SG/SM/8486

TRANSCRIPTION DE LA CONFERENCE DE PRESSE TENUE AU SIEGE PAR LE SECRETAIRE GENERAL, M. KOFI ANNAN, LE 12 NOVEMBRE 2002

12/11/02
Communiqué de presse
SG/SM/8486


TRANSCRIPTION DE LA CONFERENCE DE PRESSE TENUE AU SIEGE PAR LE SECRETAIRE GENERAL, M. KOFI ANNAN, LE 12 NOVEMBRE 2002


Le Secrétaire général  : Je voudrais vous annoncer ce matin la nomination de Mme Catherine Bertini en tant que nouvelle Secrétaire générale adjointe à la gestion. Elle prend la place de Joseph Connor qui nous quitte après huit ans de loyaux services à la tête de cette division.


Vous connaissez tous Catherine Bertini. Elle a travaillé au Programme alimentaire mondial (PAM) durant 10 ans où elle a lancé d’importants programmes de réformes et a fait un excellent travail. Avant cela, elle a travaillé au sein du Gouvernement, aux niveaux national et fédéral, ce qui lui a permis d’acquérir beaucoup d’expérience, ainsi que dans le secteur privé. Donc sa riche expérience sera très utile pour l’ONU.


Avant de vous donner la parole, permettez-moi de rendre hommage à Joe Connor qui a apporté une contribution merveilleuse à l’Organisation où il a introduit des pratiques de gestion modernes. Son expérience antérieure chez Price Waterhouse a été très utile au moment où l’Organisation traversait une crise financière aiguë. Il a dirigé avec moi le programme de réformes que nous avons lancé en 1997 et, avant cela, il a travaillé avec mon prédécesseur Boutros-Ghali pour faire de l’ONU l’Organisation qu’elle devrait être.


Nous vous accueillons chaleureusement, Catherine, et nous savons que vous accomplirez des merveilles ici.


Mme Bertini : C'est un grand privilège et un honneur de reprendre mes activités au sein de l’ONU et surtout de travailler pour le Secrétaire général, M. Kofi Annan. Il a un deuxième programme de réformes ambitieux, et je ferai de mon mieux pour concourir au succès de ce programme. Ce sera un honneur de travailler avec lui sur toutes les questions relatives à l’administration de l’ONU et de contribuer au succès du Secrétaire général dans ce domaine. Il a obtenu nombre de succès dans le monde et je suis heureuse et honorée.


Le Secrétaire général : Nous allons à présent passer aux questions, si vous en avez à ce propos en particulier.


Question : Mme Bertini est probablement la première femme à occuper ce poste. Est-ce le cas?


Le Secrétaire général : Une femme a occupé le poste pendant une très brève période, Mme Melissa Wells. Catherine est donc la deuxième femme à occuper ce poste de haut niveau dans l’administration.


Question : À présent, je vais poser ma vraie question : quelles devraient être, selon vous, les priorités de Mme Bertini en matière de réforme de l’Organisation?


Le Secrétaire général : Nous avons eu déjà des discussions à ce sujet. De toute évidence, elle va se concentrer sur la mise en oeuvre des réformes en cours à l’heure actuelle. Elle va consacrer beaucoup de temps aux technologies de la communication et de l’information en renforçant également le secteur du personnel. Je vais également lui demander d’intensifier nos

efforts en vue d’atteindre la parité. Nous allons assurer une meilleure coordination au sein du système des Nations Unies et entre les fonds et programmes et dans d’autres domaines également. La budgétisation subit des réformes, tout comme la gestion des ressources humaines. Donc il existe de nombreux domaines auxquels elle pourra s’attaquer.


N’oubliez pas non plus que nous nous occupons également de faire avancer le plan de rénovation de ce bâtiment.


Question : Est-ce que vous allez gagner davantage ou moins comparé au Programme alimentaire mondial? Est-ce que ce poste revient toujours à un Américain, comme cela a été le cas jusqu'à présent?


Le Secrétaire général : Non, le niveau est le même, mais Catherine devra nous dire si elle estime que ce sera plus agréable de vivre à New York ou à Rome.


En ce qui concerne le titulaire du poste, il n’a pas toujours été attribué à un ressortissant américain. Il y a Marti Aatisari de Finlande qui a occupé ce poste ainsi que Dibertin, un Allemand. Pour le moment, le titulaire est américain, mais cela n’a pas toujours été le cas, et ce ne sera pas toujours le cas à l’avenir.


Question : Que pensez-vous du fait de changer le bâtiment de l’ONU dans le cadre du plan de rénovation? Vous connaissez ce bâtiment, vous l’avez visité souvent. Que pensez-vous de la nécessité de construire un nouveau bâtiment, de détruire celui-ci? Il a également été proposé que l’ONU s’implante à Ground Zero. Peut-être que le Secrétaire général voudrait réagir aux rapports en la matière. Un échotier indique que c'est vous qui vous opposez à cette idée.


Le Secrétaire général  : Peut-être est-il prématuré pour Catherine d’entrer dans tous ces détails. Donc je vais prendre l’initiative et elle pourra décider ensuite si elle veut répondre ou non.


Il est vrai qu’il a été proposé de construire le siège de l’ONU à Ground Zero.  Ensuite il a été proposé de construire un bâtiment temporaire, qui serait occupé par différents services au fur et à mesure que leur étage serait remis en état. Nous n’allons pas détruire le bâtiment, même s’il n'est pas très efficace du point de vue de l’électricité et d’autres services et s’il n'est pas conforme à toutes les normes imposées par la ville. Nous souhaitons donc remettre le bâtiment en état, faire en sorte qu’il ne se dégrade pas davantage et de cette façon, nous allons pouvoir faire des économies l’électricité.


Question  : Souhaitez-vous ajouter quelque chose?


Le Secrétaire général : Pour le moment, non. Un jour, elle vous parlera de ce plan.


Nous pouvons passer à d’autres sujets.


Question : Le Parlement iraquien vient de recommander le rejet de la résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies. Qu’avez-vous à dire à ce propos?


Le Secrétaire général : J’ai adressé une lettre au Gouvernement iraquien et j’attends une réponse officielle de sa part. Le Parlement iraquien ne s’adressait pas à moi, je crois, mais au peuple iraquien.


Question : Sachant que le Conseil révolutionnaire et Saddam Hussein vont examiner la résolution, quel message adressez-vous au Gouvernement?


Le Secrétaire général : Je crois que les exigences du Conseil de sécurité sont très claires. On s’attend à ce que l’Iraq s’y conforme. La décision, la résolution est claire, elle a également été appuyée par la Ligue arabe. J’espère que le message passera.


Question : Je voudrais évoquer deux sujets. On parle de plus en plus du refoulement de Yasser Arafat par le Gouvernement israélien. La situation est vraiment très grave là-bas. Que pensez-vous de ce refoulement? Et en ce qui concerne la question de l’Iraq, pensez-vous que les inspections approfondies devront attendre l’arrivée de la déclaration que l’Iraq est censé vous donner dans les 30 jours?


Le Secrétaire général : Pour ce qui est de la première question, j’ai lu les rapports, et j’espère que cela ne se passera pas. De nombreux gouvernements dans le monde ont indiqué qu’il ne serait guère sage de bannir le président Arafat, et j’espère que cela ne se passera pas. En ce qui concerne votre deuxième question, les inspecteurs ont fixé un calendrier. L’Iraq doit accepter la résolution officiellement avant le 15 et j’attends cette lettre. Ensuite, l’Iraq, dans les 30 jours qui viennent, devra déclarer ses dotations en armes de destruction massive. Les inspecteurs disposent de 45 à 60 jours pour se rendre en Iraq, vérifier l’équipement, vérifier que tout est en place, ensuite rendre compte au Conseil et retourner en Iraq pour achever le travail. MM. Blix et El-Baradei se rendront en Iraq le 18. Je vois les choses de la manière suivante : durant cette période, ils vont rétablir les contacts. Le programme de désarmement complet commencera durant la deuxième phase. Mais peut-être devriez-vous en parler avec M. Blix, car je ne suis pas expert.


Question : Vu la manière dont vous présentez les choses, il semble que les événements s’enchaîneront de la manière suivante : après avoir donné leur aval, les Iraquiens présenteront leurs déclarations. Et alors les inspecteurs reprendront les inspections?


Le Secrétaire général : Non, non. Tout d’abord, la résolution du Conseil de sécurité entre en vigueur à compter du premier jour où elle a été adoptée. Un délai de sept jours a été demandé, mais même sans ces sept jours, nous devons être clairs sur le fait qu’une résolution est entrée en vigueur.


M. Blix et son équipe se préparent actuellement à arriver le 18 pour procéder aux évaluations sur le terrain. L’Iraq, nous l’espérons, produira un document dans les 30 jours, comme cela a été demandé. Et chacun fera ce qu’il a à faire. Pour les détails, je vous suggère d’en discuter avec M. Blix.


Question : Je voudrais encore poser une question en ce qui concerne le calendrier. La presse semble beaucoup discuter du moment exact où les sept jours viendront à échéance le 15. S’agit-il de l’heure à laquelle la résolution a été adoptée? De l’heure à laquelle vous avez informé les Iraquiens? Pouvez-vous nous le dire?


En fait, ma vraie question est la suivante : Durant ces huit semaines, l’Organisation des Nations Unies a subi d’énormes pressions et le Président Bush n’a cessé de dire que l’ONU risquait de perdre sa pertinence, sa raison d’être. Pouvez-vous faire des observations à ce propos, à la lumière des événements et à la lumière de vos discussions qui auront lieu aujourd’hui et demain avec le Secrétaire d’État M. Powell et le Président?


Le Secrétaire général : En ce qui concerne votre première question, je pense que nous n’avons pas fixé d’heure précise, mais à mon avis, tout le monde serait satisfait si nous recevions une lettre à la fin de la journée du 15.


En ce qui concerne la raison d’être de l’ONU, je crois que nous devons être prudents et ne pas exagérer. L’ONU a fait ce qu’elle avait à faire. Il y avait une certaine impatience, on estimait que l’on ne bougeait pas assez vite. Mais, comme je l’ai dit, c’est ainsi que fonctionne la démocratie. Ces questions doivent faire l’objet de discussions sérieuses – la décision était importante – et je suis satisfait que l’on ait pris le temps nécessaire pour parvenir à la décision la plus judicieuse possible. Ce résultat peut renforcer l’ONU et le multilatéralisme. Je n’accepte pas les propos selon lesquels, il s’agissait de « survivre ou mourir ». Nous sommes nombreux, dans cette salle, à nous souvenir du Kosovo. Cela n’a pas détruit l’ONU, mais je suis heureux des résultats obtenus.


Je vous remercie.


*   ***   *

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.