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AG/1440

UNE MEILLEURE COHERENCE MONETAIRE, FINANCIERE ET COMMERCIALE POURRAIT PALLIER LES INSUFFISANCES DE LA LIBERALISATION DANS LE DOMAINE SOCIAL

29/10/03
Communiqué de presse
AG/1440


UNE MEILLEURE COHERENCE MONETAIRE, FINANCIERE ET COMMERCIALE POURRAIT PALLIER LES INSUFFISANCES DE LA LIBERALISATION DANS LE DOMAINE SOCIAL


Coprésidée par Mme Luiza Diego, Ministre des finances du Mozambique, et M. Ian Goldin, Vice-Président aux affaires extérieures de la Banque mondiale, la première table ronde du Dialogue de haut niveau sur le financement du développement sur le thème de la “Cohérence et la compatibilité des systèmes monétaires financiers et commerciaux internationaux qui soutiennent le développement” a été l’occasion pour les ministres et chefs de délégations qui y ont pris part, de mettre en cause le manque de cohérence de l’architecture financière internationale et de prôner de nouvelles normes et de nouveaux cadres internationaux financiers et commerciaux, en vue d’axer la libéralisation de l’économie mondiale et ses structures financières sur la promotion du développement social.


Illustrant ce point de vue, Les représentants de la France et du Brésil ont insisté sur l’aspect social du développement en estimant que la cohérence passait avant tout par une conception et des normes communes à appliquer à la mondialisation pour la mettre au service de l’être humain.  Dans ce contexte, ils ont défendu la notion de développement durable et le respect de ses trois piliers, en l’occurrence le progrès social, et la protection de l’environnement, qui doivent accompagner les impératifs de croissance économique.  A cet égard, l’ensemble des intervenants ont défini les Nations Unies comme l’instance la mieux adaptée à la promotion de futures normes internationales assurant la cohésion et la cohérence des différentes institutions et des autres parties prenantes à la promotion du développement.  Les participants à la table ronde ont convenu que la cohérence ne doit pas être comprise comme une réduction de la diversité, mais plutôt comme la capacité de mieux prendre en compte les différents points de vue qui peuvent exister dans la réalisation des objectifs communs de développement


Dans leur déclaration liminaire, les vice-présidents de la table ronde, avaient auparavant souligné l’inégalité des progrès effectués, selon les régions, au niveau international, en matière de mise en œuvre des programmes qui permettraient d’atteindre les Objectifs de développement du Millénaire.  Il reste aux gouvernements à faire beaucoup de progrès en matière de coopération et de cohérence, ont-ils estimé.  A titre d’illustration ils ont souligné l’anomalie qui pousse les pays de l’OCDE à verser 300 milliards de dollars, sous forme de subventions agricoles, à


leurs producteurs, alors que dans le même temps, l’aide publique au développement (APD) stagne à environ 50 milliards de dollars.  Ils ont ensuite évoqué la nécessité pour les pays de procéder à des réformes permettant la mise en place d’instruments indispensables à la réalisation des objectifs de lutte contre la faim et la pauvreté. 


Fort du constat que la libéralisation n’était pas créatrice d’emplois et de progrès social, le Pr. Joseph Stiglitz, Prix Nobel d’économie et ancien économiste en chef de la Banque mondiale, a défini l’investissement comme le principal outil de création d’emplois quand les pays créent un cadre favorable à de faibles taux d’intérêts et à la disponibilité des capitaux.  Répondant à cette affirmation, le Ministre des finances de l’Afrique du Sud a précisé que la baisse des taux d’intérêt n’avait pas permis de créer des emplois dans son pays qui s’est vu imposer la libéralisation de son cadre économique alors qu’il ne disposait pas des capitaux nécessaires à cette politique.  Les faibles taux d’intérêts sont une condition nécessaire, mais non suffisante pour la création d’emplois, a répondu le Pr. Stiglitz, en insistant que le taux d’intérêt faible était le meilleur moyen de libérer des crédits aux fins du développement. 


Les intervenants ont défini la bonne fiscalité, la stabilité monétaire, la gestion de la dette souveraine, les partenariats pour la mobilisation des ressources, le renforcement des capacités des pays en développement, et la bonne conjugaison de l’aide publique au développement et de l’investissement privé comme outils qui permettraient de traduire la croissance économique en progrès social et en partage équitable des richesses.  Ils ont regretté que l’agriculture soit le seul domaine qui n’ait jamais fait l’objet d’un accord en matière commerciale, alors qu’elle est d’une importance critique pour les pays en développement. 


La plupart des délégations ont insisté sur le fait qu’il ne saurait y avoir de cohérence et de cohésion sans une réelle transparence des processus de décisions des institutions financières internationales, et notamment du FMI et de la Banque mondiale.  Dans le même ordre d’idées, l’ensemble des intervenants ont reconnu que la cohérence passait avant tout par le respect des engagements pris par les pays du Nord en matière d’aide au développement


S’associant aux interventions des représentants du secteur privé, les représentants de la Suisse et du Canada, qui ont souligné l’incohérence grandissante entre les objectifs ambitieux de développement et les faibles moyens débloqués pour y parvenir, ont également insisté sur le rôle décisif du monde des affaires, eu égard à sa capacité de promouvoir les sociétés locales et le renforcement des marchés locaux.  Ils ont proposé que les Nations Unies accroissent leurs compétences dans les domaines économiques, notamment à travers des institutions comme le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED).


La majorité des intervenants à la table ronde ont également jugée indispensable une action cohérente des gouvernements pour mettre en place un environnement propice au développement du secteur privé.  Au niveau mondial, ils ont souhaité que soit mis fin à la discrimination qui consiste à préconiser la libéralisation des échanges dans le Sud tandis que l’on impose


des obstacles à l’accès des marchés du Nord.  Les politiques de développement doivent tenir compte des conditions locales, ce qui passe par le renforcement des capacités locales afin de faciliter la rentabilité et la productivité des investissements, ont-ils également estimé.  Le représentant du Japon, M. Ichiro Fujisaki, Vice-Ministre des affaires étrangères, a cité en exemple le succès économique de l’Asie de l’Est, qui s’est construit sur la conjugaison de l’aide publique au développement, de l’investissement étranger privé et des recettes commerciales. 


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