LE COMMERCE EQUITABLE, L’ALLEGEMENT DE LA DETTE ET LE RESPECT DE L’AIDE AU DEVELOPPEMENT FAVORISERAIENT LA MISE EN OEUVRE DU CONSENSUS DE MONTERREY
Communiqué de presse AG/1439 |
LE COMMERCE EQUITABLE, L’ALLEGEMENT DE LA DETTE ET LE RESPECT DE L’AIDE AU DEVELOPPEMENT FAVORISERAIENT LA MISE EN OEUVRE DU CONSENSUS DE MONTERREY
La deuxième table ronde relative aux dimensions régionales de la mise en oeuvre des résultats de la Conférence internationale sur le financement du développement, qui s’est tenue ce matin dans le cadre du Dialogue de haut niveau sur l’application du Consensus de Monterrey, a été l’occasion pour plusieurs intervenants de s’interroger sur les moyens, pour les pays en marge des échanges internationaux, d’intégrer le commerce mondial. A ce titre, la question des barrières commerciales imposées par les pays développés aux produits des pays en développement, a fait l’objet de plusieurs interventions, notamment celle de M. Jeffrey Katz, représentant de la Banque mondiale. Si l’on a salué le fait que, depuis les négociations de Cancùn, le monde avait pris conscience du fait que les subventions à l’agriculture des pays développés entravent le commerce international et ont des incidences régionales directes, on a aussi déploré qu’aucun progrès concret n’ait été effectué sur cette question. Ce qui nous est donné d’une main par les partenaires au développement, nous est repris de l’autre, a regretté le représentant de l’Ouganda. La Directrice du « Réseau pour la réduction de la dette du Kenya », Mme Wahu Kaara, a estimé que le moment était venu pour les pays développés de montrer qu’ils étaient réellement attachés aux intentions exprimées à Cancùn, en abandonnant les subventions agricoles et les tarifs douaniers qui ont un impact terrible sur les revenus des pays d’Afrique notamment.
Soulignant que la plupart des pays en développement ne pouvaient pas être concurrentiels dans ces circonstances, le représentant de l’Ouganda a rappelé qu’au-delà de la nécessaire équité des règles commerciales mondiales, les pays comme le sien avaient un besoin vital d’investissements étrangers directs (IED). « Nous avons des produits de base à exporter », a-t-il poursuivi en prenant l’exemple des ananas, « mais le coût du transport et de l’infrastructure nécessaire pour faire fonctionner cette exportation est trop élevé, et c’est pourquoi les IED sont indispensables ». A l’inverse, d’autres intervenants, parmi lesquels M. Tom Palley, représentant de l’Institut pour une société ouverte, et Mme Kaara, ont jugé plus important de se concentrer davantage sur la mobilisation des ressources locales et régionales. M. Palley a estimé que, si le financement extérieur était capital, il entraînait aussi beaucoup de problèmes d’instabilité et qu’il restait très limité par rapport aux besoins de développement. Un dollar investi pour financer l’économie interne peut avoir un réel effet démultiplicateur, a-t-il souligné.
La mobilisation des ressources n’augmentera que si l’on se préoccupe davantage de la question de la corruption, ont souligné le représentant de la Banque Mondiale, la directrice du Réseau pour la réduction de la dette du Kenya, ainsi que le représentant de la République dominicaine. A cet égard, M. Palley a jugé essentiel que l’ONU renforce son rôle dans la lutte contre la corruption relative à l’exploitation des ressources naturelles, qui entraîne souvent l’insécurité, les conflits et la pauvreté. Insistant sur l’importance de la transparence, il a invité les gouvernements à publier ce qu’ils gagnent et ce qu’ils dépensent, notamment en ce qui concerne les sociétés pétrolières étatiques. Plusieurs intervenants ont également souligné la nécessité d’établir des procédures beaucoup plus strictes pour pouvoir identifier les avoirs provenant du pillage des ressources naturelles. « Si nous arrivons à lutter contre le blanchiment de l’argent lié au terrorisme, nous pouvons aussi le faire en ce qui concerne les avoirs tirés du pillage des ressources naturelles », a insisté M. Palley, qui a appelé la Banque mondiale à faire davantage pression sur les banques privées qui accueillent ces avoirs. Le lien étroit entre la sécurité et le développement économique durable a également été mis en avant, notamment par le représentant de la Géorgie, qui a souligné que la contrebande et le trafic illégal de biens le long des frontières représentaient une menace pour la stabilité des pays, en plus d’une perte économique.
L’absence de mécanismes visant à réduire méthodiquement la dette de certains pays a été également soulignée comme un obstacle au développement. Le représentant de l’Ouganda a fait valoir que le niveau d’allègement de la dette actuellement offert ne rendait pas soutenable le service de la dette dans de nombreux pays, notamment depuis l’effondrement des prix des produits de base, tels que le café ou le coton, et il a estimé que c’était à l’ONU d’insister auprès des créanciers, qui s’étaient engagés à réduire de manière significative la dette, pour qu’ils respectent leurs engagements. D’une manière générale, il a été souligné que le développement ne pouvait être initié par un événement isolé, mais qu’il s’agissait plutôt d’un processus à long terme qui doit être soutenu dans tous les domaines. A cet égard, le représentant de la République dominicaine a appelé les pays donateurs à relever leur APD, à hauteur de 0,7% de leur PIB, conformément aux engagements du Consensus de Monterrey.
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