LE COMITE PREPARATOIRE EST INFORME DES RECOMMANDATIONS DU FORUM MINISTERIEL DE CARTHAGENE ET DE LA PROPOSITION DU PNUD DE CREER "CAPACITES 2015"
Communiqué de presse ENV/DEV/632 |
Commission du développement durable
Constitué en Comité préparatoire
Du Sommet mondial pour le
Développement durable
3e séance plénière – après-midi
LE COMITE PREPARATOIRE EST INFORME DES RECOMMANDATIONS DU FORUM MINISTERIEL DE CARTHAGENE ET DE LA PROPOSITION DU PNUD DE CREER "CAPACITES 2015"
Réunie cet après-midi sous la présidence de M. Emil Salim (Indonésie), la Commission du développement durable constituée en Comité préparatoire du Sommet mondial pour le développement durable qui aura lieu du 26 août au 4 septembre 2002 à Johannesburg, en Afrique du Sud, a poursuivi ses travaux en entendant un rapport oral de M. David Anderson, Ministre de l'environnement du Canada et Président du Conseil d'administration du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), qui a parlé au Comité des recommandations adoptées par le 3ème Forum ministériel mondial sur l'environnement et la 7ème session spéciale du Conseil de direction du PNUE, qui se sont tenus il y a six semaines à Carthagène en Colombie.
Parmi leurs recommandations, a noté M. Anderson, les 90 ministres réunis à Carthagène ont souligné que le Sommet mondial pour le développement durable devra mettre l'accent sur la mise en oeuvre et l'intégration des politiques et des programmes de développement durable. Johannesburg, a dit le Ministre canadien de l'environnement, devra être le Sommet du partenariat et du lancement d'actions concrètes. Lors du Forum de Carthagène, a-t-il poursuivi, les ministres ont décidé de se servir des résultats de cette rencontre pour promouvoir la coopération internationale en matière de préservation et de gouvernance de l'environnement; ils ont aussi décidé qu'il fallait améliorer la situation financière du PNUE dont les ressources doivent être renforcées et devenir plus prévisibles. A cet égard, a-t-il précisé, les participants au Forum de Carthagène se sont engagés à mettre en place une échelle indicative des contributions que les Etats Membres devront verser au Fonds pour l'environnement du PNUE, et à renforcer le fonctionnement du Groupe des Nations Unies pour la gestion de l'environnement.
Intervenant après le Ministre de l'environnement du Canada, M. Jan Pronk, Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Sommet de Johannesburg, a déclaré que les contacts qu'il a eus avec les Chefs d'Etat et de gouvernement et les ministres, lui ont permis de conclure que le Sommet mondial pour le développement durable devra aboutir à la mise en oeuvre d'un programme d'action orienté vers la mise en oeuvre effective du plan Action 21 et celle des objectifs de développement contenus dans la Déclaration du Millénaire. La disponibilité des ressources nécessaires à la réalisation de ces programmes est indispensable, a-t-il noté en soulignant que les Etats membres du Groupe des 77 et la Chine insistaient sur le respect des engagements relatifs aux ressources financières. Les résultats de la Conférence de Monterrey, a dit M. Pronk, sont à cet égard encourageants.
Dans son intervention, M. Zephyrin Diabré, Administrateur associé du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a soumis au Comité préparatoire la proposition du PNUD de lancer une plate-forme dénommée "Capacités 2015", dont l'objectif essentiel sera de soutenir le développement et le renforcement des capacités nécessaires à la mise en oeuvre des objectifs de développement du millénaire dans le cadre d'Action 21. "Capacités 2015", a dit M. Diabré, visera notamment le développement de communautés durables au niveau local en favorisant la participation d'acteurs endogènes et la mise en valeur de leurs connaissances traditionnelles.
Le Comité a aussi entendu un exposé sur les résultats de la table ronde du Fonds mondial pour l'environnement (GEF). Au terme de ces présentations, le Président du Comité préparatoire a annoncé que le Comité avait renvoyé à une date ultérieure l'examen de la demande d'accréditation de l'ONG "Tibet Justice Center" dont le Secrétariat a transmis les informations aux délégations. La délégation de la Chine, a précisé le Président, a fait connaître son point de vue sur cette demande par une lettre adressée au Secrétaire général et distribuée aux membres du Comité.
La Commission du développement durable constituée en Comité préparatoire du Sommet mondial pour le développement durable poursuivra ses travaux lundi prochain, 2 avril.
Présentations
M. DAVID ANDERSON, Ministre de l'environnement du Canada et Président du Conseil d'administration du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) a déclaré que le 3ème Forum ministériel mondial sur l'environnement, et la 7ème session spéciale du Conseil de direction du PNUE, qui se sont tenus à Carthagène en Colombie il y a 6 semaines, ont été des réunions importantes qui se sont conclues par la prise d'importantes décisions. Quatre-vingt-dix ministres y ont pris part, a dit M. Anderson. En tant que Ministres, a-t-il poursuivi, nous avons essayé de renforcer la participation de la société civile à la promotion du développement durable et à la gestion de l'environnement mondial, et nous avons également veillé à renforcer la gouvernance environnementale internationale. Après Doha et Monterrey, Carthagène est un pas important vers Johannesburg. En tant que Ministres, nous avons parlé des questions liées à la préservation de l'environnement dans le cadre du développement durable. Nous avons reconnu le lien qui existe entre le besoin de conservation et la nécessité de créer une collaboration efficace niveau transfrontalier et mondial. Nous avons conclu au bout de nos travaux que l'état de l'environnement mondial s'est beaucoup dégradé au cours des dernières années du fait de la surexploitation des ressources naturelles.
Les changements écologiques sont de plus en plus évidents au niveau mondial. Les ressources marines et aquatiques s'épuisent, la désertification progresse, et les forêts sont détruites à une allure inacceptable. Le Sommet de Johannesburg doit mettre l'accent sur la mise en oeuvre et l'intégration des engagements et des recommandations d'Action 21. Ce Sommet doit être celui du partenariat et des actions concrètes. Les Ministres ont accepté à Carthagène que le plan Action 21 fournit des directives politiques viables et des stratégies efficaces pour la promotion du développement durable. Il est donc temps de prendre de nouveaux engagements politiques pour sa mise en oeuvre efficiente. Les discussions de Carthagène sont reflétées dans le document que le Comité préparatoire négocie depuis le début de la semaine. Les Ministres ont décidé qu'il fallait faire de la mondialisation une force positive au service et au profit de tous les peuples; ils ont souligné l'importance du renforcement des capacités humaines, des transferts de technologies et d'un soutien particulier à apporter à l'Afrique. Ils ont aussi mis l'accent sur le rôle critique des partenariats qui doivent être créés ou renforcés avec la société civile et le secteur privé, et ils ont souligné le besoin urgent de se servir d'énergies durables par la mise en valeur et l'utilisation d'énergies renouvelables et plus efficientes.
La réunion de Carthagène est d'autre part arrivée à la conclusion que le processus préparatoire doit identifier le rôle que devra jouer la recherche scientifique. Cette question devra être débattue à Johannesburg, car sans bonne information scientifique, nous ne pouvons pas prendre de décisions éclairées sur l'environnement et le développement durable. A ce propos, le PNUE devrait renforcer ses capacités d'évaluation et de surveillance de l'état de l'environnement mondial et se doter d'un processus d'alerte rapide soutenant la promotion du développement durable. Concernant les questions éthiques liées au développement durable, les Ministres ont estimé que les modes de consommation et de production qui existent dans les pays riches soulèvent des questions difficiles sur la dimension éthique et morale du développement durable. Cette dimension et celle relative aux autres aspects humains et culturels devront recevoir une attention soutenue à Johannesburg.
Concernant la question importante de la gouvernance, les Ministres ont été d'accord qu'il faut utiliser les résultats du Forum du PNUE pour promouvoir la coopération internationale en matière de gestion de l'environnement. Ils se sont ensuite mis d'accord sur les efforts à déployer pour améliorer la situation financière du PNUE, dont les ressources doivent devenir plus importantes et plus prévisibles. A cet égard, nous définirons une échelle des contributions à verser au Fonds pour l'environnement du PNUE. En troisième lieu, nous avons accepté de développer un plan stratégique intergouvernemental en faveur des transferts de technologies et du renforcement des capacités dans les pays en développement. Puis nous avons décidé d'améliorer la coordination entre les différents accords multilatéraux sur l'environnement. Enfin, les Ministres participant au Forum de Carthagène ont décidé de renforcer le Groupe des Nations Unies pour la gestion de l'environnement.
M. JAN PRONK, Représentant spécial du Secrétaire général pour le Sommet de Johannesburg et Ministre de l'environnement des Pays-Bas, a précisé qu'à l'heure actuelle, il est en mesure de tirer trois conclusions de tous les contacts qu'il a pu avoir avec les chefs d'Etat et de gouvernement et les Ministres. La première conclusion est que les responsables politiques veulent que le Sommet de Johannesburg s'attache à mettre en place un programme d'action orienté autour de deux axes, à savoir la mise en oeuvre pratique d'Action 21 et celle des objectifs du millénaire, le ministre faisant observer que les dirigeants de la planète ne veulent pas de nouvelles décisions mais de l'action. La deuxième conclusion, inspirée notamment des observations du Groupe des 77 et de la Chine, consiste dans l'importance de voir les promesses mises en oeuvre, en particulier pour ce qui est des ressources. Au lendemain de la Conférence de Monterrey, et même si les promesses sont encore loin des attentes, à savoir le doublement de l'aide publique au développement(APD), a déclaré M. Pronk, au moins la courbe descendante de l'APD est enfin inversée. Toutefois, il est important de bien souligner que trois mesures doivent être prises pour que Monterrey soit une étape vers le succès de Johannesburg, a-t-il jugé, soulignant l'importance de voir de nouveaux engagements en termes de ressources financières, de profiter de l'effet catalyseur de Monterrey pour mobiliser les ressources provenant du secteur privé, et enfin pour établir le lien entre les ressources issues de l'augmentation de l'APD et celles provenant des investissements privés.
De nouvelles ressources doivent être mobilisées pour financer le Programme d'action qui sera adopté à Johannesburg, a dit le Ministre, recommandant également une approche globale orientée vers la durabilité. Invitant la communauté internationale à tenir ses promesses et ne pas répéter les erreurs du passé, notamment celles de 1992 après Rio, il a appelé les donateurs à mettre les ressources adéquates au service des objectifs qui seront arrêtés à Johannesburg.
Il leur a suggéré de mettre en place les structures appropriées pour mobiliser et ventiler les financements. Enfin, abordant la troisième de ses conclusions, le Ministre a fait part de l'enthousiasme des dirigeants rencontrés au cours de ses visites dans les différentes capitales concernant les activités de type II. Il a lancé un appel pour préserver les initiatives prises et pour tout faire en vue de parvenir à un consensus de valeur ici et à Bali, consensus qui sera étoffé et renforcé à Johannesburg.
M. ZEPHYRIN DIABRE, Administrateur associé du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) a présenté le concept de "Capacités 2015" que propose le PNUD à la communauté internationale pour soutenir le développement et le renforcement des capacités nécessaires à la promotion du développement durable. La plate-forme "Capacités 2015" aidera la mise en oeuvre des objectifs de développement de la Déclaration du millénaire dans le cadre d'Action 21, a dit M Diabré. Les objectifs du millénaire étant bien définis, et la Conférence de Monterrey ayant offert les moyens financiers de leur mise en oeuvre, nous pensons que la plate-forme devrait mettre l'accent sur le développement de communautés durables dans le contexte des nouveaux défis mondiaux. "Capacités 2015" se basera, entre autres, sur les expériences réussies et sur les leçons apprises d'Agenda 21 et des programmes innovateurs du Fonds de l'environnement mondial (FEM) et du programme Africa 2000. Le PNUD espère que le Groupe des 77 et de la Chine soutiendra l'idée de lancement de la plate-forme "Capacités 2015". Cette proposition met l'accent sur une approche basée sur la demande. Elle met aussi l'accent sur la participation des acteurs locaux. Elle est flexible et facilite la mobilisation de ressources en faveur du renforcement des capacités humaines. Elle promeut et renforce les liens entre les niveaux de réflexions mondiaux, nationaux et locaux, et elle donne une chance à la mise en valeur des connaissances traditionnelles et endogènes.
M. HERBERT ACQUAY, représentant du Fonds pour l'environnement mondial (FEM), a présenté les résultats de la table ronde du 11 mars 2002 sur les forêts organisée par le FEM en marge du Forum des Nations Unies sur les forêts (FNUF) et a fait part des mesures urgentes proposées dans ce cadre pour inverser la tendance actuelle du déboisement qui affecte 16 millions d'hectares de forêts chaque année. La table ronde a insisté sur le renforcement des mécanismes existant aux niveaux juridique et institutionnel pour la gestion des forêts, a précisé M. Acquay. Une autre proposition a porté sur les progrès technologiques qu’il faudrait accomplir en matière de gestion des forêts, notamment par les transferts de technologies et le partage des connaissances et des expériences entre techniciens, par exemple par des visites sur le terrain. Le représentant a ensuite abordé la question du partenariat entre secteur public, secteur privé et organisations non gouvernementales (ONG) pour développer des mécanismes financiers de nature à encourager la recherche et les innovations sur la préservation des ressources forestières. Il a également souligné la proposition de la table ronde relative au renforcement du partenariat avec l'industrie forestière, souvent responsable du déboisement. M. Acquay a, à ce titre, proposé un mécanisme de certification des produits forestiers, des mesures pour éviter la concurrence déloyale, et d'autres mécanismes de lutte contre l'exploitation et l'abattage illégaux des forêts. Il a précisé que le FEM avait débloqué 1,4 million de dollars pour financer et promouvoir la recherche sur la biodiversité forestière.
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