ENV/DEV/619

MEDIAS ET DEVELOPPEMENT DURABLE: COMMENT INTERESSER LE PUBLIC?

06/02/2002
Communiqué de presse
ENV/DEV/619


MEDIAS ET DEVELOPPEMENT DURABLE: COMMENT INTERESSER LE PUBLIC?


A l'initiative du Bureau du Comité préparatoire du Sommet mondial pour le développement durable, qui aura lieu à Johannesburg du 26 août au 4 septembre, une table ronde spéciale animée par M. Shashi Tharoor, Chef intérimaire du Département de l'information des Nations Unies a eu lieu cet après-midi au Siège.  Destinée à informer l'opinion publique à donner un élan politique aux sujets qui y seront débattus, la table ronde qui réunissait des responsables de l'information télévisée et des journalistes influents spécialisés dans les questions de développemnt et d'énvironnement a examiné le rôle et la responsabilité des médias dans la couverture d'un thème complexe: à savoir comment équilibrer le besoin d'une croissance économique mondiale avec les soucis de justice sociale et de sauvegarde de l'environnement, a estimé M. Shashi Tharoor.


Pour M. Shashi Tharoor, le concept nouveau du développement durable, né du rapport établi en 1990 par la Commission mondiale sur l'environnement et le développement, alors sous la présidence de Mme Gro Harlem Brundtland, ex-Premier Ministre de Norvège, a pris forme au cours des dix dernières années et a été défini comme un développement durable qui "satisfait les besoins du présent sans compromettre la possibilité pour les générations futures de satisfaire les besoins qui seront les leurs".  L'agenda du développement durable est vaste puisqu’il couvre des sujets aussi divers que  la perte de la couche d'ozone, le travail des enfants ou encore les investissements socialement responsables et la mondialisation a-t-il dit.  Les questions auxquelles la table ronde a essayé de trouver des réponses ont trait à la manière dont les télévisions couvrent les questions relatives au développement durable et la façon dont elles comptent assurer la couverture du Sommet de Johannesburg.


Pour les représentants des médias des pays développés, il est difficile d'assurer la diffusion d'informations et de programmes touchant aux questions de développement durable car leur audience ne se sent pas directement concernée par ces problèmes.  A ce point de vue, les représentants des télévisions sud-africaine et brésilienne, auxquels s'est joint celui de la chaîne satellitaire "Star TV" qui diffuse sur l'Inde et la Chine, ont répondu que le succès de la couverture de Johannesburg dépendrait de la manière dont les organisateurs du Sommet sauraient donner au développement durable un aspect concret et réel en prenant des engagements sur des problèmes qui touchent la vie quotidienne des gens.


A la suite de la table ronde, M. Shashi Tharoor a eu un échanges de vues avec des représentants d'Etats Membres et d'ONG sur l'organisation du Sommet de Johannesburg et sur les mesures que prend le Département de l'information pour assurer le maximum de soutien.


TABLE RONDE SPECIALE SUR LE THEME "LES MEDIAS ET LE DEVELOPPEMENT DURABLE"


M. SHASHI THAROOR, Chef intérimaire du Département de l'information des Nations Unies, a indiqué que la table ronde spéciale sur le rôle des médias dans le développement durable était organisée à l'initiative du Bureau du Comité préparatoire du Sommet mondial pour le développement durable de Johannesburg.  Je suppose que les raisons pour lesquelles le Bureau a organisé cet évènement tiennent à la volonté d'élever le niveau d'information de l'opinion publique et de créer un élan politique favorable au développement durable, a dit M. Tharoor.  Nous sommes à 7 mois de la réunion au Sommet de Johannesburg et c'est en cette période que les organes d'information font connaître leurs intérêts pour une conférence de cette importance.  Le développement durable est un concept relativement nouveau qui évolue depuis la dernière décennie.  La première définition de cette forme de développement apparaît dans le rapport de la Commission du développement durable en 1990.  Cette Commission était alors présidée par Mme Gro Harlem Brundtland, ancienne Premier Ministre de la Norvège.  La définition donnée par la Commission du développement durable est celle-ci: "c'est un développement qui doit satisfaire les besoins actuels sans pour autant compromettre la capacité des futures générations à satisfaire les besoins qui seront les leurs".  L'agenda actuel du développement durable est vaste et couvre des sujets aussi variés que la disparition de la couche d'ozone, le travail des enfants et les investissements responsables.  Le terme "mondialisation", qui recouvre un vaste éventail de politiques, fait lui aussi partie de la terminologie du développement durable.  Au cours de la discussion d'aujourd'hui, a dit M. Tharoor, nous essaierons de comprendre ce que les médias entendent par développement durable, ce qu'ils font pour couvrir cette question et ce qu'ils considèrent être leurs responsabilités.  Nous parlerons surtout de télévision, au vu de l'influence de la télévision et de l’impact des images sur le public.


Il ne fait aucun doute que les responsables des médias ont une influence énorme sur la manière dont leurs organes de presse couvrent les évènements internationaux.  Ceci est valable aussi bien dans les villages les plus reculés de France que dans les grandes métropoles grouillantes de Hong Kong ou de Mexico.  Le pouvoir des médias vient de la manière dont ils influencent les peuples et les hommes politiques.  Nous verrons donc comment les responsables de médias voient leurs responsabilités en terme de promotion du développement durable.  Pensent-ils avoir des responsabilités à cet égard ?


Selon un rapport publié récemment, les médias ont joué un rôle central au cours des 30 dernières années dans la définition et la communication de l'agenda naissant du développement durable.  Ce rapport, publié par le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), l'ONG "Sustainability" et la firme de relations publiques Ketchum, évalue la manière dont les questions liées aux responsabilités des milieux d'affaires et au développement ont été traitées par les médias depuis les années 1960.  Il démontre que le Sommet de la Terre de 1992 a suscité un énorme engouement, mais que cet intérêt s'est ensuite assoupi.  Pourquoi ce désintérêt? Pouvons nous espérer voir le Sommet mondial de Johannesburg générer un intérêt médiatique?  Le rapport pose des questions importantes: le développement durable est-il la "grande histoire" que les médias manquent régulièrement de traiter?  Ces médias font-ils un travail crédible en matière de traitement de questions qui sont complexes? Quelle a été la qualité de leur travail jusqu'à maintenant?  Font-ils suffisamment d'efforts?  Comme le montre le rapport, les informations des médias tendent malheureusement à se focaliser sur des évènements ponctuels, au lieu de suivre les questions à long terme et les tendances et les causes qui font du développement durable un sujet difficile à couvrir.  Le sensationnalisme reste trop souvent roi, et le développement durable est trop souvent illustré à travers des images de catastrophes naturelles.  Est-ce là la meilleure formule pour couvrir ce sujet, ou tombe-t-on, comme l'a dit un responsable de Greenpeace, dans le travers de vouloir décrire les questions économiques en faisant seulement des reportages sur des braquages de banques?


M.JIM LAURIE, Vice-Président chargé des Nouvelles et des Actualités à Star TV (Chine) a expliqué que le public cible de sa chaîne est en Asie et au Moyen-Orient où les questions de développement durable sont importantes.  Pour autant, sur les 60 programmes diffusés récemment et les 18 heures d'émissions hebdomadaires en Hindi, par exemple, le concept de développement durable n'est pratiquement jamais utilisé car il n'a pas de sens concret pour les gens.  Par contre, sur le travail des enfants, sur la protection des forêts, sur les changements climatiques, ou sur la pauvreté, nous réalisons des émissions, a observé M. Laurie.  Il a ajouté que depuis le 1er janvier 2001, 37% des 60 reportages réalisés portaient sur une question liée au développement durable que ce soit sur la question de l'eau au Bangladesh ou celle des forêts en Malaisie.


Mme BARBARA PYLE, ancienne Vice-Présidente des Programmes pour l'environnement à la Turner Broadcasting (Etats-Unis), a expliqué qu'elle n'a pas eu de problèmes pour faire passer le sujet du développement durable dans ses reportages.  Si le public peut s'identifier à un présentateur ou un réalisateur, a-t-elle ajouté, il sera forcément sensible au sujet traité.  Donnant l'exemple du lancement par CNN de l'émission "World Report", elle a souligné que les spécialistes avaient constaté que le public de CNN ne pouvait pas se concentrer plus de 10 minutes sur les thèmes du développement durable.  Mme Pyle a ajouté que la télévision peut faire en sorte d'intéresser les gens à un sujet en prenant l'exemple de son reportage "Un enfant une voix".  Elle a estimé que les médias doivent donner une voix au public et donner le sentiment aux gens qu'ils participent au processus. 


Mme SIMONE DUARTE, Chef du Bureau new-yorkais de El Globo TV (Brésil), a expliqué que sa chaîne fonctionne différemment en matière de communication sur le développement durable et l'environnement.  On essaie de prendre des exemples de personnes qui agissent à l'encontre de l'environnement et d'en faire des reportages a-t-elle ajouté.  Par exemple, on envoie des équipes de Greenpeace accompagnées par des reporters dans l'Amazone pour déceler le trafic de bois et en faire des reportages de 3 à 5 minutes.  Mme Duharte a proposé de réfléchir à la manière d'utiliser les médias, expliquant qu'au Brésil, au lieu de mettre une actrice à "la une" de Vogue, comme le font les médias américains, on essaie de l'inciter à conduire une campagne pour l'environnement sur le terrain et on couvre cette campagne.  L'an dernier, a-t-elle ajouté, on a diffusé plus de 60 heures de programmes sur des campagnes liées à l'environnement.  Chaque samedi au Brésil, l'émission la plus populaire sur l'environnement attire 60 millions de téléspectateurs. 


M. SNUKI ZIKALALA, Directeur exécutif chargé de l'information à la South African Broadcasting Corporation (SABC), a souligné qu'en Afrique du Sud, sensibiliser le public au Sommet mondial pour le développement durable suppose de commencer dès le mois de février à diffuser des reportages sur des thématiques liées au développement durable telles que les océans, la couche d'ozone ou la pauvreté.  Cependant, il est coûteux d'envoyer des équipes dans des pays tels que le Malawi, le Mozambique pour réaliser des reportages sur des sujets qui ne collent pas à l'actualité et ne font pas la "Une" comme ceux relatifs à la criminalité ou aux guerres.  Il a annoncé que la SABC allait solliciter l'avis du public sur ce qu'il pense de l'organisation de ce Sommet par l'Afrique du Sud et faire en sorte de pouvoir transformer l'environnement et le développement durable en sujets intéressants pour le public. 


M. TIM HIRSCH, correspondant principal de la BBC pour l'environnement, Royaume-Uni,  a expliqué que la BBC a un mandat et que c'est un devoir de dire aux gens ce qu'ils doivent savoir sur un sujet.  Cependant, l'équilibre est difficile à réaliser entre informer d'une part et donner des leçons et prêcher, d'autre part.  Par exemple, un sujet tel que le retraitement des déchets ménagers en Angleterre peut être sensible.  Or, il y a une différence entre couvrir des questions relatives à l'environnement pour inciter les gens à avoir un comportement plus écologique et couvrir une catastrophe due aux conséquences de la mauvaise gestion de l'environnement, forcément plus attractive.  D'où la question de savoir si l'on peut intégrer les questions relatives à l’environnement aux programmes d’information, lesquels seront plus orientés vers des sujets politiques ou les grandes catastrophes nationales.  Reste-t-il du temps pour les questions telles que le développement durable?  Il a soulevé le problème auquel sont confrontés les médias à savoir le contenu du concept global de développement durable.  Quel sera l'ordre du jour exact de Johannesburg?  comment le vendre au public ?  On a du mal à l'intégrer dans les actualités, a observé M. Hirsch. 


M. LAURIE a dit que pour couvrir les sujets relatifs au développement durable, il faut trouver des histoires qui touchent à la vie quotidienne des gens.  En Inde, Star TV le fait souvent, mais ce n'est pas encore le cas en Chine.  Certains de nos programmes sont repris au niveau international par "National Geographic", le thème central de la survie de l'environnement de la planète étant relativement porteur.


Intervenant M. ZIKALALA, a déclaré qu'en Afrique du Sud, il existe un intérêt très marqué pour les questions de développement et leur impact sur la vie des populations.  Pour les médias sud-africains, la stratégie est de faire comprendre que les questions de santé et d'éducation qui sont évoquées dans le cadre du Sommet mondial et des politiques à mettre en oeuvre dans le cadre du développement durable sont des sujets dont l'impact influe sur la vie des gens et sur celle de leurs enfants.


Depuis le Sommet de la Terre, a dit Mme PYLE, j'ai produit une trentaine de documentaires sur des questions liées au développement durable, notamment sur le microcrédit et le travail des femmes.  Ces documentaires et reportages ont attiré une audience substantielle aux Etats-Unis et dans les zones où les gens regardent CNN.  Nous avons cependant, après la diffusion de ces émissions, constaté que leur diffusion avait un plus grand impact dans le monde en développement que dans les pays du Nord, notamment aux Etats-Unis, sans doute parce les questions de développement intéressent plus directement les peuples dans les pays en développement. 


Pour Mme DUARTE, des critiques sont souvent formulées contre les TV et les autres médias, quand ils veulent faire passer des messages tout en rendant les émissions qu'ils réalisent sur des sujets de développement.  Aux Etats-Unis, par exemple, il est remarquable que ce qui se passe en Argentine ne fasse pas l'objet d'une couverture médiatique substantielle, pour la simple raison que les gens sont plus intéressés par la guerre contre le terrorisme. 


Le Sommet de Johannesburg ne devrait pas pâtir de l'intérêt porté à d'autres problèmes internationaux a estimé M. ZIKALALA.  Nous pouvons bénéficier de l'attention des audiences si les objectifs du Sommet sont clairs.  Il appartient donc au Comité préparatoire de bien préparer l'évènement.  Intervenant après lui,  M. LAURIE a exprimé son soutien à ce point de vue, en regrettant cependant que trop souvent, les producteurs des émissions les plus suivies, par exemple les Journaux télévisés, n'acceptent de ne diffuser que des sujets dont ils sont sûrs qu'ils leur donneront une audience élevée.  Aux Etats-Unis, malgré la concurrence des chaînes cablées et de l'Internet, les Networks traditionnels (ABC, NBC et CBS) continuent d'être la principale source d'informations télévisées.  En Inde, 7 chaînes locales diffusant au niveau des grandes provinces se partagent 400 millions de téléspectateurs, ce qui montre l'importance de la télévision en matière de formation de l'opinion.  Le marché de CNN a estimé M. Laurie, est, bien que cette chaîne proclame son caractère international, d'abord américain.  C'est là que la chaîne gagne le plus de revenus.  Elle ne va donc pas diffuser sur le territoire américain des émissions sur l'environnement et le développement durable qui n'intéressent pas les gens.  Face à la concurrence, les chaînes sont obligées de faire de l'Audimat.  Pour sa part "Star TV" joue sur un terrain différent et elle peut traiter de questions d'environnement et de développement qui concernent directement les publics indiens et chinois.


Mme PYLE a regretté que trop souvent la télévision a tendance à "habiller" des sujets importants juste pour les rendre plus attractifs.  CNN se demande cependant ce qui se passera à Johannesburg, car si après la session extraordinaire "Rio+5" rien de nouveau ne s'est passé en matière de développement durable, il sera difficile d'intéresser les journalistes et la presse étrangère.  Il faudrait que Johannesburg sorte du domaine ésotérique et place les sujets de développement durable à la portée de tout le monde.  Ce qui est choquant, a-t-elle dit, c'est que les films et documentaires que j'ai faits il y a 10 ans, au moment du Sommet de Rio, pourraient être rediffusés aujourd'hui, car rien n'a changé. 


Mme DUARTE a estimé qu'il fallait parfois ne pas se soucier de l'aspect "marché" de l'information télévisée.  Elle a rappelé qu'il y a quelques années elle avait proposé des séries de reportages sur l'Afghanistan et la Sierra Leone à des chaînes de TV qui les avaient refusés.  Au Brésil, l'attitude de défense du "marché" de l'information était défendue par certains rédacteurs en chef, alors que le public a, quant à lui, répondu positivement aux reportages sur des sujets de politique internationale.  Les télévisions des pays du Sud ont cependant un problème de personnel, a-t-elle noté, en précisant que ces chaînes manquaient de moyens pour spécialiser leur personnel.


Le Rédacteur en chef du Earth Bulletin (Institut international pour le développement durable) a souligné que le thème du Sommet est certes intéressant mais que depuis Rio, d’importants changements ont eu lieu dans le domaine de la communication et de l’information et que les gens passent désormais au crible les sites Internet à la recherche d'information, et que les gens passent désormais au crible les sites Internet pour trouver des informations.  Il a estimé qu'il n'y avait plus besoin de publier de communiqués car les gens obtiennent des informations autrement.  Où sont les représentants des nouveaux médias au DPI s'est-il interrogé?  Et comment le DPI se propose-t-il de communiquer différemment le thème par rapport à 1992?

M. THAROOR a reconnu que les nouveaux médias occupent une place de plus en plus importante, soulignant notamment que plus d'1,3 milliard de visites du site Web des Nations Unies ont été recensées en 2001.  Toutefois, il a assuré que les anciens médias ne sont pas en perte de vitesse et que l'on enregistre plutôt un regain d'intérêt pour ces sources d'information.


La représentante de "Women's environment organization" a observé qu'un des obstacles au développement durable est la guerre qui compromet la paix et le développement.  Les médias doivent jouer un rôle plus actif en faveur de la paix et de la prospérité. 


La représentante de l'Autriche a regretté que ce qui ressort du débat laisse à penser que les Etats membres ne sont pas parvenus à faire passer le concept même de développement durable.  Ce concept intègre trois piliers, à savoir le social, l'économie et l'environnement et non pas uniquement l'environnement comme le laisse entendre le débat.  Elle a regretté que les Etats n'aient pas été suffisamment capables de sensibiliser leur public et de trouver un moyen de travailler ensemble avec les médias, les ONG et la société civile.


M. THAROOR a précisé que la page Web "UN Works" présente les succès de programmes mis en oeuvre par les Nations Unies et que c'est un premier pas pour sensibiliser aux enjeux du développement durable, par exemple. 


Le représentant du Kazakhstan a estimé qu'on peut tirer déjà un premier bilan de ce qui a été fait et recommander la création d’un système d'information permettant à tout le monde de recevoir des informations ciblées.  Un fonds mondial pour le développement durable pourrait commencer par financer de tels programmes d'information qui comprendraient des interviews de Chefs d'Etat. 


Le représentant de Business Action for Sustainable Development a estimé que les dirigeants devraient faire montre d'imagination car contrairement à ce qui a été dit lors du débat, il existe bel et bien un public pour le développement durable.


Mme DUARTE a insisté sur l'importance que peuvent jouer des personnalités dans la sensibilisation aux enjeux du développement durable.  Mme PYLE a jugé qu'il serait difficile d’attirer l’attention sur le développement durable dans un environnement médiatique qui ne s’intéresse, en priorité, qu’à la guerre en Afghanistan.  Pour M. LAURIE, le développement durable ne fera jamais la "Une" de l'actualité.  Au lieu d'envoyer des équipes couvrir Johannesburg, ce qui sera ennuyeux, il faudrait plutôt réaliser des reportages dans des endroits de la planète clés sur les questions d'environnement.  Cependant, il y a un manque de moyens car les revenus de la publicité sont à la baisse et les fonds publics ont été considérablement réduits.  Pour M. HIRSCH, les questions de développement durable sont en compétition avec l'économie et la guerre qui occupent une place de choix dans l'agenda des médias.  Aussi, lorsque l'on parle du Sommet de Johannesburg, plus l'ordre du jour sera concret, plus il sera facile de le faire passer dans les journaux télévisés.  Pour sa part, M. ZIKALALA a jugé que ce qui importe n'est pas de voir les Chefs d'Etat ouvrir le Sommet mais que le plus important c'est de savoir en quoi le Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique affectera positivement le développement. 


Intervenant en conclusion de la table ronde, M. THAROOR a estimé que la table ronde a été utile et enrichissante parce qu'elle a permis de soulever des questions que l'on aurait sans doute pas abordées.  Le Département de l’information et le Département des affaires économiques et sociales (DESA) ont mis au point une campagne de communication pour le Sommet mondial pour le développement durable de Johannesburg, a-t-il déclaré en mentionnant que les médias s'intéressent déjà à l'ordre du jour du Sommet et que l'ONU a déjà commencé à recevoir des demandes d'accréditation.  "The International Herald Tribune" et l'"Asahi Shibum" grands journaux internationaux qui sont publiés en Europe, en Amérique et en Asie, ont commencé à rédiger des dossiers et des articles de fond sur les thèmes du Sommet, et un pool de télévisions constitué sous le nom de "TV 1" a commencé la confection de programmes vidéos relatifs au Sommet mondial.  Des messages clefs ont été mis au point par les services compétents de l'ONU pour lancer le Sommet, et les appuis et autres matériels d’information publiés par les Nations Unies et ses organismes sont l'objet d'une grande demande.  Au cours du Sommet mondial, l'ONU diffusera des programmes de radio et de télévision sur le développement durable et publiera des numéros spéciaux de ses publications, dont "Africa Recovery".  En ce qui concerne le multimédia, le site web créé pour le Sommet mondial est déjà actif et comprendra bientôt des documents dans les six langues.  Le site de l'ONU donne des informations mises à jour sur la préparation du Sommet.


Dans les régions d'Asie, par exemple, nous allons travailler avec des groupes d'ONG pour assurer une bonne communication de l'évènement, et nous travaillons aussi étroitement avec des groupes d'étudiants et d'autres organisations de la société civile.  Il est désormais de notre devoir de renforcer les efforts que nous déployons en vue de faire mieux connaître le Sommet de Johannesburg 2002, une rencontre pour la réussite de laquelle le pays-hôte, l'Afrique du Sud, ne ménage aucun effort.  L'importance de la tâche est telle que nous devons tout faire pour assurer la réussite, a dit M. Tharoor.


Le représentant de la France s'est dit satisfait des informations données par M. Tharoor selon lesquelles les informations relatives au Sommet pour le développement durable seraient traduites dans toutes les langues officielles des Nations Unies.  Il a toutefois souhaité savoir quel est le calendrier qui a été est prévu à cette fin.  Il a indiqué que dans le cadre de l'Organisation internationale de la francophonie, des efforts sont faits pour diffuser des informations relatives à cette rencontre.


M. THAROOR a précisé que les informations sont en cours de traduction et devraient être mises incessamment à la disposition du public malgré les ressources limitées de DPI.  Cependant, pour ce qui est des questions plus spécifiques aux thématiques du Sommet, il a fait savoir qu'il ne pouvait pas répondre car le Département des affaires économiques et sociales (DESA) dispose de son budget propre.  M. Tharoor a regretté que les Nations Unies n'aient pas de ressources pour aider les journalistes des pays en développement à se rendre au Sommet de Johannesburg, car l'Assemblée générale n'a pas voté de crédits à cette fin.  Il a demandé aux ONG et aux médias de traduire en langues locales les messages diffusés par les Nations Unies, ajoutant qu'ils sont totalement libres de le faire car il n'y a aucune contrainte de droits d'auteurs par exemple.


Le représentant de l'Afrique du Sud a estimé que le débat d'aujourd'hui avait prouvé que l'on pouvait rapprocher les médias des enjeux du développement durable.  Il a suggéré d’entamer la réflexion sur le rôle des médias au-delà du Sommet de Johannesburg.  Le recours aux médias communautaires pourrait être une voie de diffusion élargie car ils représentent réellement l'expression des communautés sur le terrain, a-t-il souligné.


Ont participé à la table ronde spéciale sur "les médias et le développement durable" les représentants des organes d'information suivants:  "South African Broadcasting Corporation" (Afrique du Sud); Turner Broadcasting (Etats-Unis); British Broadcasting Corporation -BBC- (Royaume-Uni); Star TV (Chine); et Globo TV (Brésil).


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À l’intention des organes d’information. Document non officiel.