UN NOUVEAU RAPPORT MET EN GARDE CONTRE LES CONDITIONS ACTUELLES DE DÉVELOPPEMENT, QUI MENACENT À LONG TERME LA SÉCURITÉ DE LA TERRE ET DE SES HABITANTS
Communiqué de presse ENV/DEV/666 |
ENV/DEV/666
PI/1436
13 août 2002
UN NOUVEAU RAPPORT MET EN GARDE CONTRE LES CONDITIONS ACTUELLES DE DÉVELOPPEMENT, QUI MENACENT À LONG TERME LA SÉCURITÉ DE LA TERRE ET DE SES HABITANTS
L’ONU lance un appel aux dirigeants du monde entier afin qu’ils s’engagent à préserver l’avenir de la planète lors du Sommet de Johannesburg
New York, 13 août 2002– Un rapport publié aujourd’hui par l’ONU montre que les conditions actuelles de développement ont des conséquences inquiétantes sur les niveaux de vie de la population partout dans le monde et sur les ressources naturelles de la Terre. Publié à la veille du Sommet mondial sur le développement durable, ce rapport, intitulé Global Challenge, Global Opportunity (Défi mondial, opportunité mondiale), insiste sur la nécessité de redoubler d’efforts et de mieux gérer les ressources mondiales de façon à parvenir véritablement à un développement durable.
Ce rapport est publié alors que plus d’une centaine de dirigeants du monde entier se préparent à participer au Sommet mondial sur le développement durable, qui se tiendra à Johannesburg du 26 août au 4 septembre, pour finaliser un nouveau plan d’action mondial destiné à accélérer le développement durable, et lancer une série de partenariats novateurs à l’appui de ce plan.
« Le rapport montre clairement quel est l’enjeu », a déclaré M. Nitin Desai, Secrétaire général adjoint, chargé du Département des affaires économiques et sociales de l’ONU, qui publie le rapport, et Secrétaire général du Sommet : « Si le développement se poursuit de façon erratique, il menacera la sécurité à long terme de la Terre et de sa population. Le Sommet de Johannesburg nous offre l’occasion d’adopter un mode de développement plus durable qui nous permette non seulement d’améliorer les conditions de vie actuelles mais de construire un monde meilleur et plus sûr pour nos enfants et nos petits-enfants. »
Le rapport examine un certain nombre de questions qui, selon le Secrétaire général de l’ONU, M. Kofi Annan, doivent se trouver au coeur des négociations pendant le Sommet, à savoir l’eau et l’assainissement, l’énergie, la productivité de l’agriculture, la biodiversité et la santé. Il évalue de façon réaliste les tendances actuelles dans ces divers domaines et montre :
•Qu’à l’heure actuelle, 40 % de la population mondiale manque d’eau;
•Que le niveau des mers monte, ce qui reflète clairement un réchauffement de la planète;
•Que de nombreuses espèces végétales et animales, y compris la moitié des grands primates, qui sont les plus proches parents de l’homme, risquent de disparaître;
•Que 2,4 % des forêts mondiales ont été détruites au cours des années 90;
•Que chaque année, plus de 3 millions de personnes meurent victimes de la pollution atmosphérique.
Du côté positif, le rapport note l’apparition à petite échelle de modes de développement durables qui commencent à se diffuser afin, par exemple, d’assurer la préservation des écosystèmes ou encore de lutter contre la pollution de l’air ou de réduire la mortalité infantile due à la pollution de l’eau. Ces progrès seront toutefois vains si des mesures plus énergiques ne sont pas prises rapidement pour inverser les tendances plus inquiétantes révélées par le rapport.
Une action dans le domaine de l’eau, de l’énergie, de l’agriculture, de la biodiversité et de la santé est indispensable
Le rapport fait le point des données les plus fiables concernant l’utilisation des ressources naturelles aujourd’hui :
•Eau et assainissement : En dépit d’une légère amélioration, 1 milliard de personnes continuent de ne pas avoir accès à de l’eau potable. En 2025, la moitié de la population mondiale, soit 3,5 milliards d’habitants, connaîtra de graves pénuries d’eau, en particulier en Afrique du Nord et en Asie de l’Ouest, où la consommation d’eau est plus rapide que la reconstitution des réserves souterraines.
•Énergie : La consommation de combustibles fossiles et les émissions de carbone ont continué d’augmenter au cours des années 90, notamment en Asie et en Amérique du Nord. Les modifications du climat provoquées par le réchauffement de la planète sont également plus manifestes. Par exemple, les sécheresses sont à la fois plus fréquentes et plus marquées dans certaines régions d’Asie et d’Afrique. C’est le cas du pays qui accueille le Sommet, l’Afrique du Sud, qui, avec plusieurs de ses voisins, connaît actuellement une grave sécheresse.
•Productivité de l’agriculture : La demande alimentaire augmente du fait de la croissance démographique mondiale, et l’agriculture est de moins en moins capable d’y répondre, en particulier dans les pays en développement. La sécurité alimentaire à long terme est donc menacée, principalement dans les régions où les terres ont été dégradées par une agriculture trop intensive ou par la désertification. Les possibilités de développement des terres agricoles en Asie du Sud-Est et en Europe sont limitées alors qu’en Afrique du Nord et en Asie de l’Ouest, le manque d’eau constitue un frein à l’extension des surfaces.
•Biodiversité et écosystèmes : D’après les estimations, 90 millions d’hectares de forêts, soit une superficie supérieure à celle du Venezuela, ont été détruits au cours des années 90. Une déforestation aussi importante constitue une grave menace pour la diversité biologique étant donné que les forêts abritent les deux tiers des espèces animales. En outre, 9 % des espèces d’arbres sont menacés d’extinction, ce qui risque de provoquer la disparition de substances d’origine végétale présentant un intérêt pour la médecine.
•Santé : Une part non négligeable de la mortalité dans les pays les moins avancés est liée à l’état de l’environnement. Certains progrès ont été enregistrés dans ce domaine, mais la pollution de l’eau continue de tuer 2,2 millions de personnes par an. Le paludisme se développe, principalement en raison de l’efficacité de moins en moins grande des médicaments disponibles mais aussi de facteurs liés au développement, tels que la construction de systèmes d’irrigation et la déforestation, qui favorisent la reproduction des moustiques.
« Nous avons maintenant clairement la preuve que le progrès et la protection de l’environnement sont intimement liés », a déclaré M. Desai. « Les gouvernements, les entreprises et la société civile doivent venir à Johannesburg déterminés à améliorer durablement les conditions de vie de la population. Un certain nombre de grandes initiatives seront lancées lors du Sommet, mais il faudra faire beaucoup plus pour inverser les modes de développement destructeurs décrits dans le rapport. » M. Desai a notamment donné en exemple l’initiative WASH concernant l’eau, l’assainissement et l’hygiène pour tous à laquelle participent 28 gouvernements, des banques de développement, des organismes des Nations Unies, des organisations non gouvernementales et de grandes entreprises afin de permettre à plus de 1,1 milliard de personnes d’avoir accès à l’eau et aux réseaux d’assainissement d’ici à 2015.
La production alimentaire est le principal facteur de l’épuisement des ressources naturelles mondiales
Le rapport décrit les conséquences de la production alimentaire sur les ressources naturelles mondiales. Au cours des dernières années, la demande d’aliments a augmenté en raison de l’accroissement de la population, mais également parce que la consommation par habitant a également progressé, passant de 2 100 à 2 700 calories dans les pays en développement et de 3 000 à 3 400 calories dans les pays industrialisés.
Le rapport révèle que la consommation mondiale d’eau a été multipliée par six en un siècle, c’est-à-dire qu’elle a augmenté deux fois plus vite que la population, et que l’agriculture consomme à elle seule 70 % du total. Des systèmes d’irrigation inefficaces, où les pertes sont de l’ordre de 60 %, sont la principale cause de surexploitation des réserves mondiales d’eau douce. L’expansion des terres agricoles est responsable pratiquement à elle seule de la déforestation et constitue la principale cause de la diminution
de la diversité biologique et de la disparition d’écosystèmes. La pêche exploite pleinement, et parfois surexploite, les ressources des océans et, si l’aquaculture se développe rapidement pour répondre à la demande croissante de poissons, il faudra cependant à l’avenir en limiter les conséquences pour l’environnement.
« L’une des priorités lors du Sommet sera de convenir de politiques et de programmes qui permettent d’accroître les rendements agricoles de façon à répondre à nos besoins alimentaires à long terme », a déclaré M. Desai. « Il est tout aussi urgent de développer les pratiques agricoles durables et, notamment, d’adopter des systèmes d’irrigation efficaces. À Johannesburg, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture lancera une nouvelle initiative à laquelle participeront divers gouvernements et organisations non gouvernementales afin d’encourager de telles pratiques. »
Plusieurs régions du monde ne profitent pas du développement général
L’objectif du Sommet est non seulement d’améliorer l’accès aux ressources naturelles et l’utilisation de ces ressources, mais également de poursuivre les efforts récemment engagés au niveau mondial afin d’atteindre l’un des objectifs de la Déclaration du Millénaire, c’est-à-dire de réduire de moitié d’ici à 2015 la proportion de personnes vivant dans la pauvreté. Il marque l’achèvement d’une période de 12 mois particulièrement remarquable qui a vu les membres de l’Organisation mondiale du commerce convenir, lors de la réunion de Doha en novembre 2001, de la nécessité de réformer les échanges et les États-Unis et l’Europe annoncer, à l’occasion de la Conférence sur le financement du développement organisée par l’ONU à Monterrey en mars 2002, un accroissement considérable de l’aide au développement.
Quelques progrès ont été réalisés au cours des années 90 en ce qui concerne la lutte contre la pauvreté. Le nombre d’habitants vivant avec 1 dollar par jour a légèrement diminué, revenant de 1,3 milliard à 1,2 milliard. Cette amélioration a cependant concerné pour l’essentiel l’Asie de l’Est et l’Amérique latine, où on a également enregistré une baisse du nombre de personnes souffrant de faim chronique. Le rapport constate toutefois, que dans certaines régions, les tendances restent négatives : c’est toujours en Afrique que l’on enregistre les plus hauts niveaux de mortalité, de pauvreté et de faim et où l’écart de niveau de vie par rapport aux pays industrialisés est le plus important. Il ne s’agit pas simplement d’un problème de conditions de vie, mais également d’exploitation des ressources naturelles : c’est également en Afrique que le taux de déforestation est le plus élevé et 7 % des forêts ont été détruites pendant les années 90, ce qui est particulièrement inquiétant.
« Le Sommet de Johannesburg cherchera à tirer parti des engagements pris à Doha et à Monterrey de façon à parvenir à un consensus quant à la façon d’utiliser concrètement les ressources supplémentaires que la communauté internationale consacrera au développement », a déclaré M. Desai. « Seule une utilisation véritablement durable de ces ressources permettra d’améliorer les conditions de vie dans le monde, aussi bien dans l’immédiat qu’à long terme. »
Premiers signes d’un développement durable
Si de nombreuses tendances sont inquiétantes, le rapport constate qu’il existe néanmoins certains signes d’un développement durable dans divers domaines stratégiquement importants partout dans le monde. Ainsi, 2 % des forêts mondiales sont effectivement exploitées de façon rationnelle. Les réserves, parcs et sanctuaires naturels se développent et représentent aujourd’hui 5 % de la superficie totale des terres en Europe et 11 % en Amérique du Nord, ce qui devrait favoriser un développement rapide de l’écotourisme dans le monde.
Pour ce qui est de l’énergie, le rapport indique que la part des sources d’énergie renouvelables dans la production mondiale est passée de 3,2 % en 1971 à 4,5 % aujourd’hui, tandis que dans les pays à revenu intermédiaire et à haut revenu, l’amélioration des conditions de vie se traduit par une réduction de la pollution de l’air, des progrès sensibles ayant été enregistrés à cet égard au cours des 20 dernières années à Tokyo, Mexico, Singapour et Séoul. L’accès à l’eau potable et aux réseaux d’assainissement s’est progressivement amélioré au cours des années 90 et l’objectif d’une réduction de 50 % de la mortalité infantile due aux maladies diarrhéiques adopté lors du Sommet mondial pour l’enfance en 1990 a été effectivement atteint, le nombre de décès revenant de 3,3 millions en 1990 à 1,7 million en 1999.
« Le fait d’avoir atteint l’objectif fixé en ce qui concerne la mortalité infantile due aux maladies diarrhéiques et l’annonce d’une augmentation sans précédent des ressources consacrées au développement lors de la Conférence de Monterrey montrent ce que les sommets organisés par l’ONU peuvent permettre de réaliser », a déclaré M. Desai. « Le développement durable commence à devenir une réalité dans certaines régions du monde, mais il faut aller beaucoup plus vite si nous voulons éviter la pauvreté et l’instabilité qui résulteront nécessairement de nos modes actuels de gestion des ressources naturelles. Les dirigeants du monde entier qui viendront à Johannesburg devront être prêts à adopter une nouvelle approche du développement mondial et, surtout, à prendre des engagements concrets à cet égard. »
Contacts
Jusqu’au 16 août : Klomjit Chandrapanya, tél. (212) 963-9495; Pragati Pascale, tél. (212) 963-6870; Gavin Hart ou Meredith Mishel, tél. (212) 584-5031.
Après le 16 août : à New York, (212) 584-5031; à Johannesburg, voir le site Internet. Courrier électronique : <mediainfo@un.org>; adresse Internet : <www.johannesburgsummit.org>.
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