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SG/SM/8360

«A CERTAINS MOMENTS, IL FAUDRA DE L’AUDACE ET, A D’AUTRES, UNE APPROCHE PLUS NUANCEE SERA PLUS EFFICACE», DECLARE LE SECRETAIRE GENERAL LORS DU FORUM DE LA SOCIETE CIVILE

03/09/2002
Communiqué de presse
SG/SM/8360


AFR/470

ENV/DEV/695


«A certains moments, il faudra de l’audace et, à d’autres, une approche plus nuancée sera plus efficace», déclare le Secrétaire général lors du Forum de la société civile


On trouvera ci-après le texte de l’intervention du Secrétaire général, Kofi Annan, le 2 septembre à Johannesburg, à l’occasion du Forum de la société civile.


Je vous remercie infiniment de vos paroles d’introduction.  Permettez-moi de vous dire combien j’apprécie d’être parmi vous cet après-midi.  J’aurais souhaité que nous puissions tous nous retrouver dans un même lieu mais, vu votre nombre et pour des raisons d’ordre logistique, comme vous le savez, cela n’était pas possible.  Enfin, l’essentiel est que je sois venu vous écouter, vous parler et dialoguer avec vous.


Je sais que, pour certains, l’installation à Johannesburg n’a pas été sans mal.  Mais je suis sûr que, pour beaucoup d’autres, cette installation a été facilitée d’une manière ou d’une autre par les 5 000 volontaires mis à notre disposition par le Gouvernement en vue du Sommet.


Des volontaires ont été envoyés dans les aéroports, les hôtels, les salles de conférence ou ailleurs et veillent dans les coulisses à pratiquement tous les aspects de la planification et de la logistique, contribuant au bon déroulement de cette manifestation.  Je crois également savoir que les autorités sud-africaines en ont mobilisé 5 000 autres prêts à sillonner le pays pour assurer le suivi du résultat de nos travaux.  Leur slogan «Lève-toi et agis», dont nous nous inspirerons, je l’espère, est caractéristique de l’engagement civique dont nous devons faire preuve pour que ce sommet ait un prolongement réel dans les années à venir.


A propos du Sommet de Rio, certains se souviennent avant tout des accords conclus à cette occasion: le programme d’avenir Action 21 et les conventions historiques sur le changement climatique et la diversité biologique.


D’autres se souviennent des controverses suscitées par la présence ou l’absence des uns et des autres ou par les mesures que les Etats étaient disposés ou non à prendre pour protéger l’environnement mondial.


Ce dont je me souviens le plus clairement, c’est de la forte mobilisation des groupes, petits ou grands, et des particuliers, en costume ou en sari, du mouvement de masse demandant, exigeant l’adoption de mesures, suscités par le Sommet.


Certes, les mouvements civiques et les organisations non gouvernementales font partie de la famille des Nations Unies depuis sa création.  Vous avez toujours été des nôtres et nous avons toujours compté sur vous.  Mais Rio a marqué un tournant.  Jamais autant d’individus ne s’étaient retrouvés en un seul endroit. Jamais autant de militants et de groupes aussi divers n’avaient fait cause commune.


Et jamais auparavant n’avaient-ils eu une influence si profonde sur nos travaux.  La société civile a provoqué une sorte de révolution, et la communauté internationale s’en est trouvée renforcée.


Bien entendu, tout cela est le fruit de l’évolution de la société à l’échelle planétaire.  L’idée d’agir pour améliorer la condition humaine vient de plus en plus souvent de groupes de volontaires comme les vôtres.  Le combat que mène la société civile, notamment en Afrique australe, pour venir à bout du terrible fléau du VIH/sida et actuellement aussi pour réduire les effets de la sécheresse et les risques de famine, me remplit d’admiration.


J’ai eu la chance d’exercer les fonctions de Secrétaire général à un moment où la présence de la société civile se fait sentir, de façon à la fois plus large et plus profonde, dans les conférences des Nations Unies et dans le fonctionnement quotidien de l’Organisation, enrichissant nos travaux et améliorant notre efficacité.  Vous avez les moyens de nous maintenir sur le qui-vive, d’aller toujours plus loin, de dire et de faire ce que nous n’osons pas, mais qui sert la cause.  Dans certains domaines, vous nous montrez le chemin à suivre et nous vous emboîtons le pas.  Et je dois avouer que, bien que mon travail m’amène tous les jours à avoir à faire avec les gouvernements, c’est avec la société civile que je me sens une affinité toute particulière, surtout lorsqu’il s’agit de questions d’environnement et de développement.


Tout comme vous, je suis vivement préoccupé par la lenteur des progrès de ces 10 dernières années.  Tout comme vous, je suis inquiet de ce que l’avenir nous réserve dans 10, 20 ou 30 ans si nous continuons sur la voie actuelle.  Je suis perplexe lorsque des questions pressantes restent sans réponse, lorsque les idées les plus sensées ne trouvent pas d’écho ou lorsque des solutions existent mais qu’elles ne sont pas appliquées.  Je suis déçu lorsque les mêmes promesses jamais tenues sont refaites sous forme de nouvelles propositions, ou lorsque ceux qui semblent pouvoir le plus prétendent ne pouvoir faire que le moins.


Que faire dans un monde prisonnier d’intérêts chèrement défendus, de l’inertie politique et des habitudes tenaces des gouvernements et des particuliers.  Les prévisions de malheur, les visions d’apocalypse et les scénarios-catastrophes ne suffisent pas à provoquer des changements.  Il n’en serait pas moins irresponsable de minimiser les problèmes qui se posent à nous ou d’attendre notre salut d’un nouveau progrès technologique.


Votre tâche – ou plutôt notre tâche – consiste à réfléchir aux stratégies et mesures à adopter.  Le purisme et le pragmatisme ont tous deux leur place tout comme les solutions dictées par le marché et les mandats définis par les gouvernements.  A certains moments, il faudra de l’audace, à d’autres une approche plus nuancée sera plus efficace.  En remettant en question le statu quo, la société civile aussi doit être prête à procéder à des ajustements difficiles au niveau de ses propres perspectives et points de vue.

Le développement durable ne se réalisera pas tout seul, et certainement pas sans les efforts de la société civile et des légions de volontaires qui défendent cette cause avec tant d’ardeur.  Qu’elles visent à promouvoir les droits de la femme ou à édifier des sociétés plus libérales et plus vivables, que vous vous trouviez dans des salles de conférence climatisées ou dans des points chauds en proie à la dévastation et au désespoir, vos initiatives détiennent plusieurs des clefs de l’avenir.  De fait, la société civile est un espace unique où naissent les idées, où évoluent les pensées, où le développement et la conservation ne sont pas des idées en l’air, mais la réalité.


Sur ces paroles, je vous remercie de votre contribution, et je me félicite que notre partenariat en faveur de l’amélioration de la condition humaine sur notre seule et unique planète ait de beaux jours devant lui.


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