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SG/SM/8522

EN TERMES ECONOMIQUES, SOCIAUX ET CULTURELS, LES AVANTAGES DES MIGRATIONS SONT SUPERIEURS A LEURS PROBLEMES POTENTIELS, DECLARE M. KOFI ANNAN

25/11/2002
Communiqué de presse
SG/SM/8522


EN TERMES ECONOMIQUES, SOCIAUX ET CULTURELS, LES AVANTAGES DES MIGRATIONS SONT SUPERIEURS A LEURS PROBLEMES POTENTIELS, DECLARE M. KOFI ANNAN


Ci-après figure le texte intégral de l'allocution prononcée le 22 novembre à La Haye par le Secrétaire général, M. Kofi Annan, à l'occasion de la publication de la "Déclaration sur les futures politiques en matière de réfugiés et de migrations":


Je suis très heureux de me joindre à vous aujourd’hui à l’occasion de la publication d’une déclaration sur une question d’une aussi grande importance politique, économique et morale.  La manière dont nous traiterons la question de la politique à suivre en matière de réfugiés et de migrations aura un effet profond sur les relations entre les peuples des pays développés et des pays en développement.  Elle en dira long aussi, je crois, sur notre stature morale et notre engagement s’agissant de l’égalité entre les hommes et de la dignité humaine.


Davantage de gens aujourd’hui résident hors de leur pays natal que jamais auparavant.  En 2000, on en estimait le nombre à 175 millions, dont environ 159 millions étaient considérés comme des migrants internationaux, 16 millions environ étaient reconnus comme des réfugiés qui avaient fui parce qu’ils craignaient à juste titre d’être persécutés et 900 000 étaient des demandeurs d’asile.


Derrière ces chiffres se cachent des histoires humaines: celle de l’ingénieur en informatique nigérian employé en Suède, celle de l’ouvrier agricole guatémaltèque travaillant illégalement aux États-Unis, celle de l’Ukrainienne victime de la traite qui s’est retrouvée en Bosnie, celle du réfugié Afghan au Pakistan qui se trouve sur le point de rentrer chez lui, et beaucoup, beaucoup d’autres.


La mondialisation affecte de manière profonde la nature et les effets des migrations. La baisse du coût des voyages et les technologies de l’information et des communications qui figurent parmi les moteurs de la mondialisation ont rendu la migration beaucoup plus praticable.  L’intégration financière et la libéralisation ont permis d’envoyer plus facilement et à moindre coût de l’argent à l’étranger, ce qui a augmenté les transferts effectués par les travailleurs vers leur pays d’origine.


La migration peut ainsi avoir un rôle déterminant dans les perspectives de développement des pays pauvres, rôle à la fois positif du fait des envois d’argent des émigrés et de l’expérience et de l’éducation qu’ils acquièrent et négatif du fait de l’exode des cerveaux.  Elle a aussi, bien entendu, des incidences économiques et sociales importantes sur les pays du nord.


Il est par conséquent évident que la coopération internationale est nécessaire en matière de politique migratoire et de politique concernant les réfugiés. Au cours des 50 dernières années, de gros efforts ont été faits pour élaborer des politiques multilatérales en matière de réfugiés. Les politiques qu’adoptent individuellement les différents États n’affectent pas seulement les migrants et les réfugiés mais aussi les autres États, que ceux-ci soient proches ou éloignés.


Il est probable que la demande de main-d’oeuvre, en particulier en Europe mais aussi dans tout le monde occidental, augmentera à mesure que la main-d’oeuvre nationale des pays industrialisés diminuera par rapport au nombre de personnes à la retraite que ses impôts doivent faire vivre.  Dans le même temps, des millions de personnes et de familles des pays pauvres recherchent l’occasion d’améliorer leur niveau de vie en accédant à des emplois mieux rémunérés à l’étranger.


Il n’existe pas de choix facile ou de solution simple dans ce domaine. Les flux migratoires et les mouvements de réfugiés peuvent créer des problèmes, engendrer une certaine traite d’êtres humains, perturber les schémas établis et faire que beaucoup perçoivent l’idée même du changement comme une menace. Cependant, je suis convaincu que si la question est traitée comme il convient, les citoyens des pays développés comme ceux des pays en développement comprendront que les avantages de la migration, en termes de croissance économique, sociale et culturelle, dépassent de très loin les problèmes qu’elle peut apporter.  Il en va de même si l’on peut trouver des solutions durables au problème des réfugiés.


Il s’agit là avant tout d’une tâche qui incombe aux dirigeants politiques, en particulier à ceux du nord privilégié et plus encore, ici, à ceux d’Europe.  Les politiques doivent faire un choix.  Ils peuvent reconnaître le potentiel que représentent les migrants et les réfugiés ou en faire des boucs émissaires politiques.  J’espère qu’ils commenceront par démystifier la migration, en s’attaquant aux mythes négatifs et aux craintes qui l’accompagnent et en informant leur opinion publique des avantages que peut présenter une migration bien gérée. Pour que ces avantages se concrétisent, les dirigeants politiques doivent élaborer une stratégie pour intégrer les migrants dans leur société, en tant que membres à part entière, avec tous les privilèges et les obligations que cela entraîne.


Les immigrants et les réfugiés ne devraient pas – et ne doivent pas – être considérés comme un fardeau.  Ceux qui risquent leur vie et celle de leurs familles sont souvent ceux qui ont le plus l’ambition d’améliorer leur vie et qui sont prêts à travailler pour cela.  Ils ne quittent pas leur environnement familier, leur culture et leur famille pour une vie de dépendance, de crime ou de discrimination à des milliers de kilomètres de chez eux.  Ils veulent simplement un avenir plus sûr, plus prospère pour leurs enfants.  Si on leur donne la chance d’utiliser au mieux leurs capacités, dans des conditions égales, la très grande majorité d’entre eux seront un atout pour la société.


Cette déclaration est d’une portée à la fois vaste et profonde.  En l’élaborant, vous eu le courage de vous attaquer à des questions difficiles et de renouveler notre manière de penser, s’agissant d’une question aussi centrale pour les relations entre États et à l’intérieur des États.  J’invite tous ceux qui ont contribué à cette déclaration à poursuivre leur valeureux travail en agissant comme autant de catalyseurs pour un débat nouveau – plus visionnaire et plus humain que par le passé – sur le sort de nos frères humains qui quittent leur foyer à la recherche d’un avenir meilleur.


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