CESSONS DE NOUS DISSIMULER L’ETAT DE DANGER DE LA TERRE: IL EST TEMPS D’ENTRER DANS UNE ERE DE GESTION AVISEE, DECLARE LE SECRETAIRE GENERAL A JOHANNESBURG
Communiqué de presse SG/SM/8358 |
AFR/468
ENV/DEV/693
CESSONS DE NOUS DISSIMULER L’ETAT DE DANGER DE LA TERRE: IL EST TEMPS D’ENTRER DANS UNE ERE DE GESTION AVISEE, DECLARE LE SECRETAIRE GENERAL A JOHANNESBURG
Vous trouverez ci-après le texte de l’allocution prononcée par le Secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan, au Sommet mondial pour le développement durable, le 2 septembre:
Non loin de la salle de conférence dans laquelle nous nous trouvons, au Lesotho, au Mozambique, au Swaziland, en Zambie et au Zimbabwe, 13 millions de personnes sont menacées de famine.
S’il est besoin de rappeler vers où nous allons si nous négligeons de faire le nécessaire pour préparer et assurer l’avenir de notre planète à long terme, qu’il suffise d’écouter les appels à l’aide de ces 13 millions d’êtres.
Et s’il est un mot que tous devraient avoir à la bouche lors de ce sommet, un concept qui représente tout ce que nous espérons accomplir ici à Johannesburg, c’est celui de responsabilité.
La responsabilité que nous portons vis-à-vis les uns des autres, mais surtout vis-à-vis de ceux qui sont pauvres, vulnérables et opprimés, en tant que membres de la grande famille humaine.
La responsabilité que nous portons vis-à-vis de notre planète, dont la richesse est le fondement même du bien-être et du progrès de l’humanité.
Et, surtout, la responsabilité que nous portons vis-à-vis de l’avenir, de nos enfants et de leurs enfants.
Ces 10 dernières années, à des conférences et des sommets tels que celui-ci, la communauté internationale s’est dotée d’un vaste programme d’action en vue de faire du XXIe siècle une ère de stabilité et de prospérité. Ce sommet, comme ceux de Stockholm et de Rio de Janeiro avant lui, est axé sur un élément central de ce programme : le rapport entre les êtres humains et leur milieu naturel.
L’environnement nous procure notre alimentation, ainsi que les combustibles, les médicaments et les matières premières dont dépendent nos sociétés.
Il est pour nous un univers de beauté, une source de nourriture spirituelle.
Mais ne nous y trompons pas : ce n’est pas parce que le ciel est parfaitement bleu que tout va pour le mieux. Loin de là. La science nous dit que si nous ne prenons pas maintenant les mesures qui s’imposent, les changements climatiques auront des conséquences désastreuses avant même que nous ne quittions ce monde.
Ne nous laissons pas aller, face à des terres qui s’étendent à perte de vue, à oublier que le désert avance et que des produits toxiques sont en train de s’infiltrer dans les sols.
Et souvenons-nous bien, lorsque nous admirons un lac ou la mer qui scintille, que sous la surface, l’eau est polluée et les poissons raréfiés.
Cessons de nous dissimuler l’état de danger dans lequel se trouve la terre, ou de prétendre que protéger l’environnement coûte trop cher, quand nous savons très bien que ne rien faire coûtera bien plus cher encore.
Abandonnons la frilosité économique et armons-nous de courage politique.
Regardons en face une vérité dérangeante : le mode de développement auquel nous sommes accoutumés, s’il a bien servi certains, a lésé la majorité. Il sera bientôt clair qu’atteindre la prospérité en ravageant l’environnement et en laissant la plus grande partie de l’humanité croupir dans la misère est pour tous une voie sans issue.
Des pratiques impossibles à maintenir sont ancrées dans le tissu même de la vie moderne. Selon certains, il faudrait détruire ce tissu. Selon moi, nous pouvons et devons le consolider grâce au savoir et à la coopération.
Nous avons déjà fait quelques pas timides dans cette direction. Ici, à Johannesburg, nous devons aller plus loin. À partir de maintenant, nous devons nous attacher à mettre en oeuvre les nombreux accords conclus jusqu’ici, et notamment à atteindre les objectifs de développement énoncés dans la Déclaration du Millénaire. L’adoption de pratiques viables est un de ces objectifs. Mais c’est aussi une condition indispensable à la réalisation de tous les autres.
C’est aux gouvernements qu’il incombe de prendre l’initiative. Et les pays les plus riches doivent ouvrir la voie. Ils en ont les moyens financiers. Ils en ont les moyens technologiques. Et ils sont responsables d’une part disproportionnée des problèmes écologiques mondiaux.
Mais les gouvernements ne peuvent tout faire à eux seuls.
Les groupes de la société civile ont un rôle essentiel à jouer, en tant que partenaires activistes et observateurs vigilants.
Les sociétés commerciales sont elles aussi concernées. Sans le secteur privé, le développement durable restera un rêve hors d’atteinte. Nous ne demandons pas aux entreprises de faire autre chose que de mener leurs activités normales : nous leur demandons de mener leurs activités normales autrement.
Le développement durable ne dépend pas de futurs progrès technologiques. Les politiques, les connaissances scientifiques et les technologies propres dont nous disposons aujourd’hui suffisent pour commencer. Si nous agissions de façon concertée dans cinq domaines – l’eau, l’énergie, la santé, l’agriculture et la diversité biologique – des progrès pourraient être accomplis beaucoup plus vite qu’on ne le pense.
On dit qu’il y a un temps pour chaque chose. Aujourd’hui, il est temps pour le monde d’entrer dans une ère de transformation et de gestion avisée. Une ère au cours de laquelle nous investirons enfin dans la survie et la sécurité des générations à venir.
Pour conclure, je tiens à remercier le Président Mbeki, son gouvernement et le peuple d’Afrique du Sud d’avoir ouvert leurs coeurs et leurs portes au reste du monde. J’espère que ce sommet, quant à lui, annonce l’ouverture d’un chapitre nouveau dans l’histoire de l’humanité : un chapitre marqué par la responsabilité, le partenariat et l’action.
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