LANCEMENT DE L’ANNEE INTERNATIONALE DE L’ECOTOURISME AU SIEGE DES NATIONS UNIES
Communiqué de presse ENV/DEV/607 |
Année internationale de l’écotourisme
LANCEMENT DE L’ANNEE INTERNATIONALE DE L’ECOTOURISME AU SIEGE DES NATIONS UNIES
La Vice-Secrétaire générale plaide pour un tourisme nature
permettant de préserver les richesses naturelles grâce à un partenariat de tous
L’Année internationale de l’écotourisme a été lancée ce matin au cours d’une Cérémonie, au Siège des Nations Unies en présence de Mme Simone de Comarmond, Ministre du tourisme et des transports des Seychelles, de Mme Louise de Fréchette, Vice-Secrétaire générale de l’ONU, de MM. Klaus Toepfer, Directeur exécutif du Programme des Nations Unies pour l’environnement et Francesco Frangialli, Secrétaire général de l’Organisation mondiale du tourisme ainsi que de nombreuses autres personnalités. Dans ce cadre, le Sommet mondial de l’écotourisme, qui se tiendra à Québec du 19 et 22 mai 2002, a été présenté comme la pierre angulaire des événements qui auront lieu durant l’Année. Le ministre de la jeunesse, du tourisme, des loisirs et des sports du Québec, présent à la cérémonie, a fait remarquer que sa région se prête bien à un échange de vues sur l’écotourisme car son espace naturel est remarquable. Les conclusions du Sommet seront transmises au Sommet pour le développement durable qui aura lieu à Johannesburg du 26 août au 4 septembre.
Tout en insistant sur les conséquences potentiellement dévastatrices d’un tourisme de masse, les intervenants ont également insisté sur la capacité de cette industrie à créer des richesses dans les régions les plus pauvres. C’est pourquoi, a-t-il été rappelé, en proclamant 2002, Année internationale de l’écotourisme, l’Assemblée générale a souhaité adresser un message à la communauté internationale en présentant l’écotourisme comme une alternative permettant de concilier les objectifs de la lutte contre la pauvreté et ceux du développement durable des espaces naturels au profit des générations futures.
C’est dans ce contexte que M. Francesco Frangialli, Secrétaire général de l’Oganisation mondiale du tourisme (OMT), a souligné le souci des promoteurs de l’écotourisme de concilier économie et écologie, développement et protection des identités sociales et culturelles. De même, M. Klaus Toepfer, Directeur du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), a estimé que l’écotourisme doit servir à modifier les modes de consommation et à préserver la biodiversité en général et favoriser la justice sociale.
De l’avis général, il faut néanmoins prévenir le développement des formes incontrôlées de “tourisme nature” tel que l’a défini Mme Fréchette, rappelant à cet égard que l’Année internationale de l’écotourisme doit permettre, entre autres, de développer la coopération avec les différents partenaires et notamment le secteur privé, les communautés d’accueil et les touristes eux-mêmes.
L’importance de la coopération avec les opérateurs a été illustrée par la tenue d’une table ronde qui a suivi l’ouverture de la cérémonie et par l’intervention, notamment, d’un représentant de “GAP Adventure” qui a expliqué comment son entreprise est parvenue à réconcilier les objectifs de l’écotourisme et du développement économique. Les peuples autochtones doivent aussi être considérés comme des partenaires prioritaires car, comme l’a souligné M. Costas Chris de la “Conservation international Foundation”, tant que les personnes qui vivent dans les zones préservées ne seront pas les partenaires de l’écotourisme, il n’y aura pas de possibilité de développement durable. Dans ce contexte, le rôle des ONG du Sud a été particulièrement souligné dans la mesure où elles peuvent permettre de favoriser la préservation de l’environnement et des conditions de vie des peuples autochtones. Si tous les intervenants se sont accordés sur l’importance de la tenue de l’Année internationale de l’écotourisme, ils ont aussi souligné qu’il est indispensable de faire en sorte que les activités organisées dans ce cadre ne soient pas mises au service de la promotion d’un écotourisme irresponsable. La table ronde était animée par la Ministre du tourisme de Mexico, Mme. Leticia Navarro.
Clôturant cette cérémonie, M. Jim Watson, Président de la Commission canadienne du tourisme, a évoqué le double défi de préserver l’écologie et l’habitat tout en répondant aux exigences croissantes de ceux qui voyagent par plaisir.
OUVERTURE DE LA CEREMONIE DE LANCEMENT DE L’ANNEE INTERNATIONALE DE L’ECOTOURISME
MME SIMONE DE COMARMOND, Ministre du tourisme et des transports des Seychelles, a rappelé que son pays s’est engagé dans la voie de l’exploitation durable et responsable d’activités touristiques respectueuses de l’environnement. Depuis qu’en 1998 l’Assemblée générale des Nations Unies a proclamé 2002 Année internationale de l’écotourisme, aucun effort n’a été épargné, a-t-elle indiqué, pour faire en sorte que l’écotourisme sous toutes ses formes reste une option fondamentale du développement. Le tourisme, a poursuivi Mme de Comarmond, est une industrie qui s’est vue fragilisée suite aux événements tragiques du 11 septembre. C’est pourquoi, il est important de lancer un message clair selon lequel l’ONU continuera à faire en sorte que les objectifs de la résolution soient réalisés pour le bien-être de l’humanité. Nous restons en effet décidés à faire notre possible pour que la question de l’écotourisme occupe la place qui lui revient au Sommet mondial du développement durable, a-t-elle conclu.
MME LOUISE FRECHETTE, Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, s’est félicitée du lancement de l’Année internationale de l’écotourisme dans la mesure où il est urgent de sensibiliser l’opinion publique aux nombreuses incidences du tourisme sur le patrimoine naturel et culturel et de promouvoir un tourisme responsable. Dans de nombreuses destinations populaires, a-t-elle regretté, l’impact du tourisme négatif n’est que trop visible. Des zones littorales sont en effet défigurées par la surconstruction. Des plages, des récifs de corail et autres attractions naturelles sont en outre endommagées, voire détruites par un développement irresponsable et les cultures indigènes se trouvent perverties par l’afflux d’argent. Notant que le «tourisme nature» a acquis une popularité croissante, Mme Fréchette a mis en garde contre les conséquences dévastatrices que peut aussi avoir cette forme de tourisme, si elle n’est pas gérée correctement. L’écotourisme irresponsable met en péril les attraits de l’environnement qui sont sa raison d’être.
Cependant, a estimé Mme Fréchette, l’Année internationale de l’écotourisme offre la possibilité de promouvoir l’écotourisme pour sa capacité à encourager la préservation des richesses naturelles. C’est un objectif que nous pouvons atteindre, a-t-elle poursuivi, avec la coopération et le plein engagement des gouvernements et des organisations non gouvernementales, le secteur privé, l’industrie du tourisme, les communautés d’accueil et les touristes eux-mêmes. A cet effet, il est indispensable de faire en sorte que l’écotourisme contribue au développement durable. Il faut en effet éviter un développement anarchique par la mise en oeuvre de stratégies spécifiques, assurer la participation des communautés locales, minimiser les effets négatifs des activités de tourisme, allouer une proportion des recettes issues de cette activité aux communautés locales, et faire comprendre au public que le tourisme peut être pratiqué de façon différente et être plus respectueux de l’environnement.
Le tourisme représente 7% de la production mondiale. Il peut en outre être une des sources de revenus et d’emplois principales des pays en développement et permettre la croissance des petites sociétés ainsi que contribuer à l’amélioration du niveau de vie des populations locales. C’est pourquoi l’Année internationale de l’écotourisme doit favoriser le partage des expériences et sensibiliser les voyageurs du monde entier à adopter des pratiques touristiques responsables.
M. FRANCESCO FRANGIALLI, Secrétaire général de l’Organisation mondiale du tourisme, a rappelé que l’OMT, en collaboration avec le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) et d’autres organismes a organisé une série de conférences et réunions en préparation de l’Année, notamment au Mozambique, au Brésil, au Kazakhstan, en Autriche, en Grèce, en Allemagne et en Algérie. Ces réunions ont permis la présentation de 200 études auprès de plus de 1 800 participants. D’autres réunions sont prévues et des études de marchés ont été préparées.
M. Frangialli a également indiqué que le nombre d’arrivées a chuté de 7 % entre 2000 et 2001, ceci étant une conséquence directe des événements du 11 septembre mais aussi du fait du ralentissement de la croissance économique qui les avait précédés. Mais après chaque crise majeure, le tourisme a su rebondir pour reprendre sa croissance et aujourd’hui nombreux sont les indices d’un retour à la croissance en 2002, a-t-il ajouté.
S’agissant de l’évolution du tourisme, il a précisé que un milliard d’arrivées étaient prévues en 2010 et 1,5 milliard en 2020. Le triplement des flux d’arrivées en l’espace d’une génération qui s’annonce doit nous inciter à penser et agir en terme de développement durable de cette activité. Et cette notion d’écotourisme n’est pas une mode passagère, ni une niche secondaire du marché, mais c’est une des voies porteuses de cette industrie du tourisme, équilibrée, durable et responsable.
M. Frangialli a évoqué le visage à deux faces du tourisme international avec la croissance inévitable des flux qui vont accentuer les pressions sur les espaces fragiles, la biodiversité et les populations locales, menacer les cultures et traditions locales, car aucune activité humaine ne peut s’effectuer sans impact sur l’environnement. Et ces problèmes ne seront pas éliminés par le «tourisme nature». L’autre face du tourisme c’est sa capacité de créer des richesses dans les régions les plus pauvres, offrant de nouveaux débouchés à des activités comme la pêche, l’artisanat local et la construction dans des zones éloignées, évitant ainsi la tragédie de la marginalisation et de l’immigration forcée.
A cet égard, il a rappelé qu’avec 476 milliards de dollars en l’an 2000, le tourisme est le poste le plus important des échanges internationaux. En proclamant 2002, Année internationale de l’écotourisme, les Nations Unies adressent un message à la communauté internationale en présentant l’écotourisme comme un élément de la lutte contre la pauvreté. C’est pourquoi, a-t-il ajouté, l’écotourisme figurera à l’ordre du jour du Sommet mondial sur le développement durable de Johannesburg en septembre 2002. En conclusion il a souligné le souci des promoteurs de l’écotourisme de concilier économie et écologie, environnement et développement et protection des identités sociales et culturelles.
M. KLAUS TOEPFER, Directeur du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), a déclaré que l’écotourisme doit servir à modifier les modes de consommation et à lutter contre la pauvreté. Nous souhaitons montrer qu’il est possible de conjuguer le tourisme, la justice sociale et le respect de l’environnement, a-t-il ajouté. Il a également souligné que l’on attend un milliard d’arrivées en 2010, et qu’aujourd’hui plus de 200 millions de personnes travaillent dans ce secteur. Il a ajouté que cette action en faveur d’un tourisme
durable devrait nous permettre d’acquérir de bonnes pratiques qui pourront servir d’exemples pour l’ensemble des activités touristiques, qui seront ainsi non seulement de nouvelles sources d’emploi, mais qui ouvriront aussi de nouvelles perspectives pour les pays en développement de mettre en valeur leur environnement ainsi que leurs valeurs spirituelles et identitaires.
La spécificité de l’écotourisme réside dans l’aspect environnemental et la merveilleuse diversité de l’environnement. La capitale de l’écotourisme, c’est la nature, c’est pourquoi cette Année doit nous apprendre à mieux comprendre ce que nous entendons par écotourisme durable, les pratiques que cela engendre en terme de responsabilité par rapport à l’avenir. Car, qui dit écotourisme ne dit pas forcément respect de l’environnement fondé sur de bonnes pratiques et nous savons qu’il existe une véritable attente de ce côté là. Il faut tirer le meilleur parti de l’écotourisme pour lutter contre la pauvreté et modifier les mauvais modes de consommation, et lutter contre tous les risques de pollution et de mauvaise gestion qui se font toujours au détriment de la santé des populations autochtones.
M. Toepfer a également cité, à titre d’illustration, une maxime de Victor Hugo qui disait «Tout d’abord, il a fallu civiliser l’homme par rapport à l’homme, maintenant il s’agit de civiliser l’homme par rapport à la nature» et a rappelé qui si la nature a longtemps été une menace pour l’homme, c’est lui aujourd’hui qui est devenu une menace pour la nature. A cet égard, il a invité les ONG à participer au dialogue et oeuvrer pour une bonne pratique de l’écotourisme, et à sensibiliser les touristes à la valeur de l’environnement.
M. RICHARD LEGENDRE, Ministre de la jeunesse, du tourisme, des loisirs et des sports de la Province de Québec, s’est félicité de la tenue prochaine du Sommet mondial de l’écotourisme dans la ville de Québec qui sera très utile car il permettra un échange de vues concernant les différentes pratiques existantes en la matière. Le Québec se prête bien aux activités de l’écotourisme dans la mesure où son espace naturel est remarquable, a poursuivi le Ministre. Les enjeux de l’écotourisme, a–t-il fait remarquer, sont en outre liés aux valeurs de pérennité et de partage qui doivent être réaffirmées car le tourisme est un secteur qui est appelé à devenir la première industrie à l’échelle mondiale. La demande en matière d’écotourisme est elle-même de plus en plus importante. C’est pourquoi, il faut pouvoir répondre à cette demande en permettant au nombre sans cesse grandissant de touristes de pratiquer leurs activités en milieu naturel dans le respect de l’environnement.
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