ENV/DEV/J/668

LES ILOTS ACTUELS DE RICHESSES QU’ENTOURE UNE MER DE PAUVRETE SONT INSUPPORTABLES, A DIT THABO MBEKI, A L’OUVERTURE DU SOMMET MONDIAL POUR LE DEVELOPPEMENT DURABLE

26/08/02
Communiqué de presse
ENV/DEV/J/668


                                                            ENV/DEV/J/668

                                                            26 août 2002


LES ILOTS ACTUELS DE RICHESSES QU’ENTOURE UNE MER DE PAUVRETE SONT INSUPPORTABLES, A DIT THABO MBEKI, A L’OUVERTURE DU SOMMET MONDIAL POUR LE DEVELOPPEMENT DURABLE


Des dizaines de milliers de participants et plus d’une centaine

de chefs d’Etat et de gouvernement sont attendus à Johannesburg


Johannesburg, le 26 août -- «Les îlots actuels de richesses qu’entoure une mer de pauvreté sont insupportable», a dit le Président sud-africain M. Thabo Mbeki, ce matin à l’ouverture du Sommet mondial pour le développement durable à Johannesburg (Afrique du Sud).  Le Sommet, dont l’objectif vise à conjuguer les impératifs socioéconomiques aux exigences de l’environnement, poursuivra ses travaux jusqu’au 4 septembre avec la participation de quelque 60 000 personnes, dont une centaine de chefs d’État et de gouvernement, ainsi que près de 15 000 organisations non gouvernementales.  Le Président sud-africain a souligné l’importance des initiatives régionales, en particulier la nouvelle initiative pour le développement de l’Afrique (NEPAD), dans la réalisation des objectifs du développement durable.


Insistant sur la question des partenariats, le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Nitin Desai, a suggéré aux gouvernements de s’inspirer des initiatives locales entreprises avec les ONG, les collectivités locales et le monde du commerce et de l’industrie.  Les recommandations du Sommet de Rio sur le développement, a-t-il dit, représentent un plan de campagne et une grande vision, mais aujourd’hui, il nous faut un cadre à moyen terme. Johannesburg doit sceller des partenariats à moyen et long terme.


Nous devons mettre le secteur privé au défi de se transformer et de trouver les moyens d’utiliser les sciences et les techniques de façon créative, a estimé le Directeur exécutif du PNUE, M. Klaus Toepfer en ajoutant que les récentes catastrophes climatiques montrent la nécessité de mettre en perspective la question du développement.  Pour lui, le Sommet de Johannesburg est l’occasion de prouver que la relance de la solidarité internationale n’est pas un voeu pieux.


Reprenant la parole pour ouvrir la série de réunions organisées en partenariat, le Secrétaire général du Sommet a expliqué que l’objectif de l’ONU est de tirer profit au maximum des contributions de tous les acteurs afin de mettre au point un cadre d’action général dans les cinq domaines prioritaires identifiés par M. Kofi Annan, à savoir l’eau, l’énergie, la santé, l’agriculture et la diversité biologique.  Ce matin, au cours du premier débat sur le thème de la santé et de l’environnement, animé par M. Jan Pronk, Envoyé spécial


du Secrétaire général pour le Sommet mondial pour le développement durable, la détérioration de l’environnement a été identifiée comme étant à l’origine de plus d’un tiers des maladies dans le monde, maladies qui affectent en priorité les populations n’ayant pas accès à l’eau potable.  Le Directeur exécutif chargé du développement durable et du lien entre la santé et l'environnement à l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a exigé que la santé et le bien être social soient placés au coeur du processus de développement durable.  Selon M. David Nabarro, cet objectif suppose que les structures de la société civile et des ministères de la santé dans chaque pays participent au processus de développement durable, et également que des ressources financières soient mobilisées afin de mettre en place des structures de santé répondant aux besoins des plus vulnérables. 


Siégeant en qualité d’experts aux côtés des représentants du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et du Centre de recherche scientifique de l’Afrique du sud, le représentant de la Banque mondiale a reconnu que, au cours de la dernière décennie, le lien entre environnement et santé dans le contexte du développement avait été négligé.  Il a défendu le principe d’une collaboration intersectorielle accrue afin de lutter contre les maladies causées par la pollution et contre d’autres maladies infectieuses, telles que le VIH/sida qui compromettent le développement. 


A titre de contribution à ces discussions, le Groupe de travail sur l’eau, l’énergie, la santé, l’agriculture et la diversité biologique (WEHAB) a soumis au Sommet une synthèse des documents-cadres*.


A partir de 15 heures, c’est le thème de la biodiversité et de la gestion des écosystèmes qui fera l’objet des discussions.


Bénéficiant à ce jour de la participation de 9 344 personnes dont 4 179 représentants des gouvernements, 2 103 représentants des médias et 3 062 des grands groupes, le Sommet a décidé d’accréditer à ses travaux 18 ONG supplémentaires.  Les travaux du Sommet seront dirigés par le Président aidé de 25 Vices-Présidents, d’un Président ex officio issu du pays hôte, d’un Rapporteur général et du Président de la Grande Commission chargée de finaliser les négociations sur le plan d’action et le document politique.  M. Emil Salim de l’Indonésie a été élu à la Présidence de la Grande Commission et Mme Nkosazana Clarice Dlamini Zuma, Ministre des affaires étrangères de l’Afrique à la Vice-Présidence ex officio. 


Ont été élus aux autres Vice-Présidences le Cameroun, le Ghana, le Kenya, le Nigéria et l’Ouganda, pour le Groupe des Etats d’Afrique; l’ex République fédérale de Macédoine, la Fédération de Russie, la Hongrie, la Roumanie et la Slovénie, pour le Groupe des Etats d’Europe de l’est; Antigua-et-Barbuda, le Brésil, Cuba, le Mexique et le Pérou, pour le Groupe des Etats d’Amérique latine et des Caraïbes; l’Allemagne, la Belgique, le Danemark, la Norvège et la Nouvelle-Zélande, pour le Groupe des Etats d’Europe occidentale et d’autres Etats.  Des négociations plus avant sont nécessaires pour la désignation des Vice-Présidents du Groupe des Etats d’Asie et du Rapporteur général.  Par ailleurs, la Chine, le Danemark, les Etats-Unis, la Fédération de Russie, la Jamaïque, le Lesotho, le Sénégal, Singapour et l’Uruguay ont été élus à la Commission de vérification des pouvoirs.


OUVERTURE DU SOMMET


Déclarations liminaires


M. THABO MBEKI, Président de l’Afrique du Sud et Président du Sommet mondial pour le développement durable, a souligné qu’après avoir effectué un voyage de 30 ans à travers tous les continents, la torche du développement durable est enfin arrivée en Afrique, le berceau de l’humanité.  Le fait que ce Sommet soit convoqué dans ce berceau de l’humanité qu’est l’Afrique met en exergue l’obligation de tous d’adopter avec sérieux et un sentiment d’urgence un plan d’action déterminant, a déclaré le Président qui a observé qu’une société mondiale fondée sur la pauvreté pour un grand ensemble et la prospérité pour quelques-uns n’est pas viable.  Nous comprenons tous, a-t-il poursuivi, que l’objectif d’une prospérité partagée est réalisable parce que, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, le monde possède la capacité, le savoir et les ressources pour éliminer la pauvreté et le sous-développement.  L’utilisation réussie de ces possibilités exige, selon le Président sud-africain, l’acceptation par tous du concept de responsabilités communes mais différenciées.


Nous savons tous, a encore déclaré M. Mbeki, que les modes de production et de consommation non viables provoquent une catastrophe écologique qui menace la vie, en général et la vie humaine, en particulier.  En approuvant Action 21, a-t-il rappelé, le monde a convenu d’intégrer le développement social et le développement économique à la protection de l’environnement de façon à assurer la durabilité de la planète et la prospérité pour tous.  Ces importantes décisions ont été renforcées par les conclusions d’une série de conférences internationales.  Pour M. Mbeki, le Sommet du Millénaire se distingue des autres rencontres par le fait que son résultat, la Déclaration du Millénaire, représente une promesse conjointe des dirigeants politiques du monde.


Au-delà des accords conclus au cours des dix dernières années, la communauté internationale est arrivée à la conclusion que le monde s’est transformé en un véritable village mondial.  Cela indique, a estimé le Président, que le concept de solidarité humaine a repris ses lettres de noblesse comme force motrice de la reconstruction et du développement du monde.  Cela confirme aussi la capacité collective de surmonter le cynisme et le dogmatisme dans la loi du marché, et d’accepter un développement centré sur l’être humain.  En cela, la Charte de la Terre représente le développement sain. 


Partant de ce constat, le Président sud-africain, a affirmé qu’il existe un ordre du jour mondial pour le développement durable qui fournit une base solide à partir de laquelle le Sommet de Johannesburg doit travailler.  Des initiatives régionales, comme la Nouvelle Initiative pour le développement de l’Afrique (NEPAD), fournissent un cadre et des institutions susceptibles de traduire en actes cet ordre du jour mondial.  Malheureusement, a regretté M. Mbeki, très peu de progrès ont été effectués dans la concrétisation de la vision d’Action 21 et des autres accords internationaux.  Il s’agit là de la tâche principale de ce Sommet qui se tient sous le thème «Peuples, Planète et Prospérité».  Johannesburg doit donc donner lieu à un plan d’action mondial crédible et déterminant pour la réalisation des objectifs que l’humanité elle-même s’est fixés.  De même, la

Déclaration politique doit être une promesse honnête des gouvernements du monde de mettre en oeuvre le plan d’action.  En la matière, il est essentiel de tenir compte de la participation effective de la société civile à la prise de décision et à l’application des mesures prises, a conclu le Président du Sommet mondial.


M. NITIN DESAI, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a déclaré que le Sommet de Johannesburg est le dernier d’un long cycle de conférences organisées au cours des années 1990 par les Nations Unies afin de promouvoir un développement durable.  Depuis le Sommet pour les enfants en 1990, en passant par le Sommet de Rio de 1992, toutes ces rencontres ont eu pour objectif d’améliorer les conditions de vie des populations de la planète et de les engager dans la voie du développement social.  De toutes ces rencontres, celle de Rio était certainement l’une des plus ambitieuses dans la mesure où elle couvrait des objectifs aussi variés que l’environnement, le développement social et le financement du développement.  En évaluant les résultats obtenus dans la mise en oeuvre du Plan d’Action 21, on peut certes constater une amélioration dans certains domaines sociaux mais dans l’ensemble, les résultats sont décevants.  La pauvreté, la détérioration de l’environnement, les changements climatiques ont affecté la planète au cours de la dernière décennie.  Depuis Rio, le monde a changé, a souligné M. Desai, mentionnant notamment le phénomène de la mondialisation qui n’a, à ce jour, pas véritablement contribué au progrès mais plutôt à élargir le fossé entre pays riches et pays pauvres, ainsi que la pandémie du VIH/sida qui ont joué un rôle dans le ralentissement du développement.  Aussi, M. Desai a–t-il observé que la décennie passée était celle du développement des technologies de l’information et de la communication, rappelant qu’au Sommet de Rio, il n’y avait pas de réseau Internet à l’échelle mondiale. 


M. Desai a rappelé que Rio supposait une amélioration du cadre macroéconomique d’aide au développement.  Pourtant, peu d’améliorations ont été constatées dans les domaines de la dette ou de l’ouverture des marchés alors que dans le même temps, on a pu constater une diminution de l’aide publique au développement (APD).  Le Secrétaire général adjoint a souligné la nécessite d’une approche coordonnée et concertée du développement durable en prenant l’exemple de l’éducation des fillettes dans les pays en développement.  Afin d’accroître le nombre de fillettes scolarisées, a-t-il expliqué, il faut améliorer l’accès à l’eau car cela contribuera à libérer du temps pour que ces fillettes puissent se rendre à l’école, mais cela, un Ministre des finances d’un pays développé peut ne pas le comprendre s’il ne saisit pas le lien existant entre ces deux domaines prioritaires, l’assainissement et l’éducation.  Rio était un plan de campagne, une grande vision, mais cela exige aussi un plan détaillé à suivre scrupuleusement, un cadre à moyen terme qui devra être le résultat de Johannesburg, a précisé M. Desai.  D’autant que à Monterrey, des engagements fermes ont été pris dans le domaine du financement du développement, et ce après la Réunion de l’Organisation mondiale du commerce de Doha en 2001 qui avait abordé le lien entre libéralisation du commerce et développement durable. 


M. Desai a suggéré aux participants de s’inspirer des initiatives locales entreprises avec les organisations non gouvernementales, les collectivités et le milieu des affaires, qui doivent encourager les partenariats entre gouvernements et société civile qui peuvent renforcer la crédibilité dans la mise en oeuvre des engagements pris lors des grandes conférences des Nations Unies.  Il faut que Johannesburg nous permette de parvenir à mettre en oeuvre des partenariats à moyen et long terme, a-t-il dit, demandant aux participants de se concentrer sur l’objectif 2015 mais aussi 2050, dans la mesure où la moitié des gens qui seront vivants en 2050 sont déjà nés.  Il y a urgence à agir pour remédier aux phénomènes de la pauvreté, de la pollution, des maladies, afin que, dans dix ans, nous nous penchions non pas sur ce qui doit être encore fait, mais sur les succès des mesures entreprises après Johannesburg, a souhaité M. Desai, et ce afin de lutter avec la plus grande énergie contre cette nouvelle forme d’apartheid à l’échelle mondiale. 


M. Klaus Toepfer, Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), a estimé que le Sommet mondial qui s’ouvre aujourd’hui représente l’occasion unique d’engager la communauté internationale dans la voie du développement durable.  D’importants progrès ont été accomplis depuis que nous nous sommes réunis il y a dix ans à Rio: de nouveaux instruments juridiques internationaux ont été définis et l’opinion publique est de plus en plus sensibilisée à la question du développement durable.  Cependant, au même moment, des preuves scientifiques nouvelles soulignent la dimension planétaire des changements environnementaux et font apparaître la nécessité d’accroître nos efforts.  Le moment est venu de traduire notre engagement politique en actes.  Il s’agit à présent de lutter contre la pauvreté et de s’efforcer d’atteindre un niveau de prospérité commun à tous les êtres humains. 


Des travaux de centaines de scientifiques du monde entier ont mis en lumière les causes profondes de la dégradation de l’environnement, a poursuivi M. Toepfer.  Ces dernières sont en particulier liées à des problèmes économiques et sociaux tels que la pauvreté endémique, les modes de consommation et de production non durables et les inégalités qui existent en matière d’accès aux soins de santé.  Le monde est notamment caractérisé par l’existence de villes divisées et dysfonctionnelles et par la diminution des ressources en eau.  La mauvaise gestion de l’environnement a une incidence très grave, notamment sur les plus pauvres d’entre nous qui sont aussi les moins préparés aux conséquences de la dégradation de l’environnement et les moins responsables de ce phénomène.  


Il existe une relation évidente entre l’environnement et le développement.  C’est pourquoi il faut donner la priorité à la dimension sociale du développement et au rôle des femmes dans la société tout en reconnaissant le rôle essentiel que peut jouer la société civile.  De même, nous devons mettre le secteur privé au défi de se transformer et de trouver les moyens de se servir des sciences et des techniques de façon créative.  Les récentes catastrophes climatiques qui se sont traduites par des sécheresses et des inondations touchant de façon dramatique des millions d’individus montrent qu’il est indispensable de mettre en perspective la question du développement.  Nous ne pouvons pas abandonner ces millions de victimes et repartir de Johannesburg avec le sentiment que nos désaccords ne nous permettent pas de relever le défi du développement durable.  Ce Sommet est l’occasion de prouver que la relance de la solidarité internationale n’est pas seulement un voeu pieux, a conclu M. Toepfer.


L’IMPORTANCE DE LA SANTÉ ET DE L’ENVIRONNEMENT


M. DAVID NABARRO, Directeur exécutif chargé du développement durable et du lien entre la santé et l'environnement à l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a souligné que des progrès ont été réalisés dans le domaine de la santé au cours des dernières années. La bonne santé pour tous est aujourd’hui reconnue comme un élément essentiel et indispensable pour garantir un développement durable, a-t-il indiqué, prenant l’exemple des recommandations adoptées lors des dernières rencontres consacrées au VIH/sida et aux enfants à New York en 2001 et 2002.  Une mauvaise santé est un obstacle au développement et un facteur d’accroissement des inégalités entre pauvres et riches et entre pays développés et pays en développement.  La détérioration de l’environnement est à l’origine d’un tiers des maladies dans le monde et affecte particulièrement les personnes n’ayant pas accès à une eau potable.  Si nous ne redressons pas la situation, nous ne parviendrons pas à jeter les bases d’un développement durable, a-t-il souligné, expliquant qu’il fallait mettre la santé et le bien-être social au coeur du processus du développement durable. 


M. Nabarro a indiqué que cet objectif suppose que les structures de la société civile et des ministères de la santé dans chaque pays participent au processus du développement durable.  Il faut en outre mobiliser des ressources, car sans moyens il est impossible de mettre en place des structures de santé qui répondent aux besoins des gens, aux besoins des plus vulnérables, a-t-il observé.  Nous devons développer nos travaux à partir d’objectifs clairs qui soient assortis d’un calendrier et d’un échéancier très précis.  Il faut poursuivre en outre les efforts visant à maîtriser les grandes maladies et à réduire la progression du VIH/sida et faire en sorte que les politiques de santé tiennent compte prioritairement des besoins des enfants et des mères qui sont les plus vulnérables.  Enfin, il importe de procéder à une évaluation dans chaque pays de l’impact de l’environnement sur la santé des enfants et des plus pauvres car la santé pour tous est une responsabilité de chacun, a jugé M. Nabarro.


Discussion et interventions des experts


Les experts se sont penchés sur l’évaluation des principales leçons à retenir de la dernière décennie pour tirer parti des progrès réalisés ou des manquements constatés.  Ainsi, le représentant de la Banque Mondiale a-t-il regretté que, au cours de cette décennie, le lien entre environnement et santé dans le contexte du développement ait été négligé.  D’où la nécessité de promouvoir une collaboration intersectorielle pour lutter contre les maladies causées par la pollution, ou contre d’autres maladies infectieuses.  Il a estimé qu’il fallait faire en sorte qu’à l’avenir, les nouvelles menaces puissent être anticipées, telles que le tabagisme qui va causer des problèmes considérables d’ici à 15 ans dans les pays en développement.  Le représentant de la Banque mondiale a souligné la nécessité de mobiliser des fonds et des ressources pour mettre en oeuvre ces programmes visant à anticiper les nouvelles menaces et à lutter contre le VIH/sida.  Mais cela n’est pas suffisant et il importe de mettre en oeuvre de bonnes politiques de santé dans les pays en développement et d’assurer une meilleure évaluation de leur mise en oeuvre. 


Sur la question des partenariats, la représentante du Centre de recherche scientifique de l’Afrique du Sud a dressé l’état des lieux de son pays.  Des partenariats intersectoriels existent dans plusieurs secteurs de la santé tels que la pollution atmosphérique où une collaboration entre le Gouvernement, des chercheurs et les compagnies distributrices d’électricité s’est installée.  La chercheuse a aussi attiré l’attention sur les partenariats nationaux et locaux pour l’élimination du plomb.  A la question de savoir si les différents partenaires exercent une influence sur la définition des politiques gouvernementales, la représentante du Centre de recherche a indiqué que cela varie d’un projet à l’autre.  Elle s’est félicitée du nouvel esprit d’ouverture qui règne désormais dans son pays et qui a favorisé la création de partenariats dès le stade d’élaboration des politiques. 


Soulignant l’importance de la question relative à la santé des enfants, le Modérateur a été suivi par la représentante du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) qui a indiqué que l’investissement dans l’enfance est en soi un investissement dans l’avenir de l’humanité.  Elle a souligné l’importance d’une démarche intersectorielle qui doit aller de la prévention au traitement.  D’où les partenariats mis en place par l’UNICEF avec le PNUE, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) ou encore la Banque mondiale.  Sur la pertinence des Sommets tenus depuis dix ans, la représentante de l’UNICEF a souligné leur importance par le fait que seules de telles réunions peuvent mobiliser l’énergie et les efforts nécessaires à la réalisation des objectifs de la Déclaration du Millénaire et même du prochain plan d’action de Johannesburg.  Il ne faut pas oublier, a-t-elle mis en garde, que les générations à venir seront les premières victimes ou les premiers bénéficiaires de ce qui sera décidé par le Sommet mondial.  Présenté comme un spécialiste des partenariats avec les gouvernements, le représentant du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) a expliqué la nécessité de tels partenariats en invoquant, pour exemple, le lien entre la question de la santé reproductive et celle de la parité dépassant l’aspect santé et touchant la dimension économique puisqu’il s’agit d’autonomiser les femmes.  En la matière, a-t-il dit, l’argent est le nerf de la guerre.


Appelé à faire part de quelques estimations des coûts, le représentant de l’OMS a cité les chiffres de la Commission de l’OMS sur la santé et la macroéconomie et a jugé nécessaire d’augmenter de 30 milliards de dollars les dépenses de santé, soit de 6 fois la valeur de la production mondiale, ce qui permettra de sauver quelque 8 millions de vies par an.  Devant le constat du manque de ressources extérieures qui ne représentent que 0,1% du PIB des nations les plus riches du monde, la représentante du Centre de recherche scientifique de l’Afrique du Sud a suggéré que l’ONU examine la probabilité de recourir aux connaissances traditionnelles qui se révèlent particulièrement pertinentes dans le domaine de la gestion des combustibles.


Débat interactif et échanges de vues


Le Ministre de l’environnement et de la santé publique du Sénégal a déploré la propagation de maladies telles que le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme qui ralentissent les performances humaines dans les domaines économique et social.  Les grands foyers du paludisme se trouvent dans les zones non assainies et les maladies respiratoires sont dues à la dégradation des conditions atmosphériques, a-t-il précisé.  C’est pourquoi, il faut renforcer les capacités humaines, techniques et matérielles de développement afin d’assurer le développement durable des populations.  Les maladies sont en effet les premières causes de mortalité dans les pays en développement et empêchent une grande de la population d’être productive.  L’accent doit être mis sur certaines catégories vulnérables que sont les femmes, les jeunes ou encore les handicapés.  La décentralisation politique est en outre l’approche la plus appropriée pour accéder au maximum de population.  Cependant, les populations elles-mêmes doivent aussi se prendre en charge. 


Le Ministre de l’environnement de la Norvège a fait remarquer qu’au moment où des millions de personnes luttent contre les conséquences des intempéries extrêmes, les conclusions du Sommet mondial pour le développement durable revêtent une importance particulière.  Le bien-être des individus et leur bonne santé dépendent de la qualité des ressources naturelles qui sont à leur disposition.  Il existe en effet des liens importants entre la santé et l’environnement dans un contexte où un tiers des maladies dans le monde sont dues à l’existence d’environnements non entretenus.  Il est possible de changer la situation et d’élaborer de meilleures politiques.  Pour ce faire, il faut casser le cercle vicieux de la mauvaise santé et de la dégradation de l’environnement et se mettre d’accord sur un calendrier d’action pour atteindre les objectifs de développement de la Déclaration du Millénaire. 


S’exprimant au nom du groupe des femmes, la représentante de l’Organisation des femmes pour le développement, a jugé que les préoccupations de santé doivent tenir compte des attentes et des droits des femmes et des enfants.  Elle a demandé au représentant de la Banque mondiale si cette dernière tenait compte de l’impact sur la santé et l’environnement des programmes d’ajustement structurel qui contraignent les pays en développement à réduire leurs ressources allouées aux secteurs sociaux. 


Intervenant à la suite, le Ministre des forêts et de l’environnement du Bangladesh, a expliqué que dans son pays qui, avec 130 millions d’habitants, a la plus forte densité démographique du monde, le Gouvernement a pris des mesures pour réduire la pollution, notamment en limitant la circulation des véhicules polluants et en arrêtant la production et la commercialisation des sacs en plastique.  Estimant que l’action nécessaire pour assurer la santé pour tous doit se situer au niveau des pays, le Ministre a toutefois fait état de certaines difficultés des pays en développement pour faire face à de nouvelles crises sanitaires.  Il a pris l’exemple de son pays qui a assure un accès à l’eau potable à 95% de la population avant de constater que 90% des installations sont polluées par l’arsenic. 


Le Ministre de l’environnement de l’Indonésie a expliqué que son pays a mis en oeuvre des programmes massifs de protection de l’environnement et de la santé au cours des dernières décennies.  Il a souligné la priorité accordée au développement d’infrastructures de santé publique, notamment en direction de certains groupes vulnérables.  Aujourd’hui, l’objectif du Gouvernement est de développer un cadre d’action plus participatif et des partenariats avec la société civile et le secteur privé, a-t-il dit entre autres.


A son tour, la Ministre de la santé du Swaziland s’est félicitée de l’adhésion de tous à une démarche intégrée en matière de santé.  S’arrêtant sur le nerf de la guerre qu’est l’argent, elle a mis l’accent sur la dépendance de nombreux pays en développement aux ressources extérieures.  Elle s’est dite préoccupée par les critères d’adhésion au Fonds mondial pour la lutte contre le VIH/Sida, le paludisme et la tuberculose.  La Ministre a rappelé l’importance de la nutrition en tant que mesure d’intervention en matière de santé et a lié la question au changement climatique qui provoque sécheresse, inondations et famine dans de nombreux pays.  Elle a appelé, dans ce contexte, à une réflexion sur l’aide à apporter aux collectivités locales ainsi qu’à l’application du principe de précaution vis-à-vis de certains engrais et à la responsabilisation des investisseurs en ce qui concerne, en particulier, la gestion des déchets.  S’adressant au représentant de la Banque mondiale, elle a voulu connaître son sentiment sur la question des prêts à la santé et le danger qu’ils hypothèquent l’avenir des enfants.  Qui va rembourser ces prêts? s’est-elle inquiétée. 


Soulevant la question des maladies contractées sur les lieux de travail, le représentant d’un syndicat norvégien a demandé une meilleure coopération entre les ministères nationaux mais aussi entre les organisations internationales telles que l’Organisation internationale du travail (OIT) et l’OMS.  Il a déploré que la communauté scientifique ne s’intéresse pas comme il se doit aux maladies contractées sur les lieux de travail.  Le danger du plomb est reconnu pour les enfants mais pas encore pour les travailleurs, a souligné le représentant.  Davantage de recherches sur de tels risques seraient utiles pour les travailleurs mais aussi pour l’ensemble de la société.


Le représentant du Danemark, au nom de l’Union européenne, a souligné que la santé est un élément clef de la croissance économique et du développement durable.  La mauvaise santé est en même temps l’origine et l’effet de la pauvreté.  Elle est due à la propagation des maladies, à une alimentation insuffisante mais également à des facteurs externes tels que le manque d’hygiène, l’utilisation de sources d’énergie polluantes et la mauvaise gestion des produits chimiques.  L’importance de la santé dans la réduction de la pauvreté et le développement durable est clairement reflétée dans la Déclaration du Millénaire.  L’Union européenne est d’ailleurs pleinement engagée dans la réalisation de ses objectifs, a assuré le représentant avant de préciser que depuis 1990, près de 4,6 milliards d’euros ont été consacrés par la Communauté européenne au financement, entres autres, de programmes d’immunisation, de formation d’infirmières et d’éducation au service des handicapés. 


Cependant, la mise en place de systèmes de santé viables n’est pas une tâche aisée et l’aide financière internationale ne suffit pas.  Afin que les efforts déployés soient couronnés de succès, les pays en développement doivent mobiliser leurs propres ressources et mettre en oeuvre des politiques nationales.  Les pays doivent déployer des stratégies et des plans sectoriels d’intervention dans le domaine de la santé qui facilitent la coordination et permettent d’assurer la viabilité des programmes.  Pour sa part, l’Union européenne a adopté une nouvelle politique en matière de santé et de réduction de la pauvreté centrée sur les maladies contagieuses, la santé de la mère, les droits sexuels et la lutte contre le VIH/sida.  À cet égard, un milliard de dollars a été accordé par l’Union européenne au Fonds mondial sur le sida, la tuberculose et le paludisme.  L’Union européenne exhorte les membres de l’organisation mondiale du commerce (OMC) à régler le problème des brevets obligatoires et à mettre au point des produits pharmaceutiques soit mis à la disposition des pays en développement aux coûts les plus bas.  Le représentant a estimé que ce qui importe le plus aujourd’hui n’est pas le nombre d’initiatives qui seront prises à l’issue de ce Sommet mais l’engagement sur le long terme des pays et des partenaires ainsi que la mise en oeuvre sur le terrain des engagements pris.


Le Secrétaire d’État à la santé de la Roumanie a fait savoir que son pays tente actuellement de coordonner la mise en oeuvre du Plan d’action national pour la santé et la mise en oeuvre du Plan d’action national pour la protection de l’environnement en mettant l’accent sur l’éducation.  En matière de développement et de santé, les transferts de technologies doivent profiter en priorité aux pays les moins avancés, aux pays en développement et aux pays en transition, a estimé le représentant qui a également lancé un appel pour l’organisation de vastes campagnes destinées à réduire la consommation de tabac, de drogues et d’alcool.  Il s’est félicité de l’initiative visant à mettre fin à l’empoisonnement des enfants par le plomb.


La représentante de Cuba a estimé que la santé est prioritaire et qu’il existe un lien fort entre la santé et l’environnement.  Plus de 25% des maladies sont en rapport direct avec la qualité des eaux, l’hygiène et la pollution de l’air et plus de six millions de personnes meurent de maladies contagieuses transmises par l’eau ou par l’air.  Cuba, a précisé la représentante, est très active dans le domaine de la santé et, aujourd’hui, tout le pays bénéficie de services de santé.  La mortalité infantile a été réduite à 6,2 pour mille en début d’année.  Cuba offre une aide médicale gratuite à 44 pays en développement dans le monde par le biais de l’envoi de médecins.  Il y en outre plus de 2000 étudiants en médecine étrangers à cuba.  Le programme de coopération des pays en développement pour lutter contre le VIH/sida doit reposer sur une base technique et sur le financement des pays développés.


La Ministre de la santé de l’Afrique du Sud, a estimé que le niveau de maladies dans les pays en développement est insoutenable.  Les pauvres sont ceux qui souffrent le plus des maladies que l’on peut empêcher.  Les manques de progrès en matière de santé des femmes est l’un des principaux obstacles au développement.  Le Sommet mondial pour le développement durable doit donc apporter une contribution réelle pour réaliser les nobles objectifs définis à Rio. 


La représentante a fait le lien entre la santé et la pauvreté et a souligné que les stratégies de développement doivent bénéficier de l’appui de la communauté internationale.  A cet égard, les différents partenariats qui sont apparus dans le domaine de la lutte contre le sida démontrent qu’un travail commun est possible.  Ces exemples peuvent être appliqués à d’autres maladies transmissibles.  Les systèmes de santé ont besoin d’un accord sur un code de conduite international reposant notamment sur un recrutement moral des professionnels de la santé.  Il faut inclure un programme d’éducation pour une bonne hygiène et éliminer les barrières qui ont souvent séparé les bonnes paroles des bonnes actions. 


Intervenant également, le Ministre de la santé du Canada a jugé utile de fonder les politiques environnementales sur des données scientifiques.  La priorité, selon lui, doit être accordée à la protection de groupes vulnérables comme les enfants, les populations autochtones et les personnes âgées.  Rappelant les conclusions de la Commission santé et macroéconomie de l’OMS, une Parlementaire finlandaise a jugé important de faire en sorte que les systèmes de santé se penchent particulièrement sur les besoins des jeunes dans le domaine de la santé reproductive. 


* Le document est paru sous la cote A/CONF.199/L.4


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