ASSEMBLEE GENERALE: LE SUIVI DES CONFERENCES SUR LE DEVELOPPEMENT, LES PARTENARIATS MONDIAUX ET LA LUTTE CONTRE LE PALUDISME EVOQUES AUJOURD’HUI
Communiqué de presse AG/1432 |
Assemblée générale
40e et 41e séances plénières – matin & après-midi
ASSEMBLEE GENERALE: LE SUIVI DES CONFERENCES SUR LE DEVELOPPEMENT, LES PARTENARIATS MONDIAUX ET LA LUTTE CONTRE LE PALUDISME EVOQUES AUJOURD’HUI
Un peu plus d’un an après la Conférence de Monterrey sur le financement du développement, tenu en mars 2002, et le Sommet de Johannesburg sur le développement durable, organisé en septembre 2002, l’Assemblée générale évaluait aujourd’hui les progrès réalisés dans l’application et le suivi intégrés et coordonnés des textes issus des grandes conférences et réunions au sommet organisées par les Nations Unies dans les domaines économique et social et dans les domaines connexes. L’occasion pour une majorité de délégations telles que le Kazakhstan et le Pérou, qui intervenait au nom du Groupe de Rio, d’approuver la convocation, en 2005, d’un Sommet sur le développement pour procéder à une évaluation des progrès réalisés et identifier les obstacles dans la mise en œuvre du Consensus de Monterrey et du Programme d’action de Johannesburg et des conclusions de la Conférence de Copenhague sur le développement social. L’organisation de ce sommet, prévu pour 2005 par la résolution 57/270B adoptée en juin 2003 par l’Assemblée générale, coïnciderait avec l’examen complet de la mise en œuvre de la Déclaration du Millénaire dont le huitième objectif est de créer un partenariat global pour le développement, a observé le représentant du Pérou.
La communauté internationale dispose désormais, avec ces textes, d’une Feuille de route claire à même d’orienter ses efforts en vue de la réalisation des conditions propices à un développement durable et à un partage équitable des bénéfices de la mondialisation, ont fait valoir certaines délégations de pays en développement. Elles ont rappelé, à l’instar de l’Afrique du Sud, que le succès du partenariat mondial pour le développement reposait avant tout sur la solidarité et la coresponsabilité, avant d’inviter les pays développés à assumer leur part de responsabilité dans la mise en œuvre du Consensus de Monterrey. Le Groupe des 77 et la Chine ont rappelé à cet égard, par la voix du représentant du Maroc, que les pays en développement avaient procédé à des réformes économiques et sociales majeures en dépit de leurs contraintes financières et qu’il incombait aux pays développés d’accompagner ces efforts. A cette fin, les pays développés devraient prendre des mesures pour faciliter l’accès aux marchés des produits des pays du Sud, pour augmenter leur aide publique au développement, pour réduire la dette extérieure des pays en développement et annuler celle des PMA et pour promouvoir les investissements étrangers directs en direction des pays du sud, ont précisé le Groupe des 77 et la Chine.
Dans le cadre du suivi de la mise en œuvre du Consensus de Monterrey et du Programme d’action de Johannesburg, le rôle de coordination du Conseil économique et social devrait être renforcé, a jugé ensuite le représentant de l’Italie, au nom de l’Union européenne, qui a souhaité par ailleurs l’institutionnalisation de ses relations avec la Banque mondiale, le Fonds monétaire international et l’Organisation mondiale du commerce. La Chine a plaidé à ce titre pour la promotion, par les Nations Unies, d’une culture du développement, avant de préciser qu’un tel effort supposait le renforcement des agences de développement, notamment le Programme des Nations Unies pour le développement, et l’apport de ressources additionnelles. Le débat sur la mise en œuvre du Consensus de Monterrey a également été l’occasion pour des délégations comme la Suisse de souligner l’importance des partenariats et de l’implication de toutes les parties prenantes, monde des affaires et société civile entre autres, à la réalisation des Objectifs de Développement du Millénaire.
Outre celles déjà mentionnées, les délégations du Pakistan, de la Malaisie, de la Tunisie, du Kazakhstan, de l’Indonésie, de la Jamaïque, de l’Inde et des Etats-Unis sont également intervenues sur le point relatif à l’application et au suivi intégrés et coordonnés des textes issus des grandes conférences et réunions au sommet organisées par les Nations Unies dans les domaines économique et social. Au cours du débat sur les partenariats mondiaux, l’Assemblée a entendu les représentants de la Suisse, de la Fédération de Russie, de la République islamique d’Iran, de l’Italie (au nom de l’Union européenne), du Pakistan, de la Chine et de l’Ouganda. La fin du débat sur la suite à donner aux textes issus de la session extraordinaire consacrée aux enfants a été marquée par des interventions de la République de Corée, du Paraguay, de la Thaïlande, du Népal, du Soudan, de l’Inde et de Trinité-et-Tobago.
Lors de la discussion relative à l’examen des progrès réalisés dans la décennie 2001-2010 pour faire reculer le paludisme dans les pays en développement, les délégations de l’Italie (au nom de l’Union européenne), de la Namibie, de l’Égypte, du Kenya, du Togo, de l’Érythrée, du Mozambique, de Fidji, de Djibouti et de l’Éthiopie sont intervenues. Enfin, sur le thème de la crise mondiale de la sécurité routière, les pays suivants ont pris la parole: Oman (présentant le projet de résolution A/58/L.3), Malaisie, Chine, Costa Rica et Italie, au nom de l’Union européenne.
L’Assemblée générale se réunira demain, le mercredi 23 octobre à 10 heures, pour élire les cinq membres non permanents du Conseil de sécurité.
SUITE À DONNER AUX TEXTES ISSUS DE LA SESSION EXTRAORDINAIRE CONSACRÉE AUX ENFANTS
Déclarations
Mme KYUNG-WHA KANG (République de Corée) a affirmé que son pays avait consolidé son action à l’égard des enfants, et plus particulièrement à l’égard de leurs besoins et de leurs droits, par le biais d’un Plan global pour la protection des enfants publié à la veille de la session spéciale. Ce plan reprend l’essentiel des engagements compris dans le document «Un monde digne des enfants», notamment le renforcement du droit des enfants ainsi que l’amélioration de leur santé et de leur couverture sociale, a-t-il poursuivi. En outre, la représentante a affirmé que son gouvernement avait fait de l’éducation des enfants une haute priorité, précisant que tous –garçons et filles- avaient droit à neuf années d’éducation gratuite. Soulignant cependant les disparités existantes entre les deux sexes en matière d’éducation, elle a déclaré que son gouvernement avait mis en place plusieurs initiatives pour réduire ces disparités, et notamment une formation sur la question destinée aux professeurs, ainsi que des mesures favorisant l’emploi des femmes dans le pays.
M. JUAN ALFREDO BUFFA (Paraguay) a souligné le caractère prioritaire de la promotion des droits de l’enfant et des femmes dans son pays. Aussi, a-t-il dit, l’exécution de programmes nationaux en application du document final de la session extraordinaire de mai 2002 doit être accélérée. Le représentant a pris l’exemple de son pays où la mise en œuvre des Objectifs de développement du Millénaire a été étroitement liée à l’exécution du programme d’action en faveur des enfants. Notre gouvernement a mobilisé à cette fin les organisations de jeunesse, les enfants, les adolescents et les organisations non gouvernementales pour définir les objectifs du Programme national 2003-2013 pour la protection et la promotion des droits des enfants. Le code de protection des droits de l’enfant a été adopté et intègre les principales dispositions de la Convention internationale sur les droits de l’enfant. En outre, le Paraguay a ratifié les deux protocoles additionnels de cette Convention sur l’enrôlement des enfants dans les conflits armés et sur leur exploitation. Par ailleurs, a-t-il précisé, nous avons souscrit aux dispositions de l’Organisation internationale du travail (OIT) sur la prévention du travail des enfants. Enfin, a indiqué M. Buffa, une opération a été lancée récemment et qui consiste à offrir un verre de lait à chaque enfant en début de scolarité, 300 000 à ce jour, pour les sensibiliser aux bienfaits de cette denrée sur leur développement et aussi toucher leurs parents.
M. PRAVIT CHAIMONGKOL (Thaïlande) attache une haute importance à la protection des enfants contre les abus, l’exploitation et la violence. Outre un renforcement de sa législation, la Thaïlande a mis en oeuvre sa politique nationale et le Plan d’action de lutte contre le trafic de femmes et d’enfants (2003-2007), adopté dans une approche globale et intégrée pour traiter les problèmes à la racine. Une attention particulière a été accordée à la protection des filles, au moyen de l’éducation notamment. Par ailleurs, la délégation thaïlandaise, rappelant qu’une coopération internationale est indispensable dans la prévention et l’éradication du trafic d’enfants, a précisé que son gouvernement avait développé un partenariat étroit avec le système des Nations Unies et les gouvernements des pays voisins de la sous-région du Grand Mékong. Enfin, la Thaïlande s’est félicitée d’avoir accueilli de récents pourparlers de paix qui ont permis de réaffirmer l’engagement des parties concernées sur la question de refuser d’utiliser des enfants de moins de 18 ans dans les conflits armés et de les recruter avant l’âge de 17 ans.
M. RAM BABU DHAKAL (Népal) a déclaré que les enfants devaient être au centre de la quête pour la paix. Il a rappelé que des millions d’enfants étaient victimes de la pauvreté, de l’analphabétisme, des maladies et des conflits armés dans le monde: 11 millions d’enfants meurent tous les ans. Cela doit changer. La Déclaration du Millénaire et la Déclaration pour un monde digne des enfants nous indiquent le chemin à suivre. Le représentant a déclaré que la tâche à accomplir pour réduire la pauvreté de moitié et fournir à tous les enfants l’accès à l’éducation primaire d’ici 2015 était formidable et ambitieuse. Il a indiqué que son pays avait pris de nombreuses mesures pour protéger les enfants. Parmi ces mesures, la Constitution du Royaume du Népal garantit la protection des enfants et interdit le trafic d’êtres humains, l’esclavage et le travail forcé. En outre, un plan d’action stratégique a été mis en œuvre pour identifier les problèmes dans sept domaines clefs du travail des enfants, qui vont du travail dans l’industrie des tapis aux cas d’exploitation commerciale sexuelle. Ce Plan vise à éliminer les pires formes de travail des enfants d’ici 2007 et toute forme de ce travail en 2010. Nous visons aussi à atteindre un taux d’alphabétisation à 63%, a-t-il souligné. Par ailleurs, le Népal a créé un Ministère des enfants ainsi que des Tribunaux pour enfants. Le représentant a fait part des autres instruments internationaux auxquels son pays a souscrit pour lutter contre le travail des enfants, avec l’assistance des Nations Unies et de l’UNICEF.
Le représentant a déclaré qu’en dépit de ces efforts, la pauvreté persistait et les enfants continuaient de souffrir au Népal. Il a souligné que les brutalités des Maoïstes et leurs ambitions de défaire la démocratie en étaient responsables. Ils ont détruit des infrastructures et ont recruté des enfants pour en faire des enfants soldats. Le représentant a déclaré que son pays avait besoin de financement additionnel et de coopération technique pour appliquer les différentes politiques et programmes ainsi que pour améliorer la situation des enfants. Un rapport publié récemment a montré que nos ressources étaient loin d’être suffisantes pour atteindre les Objectifs de la Déclaration du Millénaire, a-t-il déclaré.
Mme ILHAM IBRAHIM MOHAMED AHMED (Soudan) a estimé que les droits de l’enfant constituaient une priorité depuis le Sommet tenu à New York en 1990 et souligné que la coopération internationale devait faciliter la mise en œuvre des dispositions arrêtées lors de ce Sommet et réaffirmées en mai 2002 lors de la session extraordinaire consacrée aux enfants. Sans assistance internationale, les pays en développement ne pourront relever les défis de la lutte contre la pauvreté et les conséquences néfastes de la mondialisation, a fait valoir la représentante, plaidant pour l’annulation de la dette des pays africains. Une telle mesure libèrerait des ressources que les gouvernements pourraient affecter à la lutte contre le paludisme, le VIH/sida, deux fléaux qui affectent largement les enfants et les jeunes, et permettrait également de lutter contre l’analphabétisme en investissant dans le secteur de l’éducation. La mise en œuvre de «Un monde digne des enfants» suppose un examen rigoureux des évaluations et des recommandations du Secrétaire général, a-t-elle dit, saluant l’initiative prise par le Secrétariat de préparer un rapport sur la violence à l’égard des enfants. Cette étude devrait intégrer les questions de lutte contre la pauvreté et l’illettrisme, mais aussi se pencher sur l’exploitation des enfants ou encore sur leur vulnérabilité aux violences sexuelles et à la pornographie, a-t-elle ajouté.
M. RAMNATH KOVIND (Inde) a affirmé qu’une étude réalisée en Inde a montré qu’un dollar investi dans l’enfant permet d’économiser 27 dollars dans les soins pour cet enfant devenu adulte: investir dans l’enfant, c’est donc investir dans l’avenir. L’Inde, qui dispose de la population infantile la plus importante au monde, a rappelé que le taux de mortalité infantile a chuté, de même que le taux de prévalence de malnutrition, sur la période s’étendant entre 1974 à 2000. Par ailleurs, la disponibilité d’eau potable est passée de 48% en 1990 à 78% en 2000. Le Gouvernement indien s’est efforcé de fournir des services et des soins à plus de 30 millions d’enfants de moins de six ans, en concentrant sa priorité sur le VIH/sida, a souligné la délégation, qui a réaffirmé l’engagement à créer un environnement favorable à la protection des victimes de la pandémie et un meilleur accès à l’information. Un programme national a également été lancé en ce qui concerne la mise à disposition d’ajouts nutritifs pour les fillettes et les mères, et le Gouvernement indien a l’intention de fournir une éducation gratuite pour les enfants de 6 à 14 ans d’ici 2010, en particulier pour les filles, a conclu le représentant.
Mme CHRISTINE KANGALOO (Trinité-et-Tobago), faisant état de la politique menée par son gouvernement en faveur des enfants, a souligné que son pays avait mis en place un système éducatif de qualité au primaire et au secondaire, qu’il encourageait la promotion de la protection de l’enfant et de ses droits, qu’il soutenait la participation des jeunes aux activités des communautés et au processus de prise de décisions au niveau national, et qu’il se consacrait également au problème du VIH/sida chez les jeunes. En outre, le représentant a souligné que son pays avait mis en place plusieurs programmes de sensibilisation et d’éducation sur les droits de l’enfant, auprès des écoles ainsi que par le biais de la télévision et de la radio. Il a également affirmé que les conséquences de la pauvreté sur la vie quotidienne des enfants et sur leur futur avaient été étudiées par le gouvernement, qui en avait fait l’une de ses priorités. Enfin, le représentant a fait valoir que son pays consacrerait environ 80 millions de dollars au cours des cinq prochaines années à la lutte contre le VIH/sida sous tous ses aspects, et notamment en ce qui concerne l’accès aux trithérapies et la prévention de la transmission mère-enfant.
VERS DES PARTENARIATS MONDIAUX
Rapport du Secrétaire général (A/58/227)
Dans son rapport, le Secrétaire général offre un tour d’horizon des modalités d’établissement et de fonctionnement des partenariats entre l’Organisation des Nations Unies et des acteurs non étatiques comme les entreprises, fondations et autres organisations du secteur privé. Il fait état de l’évolution récente de ces partenariats, qui remplissent un rôle croissant dans l’activité de l’Organisation.
En outre, il évoque certains événements récents, dont la Conférence internationale sur le financement du développement et le Sommet mondial pour un développement durable pour illustrer la diversité des formules de partenariats, qui vont de projets limités dans le temps, réalisés avec une poignée de participants, aux initiatives mondiales faisant intervenir une multitude d’acteurs. Ces partenariats, affirme le Secrétaire général, font aujourd’hui partie intégrante du travail d’un grand nombre d’organismes des Nations Unies et jouent un rôle particulièrement important en ce qui concerne l’application des engagements pris lors des grandes conférences et réunions organisées sous l’égide de l’ONU et l’action menée en vue d’atteindre les objectifs du Millénaire en matière de développement. Ils sont également de nature à contribuer à la rénovation de l’Organisation par les méthodes de travail neuves qu’ils y introduisent.
Le rapport examine également les enseignements tirés de l’expérience de ces partenariats ainsi que les enjeux à venir dans ce domaine. Le Secrétaire général estime que l’élaboration et la promotion de partenariat devraient obéir à une démarche plus cohérente et systématique et appelle notamment l’Organisation à offrir des incitations plus énergiques à la création de partenariats, à mettre en commun plus systématiquement les meilleures pratiques, à constituer une base plus solide de compétences en matière de négociations de partenariats, à créer des processus de suivi et de responsabilité plus rigoureux, à recenser et à diffuser les meilleures pratiques et à élaborer des outils et des directives génériques sur les partenariats. Enfin, il suggère que soient intensifiés les efforts de coordination interne au sein du système des Nations Unies afin de promouvoir une conception commune des partenariats.
Déclarations
M. JENÖ C.A. STAEHELIN (Suisse) a estimé que dans le contexte de la mondialisation économique et sociétale, les exigences de la «gouvernance globale» rendent nécessaire le développement d’une nouvelle «culture de collaboration». Il a rappelé que l’Assemblée générale avait dans cet esprit unanimement reconnu en 2001 le bien-fondé des partenariats mondiaux, une coopération faite de dialogues politiques avec le secteur privé. Son pays a soutenu et soutient toujours avec conviction le Global Compact lancé par le Secrétaire général, a précisé le représentant. Il a affirmé qu’en trois ans, cette initiative novatrice avait démontré qu’il était possible des rassembler des entreprises, l’ONU et ses agences, la société civile et des gouvernements à la recherche de solutions communes librement consenties. Il a toutefois souligné qu’un regard critique et constructif restait nécessaire quant aux activités et aux entreprises qui y souscrivent, afin d’éviter que l’initiative ne soit réduite à une action de relation publique. Dans ce sens, a-t-il poursuivi, la transparence et la responsabilité de tous les acteurs impliqués doivent demeurer des principes fondamentaux. Enfin, a-t-il conclu, Global Compact a achevé sa phase d’expérimentation, qui a demandé beaucoup de flexibilité, et le débat permanent qui habite cette initiative donne confiance en son avenir.
M. EVGENY A. STANISLAVOV (Fédération de Russie) a exprimé sa satisfaction devant les efforts déployés par les Nations Unies pour établir des partenariats multilatéraux, dont l’un des exemples les plus réussis reste le Groupe de travail sur les technologies de l’information et de la communication, qui réunit des représentants des gouvernements, des organisations internationales et du secteur privé. Dans l’ensemble, la Fédération de Russie recommande d’élargir la logique du partenariat, surtout en matière de développement, et s’est déclarée convaincue qu’attirer le monde des affaires dans ce partenariat constituait une avancée positive. Rejetant, à l’instar du Secrétaire général, l’idée d’un modèle unique de partenariat, le représentant a ajouté que toute innovation dans le cadre stratégique et dans la mise en œuvre effective des partenariats devait tenir compte des intérêts des Etats Membres des Nations Unies et contribuer à renforcer l’autorité et l’indépendance de l’Organisation.
M. NASSROLLAH KAZEMI KAMYAB (République islamique d’Iran) a estimé que les développements récents, notamment avec la tenue de la Conférence de Monterrey sur le financement du développement et le Sommet de Johannesburg sur le développement durable, ont renforcé le concept de pacte mondial. M. Kazemi Kamyab s’est prononcé en faveur d’un dialogue constructif sur la question des partenariats mondiaux avec la société civile et le monde des affaires. Les partenariats doivent s’inscrire dans le cadre défini par les Nations Unies dont le rôle doit être renforcé pour assurer la mise en œuvre des grandes orientations adoptées dans le cadre du développement durable. Le rôle de l’État ne doit pas être miné cependant par les partenariats car il demeure un acteur essentiel dans la mise en œuvre des Objectifs de développement du Millénaire. Le représentant a invité les multinationales à contribuer à ces partenariats en transférant des technologies et des connaissances, en investissant dans des pays en développement et en mettant à leur disposition des produits à bas prix, en particulier pour ce qui est de la médecine et des nouvelles technologies de l’information et de la communication.
M. ALDO MANTOVANI (Italie), s’exprimant au nom de l’Union européenne, a souligné que la réalisation des Objectifs du Millénaire ne serait possible qu’avec l’établissement de nouveaux partenariats. Il a en outre appelé les Nations Unies à renforcer leurs partenariats avec le secteur privé afin de mettre en place de nouvelles initiatives dans les pays en développement, notamment au moyen de projets de renforcement des capacités. Par ailleurs, le représentant s’est félicité du soutien international à l’égard du Pacte mondial des Nations Unies, lancé en 2000, et qui défini les principes de la bonne conduite dans les activités commerciales, principes désormais intégrés à la stratégie de plus de 1200 entreprises. Soulignant combien l’établissement de partenariats était encore une pratique nouvelle pour les Nations Unies et que les expériences menées en la matière permettaient d’apprendre et de progresser, le représentant a appelé les Nations Unies, aux côtés des institutions de Bretton Woods et de l’OMC, à encourager davantage la mise en place de tels partenariats afin de réaliser les objectifs de l’Organisation. Enfin, il a annoncé que l’Union européenne présenterait une résolution à cette session, qui met en avant les progrès de l’ONU en ce qui concerne les partenariats mondiaux.
Mme SIMIN MAHMOOD JAN (Pakistan) a jugé essentiel que dans le monde actuel, la coopération internationale soit renforcée, aussi bien entre les Membres des Nations Unies eux-mêmes, qu’avec les autres Etats, les Institutions de Bretton Woods, la société civile et le secteur privé, afin de promouvoir efficacement le développement. En outre, la représentante a insisté sur le rôle pivot que le secteur privé est appelé à jouer s’agissant de la réalisation des objectifs de développement, et notamment en ce qui concerne les échanges commerciaux, la dette, les investissements et l’industrie. Elle a aussi estimé que les acteurs privés pouvaient soutenir les activités opérationnelles des Nations Unies à l’égard des segments les plus défavorisés de la population. Cependant, elle a jugé fondamental que soient définis précisément le cadre et les limites d’une telle coopération, qui doit être fondée sur les principes contenus dans la Charte des Nations Unies et basée sur des règles de transparence, d’impartialité et d’intégrité notamment.
M. ZHANG YISHAN (Chine) a déclaré que ces dernières années avaient vu l’écart entre le nord et le sud se creuser et s’accroître le rôle considérable joué par le secteur privé dans la mondialisation, notamment les multinationales. En vue de transformer la mondialisation en une force positive, il a encouragé les Nations Unies à renforcer leur coopération avec les partenaires pertinents pour les encourager à atteindre les Objectifs de la Déclaration du Millénaire. Afin d’atteindre une meilleure coopération entre les Nations Unies et ses partenaires pertinents, le représentant a souligné certains points. La coopération avec les partenaires doit se conformer aux principes et objectifs de la Charte des Nations Unies ainsi qu’aux règlements et procédures de l’ONU, sans que ce soit fait au détriment de sa nature intergouvernementale. Les partenariats doivent arriver en complément, et non en substitution à la coopération intergouvernementale. Le représentant a souligné que les Nations Unies devraient adopter des formes de coopération diverses et flexibles avec les partenaires pertinents. Les partenariats doivent être orientés vers l’action. La coopération devrait avoir pour but d’atteindre les objectifs définis par les Nations Unies dans le domaine du développement. Enfin, le représentant a estimé que les partenariats doivent être régulés afin d’assurer leur qualité. Des directives détaillées, ainsi que des critères de comportement dans le domaine du développement durable, tels que formulés par la Commission sur le développement durable lors de sa 11ème session pourraient orienter utilement les partenariats avec les Nations Unies dans le domaine du développement.
M. FRANCIS K. BUTAGIRA (Ouganda) a estimé que le renforcement de la coopération entre les Nations Unies et tous les partenariats concernés, y compris le secteur privé, pouvait permettre d’aider à la réalisation des Objectifs du Millénaire. Il s’est dit convaincu que de nombreux partenariats avaient dores et déjà pris en compte des domaines divers, comme le soutien à l’éducation, l’élimination du travail des enfants, la promotion des programmes en direction de la jeunesse ou des droits de l’homme, etc. Il a souligné que ceux-ci étaient donc particulièrement utiles pour les pays en développement, qui ont le plus souvent du mal à mobiliser les ressources financières nécessaires pour la mise en œuvre de leurs programmes de développement et d’éradication de la pauvreté. «Les partenaires, en particulier ceux du secteur privé, peuvent tout à fait venir compléter les efforts des gouvernements», a-t-il poursuivi, prenant l’exemple de son pays où de telles expériences ont eu lieu dans le cadre de la lutte contre le VIH/sida, la malaria et la tuberculose, ainsi que dans les domaines des infrastructures de développement et de maintenance. Mais il est bien entendu que ces partenariats ne peuvent en aucun cas se substituer à la responsabilité des Etats dans la mise en route de leurs objectifs de développement et dans leur lutte pour éradiquer la pauvreté, a précisé le représentant, pas plus qu’ils ne peuvent remplacer celle de la communauté internationale.
APPLICATION ET SUIVI INTÉGRÉS ET COORDONNÉS DES TEXTES ISSUS DES GRANDES CONFÉRENCES ET RÉUNIONS AU SOMMET ORGANISÉES PAR LES NATIONS UNIES DANS LES DOMAINES ÉCONOMIQUE ET SOCIAL ET DANS ELS DOMAINES CONNEXES
Rapport du Secrétaire général (A/58/359)
Conformément aux dispositions de la résolution 57/270B de l’Assemblée générale, le rapport du Secrétaire général s’attache principalement à déterminer les éléments fondamentaux du cadre qui sont essentiels pour intégrer ces processus de suivi et pour assurer que l’on se concentre davantage sur l’application. Il rappelle que la résolution 57/270B a été adoptée le 23 juin 2003 sur proposition du groupe de travail à composition non limitée placé sous la présidence du Président de l’Assemblée et chargé de formuler des recommandations concrètes visant à assurer un suivi intégré et coordonné Aux termes de cette résolution, rappelle le Secrétaire général, l’Assemblée a décidé d’examiner, entre autres, l’évaluation de l’application des textes issus des conférences et réunions au sommet et ses incidences sur la réalisation des buts et objectifs desdites conférences et réunions; ainsi que les chapitres du rapport annuel du Conseil économique et social ayant trait à cette question.
Le rapport présenté par le Secrétaire général s’attache à mettre en lumière les éléments fondamentaux du cadre que donne la résolution qui serviraient à regrouper les différentes activités touchant l’application des textes issus des grandes conférences et réunions au sommet des Nations Unies; et à déterminer les questions requérant une attention immédiate durant la session en cours de l’Assemblée générale. A ce titre, il rappelle que le cadre de travail défini par l’Assemblée générale prévoit la mise en place d’un environnement favorable aux niveaux national et international; souligne l’importance des moyens d’application; précise le rôle du système des Nations Unies et des autres parties prenantes, notamment la société civile et le secteur privé; et prévoit l’examen des progrès réalisés dans l’application. Le rapport précise, en outre, le rôle assigné à chacun des organes des Nations Unies dans le suivi des grandes conférences et sommets sur le développement, à savoir l’Assemblée générale et la Deuxième commission et le Conseil économique et social et ses commissions techniques.
Dans ses recommandations, le Secrétaire général suggère, concernant l’examen de l’application et du suivi intégrés et coordonnés des textes issus des grandes conférences, d’engager en temps utile des consultations pour examiner le programme de travail indicatif de la Deuxième Commission, tel qu’il figure à l’annexe à la résolution 57/270 B, afin d’assurer qu’une décision soit adoptée avant décembre 2003. Il propose également à l’Assemblée générale de commencer, dès la présente session, l’évaluation du fonctionnement des mécanismes de suivi mis en place aux termes du chapitre III du Consensus de Monterrey et donner des directives sur le rapport qui doit être établi au titre de ce point de l’ordre du jour pour sa cinquante-neuvième session.
Déclarations
M. ABDELLAH BENMELLOUK (Maroc), intervenant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a estimé que la communauté internationale était parvenue à des résultats concluants sur la problématique du développement avec les engagements contenus dans la Déclaration du Millénaire ainsi que ceux issus des Conférences de Copenhague, sur le développement social, de Monterrey, sur le financement du développement, et de Johannesburg sur le développement durable. La communauté internationale dispose désormais d’une Feuille de route claire à même de guider nos actions et d’orienter nos efforts en vue de la réalisation des conditions propices à un développement durable et harmonieux et à un partage équitable des bénéfices de la mondialisation, a poursuivi M. Benmellouk. Toutefois, pour assurer la concrétisation des objectifs définis dans chacun de ces documents, le Groupe des 77 et la Chine a lancé l’initiative de la création d’un Groupe de travail ad hoc chargé d’examiner les voies et moyens susceptibles d’assurer le suivi et la mise en œuvre coordonnés des résultats des grandes conférences et sommets tenus sous l’égide des Nations Unies dans les domaines économique et social. Le représentant s’est félicité ensuite de l’adoption de la résolution 57/270B, de la décision d’organiser, en 2005, un sommet consacré au développement et d’associer par ailleurs la CNUCED à la réunion annuelle de l’ECOSOC sur le financement du développement.
Le Groupe des 77 et la Chine considère qu’au moment où les pays en développement ne cessent de déployer des efforts en matière de réformes économiques et sociales, et ce en dépit d’immenses contraintes, il incombe aux pays développés d’accompagner ces efforts en souscrivant à leurs engagements en faveur du développement, a estimé M. Benmellouk. Au nom des principes de solidarité, de partenariat et de coresponsabilité, les pays développés sont appelés à prendre des mesures visant notamment l’accès aux marchés pour les produits originaires des pays en développement, l’augmentation de l’aide publique au développement, la réduction de la dette extérieure des pays en développement, voire son annulation pour les PMA, la promotion des investissements étrangers directs en direction des pays du sud, et la contribution au Fonds de lutte contre les grandes épidémies. Revenant sur les modalités d’organisation du sommet prévu en 2005, M. Benmellouk a souhaité qu’il soit l’occasion de replacer la question du développement dans les priorités de l’Agenda des Nations Unies, faisant valoir que les questions de sécurité sont étroitement liées à la lutte contre la pauvreté et la misère. Enfin, s’agissant de l’évaluation des mécanismes de suivi de la Conférence internationale sur le financement du développement, le Groupe des 77 et la Chine est prêt à l’entamer après le Dialogue de haut niveau pour le financement du développement, prévu les 29 et 30 octobre prochains, a conclu le représentant.
M. MARCO BALAREZO (Pérou), s’exprimant au nom du Groupe de Rio, a affirmé que les conférences et sommets tenus sous l’égide des Nations Unies constituaient un cadre de travail programmatique et conceptuel pour discuter des grandes questions que sont l’éradication de la pauvreté et l’amélioration de la qualité de vie des populations du monde. Afin de coordonner les divers mécanismes et d’intégrer le travail fourni par les acteurs impliqués dans ce processus, le Groupe de Rio a pris note de la proposition du Président du Conseil économique et social de renforcer le rôle de l’ECOSOC et sa fonction de coordination, de même que d’accroître ses relations avec les institutions de Bretton Woods et avec l’OMC. Le Groupe de Rio insiste davantage encore sur la nécessité d’examiner périodiquement les progrès accomplis dans la mise en oeuvre des objectifs des grandes conférences et sommets des Nations Unies, pour consolider les progrès déjà enregistrés comme pour élaborer des mesures en vue de surmonter les obstacles à venir. Pour cette raison, le Groupe de Rio accueillerait avec intérêt la tenue d’un sommet en 2005 pour faire une évaluation, qui coïnciderait avec l’examen complet de la mise en œuvre de la Déclaration du Millénaire, dont l’objectif 8 est de créer un partenariat global pour le développement, a ajouté le représentant.
M. ALDO MANTOVANI (Italie), s’exprimant au nom de l’Union européenne, a rappelé qu’à la fin du mois d’octobre 2003, l’Assemblée générale allait tenir un dialogue de haut niveau sur le financement du développement. L’Union européenne a souhaité le plein succès à cette rencontre, soulignant par avance l’importance du suivi des mécanismes établis dans le Consensus de Monterrey. La réussite de ce dernier tenait au fait qu’il était basé sur un partenariat novateur entre les Nations Unies, le Bureau international du Travail (BIT) et l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Ces organismes ont non seulement démontré toute l’importance de l’application du consensus mais aussi qu’il leur était possible de travailler ensemble, chacun avec son mandat respectif, pour réaliser un objectif commun, a-t-il expliqué. Il s’agit du début d’une nouvelle ère de coopération, basée sur une communauté internationale soudée et efficace dans l’application de son Agenda commun pour le financement du développement, a-t-il espéré. Il a encore expliqué que la résolution 57/270B de l’Assemblée générale exprimait le besoin de renforcer la cohérence des Nations Unies, notamment dans les relations entre l’Assemblée générale et l’ECOSOC, à travers un processus de consultations plus fréquentes. D’autant que l’ECOSOC devrait jouer un rôle central dans la coordination et la promotion du consensus, a-t-il conclu.
M. SYED NAVEED QAMAR (Pakistan) s’est félicité que l’on avait donné au Conseil économique et social un rôle central en ce qui concerne la coordination internationale et l’évaluation des progrès relatifs à la mise en œuvre des objectifs de développement. Il a également fait valoir que son pays se réjouissait de participer aux discussions destinées à élaborer un programme de travail pluriannuel lors du segment de coordination de l’ECOSOC. En outre, il a estimé que ce processus d’évaluation devrait être réalisé par les commissions techniques de l’ECOSOC. Il a également suggéré que le suivi de la mise en œuvre des Objectifs de développement soit basé sur des critères élaborés et adoptés unanimement par le biais d’un processus intergouvernemental. De même, il a jugé important que soient régulièrement établis des rapports sur le suivi de la mise en œuvre des Objectifs de développement du Millénaire.
M. ZHANG YISHAN (Chine) a estimé que pour faire avancer la mise en œuvre des objectifs des principales conférences et sommets de l’ONU, l’Organisation devait changer fondamentalement sa tendance à donner la priorité au maintien de la paix plutôt qu’à la promotion du développement. Les Nations Unies doivent établir une culture du développement, renforcer les agences du développement et consacrer davantage de ressources à cette question, a-t-il poursuivi. En outre, il a jugé essentiel que la coopération entre les Nations Unies, les institutions de Bretton Woods, ou l’Organisation mondiale du commerce soit renforcée, de manière à mieux élaborer et mieux coordonner les politiques de développement. Dans le même ordre d’idées, il a fait valoir qu’une réforme profonde de l’ECOSOC était essentielle afin que le rôle des Nations Unies en matière de développement soit renforcé, que le rôle des gouvernements soit davantage pris en compte plutôt que remplacé par des partenariats, que les droits des pays en développement à participer au processus de prise de décisions soient respectés, et que la participation de la société civile à la coopération en matière de développement se fasse selon des règles établies.
M. ISMAIL MUSTAPHA (Malaisie) a rappelé que la plupart des conférences et des sommets avaient pour but de faire progresser le consensus multilatéral sur certaines thématiques. Abordant le suivi de la mise en oeuvre des résultats des grandes conférences et sommets consacrés au développement économique et social, M. Ismail Mustapha a plaidé pour des approches intégrées, conformément aux dispositions de la résolution 57/270B, et exhorté dans ce contexte le Conseil économique et social à jouer un rôle actif. Trois priorités ont été fixées par le Secrétaire général, a-t-il souligné ensuite, tout d’abord le renforcement des initiatives en cours grâce à une évaluation rigoureuse et une meilleure concordance des programmes mis en œuvre par les organismes et agences des Nations Unies. Le système de coordination des secrétariats des Nations Unies doit être revitalisé, a-t-il ajouté, avant d’aborder la seconde priorité, les activités de suivi, en suggérant que l’ECOSOC centralise les évaluations des différents programmes par le biais de ses commissions techniques. Le représentant a salué l’organisation, par l’ECOSOC, de réunions intersectorielles entre ses commissions fonctionnelles et techniques, et recommandé l’adoption d’un programme de travail pluriannuel par le bureau de l’ECOSOC avant le début de sa session de fond de 2004. L’ECOSOC pourrait envisager, d’ici la mise en œuvre de ce programme de travail pluriannuel, l’examen d’une question thématique par les commissions fonctionnelles, a déclaré M. Ismail Mustapha, afin de tester la capacité de ses organes à évaluer les progrès réalisés dans certains domaines-clefs du développement économique et social.
M. OLIVIER CHAVE (Suisse) a souligné que, malgré l’importance du travail réalisé, la mise en évidence des Objectifs du Millénaire est restée en deçà des attentes suscitées lors de l’adoption de la Déclaration. En revanche, il s’est réjoui des décisions prises concernant les méthodes de travail de l’ECOSOC, faisant part de points qui lui ont paru tout particulièrement importants, dont l’assouplissement du programme de travail pluriannuel de l’ECOSOC et de ses commissions techniques, l’adoption de méthodes plus opérationnelles, une meilleure coordination des différents services du Secrétariat et une meilleure coordination des efforts à tous les niveaux entre tous les acteurs. Sur un autre plan, la Suisse reconnaît le bien-fondé des observations du Groupe de travail sur l’importance des ressources nécessaires à la mise en œuvre des recommandations des conférences et sommets. Toutefois la délégation a regretté que les ressources de l’aide publique au développement disponibles pour la réalisation des engagements pris dans la Déclaration du Millénaire restent limitées, préconisant un recours à des solutions plus novatrices. La Suisse, enfin, considère que le Consensus de Monterrey, en particulier son chapitre III, constitue un pas dans la bonne direction, reconnaissant la nécessité de toutes les parties prenantes dans l’achèvement des Objectifs du Millénaire.
M. MOHAMED FADHEL AYARI (Tunisie) a déclaré que les diverses conférences et réunions au sommet, notamment la Déclaration du Millénaire, les Conférences de Monterrey et le Sommet de Johannesburg avaient suscité beaucoup d’espoirs, notamment dans les pays en développement. Mais force est de constater que les objectifs de développement ne seront pas atteints dans de nombreux pays, a-t-il regretté. Certes, c’est aux pays eux-mêmes qu’incombe la responsabilité première d’atteindre les objectifs fixés, mais leurs efforts nécessitent l’implication de la communauté internationale, a-t-il dit. Le succès des pays en développement dépend aussi de l’instauration d’un climat économique favorable, a-t-il déclaré. L’ampleur des problèmes et la complexité des obstacles que doivent surmonter les pays en développement exigent que l’on se montre beaucoup plus résolu et que l’on consacre plus de ressources tant au niveau national qu’international pour garantir à ces pays une croissance économique et un développement soutenu et durable. L’aide publique au développement ne cesse de reculer. Il importe que les pays donateurs honorent les engagements qu’ils ont souscrits d’augmenter l’aide pour qu’elle atteigne le niveau de 0,7% de leur revenu national brut. L’allègement de la dette doit être plus important et rapide, a-t-il demandé. Il est indispensable de faciliter et d’améliorer l’accès des produits des pays en développement aux marchés mondiaux, ce qui exige une réduction des subventions agricoles et l’élimination des barrières tarifaires. Il a souligné qu’il était de la plus haute importance d’examiner régulièrement les progrès accomplis dans l’application des textes issus des grandes conférences et réunions au sommet des Nations Unies. La mise en oeuvre des engagements pris par la communauté internationale est la seule voie qui mènera à un monde meilleur, a-t-il conclu.
Mme JEANETTE NDHLOVU (Afrique du Sud) a jugé important que les directives de l’Assemblée générale et de l’ECOSOC relatives à la mise en œuvre des objectifs des principales conférences de l’ONU soient intégrées au programme de travail et aux activités opérationnelles des fonds et programmes de l’Organisation. Insistant sur la nécessité de renforcer le rôle de l’Assemblée générale pour coordonner et intégrer la mise en œuvre des objectifs de développement, et soulignant également l’importance du rôle de l’ECOSOC et des institutions de Bretton Woods en la matière, elle a estimé que, d’une manière générale, les Nations Unies devaient être le coordinateur majeur qui suivrait la mise en œuvre de ces objectifs à tous les niveaux et de la part de tous les acteurs, qu’il s’agisse des gouvernements nationaux, des institutions régionales, mondiales et de la société civile. Evoquant par ailleurs la question de la mise en œuvre de la session extraordinaire sur les enfants, la représentante a souligné que le quotidien des enfants avait été amélioré dans différentes parties du monde grâce au travail de l’UNICEF et a appelé la communauté internationale à respecter les engagements pris dans la Déclaration intitulée «Un monde digne des enfants», adoptée en 2002. Sur la question de la crise mondiale de la sécurité routière, la représentante a appuyé la recommandation du Secrétaire général qui appelle la communauté internationale à renforcer sa coopération et à soutenir le développement des capacités nationales face à ce problème.
M. YERZHAN KH. KAZYKHANOV (Kazakhstan) s’est félicité du consensus émergent sur la prise en considération des textes issus des grandes conférences et des sommets des Nations Unies sur les questions économiques et sociales comme base de l’action internationale en faveur du développement durable. A ce titre, il a prôné une meilleure coordination entre les échelles d’action nationale, régionale et mondiale pour atteindre les résultats escomptés dans la Déclaration du Millénaire. Au Kazakhstan, le premier rapport présenté sur les Objectifs de développement du Millénaire, le premier d’un État de la région, souligne bien l’importance de la bonne gouvernance, de l’appropriation des programmes de développement et de l’identification de nouvelles sources de financement pour remplir ces objectifs d’ici à 2015. M. Kazykhanov a exprimé l’intérêt de sa délégation dans le Dialogue de haut niveau sur le financement du développement qui se tiendra la semaine prochaine à New York et souhaité qu’il constitue une étape de l’examen de la mise en œuvre du Consensus de Monterrey et permette d’identifier les obstacles et les performances. Enfin, le Kazakhstan a apporté son appui à la convocation, en 2005, d’un sommet sur le développement qui serait chargé d’évaluer les progrès réalisés dans la mise en œuvre des orientations définies à Monterrey et à Johannesburg.
M. REZLAN ISHAR JENIE (Indonésie) a fait valoir que si au niveau national des politiques appropriées et des stratégies de développement sont nécessaires pour atteindre les objectifs du développement, il n’en reste pas moins que la globalisation du système économique exige la création d’un environnement international à même de soutenir ces efforts. Cette approche holistique suppose la formulation d’une stratégie globale et, à cette occasion, la délégation a appelé le Groupe de haut niveau de personnalités éminentes à renforcer la mise en oeuvre des résultats des grandes conférences et sommets des Nations Unies. Dans ce contexte, l’Assemblée générale, le Conseil économique et social et les commissions qui en dépendent doivent aussi jouer un rôle crucial. A cette fin, il est donc indispensable de parvenir à une plus grande cohérence et à une meilleure coordination dans les travaux de l'Assemblée générale, notamment en plénière et en Seconde et Troisième Commissions, a précisé la délégation indonésienne, qui a préconisé pour conclure un examen global éventuel en 2005 pour achever le processus de mise en œuvre de la Déclaration du Millénaire.
M. STAFFORD NEIL (Jamaïque) a déclaré que seulement quatre mois se sont écoulés depuis l’adoption de la résolution 57/270B, et déjà des mesures concrètes ont été prises dans un certain nombre de domaines, tant à l’Assemblée générale qu’au Conseil économique et social pour donner effet à ses dispositions et recommandations cruciales. Il a regretté de n’avoir pas reçu plus de détails concernant les mécanismes établis en fonction du Chapitre III du Consensus de Monterrey et a souligné qu’il était important de fournir des informations aux délégations à l’avenir. Le Conseil économique et social a un rôle à jouer en matière de contrôle et reste l’organe le plus approprié pour coordonner le suivi et l’application des engagements pris lors des conférences et sommets des Nations Unies, a-t-il remarqué. Il faut relancer la cohérence, la coordination et la coopération aux niveaux intergouvernementaux et entre l’ECOSOC et les organisations intergouvernementales telles que les institutions de Bretton Woods et l’Organisation mondiale du commerce. Les rencontres annuelles de printemps entre ces trois organes devraient d’ailleurs être renforcées. Le représentant a estimé que des contrôles efficaces concernant les plus importantes conférences des Nations Unies étaient vitaux pour maintenir les politiques en cours et identifier les nouveaux défis, mais aussi pour contraindre à l’application des engagements. Le travail en cours pour s’assurer de la mise en œuvre des engagements est l’un des éléments importants de la revitalisation de l'Assemblée générale et devrait en conséquence être traité comme un sujet de la plus haute priorité, a-t-il conclu.
M. KALAVENKATA RAO (Inde) a déclaré que l’application des principales décisions prises lors des sommets et conférences de l’ONU dans la précédente décennies constitue un enjeu de taille pour les pays en développement. Si des progrès notables ne sont pas accomplis au niveau de la coopération internationale, ces projets -y compris ceux de la Déclaration du Millénaire- ne verront jamais le jour, a indiqué le représentant. Il a encore rappelé les engagements pris par les pays développés, devenus depuis des obligations, comme l’aide au développement, l’allègement de la dette et l’accès au marché. Il a suggéré notamment l’adoption d’une approche intégrée et coordonnée pour passer en revue les applications des décisions des conférences. Le Conseil économique et social (ECOSOC), a-t-il indiqué, pourrait à cet égard jouer un rôle majeur, dans la mesure où il poursuit un programme pluriannuel d’identification des projets thématiques transsectoriels. M. Rao a encore souhaité une plus grande synergie dans l’organisation des conférences annuelles, celles de l’ECOSOC, du FMI et de la Banque mondiale, de l’OMC et de l’UNCTAD, d’un côté, et de l’autre les débats de haut niveau organisés tous les deux ans par l’Assemblée générale des Nations Unies. Enfin, le représentant a aussi approuvé les mécanismes d’application des décisions tels qu’adoptés dans le Consensus de Monterrey.
M. WALID MAALOUF (Etats-Unis) a approuvé le cadre prévu par les Nations Unies pour procéder à l’examen des résultats obtenus dans le suivi des grandes conférences et sommets des Nations Unies sur le développement économique et social. Les bureaux des Deuxième et Troisième Commissions sont intervenus pour éviter les chevauchements entre les deux organes dans l’examen des progrès et des obstacles rencontrés dans la mise en œuvre du Consensus de Monterrey sur le financement du développement et du Sommet de Johannesburg sur le développement durable, a-t-il ajouté avec satisfaction. Exhortant ensuite les délégations à s’éloigner de la rhétorique stérile, M. Maalouf a souligné que le travail de la Commission du développement durable lors de sa onzième session devait inspirer les autres commissions, en particulier pour ce qui est des réformes envisagées dans son programme de travail et de l’implication du secteur privé et de la société civile à ses travaux.
2001-2010: DECENNIE POUR FAIRE RECULER LE PALUDISME DANS LES PAYS EN DEVELOPPEMENT, PARTICULIEREMENT EN AFRIQUE- ETAT DE L’APPLICATION DE LA RESOLUTION 57/294 DE L’ASSEMBLEE GENERALE
Note du Secrétaire général (A/58/136 et Corr.1)
Le rapport du Secrétaire général, établi par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) contient une mise à jour sur l’application des recommandations figurant dans la résolution 57/294 de l’Assemblée générale. Il examine dans un premier temps l’état de la mobilisation des ressources et du financement de la lutte contre le paludisme; il donne ensuite des exemples de méthodes qui ont permis d’intégrer le contrôle de cette maladie dans des approches sectorielles de la planification de la santé et du développement. Un autre chapitre décrit les efforts déployés par les organismes des Nations Unies et d’autres institutions pour renforcer le partenariat visant à faire reculer le paludisme. Le Secrétaire général examine ensuite l’état des taxes et des droits de douanes sur les moustiquaires ainsi que les efforts déployés pour faciliter l’accès aux médicaments antipaludiques. Il rappelle les termes de la déclaration d’Abuja établie en 2000, qui engage les gouvernements à «réduire ou à éliminer les taxes et les droits de douane sur les moustiquaires et autres équipements, les insecticides, les médicaments antipaludiques et d’autres biens et services recommandés qui sont nécessaires pour lutter contre le paludisme». A cet égard, le Secrétaire général se félicite du fait que 18 pays aient, à ce jour, réduit ou éliminé les taxes et les droits de douanes, mais il ajoute que 30 pays où le paludisme est endémique n’ont pas encore indiqué clairement qu’ils avaient agi dans le même sens.
En conclusion, le Secrétaire général rappelle qu’environ un milliard de dollars par an sont nécessaires pour lutter activement contre le paludisme en Afrique, et qu’on ne dispose actuellement que d’un quart de ces ressources environ. Il engage donc la communauté internationale à accroître son appui financier au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Parmi un certain nombre d’autres recommandations, il prie les pays où le paludisme est endémique d’accroître le montant des ressources nationales affectées à la lutte contre cette maladie, exhorte tous les Etats Membres africains qui ne l’ont pas encore fait à mettre en œuvre la recommandation du Sommet d’Abuja et invite la communauté internationale et, en particulier les milieux commerciaux et financiers internationaux, à promouvoir l’installation d’usines viables en Afrique pour qu’elles fabriquent le plus grand nombre possible de moustiquaires imprégnées. Enfin, le Secrétaire général prie instamment l’industrie pharmaceutique de prendre acte de la demande croissante de traitements antipaludéens de qualité et à faible coût, notamment en Afrique, et de mettre en place des alliances et des partenariats pour veiller à ce que personne ne meurt du paludisme à cause du coût trop élevé du traitement.
Déclarations
M. ANTONIO ALESSANDRO (Italie), au nom de l’Union européenne et des pays associés, a apprécié le changement d’attitude de ces dernières années qui a mis le problème de la malaria en tête des agendas des gouvernements, des organisations internationales et des programmes de développement. Il a reconnu la nécessité de disposer de plus de ressources pour mettre en œuvre des actions concrètes. Faire reculer ces maladies est essentiel pour le continent africain, a-t-il noté. Sur les 500 millions de personnes souffrant du paludisme, 450 millions - soit 90% du total- vivent en Afrique subsaharienne. Il a exprimé sa profonde préoccupation face à cette situation. Il faut que les gouvernements et le secteur privé accélèrent la recherche sur le paludisme. Près de 60 millions de dollars sont investis chaque année dans la recherche contre le paludisme et 200 millions sont dépensés annuellement pour traiter les patients, distribuer des moustiquaires et des insecticides. A cet égard, l’Union européenne s’est engagée à renforcer et augmenter son soutien à la recherche et au développement.
Le représentant a expliqué que dans le cadre du Programme d’action européen (1998-2002), 26 projets de recherche d’un coût de 30 millions d’euros ont été mis en place. En juillet dernier le Parlement européen a adopté des règlements pour lutter contre les maladies dans les pays les moins avancés. Peu de pays en développement disposent de la capacité de fabriquer des médicaments. Il a encouragé les parties intéressées de l’industrie pharmaceutique à promouvoir la production locale pour les marchés locaux, visant à un transfert de technologie. De nombreux pays africains combattent le paludisme, mais ils ne peuvent le faire seuls. Tout comme le HIV/sida et la tuberculose, cette maladie demande une réponse globale, bien coordonnée et consistante, ce qui est bien en dessous des ressources financières et humaines de nombreux pays en développement. En raison de leur nature transnationale, ces maladies demandent une réponse de la part de la communauté internationale. M. Alessandro a espéré l’espoir que si les pays développés, les pays en développement et le secteur privé travaillaient ensemble vers ce but commun, le paludisme pourrait être définitivement éradiqué partout dans le monde, tout comme il l’a été en Europe, a-t-il conclu.
M. MARTIN ANDJABA (Namibie) a indiqué que la malaria continuait d’être un problème majeur de santé publique dans son pays, et ce malgré la mise en place de stratégies de contrôle et de prévention à tous les niveaux dans le système de santé. Selon les statistiques établies par les services de santé, sur les 450 000 cas déclarés chaque année, on a dénombré 800 morts. Les femmes enceintes et les enfants de moins de cinq ans ont un risque élevé de contracter la maladie et d’en subir ensuite les conséquences, a-t-il souligné. Il a expliqué également que le principal problème pour combattre ce fléau était l’absence de moyens adéquats et le manque de personnel formé à cet effet. Or la malaria peut être prévenue, traitée et soignée, comme l’a montré clairement le Rapport du Secrétaire général, a-t-il rappelé. L’effort de la communauté internationale est donc crucial, a encore dit le représentant, la priant instamment de bien vouloir poursuivre les recherches en cours sur un vaccin, et d’appuyer toute volonté de transfert de technologie permettant de produire sur place les médicaments préventifs.
M. AHMED ABOUL GHEIT (Egypte) a souligné que 90% des cas de paludisme étaient concentrés en Afrique et que les enfants et les jeunes en étaient souvent les premières victimes. Pourtant le paludisme est l’une de ces maladies que l’on peut guérir si elles sont prises à temps, a-t-il affirmé, appelant la communauté internationale à renforcer le financement international pour la lutte contre le paludisme, aujourd’hui encore largement insuffisant. En outre, le représentant a souligné combien la maladie et la pauvreté étaient étroitement liées, jugeant essentiel d’agir également sur la pauvreté. Combien d’enfants seront morts pendant que j’aurais fait ma déclaration, ou pendant que ce débat se sera déroulé? s’est ensuite interrogé le représentant. Combien doivent encore mourir pour que la communauté internationale prenne de réelles mesures pour éradiquer cette maladie guérissable? a-t-il ajouté, estimant qu’une partie de l’argent consacré à l’armement aujourd’hui pourrait être utilisée pour éradiquer l’épidémie.
Mme JUDITH MBULA BAHEMUKA (Kenya) a indiqué que son pays était signataire de la Déclaration d’Abuja pour faire reculer le paludisme. Pour répondre à cet engagement, son gouvernement a modifié les taxes et les droits de douane sur les moustiquaires imprégnées d’insecticides. Une stratégie nationale contre le paludisme a aussi été mise en place, a-t-elle expliqué. Elle consiste à intégrer la lutte contre la maladie à tous les niveaux du système de santé, à réduire les risques de contamination pour les femmes enceintes, à promouvoir l’usage des moustiquaires imprégnées d’insecticides et à répondre aux épidémies. Le Conseil national de contrôle du paludisme a été transformé en Comité de coordination interagences, qui a travaillé à l’amélioration des instruments de gestion politique et financier, permettant de solliciter et de diriger les investissements pour faire reculer le paludisme au Kenya, a-t-elle affirmé. Son objectif vise en effet à réduire de 30% la mortalité due au paludisme d’ici à 2006 et à soutenir les niveaux de contrôle de son implantation jusqu’en 2010, a-t-elle encore précisé. Mettant en avant les efforts effectués par son pays au niveau national, il a ensuite sollicité l’appui de la communauté internationale pour venir à bout du fléau.
M. KODJO MENAN (Togo) a déclaré qu’il était encourageant de noter que la prévention et la lutte contre le paludisme étaient redevenues des objectifs prioritaires aux plans national et international. Ainsi que le rappelle le rapport du Secrétaire général, l’administration de médicaments et le recours aux moustiquaires imprégnées d’insecticides demeurent aujourd’hui le seul rempart efficace contre la maladie. Cependant l’accès à ces moustiquaires demeure relativement limité en Afrique en raison de leur coût élevé, a souligné le représentant. C’est pourquoi le Togo a salué la proposition du Secrétaire général, qui engage les compagnies pétrolières à contribuer à l’Initiative «Faire reculer le paludisme en Afrique» en fournissant à des prix extrêmement réduits des polymères qui serviront à la fabrication de moustiquaires. Pour témoigner de l’engagement du Togo à poursuivre les efforts visant à la promotion de la santé du peuple togolais, le chef d’Etat togolais lui-même a annoncé la décision de son gouvernement de baisser les tarifs douaniers sur les moustiquaires imprégnées d’insecticides. Il a par ailleurs jugé réconfortant le lancement d’un produit appelé Lapdap destiné à combattre la forme de la malaria la plus meurtrière et la plus répandue en Afrique subsaharienne.
M. AMARE TEKLE (Erythrée) a déclaré que l’examen des trois premières années de la Déclaration de la Décennie pour l’élimination du paludisme nous permettra d’identifier et de revoir nos priorités et approches. Le paludisme n’est pas une nouvelle maladie, contrairement au VIH/sida, a-t-il fait remarquer. Dans certaines régions, la maladie a réapparu et même dans certaines zones où elle avait disparu. Dans la corne de l’Afrique, y compris l’Erythrée, 30% de la population est atteinte. Pire, près de 70% de la population vit dans des régions à risque. En Erythrée, le taux de mortalité enfantine causé par le paludisme est de 7,4%. La principale raison du développement du paludisme dans la corne de l’Afrique est la guerre. De plus, le paludisme a un effet dévastateur sur nos économies; la maladie est débilitante et les zones où elle est endémique ne pourraient être utilisées pour l’agriculture. Le Gouvernement érythréen a fait face au problème depuis 1991 avec le sérieux mérité. Parmi les mesures que nous avons prises, un programme quinquennal a été mis en œuvre pour empêcher que les groupes les plus vulnérables soient atteints. Nous voulons réduire les épidémies de paludisme de 90% d’ici à 2005. Le programme suit son cours. Le Ministère de la santé a confié à des agents de santé les services de contrôle; ils sensibilisent le public dans les villages et identifient les sites où le paludisme prospère; ils coordonnent les activités, notamment le drainage. Par ses bureaux régionaux et locaux, le Ministère distribue des moustiquaires imprégnées d’insecticide et le représentant a émis l’espoir que d’ici 2005 tous les foyers auront des moustiquaires. Nous procédons aussi à des tests de pulvérisation d’insecticide, a-t-il déclaré. Le représentant a assuré que pour que la campagne réussisse, elle devait aller au-delà des frontières du pays. Les défis sont nombreux mais pas insurmontables, a-t-il conclu.
M. VINCENT T. RAJALINGAM (Fidji) a fait valoir que la région dans laquelle se trouvait son pays, certes moins touché par le paludisme que d’autres, avait mis en place des mesures préventives afin que la pandémie ne prenne pas de plus grandes proportions. Le représentant a également souligné que l’allégement des pandémies telles que le paludisme en Afrique dépendait aussi du développement, car les pays en développement étaient les plus vulnérables. Ces pays manquent de la base industrielle qui leur permettrait de produire les médicaments nécessaires et manquent aussi des moyens financiers suffisants pour acheter les produits pharmaceutiques dont ils ont besoin, a-t-il poursuivi, appelant la communauté internationale à se mobiliser. Sur la situation en Afrique, il a estimé que l’initiative du NEPAD pourrait permettre de mener ce combat contre l’épidémie plus activement et il a également insisté sur la contribution essentielle des organisations non gouvernementales, comme celle de l’ordre souverain de Malte dans le sud du Soudan.
M. ROBLE OLHAYE (Djibouti) a fait valoir que seulement 200 millions de dollars avaient été consacrés à la lutte contre le paludisme cette année, alors qu’en réalité, le seul continent africain avait besoin de plus d’un milliard de dollars pour venir à bout de la maladie. En outre, il a jugé crucial que la communauté internationale apporte la nouvelle technologie aux pays en développement, notamment en ce qui concerne la production de moustiquaires imprégnées à longue durée, et l’accès aux médications combinées pour faire face aux formes les plus résistantes de paludisme. Il a également jugé fondamental que le coût trop élevé des moustiquaires imprégnées soit réduit, grâce notamment à une réduction des taxes d’importation, afin que la population puisse acheter davantage de protections de ce type. Plus le coût des moustiquaires sera bas, plus le marché grossira, plus la production augmentera et les tarifs pourront être davantage réduits, a-t-il ajouté. Jugeant les nouveaux traitements essentiels, le représentant a déploré que l’expérience opérationnelle en soit encore restreinte et a estimé que les coûts devaient en être limités. Enfin, il a estimé que le Fonds mondial de la lutte contre le paludisme se devait d’être à la hauteur du mal à combattre.
M. TERUNEH ZENNA (Ethiopie), a rappelé que le paludisme touchait plus particulièrement la région subsaharienne, qui est victime de nombreux mouvements de population. S’agissant de son propre pays, le représentant a souligné que l’épidémie représentait l’un des plus gros problèmes de santé publique et économique en Ethiopie, où 40 millions de personnes sont exposées à la maladie et où 4 à 5 millions de personnes en meurent chaque année. Les problèmes de malnutrition provoqués par la sécheresse semblent créer un terrain favorable à la propagation de l’épidémie dans de nombreuses régions du pays, a-t-il en outre affirmé. Parmi les mesures mises en place par le gouvernement pour combattre le paludisme, et dans la limite de ses moyens, le représentant a fait valoir que les efforts avaient été concentrés sur la protection des femmes enceintes et des enfants dans les zones rurales, en collaboration avec l’UNICEF notamment, et sur le lancement d’une grande campagne pour lutter contre la propagation de l’épidémie.
CRISE MONDIALE DE LA SÉCURITÉ ROUTIÈRE
Rapport du Secrétaire général (A/58/228)
En application de la résolution 57/302 de l’Assemblée générale, le rapport du Secrétaire général examine la question des traumatismes dus aux accidents de la circulation et les défis posés par la prévention des accidents de la route et leurs conséquences. Il souligne que les accidents de la circulation constituent actuellement une crise mondiale en matière de santé publique qui exige l’adoption de mesures urgentes aux niveaux national et international. Il décrit l’ampleur du problème, les conséquences sanitaires, sociales et économiques, ainsi que les facteurs de risque et les éléments qui prédisposent certains groupes à une vulnérabilité face aux accidents de la circulation. Sur la base des contributions reçues, des exemples précis d’interventions effectuées par des pays ou des organisations sont fournis afin de mettre en évidence le fait que les accidents de la circulation peuvent être évités et d’examiner les éléments des stratégies efficaces d’intervention.
En conclusion, le Secrétaire général recommande que l’Assemblée générale invite le système des Nations Unies et les différents organismes multilatéraux à se pencher sur la question. Il suggère par exemple que l’OMS, la Banque mondiale, les commissions économiques régionales et l’UNICEF apportent une aide en matière de collecte de données, que la Banque mondiale et la CEE facilitent la mise au point de politiques de sécurités routières, que l’OMS prodiguent des conseils en ce qui concernent les services médicaux d’urgence, et que la Banque mondiale et le Fonds monétaire international appuient le financement de programmes de sécurité routière. En outre, le Secrétaire général invite tous les Etats Membres à adhérer aux conventions internationales existant en la matière, à les appliquer intégralement, et à élaborer de nouvelles conventions dans les domaines où les textes existants présentent des lacunes. A ce titre, il cite l’exemple de la Slovaquie, qui transpose actuellement toutes les directives pertinentes de l’Union européenne dans sa propre législation et adapte ses lois relatives à la sécurité routière. Par ailleurs, il recommande que les pouvoirs publics jouent un rôle directif en matière de sécurité routière et il encourage, entre autres, les Etats Membres à créer et à appuyer des réseaux et des partenariats aux échelons national, régional et mondial dans ce domaine. Le Secrétaire général invite également les Etats Membres à encourager le secteur privé à jouer un rôle actif, notamment en rendant les véhicules plus sûrs pour leurs occupants et les usagers de la route les plus vulnérables.
Projet de résolution (A/58/L.3)
Aux termes du projet de résolution intitulé «Crise mondiale de la sécurité routière», et introduit par l’Oman au nom de ses coauteurs, l’Assemblée générale, se déclarant profondément préoccupée de constater, d’une part, que le bilan des accidents de la circulation s’alourdit rapidement dans le monde entier et particulièrement dans les pays en développement et affirmant qu’il est nécessaire de mener à l’échelle mondiale une campagne de sensibilisation sur les effets sur la santé et les coûts social et économique des blessures causées par les accidents de circulation, déciderait de tenir une séance plénière sur ce thème le 14 avril 2004 en corrélation avec la Journée mondiale de la santé et le lancement du rapport mondial sur la prévention des blessures causées par les accidents de la circulation.
En adoptant ce texte, l’Assemblée générale inviterait, outre les gouvernements qui devront y participer à un niveau approprié, le Président de l’Assemblée, le Secrétaire général, le Directeur général de l’Organisation mondiale de la santé, le Président de la Banque mondiale, le Directeur exécutif de l’UNICEF et l’Administrateur du PNUD à prendre la parole à l’occasion de cette séance plénière. Le Conseil économique et social serait invité à faciliter l’échange d’informations sur les pratiques optimales en matière de sécurité routière ainsi que l’élaboration de recommandations sur les moyens de limiter le nombre de blessures causées par les accidents de la circulation.
Enfin, l’Assemblée générale prierait le Département de l’information d’organiser le 14 avril 2004 dans l’après-midi une rencontre d’experts et de représentants du secteur privé, des organisations non gouvernementales concernées et de la société civile, ainsi que d’autres parties intéressées, y compris la presse, afin que les participants prennent davantage conscience du problème et échangent des informations sur les pratiques optimales en la matière.
Déclarations
M. FUAD AL-HINAI (Oman), présentant le projet de résolution relatif à la crise mondiale de la sécurité routière, a souligné que les voitures faisaient plus de mort dans les pays en développement que dans les pays développés, et que les premières victimes étaient toujours les plus vulnérables, souvent des piétons ou des cyclistes sans aucune protection. Insistant sur l’importance et l’efficacité de la prévention, et pas seulement dans le domaine de l’éducation, le représentant a estimé que l’action devait être partagée à tous les niveaux nationaux et internationaux et dans tous les secteurs. Enfin, il a jugé fondamental que des progrès soient faits en ce qui concerne la construction et la résistance au choc des véhicules, ainsi que dans le domaine du renforcement de la loi à l’égard des comportements de la route.
M. SUHAILI ABDUL RAHMAN (Malaisie) a indiqué qu’il soutenait les recommandations contenues dans le Rapport du Secrétaire général intitulé «Crise mondiale de la sécurité routière». Il a affirmé que la plupart d’entre elles étaient déjà appliquées dans son pays. Cependant, en Malaisie, plus de 200 000 accidents ont eu lieu pour la seule année 2002, a-t-il indiqué. Ceux-ci ont coûté la vie à quelque 6 000 Malais, ce qui porte le ratio d’accidents à 4,90 morts pour 10 000 véhicules enregistrés en 2002. Soit, en conséquence, une diminution du PNB de 1,42 milliard de dollars américains. Son gouvernement a mis un certain temps à réaliser que sauver des vies humaines pouvait avoir un impact positif sur le développement, a-t-il reconnu. A travers le Conseil national de la sécurité routière mis en place depuis 1962, le pays s’est d’ores et déjà fixé pour objectif de réduire le ratio à 4,0 pour 10 000 véhicules enregistrés en 2010.
M. ZHANG YISHAN (Chine) a rappelé qu’en 2000, 1,26 million de personnes à travers le monde sont mortes à la suite d’accidents de la circulation, dont 1,04 million dans les pays en développement, soit un total de 88% du nombre total de morts. Face à cette grave situation, la délégation chinoise a rappelé qu’assurer la sécurité routière suppose un projet qui englobe les êtres humains, les véhicules, les routes, l’environnement et l’organisation. Considérant par ailleurs que les gouvernements nationaux portent la responsabilité la plus importante dans la sécurité routière, le représentant les a encouragés à mener les initiatives appropriées à ce sujet ainsi qu’à mettre en oeuvre une coopération internationale, en particulier en faveur des pays en développement. Enfin, l’Organisation mondiale de la santé devrait jouer un rôle plus important et le représentant a salué à cet égard l’adoption sur le thème «Sécurité routière pour la journée mondiale de la santé, 2004».
M. MARCO VINICIO VARGAS (Costa Rica) a noté que la crise des routes affectait tous les pays du monde à un niveau ou à un autre. Actuellement, les accidents de voiture ont handicapé 30 millions de personnes et sont la cause de trois millions de morts par an. Ils coûtent 500 milliards de dollars chaque année aux services médicaux et la perte de la productivité représente près de 1% du PNB. Au Costa Rica, l’index de motorisation a augmenté de façon exponentielle, ce qui augmente le risque d’accidents de la route et l’émission de gaz toxiques. Entre 1981 et 2002, le nombre de morts in situ a augmenté de 243%. En 2002, le nombre de morts a été de 64 440, a-t-il expliqué. Pourtant, de nombreux efforts ont été faits par les autorités en charge de ce secteur pour obtenir des résultats efficaces. Nous avons adopté de nouveaux éléments pour assurer la sécurité routière. Mais de ce point de vue, il est indispensable de prendre en compte les caractéristiques concernant la géographie, la population, la culture et le temps, ainsi que l’implication des gouvernements locaux, de la société civile et de l’entreprise privée dans la mise en œuvre et l’exécution des politiques routières. Il a tenu à souligner en particulier la nécessité de prendre des mesures qui soient humaines. Il faut prendre en compte les particularités et les besoins spécifiques des plus vulnérables utilisateurs de la route, a-t-il estimé.
M. ALDO MANTOVANI (Italie), s’exprimant au nom de l’Union européenne, a affirmé que face à la gravité de la situation en matière de sécurité routière, il était indispensable de renforcer l’engagement politique au niveaux national et international. L’Union européenne appelle donc le système des Nations Unies à soutenir le développement de politiques dans le domaine de la sécurité routière et à promouvoir l’intégration des problèmes de la sécurité routière dans toutes les politiques nationales appropriées, au sein du cadre général du développement durable. Dans ce contexte, le PNUD, l’OMS, la Banque mondiale et l’UNICEF, aussi bien que les banques régionales de développement, devraient jouer un rôle important à travers le Plan d’action pour l’aide au développement et le processus de stratégie de réduction de la pauvreté. L’Union européenne attache une grande importance à ce problème, ce qui se reflète par la récente adoption par la Commission européenne du Programme de la sécurité routière en Europe pour 2003-2010.
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