  Il a expliqué que la tragique attaque du 11 septembre et les événements qui ont suivi, avaient constitué un recul majeur en matière de paix.  Les malentendus et la méfiance entre les différentes croyances ou les cultures se sont accentués, a-t-il poursuivi, indiquant que certains les avaient utilisés pour avancer une thèse qui les arrangeait, celle du choc inévitable des civilisations.  Selon le représentant, des Etats qui avaient occupé ou opprimé d’autres peuples ont exploité cette idée pour justifier la répression de leurs croyances et cultures -comme en Palestine ou au Cachemire, notamment.  Ils ont dénigré l’islam, ses tenants et ses valeurs, et tenté de l’associer au terrorisme.  Ces extrémistes ont été jusqu’à attaquer les enseignements de la religion musulmane et insulter des personnalités religieuses reconnues, a-t-il affirmé. Des comportements qui ont porté atteinte à la moralité.  La haine et la diffamation de l’islam ont entraîné une réaction, des incompréhensions exacerbées entre l’islam et les autres cultures, et le renforcement de l’extrémisme partout dans le monde, en a-t-il déduit.  La thèse du choc des civilisations et ses différentes variantes théoriques, sont à coup sûr porteuses de chaos, a-t-il encore dit, estimant que son pays pouvait jouer un rôle de catalyseur pour le changement et non de prophète de la fin du monde.  Son gouvernement a voulu réaffirmer l’indivisibilité de l’humanité, l’unité dans la diversité, et les valeurs universelles.  M. Hamid a mis en avant la coopération entre les religions et les cultures, indispensable pour éliminer l’ignorance.  Enfin, il a indiqué que le Pakistan avait décrit une stratégie concrète pour combler l’écart entre l’islam et l’Occident, qu’il a appelée la «Modération éclairée», une option stratégique cruciale pour sauver l’humanité et notre civilisation universelle.  Il a considéré qu’il s’agissait d’une réponse appropriée face aux défis mondiaux, un élément à prendre en compte dans le Programme d’action pour une culture de paix.  Le Pakistan a fourni une proposition dans ce sens l’an dernier, un projet de résolution qui sera présenté à l'Assemblée générale dans les semaines prochaines, pour la promotion de l’entente et de la modération interculturelle et religieuse.


Rappelant que la culture de paix présidait aux idéaux des Nations Unies, M. IBRAHIM ASSAF (Liban) a affirmé que la paix ne saurait être simplement définie par l’absence de conflits, mais plutôt par l’établissement d’une culture positive basée sur l’éducation et la volonté politique.  Or notre espoir est ténu, s’est inquiété le représentant, à l’heure où les conflits continuent de faire rage, les guerres marginalisent les organisations multilatérales et le terrorisme fait peser de nouvelles menaces sur le monde.  Malgré tout, le Liban garde bon espoir que les choses changeront pour le mieux dans les domaines de l’éducation, de l’égalité entre les sexes ou de la promotion de la paix et de la sécurité internationales.  Ainsi au Liban, la culture de paix est vécue au quotidien et se reflète dans la pluralité religieuse et la participation égale des chrétiens et des musulmans au pouvoir, a ajouté le représentant.  Dans cette perspective de paix et de dialogue, il a rappelé que les 22 Chefs d’Etat arabes avaient adopté une Déclaration de paix le 22 avril 2001 par laquelle ils reconnaissent la légitimité de l’existence d’Israël en échange du retour des réfugiés et de la restitution des territoires arabes occupés depuis 1967.


M. VICTOR MANUEL LAGOS PIZZATI (El Salvador), intervenant au nom des pays d’Amérique centrale, a estimé que les défis auxquels est confrontée la communauté internationale dans les domaines de la consolidation de la paix et de la résolution des conflits supposaient la promotion d’une culture de paix.  La situation internationale, depuis le Nouveau millénaire jette un voile opaque sur des milliards d’êtres humains qui, en dépit de la mondialisation et de l’essor des nouvelles technologies, ne disposent pas d’espaces pour s’exprimer.  Il a insisté sur la promotion du Programme d’action sur une culture de paix et a expliqué que la nouvelle architecture internationale devait tenir compte à tous les échelons de l’importance du renforcement des systèmes démocratiques.  Nous avons déployé des efforts importants pour consolider la paix en Amérique centrale, a précisé M. Lagos Pizzati, qui a souligné à cet égard la volonté politique des Etats et l’intégration régionale.  Les Nations Unies doivent être la «voix des sans voix», a-t-il dit, invitant les Nations Unies à jouer un rôle clef dans la vulgarisation de la culture de paix. 


M. KIM CHANG GUK (République populaire démocratique de Corée) a estimé que l’esprit dominateur, le chauvinisme et l’ultranationalisme -dont le but est de détruire les cultures et les traditions d’autres nations- continuent à exister dans le monde actuel.  Nous ne pouvons pas construire un monde de paix et de justice lorsque nous savons que d’autres font preuve de haine et de rejet, a-t-il poursuivi, soulignant la nécessité d’enseigner l’amour de l’autre à la nouvelle génération.  De même, il a estimé que, dans l’Histoire, les actes d’agression avaient trop souvent été promus et glorifiés comme des actes de libération et que l’on avait enseigné à la nouvelle génération que de tels actes contribuaient à la prospérité de la région.  Le résultat, a-t-il poursuivi, est que des enfants ont aujourd’hui une vision complètement erronée de l’Histoire et que cette vision est contraire à la culture de paix.  Par ailleurs, il a estimé que l’unilatéralisme, qui émergeait aujourd’hui dans les relations internationales, représentait également une grave menace à l’égard de la culture de paix et qu’il était essentiel de respecter les principes de souveraineté des Etats et de respect mutuel pour que cette culture puisse se répandre.


M. STAFFORD NEIL (Jamaïque) a estimé qu’il n’y avait pas de plus noble devoir pour l’Organisation des Nations Unies que la promotion de la paix.  Il a indiqué que son pays souhaitait que la communauté internationale puisse aller cependant au-delà des mécanismes de règlement des conflits et mette davantage l’accent sur l’éducation pour paix.  Pour promouvoir la culture de paix, les gouvernements ont la responsabilité de mettre en place des mécanismes de prévention, a-t-il notamment indiqué.  Il a souhaité encore que des normes puissent être établies pour éliminer la haine.  L’éducation, sous toutes ses formes, est un outil crucial, a rappelé le représentant, un outil spécialement approprié pour les pays en développement.  A cet égard, il a salué les actions de l’UNESCO et de l’UNICEF, qui selon lui devraient être applaudies et encouragées, notamment celles en direction des femmes et des jeunes.  Enfin, il a reconnu le rôle important des médias en matière de promotion de la paix, précisant qu’il était impératif de ne pas utiliser ces supports pour intensifier et propager la haine mais au contraire pour faire respecter le droit.  Il s’est réjoui des arrangements pris durant l’Année internationale de la paix pour mettre en place des réseaux dans ce domaine.  La promotion d’une culture de la paix exige cette démarche multiple, a-t-il conclu, appelant les Etats membres à respecter leurs engagements, et qu’aucune mesure ne soit prise qui serait contraire aux normes internationales.


L’Archevêque CELESTINO MIGLIORE, Observateur du Saint-Siège, a fait valoir que la paix était un bien commun de l’humanité qu’il fallait poursuivre, atteindre et partager.  A cet égard, il a jugé essentiel de combattre les idées présentées pour justifier les conflits, aussi bien avant que pendant, ou après leur existence.  Par conséquent, lorsque ceux qui ont la responsabilité et l’obligation de défendre la paix et l’ordre doivent décider d’entreprendre ou non un acte de légitime défense, leur décision doit être fondée sur des critères rigoureux et moraux, a-t-il poursuivi, estimant que de tels actes de légitime défense ne pouvaient se justifier que lorsque toutes les options pacifiques de résolution des conflits avaient été épuisées.  Par ailleurs, soulignant combien la paix était une entreprise de justice, l’Observateur a jugé essentiel de combattre les racines des actes d’agression et en particulier celles du terrorisme, parmi lesquels les injustices, les aspirations légitimes frustrées, la pauvreté, la discrimination, l’intolérance ainsi que l’exploitation de milliers de personnes désespérées qui n’attendent plus rien de la vie.  Ce sont ces injustices qui engendrent la violence et peuvent mener à la guerre, a-t-il estimé.  S’agissant de la question de la prolifération des armes, Mgr Migliore a jugé fondamental de mettre fin à la course aux armements et de mettre en place un processus de désarmement et des accords dotés de réelles garanties.  La réattribution des ressources consacrées à l’armement à des besoins humanitaires permettra de promouvoir et de renforcer la culture de paix, a-t-il enfin précisé.


M. SERIK ZHANIBEKOV (Kazakhstan) s’est félicité de l’initiative des Nations Unies pour mettre au point une formule en faveur d’une culture de paix, de la prévention des conflits et du dialogue interconfessionnel.  Le représentant a ajouté que pour sa part le Kazakhstan avait organisé cette année un forum autour de ces thèmes, son pays promouvant depuis toujours la tolérance et le dialogue interconfessionnel.


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