SG/SM/8487

KOFI ANNAN EXPLORE AVEC LES ANCIENS PRESIDENTS DE L'AMERIQUE LATINE LES MOYENS D'ELIMINER LA PAUVRETE POUR CONSOLIDER LA DEMOCRATIE

12/11/2002
Communiqué de presse
SG/SM/8487


KOFI ANNAN EXPLORE AVEC LES ANCIENS PRESIDENTS DE L'AMERIQUE LATINE LES MOYENS D'ELIMINER LA PAUVRETE POUR CONSOLIDER LA DEMOCRATIE


On trouvera ci-après les observations du Secrétaire général à la réunion des anciens présidents d’Amérique latine, le 12 novembre 2002:


Quel plaisir de vous accueillir à nouveau au Siège de l’Organisation des Nations Unies.


Bien que vous ne soyez plus présidents en exercice, vous avez toujours un rôle clef à jouer dans la vie de votre pays, de votre continent et, même, ici aux Nations Unies.  Je vous remercie d’avoir pris le temps de venir nous rendre visite.


Je vous sais tout particulièrement gré d’avoir accepté de participer à un ambitieux projet lancé par l’Organisation pour surmonter les obstacles que rencontre la démocratie en Amérique latine.


Il y a 25 ans, seuls quelques pays sur les 17 nations que compte l’Amérique latine continentale pouvaient être considérés comme démocratiques. Aujourd’hui, tous les pays de la région sont dirigés par des gouvernements élus.  Il s’agit là d’un changement majeur, dont les peuples d’Amérique latine peuvent s’enorgueillir.


Ce changement a d’ailleurs créé une situation unique.  Pour la première fois, une région entièrement composée de pays en développement est aussi organisée démocratiquement, ce qui ne va pas sans poser des difficultés particulières.  C’est une chose pour un pays prospère d’être démocratique, c’en est une autre pour un pays en développement qui, tout en se démocratisant, doit faire face à des problèmes comme la pauvreté, le chômage, l’analphabétisme et la maladie, et gérer les inévitables tensions sociales qui en résultent.


Les progrès démocratiques réalisés en Amérique latine concernent à la fois les systèmes électoraux, les tribunaux et les institutions de gouvernement local.  La portée des services sociaux s’est aussi étendue, ce qui a donné lieu à des améliorations en matière de mortalité infantile et de santé maternelle.


Parallèlement, dans beaucoup de pays d’Amérique latine, la répartition des revenus est parmi les plus inégales au monde.  La corruption et le trafic des drogues continuent d’engendrer la violence, sapant à la fois le développement et l’état de droit.  La région connaît de graves problèmes de gouvernance et les populations sont de plus en plus mécontentes du pouvoir politique, état d’esprit qui est sans doute aggravé par les souffrances causées par les récentes crises économiques et financières.


Pour certains, l’espoir que la liberté politique et économique permettrait de répondre aux énormes besoins de la région sur le plan social s’est transformé en un questionnement sur la démocratie.  La démocratisation en Amérique latine semble avoir atteint un stade critique, qui impose que l’on s’interroge sur les forces et les faiblesses du système démocratique, tout en évaluant les besoins et les risques pour l’avenir.


Le projet lancé par le Programme des Nations Unies pour le développement, qui s’intitule «Développement et état de la démocratie en Amérique latine», tente de répondre à ces questions.  Il s’agit de promouvoir le dialogue et le débat entre les dirigeants politiques, les universités et les membres de la société civile, pour permettre à la démocratie de s’enraciner et de se perfectionner.  En appelant l’attention sur les tensions et les problèmes naissants et avant qu’ils ne dégénèrent en instabilité ou même en violence, le projet contribuera aussi à la prévention des conflits.


Pour qu’une démocratie fonctionne, il faut que les aspirations de tous les secteurs de la société soient dûment prises en compte.  L’autoritarisme n’est pas une solution à la pauvreté, de même que le développement n’en est pas une à l’absence de liberté.  La pauvreté et l’oppression vont souvent de pair et il n’est de développement véritable que si l’on s’affranchit de l’une comme de l’autre.  Aucun État ne peut se prétendre démocratique s’il n’offre pas à la population des moyens d’échapper à la pauvreté.  Et aucun pays ne peut vraiment se développer s’il écarte sa propre population du pouvoir. Le principe de la démocratie est à présent universellement reconnu, il reste maintenant à rendre sa pratique tout aussi universelle.


En votre qualité d’anciens présidents, vous êtes mieux placés que quiconque pour plaider activement la cause de la démocratie et pour contribuer à la renforcer sur tout le continent.  Votre présence aujourd’hui témoigne de votre engagement à faire ce qu’il faut pour y parvenir.  Je me réjouis de travailler avec vous et d’entendre vos idées sur ce qu’il faudrait faire.


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