LA COHERENCE DES SYSTEMES INTERNATIONAUX DEPEND DE LA COMPATIBILITE, AU NIVEAU NATIONAL, DES POLITIQUES FINANCIERES, COMMERCIALES ET DE DEVELOPPEMENT
Communiqué de presse AG/1441 |
Assemblée générale
Table ronde
LA COHERENCE DES SYSTEMES INTERNATIONAUX DEPEND DE LA COMPATIBILITE, AU NIVEAU NATIONAL, DES POLITIQUES FINANCIERES, COMMERCIALES ET DE DEVELOPPEMENT
La mobilisation des ressources financières aux fins du développement exige un certain degré de cohérence entre les systèmes monétaires, financiers et commerciaux internationaux, ont réaffirmé, ce matin, les participants à l’une des huit tables rondes que l’Assemblée générale organise dans le cadre de son Dialogue de haut niveau sur le financement du développement. Les intervenants ont très vite convenu que la cohérence, au niveau international, dépend de la compatibilité, au niveau national, entre les politiques monétaires, financières et commerciales, d’une part, et celles du développement, d’autre part. «L’incohérence» des systèmes actuels a été bien démontrée, ce matin, lorsque le Représentant de la Banque mondiale, M. Amar Bhattacharya, a demandé «Qu’en est-il de la cohérence dans un monde où les pays donateurs consacrent 600 milliards de dollars, par an, aux dépenses militaires, 300 milliards aux subventions agricoles et 50 milliards à l’aide publique au développement (APD)?»
Présidée par la Directrice générale de la coopération au développement de la Suède, Mme Ruth Jacoby, et le Vice-Président de la Banque asiatique de développement, M. J. Lintjer, la table ronde a commencé par une dénonciation de l’incohérence entre les politiques commerciales et les politiques de développement des pays développés, en dépit de l’interdépendance entre financement du développement et commerce. Cette incohérence a été d’autant plus commentée que le Dialogue de haut niveau intervient après l’échec de la cinquième Conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) qui s’est tenue à Cancún en août dernier.
«Preuve flagrante d’incohérence», cet échec a permis à certains participants de déplorer «la duplicité» des pays du Nord qui, d’un côté, adhèrent au Cycle du développement que l’OMC a adopté à Doha en 2001, et, de l’autre, refusent de discuter des «Questions de Singapour» considérées pourtant par les pays du Sud comme des conditions préalables à la mise en place d’un système commercial international mis véritablement au service du développement. Nos politiques nationales servent-elles vraiment le développement, s’est ainsi interrogé le Responsable des questions du développement du Ministère des affaires étrangères de la Norvège, M. Svein Aass?
Les appels à une reprise rapide des négociations commerciales se sont heurtés au scepticisme de certains représentants de la société civile dont le Directeur de «Southern and Eastern African Trade Information et Negociations Institute». M. Chandra Patel a dit ne voir aucune différence entre le Cycle de l’Uruguay et celui de Doha en arguant que les deux cycles de négociations, étant faits par et pour les pays du Nord, ont été imposés aux pays du Sud qui ont «fini par se rebeller» à Cancún.
Moins directe mais tout aussi évidente, l’interdépendance entre les systèmes monétaires et financiers, d’une part, et le système commercial, d’autre part, ont permis de déceler d’autres incohérences dont celle qui a mené à la crise financière et monétaire de l’Asie en 1997 et en 1998. Ce continent a été secoué par cette crise alors même que tous leurs indicateurs économiques étaient positifs, ont relevé plusieurs intervenants avant de déceler une incohérence des institutions financières internationales qui prônent la libéralisation des capitaux sans prévoir de mécanismes efficaces de prévention des crises financières, de prêts de dernier recours ou de garantie d’un partage équitable du fardeau.
Pour remédier à l’incohérence des systèmes monétaires, financiers et commerciaux, de nombreux intervenants ont préconisé, outre une cohérence des politiques, au niveau national, une «surveillance multilatérale» de la situation financière, monétaire et commerciale internationales dont l’efficacité a été liée à une présence renforcée des pays en développement dans les processus décisionnels dans ces domaines. La question de la cohérence n’est pas seulement économique, a par exemple estimé le représentant du Cameroun en insistant sur l’aspect politique. Ces propos ont été relayés par le Directeur du Secrétariat du Groupe des 24, M. Ariel Buira, qui s’est demandé «Que devient la gouvernance démocratique mondiale quand dans les institutions de Bretton Woods, les pays développés disposent de 62% des votes»?
Quant à la nature de l’instance susceptible de concrétiser cette gouvernance démocratique mondiale, de nombreuses propositions ont été faites. Pour le Directeur des questions mondiales du Forum économique mondial, M. Ricks Samans, la solution idéale serait de faire passer le G-8 d’un groupe de huit Etats à un groupe de 26. La majorité des participants à la table ronde s’est néanmoins prononcée pour le Conseil économique et social de l’ONU. Le représentant de l’Organisation internationale du travail (OIT) a proposé à l’Assemblée générale de profiter de la présence des chefs d’Etat et de gouvernement à son débat général pour organiser, chaque année, une réunion au Sommet sur les questions de développement économique et social.
Se livrant à un plaidoyer sur l’importance des efforts régionaux, le Vice-Président de la Banque asiatique de développement a jugé possible que lesdits efforts insufflent un nouvel élan aux initiatives internationales. Donnons la place qu’elle mérite à la dimension régionale et tirons les leçons de ses succès dans les domaines commercial, monétaire, financier et du développement, a-t-il estimé.
* *** *