En cours au Siège de l'ONU

AG/1407

OUVERTURE DE LA REUNION DE HAUT NIVEAU DE L’ASSEMBLEE GENERALE SUR LE VIH/SIDA SUR UN CONSTAT SEVERE

22/09/2003
Communiqué de presse
AG/1407


Assemblée générale

3e séance plénière – matin


OUVERTURE DE LA REUNION DE HAUT NIVEAU DE L’ASSEMBLEE GENERALE

SUR LE VIH/SIDA SUR UN CONSTAT SEVERE


Le Secrétaire général prévient la communauté internationale

que les objectifs fixés il y a deux ans ne pourront être atteints d’ici 2005


C’est avec un sentiment d’urgence devant l’énorme menace pour l’humanité que constitue le VIH/sida que s’est ouverte ce matin à New York la réunion de haut niveau de l’Assemblée générale*.  Cette séance est consacrée au suivi des engagements pris en 2001 par la communauté internationale pour endiguer la pandémie du VIH/sida.  Chefs d’Etat et de gouvernement et ministres de la santé sont venus faire le bilan de leurs actions deux ans après l’adoption dans cette même salle de la Déclaration d’engagement sur le VIH/sida et réaffirmer leur détermination à renverser d’ici à 2005 une pandémie qui frappe 10 personnes toutes les minutes.  


42 millions de personnes infectées par le VIH/sida dans le monde et 14 millions d’enfants de moins de 16 ans orphelins du sida: le constat que dresse le Secrétaire général dans son rapport est préoccupant**.  Tout en notant une augmentation de 20% des contributions par rapport à 2002, qui atteignent désormais un montant annuel de 4,7 milliards de dollars, Kofi Annan a, ce matin, appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour que les ressources mobilisées et les actions menées soient à la hauteur des engagements pris.  «Il n’est pas question d’utiliser d’autres évènements ou problèmes pour reléguer le fléau à l’arrière plan de nos préoccupations», a-t-il lancé à l’intention des participants.


Plus inquiétant encore est le constat d’échec que dresse le Secrétaire général en matière de réalisation des objectifs fixés d’ici à 2005.  La communauté internationale s’était engagée à réduire l’incidence de la pandémie dans le monde de 25% d’ici à 2005, à réduire de 50% d’ici à 2010 la proportion de nourrissons infectés; à atteindre d’ici à 2005 un montant annuel de dépenses globales de sept à 10 milliards de dollars pour la lutte contre la pandémie.  Malheureusement à l’heure actuelle, moins d’une personne sur quatre susceptibles d’être infectées peut obtenir des informations de base sur le VIH/sida; moins de 5% des personnes qui pourraient être traitées par antirétroviraux peuvent actuellement accéder aux traitements, constate M. Annan. 


Rappelant les engagements pris pour qu’en 2005 trois millions de malades du sida reçoivent un traitement, le Président de la France, Jacques Chirac a réaffirmé son objectif: que l’Union européenne et les Etats-Unis contribuent chacun un milliard de dollars par an au Fonds mondial de lutte contre le sida, et que les autres donateurs apportent le troisième, dans un cadre financier pluriannuel.  Il a proposé en outre que l’Assemblée générale des Nations Unies consacre chaque année une session à la question du sida.  S’exprimant au nom de l’Union européenne, le Ministre des affaires étrangères d’Italie, Franco Frattini a précisé que l’Union avait versé 472 millions de dollars au Fonds mondial de lutte contre le sida en 2001-2002 et a fait une promesse de dons significative sur le long terme. 

Plaidant de son côté en faveur des petits Etats insulaires en développement à petit revenu ou à revenu intermédiaire, le Président de l’Assemblée générale, Julian Hunter, de Sainte-Lucie, a insisté pour que les interventions de la communauté internationale aillent de pair avec des politiques publiques de lutte contre la pauvreté.  Pays-phare de la lutte contre la pandémie dans le monde en développement, le Brésil est parti du principe que le droit à la santé fait partie des droits de l’homme fondamentaux et donc que l’accès aux traitements à un coût abordable doit également être universel, a expliqué le Ministre brésilien de la santé, Humberto Costa. 


Nombreux à prendre la parole ce matin, les chefs d’Etat africains ont également lancé un appel à la générosité des partenaires multilatéraux pour, comme l’a dit le Président du Sénégal, Abdoulaye Wade, «mettre fin à cette logique qui veut que les médicaments soient au Nord et les malades au Sud».  En Afrique, près de 30 millions de personnes sont infectées par le virus, dont 58% de femmes.  Avec un taux de prévalence de 31% des adultes, le Lesotho est le quatrième pays le plus touché au monde par le fléau du VIH/sida, a expliqué son Premier Ministre qui a détaillé les objectifs du pays, à savoir faire passer ce taux de 31% à 25% d’ici à 2006 parmi le groupe des 15 à 49 ans.


La session de l’Assemblée générale reprendra ses travaux cet après-midi à 15 heures.


*  Suite à donner aux résultats de la vingt-sixième session extraordinaire: mise en œuvre de la Déclaration d’engagement sur le VIH/sida.

** Rapport publié sous la cote A/58/184.


SUITE A DONNER AUX RESULTATS DE LA VINGT-SIXIEME SESSION EXTRAORDINAIRE : MISE EN ŒUVRE DE LA DECLARATION D’ENGAGEMENT SUR LE VIH/SIDA


Rapport du Secrétaire général (A/58/184)


Le présent rapport est soumis conformément au paragraphe 100 de la Déclaration d’engagement sur le VIH/sida, adoptée par l’Assemblée générale à sa session extraordinaire consacrée au virus de l’immunodéficience humaine/syndrome d’immunodéficience acquise (VIH/sida), le 27 juin 2001.  L’année 2003 est particulièrement importante dans la mesure où elle marque la première échéance des objectifs fixés dans la Déclaration aux gouvernements et à la communauté internationale.  Pour l’essentiel, il s’agit en effet de créer un environnement porteur, susceptible de préparer le terrain aux objectifs fixés pour 2005 et 2010 en matière de programmes et de résultats.


Tout en jetant les bases d’une action mondiale sans précédent, la Déclaration prévoit l’adoption de mesures concertées pour prévenir de nouveaux cas d’infection et réduire la vulnérabilité face au virus; améliorer l’accès aux soins, à l’aide et aux traitements; protéger les droits de l’homme et rendre les femmes autonomes; atténuer l’impact de l’épidémie; et mobiliser les ressources nécessaires à l’appui de ces efforts essentiels.


Bien que le présent rapport repose principalement sur les réponses des 100 États Membres d’ONUSIDA, il comprend néanmoins d’autres informations émanant de multiples sources, dont des études commandées par l’ONUSIDA, par des organismes des Nations Unies et des partenaires de l’ONU. 


D’importants progrès ont été réalisés dans l’action mondiale contre le VIH/sida depuis le premier rapport du Secrétaire général, en date du 12 août 2002.  Pratiquement tous les pays durement touchés disposent à présent de plans stratégiques multisectoriels de lutte contre le fléau, ainsi que de conseils nationaux sur le sida, dont un grand nombre sont à très haut niveau.  Les ressources disponibles pour les programmes de lutte contre le VIH/sida à l’échelon des pays à faible revenu et à revenu intermédiaire se sont rapidement accrues ces dernières années et devraient atteindre un montant total d’environ 4,7 milliards de dollars en 2003, les dépenses consacrées aux programmes internes, bilatéraux et multilatéraux y comprises.  Ce chiffre demeure néanmoins inférieur de plus de la moitié au montant estimatif de 10,5 milliards de dollars dont on aurait besoin d’ici à 2005.  Un nombre croissant mais encore limité de pays ont en outre enregistré une réduction du nombre de personnes infectées chez les jeunes.


Toutefois, dans certains domaines importants, les problèmes posés par l’épidémie sont toujours aussi aigus.  Dans les pays les plus touchés de l’Afrique subsaharienne, l’impact de l’épidémie devient de plus en plus alarmant et donne lieu à une corrélation mortelle entre l’insécurité alimentaire, le VIH/sida et l’affaiblissement des capacités institutionnelles.  Peu de progrès ont été réalisés à travers le monde en matière de diminution du nombre de nouvelles personnes infectées par le virus.


Malgré un renforcement des engagements politiques et des ressources en faveur de la lutte contre le VIH/sida, moins d’une personne sur quatre susceptible d’être infectée peut obtenir des informations de base sur le VIH/sida.  En outre, moins de 5% des personnes qui pourraient être traitées par antirétroviraux peuvent actuellement accéder à ce traitement.  Dans la majorité des pays où l’échange de seringues entre utilisateurs de drogues injectables constitue un des principaux modes de transmission du VIH, moins de 5% de la population concernée bénéficie des programmes de prévention et de traitement.  Les femmes et les filles représentent quant à elles la moitié des cas d’infection par le VIH dans le monde et 58% des cas en Afrique.


Au titre des recommandations, le rapport préconise la mise en place d’une direction politique énergique et des mesures effectives, notamment en Asie et dans le Pacifique, en Europe orientale et en Asie centrale, pour prévenir une expansion majeure du VIH/sida.  Les États Membres devraient en particulier accorder la priorité à la participation des personnes séropositives et de la société civile en général.  Il faut aussi intensifier les efforts pour fournir aux jeunes les informations, les services et le soutien nécessaires pour se protéger eux-mêmes.  Les États Membres devraient également évaluer et modifier les lois, politiques et pratiques qui accentuent la vulnérabilité des femmes et des filles.


En matière de VIH/sida et droits de l’homme, le rapport indique qu’il faut d’ici à la fin de l’année promulguer, renforcer ou appliquer des dispositions juridiques visant à éliminer la discrimination à l’égard des personnes atteintes du VIH/sida et de veiller à ce qu’elles jouissent pleinement de leurs droits et libertés fondamentaux.  Il faudra également évaluer les conséquences économiques et sociales du VIH/sida et mettre au point des interventions appropriées. 


Le rapport recommande par ailleurs que les États Membres incorporent dans leurs programmes l’adoption et l’application de mesures propres à réduire la vulnérabilité en protégeant les droits et en facilitant l’accès à des services adaptés aux besoins particuliers des populations très vulnérables. 


Pour financer les mesures à prendre à l’échelle mondiale, le rapport affirme qu’il faudrait tripler les ressources financières annuelles consacrées aux programmes de lutte contre le VIH/sida par rapport au niveau actuel d’ici 2005, et les quintupler d’ici 2007 pour atteindre un montant annuel de dépenses globales de sept à 10 milliards de dollars.  Il faudra aussi formuler des stratégies destinées à développer et maintenir les capacités institutionnelles, faute de quoi les pays ne pourront pas mener un combat effectif de longue haleine. 


Le rapport plaide également en faveur d’une action soutenue et coordonnée d’une large alliance de donateurs internationaux et d’autres parties concernées pour répondre d’urgence à la crise qui existe en Afrique australe.  Il recommande enfin le renforcement des systèmes nationaux de surveillance et d’évaluation, ce qui implique l’octroi d’une aide technique et financière d’urgence.


Déclarations


M. JULIAN ROBERT HUNTE, Président de l’Assemblée générale, a rappelé que cette séance plénière de l’Assemblée générale vise à faire le bilan des engagements pris par la communauté internationale en 2001 afin d’inverser la pandémie du VIH/sida d’ici à 2005.  La plupart des malades du sida sont des femmes et 95% de tous les malades vivent dans le monde en développement.  Il est urgent de faire face aux effets dévastateurs de cette maladie sur les populations vulnérables ainsi que sur les petits États vulnérables.  Il faut aussi combattre la stigmatisation des malades du sida.  Malheureusement, nous sommes encore loin d’avoir atteint la somme de 10,5 milliards d’ici à 2005 pour combattre les effets du sida dans les petits États insulaires à petit revenu ou à revenu moyen.  Les interventions de la communauté internationale doivent aller de pair avec des politiques publiques de lutte contre la pauvreté.  Nombre de progrès ont été accomplis grâce notamment à ONUSIDA.  Au bout du compte, il incombe aux gouvernements ne renouveler leurs engagements: ce que nous accomplissons ici doit être suivi de politiques similaires aux niveaux national et régional.


M. KOFI ANNAN, Secrétaire général des Nations Unies, a constaté que si les ressources étaient en augmentation, il restait encore beaucoup à faire dans la lutte contre le VIH/sida.  Il a regretté que le rapport réalisé sur la base d’informations communiquées par 103 pays, qui faisait suite à la Déclaration d’engagement issue de la session extraordinaire que l'Assemblée générale a consacrée au VIH/sida en 2001, indiquait que les objectifs fixés dans ce domaine ne seraient pas atteints d’ici à 2005.  Il a noté à cet effet qu’un tiers des pays n’avaient pas encore adopté une politique garantissant aux femmes l’accès aux mesures préventives et aux soins; par ailleurs, a-t-il constaté, à l’heure actuelle, seule une personne sur neuf qui souhaite se faire tester a les moyens de le faire; cette moyenne tombe à une personne sur 16 en Afrique sub-saharienne.


Le Secrétaire général a par ailleurs exprimé sa satisfaction de constater que les fonds consacrés à la lutte contre le VIH/sida avaient augmenté de 20% par rapport à 2002, pour atteindre un montant annuel de 4,7 milliards de dollars, dont 1,5 milliard ont été engagés dans 93 pays.  En outre depuis 1999, les dépenses des Etats à revenu faible ou intermédiaire ont doublé en faveur de la lutte contre le VIH/sida.  Tout en se félicitant du chemin parcouru, M. Annan a toutefois précisé qu’il fallait mobiliser 10 milliards de dollars chaque année pour lutter efficacement contre ce fléau.  Dans ce contexte, il a appelé la communauté internationale à redoubler d’efforts pour que les ressources mobilisées et les actions menées soient â la hauteur des engagements pris.  En conclusion, le Secrétaire général a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle fasse de la lutte contre le VIH/sida l’une de ses principales préoccupations.  Il n’est pas question d’utiliser d’autres évènements ou problèmes pour reléguer le fléau à l’arrière-plan de nos préoccupations, a conclu le Secrétaire général. 


Rappelant que la pandémie du sida constituait une menace sur la stabilité de l’économie mondiale et le développement, M. OWEN S. ARTHUR, Premier Ministre de la Barbade, a indiqué que son Gouvernement avait initié une large offensive multisectorielle contre l’épidémie, et développé des partenariats avec la société civile pour réduire de 50% la mortalité d’ici à 2004 et de 50% l’infection d’ici à 2006.  Il a également souligné que le lancement d’un programme proposant gratuitement les traitements antirétroviraux aux citoyens touchés par la maladie avait permis de réduire en un an les décès imputés au sida de 43%.  Poursuivant ses efforts, il a enfin promis un renforcement de l’arsenal législatif contre les formes de discrimination et de stigmatisation liées à la maladie.


M. JOHN AGYEKUM KUFUOR, Président de la République du Ghana, a déploré que les statistiques mondiales indiquent que le taux de prévalence du VIH/sida est toujours à la hausse et a indiqué que, dans le cas du Ghana, ce taux est de 3,4%, ce qui reste relativement faible par rapport à d’autres pays d’Afrique de l’Ouest.  Actuellement les efforts de lutte de son gouvernement contre le VIH/sida sont axés sur la recherche de stratégies efficaces et à moindre coût dans le but de réduire ce taux sans quoi, à taux égal, le nombre de personnes contaminées passera de 600 000 aujourd’hui à 1 360 000 en 2014.  Environ 63% des personnes infectées au Ghana sont des femmes, a poursuivi M. Kufuor, ce qui est d’autant plus grave que leur rôle socioéconomique est essentiel. 


Pour faire face à cette pandémie, le Ghana a opté pour une approche multisectorielle dans le but de mobiliser les ressources humaines, matérielles et financières et d’associer la société civile et le secteur privé à cet effort de prévention, de traitement et de soin.  Une Commission de lutte contre le VIH/sida a été mise en place dans le but de coordonner cet effort national, de même qu’un Fonds spécial de financement de la riposte au sida (GARFUND).  Cette stratégie a notamment permis de sensibiliser toute la population ghanéenne au problème, et de prendre des mesures spécifiques qui tiennent compte du lien existant entre VIH/sida, prévalence du virus chez les femmes et pauvreté.  M. Kufuor a également annoncé que certains antirétroviraux seront sous peu disponibles au Ghana, et que le gouvernement envisageait de produire des antirétroviraux génériques pour se donner les moyens de faire face à ce fléau.


M. ABDOULAYE WADE, Président de la République du Sénégal, a rappelé que l’étude intitulée Coordinates 2002 publiée en avril 2002 indiquait qu’au moins 30% des jeunes interrogés dans 22 pays n’avaient jamais entendu parler du sida ni de ses modes de transmission et que 87% du groupe des 15 à 19 ans ne pensaient pas être concernés par la maladie.  Pour sa part, a déclaré le Président, le Sénégal avait développé une stratégie de lutte contre la maladie qui combine une politique systématique de dépistage sanguin et la décentralisation des centres de dépistage anonymes et volontaires.  Le Sénégal a été l’un des premiers pays à obtenir des grands groupes pharmaceutiques une baisse de 95% du prix des médicaments, a précisé M. Abdoulaye Wade.


Combattre les préjugés, informer, éduquer, sensibiliser, prendre en charge les malades et porteurs sains au plan affectif, psychologique et thérapeutiques, il s’agit des conditions préalables à toute action crédible, a-t—il poursuivi en rendant hommage aux leaders religieux qui ont également apporté un complément d’action aux politiques nationales.  Grâce à ces actions combinées, le Sénégal a réussi à contenir le taux d’infection à 1,4%.  Il a également lancé un appel à tous les partenaires bilatéraux et multilatéraux pour qu’ils contribuent au Fonds Mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme dont les ressources actuelles ne couvrent que 11% des besoins.  Il est temps de mettre fin à la logique qui veut que les médicaments soient au Nord et les malades au Sud, a conclu M. Abdoulaye Wade.


M. PAKALITHA BETHUEL MOSISILI, Premier Ministre du Royaume du Lesotho, a indiqué qu’avec un taux de prévalence de 31% des adultes, son pays était le quatrième pays le plus touché au monde par le fléau du VIH/sida.  Notre objectif est aujourd’hui de réduire ce taux à 25% d’ici à 2006 parmi le groupe des 15 à 49 ans, a-t-il indiqué, affirmant que son pays accordait une grande priorité aux campagnes d’information et de communication et qu’il entendait faire porter le nombre des centres de dépistage, actuellement au nombre de cinq, à plus de 30 d’ici 2007.  Le Lesotho, qui compte 73 000 orphelins du sida de moins de 14 ans et qui consacre 9% de son budget national à la santé, a décidé par ailleurs d’élaborer des programmes multisectoriels pour atténuer l’impact du fléau et mobiliser des ressources conséquentes.  Cette action est centrée autour de la prévention par l’éducation et l’amélioration de l’accès aux soins et au service de dépistage, a conclu M. Mosilili. 


M. JORGE SAMPAIO, Président de la République portugaise, a salué les initiatives régionales prises dans la lutte contre la pandémie du sida, dont les efforts de la communauté des pays lusitanophones dans le domaine de la coopération technique, qui ont bénéficié, en particulier, aux Etats africains les plus affectés.  Il s’est également félicité de la création d’un Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et la malaria, qui résulte du travail constant fourni par les Nations Unies et en particulier son Secrétaire général, M. Kofi Annan.


Il a toutefois insisté sur le fait que l’accès aux traitements ne devait pas être refusé en raison de leur prix élevé.  Inquiet des prévisions de l’ONUSIDA, qui révèlent que 45 millions de personnes de plus seront infectées si des mesures de prévention ne sont prises à l’échelle mondiale, il a souligné les conséquences sur les secteurs de la santé, de l’éducation, de l’économie, de la famille et, au-delà, l’impact macroéconomique sur les sociétés frappées par la pandémie. 


M. MARC RAVALOMANANA, Président de la République de Madagascar, a souligné qu’à Madagascar, le taux de prévalence du VIH/sida était de 0,3% l’année dernière, et de 1,05% actuellement, soit trois fois plus en seulement une année, ce qui témoigne de la gravité du problème.  Pour faire face à ce fléau, un Comité national de lutte a été mis en place, chargé de définir les orientations stratégiques, tout en mobilisant les secteurs publics, privés, communautaires et religieux.  En sus des ressources propres à Madagascar, les Nations Unies, la Banque mondiale, l’Union européenne ainsi que d’autres pays soutiennent cet effort a indiqué M. Ravalomanana. 


Constatant que, dans les pays industrialisés, le taux d’infection est en diminution, alors que dans les pays africains il ne cesse d’augmenter, M. Ravalomanana s’est demandé si cela était notamment dû au fait que les pays en développement n’ont pas suffisamment de moyens pour les campagnes de prévention; aux traditions ancrées en Afrique; ou encore aux moyens dont disposent les populations des pays pauvres pour se protéger.  En conclusion, il a déclaré «le sida n’est pas une fatalité inévitable, donnons nous les moyens pour le combattre et l’éradiquer».


M. LEONID D. KUCHMA, Président de l’Ukraine, a rappelé qu’il y a deux ans, la communauté internationale avait décidé d’unir ses efforts pour lutter contre le fléau du VIH/sida.  La Session spéciale de l’Assemblée générale consacrée à cette question, initiée en partie par l’Ukraine, était ainsi devenue un tournant dans la lutte contre cette maladie, a rappelé le Président.  L’Ukraine a également été l’un des premiers membres du Conseil d’administration du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, a-t-il précisé, saluant les contributions des Etats-Unis et des pays de l’Union européenne à ce Fonds.  M. Kuchma a cité en exemple la constitution du groupe des «partenaires transatlantiques» dans la lutte contre le VIH/sida en Europe de l’Est qui associent les représentants des milieux de la recherche des ONG et du secteur privé de l’Ukraine, de la Fédération de Russie et des Etats-Unis.


Le Président a expliqué que son pays s’est trouvé confronté à la pandémie du VIH/sida en 1987 et que depuis 1995, le rythme de propagation de la maladie est semblable à une épidémie.  Aujourd’hui, la population de l’Ukraine compte 57 000 personnes séropositives mais ce chiffre pourrait être largement sous-estimé, a-t-il dit.  Il a salué la mise en place du programme de partenariat avec le Fonds des Nations Unies pour le développement (PNUD) et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), même si celui-ci semble avoir connu des problèmes financiers, déplorant que ce soient les programmes médicaux qui aient le plus de mal à attirer les contributions des donateurs.


M. OLUSEGUN OBASANJO, Président et Commandant en chef des Forces armées de la République du Nigéria, a précisé que son pays avait mis en place une campagne visant à sensibiliser et informer le grand public sur les conséquences de cette maladie.  Cet effort s’est notamment traduit par la création d’un Comité national de lutte contre le VIH/sida.  Il a indiqué que son pays travaillait à la formulation d’une législation qui assurerait aux victimes du VIH/sida un accès aux services sociaux, mais aussi à l’emploi sans aucune discrimination.  Il a également souligné les efforts de son pays en direction des orphelins du VIH/sida. 


Le Président a par ailleurs précisé que son pays avait affecté 10 millions de dollars au Fonds mondial de lutte contre le VIH/sida, et s’est prononcé pour la mise en place d’une politique mondiale cohérente et ciblée et de partenariats efficaces dans la lutte contre le VIH/sida.  Il a estimé urgent de développer une politique mondiale cohérente et ciblée et des partenariats fonctionnels dans un souci d’efficacité dans la lutte contre le VIH/sida.  Parmi les autres questions qui doivent être abordées au niveau international figurent, à son avis, le problème des ressources inadéquates, des carences techniques et du coût élevé des médicaments antirétroviraux.  Il faut prendre en compte les besoins médicaux des pays en développement et déployer tous les efforts nécessaires pour trouver un vaccin contre cette maladie, a lancé M. Obasanjo.. 


Convaincu que la progression du sida n’était pas une fatalité insurmontable, M. JACQUES CHIRAC, Président de la République française, a salué tous les acteurs engagés dans la lutte contre ce mal: les malades d’abord, les associations, les médecins et les chercheurs, les entreprises et enfin les organisations internationales, au premier rang desquelles ONUSIDA et l’Organisation des Nations Unies, qui incarne une volonté politique à l’échelle mondiale.  Il a par ailleurs souligné les progrès accomplis dans l’accès aux traitements efficaces pour les plus pauvres, et notamment le fait que les Etats reconnaissent désormais que l’accès aux médicaments est indissociable de l’effort de prévention.


Rappelant les engagements pris pour qu’en 2005 trois millions de malades du sida reçoivent un traitement, le Président a déclaré que le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme devait disposer d’au moins trois milliards de dollars chaque année.  Il a à ce propos réaffirmé l’objectif défendu par la France: que l’Union européenne et les Etats-Unis apportent chacun un milliard de dollars par an, et que les autres donateurs apportent le troisième, dans un cadre financier pluriannuel.  En conclusion, il a proposé que l’Assemblée générale des Nations Unies consacre chaque année une session à la question de l’état d’urgence sanitaire mondiale contre le sida.


M. JOSEPH KABILA, Président de la République démocratique du Congo, a expliqué que le conflit armé qu’a connu la RDC a amené des troupes venant de pays à haute prévalence du VIH/sida et que la fin de cette guerre, aussi satisfaisante qu’elle soit ne doit pas faire oublier la guerre contre l’épidémie.  La RDC compte à ce jour plus de trois millions de personnes touchées par la maladie et prés de 1,5 million d’orphelins du VIH/sida.  La prévalence moyenne est de l’ordre de 5% à l’ouest du pays, et oscille entre 20 et 22% dans les provinces de l’est plus durement touchées par la guerre, a déploré le Président.


M. Kabila a rappelé par ailleurs les initiatives prises dès 1983 par son pays pour faire face à cette pandémie, notamment, la récente inauguration du Centre national de transfusion sanguine et l’introduction de médicaments antirétroviraux génériques et de la néviparine pour la prévention de la transmission du VIH/sida de la mère à l’enfant.  Tous ces efforts sont déployés alors que la RDC doit faire face à un grand nombre de problèmes issus de l’après-guerre, dont la réunification et la restauration de son intégrité territoriale, a conclu M. Kabilia.


M. ABDELAZIZ BOUTEFLIKA, Président de la République algérienne, a estimé que des progrès avaient été réalisés au plan de la sensibilisation et de la mobilisation des efforts pour inverser la tendance à l’extension de la contamination par le VIH/sida.  Cependant la pandémie prend une telle ampleur qu’elle appelle nécessairement un surcroît d’efforts au triple plan, national, régional et international.  Un surcroît d’efforts s’impose donc dans le domaine de la prévention et du financement, de l’accès aux médicaments et de la coordination entre les diverses initiatives.  En matière de prévention, l’ampleur des efforts qui restent à accomplir est illustrée par le fait que seuls 20% des populations dans le monde bénéficient de programmes de prévention, a-t-il ajouté.  Cela signifie que sans une action plus vigoureuse, l’horizon 2010 verra un doublement du nombre de personnes infectées.  Le Président Bouteflika a également estimé qu’un surcroît d’efforts s’impose également pour assurer un plus grand accès aux soins.  L’acuité de ce problème est extrême en Afrique où 95% des patients demeurent exclus des traitements, a-t-il ajouté.


M. Bouteflika s’est félicité de l’accord qui vient d’être réalisé dans le cadre de l’OMC, aux termes duquel les pays qui ne disposent de capacités de production pharmaceutique pourront importer des médicaments génériques, est porteur d’espoir.  Toutefois, a ajouté le Président, l’élargissement de l’accès aux soins renvoie aussi à la nécessité pour l’Afrique de développer les systèmes de santé pour renforcer leur accessibilité aux populations.  Outre les implications en termes d’infrastructures et de gestion, les besoins en formation de personnel médical sont tout autant cruciaux.  Le Président a regretté que le Fonds mondial de lutte contre le sida soit encore en deçà des besoins d’une lutte efficace qui exigera 7 à 10 milliards de dollars en 2005.  Ses ressources en effet ne sont que de 4,7 milliards de dollars.  Le Président s’est toutefois félicité de la tendance positive dans la mobilisation des ressources par les gouvernements et a souligné l’importance du secteur privé et de la société civile pour l’apport de ressources supplémentaires.

M. JOAQUIM ALBERTO CHISSANO, Président de la République du Mozambique, a rappelé que 42 millions de personnes seraient infectées par le VIH/sida à travers le monde, dont 70% sont des Africains avec toutes les conséquences socioéconomiques que l’on peut imaginer.  Le nombre d’orphelins du sida en Afrique et d’enfants obligés de quitter l’école augmente, alors que la population productive africaine est fortement entamée.  Le VIH/sida, a-t-il ajouté, constitue un obstacle de taille à la réalisation des Objectifs de développement du Millénaire.


Par ailleurs, M. Chissano a indiqué qu’un plan stratégique multisectoriel a été mis en place au Mozambique avec la participation de tous les partenaires concernées.  La priorité pour le Mozambique est aujourd’hui de réduire la mortalité liée au VIH/sida.  A cet égard, il a souligné la nécessité d’obtenir des traitements antirétroviraux efficaces et de ne pas oublier que la prévention reste l’ossature de tout programme efficace.  Il faut enfin renforcer les services de santé.  Pour combattre la pandémie en Afrique, il faut un partenariat international solide, avec une participation des secteurs public et privé.  En conclusion, le Président du Mozambique a exhorté les pays qui ont fait des annonces de contributions au Fonds mondial de lutte contre le VIH/sida à respecter leurs engagements. 


M. PASCAL COUCHEPIN, Président de la Confédération suisse, a réaffirmé la nécessité de persévérer dans les efforts visant à rendre les médicaments plus accessibles à ceux qui en ont besoin, saluant à ce propos le compromis trouvé le 30 août dernier à l’OMC sur cette question.  Il a également estimé qu’une politique efficace contre le sida était une condition du développement en lien étroit avec la lutte contre la pauvreté.  Dans cette perspective, la Suisse, a-t-il affirmé, a choisi d’intégrer la prévention du VIH/sida à ses projets de coopération et de développement.


Le Président a par ailleurs souligné le rôle que le Fonds mondial contre le sida, la tuberculose et le paludisme est appelé à jouer.  A sa demande, le Gouvernement suisse a pris une importante décision de principe: le Fonds, dont le siège est situé à Genève, serait assimilé à une organisation internationale et pourrait se voir offrir à ce titre les privilèges et immunités habituellement accordés à une telle organisation.  Face à la recrudescence de l’épidémie en Suisse, le gouvernement préconise principalement l’emploi du préservatif et la distribution de seringues propres ainsi qu’un comportement sexuel responsable, a-t-il indiqué.  Enfin, les acquis les plus remarquables ont été obtenus par un consensus entre les instances gouvernementales et non gouvernementales et grâce à une recherche scientifique interdisciplinaire, a conclu M. Couchepin.


M. JAN PETER BALKENENDE, Premier Ministre du Royaume des Pays-Bas, a plaidé en faveur de davantage d’initiatives, compte tenu de l’ampleur de l’épidémie.  Toutes les minutes, 10 personnes, dont neuf dans les pays en développement sont infectées par le VIH/sida.  La lutte contre le VIH/sida devait donc être menée sur plusieurs fronts: sur le front de la pauvreté, de l’ignorance, de l’exclusion sociale et de l’émancipation des femmes.  Rappelant que son pays assume ses obligations dans la lutte contre la pandémie, le Premier Ministre a ajouté que le respect pour les droits de l’homme, en particulier les droits des femmes, doit être à la base de la lutte contre le VIH/sida.  Il a précisé que son Gouvernement avait mis en œuvre une politique à trois volets: évaluation du problème; diffusion d’informations; priorité accordée aux populations vulnérables.  Il a également précisé que son pays entendait accorder la priorité aux pays d’Afrique.  Ceci s’est traduit par la conclusion d’un accord de partenariat avec les Etats-Unis qui sera mis en œuvre tout d’abord au Rwanda et au Ghana.  M. Balkenende a également insisté sur l’importance de préserver les droits reproductifs et les droits sexuels, notamment des femmes, dans les programmes de lutte contre la maladie.


Mme LINNETTE SABORIO, Vice-présidente du Costa Rica, a rappelé que son gouvernement, qui bénéficie d’un excellent système de santé pour un pays en développement, avait, dès 1997, adopté de nombreuses stratégies pour parer au mieux la pandémie du VIH/sida, dont la mise à disposition gratuite pour les malades du traitement antirétroviral.  Grâce à ses résultats, le Costa Rica a pu notamment obtenir du Fonds mondial de lutte contre le sida les ressources financières nécessaires à la mise en œuvre d’actions en direction des secteurs les plus touchés de la population.  Il a également adopté une législation nationale dans le domaine du travail qui a bénéficié aux patients ayant été l’objet d’une discrimination liée à leur maladie.  La communauté internationale doit maintenant accomplir des progrès dans le développement de thérapies appropriées, dans la disparition des préjudices et des stigmatisations liés à la pandémie, et enfin dans la pratique d’une solidarité internationale intersectorielle afin de permettre un meilleur accès aux traitements antirétroviraux.


M. LOUIS MICHEL, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères de la Belgique, déplorant que le monde ait trop tardé à prendre conscience du désastre humain, social et économique et même sécuritaire que le fléau du VIH/sida engendre, a rendu hommage à l’action de coordination menée à travers le monde par ONUSIDA et apporté le soutien le plus total de son pays au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme et au Programme multipays de la Banque mondiale.  Cependant l’augmentation des ressources n’est pas en soi un gage de réussite, a poursuivi M. Michel, elle doit aller de pair avec des garanties de durabilité.  La prise en charge médico-sociale doit être appréhendée avec la même attention que la prévention, a-t-il affirmé, ce qui explique le soutien de la Belgique aux initiatives de l’OMS dans le domaine des médicaments essentiels et génériques dans le but de généraliser le plus rapidement possible l’accessibilité aux antirétroviraux.  Pour sa part, la Belgique a quintuplé les ressources mobilisées pour la lutte contre le VIH/sida entre 1990 et 2003. 


Faisant état du lien étroit entre pauvreté et sida, M. Michel a plaidé en faveur de la remise de la dette des pays les plus pauvres.  L’état actuel de l’épidémie et particulièrement l’impact des facteurs sociaux sur son extension implique, à son avis, des réponses et des stratégies multiples ainsi qu’un engagement politique fort au plus haut niveau.  A cet égard, M. Michel a cité l’initiative belge menée dans le cadre du «partenariat international sur le VIH/sida en Afrique».  Il s’agit d’un programme qui consiste à fournir des kits standards de médicaments de base destinés aux soins à domicile des personnes affectées par le VIH/sida qui est mené dans certains pays africains.


M. LYDIE POLFER, Ministre des affaires étrangères du Luxembourg, a estimé qu’étant donné l’immensité et la complexité de la lutte contre le sida, il faut que de nouveaux partenariats se créent.  A cet égard, elle a mentionné l’initiative ESTHER lancée par la France et à laquelle se sont joints pour l’instant le Luxembourg, l’Espagne et l’Italie.  Il s’agit de créer dans les pays en développement, les conditions et structures nécessaires à une prise en charge efficace des malades du sida.  Pour ce faire, l’initiative ESTHER promeut et soutient le jumelage d’hôpitaux du Nord avec des structures de santé du Sud en vue d’un échange de savoir-faire permettant aux pays bénéficiaires d’encadrer de façon optimale le traitement de leurs patients.  L’accès au traitement pour les pays en développement est également crucial.  C’est pourquoi la conclusion d’un accord permettant un accès aux médicaments génériques revêt à nos yeux une grande importance, a poursuivi la Ministre.  Enfin, si tous les pays industrialisés rejoignaient le groupe, dont fait partie le Luxembourg, des pays qui réservent plus de 0,7% de leur PNB à l’aide au développement, d’importantes ressources supplémentaires pourraient être mobilisées pour la lutte contre le VIH/sida.


M. JAMES F. WAPAKABULO, Ministre des affaires étrangères de l’Ouganda, a indiqué que l’objectif de son pays était de réduire de 25% parmi les 15-24 ans le nombre de personnes touchées par le VIH/sida et de 20% le nombre des enfants qui naissent avec cette maladie.  Il a précisé que le taux de prévalence à la naissance chez les 15-24 ans n’était plus que de 6% à la fin de l’année 2002, alors qu’il se montait à 18,5% en 1993.  Parmi les actions du Gouvernement ougandais figurent une éducation et une information systématique intégrée aux cours d’écoles primaires, et à destination du lieu de travail, mais aussi des efforts particuliers pour réduire la transmission de la maladie de la mère à l’enfant.  Malheureusement, même si les centres de soins par médicaments antirétroviraux sont passés de sept en 2000 à 23 en 2002, seuls 6,3% des personnes à un stade avancé de la maladie ont accès à ces médicaments, soient seulement 10 000 personnes sur 158 000, a-t-il déploré.  En conclusion, il a souligné la nécessité pour son pays d’obtenir un soutien international afin de faire face à ce fléau, et notamment de pouvoir obtenir des médicaments antirétroviraux à des prix abordables. 


S’exprimant au nom de l’Union européenne, M. FRANCO FRATTINI, Ministre des affaires étrangères d’Italie, au nom de l’Union européenne, a appelé à une réponse globale de la communauté internationale à la pandémie du VIH/sida, rappelant que les Etats Membres s’étaient engagés lors de la Conférence de Monterrey à augmenter leur participation à l’aide publique au développement à hauteur de 0,39% de leur produit intérieur brut d’ici à 2006.  La Commission européenne a également alloué une aide supplémentaire de 35 millions d’euros au programme d’action de l’Union pour les quatre prochaines années, continuant de promouvoir par ailleurs  le renforcement des systèmes de santé nationaux afin de fournir, commercialiser et distribuer les médicaments au meilleur prix.  Enfin, l’Union européenne a versé 472 millions de dollars au Fonds mondial de lutte contre le sida en 2001-2002 et a demandé à chaque État Membre et à la Commission elle-même de contribuer au Fonds de manière significative, à long terme.


M. PHIL GOFF, Ministre des affaires étrangères et du commerce de la Nouvelle-Zélande, au nom du Forum des Iles du Pacifique, a rappelé que la gravité de la menace du VIH/sida pour le développement de la région des îles du Pacifique avait amené les responsables du Forum à s’engager dans la mise en œuvre des stratégies nationales de lutte contre le fléau lors de leur réunion à Auckland, le mois dernier.  Déplorant le fait que les ressources mobilisées pour la lutte contre ce fléau restent en deçà des besoins, M. Goff a affirmé qu’il fallait accorder la priorité à la mise en place d’un environnement porteur et de cadres juridiques adéquats de manière à faciliter l’application de stratégies multisectorielles et de sensibilisation à cette maladie.  Il s’est félicité de l’initiative proactive adoptée par les îles du Pacifique pour faire face à la croissance soutenue du taux d’infection par le VIH/sida dans cette région et de l’accord récent de l’OMS en vue de faciliter l’accès des pays en développement aux médicaments de lutte antisida à des prix abordables. 


M. JEAN PING, Ministre des affaires étrangères, de la coopération et de la francophonie du Gabon, donnant lecture du message de son Président, a d’abord souligné que l’Afrique abrite aujourd’hui 70% des personnes infectées dans le monde.  Il a ensuite indiqué qu’avec un taux de prévalence de 7,7% pour une population de 1,2 millions de personnes, la situation au Gabon est aussi grave que celle des pays plus peuplés ayant un taux de prévalence comparable.  Le Ministre a donc fait part du plan gabonais de lutte contre le VIH/sida en s’attardant sur la création, il y a deux ans, d’un Fonds national de solidarité doté d’un budget

annuel de 1,5 millions de dollars.  Ce Fonds, a-t-il expliqué, a permis de réduire de 80% les coûts des antirétroviraux.  Cependant, malgré cette conjonction d’efforts, la mobilisation des ressources continue de se heurter au fardeau de la dette.  Le Ministre a, par conséquent, appelé à un effort international de solidarité accru avant de saluer l’annonce faite, en juin dernier, par l’Union européenne et les Etats-Unis ainsi que l’accord conclu par l’OMC sur l’accès aux médicaments génériques.


M. JAKAYA M. KIKWETE, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de la République-Unie de Tanzanie, a indiqué que son pays avait mis en place en mai dernier une stratégie nationale multisectorielle qui défini les principes, buts et objectifs de la lutte contre le VIH/sida pour la période 2003-2007.  Dans un souci d’efficacité toutefois il a estimé indispensable de coordonner les efforts régionaux en ce domaine.  M. Kikwete a également précisé que le Ministère de la justice et des affaires constitutionnelles de son pays travaillait à la mise en place d’une législation visant à lutter contre la discrimination dont souffrent les victimes du VIH/sida.  La menace que constitue pour son pays un taux de prévalence de 8% rend nécessaire le soutien de la communauté internationale, a-t-il précisé.  La Tanzanie, qui vit avec la pandémie du VIH/sida depuis une vingtaine d’année, dispose d’une expérience et de connaissances déterminantes et d’une volonté politique sans faille pour participer à la lutte mondiale contre ce fléau, a conclu le Ministre. 


M. JULIO FRENK, Secrétaire d’Etat à la santé du Mexique, a rappelé qu’il ne s’agit pas d’un hasard si le taux de contamination par le virus du sida au Mexique est un des moins élevé du continent américain : il s’agit là du résultat des stratégies préventives adoptées depuis le début de l’épidémie.  Récemment, le Congrès mexicain a voté en faveur d’une réforme profonde visant à établir une assurance de santé publique universelle qui permettra aux malades du sida de bénéficier de ressources financières et d’obtenir un accès gratuit aux antirétroviraux.  Il a également adopté une loi contre les discriminations, en particulier en faveur des malades du sida.  En outre, a ajouté M. Frenk, des initiatives de sensibilisation et de prévention ont été mises en œuvre en faveur des populations vulnérables.  De même, le Mexique va se lancer dans la production de médicaments génériques de qualité à destination des populations de pays en développement.  A cet égard, la coopération régionale et internationale revêt une importance cruciale, a conclu M. Frenk.


M. ALEXANDER DOWNER, Ministre des affaires étrangères de l’Australie, a déclaré que, dans son pays, une vingtaine d’années d’une action coordonnée avaient abouti à de réels progrès dans la lutte contre l’épidémie.  Le taux d’infection est à présent relativement faible, une personne sur 1 500 vivant avec le VIH/sida.  En la matière, a-t-il confié, le problème réside dans le caractère transnational de l’épidémie.  Soulignant, à cet égard, l’importance de la coopération internationale, M. Downer a dit craindre que la région Asie-Pacifique ne devienne un autre épicentre de l’épidémie.  Plus de 7,2 millions de personnes sont infectées et le rythme d’infection est passé à 3 000 personnes par jour, a-t-il déclaré.  Le Ministre des affaires étrangères a par ailleurs fait part des efforts régionaux de son pays dans la mise en place, en 2000, d’une Initiative dotée de 200 millions.  Dans ce contexte, il s’est félicité de l’accord conclu par l’OMC sur l’accès aux génériques et a mis l’accent sur le rôle de mobilisation des gouvernements, des organisations internationales, du secteur privé et de la société civile, dans la lutte contre le fléau.


M. KASSYMZHOMART TOKAEV, Ministre des affaires étrangères de la République du Kazakhstan, a jugé indispensable le soutien de la communauté internationale pour faire face à la menace que constitue pour son pays la pandémie du VIH/sida.  En effet, ce phénomène, compte tenu de son ampleur, ne se limite plus à une question de santé, mais est devenu un problème de sécurité et de stabilité nationales.  S’agissant des efforts de son pays, il a indiqué que le Kazakhstan a accordé 22,4 millions de dollars pour 5 ans au Fonds mondial de la lutte contre le VIH/sida et développé une législation visant à garantir les droits fondamentaux des personnes touchées par cette maladie.  Le VIH/sida est devenu une menace pour tous les pays du monde.  C’est pourquoi, a-t-il insisté, il est indispensable de pouvoir compter sur une volonté politique et une solidarité mondiales, notamment de la part des pays développés, pour faire face à cette menace. 


M. HABIB M’BAREK, Ministre de la santé de la Tunisie, a rappelé que le nombre de personnes séropositives, soit près de 42 millions aujourd’hui, incitait à redoubler d’efforts et à intensifier la coopération et la concertation dans la lutte contre la propagation du fléau.  Il a à cet égard salué le soutien technique et matériel que le système des Nations Unies, et notamment le Fonds mondial de lutte contre les maladies immunodéficitaires, la tuberculose et le paludisme, apportait aux efforts déployés par les différents pays.  Le Président a par ailleurs rendu hommage au Conseil exécutif de l’OMC pour sa décision d’approuver la libéralisation de la circulation des médicaments génériques.


En ce qui concerne son propre pays, le Président a rappelé que la Tunisie avait lancé un programme national de lutte contre le sida dès l’apparition des premiers cas en 1985, et créé une commission nationale regroupant toutes les parties concernées.  Cette démarche a ainsi permis d’assurer la sécurité en matière de transfusion sanguine, la gratuité des analyses en laboratoire et l’encadrement des personnes atteintes, y compris la garantie de la trithérapie et la protection sociale et psychologique.


M. HUMBERTO COSTA, Ministre de la santé du Brésil, a affirmé que la lutte contre ce fléau passait à la fois par la prévention, les traitements et les soins, mais également par la lutte contre l’ostracisme associé à ce virus.  Compte tenu du fait que les médicaments permettant de combattre ce fléau existent désormais, M. Costa s’est prononcé pour un accès généralisé aux traitements.  Pour sa part, le Brésil produit certains antirétroviraux et a réussi à faire baisser le prix des médicaments importés, et n’hésitera pas à utiliser tous les moyens, permettant de baisser les prix des médicaments essentiels et de les rendre disponibles à tous a-t-il expliqué.  Le Ministre a par ailleurs indiqué que son pays était à l’origine d’un programme de coopération internationale sur le sida avec 10 pays en développement d’Amérique latine, des Caraïbes et d’Afrique dont le but était de développer les ressources humaines, de partager les expériences positives et de fournir des antirétroviraux à un certain nombre de malades. 


Les chefs d’Etat des pays suivants ont participés au débat ce matin: Ghana, Sénégal, Madagascar, Ukraine, Nigéria, France, République démocratique du Congo, Costa Rica, Algérie, Mozambique, Confédération suisse, Portugal.  Se sont par ailleurs exprimés les Premiers Ministres des pays suivants: Barbade, Saint-Kitts-et-Nevis, Pays-Bas et les Premiers Ministres adjoints et Ministres des affaires étrangères de la Belgique et du Luxembourg.  Ont également pris la parole les Ministres des affaires étrangères de l’Italie, au nom de l’Union européenne, du Kazakhstan et de l’Australie, ainsi que le Ministre des affaires étrangères et du commerce de Nouvelle-Zélande; le Ministre des affaires étrangères, de la coopération et de la francophonie du Gabon; le Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de la République-Unie de Tanzanie; le Ministre d’Etat de l’Ouganda ainsi que les ministres de la santé du Mexique, de la Tunisie et du Brésil.

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