LE COMITE EXAMINE LES CONTRAINTES A LA MISE EN OEUVRE D'ACTION 21 ET LES INITIATIVES A PRENDRE POUR DONNER CORPS AU DEVELOPPEMENT DURABLE
Communiqué de presse ENV/DEV/612 |
Commission du développement durable
constituée en Comité préparatoire du Sommet mondial
pour le développement durable
Deuxième session préparatoire
5e séance - matin
LE COMITE EXAMINE LES CONTRAINTES A LA MISE EN OEUVRE D'ACTION 21 ET LES INITIATIVES A PRENDRE POUR DONNER CORPS AU DEVELOPPEMENT DURABLE
La Commission du développement durable constituée en Comité préparatoire du Sommet mondial pour le développement durable a poursuivi ce matin le dialogue multipartite entre les groupes organisés de la société civile, les milieux d'affaires, la communauté scientifique et les Etats Membres. Au cours de la réunion de ce matin, les représentants ont rappelé la teneur des discussions et les conclusions auxquelles leurs deux groupes de discussion étaient respectivement parvenus hier*, puis ont discuté des opportunités de mise en oeuvre de nouvelles initiatives qui pourraient répondre aux principales questions identifiées et pourraient lever les contraintes qui se posent à la mise en oeuvre du plan "Action" et favoriser une participation fructueuse de tous les groupes au Sommet mondial de Johannesburg.
Parmi les contraintes qui se posent à la mise en oeuvre d'Action 21, une majorité de participants ont estimé que l'absence de volonté politique était le principal frein à la promotion du développement durable. Les gouvernements devraient tenir un discours cohérent sur les questions de financement, de commerce et de développement et ne pas changer de discours selon les forums et les audiences auxquels ils s'adressent, ont-ils estimé. Les impératifs de marché ne devraient pas s'imposer à la sécurité et à la sûreté alimentaire, qui ne devraient pas seulement être discutées à travers des arrangements institutionnels.
L'annulation totale de la dette est pour sa part un fait qui doit être officiellement accepté, toutes les analyses ayant clairement démontré que cette dette est insoutenable et ne pourra jamais être remboursée. Il faudrait donc cesser de l'utiliser comme outil de pression politique contre des pays qui n'ont déjà pas les moyens de maintenir des systèmes sociaux de base, et dont les populations sont déjà les plus pauvres, ont déclaré les groupes de la société civile. D'autre part, a dit la représentante des organisations de travailleurs, il faudrait arrêter l'exode des cerveaux des pays du Sud vers ceux du Nord en procédant à un transfert, dans les pays en développement, de la production des biens industrialisés de haute et moyenne technologie. "Il ne saurait y avoir de développement durable dans les régions qui perdent tous leurs personnels éduqués et qualifiés", a-t-elle conclu.
Les points de consensus ressortant des échanges de cette série de dialogues multipartites sont ceux de la promotion d'un développement qui ne s'appuie pas sur les impératifs d'une croissance basée sur des modes de consommation qui soient, comme à l'heure actuelle, totalement dépendants de l'exploitation effrénée de
ressources naturelles non renouvelables, notamment l'eau. Les participants ont reconnu le caractère perfectible des modes et techniques de production industrielle actuelles, qui fonctionnent sur l'utilisation d'énergies polluantes qui participent à la dégradation de la biosphère et au réchauffement de la planète qui met en péril les équilibres climatiques du globe et l'existence même des petits Etats insulaires.
La création et le renforcement de partenariats entre les parties prenantes au développement; la reconnaissance de la propriété de la terre et de ses ressources aux peuples autochtones; la préservation des identités culturelles et des savoirs traditionnels qui ont permis pendant des temps immémoriaux une exploitation et une gestion équilibrée des écosystèmes; le respect des droits des femmes et leur participation à la gestion économique; l'éducation des jeunes, l'amélioration des modes et des systémes de protection agricole par l'usage de technologies plus "propres" et la disponibilité de ressources financières adéquates pour financer la mise en oeuvre de ces initiatives, permettraient de donner corps aux recommandations de Rio. Concernant les ressources, le groupe des ONG a estimé que la réussite de la Conférence internationale sur la question du financement du développement, qui aura lieu à Monterrey au Mexique, était la condition "sine qua non" de l'élaboration de stratégies sérieuses de développement durable.
Le représentant de Tuvalu a soutenu la participation des peuples autochtones à la mise en oeuvre des programmes relatifs à Action 21 et a souhaité que leurs valeurs culturelles et connaissances traditionnelles soient prises en compte. Souhaitant que l'on place l'individu au coeur du processus du développement durable, son homologue des Pays-Bas a recommandé que cette action soit menée en premier lieu à l'échelle locale et a estimé que le Sommet de Johannesburg devrait encourager la diversification économique, la préservation de la diversité culturelle, et la protection de la biodiversité de la planète.
Insistant à son tour sur l'aspect moral du développement durable, le représentant de l'Indonésie a souhaité que soit comblé le fossé numérique et que les peuples du Sud bénéficient des dividendes de la révolution numérique dont les atouts devraient créer des opportunités pour le monde en développement. La représentante de l'Afrique du Sud a insisté sur la nécessité de privilégier les transferts de technologies dans le contexte du développement durable et souhaité un engagement politique clair sur ce point à l'issue de Johannesburg, en vue de réduire la marginalisation croissante des pays en développement. La communauté scientifique et technique a été invitée par le représentant de l'Espagne, qui s'exprimait au nom de l'Union européenne, à contribuer au développement de technologies plus propres et plus durables, notamment dans le domaine des énergies renouvelables. Le représentant du Brésil a souhaité savoir si de tels transferts de technologies permettraient de renforcer les capacités humaines, d'améliorer les normes de consommation et de production des pays en développement, et d'éradiquer la pauvreté.
"Il faudrait intégrer le développement durable aux stratégies nationales de planification du développement économique et social. Pour l'enraciner dans les mentalités, il devrait être inscrit dans les manuels d'éducation scolaires" a dit le représentant du Bangladesh en demandant que le Sommet de Johannesburg soit le
début de la mise en oeuvre de mesures concrètes après Rio. Soutenant le lancement d'initiatives concrètes à Johannesburg, le représentant du Japon a dit que son pays souhaitait qu'une majorité de groupes et d'individus soient impliqués dans la mise en oeuvre des programmes liés au plan "Action 21", que les gouvernements, les peuples, les organisations et les individus doivent s'approprier.
Le Comité préparatoire poursuivra ses travaux cet après-midi à 15 heures.
* Voir nos communiqués de presse ENV/DEV/610 et ENV/DEV/611.
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