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AG/1444

LA MISE EN ŒUVRE DU CONSENSUS DE MONTERREY POURRAIT RELATIVISER L’IMPACT DE L’ECHEC QU’ONT CONNUES LES NEGOCIATIONS COMMERCIALES DE L’OMC A CANCUN

29/10/03
Communiqué de presse
AG/1444


LA MISE EN ŒUVRE DU CONSENSUS DE MONTERREY POURRAIT RELATIVISER L’IMPACT DE L’ECHEC QU’ONT CONNUES LES NEGOCIATIONS COMMERCIALES DE L’OMC A CANCUN


Les subventions agricoles des pays de l’OCDE causent directement

un préjudice annuel de 24 milliards de dollars aux pays pauvres du Sud


La table ronde qui se tenait cet après-midi sur le “lien existant entre les progrès accomplis dans la mise en œuvre des accords sur le financement du développement et la promotion du développement durable, d’une croissance économique soutenue et de l’élimination de la pauvreté visant à la mise en place d’un système économique mondial équitable” a été, pour les intervenants, l’occasion de dresser un bilan mitigé de l’impact de la mise en œuvre des engagements pris à Monterrey en faveur du développement des pays les plus démunis.


L’ensemble des représentants de pays en développement qui sont intervenus, dont ceux du Cambodge, de la Tunisie, du Népal, du Botswana, ou encore du Lesotho, ont estimé insuffisants les progrès réalisés depuis l’adoption du Consensus de Monterrey.  A titre d’illustration, ils ont noté que la part du PIB des pays développés affectée à l’aide publique au développement (APD) est passée de 0,5% dans les années 60 à 0,42% en 2003.  Le niveau d’APD convenu avait été fixé à 0,7% du PIB des pays riches.  Soulignant que le montant total de l’APD demeure six fois inférieur à celui des subventions agricoles des pays de l’OCDE, le représentant du Cambodge a estimé que ces subventions font chaque année perdre 24 milliards de dollars aux pays en développement.


Intervenant au nom de la société civile, le Directeur de la coalition d’ONG «Réseau du Tiers Monde», basée en Malaisie, a souligné la nécessité d’un «processus de cicatrisation des blessures de Cancun», en indiquant que la mise en oeuvre des engagements de Monterrey sur le financement du développement était le meilleur moyen d’y parvenir.  Parmi les ingrédients de ce «processus de cicatrisation», les représentants de la société civile et des pays en développement ont suggéré la mise en place d’un système commercial international plus représentatif de tous les acteurs de la communauté internationale, et de conditionnalité plus équitable de la part du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale.  Dans ce contexte, ils ont exhorté la communauté internationale à faire en sorte que la question du développement soit placée au centre des négociations sur les échanges commerciaux et dans les mécanismes du système commercial multilatéral. 


Traduisant l’atmosphère de ces débats, le Ministre rwandaisdes finances et de la planification, M. Donald Kaberuka, qui co-présidait la table ronde aux côtés du Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), M. Rubens RICUPERO, a défini comme prioritaire et indispensable le respect par les pays développés de leurs engagements en matière d’aide publique au développement(APD) et de réduction, voire d’annulation, de la dette des pays pauvres.  Après l’échec des négociations commerciales de Cancun, a regretté le Secrétaire général de la CNUCED, nous souffrons actuellement d’un manque d’initiatives concrètes et de volonté politique de la part des partenaires au développement.  Malgré tous les progrès constatés, a-t-il conclu en fin de débat, Monterrey n’a pas encore atteint ses objectifs, puisque l’on constate aujourd’hui un transfert net des ressources financières des pays pauvres vers les pays industrialisés. 


Des délégations ont suggéré que le Conseil économique et social (ECOSOC) intensifie le processus de suivi de la mise en oeuvre du Consensus de Monterrey en fournissant, non pas un rapport annuel d’ensemble, mais des rapports annuels distincts sur des questions précises comme la situation de l’APD, la dette, le commerce, les cours des produits de base ou encore la fiscalité.  Dans le même ordre d’idées, le représentant du Maroc a rappelé la responsabilité de la CNUCED en matière d’assistance technique aux fins de la mise en œuvre des conclusions des grandes conférences dans le domaine du commerce et du développement. 


Par ailleurs, la grande majorité des pays en développement et des pays en transition qui sont intervenus ont présenté la réduction de la dette, voire sa suppression, comme un geste majeur à accomplir dans la mise en oeuvre des engagements de Monterrey.  Car, ont-ils dit, la réduction de la dette libèrerait des ressources au profit du renforcement des capacités et des moyens d’action des pays en développement.  Le renforcement de la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption ont également été présentés comme des actions indispensables à la réalisation des objectifs de développement. 


Allant à l’encontre du scepticisme des représentants des pays en développement et de la société civile, le représentant de l’Autriche a estimé que la mise en œuvre du Consensus de Monterrey connaissait des succès, puisque ce document a provoqué un accroissement sans précédent de l’aide au développement.  Il a souligné la nécessité de donner du temps aux actions en cours pour voir les engagements de Monterrey se traduire en réalités concrètes.  De son côté, la représentante de la Finlande a estimé que la qualité de l’assistance était aussi importante que sa quantité.  A cet égard, elle a estimé que la réussite de cette assistance était également fonction des capacités des pays destinataires à promouvoir un environnement local propice au développement, un point de vue partagé par le représentant des Fidji. 


A l’instar du Ministre des affaires étrangères de l’Inde, la grande majorité des intervenants ont souligné l’importance de relancer les négociations commerciales, après l’échec de Cancun, dans le souci d’assurer un partage équitable des richesses mondiales.  De son côté, le Représentant du FMI a dit qu’il fallait assurer la rentabilité et la productivité des flux de capitaux et a invité les pays en développement à utiliser de manière judicieuse les moyens mis à leur disposition et à utiliser l’aide de manière plus efficace. 


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