APRES LE SUCCES DE MONTERREY, LE SECRETAIRE GENERAL SOUHAITE QUE L’ONU, LA BANQUE MONDIALE ET LE FMI ASSUMENT EN COOPERATION LEURS NOUVELLES RESPONSABILITES
Communiqué de presse SG/SM/8206 |
ECOSOC/6002
APRES LE SUCCES DE MONTERREY, LE SECRETAIRE GENERAL SOUHAITE QUE L’ONU, LA BANQUE MONDIALE ET LE FMI ASSUMENT EN COOPERATION LEURS NOUVELLES RESPONSABILITES
On trouvera ci-après le texte de la déclaration faite par le Secrétaire général, M. Kofi Annan, à la Réunion spéciale de haut niveau du Conseil économique et social et des institutions de Bretton Woods, le 22 avril à New York:
C’est pour moi un grand honneur de vous accueillir de nouveau au Siège de l’ONU. Je suis particulièrement heureux de pouvoir m’adresser à vous si peu de temps après la Conférence internationale sur le financement du développement.
Cette conférence de Monterrey a été un réel succès. Elle est venue à point nommé donner un nouvel élan à une noble cause, celle de la coopération internationale au service du développement. Elle a été l’aboutissement d’une somme d’efforts fédérés par la volonté de placer le développement au coeur des priorités internationales. Je vous félicite d’avoir compté parmi les artisans de cette belle réussite.
Mais soyons clairs : Monterrey n’a pas été une fin en soi. Il nous appartient maintenant d’entretenir le généreux esprit qui a présidé au Consensus de Monterrey, de le traduire dans les faits de manière significative. Car ce consensus est formidablement porteur d’évolutions majeures qui n’ont que trop tardé.
Là où il était naguère encore question de conditionnalités, le Consensus de Monterrey parle de partenariats, de partage des responsabilités et d’obligations réciproques. Là où chacun défendait sa propre conception du développement et ses méthodes de mesure, nous avons maintenant une plate-forme commune avec les objectifs de développement du Millénaire, que nous nous efforcerons d’atteindre et de suivre ensemble chaque année.
Là où les ministres des finances, du commerce et du développement travaillaient chacun dans leur coin, nous voyons aujourd’hui que la cohésion et la collaboration peuvent renforcer l’action de chacun et la rendre plus efficace. Là où nous étions enlisés dans des conceptions antagoniques de l’aide publique au développement, nous constatons que cette aide fonctionne pour peu qu’elle soit accordée dans de bonnes conditions, et que le Consensus demande résolument l’amélioration à la fois qualitative et quantitative de l’APD.
Nous apprécions plus que jamais les vertus de la bonne gouvernance et des bonnes politiques macroéconomiques. Nous voyons l’importance primordiale de l’allégement de la dette, de l’accès aux marchés et de l’investissement étranger. Nous comprenons qu’il faut impérativement lutter contre la corruption et partager équitablement le fardeau en période de crise financière. Nous réalisons que les pays en développement doivent mieux faire entendre leur voix dans les processus de décision économique, et que les systèmes monétaires, financiers et commerciaux mondiaux doivent mieux s’articuler.
La réunion d’aujourd’hui vient à point nommé prolonger cet élan. Nos discussions de ces dernières années ont grandement favorisé la compréhension mutuelle et la concertation entre nos institutions. Dans le cadre du suivi de Monterrey, nous nous penchons aujourd’hui sur les questions qui concernent la cohésion, la coordination et la coopération. J’espère que vous explorerez par la même occasion les modalités à mettre en oeuvre pour concrétiser ces ambitions et tirer parti des acquis de Monterrey. Nous devons préserver cette volonté d’ouverture qui nous a valu la participation de plusieurs ministres et de toutes les parties prenantes. Et nous devons veiller à ne pas refaire inutilement ce qui a déjà été accompli ailleurs. Pour ma part, je veillerai à répondre pleinement et en temps voulu aux demandes qui me sont adressées dans le Consensus de Monterrey. Et je redoublerai d’efforts pour m’assurer que toutes nos organisations en sont « à la même page » – par exemple en ce qui concerne le travail que nous accomplissons pour atteindre les objectifs de développement du Millénaire.
L’une de nos premières tâches est de préparer la réussite du Sommet de Johannesburg, qui s’ouvrira dans quatre mois seulement. L’an dernier, l’accord de Doha a ouvert la perspective d’un cycle de négociations qui serait véritablement le « cycle du développement » – autrement dit, d’un marché mondial juste qui donnera aux femmes et aux hommes du monde en développement une chance de sortir enfin de la pauvreté grâce au commerce. Monterrey laisse espérer que les pays en développement saisiront cette opportunité en mobilisant les ressources dont le développement a si cruellement besoin. La Conférence de Johannesburg ajoutera à ce dispositif la pièce maîtresse de la pérennité, d’un développement profitable non seulement à court terme, mais dans la durée.
L’économie mondiale se remet lentement de sa plus mauvaise performance de ces 10 dernières années. Bien que la reprise ait démarré plus tôt que prévu, l’ONU s’attend à une croissance d’environ 2 % seulement en 2002 et, sur cette lancée, d’un peu plus de 3 % en 2003.
Mais de nombreuses interrogations subsistent quant à la vigueur, à la durée, à la portée géographique et sectorielle de cette embellie. Dans beaucoup de pays en développement, la croissance se ressent de la mollesse de la reprise dans les pays développés, du tarissement des flux de capitaux privés et de la baisse des cours des produits d’exportation autres que pétroliers.
La nécessité du développement durable et équitable des pays riches comme des pays pauvres est une évidence pour nous tous. Mais nous devons également nous mobiliser pour terrasser le pire ennemi du développement, c’est-à-dire les conflits armés, qui peuvent anéantir en quelques jours, voire en quelques heures, des années de travail et de lutte contre la pauvreté.
Nous avons une vision commune, définie dans notre Déclaration du Millénaire et désormais dans le Consensus de Monterrey. J’espère que le niveau sans précédent de coopération entre l’ONU, les institutions de Bretton Woods et l’Organisation mondiale du commerce ne fléchira pas et qu’ainsi nos institutions pourront assumer efficacement les nouvelles responsabilités qui leur ont été confiées.
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