LE COMITE PREPARATOIRE DU SOMMET DE JOHANNESBURG A L’ECOUTE DES CHEFS D’AGENCES DES NATIONS UNIES, ET DES REPRESENTANTS DE LA SOCIETE CIVILE
Communiqué de presse ENV/DEV/609 |
Commission du développement durable
constituée en Comité préparatoire du Sommet mondial
pour le développement durable
Deuxième session préparatoire
3e & 4e séances – matin & après-midi
LE COMITE PREPARATOIRE DU SOMMET DE JOHANNESBURG A L’ECOUTE DES CHEFS D’AGENCES DES NATIONS UNIES, ET DES REPRESENTANTS DE LA SOCIETE CIVILE
Afin d’assurer la mobilisation des ressources nécessaires à la promotion du développement durable, le succès de la Conférence de Monterrey sur le financement du développement, prévue en mars prochain, a été jugé essentiel ce matin par
M. Mark Malloch Brown, Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement, qui s’exprimait devant la Commission du développement durable, constituée en Comité préparatoire du Sommet mondial pour le développement durable de Johannesburg (Afrique du Sud). La Commission procédait aujourd’hui à l’examen et à l’évaluation des progrès accomplis dans la mise en oeuvre d’Action 21, et des autres textes issus de la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement, tenue il y a dix ans à Rio, et à un échange de vues auquel participaient les chefs de secrétariat des organismes des Nations Unies, des institutions financières et des conventions.
Si la nécessité de préserver la biodiversité et les écosystèmes a été identifiée comme devant être intégrée aux programmes de développement durable, certains responsables ont insisté sur le concept de diversité culturelle. Ainsi, le représentant de l’UNESCO a-t-il jugé ce principe tout aussi important que celui de protection de la biodiversité pour la préservation des générations futures. Tout en reconnaissant que le monde a besoin d’une croissance écologiquement et socialement responsable, le Vice-Président de la Banque mondiale chargé du réseau pour un développement environnementalement et socialement durable, a assuré que cette institution continuera de soutenir la mondialisation qui n’est pas selon lui une cause de la perte d’identité culturelle des peuples.
Les participants à l’échange de vues ont également insisté sur la nécessité de réduire la pauvreté, en particulier dans les zones rurales, de permettre aux pays en développement de bénéficier positivement des retombées de la mondialisation, de promouvoir de nouveaux modes de consommation et de production plus responsables à l’échelle planétaire ou encore de promouvoir le développement d’énergies propres et durables. D’autres sujets ont été soulevés tels que ceux de l’accès à l’eau potable et la lutte contre la désertification et, au chapitre des mesures à prendre par les agences et organismes spécialisés des Nations Unies et les institutions financières, une coordination plus étroite a été recommandée.
(à suivre – 1a)
Alors qu’ils intervenaient à leur tour devant la Commission cet après-midi dans le cadre d’une concertation avec les parties prenantes, les représentants des jeunes ont proposé la tenue d’un sommet des jeunes en marge du Sommet de Johannesburg. Regrettant que 70 millions de jeunes soient au chômage et que 130 millions d’entre eux soient exclus des structures éducatives, ils ont ainsi revendiqué, au côté du Groupe des femmes, leur droit à être associés en tant que force de changement au processus de décision pour assurer le développement durable. Au cours des échanges de vues, des représentants gouvernementaux et de la société civile, insistant sur une participation sans exclusive, ont suggéré que ces concertations soient élargies aux représentants des médias, des enseignants, ou encore des consommateurs qui sont au coeur de l’économie de marché. Les groupes énumérés dans Action 21 sont les suivants: le commerce et l’industrie; les agriculteurs; les collectivités locales; la communauté scientifique et technique; les enfants et les jeunes; les populations autochtones; les organisations non gouvernementales; les femmes; les travailleurs et les syndicats.
Ce matin, les chefs et représentants des secrétariats des organismes, institutions et conventions dont la liste suit se sont exprimés: Programme des Nations Unies pour les établissements humains (HABITAT), Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), Organisation météorologique mondiale (OMM), Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), Convention des Nations Unies pour la lutte contre la désertification, Convention sur la diversité biologique, Banque mondiale, Fonds pour l’environnement mondial (FEM), Fonds international pour le développement agricole (FIDA), UNESCO et Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales et Secrétaire général du Sommet de Johannesburg, M. Nitin Desai, participait également aux échanges de vues.
Examen et évaluation des progrès accomplis dans la mise en œuvre d’Action 21 et des autres textes issus de la Conférence de la Conférence de Rio
Contributions des chefs de secrétariat des organismes de l’ONU, des institutions financières et des conventions
Mme ANNA TIBAIJUKA, Directrice générale du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (HABITAT), a souligné que la communauté internationale doit faire face aujourd'hui à une urbanisation soutenue et que le défi à relever à Johannesburg est de rendre cette urbanisation durable. Dans les 30 prochaines années, a-t-elle ajouté, la population urbaine va doubler pour atteindre 5 milliards d'êtres humains qui vivront pour la plus grande part dans les pays en développement. Les bidonvilles représentent parfois plus de 70% des zones urbaines dans les pays en développement et abritent plus de 750 millions d'êtres humains qui vivent dans des conditions abjectes et déplorables. Ce milieu, a-t-elle ajouté, en raison de ses conditions de pauvreté extrêmes, est propice au développement des maladies infectieuses, et au crime.
Mme Tibaijuka a rappelé que le mois dernier, l'Assemblée générale a décidé de transformer Habitat en un programme indépendant, assurant que cette décision rendrait cet organisme encore plus actif, notamment dans la mise en oeuvre des recommandations d'Action 21. Abordant la situation dans les zones rurales, elle a lancé un appel au PNUD et à la Banque Mondiale, entre autres, afin de les inciter à contribuer au développement de ces zones qui est aussi important que celui des zones urbaines et des grandes métropoles compte tenu du nombre élevé de personnes qui vivent dans ces petites villes.
Mme Tibaijuka a plaidé pour la mise à disposition de moyens d'exister en faveur des pauvres et a souhaité que des programmes d'encadrement soient mis en oeuvre pour réhabiliter les bidonvilles. Elle a assuré que Habitat est prêt à collaborer aux niveaux local, national et régional pour mettre en oeuvre les mesures qui seront adoptées à Johannesburg. La Directrice a ajouté que Habitat allait développer un programme sur le développement des villes africaines ainsi que d'autres programmes avec l'Organisation mondiale de la santé sur la gestion de l'eau dans les zones urbaines.
M. MARK MALLOCH BROWN, Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a déclaré que le Sommet de Johannesburg devait donner de lui-même une image sérieuse à l'opinion publique mondiale. C'est pourquoi le PNUD demande que les questions qui y seront examinées soient bien identifiées et bien ciblées. Sans limiter l'agenda du développement durable, il faudrait procéder de manière transversale en commençant par mettre en place les capacités humaines permettant d'aborder les questions du développement durable au niveau des pays. Nous venons à peine de terminer les préparatifs de la Conférence internationale sur le financement du développement qui va avoir lieu à Monterrey, a fait observer le représentant. Le succès de cette rencontre est essentiel pour celui du Sommet de Johannesburg, et nous espérons que la déclaration que publierons les Chefs d'Etat et de gouvernement à Monterrey aura valeur d'engagement pour assurer la mobilisation des ressources nécessaires à la promotion du développement durable. Le PNUD pense qu'un renforcement des partenariats est indispensable à la bonne tenue du Sommet mondial pour le développement durable, et qu'il faudrait éviter les affrontements stériles qui pourraient se produire entre intérêts divergents.
M. GOP OBASI, Secrétaire général de l'Organisation météorologique mondiale, a déclaré que pour l’OMM, la question de la gestion des changements climatiques est essentielle dans la perspective du Sommet de Johannesburg. Soulignant la nécessité de préserver l'atmosphère de toutes les menaces que fait peser la pollution, notamment les gaz à effet de serre, il a souhaité que le Sommet de Johannesburg soit l'occasion de prendre des mesures de nature à inverser ces tendances. Il a ajouté que les phénomènes de pollution ont des conséquences graves sur le développement mondial en particulier pour les petits pays insulaires en développement qui sont menacés par la montée des océans ou pour certains pays en développement qui manquent d'eau potable.
M. Obasi a souhaité que le Sommet soit l'occasion de renforcer les capacités des Etats à prévoir les catastrophes naturelles et les sécheresses. L'OMM, a-t-il ajouté, apporte une contribution à la Commission du développement durable, précisant qu'elle a donné son avis consultatif sur les questions de la gestion de l'eau et des changements climatiques contenues dans Action 21. Plus de 70% des catastrophes naturelles sont de nature météorologique, a rappelé M. Obasi avant de faire observer que les récentes catastrophes telles que le cyclone qui a ravagé le Mozambique, en l'an 2000, pourraient être anticipées. Cela permettrait d'en réduire les conséquences qui causent des pertes énormes et entraînent des reculs économiques sérieux et ont donc un impact grave sur le développement durable. Il a recommandé le renforcement des capacités de surveillance météorologique et une coopération accrue avec les services météorologiques mondiaux. Il a poursuivi en déclarant que la pénurie d'eau douce est un des grands défis de ce siècle et qu'elle pourrait compromettre le développement durable, avant d'assurer que l'OMM allait renforcer sa capacité d'évaluation des ressources hydrauliques. Il a ajouté que, dans la phase de transition vers la durabilité, un nouveau paradigme devrait être conçu pour évaluer l'effet de la société sur le système terrestre en procédant concrètement à une étude approfondie des menaces pour l'environnement des diverses politiques suivies. Tous les pays doivent pouvoir disposer de conseils appropriés et d'informations fiables à partir desquels ils pourront prendre des mesures adéquates a déclaré M. Obasi.
M. KLAUS TOEPFER, Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), a estimé que Johannesburg devait faire la démonstration que la bonne gestion de l'environnement est un instrument central du développement, et qu'il est essentiel de rendre leur dignité aux populations en leur assurant à la fois un cadre de vie sain et des ressources de subsistance adéquates. Le PNUE mène des programmes visant à encourager un développement respectueux du milieu naturel. C'est dans ce cadre que nous encourageons des transferts de technologies pouvant permettre aux pays de préserver cet environnement tout en leur assurant un développement équilibré. Dans ce cadre, nous insistons sur le respect des termes des différentes conventions et traités qui touchent à la préservation de la biodiversité, des terres, de l'eau, des forêts et de l'air.
En ce qui concerne le commerce mondial, nous pensons qu'il est essentiel qu'à travers la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), la communauté internationale aide les pays en développement à mettre en place les capacités humaines et institutionnelles dont ils ont besoin pour s'intégrer aux échanges internationaux. Dans un processus de mondialisation accéléré, le PNUE pense qu'il est d'autre part essentiel de préserver la diversité spirituelle et culturelle des différents peuples de la planète qui est garante du respect et de la sauvegarde de leurs milieux naturels. L'énergie étant un outil essentiel du développement, le PNUE partage les analyses qui vont dans le sens de la création d'un réseau mondial d'études et de promotion d'énergies durables et renouvelables. Le PNUE, a dit M. Toepfer, proposera une série de recommandations regroupées en dix thèmes essentiels au programme du Sommet de Johannesburg.
Echange de vues
Au début de l'échange de vues avec les responsables des organismes et institutions des Nations Unies, le représentant du Nigeria leur a demandé, compte tenu des ressources limitées dont disposent ces organismes, quelles mesures ils comptaient prendre pour mettre en oeuvre les mesures évoquées ce matin. Il a également souhaité savoir quel type de plate-forme de concertation entre eux et la Commission du développement durable pourrait être envisagée pour garantir que les délégations soient sur les activités suivies. Enfin, il a souhaité que le Directeur général du PNUE précise davantage les mesures prises pour aider à une meilleure gouvernance dans les domaines auxquels s’intéresse son organisation. Le représentant de la Hongrie a proposé, quant à lui, la mise en place d'un système d’encadrement concernant les différents chapitres d'Action 21 et une ventilation par thèmes selon les compétences des différents organismes tout en assurant en aval une coordination des différents programmes.
Reprenant la parole, M. TOEPFER (PNUE) a admis que les mandats des organismes doivent être respectés et qu'un profil fondé sur le mandat de chaque organisme doit être clairement défini. Il a ensuite retenu le principe d'une collaboration étroite entre institutions et a souhaité que le Sommet de Johannesburg soit un sommet intégrateur, observant que depuis 1992, cette rencontre a changé de titre passant de la question de l'environnement à celle du développement durable, ce qui appelle l'intégration des systèmes pour répondre à un domaine plus élargi. M. OBASI (OMM) a rappelé au représentant du Nigeria qu'il existe un mécanisme de coordination entre chefs d'agences, d'une part le Comité interinstitutions sur le développement durable, et d'autre part la rencontre de ces responsables dirigée par le Secrétaire général des Nations Unies. L'absence de ressources est l'inconvénient majeur a fait observer M. Obasi, regrettant que depuis 1992 et les engagements pris à Rio, les soutiens n'ont pas été à la hauteur des attentes. Enfin, M. MALLOCH BROWN (PNUD) a précisé que du point de vue des ressources, le PNUD a consacré près de 4 milliards de dollars aux questions d'environnement depuis Rio. Il a ajouté que par le biais des partenariats avec le FEM, il espère pouvoir poursuivre le travail sur les questions de biodiversité, de protection des sols et de mise en oeuvre du Protocole de Montréal. Il a regretté que la Commission du développement durable ne soit pas davantage informée des efforts déployés par le PNUD.
Le représentant d'Antigua-et-Barbuda a demandé à l'Administrateur du PNUD si la base de ressources de ce Proramme était suffisante. Quelles sont les mesures ou programmes que recommande le PNUD en matière de renforcement de capacités? Et si des propositions existent en la matière, comment s'inscriront-elles dans l'agenda du Sommet de Johannesburg. Le représentant de Tuvalu a fait remarquer que la vulnérabilité des petits Etats insulaires allait croissante et s'accélérait avec le réchauffement de la planète. Cette question sera-t-elle franchement abordée à Johannesburg? D'autre part, Tuvalu pense que l'attention n'a pas suffisamment été portée sur les rapports entre la définition de politiques macroéconomiques et la promotion du développement durable qui ne peut être limitée par les concepts actuels. Qu'en pensent les Chefs de secrétariats?
M. MALLOCH BROWN (PNUD) a répondu que l'examen de la mise en oeuvre d'Action 21 avait clairement montré l'insuffisance des ressources dévolues au PNUD. Des promesses de mobilisation de ressources avaient été faites à Rio, et c'est sur ces engagements que le PNUD avait élaboré des recommandations et plans de renforcement des capacités a-t-il dit. Après Johannesburg, nous espérons qu'un mandat plus vigoureux et des ressources additionnelles nous seront accordés en matière de renforcement de capacités. Concernant les questions macroéconomiques, on ne peut pas à tout prix en faire dépendre le développement durable. Nous espérons cependant que des confrntations ne s'engageront pas sur cette question entre les différentes parties.
Reprenant la parole, le représentant d'Antigua-et-Barbuda a regretté que la question du renforcement des capacités n'ait été confiée qu'à une seule institution du système de l'ONU alors qu'elle est cruciale pour les pays en développement et notamment ceux d'Afrique. Le représentant du Soudan est intervenu ensuite pour demander si les questions touchant à la désertification, qui menace la sécurité alimentaire, l'approvisionnement en eau potable, et provoque des déplacements de populations, avaient fait l'objet d'études spécifiques avant Johannesburg. Prenant la parole après lui, le représentant de la Suède a demandé quelles sont les synergies existant dans les études qui ont été menées dans les domaines de l'énergie et de l'eau.
Répondant à la question posée par Tuvalu sur la vulnérabilité des petits Etats insulaires, M. KLAUS TOEPFER (PNUE) a dit que son organisme et le Fonds mondial pour l'environnement prenaient cette question au sérieux. Il a recommandé que l'intégration et la coordination soient renforcées au niveau régional en vue de faciliter la mise en oeuvre des mesures qui seront élaborées pour réduire cette vulnérabilité. Quant à la désertification, sur laquelle le Soudan a posé une question, ce phénomène exige que la mise en oeuvre de la Convention pour la lutte contre la désertification devienne un véritable catalyseur des actions des divers organes opérationnels du système des Nations Unies. La Corne de l'Afrique est une des régions les plus affectées par ce fléau, et le PNUE et ses institutions partenaires comptent contribuer à la lutte contre les conséquences de ce phénomène. Quant à la question de la Suède, elle est au centre de nombreuses réflexions que nous menons.
Le représentant de l'Organisation météorologique mondiale (OMM) a ensuite dit en réponse à Tuvalu, qu'il est important de renforcer les capacités d'observation et de prévision météorologique de l'Organisation météorologique mondiale dans les petits Etats insulaires. Il est essentiel dans le même temps, d'aider ces petits Etats insulaires à mettre en place des structures nationales et régionales d'analyse des évolutions climatiques, afin qu’ils puissent faire des prévisions qui leur permettraient de mieux planifier et mener leurs activités économiques.
Revenant sur la remarque d'Antigua-et-Barbuda, l'Administrateur du PNUD a reconnu que le développement des capacités était une question très importante et pouvait être répartie entre les mandats de plusieurs agences de l'ONU. Mais le PNUD a actuellement un réseau de structures par pays qui lui permet d'avoir une vue d'ensemble des besoins dans différentes régions avec la possibilité de faire intervenir les agences-soeurs de l'ONU avec lesquelles il travaille étroitement à travers le système de représentant-résident, quand les besoins identifiés relèvent d'un domaine spécialisé.
Déclarations
Mme THORAYA AHMED OBAID, Directrice générale du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a précisé que pour assurer le succès du développement durable, il faut de toute urgence lutter contre la pauvreté. Elle a notamment fait remarquer que 20% de la population mondiale consomme 86% des richesses alors que, dans le même temps, dans les pays en développement plus d'un milliard d'êtres humains n'ont pas accès à l'eau potable. Cette situation est incompatible avec le développement durable, a-t-elle dit avant de regretter que les premières victimes de ces inégalités sociales soient les femmes. Elle a souhaité que l'accent soit mis dans le cadre du développement durable sur les questions de leur accès à l'éducation et à la santé, soulignant que seules de telles mesures permettront aux femmes de relever les défis du développement durable, ce qu’elles ne peuvent faire aujourd'hui en raison d'un manque de ressources évident. Mme Obaid a recommandé le développement de mécanismes d'information sur les risques sanitaires, la santé de la reproduction et les autres fléaux qui menacent les populations les plus vulnérables. Toutefois, elle a assuré que des progrès ont été réalisés en très peu de temps par le FNUAP dans les 132 pays où il intervient.
La Directrice a mis en garde sur le fait que dans les trente prochaines années, la population des pays les plus pauvres va tripler, craignant que si cette évolution n'est pas accompagnée de mesures concrètes, cela ne contribue à accentuer sa précarité. Elle a mis en garde également contre l'exode rural qui risque de provoquer, à terme, l'effondrement des grandes villes sous la pression démographique. Par ailleurs, Mme Obaid a insisté sur le fait que les jeunes peuvent représenter un formidable potentiel pour l'avenir si on leur fournit les moyens de participer au développement. Le FNUAP, a-t-elle ajouté, a préparé une analyse de la dynamique de la démographie dans le contexte du développement durable, ajoutant que cette étude pourrait permettre aux décideurs de disposer de statistiques fiables dans la mise en oeuvre de programmes de développement durable.
M. HAMA ARBA DIALLO, Secrétaire exécutif de la Convention des Nations Unies pour la lutte contre la désertification, a déclaré que cette Convention a un rapport direct avec la promotion du développement durable. Concernant la progression de la pauvreté, il est surprenant, a dit le représentant, que les ressources des zones rurales victimes de sécheresse continuent d'être drainées par certains gouvernements au profit des populations urbaines. Plus d'une cinquantaine de pays ont cependant mis en place des programmes régionaux et sous-régionaux en matière de lutte contre la désertification et c'est ce genre d'initiatives que nous comptons appuyer, a dit le représentant. A Johannesburg, nous encouragerons les pays à accélérer la mise en oeuvre de la Convention, et nous pensons qu'une meilleure mobilisation de ressources est à cet égard indispensable. Il faudra s'assurer, à Johannesburg, que les engagements pris par les pays développés et en développement deviennent réalité. Il est temps de passer à l'action a estimé, le représentant en soulignant qu'il fallait que l'on reconnaisse le rôle que pourrait jouer la société civile dans la sensibilisation et dans la mise en oeuvre de la Convention. La désertification pose d'autre part des problèmes aigus en ce qui conserne la sauvegarde de la biodiversité et celles des terres. Les interactions entre la Convention contre la désertification et d'autres conventions, comme celle sur la biodiversité, sont donc évidentes.
M. HAMDALLAH ZEDAN, Secrétaire exécutif de la Convention sur la diversité biologique, a souligné que la Convention est fondée sur le principe que la diversité biologique sous-tend le développement durable. Il a regretté l’impact négatif sur les écosystèmes des activités guidées par les préoccupations financières et économiques qui prédominent. Il a regretté que les gouvernements ne coordonnent pas toujours leurs actions, à l'échelle nationale notamment, afin de tenir compte de la nécessité de préserver la biodiversité. Il a souhaité que le Sommet de Johannesburg soit l'occasion de faire de la protection de la biodiversité une composante des programmes de développement durable. Il a suggéré par exemple de définir des mécanismes de nature à encourager les partenariats et à respecter les accords existants. Un autre défi est de lier les questions de commerce, d'agriculture, d'aide publique au développement et de protection de l'environnement afin de disposer d'approches globales. M. Zedan a également suggéré la protection des innovations et des pratiques communautaires locales et estimé qu'un autre défi important consiste à faciliter la mise en oeuvre des capacités au niveau local. Il a estimé qu'il fallait faire davantage pour sensibiliser le public à la menace de la perte des écosystèmes pour le développement durable. Il a poursuivi en observant que la Convention s'inscrit pleinement dans les questions abordées par Action 21.
M. IAN JOHNSON, Vice-Président de la Banque mondiale chargé du Réseau pour un développement environnementalement et socialement durable de la Banque mondiale, a déclaré que le monde a besoin d'une croissance écologiquement et socialement responsable. L'esprit de la Déclaration du millénaire et les objectifs fixés dans ce texte, dont celui de la réduction de moitié du nombre de personnes vivant en situation de pauvreté d'ici à 2015, est la base sur laquelle s'appuie la Banque mondiale pour élaborer ses politiques actuelles. La Banque cherche avant tout à réduire la pauvreté, et nous avons reconnu le lien inextricable entre pauvreté et dégradation de l'environnement. Nous continuons à soutenir la mondialisation tout en reconnaissant que la moitié de l'humanité en est encore exclue. La Banque ne partage pas cependant les vues selon lesquelles la mondialisation serait une cause de perte d'identité culturelle des peuples. Pour promouvoir le développement et réduire le poids de la dette, la Banque est en train de procéder à la mise en oeuvre de l'Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (HIPC) avec les pays qui y sont qualifiés. La Banque respecte l'esprit de Rio, et nous renouvellerons à Johannesburg notre engagement à collaborer avec les pays du continent africain, qui sont parmi les plus affectés au monde par la dégradation de l'environnement et par la propagation de la pauvreté.
M. MOHAMMED T. EL-ASHRY, Président du Fonds pour l'environnement mondial(FEM) a souhaité que le Sommet de Johannesburg se penche sur de nouvelles mesures de suivi des engagements pris à Rio. Il a mis en avant la contribution du FEM, rappelant que le Fonds soutient un certain nombre de programmes dans les pays en développement, grâce à l’appui de la Banque mondiale et du PNUD et dispose d'un portefeuille de 15 milliards de dollars. Il a toutefois regretté qu’en raison de la limitation de ces ressources, le FEM ne puisse répondre aux attentes des Etats avant de proposer la mise en oeuvre de nouveaux partenariats. Ces partenariats stratégiques pourraient être mis sur pied avec des Organisations non gouvernementales notamment.
Il a ajouté que le FEM a créé trois groupes de travail qui devront d'ici à Johannesburg se pencher sur des questions telles que l'énergie durable et propre ou les écosystèmes. Il a précisé que le FEM avait engagé 4 milliards de dollars jusqu'à présent et a souhaité que Johannesburg permette de mobiliser des fonds supplémentaires. Il s'est félicité de l'organisation d'une table ronde des Ministres des finances, de la coopération et de l'environnement des pays donateurs pour mobiliser les fonds nécessaires à la mise en oeuvre de tels programmes. Il a annoncé que deux tables rondes seront organisées, la première en marge de la Conférence sur le financement du développement de Monterrey (Mexique), la seconde, lors de la dernière session du Comité préparatoire du Sommet qui se tiendra à Djakarta (Indonésie).
M. JOHN WESTLEY, Fonds international pour le développement agricole (IFAD/FIDA), a déclaré que la première question dont devrait discuter le Sommet mondial de Johannesburg est celui de la réduction de la pauvreté en milieu rural. Le FIDA intervient dans le renforcement de l'agriculture rurale et dans la lutte contre la pauvreté en milieu rural en sensibilisant les populations sur la dégradation de l'environnement naturel qui est la source de leurs revenus. Le FIDA s'efforce aussi de renforcer les stocks alimentaires dans les zones urbaines, en vue d'alléger la pression qui s'exerce sur les terres agricoles des zones rurales. Nous proposons que le Sommet de Johannesburg reconnaisse le besoin des changements qui doivent s'effectuer dans les campagnes. Par exemple il est indispensable de promouvoir une réforme foncière et de revoir les textes juridiques qui régentent la propriété de la terre. Il est en effet anormal que dans de nombreuses régions, les femmes, qui sont les principaux agents de production agricole, n'aient pas accès à la propriété de la terre. Le FIDA veut jouer un rôle de catalyseur en vue de soutenir les populations les plus pauvres dans le combat contre la faim et la pauvreté.
Le représentant de l'UNESCO, M. SZOLLOSI-NAGY, prenant la parole au nom du Directeur général, a souhaité que le Sommet de Johannesburg soit l'occasion de faire du développement durable une réalité et de faire en sorte qu'il stimule de nouveaux engagements. Il a recommandé ensuite que les travaux des divers organismes et institutions du système des Nations Unies soient intégrés et rationalisés. L'UNESCO, a-t-il ajouté, a une responsabilité principale pour les chapitres 35 et 36 d'Action 21 sur la formation, l'éducation et la science avant d'assurer que l'organisation travaillerait étroitement avec les ONG dans certains domaines d'ici à la tenue du Sommet. Il a mis l'accent sur l'importance de la science qui doit être par exemple au coeur de la réflexion sur les questions d'eau douce, de biodiversité et de préservation des écosystèmes. S'agissant du domaine de la formation, il a insisté sur l'initiative de l'UNESCO "Education pour tous", ainsi que sur l'importance du partage des connaissances culturelles, affirmant que la diversité culturelle est aussi importante que la biodiversité pour le futur de l'humanité. Le Sommet de Johannesburg est un événement d'importance stratégique pour l'UNESCO, a-t-il conclu.
M. JACQUES PAUL ECKEBIL, Directeur général adjoint chargé du Département du développement durable à l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), a dit que la Déclaration et le plan d'action du Sommet mondial de l'alimentation qui a eu lieu à Rome en 1996 donne le cadre politique et les mesures d'action arrêtées par les Chefs d'Etat et de gouvernement pour réduire de moitié le nombre de populations mal nourries d'ici à l'an 2015 et alléger le niveau de pauvreté à travers le monde. Mais depuis ce Sommet, a dit M. Eckebil, les progrès accomplis ont été lents. On a pu annuellement réduire seulement de 6 millions le nombre de personnes sous-alimentées, au lieu des 20 millions qui avaient été envisagés. C'est pourquoi l'examen quinquennal du Sommet de Rome qui aura lieu dans la même ville cette année du 10 au 13 juin traitera des deux principaux obstacles qui se posent à la bonne mise en oeuvre des objectifs du Sommet mondial de l'alimentation: la volonté politique des Etats et la disponibilté des ressources. En mobilisant une fois de plus la communauté internationale en vue de trouver des réponses à ces questions qui sont importantes pour la bonne mise en oeuvre d'Action 21, la FAO fera une contribution directe aux objectifs du Sommet mondial pour le développement durable.
Dans le cadre de la préparation et du suivi du Sommet de Johannesburg, la FAO renforce ses efforts d'assistance aux pays et aux autres partenaires du développement dans la mise en oeuvre d'Action 21. Ces efforts se manifestent notamment dans les partenariats avec les gouvernements, les communautés locales, les institutions financières, et les autres parties prenantes en vue de les aider à identifier et appliquer, sur une durée déterminée, des mesures de réduction de la pauvreté et de renforcement de la sécurité alimentaire. La FAO aide aussi le renforcement des cadres de régulation en faveur du développement durable et la mise en oeuvre à tous les niveaux des instruments et accords juridiques existant, comme le Code de conduite pour des pêcheries responsables, le Programme de normes alimentaires établi par la FAO et l'Organisation mondiale de la santé, le Codex alimentaire, la Convention internationale pour la protection des espèces végétales, et le Plan d'action mondial pour la conservation et l'usage durable des ressources génétiques végétales, a dit M. Eckebil.
Echange de vues
Le représentant de la Mongolie a pris la parole et a fait remarquer que pour son pays, dont 40% du territoire sont touchés par la désertification, le Sommet de Johannesburg devait mettre l'accent sur la mise en oeuvre de la Convention pour la lutte contre la désertification. Le Secrétaire exécutif de cette Convention pourrait-il dire comment la communauté internationale pourrait aider à financer les plans d'action nationaux contre la désertification qui sont cruciaux pour les pays et les populations concernés? Le représentant de la Mauritanie a posé la même question, en faisant remarquer que depuis le Sommet de Rio, les ressources promises par les pays développés pour aider à combattre l'avancée du désert n'avaient pas été versées, alors que les superficies cultivées se réduisent comme peau de chagrin dans les pays touchés, du fait de la sécheresse croissante. Le représentant de l'Arabie saoudite a pour sa part estimé que la réussite d'un développement durable exigeait la promotion d'un développement "propre" bénéficiant de technologies de pointe non polluantes. Intervenant après lui, le représentant d'Antigua-et-Barbuda s'est demandé si le fait que la Convention pour la lutte contre la désertification est parfois perçue comme la "Convention des pauvres" et non comme une convention vraiment "mondiale", était le véritable handicap à son financement efficace. D'autre part, a-t-il demandé, pourquoi le FEM s'éloigne-t-il aujourd'hui de plus en plus de son mandat d'origine, qui était celui du financement des programmes de préservation de l'environnement, pour beaucoup plus s'orienter vers le développement durable?
Le représentant du Burkina Faso a fait remarquer que son pays, dont l'économie est essentiellement agricole, est aussi l'un des plus touchés par la désertification. L'élimination de la pauvreté passe donc par la lutte contre la désertification, et le Burkina Faso souhaiterait que les programmes d'action nationaux, qui se basent sur l'expertise et l'expérience des experts nationaux et des populations locales, reçoivent un soutien financier accru. Comme d'autres délégations, nous aimerions donc que la mise en oeuvre de la Convention bénéficie d'un financement efficace, semblable à ceux des autres conventions mondiales, a dit le représentant.
Le représentant du Nigeria a souhaité savoir quels partenariats effectifs pourraient faciliter et stimuler une coordination efficace dans la mise en oeuvre d'Action 21. Il a recommandé que la Convention pour la lutte contre la désertification soit pleinement associée aux objectifs du développement durable qui seront définis à Johannesburg. Il s'est ensuite interrogé sur le type de synergies et de complémentarités qui pourraient être développées lors du Sommet et qui permettraient de mettre de l'ordre dans les questions d'environnement et de gouvernance. A son tour, le représentant du Kenya a demandé quels plans d'action nationaux relatifs à la lutte contre la désertification ont été mis en oeuvre et quelle est la situation des pays concernés.
Reprenant la parole, M. DIALLO a précisé que 50 programmes d'actions nationaux ont été élaborés conformément aux principes de la Convention. Il s'est dit convaincu que les conditions ont été réunies par les pays qui ont soumis leurs rapports. Ces rapports seront examinés en mars, au Cap-Vert, au cours d'une conférence qui permettra également d'évaluer le degré d'engagement des différents gouvernements et de mobiliser des sources de financement auprès des bailleurs de fonds potentiels. Les besoins de ces pays en matière de financement sont importants, a souligné M. Diallo avant d'ajouter qu'il faudrait trouver des fonds auprès du FEM ou des agences de coopération bilatérales.
Concertation entre les parties prenantes
Progrès généraux réalisés dans la mise en oeuvre d’Action 21
Le dialogue entre les parties prenantes a été lancé par la Commission du développement durable en 1998 a rappelé le Président, ajoutant que la participation est un élément clé de l’Action 21. Le Président a précisé qu’il serait difficile de déployer une concertation avec chacun des groupes et que le présent dialogue comporterait quatre réunions sur les progrès réalisés. Il s’agit de présenter les enseignements tirés des efforts de mise en oeuvre du développement durable et d’identification des obstacles.
La représentante du groupe des femmes a fait observer que le Sommet de Rio avait fait changer la perception de la participation des femmes au développement durable. Elles sont désormais reconnues comme un partenaire social à égalité,
a-t-elle ajouté, ce qui implique qu’elles doivent avoir un accès élargi aux moyens de production. Dans certains pays les organisations féminines sont parvenues à faire changer la législation sur la propriété foncière pour que les femmes puissent être propriétaires des terres. A Rio, nous parlions de justice sociale et d’égalité, a-t-elle ajouté, alors qu’aujourd’hui le nouveau défi est la mondialisation qui peut être un instrument de marginalisation du travail des femmes et des jeunes files dans les pays en développement. Elle a regretté que les départements ministériels chargés de la promotion féminine ne fassent pas assez pour promouvoir les droits des femmes et des jeunes filles dans les pays en développement. Elle a regretté que le rapport du Secrétaire général sur la mise en oeuvre d’Action 21 n’ait pas suffisamment intégré une perspective sexospécifique et ne traduise pas les réels enjeux auxquels font face les femmes après Rio.
Les représentants du groupe de jeunesse ont fait valoir qu’ils représentent plus de 50% de la population mondiale et qu’ils sont une force de changement et sont prêts à oeuvrer à la mise en oeuvre d’Action 21. Il est regrettable que 70 millions de jeunes soient au chômage, que 130 millions d’entre eux soient exclus des structures éducatives et que l’intégration de la jeunesse dans le processus de prise de décisions ne progresse que dans certains pays qui, comme la Turquie, la Suède ou l’Afrique du Sud ont par exemple envoyé des jeunes dans leurs délégations à cette session. Les représentants ont dénoncé l’échec de l’aide publique au développement, rappelant que l’objectif fixé à Rio était que l’APD représente 0,7% du produit national brut (PNB) alors qu’en 2002, il n’est que de 0,22%, ce qui représente un manque de près de 100 milliards de dollars. Ils ont dénoncé les inégalités croissantes entre pays riches et pays en développement avant de souhaiter un engagement plus soutenu des pays du Nord en faveur de l’éradication de la pauvreté. Ils ont souhaité que les gouvernements affectent 20% de l’aide publique au développement au financement de l’éducation pour le développement durable, aux actions des jeunes et que les enfants puissent assister au moins deux heures au Sommet de Johannesburg. La jeunesse est la force du changement et il est temps de l’associer au processus de décision.
Les représentants du groupe des peuples autochtones ont déclaré que la terre a un caractère sacré qui doit lui être reconnu par toutes les politiques de développement durable. Le document sur le dialogue des peuples autochtones aborde les questions-clefs qui reflètent les aspirations de ces peuples. Les modèles de développement imposés par la culture occidentale sont dévastateurs et inhumains. Ils ne tiennent pas compte des valeurs sur lesquelles les peuples premiers ont vécu pendant des millénaires. Beaucoup de peuples autochtones déjà menacés de quasi-extinction sont aujourd’hui dans une situation encore plus précaire à cause des mécanismes sur lesquels s’appuie la mondialisation et que l’on veut imposer à tout le monde. On veut tout commercialiser et donner une valeur marchande à des choses que la nature a gratuitement mises au service de l’homme.
La pauvreté progresse rapidement parce que les populations autochtones sont spoliées de leurs biens. Les modèles actuels ne respectent pas les droits des autochtones. A Johannesburg, les peuples autochtones ont leur mot à dire sur tout ce que l’on prétend leur appliquer. En Amérique du Nord et ailleurs, ces peuples ont lutté pour survivre et ne pas se laisser anéantir par un modèle faux, mais dominant. Le dialogue avec les parties prenantes à la question du développement est important pour nous, car nous avons beaucoup à offrir. Nous espérons que les dirigeants du monde travailleront donc avec nous et non pas contre nous et respecteront notre mère, la planète Terre.
Le représentant du groupe des organisations non gouvernementales (ONG) a dit que 10 ans après sa tenue, le Sommet de Rio a forgé la base de nouveaux dialogues qui incluent les notions d’équité et de droit des peuples à choisir leur avenir. L’environnement et le développement sont devenus un seul but. Cependant, l’après-Rio s’est aussi caractérisé par un manque d’actions concrètes, notamment en matières de ressources et en matière de projets de protection de l’environnement et de la vie humaine. Les différents accords signés au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ont contribué à dévaloriser la valeur de la vie au profit des intérêts des entreprises. Les politiques du FMI sont venues s’ajouter à l’oppression que faisait déjà peser le cadre commercial inéquitable de l’OMC sur les pays en développement. La pauvreté s’y est accrue, les pays riches fermant systématiquement leurs marchés aux produits des pays pauvres. Les budgets militaires sont pour leur part en hausse dans les pays riches du Nord, malgré la fin de la guerre froide, et les peuples sont ainsi privés des ressources qui pourraient être mises au service de leur mieux-être.
Rio visait à ramener des équilibres entre les nations et entre l’être humain et la nature. Les ONG proposent que le principe des responsabilités communes et différenciées soit fermement réaffirmé à Johannesburg. Les besoins de développement des pays du Sud touchant à l’allègement de la dette, à la propriété intellectuelle et aux choix de politiques macroéconomiques qui leur conviennent vraiment doivent être satisfaits. Il est d’autre part irréaliste de parler de développement durable tant que le Nord fonctionne sur des modes non durables et extrêmement polluants. En retour, au Sud, la gestion doit devenir plus rigoureuse. Un pacte mondial devrait être établi, qui serait contraignant pour les entreprises transnationales et leur donnerait des responsabilités à respecter vis-à-vis des peuples. D’autre part, il faudrait que l’on ait l’honnêteté de dire que ce qui s’est passé à Doha n’est pas en faveur du développement, mais plutôt contre le développement. L’Union européenne ne devrait pas, quant à elle, chercher à remettre en question et à renégocier les quelques acquis que les pays pauvres ont pu obtenir à Doha. Les ONG estiment d’autre part que la voix des individus et des groupes de la société civile ne devrait pas être étouffée avant Johannesburg et au cours des différentes rencontres internationales.
La représentante du groupe des collectivités locales a souligné que les pouvoirs locaux agissent le plus souvent dans la dynamique du développement durable. Elle a précisé que plus de 6416 pouvoirs locaux ont travaillé à la mise en oeuvre d’Action 21 de par le monde tandis que dans plus de 500 villes ce sont des pouvoirs locaux qui ont mis en oeuvre des politiques environnementales dans la lignée d’Action 21. Pour ces pouvoirs, a-t-elle ajouté, la pauvreté n’est malheureusement pas quelque chose d’abstrait mais bien une réalité qu’il faut gérer au quotidien. Souvent, a regretté la représentante, les pouvoirs locaux n’ont pas de base financière stable tandis que d’autres n’agissent pas dans la transparence et par conséquent ne disposent pas du soutien des populations. Elle a prôné le renforcement et la redéfinition des pouvoirs locaux afin de leur permettre de gérer leurs ressources de manière intégrée. Elle a également plaidé pour une nouvelle culture de la durabilité, pour une accélération de la transition vers des villes durables et pour des investissements dans les nouvelles ressources énergétiques. Elle a également lancé un appel en faveur de l’accroissement de la coopération pour le développement et pour le renforcement de la coopération intergouvernementale et décentralisée.
Le représentant du groupe des travailleurs et de leurs syndicats, s’exprimant au nom de 140 millions de travailleurs a souhaité que soient éliminés les obstacles vers une production plus propre et plus durable. Les travailleurs et les employeurs doivent contribuer au changement des modes de production et de consommation, a-t-il ajouté. Il a également recommandé de s’attaquer au défi de la formation des travailleurs sur les questions environnementales sur les lieux de travail. Il a regretté que la volonté politique manque encore, bien que les Gouvernements, les travailleurs et les employeurs aient progressé sur des normes telles que l’interdiction du travail des enfants. Il a également jugé que l’assistance technique pour la mise en place des capacités nationales et la promotion des normes sociales devait être apportée par des organismes tels que l’Organisation internationale du travail (OIT). Il a enfin recommandé la mise en place d’un meilleur système d’inspection et de suivi, notamment pour suivre les activités multinationales.
Le représentant du monde des affaires et de l’industrie a déclaré que les hommes d’affaires et le secteur industriel avaient beaucoup appris depuis le Sommet de Rio. Avec le soutien d’organes de l’ONU, des ONG et du monde du travail, nous avons pu élaborer une série de rapports préparatoires au Sommet de Johannesburg, a dit le représentant. Nous soutenons une approche fondée sur la promotion du dialogue et des partenariats. Le monde des affaires partage la vision d’un développement sur la base d’équilibres sociaux et écologiques. Nos activités restent le meilleur moyen de créer des richesses tout en étant dépendantes des grands choix que font les différentes sociétés humaines. Nous sommes cependant convaincus que les règles de marché sont le meilleur cadre de croissance et de rémunération du travail des individus. Nous sommes d’accord sur le fait qu’une ouverture équitable des marchés entre différents pays et régions est nécessaire, tout en mettant cependant en place des garde-fous susceptibles de protéger les groupes les plus faibles, comme les peuples autochtones. Nous sommes en faveur d’une meilleure gestion publique des opportunités économiques, qui passe par la lutte contre la corruption. Nous serons des participants actifs au Sommet de Johannesburg où nous proposerons les initiatives que nous estimons les meilleures pour un développement durable.
Prenant ensuite la parole, le représentant des communautés scientifiques et techniques a déclaré que le développement durable doit être fondé sur l’usage de technologies de pointe propres auxquelles n’ont cependant pas accès la majorité des peuples et des nations. La recherche scientifique et technique se concentre essentiellement dans une poignée de pays riches. Nous essayons de pallier les insuffisances du Sud en promouvant la collaboration et les partenariats dans la recherche et dans ses applications. Il est dommage que les solutions aux principaux obstacles au développement, comme le VIH-sida, qui affecte surtout les pays du Sud, soient souvent inaccessibles aux populations de ces pays. Les ressources doivent être réorientées dans de nombreux domaines pour permettre à ces pays de promouvoir un développement durable. En tant que communauté, nous sommes décidés à nous atteler à la solution des problèmes touchant à l’équité sociale entre les différentes parties du monde. Le fossé numérique qui existe aujourd’hui doit certes être comblé, mais nous tenons à dire que le seul fait de disposer d’informations ne résout pas tout, car l’information en elle-même n’est pas forcément connaissance. Elle doit être mise à la disposition d’esprits déjà formés, et notre contribution à Johannesburg ira aussi dans ce sens.
Le représentant du groupe des agriculteurs a fait observer que les besoins alimentaires allaient doubler dans les prochaines années et a rappelé que 75% des populations des pays en développement vivent dans les zones rurales. Il a salué les progrès réalisés dans la mise en oeuvre du Chapitre 22 d’Action 21 mais a souhaité que les préoccupations des agriculteurs soient davantage prises en considération. Il a revendiqué pour les agriculteurs une position d’acteurs et de partenaires des gouvernements et des organisations internationales et non pas de simples observateurs.
Le représentant a salué les résultats positifs obtenus dans certains pays où la décentralisation a rapproché les centres de décision des populations. Il a également mentionné la nécessité de renforcer les droits des femmes aux moyens de production à la propriété foncière et a regretté les obstacles qui s’opposent encore aux améliorations dans ce domaine. Il a souhaité que des mesures soient prises pour promouvoir la sécurité environnementale tout en mettant en avant le manque de ressources qui entrave les efforts des pays en développement. Il a souligné le lien entre l’agriculture et l’éradication de la pauvreté insistant sur la nécessité de rétablir le niveau des ressources allouées à l’agriculture dans les budgets nationaux à un niveau approprié.
M. NITIN DESAI, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a jugé que la contribution des Grands groupes à cet échange de vues est essentielle et précieuse dans la mesure où ils permettent d’associer efficacement la société civile aux actions entreprises. Il a suggéré d’ouvrir des créneaux pour relier Johannesburg à la société civile et aux organisations qui ne pourront y être présents. Il a estimé que la société civile pouvait jouer un rôle en partenariat avec les organisations internationales et les gouvernements pour la mise en oeuvre des décisions qui seront prises en matière de développement durable. Il a souhaité que Johannesburg soit le sommet de la communauté mondiale où tous les groupes et organisations seront représentés afin de donner plus d’impact aux décisions prises.
Le représentant de l’Organisation internationale du travail (OIT), répondant aux syndicats, a fait savoir que les normes adoptées conjointement par les travailleurs, les employeurs et les gouvernements sont indispensables pour assurer une sécurité minimale aux travailleurs. Ces dispositions, a-t-il ajouté, se trouvent au coeur du processus de développement durable. Le représetant a plaidé pour le développement de conditions de travail décentes.
Le représentant de l’Egypte a pris la parole et a souscrit à la déclaration du représentant des ONG. Nous aurions aimé que des questions soient posées à l’OMC sur la manière dont elle entend contribuer au développement, a-t-il dit L’Egypte souhaite que les objectifs de la Déclaration du millénaire appuyés par des ressources définies soient réalisés dans des délais fixes. Nous souhaitons que le Sommet de Johannesburg soit un succès, au vu de l’urgence des questions qui en dépendent. La question de la sauvegarde de l’environnement est essentielle, et les pays du Nord qui sont les principaux responsables de la destruction du milieu naturel mondial doivent en assumer la responsabilité. Quant aux questions commerciales, nous pensons que Johannesburg devrait clairement exiger l’arrêt du versement des énormes subventions agricoles qui dénaturent l’esprit d’échanges commerciaux internationaux justes et équitables et sont une des sources de la pauvreté dans les pays en développement.
Prenant la parole au nom de l’Union européenne, le représentant de l’Espagne a dit que l’expérience a montré depuis Rio que les vues des groupes de la société civile pouvaient être d’un apport important dans les réflexions au niveau mondial. L’Union européenne partage le point de vue selon lequel la gouvernance du processus de développement doit être fortement participative. Nous soutenons l’opinion du groupe des femmes allant dans le sens d’une participation accrue des femmes au développement. L’Union européenne est aussi sensible aux doléances des peuples autochtones et des jeunes. Johannesburg doit aboutir à l’adoption de propositions renforçant la participation de tous les groupes sociaux aux actions de développement. Concernant le monde des affaires, sa participation au Sommet mondial est fondamentale, vu son rôle dans la promotion du développement et dans la création des richesses. Sur le plan scientifique, l’Union européenne souhaite organiser une rencontre avant le Sommet de Johannesburg au vu l’importance de la recherche scientifique dans la mise au point de technologies et de méthodes de production pouvant soutenir le développement durable.
Le représentant de la Hongrie a salué la contribution des parties prenantes au processus préparatoire du Somment de Johannesburg. Reprenant les propos du représentant des jeunes, il a admis que la paix est le fondement indispensable à toute action durable, comme cela avait été reconnu à Rio. S’agissant de la participation des jeunes et des femmes, il a demandé si les organisations avaient des indicateurs pratiques ou des idées concrètes sur le rôle que pourraient jouer les femmes dans le développement durable. De même pour la jeunesse, tout en admettant que les jeunes avaient soumis de bonnes idées concernant leur participation aux prises de décisions, il leur a suggéré de réfléchir, au cours des huit prochains mois, à des propositions d’actions concrètes. S’agissant des organisations non gouvernementales, il a salué l’analyse développée par leur représentant et a souhaité savoir ce qu’elles comptent faire dans les mois à venir. S’agissant de la responsabilité des entreprises, il a suggéré de réfléchir aux voies et moyens d’établir un dialogue équilibré entre les diverses parties prenantes. Pour ce qui est des syndicats, il a regretté l’absence de vision d’avenir avant de juger que lors du Sommet, ces organisations devront, elles aussi, apporter des éléments concrets. S’agissant du changement de modes de consommation et de production, il a regretté que les syndicats ne fassent pas de propositions concrètes au-delà de certaines observations pertinentes. Il a mis en avant ensuite l’importance du rôle des médias et des enseignants en s’interrogeant sur le fait de savoir s’ils ne devraient pas être associés aux efforts.
Le représentant du Japon a salué les progrès en matière de protection de l’environnement depuis le Sommet de la Terre de Rio de 1992. Il a défendu les gouvernements qui placent leurs intérêts nationaux avant les enjeux internationaux, recommandant de remédier à ces réflexes par la mise en place d’un mécanisme de concertation et d’appui à la mise en oeuvre de politiques énergétiques fondées sur les technologies de pointe. Rappelant que cette proposition avait été faite par une ONG japonaise lors du Sommet du millénaire, il a mis l’accent sur la contribution positive des organisations non gouvernementales à la mise en oeuvre des dispositions d’Action 21.
Reprenant la parole pour répondre aux interventions des délégués, les représentants des ONG ont souhaité une concertation la plus large possible, précisant que plus de 50 ONG étaient associées à la demande conjointe qu’ils entendent transmettre aux milieux d’affaires. Ils ont rappelé que des directives de l’OCDE ont recommandé la mise en place d’un code volontaire, non contraignant, avant de souhaiter que les milieux d’affaires s’engagent à mettre en oeuvre avec les ONG des règles contraignantes applicables. Ils ont également admis la possibilité d’élargir la concertation aux enseignants et aux médias qui pourraient participer aux travaux.
Le représentant des agriculteurs a fait remarquer, répondant à l’Egypte, que les capacités des organisations agricoles ne sont pas toujours suffisantes et pas toujours prises au sérieux pour répondre à certains enjeux d’Action 21. Pour autant, il a fait observer que des propositions concrètes sont faites en matière
d’agriculture durable avant de regretter la baisse des investissements dans le domaine agricole de la part des gouvernements et des institutions internationales. Il a regretté l’absence d’un groupe, celui des consommateurs, faisant observer que dans une économie de marché, ils sont au centre du système.
La représentante des milieux d’affaires sud-africains a reconnu que le fossé va se creuser davantage entre pays du Nord et pays du Sud sauf si le développement durable est réellement mis en oeuvre. Elle a estimé que la mondialisation devrait devenir équitable et assuré que les milieux d’affaires du Sud sont prêts à aborder ces questions avec les autres ONG. Le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique est, à ce titre, prometteur a-t-elle dit, dans la mesure où il permet d’envisager concrètement une approche du développement durable.
Le représentant du Bangladesh a dit que son gouvernement est persuadé du caractère fructueux de la collaboration entre Etats et société civile. Au plan national, le Bangladesh a eu un certain succès dans le domaine du développement grâce aux partenariats avec les ONG. La politique de microcrédits qui a permis aux femmes et populations vivant dans les zones rurales du Bangladesh n’a pu fonctionner que grâce à la collaboration entre l’Etat et le secteur civil. Nous pensons que le concept de développement durable doit être intégré à toutes les politiques de développement social, et le rôle des médias est à cet égard fondamental. En Asie du Sud et du Sud-est, les pays et la société civile ont créé depuis un certain nombre d’années un cadre de rencontres pour les médias s’intéressant aux questions de développement durable et d’environnement, dont le premier sommet régional a eu lieu à Bangkok en Thaïlande.
Une représentante du groupe des femmes s’est élevée contre le fait que les femmes soient traitées de “groupe vulnérable”. Ce que veulent les femmes c’est juste une égalité de chance et de participation, a –t-elle dit. Les femmes appellent la création d’un “gouvernement mondial” en matière de développement qui inclurait des groupes autres que des entités étatiques. La mise en place de bases de données sexospécifiques pourraient permettre d’aboutir à une répartition équitable (50%-50%) entre hommes et hommes sur le plan des prises de décisions au niveau national et international.
La représentante du groupe de jeunesse a mis l’accent sur l’importance de l’accès des jeunes à l’informatique et l’Internet. L’éducation et l’information, a-t-elle estimé, sont des vecteurs indispensables à la participation des jeunes à la vie démocratique. Intervenant à sa suite, un autre représentant de la jeunesse a réitéré le voeu des jeunes d’organiser une rencontre de la jeunesse mondiale avant l’ouverture du Sommet de Johannesburg. Répondant à des remarques de l’Union européenne et des milieux d’affaires, la représentante des peuples autochtones a fait remarquer que les rapports entre ces peuples et les Etats et les entreprises sont des rapports de forces inégales. L’exploitation minière, a-t-elle dit est un exemple de domaine où les peuples autochtones sont victimes de la puissance des milieux d’affaires et des gouvernements qui les appuient.
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