ASSEMBLEE GENERALE: LA REFORME DE L’ORGANISATION JUGEE CRUCIALE POUR ATTEINDRE LES OBJECTIFS DEFINIS AU SOMMET DU MILLENAIRE
Communiqué de presse AG/1419 |
Assemblée générale
23e & 24e séances plénières – matin & après-midi
ASSEMBLEE GENERALE: LA REFORME DE L’ORGANISATION JUGEE CRUCIALE POUR ATTEINDRE LES OBJECTIFS DEFINIS AU SOMMET DU MILLENAIRE
M. Ruud Lubbers reconduit pour deux ans à la tête
du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés
Largement évoquée par les chefs d’État et de gouvernement pendant le débat général, qui s’est achevé jeudi soir, la réalisation des Objectifs de développement du Millénaire, arrêtés en septembre 2000 à New York par les dirigeants de la planète, a été de nouveau abordée aujourd’hui à l’Assemblée générale. Réagissant aux rapports du Secrétaire général, M. Kofi Annan, sur les suites à donner aux textes issus du Sommet du Millénaire et sur l’activité de l’Organisation, les délégations ont de nouveau insisté sur la pertinence des réformes au sein du Système des Nations Unies, en particulier de ses institutions multilatérales. Le représentant du Maroc, qui intervenait au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a considéré ces réformes comme un moyen de renforcer la coopération internationale et de réaliser les engagements pris lors des rencontres de Monterrey, sur le financement du développement, de Johannesburg, sur le développement durable, et de Doha, sur le commerce et le développement.
L’Union européenne est disposée à envisager la convocation en 2005 d’une réunion de suivi des progrès réalisés dans la mise en œuvre des objectifs de développement du Millénaire, a déclaré ensuite le représentant de l’Italie. D’ici là, des réformes peuvent d’ores et déjà être envisagées au niveau du Conseil économique et social (ECOSOC) dont le rôle de coordination mérite d’être renforcé, ont estimé de nombreux représentants de pays en développement. A ce titre, le représentant du Pérou a proposé, au nom du Groupe de Rio, de rationaliser les travaux de l’ECOSOC qui doit désormais jouer le rôle de pivot entre le système des Nations Unies, les organisations non gouvernementales et le secteur privé dans la mise en œuvre des grandes orientations arrêtées lors des conférences des Nations Unies consacrées au développement.
Ces efforts de réforme sont d’autant plus urgents que les objectifs de réduction de la pauvreté de moitié en Afrique d’ici à 2015, et de croissance à deux chiffres sont loin d’être atteints, ont insisté les représentants africains. L’Afrique du Sud a ainsi estimé que l’échec de la Conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce, à Cancún le mois dernier, avait démontré l’incapacité de la communauté internationale à comprendre les problèmes des pays les moins avancés. Pourtant, un succès à Cancún aurait généré des bénéfices de l’ordre de 520 milliards de dollars, tant pour les pays riches que pour les pays pauvres, et permis de réduire de 144 millions le nombre de pauvres dans le monde d’ici à 2015, a insisté le délégué indonésien.
Plus tôt dans la matinée, l’Assemblée générale avait réélu Ruud Lubbers à la tête du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés pour une nouvelle période de deux ans. Le mandat de M. Lubbers prendra effet au 1er janvier 2004 et s’achèvera le 31 décembre 2005 et sa réélection a été l’occasion pour les différents groupes régionaux de rendre hommage à sa vision et à l’attention constante qu’il porte au principe fondamental de la protection des réfugiés depuis sa prise de fonction, 1er janvier 2001.
Les délégations suivantes ont également pris la parole lors du débat consacré aux suites à donner aux textes issus du Sommet du Millénaire : Algérie, République islamique d’Iran, Égypte, Nigéria, Norvège, Bangladesh, Guatemala, Pakistan, Namibie, Fédération de Russie, Brésil, Croatie, Arabie saoudite, Malaisie, Suisse, Jamahiriya arabe libyenne, Japon, Jamaïque, Serbie et Monténégro, Koweït, Inde, Autriche et Australie.
L’Assemblée générale poursuivra l’examen de cette question demain, mardi 7 octobre, à 10 heures.
SUITE À DONNER AUX TEXTES ISSUS DU SOMMET DU MILLENAIRE
Rapport du Secrétaire général (A/58/323)
En préambule de son rapport, le Secrétaire général estime qu’il est essentiel de commencer par une référence à l’attentat du 19 août à Bagdad, car il considère qu’il s’agit d’un défit direct à la vision de la solidarité mondiale de la sécurité collective ancrée dans la Charte des Nations Unies et exposée dans la déclaration du Millénaire. Son importance, poursuit-t-il, dépasse la tragédie qui nous affecte en tant qu’individu, ou même en tant qu’organisation. A ce titre, il estime que le consensus exprimé ou impliqué dans la Déclaration semble maintenant moins solide qu’il y a trois ans, dans le domaine de la paix et de la sécurité notamment. Dans le domaine du développement par contre, un consensus plus fort a été forgé mais des doutes sérieux subsistent quant à la question de savoir si les Etats Membres sont suffisamment déterminés pour y donner suite, affirme-t-il. Dans le domaine des droits de l’homme et de la démocratie, le Secrétaire général estime qu’il existe un risque que nous abandonnions certains des acquis importants obtenus au cours de la précédente décennie.
Le rapport examine ensuite les progrès réalisés dans les trois domaines suivants: paix et sécurité; développement; droits de l’homme, démocratie et bonne gouvernance, en insistant sur la nécessité d’évaluer également les obstacles rencontrés et de réexaminer certains postulats de base de la Déclaration. Nous ne pouvons plus considérer comme un acquis le fait que nos institutions multilatérales sont suffisamment fortes pour relever tous les défis auxquels nous sommes confrontés, affirme-t-il.
En conclusion, le Secrétaire général insiste sur la nécessité de renforcer les institutions multilatérales, en dépassant les réformes récemment approuvées, certes utiles, mais d’ordre essentiellement administratif, pour poser des questions plus fondamentales, non seulement sur la manière dont les décisions sont appliquées mais aussi sur l’adéquation et l’efficacité des organes qui sont chargés de prendre ces décisions. Il appelle donc les Etats Membres à renforcer l’Assemblée générale, dont les décisions souvent prises sur la base du plus petit dénominateur commun, ne suscitent aujourd’hui pratiquement aucune attention au-delà de la salle de l’Assemblée générale. Il recommande également de repenser et de revitaliser le rôle de l’ONU concernant les affaires économiques et sociales et ses relations avec les institutions de Bretton Woods. Il insiste enfin sur la nécessité de réformer le Conseil de Sécurité, dont les décisions manquent de plus en plus de légitimité de l’avis du monde en développement, qui estime que ses vues et ses intérêts sont insuffisamment représentées parmi les décideurs. La composition du Conseil –inchangée pour l’essentiel depuis 1945- ne semble pas refléter les réalités politiques du XXIème siècle, affirme le Secrétaire général.
Rapport du Secrétaire général sur l’activité de l’Organisation (A/58/1): voir communiqué de presse AG/1410 du 23 septembre 2003.
Débat commun
S’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, M. MOHAMED BENNOUNA (Maroc), a fait état des progrès notables accomplis dans la réalisation des objectifs de développement définis dans la Déclaration du Millénaire, s’inquiétant toutefois des projections pour le continent africain. Il s’est dit convaincu qu’un commerce international renforcé, équilibré et plus équitable est l’un des moyens d’aider les pays les plus pauvres et à réaliser les objectifs du Millénaire, regrettant à ce propos l’échec des négociations de Cancun. Il a rappelé que l’Agenda 21 et le Plan d’action de Johannesburg, répertoire d’engagements dans le domaine du développement durable, nécessitent des mesures pratiques pour la mise en oeuvre. Le Groupe des 77 a d’ailleurs été déterminant dans la définition d’un programme pluriannuel (2004-2017) qui constituera une feuille de route pour la communauté internationale dans la voie de la mise en oeuvre des objectifs de développement durable, a-t-il souligné. Enfin, il a appelé à la réforme de l’Organisation, en particulier des institutions multilatérales, avec pour but de renforcer la coopération internationale et réaliser les engagements pris lors des conférences et sommets des Nations Unies.
M. MARCELLO SPATAFORA (Italie, au nom de l’Union européenne et autres Etats) a réaffirmé l’attachement de l’Union européenne au multilatéralisme. Il a appuyé la proposition du Secrétaire général d’inviter d’éminentes personnalités à examiner les défis auxquels l’Organisation doit faire face et les mesures à prendre pour y répondre. Il s’est réjouit des progrès déjà réalisés sous la direction du Secrétaire général pour réformer le Secrétariat, les institutions des Nations Unies ainsi que les activités opérationnelles du système. L’Union européenne s’engage à appuyer le travail du Secrétaire général et à participer activement au processus de réforme. Tout en approuvant les récentes améliorations des méthodes de travail du Conseil de sécurité qui devraient être encore plus développées, la nécessité d’une réforme plus en profondeur et plus globale se fait sentir. Le Conseil doit devenir plus démocratique, plus représentatif et plus efficace. Dans le même esprit, le représentant a estimé qu’il fallait renforcer le rôle de coordination du Conseil économique et social (ECOSOC) dans le système des Nations Unies. Il faut aussi, entre autres questions à régler, améliorer les relations entre l’ECOSOC et le Conseil de sécurité
Dans le domaine de la paix et de la sécurité, l’Union européenne jouera son rôle pour maintenir la paix efficacement. Nous agirons en fonction de la Déclaration commune que les Nations Unies et l’Union européenne ont signée récemment sur la gestion des crises, a-t-il déclaré. La prolifération des armes de destruction massive et le terrorisme sont des menaces fondamentales à la paix internationale et à la sécurité et nous continuerons à appliquer le Plan d’action de l’Union européenne contre la prolifération des armes de destruction massive. M. Spatafora a expliqué l’engagement de l’Union européenne à mettre en œuvre les buts de développement de la Déclaration de Millénaire. Il a souligné que dans ce cadre, l’Afrique restait au cœur de cet engagement. En conclusion, le représentant a appuyé l’idée d’un événement majeur en 2005 pour examiner les progrès accomplis et prendre des décisions pour le futur.
M. MOURAD BENMEHIDI (Algérie) a estimé qu’il fallait se poser la question de savoir si les moyens dont dispose l’ONU aujourd’hui sont à la mesure de ses ambitions et si ses structures, ses mécanismes et ses méthodes d’action sont adaptés à la nature des défis auxquels elle fait face aujourd’hui. A ce titre, il a jugé essentiel que les Nations Unies mènent à terme, de manière résolue et déterminée, le processus de réforme en cours. Soutenant à cet égard l’idée d’un Conseil de sécurité plus élargi, d’une revitalisation de l’Assemblée générale, de l’ECOSOC et des rapports de l’ONU avec les institutions de Bretton Woods, le représentant a jugé important de souligner que le mécanisme proposé par le Secrétaire Général consistant à mettre en place un panel d’éminentes personnalités devrait obéir à un certain nombre de conditions nécessaires. Parmi ces conditions, il a estimé essentiel que le choix des éminentes personnalités reflète la représentation géographique la plus large possible et réponde aux conditions indispensables d’intégrité et de neutralité. En outre, il a jugé important que les Etats Membres soient, d’une manière où d’une autre, associés à la définition du mandat et qu’ils soient consultés et sollicités par les membres du panel pour donner leurs vues.
M. OSWALDO DE RIVERO, (Pérou), a déclaré au nom du Groupe de Rio, que les Nations Unies ont besoin d’une réforme urgente, notamment quant à la composition, les prises de décision et les méthodes de travail du Conseil de sécurité. De même, l’Assemblée générale nécessiterait une réorganisation dans ses méthodes de travail et dans son ordre du jour: elle pourrait ainsi, en tant qu’organe démocratique du système, retrouver son influence. Le Conseil économique et social pourrait aspirer, lui aussi, à une rationalisation et à de plus amples compétences, a encore estimé M. de Rivero. Par ailleurs, il a déclaré que le Groupe de Rio souhaitait une meilleure articulation entre les Nations Unies et la société civile, en particulier avec les organisations non gouvernementales et le secteur privé. Il a félicité le Secrétaire général pour l’attention qu’il a porté dans son rapport à l’enjeu que constitue le renforcement des droits de l’homme et de la démocratie. En mai 2003, à Cuzco, les Présidents des pays du Groupe de Rio ont reconnu le besoin de mettre en place de nouveaux mécanismes financiers pour appuyer les efforts des pays pour renforcer la démocratie et réduire la pauvreté, a-t-il enfin conclu.
M. JAVAD ZARIF (République islamique d'Iran) a souligné le besoin impératif de réparer les dommages causés à l’intégrité de la règle de loi internationale par l’intervention unilatérale des Etats-Unis en Iraq. Sa délégation note par ailleurs avec satisfaction que le Secrétaire général a souligné dans son rapport le besoin de s’attaquer aux causes profondes du terrorisme, et, en ce qui concerne la prolifération des armes de destruction massive, d’adhérer universellement aux accords multilatéraux déjà négociés. Saluant le travail accompli par les Nations Unies dans le domaine du développement durable, le représentant a cependant attiré l’attention sur la nécessité de s’impliquer dans toutes les étapes de la gestion des catastrophes naturelles et d’intensifier ses activités dans les régions les plus exposées, en particulier l’Asie. Par ailleurs, dans la lutte contre la pandémie de VIH/sida, le représentant a salué les initiatives prises par l'Organisation des Nations Unies, tout en appelant à plus de progrès sur les accords relatifs aux trithérapies et traitements contre la maladie. En conclusion, le représentant a appelé à une plus grande cohérence des services d’appui et à l’amélioration de la gestion des ressources humaines afin d’accroître l’efficacité de l’Organisation.
M. AHMED ABOUL GHEIT (Egypte) estimé que les sombres pronostics sur l’avenir de l’ONU, provoqués par les crises de l’année 2003, devaient pousser l’Organisation à lancer les réformes. L’ONU doit répondre aux besoins internationaux en étant un organe uni et efficace, tout en tenant compte des différences et des divergences inhérentes à une telle organisation, a-t-il poursuivi. Par ailleurs, il a estimé que le droit unilatéral à utiliser la force de façon préventive - nouveau concept avancé par les uns et discuté par les autres- était une véritable question philosophique que tout le monde devrait examiner en profondeur avant d’entamer une quelconque réforme. En outre, il a appuyé la proposition du Secrétaire général de créer un Panel pour faire avancer les réformes, à condition qu’il soit représentatif de la diversité, qu’il réunisse des personnalités qui connaissent parfaitement le fonctionnement de l’Organisation, et qu’il prenne en considération les efforts déployés par les comités internationaux qui ont déjà étudié ces concepts. En outre, il a jugé important qu’il existe un lien entre le Panel et l’Assemblée générale pour que les propositions de l’Assemblée viennent enrichir le Panel. A ce titre, il a proposé que l'Assemblée adopte une brève résolution appuyant la formation de ce panel compte tenu de ces conditions. Enfin, il a salué l’idée du Secrétaire général de tenir un débat de Haut niveau en 2005 pour évaluer l’avancée de ces réformes.
M. OLUSEGUN AKINSANYA (Nigéria) a rappelé qu’en Afrique de l’Ouest, la prévention, le règlement et les mécanismes de gestion des conflits étaient assurés par l’ECOMOG. Les Nations Unies ont toujours collaboré activement avec cette institution régionale, ainsi qu’avec les pays de l’Union du fleuve Mano, a-t-il souligné, souhaitant toutefois que l’Organisation continue à soutenir les initiatives de promotion de la paix de l’ECOMOG, particulièrement celles engagées au Libéria, et dans les pays alentour, Guinée et Sierra Leone. Il a également rappelé que l’ECOMOG avait eu un rôle moteur dans la normalisation du Libéria, avec le déploiement de son contingent, et demandé que la communauté internationale renforce encore son soutien financier et logistique pour ses efforts de paix. Des efforts devraient être accomplis pour éradiquer la pauvreté et augmenter la croissance des pays en développement, a souligné le Représentant, précisant toutefois que les pays africains avaient endossé la responsabilité de leur propre développement économique et social à travers le NEPAD. Mais sa réussite dépendra cependant de la bonne gouvernance des pays concernés, a-t-il estimé, tout en se réjouissant du plein soutien de l’Assemblée générale au NEPAD, tel qu’inscrit dans la résolution 57 300 (2002).
M. DUMISANI S. KUMALO (Afrique du sud) a exprimé l’espoir que les préoccupations de l’Afrique continueront à faire partie intégrante de la mise en oeuvre de la Déclaration du Millénaire. Il a estimé que l’échec de Cancùn avait montré l’incapacité de la communauté internationale à comprendre les problèmes des pays les moins avancés. Cet échec entraînera une augmentation de la pauvreté et rendra plus difficile la mise en application des Principes de la Déclaration du Millénaire. Le représentant a déclaré que la pandémie de VIH/sida continuait de dévaster l’Afrique. Il a appelé tous les Etats Membres à montrer leur engagement en augmentant leurs contributions au Fonds mondial de lutte contre le VIH/sida. Le représentant a déclaré que les douze derniers mois avaient montré les défis importants que représentaient les opérations de maintien de la paix, notamment en raison des situations en Iraq, en République démocratique du Congo et au Libéria. Il a estimé que les pays en développement ne devraient pas être les seuls à soutenir ce qui est l’une des responsabilités clefs des Nations Unies. En outre, le représentant a soutenu la mise au point d’un budget plus réaliste où les priorités de l’Organisation détermineront les ressources à allouer et non pas l’inverse. Enfin, il a estimé que le Conseil de sécurité n’était pas représentatif et que ses décisions manquaient de crédibilité.
M. JOHAN L. LØVALD (Norvège) s’est dit convaincu des liens qui unissent paix, sécurité et développement durable au sens le plus large, bonne gouvernance et respect des droits de l’homme, estimant qu’il incombait principalement à chaque pays d’assurer son propre développement et de construire une société démocratique. A cette intention, le Gouvernement norvégien considère qu’il faut revenir à la vision d’une solidarité collective telle qu’exprimée dans la Déclaration du Millénaire. M. Løvald a rappelé que la mise en œuvre des Objectifs de développement du Millénaire exige de se concentrer dans quatre domaines simultanément. Tout d’abord, l’amélioration d’un cadre de travail international pour la réduction de la dette, l’investissement et le commerce suite aux engagements pris lors des Conférences de Monterrey, Johannesburg et Doha. Ensuite, les pays en développement doivent se fixer eux-mêmes leurs propres priorités et établir notamment des politiques de lutte contre la pauvreté avec le soutien renforcé des pays développés. A cet égard, l’aide publique au développement doit être augmentée considérablement. Enfin, la délégation norvégienne a rappelé qu’il faut fournir un effort concerté en vue de s’assurer que les Objectifs de développement du Millénaire soient au centre de l’action nationale et de l’action internationale. En conséquence, de nouveaux partenariats avec le secteur privé et la société civile doivent être construits, a-t-il conclu.
M. IFTEKAR AHMED CHOWDHURY (Bangladesh) a plaidé pour un renforcement des institutions multilatérales par des réformes efficaces afin de s’adapter aux défis du XXIème siècle. Il a souligné que son pays avait toujours répondu efficacement et rapidement aux appels du Secrétaire général pour les opérations de maintien de la paix. Au cours des deux dernières années, nous avons participé à 28 des opérations et déployé 50 000 personnes appartenant au personnel militaire et de police, a-t-il rappelé. Par ailleurs, le représentant a noté que pour des milliards de personnes dans le monde, les menaces non-militaires étaient la principale priorité: ceci inclue l’extrême pauvreté, les dégradations à l’environnement, le VIH/sida et le paludisme. A cet égard, les Objectifs de la Déclaration du Millénaire sont le plus grand espoir que le monde défavorisé puisse avoir. Cependant, M. Chowdhury a regretté que la déclaration du Secrétaire général n’aille pas plus loin. Pour la plupart des pays les moins avancés, la route jusqu’à 2015 est beaucoup trop longue, la destination est trop vague. Pour accomplir les Objectifs de la Déclaration du Millénaire, les mots doivent être traduits en engagements: il n’est pas suffisant d’identifier les objectifs, il faut créer les moyens de les atteindre et garder à l’esprit que l’échec du développement n’est pas une option. Le représentant s’est déclaré satisfait des progrès vers le développement accomplis par son pays. Ce succès est dû à une culture de pluralisme, a-t-il déclaré; la Banque mondiale a appelé ce qui s’est passé au Bangladesh «la révolution silencieuse». Nous voulons partager notre expérience avec d’autres et nous pensons que l’Organisation des Nations Unies est le cadre pertinent pour transmettre aux pays les moins avancés les «meilleures pratiques», a-t-il conclu.
M. GERT ROSENTHAL (Guatemala) a approuvé les remarques précédentes du représentant du Pérou au nom du Groupe de Rio, auquel son pays appartient. Il a également marqué sa pleine adhésion au rapport du Secrétaire général, notamment lorsque celui-ci a déclaré qu’en dépit de leurs imperfections, les Nations Unies continuaient à porter les espoirs des peuples du monde, et que leurs activités apportaient un réel changement dans la vie des populations concernées. Le Guatemala peut attester de la réalité de ses propos, a-t-il indiqué. Un témoignage qui prend tout son poids émanant d’un pays qui continue à bénéficier de la présence de l’Organisation sur le terrain. Le Représentant a lui aussi estimé qu’il y avait cependant un besoin pressant à adapter l’Organisation aux changements en cours au niveau mondial.
M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a rappelé que la Charte des Nations Unies autorisait le recours à la force par les Etats seulement pour se défendre, ou alors collectivement si le Conseil de Sécurité les y a autorisés, et il a jugé fondamental de préserver ce sacro-saint principe. Toute tentative de mettre au point des autorisations anticipées d’utilisation de mesure coercitive pour faire face à certains types de menaces risque de mettre en péril l’ordre international, a-t-il poursuivi. Par ailleurs, il a estimé que le terrorisme et les armes de destruction massive représentaient deux dangers séparés et qui devaient donc être traités de façon distincte. Le représentant a également insisté sur la nécessité de ne pas appliquer, la notion de «deux poids deux mesures» en ce qui concerne les sanctions relatives aux armes de destruction massive. S’agissant des relations entre son pays et l’Inde, le représentant a déploré que l’Inde ait refusé de reprendre le dialogue, notamment sur la question du Cachemire, en refusant sommairement le plan d’action détaillé pour la paix présenté récemment par le Président Musharaf. Par ailleurs, le représentant s’est inquiété de la sécurité en Afghanistan, et a estimé à cet égard que la Communauté internationale avait l’obligation de réussir la mise en œuvre du processus de Bonn.
M. DARMANSJAH DJUMALA (Indonésie) a estimé, à l’instar du Secrétaire général, que la crise intervenue au sein de l’Organisation sur la question iraquienne pouvait contribuer à renforcer les Nations Unies après avoir menacé son existence. De même, abordant la question de la lutte internationale contre le terrorisme, le représentant a souhaité qu’elle soit étroitement liée à la justice sociale et politique. C’est dans cette optique qu’il a insisté sur la nécessité d’éradiquer l’extrême pauvreté qui trop souvent sert de terreau fertile au terrorisme, et établi le lien entre paix et développement. Même si le sous-développement ne peut servir de justification à la déstabilisation dans certaines régions, le développement est en soi la seule façon de combattre la pauvreté et les injustices qu’exploitent les organisations terroristes, a observé M. Djumala. S’agissant de l’aide humanitaire, il a déploré que sur les 27 appels consolidés des Nations Unies, pour un total de 5,8 milliards, seuls 52% des besoins aient été couverts, alors même que la situation qui prévaut en Iraq menace de mobiliser la plupart de ces ressources. M. Djumala a appuyé par conséquent les projets de réforme du Secrétaire général visant à procéder d’urgence à la mise en œuvre des grandes orientations du développement définies lors des rencontres de Monterrey et Johannesburg, afin de réaliser les Objectifs de développement du Millénaire. Les programmes et politiques des agences des Nations Unies doivent répondre aux objectifs définis à Rio, Monterrey, Johannesburg et Doha, a insisté M. Djumala, qui s’est dit déçu des résultats de la Conférence ministérielle de l’OMC à Cancún, le mois dernier, qui n’est parvenue à aucun progrès significatif en dehors des médicaments génériques. Si les négociations de Cancún avaient abouti, elles auraient permis de générer quelque 520 milliards de dollars pour les pays pauvres et riches confondus et de réduire de 144 millions le nombre de pauvres dans le monde d’ici à 2015, a-t-il ajouté. Enfin, le représentant a nié toute reprise de l’activité militaire contre le mouvement séparatiste d’Aceh, contrairement à ce qui est écrit au paragraphe 74 du rapport.
M. MARTIN ANDJABA (République de Namibie), a déclaré que la Déclaration du Millénaire prescrivait un monde sans peur et, à cet égard, les dirigeants du monde ont maximisé leurs efforts pour éviter les conflits. Les opérations de maintien de la paix sont une responsabilité collective de tous les Etats Membres quelle que soit la proximité géographique. De même, les opérations de construction de la paix dans les situations d’après guerre doivent s’attaquer aux causes à ce moment-là, et non aux causes du moment des opérations de maintien de la paix. Ceci demande une coordination plus étroite entre le Conseil de sécurité et l’ECOSOC pour traiter les questions du développement durable dans ces situations, a-t-il estimé. Le représentant a souligné que nous vivions dans un monde interdépendant où les questions de l’environnement étaient reliées aux défis de la sécurité. La Déclaration du Millénaire fait état globalement de toutes les questions auxquelles l’humanité doit faire face, parce que nous ne pouvons pas poursuivre la résolution d’un problème aux dépens d’un autre. Nous ne pouvons pas combattre le terrorisme sans garantir les droits de l’homme. Nous ne pouvons pas non plus nous battre pour les problèmes de développement sans considérer les défis de la sécurité. Par ailleurs, le représentant a estimé que la participation des femmes au processus de prise de décision politique nécessitait surtout une volonté politique. En outre, il a souligné l’obligation essentielle de s’assurer que les pays les moins avancés sont en mesure de bénéficier des ressources océaniques et maritimes, a-t-il conclu.
M. GENNADY GATILOV (Fédération de Russie) partage la conclusion du Secrétaire général qu’une Organisation efficace et forte est un outil indispensable à la régulation des relations internationales sur la base de la Charte et des normes de droit international. La Fédération de Russie s’est dite convaincue que le rôle central des Nations Unies devrait être renforcé par l’amélioration des outils juridiques internationaux et la création d’une stratégie appropriée sur cette base. Ce processus a d’ailleurs débuté lors de la 57ème session de l'Assemblée générale, qui avait soutenu l’initiative russe en adoptant la résolution 57/145 intitulée «Répondre aux défis et menaces mondiaux». La Russie a déclaré par ailleurs que les Nations Unies doivent être la base d’une coalition antiterroriste et le Comité contre le terrorisme du Conseil de sécurité l’instrument pratique de cette lutte. Le représentant a ensuite souligné la nécessité d’améliorer les mécanismes de maintien de la paix, déclarant que son pays était prêt à intensifier sa participation à la fois dans les opérations conduites sous les auspices des Nations Unies et dans les opérations de coalition légitimées par le Conseil de sécurité. Toutefois, les menaces de type militaire ou terroriste ne sauraient occulter des «moindres menaces» dans le domaine socioéconomique, telles que l’extrême pauvreté, les inégalités de revenus, les épidémies et la détérioration de l’environnement, a-t-il conclu.
M. RONALDO MOTA SARDENBERG (Brésil) a estimé que la création de l’ONU avait été fondée sur les principes et les valeurs de la Charte de San Francisco, pas seulement pour des questions morales et éthiques, mais aussi pour des raisons pragmatiques, car ces valeurs étaient les seules bases qui permettraient à une structure semblable, dotée d’objectifs si élevés, de résister à l’épreuve du temps. En cette période difficile, il a jugé essentiel que la communauté internationale renforce son engagement envers le multilatéralisme, et que les Nations Unies entreprennent des réformes en profondeur, en ce qui concerne le Conseil de sécurité, l’ECOSOC et l’Assemblée générale notamment. S’agissant de la réforme du Conseil de sécurité, il a estimé que sa composition, pour ce qui est notamment des membres permanents, devait désormais tenir compte de l’émergence des pays en développement sur la scène internationale, pays qui jouent souvent un rôle pacificateur dans la résolution des conflits. Par ailleurs, rappelant la nécessité d’atteindre les Objectifs de la Déclaration du Millénaire afin de vivre dans un monde plus juste et plus équitable, le représentant a souligné que le Président Lula avait fait de l’éradication de la famine une priorité gouvernementale et personnelle, et qu’à ce titre il avait appelé la communauté internationale à soutenir financièrement la mise en œuvre des Objectifs de la Déclaration du Millénaire de part le monde.
M. VLADIMIR DROBNJAK (Croatie) a déclaré que toute réforme d’importance des Nations Unies devait comprendre une réforme du Conseil de sécurité. Nous croyons que le multilatéralisme est l’arme la plus efficace dans la guerre contre le terrorisme et que l’Organisation des Nations Unies est le meilleur cadre possible pour la mise en œuvre de cette stratégie à long terme. Cependant nous devons dédier une attention toute particulière à ce que l’on appelle les menaces indirectes, posées par les problèmes environnementaux, les maladies contagieuses, la dislocation de l’économie, le crime, la corruption à tous les niveaux et la simple pauvreté. Les Nations Unies doivent assurer une transition harmonieuse entre l’assistance humanitaire et les activités de développement dans les situations d’après conflit. Les leçons apprises par exemple dans les pays du sud-est européen devraient être utilisées et explorées en Afrique. Nous encourageons le financement du développement, un investissement fort du secteur privé et l’utilisation des nouvelles technologies pour éradiquer la pauvreté, a-t-il souligné. Le représentant a conclu en estimant que nous sommes les témoins de l’émergence d’un nouvel ordre légal international, notamment dans les domaines du crime international et du droit humanitaire. Le XXIème siècle restera marqué par la création de la Cour pénale internationale. Nous sommes fiers d’être l’un des membres actifs dans sa création, a-t-il déclaré.
M. HAKEEM ABDULMAGEED (Arabie saoudite) a fait valoir que cette année avait été particulièrement délicate en matière de paix et de sécurité, notamment parce que deux grand pays n’avaient pas respecté les grands principes des Nations Unies, parmi lesquels figure le multilatéralisme. Il n’y a pourtant pas de place pour le recours à des actes unilatéraux dans le contexte internationale actuel, a-t-il insisté. S’agissant du conflit israélo-palestinien, le représentant a déploré qu’Israël fasse toujours fi des décisions de la communauté internationale et a appelé les Etats Membres à faire mieux respecter les décisions du Conseil de sécurité en la matière. Condamnant en outre la décision d’Israël d’agresser la République arabe syrienne, pays sœur de l’Arabie saoudite, le représentant a déclaré qu’Israël représentait une menace pour la paix et la sécurité internationale. S’agissant de la lutte contre le terrorisme, il a estimé que tout effort international ne pourrait être efficace que si l’on traitait aussi les causes indirectes, notamment les causes économiques et sociales du terrorisme. Il a par ailleurs affirmé que son pays souhaitait que le Moyen-Orient devienne une zone libre d’armes de destruction massive, déplorant à ce titre qu’Israël refuse de se plier au régime de garanties internationales relatif aux armes de destruction massive. Sur la question du VIH/sida, le représentant a affirmé que son gouvernement avait notamment versé 10 millions de dollars au Fonds mondial de lutte contre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme et avait participé à de nombreuses conférences sur le sujet.
M. RASTAM MOHD ISA (Malaisie) a déclaré qu’il fallait renforcer le multilatéralisme sur la base des principes incarnés par les Nations Unies, estimant que l’Organisation avait un rôle à jouer dans le maintien de la paix et de la sécurité et dans la coopération internationale. La délégation s’est par la suite déclarée convaincue que le Conseil de sécurité devait être réformé afin de mieux refléter la réalité géopolitique contemporaine. Mais, outre le nombre de membres permanents, l’exercice du droit de veto doit être également reconsidéré, a ajouté le représentant. Celui-ci s’est par ailleurs inquiété de la prolifération des armes de destruction massive, affirmant que ces armes devaient être éliminées sans discrimination. La Malaisie estime par ailleurs que des mesures doivent être prises pour lutter contre le terrorisme, remarquant toutefois que le combattre exigeait de mieux comprendre les conditions qui favorisent son émergence. Au sujet de la question des droits de l’homme, la Malaisie a salué l’appel lancé par le Secrétaire général au Comité des droits de l’homme à renforcer les mesures prises pour réduire le niveau de politisation de son action. Enfin, il a rappelé à quel point il était nécessaire de faire davantage pour atteindre les objectifs de développement du Millénaire, soulignant que l’éradication de la pauvreté et de la famine, comme des maladies mortelles, telles la pandémie de VIH/sida, devaient être au cœur des préoccupations.
M. JENÖ C. A. STAEHELIN (Suisse) a estimé que le consensus atteint lors du Sommet du Millénaire s’était affaibli. Il a rappelé que le dernier Rapport mondial sur le développement avait clairement montré que, malgré des résultats positifs enregistrés dans certaines régions, d’autres risquaient de se retrouver en 2015 très loin des objectifs établis. A Monterrey, la communauté internationale a mis en place un partenariat moderne pour la réalisation des objectifs de développement, a-t-il estimé, notamment en reconnaissant que la lutte contre la pauvreté ne se réduisait pas à une augmentation de l’assistance publique au développement ou à la croissance économique. Elle a dans le même temps rappelé la nécessité d’une bonne gouvernance dans les pays concernés et du soutien des institutions financières internationales, a encore dit le Représentant, pour qui la libéralisation des échanges commerciaux peut cependant contribuer à la lutte contre la pauvreté: elle joue un rôle indispensable dans l’intégration des pays en développement dans l’économie mondiale.
M. AMER GUMA (Jamahiriya arabe libyenne) a déclaré qu’il avait examiné dans le détail les suites à donner à la Déclaration du Millénaire. Le représentant a apprécié la tendance à vouloir faire face aux problèmes économique de la part de nombreux Etats. Notre espoir est que ces efforts aboutissent à des résultats qui réduisent la pauvreté, a-t-il déclaré. En outre, le représentant s’est félicité de la détermination du Secrétaire général à lutter contre le terrorisme. Mon pays est partie aux conventions internationales contre le terrorisme, a-t-il souligné. Cependant, il faut cesser d'établir un lien entre la religion et le terrorisme, a-t-il estimé. Il ne faut pas confondre terrorisme et les aspirations légitimes d’un peuple à prendre son destin en main. Le représentant a insisté sur la nécessité de détruire toutes les armes de destruction massives, en particulier au Moyen-Orient où, a-t-il estimé, Israël devrait adhérer aux conventions internationales régissant les armements. Il a engagé le système des Nations Unies à continuer d’aider au développement de l’Afrique, notamment grâce au NEPAD. La réforme du système est une nécessité impérieuse, l'Assemblée générale doit pouvoir exercer son contrôle sur le Conseil de sécurité. Il faut relancer d’autres organes tel l’ECOSOC. Il faut aussi supprimer tous les obstacles qui empêchent le Conseil de sécurité d’être pleinement efficace, a-t-il conclu.
M. KOICHI HARAGUCHI (Japon), rappelant combien la communauté internationale était devenue interdépendante, a estimé que le monde actuel avait de plus en plus besoin d’un cadre multilatéral qui permette de trouver des solutions globales et intégrées. Parmi les réformes nécessaires, il a estimé que la réforme du Conseil de sécurité devrait lui permettre d’être plus représentatif de la réalité du XXIème siècle. A ce titre, le représentant a fait valoir que son pays souhaitait assumer des responsabilités en tant que nouveau membre permanent dans un Conseil de sécurité réformé. S’agissant de la réforme de l’Assemblée générale, le représentant a regretté que les diplomates soient trop souvent préoccupés par l’adoption d’un trop grand nombre de résolutions qui n’ont pas toujours d’écho en dehors de l’ONU et a estimé qu’il fallait avant tout relancer les débats productifs. S’agissant de la situation iraquienne, il a émis l’espoir que la nouvelle résolution actuellement examinée au Conseil de sécurité constitue une bonne base pour un partenariat international renforcé, en faveur du développement de la paix et de la sécurité en Iraq. Appelant par ailleurs la Corée du Nord à démanteler ses programmes de développement du nucléaire de façon visible et définitive, le représentant a affirmé que son pays aspirait à normaliser ses relations diplomatiques avec la Corée du Nord sur la base de la Déclaration de Pyongyang, dès que des solutions auront été trouvées en ce qui concerne la question nucléaire, la question des missiles et celle des enlèvements.
M. STAFFORD NEIL (Jamaïque) a salué le travail des Nations Unies en Afrique, qu’il a qualifié de «succès», tout en souhaitant que davantage de ressources soient allouées au continent pour installer les fondements de la paix et de la stabilité, en particulier dans les situations d’«après conflit». Les engagements pris dans les conférences concernant les questions humanitaires ont été en grande partie appliqués, a affirmé le représentant en regrettant toutefois que des contraintes, matérielles ou budgétaires, aient pu enfreindre le travail de l’Organisation. Il a déploré notamment le manque de soutien à la lutte contre les maladies dangereuses, ou de mise à disposition de l’aide d’urgence lors des catastrophes naturelles ou des famines. Concernant les Objectifs de développement du Millénaire, il a noté là encore que les progrès accomplis cette année avaient été limités. Il a demandé aux Nations Unies de jouer un rôle plus important dans la formulation des politiques liées au processus de développement. Ces politiques, a-t-il estimé, sont encore trop largement liées aux décisions des institutions de Bretton Woods, dont le système de gouvernance a soumis les plus petits aux décisions des plus grands, à savoir les pays développés.
M. DEJAN SAHOVIC (Serbie et Monténégro) a estimé que les défis à relever par l’Organisation des Nations Unies étaient considérables, en particulier au terme d’une année où elle a été particulièrement mise à l’épreuve. Le terrorisme demeure une menace à la paix et la sécurité internationales, a-t-il poursuivi, et le renforcement des mécanismes multilatéraux s’impose pour venir à bout de ce fléau. Dans le même temps, le respect des droits de l’homme et la promotion du dialogue et de la tolérance doivent être pris en compte dans la lutte contre le terrorisme, a-t-il dit. Il a soutenu le renforcement du rôle des Nations Unies en matière de non-prolifération des armes de destruction massive ainsi qu’un mandat pour l’ONU en Iraq qui permettrait d’assurer le succès des efforts de la communauté internationale pour le retour à la souveraineté. S’agissant de la prévention des conflits, M. Sahovic a regretté que le rapport du Secrétaire général sur l’activité de l’Organisation ne fasse pas mention de la situation qui prévaut dans les provinces du Kosovo et de Metohija où les minorités sont la cible de violences perpétrées par des milices albanophones en dépit de la présence internationale. En outre, a-t-il dit, en dépit du retrait du HCR de la région, l’attention de la communauté internationale ne devrait pas se détourner des conditions précaires des réfugiés et de personnes déplacées dont le retour est hypothéqué par les actions de ces mêmes milices également impliquées dans les trafics d’armes, de drogues et d’autres formes de criminalité transnationale.
M. AL-OTAIBI (Koweït) s’est dit d’accord avec le Secrétaire général: la guerre contre l’Iraq était un défi à la sécurité; toute action doit se faire dans le cadre des Nations Unies. Il faut préserver la crédibilité de l’Organisation et restaurer la souveraineté de l’Iraq. Le représentant s’est étonné que le Secrétaire général ne traite pas de la question des prisonniers de guerre. Il a noté que le rapport ne faisait pas référence aux fosses communes iraquiennes dans lesquelles on a trouvé des prisonniers ainsi que des ressortissants d’autres pays que l’Iraq. Il a émis l’espoir que le Secrétaire général y fera référence ultérieurement. Après avoir étudié en détail la Déclaration du Millénaire, le représentant a estimé qu’il existait bien un lien entre le développement d’une part et la sécurité d’autre part. En outre, il faut relancer le rôle des Nations Unies dans le nouveau siècle. Il a conclu en confirmant son appui à la mise en place d’un Groupe de haut niveau tel que proposé par le Secrétaire général.
M. VIJAY K. NAMBIAR (Inde) a appelé la communauté internationale à intensifier, en adoptant des mesures pratiques et réalistes, la réponse au défi lancé par les terroristes et leurs financiers. Il a souligné l’effort par ailleurs poursuivi par son pays en vue d’atteindre les objectifs de désarmement mondial sur la base des principes d’universalité, de non-discrimination et d’engagement. M. Nambiar a ensuite réitéré son soutien au Secrétaire général, à l’initiative d’une réforme de fond de l’Organisation, de ses institutions et de ses procédures. A ce propos, le représentant a souligné qu’il était indispensable d’élargir le nombre des membres permanents comme des membres non permanents du Conseil de sécurité. Exprimant ensuite sa satisfaction dans le rôle joué par les Nations Unies dans la coordination de l’assistance humanitaire, il a reconnu l’utilité du processus d’Appel consolidé dans le juste règlement des crises humanitaires. La délégation indienne a également rappelé, à la suite du Secrétaire général, qu’atteindre les Objectifs de développement du Millénaire requérait une réponse collective aux défis posés à la communauté internationale dans le domaine du développement. Se félicitant de la stratégie initiée par le Secrétaire général en vue de soutenir activement la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire, il a conclu que le succès ou l’échec d’une telle entreprise dépendait étroitement du respect des engagements pris par les Etats Membres.
M. GERHARD PFANZELTER (Autriche), faisant valoir que le concept de sécurité humaine regroupait à la fois les menaces indirectes telles que les catastrophes naturelles, les problèmes d’environnement, la pauvreté, les maladies et les menaces directes comme le terrorisme, le crime organisé transnational et les armes de destruction massive, a estimé que toutes ces menaces devaient être étudiées à travers la question de l’être humain, et notamment à travers le sort des plus vulnérables. Rappelant à cet égard que son pays était à la tête du Réseau de sécurité humaine, le représentant a jugé fondamental de réduire le nombre inacceptable de personnes qui font face à la pauvreté, souffrent de maladies et de manque d’éducation. Soutenant par ailleurs les propositions de réforme du Secrétaire général, le représentant autrichien a estimé que la composition actuelle du Conseil de sécurité ne reflétait pas la réalité géopolitique du XXIème siècle. La question n’est pas seulement de savoir qui doit être représenté aujourd’hui au Conseil, mais comment faire pour que le processus de décision du Conseil se fasse dans l’intérêt de la paix et de la sécurité mondiale, a-t-il poursuivi. Enfin, il a déclaré que les réformes proposées par le Secrétaire général destinées à renforcer les organes principaux de l’ONU permettraient d’aider la communauté internationale à atteindre les Objectifs du Millénaire.
M. JOHN DAUTH (Australie), s’exprimant aussi au nom du Canada et de la Nouvelle-Zélande, a indiqué que son pays approuvait le message du Secrétaire général, appelant à une modernisation des institutions multilatérales, notamment le Conseil de sécurité, l’Assemblée générale et le Conseil économique et social, face aux nouvelles mutations internationales. Faute de quoi, a-t-il estimé, leur marginalisation serait inévitable. Pour ce faire, l’Organisation doit améliorer ses capacités institutionnelles –et ses Etats Membres faire preuve de davantage de volonté politique –si elle veut remplir les aspirations contenues dans la Charte. A l’instar du Canada et de la Nouvelle-Zélande, son pays est en accord avec le rapport de M. Kofi Annan, qui affirme que l’Organisation est sur la bonne voie. Mais il faudrait que les Etats Membres choisissent la route qui mène à davantage de multilatéralisme, a réclamé le Représentant. Car les grandes souffrances causées par des conflits brutaux, notamment en Afrique, ont entraîné d’innombrables victimes parmi les populations civiles, a-t-il déploré. Une gestion souvent difficile, où il n’est pas aisé d’inciter les gouvernements d’un côté, et les forces rebelles de l’autre, à utiliser des méthodes de combat respectant les droits humains, a-t-il encore souligné. Citant l’action régionale que son pays a entreprise aux Iles Salomon avec la Nouvelle-Zélande et ses partenaires du Forum des Iles du Pacifique, il a indiqué qu’il s’agissait d’une contribution au maintien de la paix.
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