DE LA REVITALISATION DE L’ASSEMBLEE GENERALE DEPEND LA CREDIBILITE DE L’ORGANISATION DANS SON ENSEMBLE, AFFIRMENT DES DELEGATIONS
Communiqué de presse AG/1436 |
Assemblée générale
45e et 46e séances plénières – matin & après-midi
De la revitalisation de l’Assemblee generale depend la credibilite de l’Organisation dans son ensemble, affirment des delegations
Le caractère urgent des réformes destinées à renforcer l’autorité de l’Assemblée générale a largement été souligné au cours du débat qui s’est poursuivi aujourd’hui sur la revitalisation de ses travaux. Mettant en avant la marginalisation progressive de l’Assemblée au profit du Conseil de sécurité, de nombreuses délégations ont jugé indispensable que cet organe retrouve la place centrale qui lui est dévolue au sein de l’Organisation, tel qu’exprimé dans les dispositions de la Charte des Nations Unies. C’est la crédibilité de l’Organisation qui est en jeu, a insisté le représentant de la Chine, appelant les Etats membres à saisir l’opportunité de changement qui leur est offerte.
Parmi de nombreuses suggestions destinées à renforcer l’autorité de l'Assemblée générale, le représentant du Liechtenstein a jugé important d’affecter un certain nombre de personnel compétent du Secrétariat au Cabinet du Président, afin de lui permettre de jouer un rôle efficace dans la rationalisation de l’ordre du jour. A cet égard, de nombreuses délégations, à l’instar de Singapour, ont estimé que l’Assemblée générale se noyait dans une série de points de l’ordre du jour répétitifs et trop éloignés des préoccupations actuelles de la communauté internationale et que la répartition des points les plus pertinents entre la Plénière et les grandes commissions se faisait au détriment de l’Assemblée. De même, il a été suggéré de répartir l’examen des points de l’ordre du jour sur une année complète plutôt que sur le dernier trimestre de l’année, comme c’est actuellement le cas, ce qui entraîne une charge de travail écrasante pour des délégations dotées de moins de moyens telles que Saint-Vincen-et-les Grenadines.
De nombreux intervenants se sont également dits préoccupés par le très grand nombre de résolutions adoptées par l’Assemblée générale et rarement suivies d’effets. Seule une petite partie des quelque 300 résolutions qui sont adoptées chaque année dans cette enceinte est lue dans les chancelleries, et elles intéressent encore moins le grand public, a souligné le représentant des Pays-Bas. La consolidation du Cabinet du Président a également été jugée importante à cet égard, de manière à ce qu’il puisse s’acquitter efficacement du suivi et de la mise en œuvre des résolutions de l’Assemblée, souvent trop peu respectées, ont fait valoir les intervenants.
Au cours de ce débat, les délégations des pays suivants ont pris la parole: Viet Nam, France, Inde, République de Corée, Bangladesh, Philippines, Jamahiriya arabe libyenne, Fédération de Russie, Nigéria, Tanzanie, Chine, Kazakhstan, Singapour, Slovénie, Croatie, Thaïlande, Portugal, Indonésie, Yémen, Bahamas, Liechtenstein, Pays-Bas, Saint-Vincent-et-les Grenadines, Belize, Sénégal, Equateur, Népal, Sainte Lucie, Mongolie, Soudan, Zimbabwe, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Cuba, Pologne, République arabe syrienne, Allemagne, Erythrée et Israël.
L’Assemblée générale se réunira demain, mercredi 29 octobre, à 10 heures dans le cadre du Dialogue de haut niveau sur le financement du développement.
REVITALISATON DES TRAVAUX DE L’ASSEMBLEE GENERALE; REFORME DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES: MESURES ET PROPOSITIONS; RESTRUCTURATION ET REVITALISATION DE L’ORGANISATION DES NATIONS UNIES DANS LES DOMAINES ECONOMIQUE ET SOCIAL ET LES DOMAINES CONNEXES; RENFORCEMENT DU SYSTEME DES NATIONS UNIES
Déclarations
M. NGO DUC THANG (Viet Nam) a affirmé attacher une grande importance à la poursuite du processus de réforme et a soutenu à cet égard l’appel du Secrétaire général pour des réformes radicales, le félicitant pour sa détermination à poursuivre le processus. Par ailleurs, le représentant a insisté sur la nécessité d’un Conseil de sécurité plus démocratisé, avec une meilleure représentation des pays en développement ainsi que sur l’importance du renforcement de l’Assemblée générale, dont le rôle central a été réduit peu à peu au profit du Conseil de sécurité. Sa revitalisation ainsi que la rationalisation de ses travaux contribueraient à renforcer son rôle, a-t-il poursuivi, suggérant à cet égard que l’on affecte davantage de questions aux grandes commissions afin de laisser plus de temps à l'Assemblée générale pour examiner les questions de politique spéciale. Le représentant a, en outre, appuyé l’idée du renforcement du rôle du Président de l’Assemblée et a soutenu la pratique du débat général. En ce qui concerne le domaine budgétaire, il a souligné la nécessité de renforcer le lien entre les programmes et les ressources qui leur sont alloués, et a affirmé que le plan de programme biennal constituait à ce titre un outil solide pour mettre en oeuvre une politique tournée vers les résultats. Enfin, le représentant a jugé essentiel de poursuivre le renforcement du rôle des Nations Unies dans les pays en développement.
M. Jean-Marc de La Sablière (France) a fait remarquer que parmi les idées évoquées pour la revitalisation de l'Assemblée générale, il avait été dit qu’il fallait éviter les discours répétitifs. C’est pourquoi, il a déclaré s’associer en tous points au discours de l’Italie, au nom de l’Union européenne. Cependant, il a tenu à préciser l’attachement de la France à la recherche d’un meilleur équilibre. Notamment, l'Assemblée générale doit retrouver toute sa place, en tant que pilier essentiel au sein du système des Nations Unies. M. de La Sablière a encore salué l’action déterminante du Président Hunte, et souligné que la France appuyait ses efforts. L’évolution est perceptible sur tous les bancs, et on sent bien que le moment est venu de changer ensemble, a-t-il encore affirmé, indiquant que son pays ne doutait pas que les regards attentifs à l’extérieur se tourneront à nouveau vers l’Assemblée générale.
M. VIJAY K. NAMBIAR (Inde) a affirmé que la revitalisation du travail de l’Assemblée générale devait passer par la question de sa compétence, qui ne doit pas empiéter sur des domaines externes à sa juridiction, comme ceux qui relèvent du Conseil de sécurité et du Secrétariat des Nations Unies. Cela ne remet pas en cause la nécessité de renforcer le Cabinet du Président dans la conduite des affaires de l’Assemblée, a-t-il toutefois ajouté. Pour accélérer sa procédure, l’Assemblée doit créer quelques postes supplémentaires, a affirmé le représentant, qui a aussi préconisé une amélioration des méthodes de travail de la Plénière et des grandes commissions. Par ailleurs, il a jugé utile de rationaliser le nombre, la longueur et le langage des résolutions adoptées par l’Assemblée générale. La délégation indienne a demandé ensuite que les consultations tenues par le Haut-Commissariat aux droits de l’homme soient ouvertes à des personnes qui ne soient pas forcément membres de la Commission des droits de l’homme et que le système des procédures spéciales soit réformé. Enfin, l’Inde s’est félicitée du travail en cours sur la simplification et l’harmonisation des outils de programmation et du renforcement du réseau de coordonnateurs résidents, qui se traduisent par une réduction des coûts de transaction pour les pays en développement.
M. KIM SAM-HOON (République de Corée) a rappelé que l’augmentation du nombre d’Etats Membres avait conduit à une grande divergence de vues et d’intérêts au sein de l’Assemblée générale, ce que reflétait l’impossibilité de dégager un consensus quant à la manière de conduire la réforme de cette même Assemblée. Regrettant que trop de résolutions adoptées par l’Assemblée tombent dans l’oubli, il a déploré la tendance des Etats Membres à porter à son attention trop de problèmes nationaux au détriment des questions internationales qui relèvent de l’intérêt commun. En conséquence, la République de Corée soutient l’idée d’organiser l’ordre du jour de l’Assemblée générale autour d’un nombre restreint de débats thématiques, proposant par ailleurs d’examiner tous les deux ou trois ans certaines questions et d’en supprimer d’autres obsolètes. Sur l’organisation des réunions, la délégation soutient également l’idée de répartir ces dernières sur une année complète en vue de tirer le meilleur parti des ressources disponibles pour les missions et le Secrétariat. Enfin, la Corée approuve le renforcement du Cabinet du Président de l’Assemblée générale dans le but de renforcer son autorité et le rôle de l’Assemblée.
M. IFTEKHAR AHMED CHOWDHURY (Bangladesh) a déclaré qu’au centre de tout exercice de réforme devait se trouver le désir d’accomplir les Objectifs définis lors de la Déclaration du Millénaire. Il faut mieux équiper notre Organisation: le Secrétariat, les institutions intergouvernementales, l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité doivent œuvrer pour l’intérêt général et ne devraient pas se soumettre à la volonté des plus puissants. Le représentant a salué la décision du Secrétaire général de constituer un Panel de personnalités éminentes. Le développement économique et social est un domaine auquel son pays attache la plus grande importance. Il a souligné combien l’efficacité de la présence des Nations Unies sur le terrain dans les pays en développement s’était améliorée, citant, entre autres, la simplification et l’harmonisation des programmes de développement. Il a estimé cependant que le Bureau du Secrétaire général adjoint pour l’Afrique devrait fournir un soutien plus accentué au NEPAD. Il s’est félicité que le nouveau budget renforce la capacité de l’ECOSOC afin d’appliquer la Déclaration du Millénaire, ainsi que les décisions de Monterrey et de Johannesburg. Nous soutenons fermement le processus de dialogue établi entre les institutions de Bretton Woods, l’Organisation mondiale du commerce et la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement. Par ailleurs, le représentant a souligné que les droits de l’homme constituaient l’une des plus grandes priorités de son pays. Il a en outre expliqué que le Pakistan possédait un secteur privé dynamique qui s’est engagé dans les transformations positives du pays. En tant que Président du Comité de l’information, il a émis l’espoir de pouvoir travailler de plus près avec le Département de l’information et les Etats Membres pour mettre en œuvre une évaluation systématique de l’impact de toutes les mesures entreprises pour renforcer la culture de communication de l’Organisation.
M. LESLIE B. GATAN (Philippines) a salué les initiatives prises par le Président de la cinquante-huitième session pour en améliorer le format et rationaliser les sessions futures de l’Assemblée générale. Il a plaidé, s’agissant des procédures à l’Assemblée, en faveur d’une priorité accordée aux déclarations des groupes régionaux et des autres groupes et a invité les délégations à s’abstenir de toute intervention quand elles s’inscrivent globalement dans celles de leurs groupes régionaux. Souhaitant que les délégations fassent des déclarations plus courtes et ciblées sur les thématiques retenues à l’ordre du jour, M. Gatan a fait valoir qu’une telle procédure faciliterait la tenue de débats interactifs. Se penchant ensuite sur l’efficacité des organes de l’ONU, le représentant a déploré que les résolutions adoptées aux Nations Unies ne soient pas contraignantes pour les États, à l’exception de celles du Conseil de sécurité. M. Gatan a souhaité que les principaux organes des Nations Unies soient plus représentatifs des enjeux contemporains dans les relations internationales et suggéré une coordination plus approfondie entre l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité et l’ECOSOC. Enfin, a-t-il proposé, un mécanisme consultatif devrait être créé afin d’évaluer l’application des principales résolutions adoptées par l’Assemblée générale.
M. JUMA AMER (Jamahiriya arabe libyenne) a exprimé sa satisfaction quant à la réforme des Nations Unies et à la revitalisation de l'Assemblée générale. Dans l’évaluation en cours de ces progrès, la Jamahiriya arabe libyenne a approuvé l’élection du Président et du Vice-Président de l'Assemblée générale trois mois avant le début de la session annuelle. Une mesure utile qui cependant demeure insuffisante. Pour donner un contenu à la revitalisation, a-t-il estimé, il faudrait donner à l'Assemblée générale plus de pouvoir, afin qu’elle puisse s’acquitter de sa tâche conformément à la Charte. Le représentant a suggéré notamment que l'Assemblée puisse se réunir quand une crise éclate, et qu’elle soumette ensuite ses propositions au Conseil de sécurité. L’Assemblée est une tribune de résolutions qui restent lettre morte, a-t-il déploré. Il a proposé de trouver des mécanismes pour les faire appliquer, afin que l’Assemblée générale ne soit plus seulement «une tribune où les pays versent des larmes et déversent leurs plaintes». Il a aussi souhaité que les sessions restent de haut niveau d’un bout à l’autre, que les points de l’ordre du jour soient plus attractifs, regroupant les thèmes et équilibrant l’ensemble des points. La délégation libyenne a encore appuyé l’idée d’une programmation étalée sur l’année, tout en suggérant d’en étudier sérieusement le fond comme la forme.
M. GENNADY M. GATILOV (Fédération de Russie), passant en revue les différents progrès examinés par le rapport, a jugé important que les activités des Nations Unies en matière d’information soient rationalisées et a appuyé à ce titre la restructuration du Département de l’information, afin d’améliorer son efficacité. En outre, il a affirmé que sa délégation continuerait à suivre de près les efforts du Département pour améliorer l’efficacité des bibliothèques des Nations Unies. Par ailleurs, le représentant a salué l’amélioration et la rationalisation des rapports présentés par l’ONU. S’agissant de la présence des Nations Unies dans les pays en développement, il a appuyé les mesures visant à réduire le coût des transactions pour les pays de programme et a souligné la nécessité de renforcer le Bureau du financement du développement. Il s’est également félicité de la création du Bureau du Secrétaire général adjoint et Conseiller spécial sur l’Afrique. En outre, le représentant s’est félicité des progrès établis en ce qui concerne l’établissement de partenariat avec les secteurs publics, privés, et la société civile, saluant à cet égard la création du Bureau des Partenariats. Soulignant enfin que la réussite de la réforme administrative et budgétaire dépendrait essentiellement des Etats Membres, le représentant a salué les progrès déjà réalisés en ce qui concerne l’amélioration de la structure et du format des projets de budgets réguliers.
M. OLUSEGUN APATA (Nigéria) a espéré que la communauté internationale mette la même énergie à vaincre les problèmes de famine et de maladies et ceux du développement social et économique en général, qu’elle a mis dans les domaines de la paix et la sécurité ces dernières années. Les Objectifs de la Déclaration du Millénaire ne sont pas encore atteints et 2015 semble bien loin, a-t-il regretté. En outre, les Nations Unies devraient trouver les moyens de résoudre les problèmes de dette. En 2002, la dette totale des pays en transition et des pays en développement était de 52 milliards de dollars. Les problèmes de dette extérieure doivent être abordés avec imagination, flexibilité et stratégie, a-t-il affirmé. M. Apata a souligné que le budget pour 2004-2005 avait pour but de renforcer le Département des affaires économiques et sociales, notamment sa capacité de gestion. En dépit du fait que le Bureau de Secrétaire général adjoint pour l’Afrique n’a été établi qu’en mai, il a réalisé en six mois des contributions significatives concernant la promotion des objectifs du NEPAD. Il faut à présent lui fournir les ressources nécessaires pour lui permettre de remplir les obligations de son mandat. Par ailleurs, le représentant a estimé qu’il fallait se concentrer sur le renforcement du Cabinet du Président de l’Assemblée générale. Le Nigéria a toujours maintenu que les Etats Membres devraient pouvoir aspirer au plus haut poste de l’Assemblée. Mais c’est une constance de ces 10 dernières années, que ceux qui ont eu ces postes ont dû demander à leur capitale de déployer des efforts considérables pour les aider à se décharger de leurs responsabilités. En fait, il est difficile, notamment pour les pays les moins avancés, d’offrir les services de leurs nationaux en raison de cette contrainte. Il est donc impératif d’adopter des mesures qui renforcent le Cabinet du Président, telles que la création de nouveaux postes à ce Cabinet. M. Apata a conclu en expliquant que la réforme et la revitalisation des Nations Unies devaient être considérées comme un travail en cours.
M. AUGUSTINE MAHIGA (République-Unie de Tanzanie), soulignant que le débat sur la réforme s’était accéléré ces cinq dernières années, a estimé cependant que la situation internationale nécessitait des réactions plus pressantes et que les réformes auraient dû être prises depuis bien longtemps pour faire face à ce contexte. S’agissant de la revitalisation de l'Assemblée générale, le représentant a jugé urgent de lier la prise de décisions et la mise en œuvre de ces décisions, comme cela est énoncé dans les principes de la Charte des Nations Unies. Dans le même ordre d’idée, le représentant a adhéré aux propositions du Président de l’Assemblée générale afin de renforcer les échanges entre la Présidence et le Secrétariat. Il a également jugé important de rationaliser la couverture des questions connexes et des questions à l’ordre du jour, en répartissant efficacement les questions entre les grandes commissions et l’Assemblée. A cet égard, il a estimé qu’il fallait établir un calendrier précis pour l’établissement des réformes relatives à la rationalisation du travail -réformes relativement faciles à prendre - avant de passer à la question de l’amélioration des méthodes de travail.
M. WANG GUANGYA (Chine) a rappelé que, conformément à la Charte des Nations Unies, l’Assemblée générale demeure l’organe le plus important de l’Organisation. Sa revitalisation pourrait aider à renforcer la détermination des Etats Membres à poursuivre le multilatéralisme, qui, à son tour, aura un impact profond à long terme sur la reconstruction de l’autorité et la crédibilité du système des Nations Unies dans son ensemble. Les discussions qui ont commencé il y a 11 ans ont porté leurs fruits, mais les progrès demeurent en deçà des aspirations des Etats Membres, a-t-il regretté, évoquant un «sentiment d’urgence», dans la mesure où la crédibilité de l'Organisation est en jeu. Renforcer l’autorité de l'Assemblée générale et développer la coopération et la complémentarité entre celle-ci et les autres organes, le Conseil de sécurité et le Conseil économique et social (ECOSOC), tels sont les points proposés par le représentant. Il a aussi soutenu l’idée que chaque président puisse établir des priorités et des plans d’action pour chaque session de l'Assemblée générale. Il a souhaité une rationalisation de l’ordre du jour, un meilleur équilibre, et des solutions pratiques pour la production des documents. Il faut rassembler les questions traitées à l’Assemblée et dans les grandes commissions, a-t-il encore affirmé. Son pays a mis beaucoup d’espoir dans la revitalisation de l'Assemblée générale, a-t-il dit avant de conclure: «Quand les voiles sont déployées, tout ce qu’il faut, c’est un vent approprié».
M. YERZHAN KH. KAZYKHANOV (Kazakhstan) a jugé impératif de renforcer le rôle des Nations Unies dans les domaines social et économique, afin de donner plus d’énergie à la coopération internationale pour mettre en œuvre les Objectifs de développement. Le représentant a également appelé les Etats Membres à renforcer la coordination entre l’ONU et les organisations régionales, proposant à ce titre que soit établi un Conseil permanent de ces organisations sous l’égide du Secrétaire général. S’agissant des réformes des différents organes et notamment l'Assemblée générale, le représentant a jugé essentiel de renforcer le rôle du Président et de soutenir son Cabinet. Les débats devraient être plus interactifs et il faudrait mettre l’accent sur un nombre clef de sujets d’intérêt commun, a-t-il en outre fait valoir. Le représentant a également estimé que le suivi de l’application des résolutions devrait être effectué de manière plus efficace. Soutenant les propositions de réforme du Secrétaire général, il a estimé que l’ECOSOC devait être plus efficace dans le renforcement de la coopération avec les institutions de Bretton Woods afin de leur donner un élan supplémentaire. L’ONU peut être forte si tous les Etats Membres donnent leur plein appui aux initiatives de réforme du Secrétaire général, a-t-il enfin conclu.
M. KISHORE MAHBUBANI (Singapour) a estimé que des déclarations très importantes avaient été faites par le Japon et les Etats Unis. Il s’est demandé quelles étaient les causes profondes de cette Assemblée qui a des difficultés à se maintenir à flot. Est-ce que c’est l’Assemblée qui est perdue ou est ce que c’est l’ONU? s’est-il demandé. A son avis, c’est l’Organisation qui s’est fourvoyée. Si un visiteur d’une autre planète atterrissait ici, dans cette salle, que verrait-il ? Nous vivons une période très intéressante, mais si on disait à ce visiteur c’est ici que ça se passe, je crois qu’il serait perplexe. Il verrait le dynamisme du monde et la torpeur dans laquelle nous baignons. La question qu’il faut se poser est simple: est-ce que cette Organisation, créée en 1945 s’est adaptée à 2003? La réponse est non, nous ne nous sommes pas adaptés.
Selon certaines délégation, le Conseil de sécurité prive l’Assemblée de son oxygène, mais pourquoi? Il faudrait mentionner le mot magique: la géopolitique. Dans les années 80 tout le monde venait écouter le débat car en raison de la guerre froide, tout le monde voulait savoir ce que les deux superpuissances allaient décider pour l’avenir du monde. Aujourd’hui le Conseil de sécurité a assis sa primauté. L’absence d’énergie dans cette salle est due aussi aux forces globales qui nous parviennent. L'Assemblée générale se retrouve dans un carcan car les Etats Membres ne sont pas capables de gérer l’après-guerre froide. Quelle est la solution? Pour la trouver, il faut avoir une compréhension claire et commune des causes, c’est ce que j’ai essayé de vous expliquer plus tôt a dit le représentant qui a suggéré sept éléments à la solution. Premièrement, la géopolitique: il faut donner le sentiment et la conviction aux grandes puissances que l'Assemblée générale est un élément fondamental et doit être considérée comme tel. Deuxièmement, le moment est venu de s’écarter d’un processus mécanique qui veut que l’on passe par l’ordre du jour tous les ans, de septembre à décembre, sans se préoccuper de savoir si l’ordre du jour est intéressant et s’il traite des grandes questions auxquelles le monde doit faire face. Il faut traiter de questions réelles et pas de questions mécaniques, a-t-il estimé. Troisièmement, il faut changer la culture entre nous, arrêtons de prononcer des grands discours et parlons de sujets vrais. Quatrièmement, chacun de nous doit voir comment équilibrer l’intérêt national et l’intérêt collectif, ce qui veut dire que chacun d’entre nous doit concéder un peu de son propre intérêt national pour l’intérêt collectif. Cinquièmement, en ce qui concerne la Présidence, il faut avoir un leadership ferme à l'Assemblée générale: le choix du président est un choix fondamental. Il ne faut pas donner un poste de Président pour la retraite: ce doit être un poste dynamique. Sixièmement, et ce sera un point positif, cette salle, même si elle est calme ou vide, contrôle une ressource extrêmement précieuse: la légitimité. Car la légitimité du Conseil de sécurité découle de l'Assemblée générale. Le représentant a rappelé que 191 Etats Membres avaient ratifié la Charte et que cette légitimité pouvait et devait être utilisée pour de nombreuses bonnes causes.
M. ROMAN KIRN (Slovénie) a souhaité s’exprimer non pas sur la forme et sur le fond, mais sur la réforme en général, afin de mieux refléter l’esprit de la réflexion qui a lieu depuis hier. A cet égard, il a approuvé entièrement la déclaration de l’Italie, au nom de l’Union européenne. Concernant précisément la revitalisation de l'Assemblée générale, dans le contexte général de l'ONU, il a estimé qu’il y avait «une impulsion pour le changement que nous devons saisir». Il a rappelé qu’une grande quantité d’orateurs, des chefs d’Etat aux chefs de gouvernement, se sont prononcés pour cette réforme générale de l'Organisation. Comme l’a dit la Slovénie, beaucoup de points de cette réforme ont été identifiés et approuvés par le plus grand nombre. Il a encore souhaité que des décisions puissent être prises dès cette cinquante-huitième session de l’Assemblée.
M. VLADIMIR DROBNJAK (Croatie) a dit tout l’attachement de son pays à une réforme de l’Organisation. Il s’est prononcé pour l’élargissement du Conseil de sécurité et pour la revitalisation de l’Assemblée générale, et notamment le renforcement de son autorité. Il a rappelé que l’Assemblée générale est le seul principal organe de l'ONU dans lequel chaque Etat Membre a une chance égale de participer au processus de prise de décisions. «La chose est bien connue mais elle doit être le principe directeur de notre travail», a-t-il souhaité. Il a encore estimé que la réforme devrait bénéficier à tous les Etats Membres, particulièrement ceux qui ne sont pas membres du Conseil de sécurité. L’autorité politique de l’Assemblée devrait être renforcée, a poursuivi le représentant, notamment en ce qui concerne l’application des résolutions. Celles-ci devraient être plus courtes et plus précises, de même que les débats et interventions… Enfin, a-t-il conclu, la revitalisation de l’Assemblée générale est aussi technique que politique.
M. MANOP MEKPRAYOONTHONG (Thaïlande) a déclaré que le renforcement du système des Nations Unies implique une restructuration, une réforme et une revitalisation de ses organes principaux et une modernisation de son Secrétariat, et en premier lieu une rationalisation du travail de l’Assemblée générale. A cet égard, sa délégation soutient le cadre de travail qui approche la revitalisation sous deux angles conjoints, l’élargissement du rôle et de l’autorité de l’Assemblée générale et l’amélioration de ses méthodes de travail. La Thaïlande s’est aussi déclarée en faveur d’une répartition des points de l’ordre du jour de l’Assemblée générale et des grandes commissions sur une année complète plutôt que sur le dernier trimestre comme c’est actuellement le cas. Le succès d’une telle revitalisation dépend de plusieurs facteurs, dont la volonté politique des Etats Membres de l’Assemblée générale, a ajouté le représentant, qui a appelé par ailleurs à la mise en œuvre effective de ses résolutions aux niveaux national et international.
M. GONÇALO DE SANTA CLARA GOMES (Portugal) a rappelé que l’Assemblée générale était la principale source de légitimité de l’ONU et qu’elle méritait à cet égard davantage d’attention au sein de l’Organisation. Il a en outre suggéré que les débats de l’Assemblée se tiennent dans une autre salle, plus petite et plus adaptée au nombre de personnes présentes. S’agissant du Conseil de sécurité, il a estimé qu’il n’accordait pas une importance suffisante aux questions d’assistance économique aux Etats et à la mise en place d’institutions relatives aux questions de développement. A cet égard, il a rappelé que le Premier Ministre portugais avait proposé la création d’un nouveau mécanisme institutionnel, une nouvelle commission, dont le mandat consisterait à se concentrer sur la prévention des conflits et la promotion des conditions nécessaires à la paix et au développement. Cette commission serait en lien constant avec le Conseil de sécurité et l’ECOSOC –qui garderaient chacun leur pleine compétence– et identifierait les besoins les plus urgents en ce qui concerne la prévention des conflits et le développement de bonnes conditions dans les pays dit «à risque», a-t-il poursuivi, soulignant que les ressources actuellement disponibles seraient suffisantes pour la faire fonctionner.
M. REZLAN ISHAR JENIE (Indonésie) a déclaré soutenir les recommandations du Secrétaire général sur la revitalisation de l’Assemblée générale, notamment la nécessité pour le Président de l’Assemblée de rencontrer plus fréquemment les Présidents des grandes commissions, ainsi que de tous les groupes pertinents. Il a souligné que la réforme du Conseil de sécurité devrait être réalisée rapidement, car dans sa constitution actuelle, le Conseil reflète le monde d’il y a 50 ans. Nous croyons aussi qu’il faut faire cette réforme pour donner plus de poids aux décisions du Conseil en renforçant sa légitimité, a-t-il déclaré. De même, il faut renforcer le rôle de l’ECOSOC. Nous estimons qu’une approche plurisectorielle devrait être utilisée par le Conseil pour passer en revue l’application des questions majeures traitées par les conférences et sommets des Nations Unies, ainsi que leur processus de suivi et leur impact par rapport aux buts et objectifs. Le représentant a rappelé la déclaration du Secrétaire général dans laquelle il a indiqué son intention d’établir un Panel de personnalités éminentes chargées d’examiner les défis actuels auquel le système est confronté. Il a déclaré en conclusion qu’il fallait trouver la volonté politique de passer en revue chaque aspect du fonctionnement des principaux organes des Nations Unies.
M. ABDUL-DAYEM MUBAREZ (Yémen) a salué les efforts inlassables du Président Hunte en vue de revitaliser l’Assemblée générale. Le Secrétaire général a appelé à une réforme radicale de l'Organisation au début de cette session, a-t-il rappelé, et cette option semble faire l’objet d’un consensus. Il a aussi souligné que les Etats Membres semblaient avoir pleinement conscience de l’urgence de cette réforme et qu’il fallait savoir en tirer profit. Il s’est encore déclaré satisfait de voir que les participants ont déclaré leur engagement dans ce sens. La revitalisation de l’Assemblée générale est le point essentiel de la réforme, a-t-il expliqué, car celle-ci regroupe tous les Etats Membres sur un pied d’égalité. Mais elle souffre d’importants déséquilibres et sa crédibilité est en question. Il a indiqué également que la résolution 285/5 précisait l’objectif principal, à savoir la réelle mise en œuvre des résolutions et des recommandations de l’Assemblée. Les prises de décisions à l'Assemblée générale sont pour le représentant «un vrai exemple de démocratie» car elles représentent la volonté de la communauté internationale, a-t-il encore estimé, soulignant que le Conseil de sécurité allait «bien au-delà de ses compétences, au détriment de l’Assemblée». Enfin, a-t-il dit, le processus de réforme ne pourra aboutir que si d’autres réformes sont engagées.
Mme PAULETTE BETHEL (Bahamas) a proposé que l'Assemblée générale soit réformée pour pouvoir jouer pleinement son rôle au sein du système des Nations Unies. Même si la délégation des Bahamas est d’accord sur le principe du débat général, la proposition selon laquelle la représentation au cours de ce débat devrait être la plus élevée possible pose un problème aux petits Etats, en particulier les petits Etats insulaires qui ont déjà du mal à faire entendre leur voix dans les commissions. Sa délégation souhaite par ailleurs que le rôle du Département de l’information soit renforcé afin que le message des Nations Unies parvienne à tous les peuples du monde. Le temps est également venu d’examiner les différents points de l’ordre du jour, en en regroupant certains pour examen tous les deux ans et en éliminant d’autres. Cette approche pragmatique devrait conduire à une Organisation plus efficace, en vue de lui permettre de réaliser les promesses et les idéaux exprimés par la Charte et les déclarations faites lors des grandes conférences et sommets de Nations Unies.
M. CHRISTIAN WENAWESER (Liechtenstein) a appelé les Etats Membres à affirmer leurs droits par rapport à l’Organisation et à soutenir les réformes destinées à renforcer l’Assemblée générale. A cet égard, il a salué la proposition de détacher du personnel compétent du Secrétariat au Cabinet du Président, pour lui permettre de jouer un rôle plus significatif quant à l’ordre du jour, qui doit être plus accessible et plus conforme aux défis actuels de l’ONU, notamment en matière de développement. Il a en outre estimé que la fréquence de l’examen des points de l’ordre du jour devait être révisée, soulignant que certains ne méritaient que d’être examinés tous les trois ou quatre ans. De même, il a jugé bon de répartir l’ordre du jour sur l’année entière plutôt que sur trois mois, où la charge de travail est actuellement trop importante. S’agissant des liens entre le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale, le représentant a suggéré que le Conseil présente plusieurs rapports sur son activité à l’Assemblée au cours de l’année plutôt qu’un seul.
M. DIRK JAN VAN DEN BERG (Pays-Bas) a déclaré qu’il allait centrer ses remarques sur l’Assemblée générale. Il a estimé qu’il fallait avoir plus de propositions concrètes sur la façon de revitaliser cette Assemblée. En ce qui concerne l’ordre du jour de l’Assemblée, le représentant a proposé de le rendre plus cohérent et plus accessible pour les Etats Membres. Les huit segments de la Déclaration du Millénaire peuvent fournir un cadre idéal, car ils sont larges mais représentent aussi les questions clefs du monde d’aujourd’hui, telles que définies par nos chefs d’Etat il y a trois ans. L’ordre du jour de l’Assemblée ne cerne pas totalement la Déclaration du Millénaire; ensuite la distribution de l’ordre du jour entre la Plénière et les grandes commissions semble se faire au désavantage de l’Assemblée en ce qui concerne les discussions sur les sujets les plus pertinents de la Plénière. Les sujets de l’ordre du jour sont souvent micro-orientés, soit par sujet ou par pays, comme c’est généralement le cas à la Plénière, a-t-il souligné. Le représentant a en outre souligné que l’Assemblée produisait 300 résolutions chaque année et que seul un petit nombre était lu dans les chancelleries, et encore moins par le public, a-t-il déploré. Par ailleurs, le consensus peut être surutilisé ou sous-utilisé par un pseudo droit au veto que quelques-uns possèdent. Mais le consensus, selon le rapport «Greentree», auquel la délégation des Pays Bas a participé, n’a pas besoin de l’unanimité absolue. Les éléments de discussion pourraient être que le consensus requiert au minimum l’unanimité entre les majorités des groupes régionaux et que ceux qui s’opposent au consensus aient au moins l’obligation de motiver leurs positions.
Mme MARGARET HUGHES FERRARI (Saint-Vincent-et-les Grenadines) a indiqué que sa délégation avait aligné ses positions sur celles du Groupe des 77 et la Chine. Mais elle a tenu à dire combien son pays, qui figure parmi les plus petits Etats des Nations Unies, avait besoin d’être représenté au sein de l’Organisation, qu’elle a jugé vital pour l’intérêt national de Saint-Vincent et Grenadines. Toutefois, elle a expliqué combien il était difficile d’être représenté avec une délégation qui compte si peu de personnes. Ainsi, l’entretien d’une mission est onéreux pour un si petit pays, a-t-elle poursuivi, même si son gouvernement veut faire pour le mieux et jouer son rôle. A cet égard, elle a renvoyé les délégués à l’ordre du jour du Journal, où toute une série de réunions se chevauchent, aussi importantes les unes que les autres – au point que chaque délégation devrait comprendre au moins 12 personnes pour pouvoir fonctionner. Elle a aussi suggéré que la majorité du travail ne soit pas étalée sur trois mois. Ne serait-il pas possible de mieux répartir le calendrier dans l’année? a-t-elle demandé. Elle a encore réclamé davantage d’autodiscipline dans le temps de parole des participants, qui ne devrait pas dépasser cinq minutes, notamment sur des points discutés tous les ans. Enfin, a-t-elle déploré, le Conseil de sécurité prend de plus en plus de décisions contraignantes, sans que la plupart des Etats Membres y prennent part, alors même que financièrement, les dépenses engagées sont importantes.
M. STUART LESLIE (Belize) a affirmé que pour un petit pays comme le Belize, l'Assemblée générale représente une enceinte où chaque Etat Membre est en droit de participer à pied d’égalité dans le processus de prise de décisions du plus puissant organe politique universel. A cet égard, il incombe de vérifier que les Nations Unies disposent bien des mécanismes nécessaires à l’accomplissement de son mandat. Le Belize a par conséquent évoqué la nécessité de renforcer le rôle de l'Assemblée générale en regroupant notamment les différents points de l’ordre du jour et en se concentrant sur la mise à exécution des résolutions adoptées. Ajoutant par ailleurs que le rôle de l'Assemblée générale dépendait étroitement du rôle que joue le Cabinet du Président, il a affirmé qu’il fallait le pourvoir des mécanismes adéquats. En conclusion, la délégation a souligné l’importance que revêtait la presse dans le processus de revitalisation de l'Assemblée générale.
M. CHEIK NIANG (Sénégal) a déclaré que pour être efficaces, les Nations Unies devaient se garder des dérives inhérentes à la bureaucratie. Par exemple, il faudrait s’interroger sur le rapport coût/résultats tangibles des 15 500 conférences internationales du dernier exercice biennal. Le représentant s’est aussi interrogé sur la qualité du volume et des délais de publication de la documentation fournie, en déplorant que les délégations ayant en partage le français ne soient pas logées à la même enseigne que les autres. Il a salué la décision du Secrétaire général de supprimer 192 rapports et publications dans le budget 2004-2005. Il a en outre estimé que l’on pouvait envisager de fusionner les rapports à intérêts convergents, d’en limiter le nombre et de fixer des normes strictes sur la longueur de ces documents. Il a par ailleurs souligné le rôle du contrôle aux plans à la fois budgétaires et administratifs dans le fonctionnement performant de l’Organisation. A cet égard, le Corps commun d’inspection, qui représente le seul organe de contrôle extérieur indépendant chargé d’évaluer l’efficience des Nations unies devrait être doté de moyens à la hauteur des objectifs poursuivis.
M. LUIS GALLEGOS (Equateur) a souligné que si l’on ne modifiait pas les institutions actuelles, l’Organisation serait confrontée au plus sérieux échec de son existence. Dans un monde aussi interdépendant, il a jugé essentiel que l’on entreprenne des réformes afin de rendre l’ONU plus démocratique, plus transparente et plus efficace, comme nous le demandent les peuples, a-t-il ajouté. L’Un des éléments essentiels de ce processus constitue à convaincre les délégations de l’importance d’une telle réforme, a-t-il poursuivi, appelant les Etats Membres à s’unir pour décider enfin des changements à entreprendre. Lançons donc la réforme dont nous avons tous besoin, a-t-il enfin déclaré.
M. MURARI RAJ SHARMA (Népal) a exprimé son plein appui dans l’effort de revitalisation du système des Nations Unies, qui a besoin d’être plus efficace. Les réformes passées ont été consacrées surtout au Secrétariat, a-t-il rappelé, avant de déplorer que les débats sans fin aient abouti à une mise en cause de l’Organisation par ses détracteurs. Il ne faut pas se laisser aller «au désespoir de l’Organisation», a-t-il souhaité, il faut la renouveler et la reconcevoir. Il faut lui donner la vision et les moyens nécessaires pour faire face aux nouveaux enjeux. Il faut adopter des mesures pour la rendre vivante, efficace et dynamique, estimant que le moment était décisif et que les réformes devaient être plus novatrices, plus substantielles dans leur contenu, globales et radicales. Elles devaient compléter les réformes des procédures à l’Assemblée ou celles des méthodes de travail du Conseil de sécurité et de l'Assemblée générale, que le représentant a jugés utiles puisqu’elles ont contribué à une réduction des coûts, mais très nettement insuffisantes. De plus, a-t-il estimé, les événements récents ont même porté atteinte à la réputation des Nations Unies. Il a proposé notamment, pour relancer la revitalisation, la mise en œuvre des décisions de l’Assemblée générale. Ou encore une fusion de la Première et de la Quatrième Commissions. Et surtout d’étaler le travail des commissions pour réduire la pression sur la session d’automne. Il a souhaité encore voir renforcer le Cabinet des Présidents, pour le rendre plus visible et plus substantiel, sur le plan du contenu et du suivi des résolutions de l'Assemblée générale. L’application de quelque 300 résolutions par an est presque inconcevable, a-t-il dit, mais il serait possible d’en retenir cinq à 10, et d’encourager leur mise en application.
M. ANTHONY B. SEVERIN (Sainte-Lucie) a proposé que l’examen de la revitalisation de l'Assemblée générale soit regroupé autour de deux points thématiques ainsi que l’a proposé le Secrétaire général. Le Cabinet du Président doit par ailleurs refléter l’autorité de l'Assemblée générale et un nouveau président ne devrait pas utiliser du personnel de son propre pays, mais du Secrétariat des Nations Unies, qui fournirait de trois à cinq professionnels expérimentés. Sainte-Lucie estime aussi que le Président pourrait augmenter à loisir le budget de son Cabinet s’il l’estimait nécessaire et avoir à sa disposition un Cabinet de transition avec un appui administratif adéquat. Si nous souhaitons parvenir à un renforcement de l’autorité de l'Assemblée générale, nous devons absolument aussi renforcer la relation entre l'Assemblée générale et les différents organes, dont l’ECOSOC en premier lieu, a-t-il par ailleurs ajouté, jugeant approprié qu’il y ait des séances de consultation entre ces deux organes, mais aussi entre l'Assemblée générale et le Conseil de sécurité. Sa délégation est par ailleurs d’accord sur le fait que les méthodes de travail doivent être améliorées et qu’à cette fin l’examen des points de l’ordre du jour des grandes commissions aille au-delà des trois mois de l'Assemblée générale, période pendant laquelle règne une compétition entre les différentes réunions pour retenir l’attention des Etats Membres. Sainte-Lucie pense que les éléments abordés lors du débat général doivent être affinés dans les grandes commissions et les organes subsidiaires, où des problèmes clairement définis seraient débattus et des résolutions proposées, avant de retourner pour adoption lors d’une session finale de l'Assemblée générale, a conclu le représentant.
M. P. GANSUKH (Mongolie) a déclaré que les populations des pays en développement étaient fatiguées des engagements qui ne sont pas respectés et a estimé à cet égard que les réformes proposées permettraient aux Nations Unies de répondre efficacement à la demande de ces peuples. Soulignant la nécessité d’engager rapidement les réformes, le représentant s’est dit en accord avec un certain nombre de délégations et notamment la déclaration du représentant de Singapour. A cet égard, il a souligné le rôle central que doit jouer l’Assemblée générale en tant qu’organe principal des Nations Unies. Saluant à ce titre les propositions du Président de l’Assemblée, le représentant a cependant souligné qu’il fallait davantage s’attacher aux mesures de réforme de fond du processus de revitalisation, et pas seulement à la question de la rationalisation du processus de travail. Enfin, il s’est dit convaincu que d’autres efforts seraient faits pour mettre en œuvre les réformes proposées par le Secrétaire général.
M. RAHMATALLA (Soudan) a déclaré s’associer pleinement aux déclarations du Groupe des 77, et à celles du Mouvement des pays non alignés. Il a remercié le Secrétaire général et approuvé l’idée d’une modification des principaux organes des Nations Unies, afin de renforcer leur rôle et leur efficacité. Outre certaines mesures juridiques appropriées qu’il faudra mettre en oeuvre, il a souhaité que les rapports entre le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale soient renforcés. Il a encore dit que les Etats Membres devraient poser davantage de questions d’intérêt général. Enfin, le représentant a répété que le Soudan était d’accord pour faire preuve de toute la volonté politique nécessaire afin de mettre en œuvre un plan d’ensemble et déterminer les mesures à prendre.
M. BONIFACE G. CHIDYAUSIKU (Zimbabwe), s’est associé à la déclaration faite au nom du Mouvement des pays non alignés. Il est souhaitable de s’atteler à des microréformes plutôt qu’à des macroréformes, a-t-il déclaré, mais l’adoption de tout amendement est soumis à l’approbation des membres permanents du Conseil de sécurité. En conséquence, la question centrale est celle des relations et des rôles respectifs de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité. Le représentant a déploré que l’Assemblée générale ait perdu son qualificatif de «Parlement» du monde lorsqu’il a acquis son caractère universel, au profit du Conseil de sécurité. Or, l’Assemblée générale est l’organe central de l’ONU; elle dispose des pouvoirs les plus étendus en matière de politique, y compris pour déterminer le cadre dans lequel le Conseil de sécurité s’acquitte de son mandat. M. Chidyausiku a donc proposé que l’Assemblée générale adopte une déclaration des principes et règles de conduite en vue de couvrir toute intervention de l’ONU dans une crise interne au sein d’un Etat Membre, comprenant les mécanismes y afférents, notamment pour attirer l’attention du Conseil de sécurité sur la question. Le représentant a rappelé que l’Assemblée avait également des pouvoirs en matière du maintien de la paix et de la sécurité internationale, et proposé qu’elle mette en place un groupe d’experts intergouvernementaux de haut niveau afin d’examiner les causes des crises complexes et des situations d’urgence, et de tirer les enseignements de la gestion de ces crises, afin d’élaborer une approche plus démocratique, plus large et démilitarisée.
M. ROBERT AISI (Papouasie-Nouvelle-Guinée) s’est demandé comment procéder aux changements qui s’imposent au sein de l’Organisation des Nations Unies, qui reste, malgré toutes les critiques, la seule Organisation capable de traiter de questions qui relèvent de l’intérêt public. Il a ensuite rappelé qu’il était peut-être temps d’introduire un mécanisme permettant ces changements, s’attardant tout spécialement sur le processus d’adoption des résolutions tel qu’il est actuellement en place au sein de l’Organisation. Beaucoup restent sans effet tandis que d’autres sont rabâchées au point de perdre toute pertinence, a-t-il regretté. La pratique communément acceptée est de défendre l’adoption de la résolution qui, une fois adoptée, est censée refléter l’opinion de l'Assemblée générale. Le représentant a donc demandé aux Etats Membres d’arrêter de se plaindre quant au nombre de résolutions pour plutôt entreprendre de procéder au nettoyage des archives de ONU, affirmant qu’il était grand temps d’examiner les résolutions rendues caduques par les grandes conférences et sommets des Nations Unies. De l’autre côté du processus de fabrication, il faudrait tenir compte des pressions qui pèsent sur les épaules des coauteurs et proposé d’introduire un système qui leur permette de devenir maîtres de ces résolutions.
M. BRUNO RODRIGUEZ PARRILLA (Cuba) a déclaré que le processus de réforme des Nations Unies a pour objectif de renforcer l’Organisation dans le système international. Cette réforme passe par la réaffirmation de l’importance de la Charte, notamment du principe de la non-ingérence dans les affaires intérieures des autres pays, a déclaré le représentant. La Charte n’autorise la légitime défense que lorsqu’il y a ingérence, a-t-il rappelé. Il faut redonner la responsabilité première au Conseil de sécurité, mais il faut aussi le réformer, afin qu’il arrête de servir les intérêts hégémoniques de certains. Mais comment le faire alors que nous sommes dans un monde unipolaire, s’est interrogé le représentant. Les Etats qui violent la paix ou commettent des actes d’agression, ou violent les droits de l’homme doivent assumer leur responsabilité politique; il ne faut pas que ce soit celui qui paie qui commande. En ce qui concerne les ressources financières, le représentant a déclaré que les Nations Unies devaient retrouver les fonctions qui sont les leurs pour cesser d’être une simple agence qui microgère les principes des institutions de Bretton Woods. Les contributions doivent être versées à temps et sans contrepartie politique. Il faut mettre fin à la subordination de l’Assemblée générale au Conseil de sécurité. Dans ce processus, l'Assemblée générale doit réaffirmer les prérogatives que la Charte lui confère. Ainsi, l'Assemblée générale doit jouer un rôle central en tant que seul organe représentatif de l’Organisation. Ses résolutions ne sont pas contraignantes, mais elles constituent un message politique et éthique très puissant. Le problème principal est la non-application des résolutions de l'Assemblée générale, a déclaré le représentant.
M. JANUSZ STANCZYK (Pologne) a souligné que la revitalisation de l’Assemblée générale est un devoir en cours pour chacun intéressé à transformer les objectifs en réalité. Il a réaffirmé être prêt à continuer sa participation active à ce processus. Il a souligné l’importance des discussions informelles qui sont prises par les grandes commissions. Pour réformer les Nations Unies, nous devons être clairs et savoir ce que l’on attend d’elles, a-t-il estimé. Il faut redéfinir les objectifs des Nations Unies et quand c’est possible, améliorer l’Organisation et inventorier de nouveau ses opérations. Le Panel de personnalités de haut niveau devrait se concentrer sur la partie de son travail concernant la création d’un nouveau catalogue de valeurs universelles, a-t-il déclaré, avec l’objectif que cela bénéficie à l’humanité tout entière. M. Stanczyk a espéré que le Rapport du Panel se concentre sur une réflexion holistique et conceptuelle sur la nature des changements du système international et la vision d’un ordre international plus effectif.
M. FAYSSAL MEKDAD (République arabe syrienne) a rappelé que la philosophie de la réforme de l’Organisation doit reposer sur l’idée que cette réforme est un outil et non une fin en soi. Il faut donc réformer ses organes principaux, en élargissant notamment le Conseil de sécurité afin qu’il reflète mieux la diversité de l’Organisation. Le représentant a affirmé que l'Assemblée générale doit être réformée afin de retrouver son rôle majeur, notamment en tant qu’organe légiférant, appelant par ailleurs les Etats Membres à mettre en œuvre les résolutions qu’elle a adoptées. Il faut revitaliser les résolutions pour restaurer la crédibilité des Nations Unies, a insisté le représentant qui a remarqué ensuite que les activités des Nations Unies se sont accrues sans que ses méthodes de travail se soient améliorées pour autant. La concentration des points de l’ordre du jour à l’automne ne tient malheureusement pas compte de la tâche qui incombe aux organes subsidiaires et, sur ce point, la délégation syrienne a proposé de les regrouper ensemble. Le représentant a estimé enfin que la réforme devrait englober tous les aspects du processus de budgétisation et a insisté sur le plan à moyen terme, recommandant de le fusionner avec le processus de budgétisation.
M. WOLFGANG F. H. TRAUTWEIN (Allemagne) s’est associé aux déclarations de l’Union européenne. Il a salué l’initiative de réforme pour laquelle, comme l’a dit le Secrétaire général, «Nous n’avons pas le choix». Les Nations Unies devraient confronter le nouveau et l’ancien, les menaces et les défis, a-t-il poursuivi. Les récents développements ont en effet montré toute la réalité des menaces que sont le terrorisme et les armes de destruction massive, a rappelé le représentant. Il a souligné que celles-ci ne peuvent être séparées des problèmes d’extrême pauvreté ou de violations massive des droits de l’homme. Certains Etats qui se sentent vulnérables préfèrent prendre des décisions unilatérales, a-t-il déploré, alors qu’il faudrait leur montrer qu’ils peuvent s’en remettre à des actions collectives. Dans ce contexte, il a affirmé que rien n’est plus important pour le maintien de la paix et de la sécurité que le Conseil de sécurité. Dans son Rapport sur la Déclaration du Millénaire, a-t-il expliqué, le Secrétaire général a souhaité que le Conseil regagne la confiance des Etats et de l’opinion publique mondiale, afin de donner plus de poids à ses décisions et mieux répondre aux impératifs géopolitiques d’aujourd’hui. La composition du Conseil doit être élargie, selon beaucoup d’Etats Membres, mais le Secrétariat, l’Assemblée et l’ECOSOC doivent aussi être renforcés, a-t-il conclu, ainsi que les institutions de Bretton Woods.
M. AMARE TEKLE (Erythrée) a déclaré que la proposition de renforcer et reformer les Nations Unies arrivait à une période de transition qui a vu la fin de la guerre froide et l’avènement de la mondialisation ainsi que ses conséquences. Elle intervient aussi à un moment où nous avons l’espoir que les Nations Unies soient la seule institution à promouvoir la sécurité, le développement et la règle de droit. Cependant, de nombreux défis restent à relever. La crise du multilatéralisme est due en partie au fait que certains membres n’ont plus foi dans la capacité des Nations Unies à s’adapter rapidement aux changements et à une crise d’identité qui trouve sa racine dans ce que les Nations Unies peuvent et ne peuvent pas faire. Par ailleurs, il est devenu évident que les Nations Unies doivent être renforcées pour conserver leur crédibilité dans ce monde en changements. Le représentant a expliqué que les Nations Unies devaient être démocratisées, l'Assemblée générale doit rester un organe de délibération où le principe de «un membre un vote» est opérationnel. Par ailleurs, le Conseil de sécurité a fait d’importants progrès dans ses méthodes de travail. Mais il est essentiel de réaliser l’élargissement et la transparence pour refléter la réalité du monde d’aujourd’hui, a-t-il souligné. La revitalisation de l’ECOSOC est aussi impérative.
M. CHAIM SHACHAM (Israël) a rappelé que sa délégation s’est souvent plainte du «réchauffement» annuel automatique des résolutions sans tenir compte de leur contenu et de l’efficacité de leur traitement. Il a par ailleurs soutenu la suggestion du Secrétaire général de ne plus traiter certains points de l’ordre du jour chaque année ainsi que son appel à réexaminer les priorités. Il faut aussi mettre l’accent sur les solutions de développement basées sur la technologie, sur les problèmes relatifs à l’eau, la promotion de la bonne gouvernance et le renforcement du combat contre le terrorisme. Il a ensuite observé, à la suite du Secrétaire général, que le Département de l’information devait être réformé. En conclusion, il a souligné la nécessité d’améliorer les relations des Nations Unies avec la société civile.
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