LES ETATS DE LA CASPIENNE VONT REPRENDRE LE COMMERCE DU CAVIAR
Communiqué de presse PNUE/50 |
LES ETATS DE LA CASPIENNE VONT REPRENDRE LE COMMERCE DU CAVIAR
Genève, le 6 mars 2002 -- Le Secrétariat de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES) annonce ici aujourd'hui que les cinq Etats de la mer Caspienne ont lancé un programme coordonné d'étude et de gestion des stocks d'esturgeons remplissant les obligations convenues pour pouvoir réaliser les prélèvements de caviar de 2002.
Willem Wijnstekers, Secrétaire général de la CITES déclare: "Pour la première fois, la gestion des populations sauvages d'esturgeons de la mer Caspienne se fait dans le cadre d'un système unifié et non de systèmes nationaux concurrents. Cela permet aux gouvernements de la région de démontrer que les populations sont effectivement stables ou, dans certains cas, en augmentation".
"La reprise des ventes de caviar générera le financement nécessaire à l'expansion des écloseries vitales pour la survie à long terme des esturgeons. Cependant, cela ne signifie pas que la crise soit terminée. Il faut s'employer davantage encore à lutter contre la pêche illicite et la corruption".
En juin 2001, la CITES a arrêté le commerce du caviar de l'Azerbaïdjan, la Fédération de Russie, le Kazakhstan et le Turkménistan en application ce que l'on a appelé l'"Accord de Paris". Cet accord donne à ces Etats jusqu'à la fin de l'année pour conduire une étude scientifique des stocks et élaborer un plan de gestion commun.
Ils ont maintenant jusqu'au 20 juin 2002 pour établir un programme d'étude à long terme et intensifier notablement leur action de lutte contre la pêche et le commerce illicites et pour réglementer le commerce intérieur. Bien que n'étant pas soumis à l'interdiction de commerce du caviar, l'Iran, cinquième Etat de la mer Caspienne, s'est lui aussi joint à cette action régionale.
Le Secrétariat CITES a accepté la proposition des cinq Etats d'un quota de 142 t (142 237 kg) de caviar de cinq espèces d'esturgeons pour 2002 pour toute la Caspienne. Ce quota est de 9,6% inférieur à celui de 2001. Cette décision est fondée sur des informations soumises récemment par les Etats de la mer Caspienne et sur les fréquentes missions conduites par le Secrétariat dans la région pour évaluer le respect de l'accord et vérifier les résultats de l'étude.
Les quotas d'exportation de caviar approuvés pour 2002 sont de 7 770 kg pour l'Azerbaïdjan, 29 400 kg pour la Fédération de Russie, 75 767 kg pour l'Iran,
23 500 kg pour le Kazakhstan, et 5 800 kg pour le Turkménistan. De plus, la Fédération de Russie et le Kazakhstan sont autorisés à vendre leurs stocks enregistrés restant des prises du printemps 2001. (Pour plus de détails, voir les tableaux sur le site du Secrétariat CITES à www.cites.org.)
"Dans une région où les stocks de poissons étaient autrefois un secret d'Etat bien gardé, et où il n'y a toujours pas d'accord politique global sur la manière de partager la mer Caspienne et ses ressources, cette percée dans la gestion du caviar marque un pas en avant considérable dans la voie de la transparence et de la coopération" déclare Jim Armstrong, Secrétaire général adjoint de la CITES.
De nombreuses frayères naturelles ayant été détruites, quelque 50% des esturgeons de la mer Caspienne naissent dans des écloseries artificielles. Après l'Accord de Paris, les Etats de la mer Caspienne ont consacré d'importants investissements à l'expansion et à la rénovation de ces écloseries. Ils sont aussi en train de changer de méthodes pour améliorer le taux de survie des juvéniles ceux-ci, par exemple, sont relâchés quand ils pèsent 50 ou 100 g au lieu des 3 g standard précédents.
Entre-temps, la CITES a suspendu tout commerce d'espèces sauvages avec les Emirats arabes Unis, en grande partie en raison de son rôle important de lieu de transbordement du caviar illicite. Une étude du Secrétariat estime que plus de Sfr 35 millions (environ US$ 21 millions) de caviar illicite a transité par les Emirats arabes Unis les 10 premiers mois de 2001.
Jusqu'en 1991, deux pays, l'URSS et l'Iran, avaient pratiquement le contrôle du marché du caviar et investissaient fortement dans le maintien des stocks de poissons. Ainsi, il était facile de remonter jusqu'à la source pour connaître l'origine d'un quelconque envoi de caviar. Avec l'éclatement de l'URSS, ce système s'est effondré et de nombreux entrepreneurs actifs dans le secteur de l'"or noir" sont venus remplacer les sociétés d'Etat.
Jadis, 95% du caviar mondial provenait de la Caspienne; ce pourcentage est à présent plus proche de 90%. Les niveaux officiels de prises sont tombés d'un pic de quelque 30 000 t à la fin des années 1970 à moins d'un dixième de ce chiffre à la fin des années 1990. Le débit réduit des rivières, la destruction des sites propices au frai, la corruption, le braconnage, le crime organisé et le commerce illicite ont tous contribué à ce déclin.
Il en résulte notamment qu'avant l'Accord de Paris, les prises illicites dans les quatre anciennes républiques soviétiques étaient estimées à 10 ou 12 fois supérieures aux prises licites. Le commerce légal du caviar a été estimé à quelque $100 millions par an ce qui fait peut-être de cette ressource issue d'espèces sauvages celle qui est la plus précieuse qui soit. Comme les prix au détail du caviar illicite varient largement d'un pays à l'autre, il est difficile d'estimer la valeur du commerce illicite. Les prix moyens du marché de gros sont d'environ $150 le kilo de caviar illicite, de $500 pour le caviar licite, et de $1000 pour le beluga licite.
Reconnaissant la nécessité d'agir, en 1997, la CITES a décidé d'inscrire à l'Annexe II à partir du 1er avril 1998, toutes les espèces d'esturgeons qui n'étaient pas encore inscrites aux annexes. De ce fait, toutes les exportations de caviar et autres produits des esturgeons doivent suivre les dispositions strictes de la CITES, y compris l'obligation de délivrer des permis et de recourir à un étiquetage spécifique. Pour obtenir le permis d'exportation nécessaire, il faut montrer que le commerce ne nuira pas à la survie à long terme de l'espèce.
En avril 2000, la Conférence des Parties à la CITES a renforcé les contrôles sur les esturgeons en adoptant un système universel d'étiquetage pour le caviar exporté. Elle a demandé à tous les Etats des aires de répartition des espèces d'esturgeons de coordonner leurs quotas annuels de prise et d'exportation de 2001. Au cours de sa session tenue à Paris en juin 2001, le Comité permanent de la CITES a décidé que cela n'avait pas été fait et a fixé un quota zéro pour le reste de l'année pour les esturgeons et le caviar de la mer Caspienne de quatre des cinq pays (il n'y a pas eu de restrictions pour l'Iran car ce pays a un système de gestion des esturgeons en place).
La semaine prochaine, le Secrétariat fera rapport à la session du Comité permanent sur son étude de la nécessité de faire respecter les dispositions applicables dans la région. Il formulera une recommandation énergique en vue d'une amélioration de la réglementation des marchés intérieurs du caviar, en particulier en Fédération de Russie.
Le Comité permanent se réunira à Genève du 11 au 15 mars pour préparer la 12e session de la Conférence des Parties à la CITES qui se tiendra à Santiago, Chili, du 3 au 15 novembre. Il examinera également les questions d'application et de respect de la Convention, les rapports régionaux, les rapports sur l'état d'espèces particulièrement menacées d'extinction (ours, tigre, antilope du Tibet, et cerf porte-musc), entre autres questions.
Note aux journalistes: Pour plus d'informations, contactez Michael Williams à +41-79-409-1528 (cellulaire), +41-22-917-8242 (bureau), ou michael.williams@unep.ch. Voir aussi www.cites.org.
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