PNUE/68

LES MERS D'ASIE, DU PACIFIQUE DU NORD-OUEST ET DE L'AFRIQUE DE L'OUEST LES PLUS EXPOSEES AUX RISQUES DE POLLUTION D'ORIGINE TERRESTRE

3/10/02
Communiqué de presse
PNUE/68


LES MERS D'ASIE, DU PACIFIQUE DU NORD-OUEST ET DE L'AFRIQUE DE L'OUEST

LES PLUS EXPOSEES AUX RISQUES DE POLLUTION D'ORIGINE TERRESTRE


Le PNUE demande aux gouvernements d'appuyer des objectifs

d'émissions d'eaux usées en tant que mesure clé pour nettoyer les mers


PNUE, AMSTERDAM/NAIROBI, 3 octobre 2002 - Les habitats côtiers, les pêcheries, la flore et la faune marines et les populations de la région des mers d'Asie, du Pacifique du nord-ouest et de l'Afrique de l'ouest sont les plus menacés au monde par les eaux usées non traitées déversées dans les eaux côtières. 


Un rapport étudiant en détail la menace mondiale que font peser sur les populations côtières et l'environnement les rejets d'eaux usées non traitées a été rédigé par le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) en réponse à un objectif d'assainissement convenu au Somment mondial du développement durable.


Ce rapport aidera les programmes pour les mers régionales du PNUE à prendre des mesures appropriées pour contribuer à la réalisation de l'objectif chiffré du Sommet mondial.  Il s'agit, d'ici 2015, de réduire de moitié le nombre de personnes qui n'ont pas accès à des services d'assainissement de base.  Près de 40% de la population mondiale vivent dans des zones côtières, à moins de 60 kilomètres de la côte.


Des études (voir les notes pour les éditeurs) montrent que plus de 800 millions de personnes, soit 40% de la population non desservie des pays côtiers, vivent dans la région des mers de l'Asie du sud.  Elles n'ont pas accès à des services d'assainissement de base, ce qui les expose à de grands risques de maladies et de mortalité liées aux eaux usées.


Cela signifie aussi que la proportion de déchets domestiques rejetés dans les eaux côtières de l'Asie du sud est probablement la plus forte au monde;  cela accroît le risque de contamination des crustacés et d'empoisonnement des poissons et de la flore et de la faune sauvages par des proliférations d'algues toxiques.


Des habitats précieux comme les récifs coralliens de l'Asie du sud sont probablement exposés à des contraintes accrues par les niveaux élevés de nutriments et de solides en suspension provenant des rejets. 


Ce rapport, qui doit être rendu public aujourd'hui, montre que la région qui vient en second pour la vulnérabilité est celle des mers d'Asie orientale.  Dans cette région 515 millions de personnes, soit 25% de la population non desservie des pays côtiers, sont sans accès à des services d'assainissement adéquats;  viennent ensuite les mers du Pacifique nord-ouest, où 414 millions de personnes n'ont pas accès à des systèmes d'assainissement de base.


Les zones maritimes qui bénéficient du traitement le plus complet des eaux usées, et dont la santé des eaux côtières est ainsi sont la moins exposée, sont l'Atlantique nord-est et l'Arctique.  Là peu de gens sont considérés comme sans accès à des services d'assainissement adéquats. 


Klaus Toepfer, Directeur exécutif du PNUE, a déclaré:  "Le manque d'assainissement adéquat est de plus en plus apparu comme une des plus graves menaces pour la santé humaine.  On estime que le fardeau économique à l'échelle mondiale des problèmes de santé, de maladies et de mortalité liés à la pollution des eaux côtières atteint 16 milliards de dollars par an".


"Mais cela pose aussi un problème environnemental qui affecte les eaux côtières, la flore et la faune sauvages des côtes et les habitats côtiers, tout en ayant un impact sur la subsistance des pêcheurs et l'industrie touristique.  Un effort urgent doit être fait pour réduire ces risques en mobilisant la volonté et les moyens financiers des gouvernements, des autorités locales, des communautés affectées, des milieux d'affaires et de l'industrie.  Au récent Somment mondial sur le développement durable, qui s'est achevé le 4 septembre dernier, les nations ont convenu de réduire de moitié le nombre de personnes sans accès à des services d'assainissement d'ici 2015, et d'appuyer cet objectif par des financements accrus", a-t-il ajouté.


Des objectifs chiffrés sont-ils nécessaires pour les émissions d'eaux usées? "Cette nouvelle étude met en évidence les régions où l'urgence de nos efforts est la plus grande.  Une manière d'y répondre est de fixer des objectifs chiffrés d'émissions d'eaux usées réalistes mais ambitieux, reprenant ceux qui ont été calculés dans de nombreuses parties du monde pour les émissions de substances chimiques toxiques et de gaz nocifs des centrales électriques et des usines", a encore ajouté M. Toepfer.


"Ces objectifs, assortis d'un calendrier pour les atteindre, nous permettront de maîtriser ce fléau une fois pour toutes, afin que la génération actuelle et les générations à venir aient accès à une eau potable, sûre et saine et profitent de zones côtières où les eaux de baignade ne seront pas contaminées et où les ressources naturelles ne seront pas polluées", a-t-il aussi déclaré.


Cees van de Guchte, administrateur principal de programmes responsable du Plan d'action stratégique pour les eaux usées municipales du Programme d'action mondial du PNUE pour la protection des zones côtières contre la pollution due aux activités terrestres (PAM), qui est basé à La Haye (Pays-Bas), a déclaré:  "Nous devons prendre en considération des objectifs chiffrés d'émissions d'eaux usées comme des instruments pour la fixation des priorités, l'affectation des ressources et les rapports sur les progrès accomplis dans le sens de la réalisation des objectifs chiffrés fixés au Sommet mondial de  Johannesburg.  Un objectif chiffré supplémentaire, à notre avis atteignable au niveau mondial, est de faire en sorte qu'au moins 20% des villes côtières appliquent des systèmes durables et écologiquement rationnels d'approvisionnement en eau et de traitement des eaux usées d'ici 2012.  Cela peut être fait en suivant d'autres approches en matière de technologie, d'infrastructure, de gestion et de financement pour les investissements à grande échelle, et en prêtant dûment attention pour cela aux coûts d'exploitation et d'entretien et à une fixation équitable des tarifs des services en ce qui concerne l'eau".


"Le but ultime est d'assurer une eau de boisson saine et un assainissement adéquat à toute la population du monde d'ici 2025.  Certains experts estiment que cela coûterait 180 milliards de dollars par an, soit deux à trois fois le volume des investissements actuels dans le secteur de l'eau.  Ce chiffre peut paraître élevé, mais les économies réalisables grâce à l'atténuation des pathologies et à des améliorations spectaculaires du milieu marin et côtier sont également élevées", a-t-il ajouté.


Dans ce rapport il est noté que, dans de nombreuses parties du monde en développement, l'avantage de meilleurs niveaux d'assainissement et de traitement des eaux usées est annulé par la croissance démographique.  Ainsi, dans la région des mers d'Asie du sud, l'accès à un meilleur assainissement pendant la période 1990-2000 a avantagé 220 millions de personnes, mais au cours de la même période la population s'est accrue de 222 millions de personnes, laissant 825 millions de personnes sans accès à des systèmes d'assainissement acceptables et des milliers de kilomètres de côtes vulnérables à la pollution.  Dans la région de l'Afrique de l'est le nombre de personnes non desservies a même doublé pendant la dernière décennie, pour atteindre 19 millions de personnes sans accès à un assainissement de base.


M. van de Guchte a déclaré qu'en certains endroits des systèmes de traitement des eaux usées semblables à ceux qui sont en place en Europe et aux Etats-Unis d'Amérique pourraient être nécessaires.  Cependant il existe aussi de nombreuses autres techniques qui sont à faible coût.  Il s'agit notamment de systèmes d'assainissement à sec et de systèmes naturels de filtrage des eaux usées tels que des bassins, des roselières et des marécages de mangroves, ainsi que de possibilités de réutilisation et de réalimentation de réservoirs d'eaux souterraines. 


"Cela peut avoir un double avantage pour l'environnement.  Beaucoup de marécages de mangroves et de roselières, habitats importants pour la faune sauvage, notamment pour les oiseaux et les poissons, sont aménagés et asséchés pour l'agriculture et d'autres activités.  Si davantage de gens prennent conscience de leur utilisation comme systèmes "naturels" de traitement des eaux usées, alors ils seront davantage conservés pour leurs avantages économiques et sanitaires et en raison de leur importance pour la nature et la flore et la faune sauvages", a-t-il ajouté.


Note pour les éditeurs:  Ce rapport classe les mers d'Asie du sud comme les plus exposées à la pollution, du fait que 825 millions de personnes y sont sans accès à des services d'assainissement de base.  Elles sont suivies par les mers régionales d'Asie de l'est, qui en comptent 515 millions;  le Pacifique nord-ouest, 414 millions;  l'Afrique occidentale et centrale, 107 millions;  l'Atlantique sud-ouest, 45 millions;  les Caraïbes, 34 millions;  la Méditerranée, 26 millions;  la Mer rouge et le Golfe d'Aden, 21 millions;  l'Afrique de l'est, 19 millions;  la ROPME, 18 millions;  la Mer noire, 14 millions;  le Pacifique sud-est, 12 millions;  le Pacifique sud, deux millions. 


Le rapport, intitulé "Water Supply and Sanitation Coverage in UNEP Regional Seas - Need for Wastewater emission targets?",  a été produit par le Bureau de coordination PNUE/PAM.  Il se base sur une analyse de données du rapport sur l'"Evaluation mondiale de l'approvisionnement en eau et de l'assainissement - 2000" (Organisation mondiale de la santé (OMS)/Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF)/Water Supply and Sanitation Collaborative Council (WSSCC) 2001).  Le PNUE/PAM a collaboré étroitement avec ces organisations pour rédiger ce nouveau rapport, qui peut être consulté sur le site http://www.gpa.unep.org


L'initiative sur les objectifs chiffrés d'émissions d'eaux usées a été proposée par le PNUE et de grands partenaires comme l'OMS, le WSSCC et ONU-HABITAT au Sommet mondial sur le développement durable tenu à Johannesburg (Afrique du sud), le 2 septembre 2002, comme élément clé de la proposition de partenariat de type II "H20 - From Hilltops to Oceans".


La présentation de ce rapport aura lieu à Aquatech 2002, au Centre de congrès RAI, Congress Centre, Europaplein, Amsterdam, Pays-Bas, le jeudi 3 octobre à 14h00, Salle B. Cette présentation, faite par Cees van de Guchte, Administrateur principal chargé de programme du Bureau de coordination PNUE/PAM à la Haye (Pays-Bas), s'inscrira dans la séance de clôture de la 6ème Conférence internationale sur la pollution diffuse, organisée par l'Association pour la gestion de l'eau (AIE) en collaboration avec l'association pour la gestion de l'eau (NVA) des Pays-Bas et Aquateck 2002.


La question des objectifs d'émissions d'eaux usées, et de la manière dont ils se rapportent aux conventions et protocoles existants sur les mers régionales, sera aussi à l'ordre du jour  du troisième Forum mondial de l'eau qui aura lieu au Japon en mars 2003.


Pour plus d'information contacter: Robert Bisset, attaché de presse du PNUE et porte-parole pour l'Europe, tel +33-1-4437- 7613, mobile: +33-6-2272-5842, Couriel: robert.bisset@unep.fr, ou Cees van de Guchte, Administrateur principal chargé de programme, PNUE/PAM Bureau de la  coordination, La Haye, Pays-Bas, tel.:+31-70-311-4464, fax:  +31-70-345-6648, Couriel: c.vandeguchte@unep.nl


A Nairobi (Siège du PNUE) merci de contacter: Eric Falt, PNUE, Porte-parole/Directeur de la Division de la communication et de l'information, au  Tel: (254-2) 623292, Couriel: Eric.Falt@unep.org ou Nick Nuttall, chef des médias du PNUE, Tel: 254 2 623084, Portable: 254 733 632755, Couriel: nick.nuttall@unep.org


Communique de Presse 2002/71F


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