PLUS DE 17 MILLIONS DE PERSONNES TOUCHEES PAR LES INONDATIONS DANS LE MONDE
Communiqué de presse ENV/DEV/679 |
ENV/DEV/679
30 août 2002
PLUS DE 17 MILLIONS DE PERSONNES TOUCHEES PAR LES INONDATIONS DANS LE MONDE
(Publié tel que reçu)
GENEVE, 29 AOUT (OMM) – Selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM), plus de 17 millions de personnes ont souffert des inondations survenues dans plus de 80 pays depuis le début de l’année. On a déploré près de trois mille victimes et des dégâts matériels de plus de trente milliards de dollars E.-U. Au total, plus de huit millions de kilomètres carrés ont été ensevelis sous les eaux, soit presque la superficie des Etats-Unis d’Amérique.
A tout instant, les eaux d’un cours d'eau en crue menacent quelque part les biens, parfois la vie, ºd’une population. Ces événements font rarement la manchette car leurs conséquences sont limitées géographiquement. En revanche, les inondations qui ont frappé l’Europe centrale et la Chine ont attiré l’attention de la Communauté internationale. A l’opposé et au même moment, la sécheresse continue de sévir dans le monde.
Les sécheresses et les inondations ont des incidences majeures sur la vie socio-économique d’une nation. Il arrive parfois que les deux phénomènes surviennent en même temps, comme c’est actuellement le cas en Inde et au Niger. Au sud et dans le centre de l’Afrique, les pays de la SADC souffrent d’un manque d’eau qui oblige à demander une aide alimentaire pour soulager la famine. Plus de 37 pour cent du territoire des Etats-Unis est frappé par une grave sécheresse, la plus longue jamais relevée dans les Etats du Sud-Est.
Dans le nord et l’ouest de l’Inde, le temps inhabituellement sec et chaud dû au retard de la mousson a réduit de dix millions de tonnes la récolte de riz. Le grave déficit pluviométrique dans l’est de l’Australie a provoqué d’importantes pertes agricoles et nécessité l’octroi d’aides spéciales aux agriculteurs.
Causes des inondations en Europe
Une bonne partie de l’Europe a reçu entre 200 et 500 mm de pluie depuis le milieu du mois de juin. Récemment, 100 à 400 mm de précipitations se sont déversées en quelques jours sur une zone qui s’étend du sud-est de l’Angleterre à la mer Noire. Un certain nombre de cours d’eau ont atteint des niveaux records, surtout les affluents de l’Elbe et du Danube, puis ces deux fleuves à leur tour. La crue du Danube a dépassé de 3 cm son précédent record à Budapest, de 22 cm à Komaron et de 30 cm à Esztergom. On a estimé, dans le cas de la Vltava et de l’Elbe, que des crues de cette ampleur ne surviennent que tous les 250 à 500 ans.
Les mesures prises pour protéger les villes menacées ont été souvent très efficaces, mais parfois aussi terriblement inutiles. Dans un cas comme dans l’autre, le coût a été extrêmement élevé : des millions de dollars pour enrayer la montée des eaux, des milliards quand les efforts déployés n’ont pas permis d’éviter la perte de vies humaines. Plus de cent personnes ont péri dans cette tragédie.
Causes des inondations en Chine
En Chine, comme en Europe, les mois de juin et de juillet ont été particulièrement pluvieux; le Xiangjiang, le Xijiang et le Yangzi ont noyé de larges bandes de terre dans le sud du pays. Le débordement récent du lac Dongting est dû aux pluies diluviennes qui se sont abattues sur des terres déjà gorgées d’eau. A certains endroits, la période de récurrence d’un phénomène d’une telle intensité a été estimée à mille ans. Les pluies ont provoqué une autre crue importante qui a descendu le Yangzi jusqu’au lac Dongting.
Causes des sécheresses
Les sécheresses sont simplement la conséquence d’un déficit prolongé de précipitations par rapport aux valeurs historiques normales. Qu’elles ne durent que quelques semaines ou quelques mois, ou qu’elles se prolongent des saisons ou des années entières, la cause en est la même : l’insuffisance de pluie. Toutefois, certains facteurs peuvent accentuer leur gravité, notamment la surexploitation des ressources en eau, une végétation insuffisante, des cultures inadaptées et une mauvaise utilisation du sol.
Causes des catastrophes naturelles
Il est impossible à l’heure actuelle d’affirmer que ces inondations sont liées aux changements climatiques; nos petits-enfants auront le recul nécessaire, soit 50 à 100 ans, pour replacer ces événements dans le contexte global du XXe et du XXIe siècle. Ce qui est sûr, cependant, c’est que les précipitations ont commencé à augmenter en Europe du Nord et que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), institué par l’OMM et le PNUE en 1983, prévoit une hausse de la fréquence des inondations dans les années et les décennies à venir.
Par ailleurs, les modifications de l’utilisation des terres en amont et les aménagements fluviaux, décidés dans le passé pour des raisons économiques et sociales, ont assurément contribué à la hausse des pointes de crue et à l’accélération de la vitesse d’arrivée en aval. Mais ces effets sont sans doute négligeables par rapport aux simples facteurs suivants :
- les bassins fluviaux en amont étaient saturés par les pluies antérieures;
- une série de violentes tempêtes ont déversé des quantités d’eau importantes, records dans certains cas;
- de grands volumes d’eau se sont écoulés vers l’aval et, n’ayant d’autre endroit où aller, ont envahi ou tenté d’envahir les plaines inondables naturelles et, dans le cas du Yangzi, son lac naturel de déversement;
- des centaines d’années d’aménagement ont conduit à implanter sur ces rives et dans ces plaines d’inondation des habitations, des bâtiments industriels et commerciaux et des exploitations agricoles, car ce sont des terrains plats au sol alluvial.
Comment éviter que ces catastrophes ne se reproduisent ?
Les Services hydrologiques nationaux, prolongement de l’OMM à l’échelle des pays, ont commencé à analyser ces événements afin d’indiquer à leurs gouvernements respectifs comment éviter que ce type de catastrophes naturelles ne se reproduise.
Les investissements dans les plaines inondables ont été si massifs et présentent une telle valeur historique qu’aucun transfert n’est envisageable. D’autre part, les crues sont des phénomènes naturels qui se répéteront certainement, dans un an, dix ans, cent ans, plus peut-être, mais les zones en question seront à nouveau menacées. Il est primordial d’intégrer la lutte contre les crues à la gestion des plaines inondables et des bassins versants.
On devra choisir entre les options suivantes :
1) tenter de retenir ou de dévier les eaux de crue en amont, à grands frais et avec de profondes répercussions sur l’environnement;
2) surélever les digues qui protègent les zones exposées – mais jusqu’à quelle hauteur et à quel prix ?
3) compter sur les prévisions et les mesures d’intervention en cas d’urgence. Ces décisions ne peuvent être prises à la hâte car il faut tenir compte de l’ensemble des incidences de chaque mesure, y compris la nécessité de gérer les débits fluviaux tant en période de sécheresse qu’en période de crue. Les liens entre les inondations et les sécheresses sont déterminants. Ce sont les deux conditions extrêmes et opposées d’un même milieu en constant changement, avec lequel nous devons apprendre à vivre en harmonie.
Nous n’avons pas le pouvoir d’empêcher les sécheresses mais nous sommes en mesure de diminuer leur impact sur les populations en comprenant mieux les régimes normaux de précipitations et leur variabilité saisonnière et annuelle, en utilisant les terres selon la pluviosité propre à chaque région, en améliorant la gestion de l’eau et en veillant à ce que les villages, les villes et les Etats élaborent et mettent en œuvre des plans d’urgence en cas de déficit pluviométrique et de sécheresse.
Le rôle joué par les Services météorologiques et hydrologiques nationaux
Lors des récentes inondations, les réseaux mondiaux d’observation et de prévision de l’OMM ont permis aux Services météorologiques nationaux de prévoir les précipitations avec une grande précision et aux Services hydrologiques nationaux de fournir aux équipes d’intervention et de sauvetage des avis précoces de montée et de baisse des eaux. Ces institutions nationales, qui travaillent sous les auspices de l’OMM, possèdent une longue expérience de la coopération internationale; les pays en amont et en aval coordonnent leurs efforts de manière à pouvoir communiquer des avis le plus rapidement possible. On peut encore améliorer la situation en affectant davantage de ressources à ces institutions afin qu’elles affinent leurs systèmes de prévision et les services offerts.
Pour de plus amples renseignements :
WSSD de Johannesbourg Siège de l’OMM
Mme Carine Richard Van Maele Mme Mo Lagarde
Chef, Bureau de l’information et des relations Fonctionnaire chargée de
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