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ECOSOC/6013

DEUX CAS DE COORDINATION DES ACTIVITES OPERATIONNELLES DE L’ONU DANS LES DOMAINES DE LA SANTE ET DE L’EDUCATION: ERYTHREE ET INDE

09/07/2002
Communiqué de presse
ECOSOC/6013


Conseil économique et social

Session de fond de 2002

16et 17èmes séances plénières – matin et après-midi


DEUX CAS DE COORDINATION DES ACTIVITES OPERATIONNELLES DE L’ONU DANS LES DOMAINES DE LA SANTE ET DE L’EDUCATION: ERYTHREE ET INDE


Poursuivant l’examen des activités opérationnelles au service de la coopération pour le développement, le Conseil économique et social a tenu aujourd’hui un dialogue avec les équipes de pays du système des Nations Unies en Erythrée et en Inde dans lequel la coordination des activités de l’ONU a, une nouvelle fois, occupé le devant de la scène.  Caractérisée par les conséquences de plus de 30 ans de guerre, la pauvreté et des sécheresses récurrentes, la situation socioéconomique de l’Erythrée nécessite aujourd’hui une opération humanitaire complexe qui doit être suivie par un processus de reconstruction des infrastructures de base, de stabilisation du cadre fiscal et macroéconomique et d’intégration des anciens combattants. 


Ces faits ont été expliqués par le Coordonnateur humanitaire résident qui, aux côtés des représentants de la Commission érythréenne pour les secours et les réfugiés, du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) et de la Banque mondiale, est venu rendre compte du fonctionnement de l’intervention de l’ONU dans le pays et de ses mécanismes de coordination, en particulier le groupe thématique sur la santé et la nutrition.


Ainsi, parallèlement au travail des groupes de travail sectoriels chargés de la réponse humanitaire, des groupes thématiques ont été formés pour entreprendre la phase analytique du bilan commun de pays.  A l’achèvement de ce bilan en février 2001, les groupes thématiques sont devenus l’instrument central de la planification, de la mise en oeuvre et de la surveillance du Plan-cadre des Nations Unies pour l’assistance au développement.  Une fusion de ces groupes et des groupes de travail sectoriels s’est opérée ensuite pour constituer l’équipe de pays que l’on connaît aujourd’hui. 


Lancé en mai 2002, le Plan-cadre et ses six groupes thématiques sur l’alimentation, l’eau potable, le logement, la santé, le retour et la réhabilitation des réfugiés et des personnes déplacées, et l’éducation, forment la base de la coordination des activités du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), du Programme alimentaire mondial (PAM), du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), de l’OMS et de l’UNICEF qui se réunissent avec les représentants du Gouvernement érythréen et les donateurs au sein de onze différents mécanismes de coordination.


Comme l’a expliqué le Coordonnateur humanitaire résident, le Plan-cadre des Nations Unies a offert aux organismes de l’ONU la première occasion de travailler ensemble et la première base pour rationaliser les interventions.  Pour lui, les défis sont d’avancer dans le domaine de la programmation conjointe, d’assurer l’appropriation nationale et de mettre en place des cadres pluriannuels de financement pour surmonter les obstacles financiers.


Une situation différente a été décrite par l’équipe de pays du système des Nations Unies en Inde qui s’est concentrée sur le groupe thématique sur l’éducation.  Dans ce cadre, c’est Janshala, un microprogramme d’écoles, à l’échelle communautaire, qui a servi à illustrer «la vision partagée» par le Gouvernement de l’Inde et le système des Nations Unies.  Le programme Janshala, comme il a été expliqué, répond aux exigences de la participation des premiers concernés et aux thèmes multisectoriels choisis pour les activités de l’ONU en Inde à savoir l’égalité entre les sexes et le renforcement de la décentralisation.  Travaillant aux côtés de dix autres groupes thématiques, le groupe thématique sur l’éducation regroupe l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), l’Organisation internationale du travail (OIT), le PNUD, le FNUAP et l’UNICEF qui travaillent en collaboration avec le Gouvernement indien et les ONG et en consultation avec les médias et le secteur privé.  En matière de financement dans le secteur social, 92% du budget viennent du Gouvernement et 8% de l’APD dont 3% sont octroyés aux organes des Nations Unies.  Parmi les facteurs de succès, ont été citées la compréhension partagée par le Gouvernement et l’ONU des facteurs permettant d’assurer l’accès universel à l’éducation primaire, une répartition très claire des compétences, l’appropriation nationale, et la participation des ONG.  La programmation conjointe a été décrite comme un processus complexe qui permet la fusion des compétences et d’outils différents afin d’atteindre un objectif commun.


La Coordonnatrice résidente et les représentants de l’OIT, du PNUD, de l’UNICEF ainsi que le Secrétaire au Ministère des ressources humaines de l’Inde, le Directeur national du Programme Janshala, le Directeur du Programme au Rajasthan et un membre du Comité permanent du Programme se sont entretenus avec les délégations.


Les questions générales de coordination feront l’objet d’un débat que le Conseil économique et social entamera demain mercredi 10 juillet à 10 heures.


ACTIVITES OPERATIONNELLES DU SYSTEME DES NATIONS UNIES AU SERVICE DE LA COOPERATION INTERNATIONALE POUR LE DEVELOPPEMENT


DIALOGUE AVEC LES EQUIPES DE PAYS DU SYSTEME DES NATIONS UNIES


Réunion avec le groupe thématique des Nations Unies sur la santé et la nutrition en Erythrée


      M. SIMON NHONGO, Coordonnateur humanitaire résident, a indiqué que le groupe thématique est présidé conjointement par le Gouvernement érythréen et l’Organisation mondiale de la santé (OMS).  Le Groupe est passé d’un mécanisme de coordination humanitaire à un groupe thématique à part entière dans le cadre du bilan commun de pays et du Plan-cadre des Nations Unies.  L’Erythrée, a indiqué le Coordonnateur, est caractérisée par la pauvreté et une sécheresse récurrente mais aussi par l’absence de corruption, de criminalité et de désintégration sociale.


A l’origine, le pays avait accueilli des groupes de travail sectoriels qui avaient été conçus pour fournir une réponse humanitaire.  Dans le même temps, des groupes thématiques ont été formés pour entreprendre la phase analytique du bilan commun de pays.  Après la publication de ce bilan, les groupes thématiques ont été reconstitués comme instrument central de planification, de mise en oeuvre et de contrôle du Plan-cadre des Nations Unies.  Les groupes de travail sectoriels originels ont alors fusionné avec les groupes thématiques du Plan-cadre pour devenir une équipe de pays traitant de la réponse humanitaire.


M. TECLEMICHAEL W. GIORGIS, Commission érythréenne pour le secours aux réfugiés, a indiqué que pour la période 2002-2003, les priorités fixées portent sur les besoins humanitaires, la reconstruction des infrastructures, le rétablissement d’un cadre fiscal et macroéconomique stable, la démobilisation des soldats et leur intégration dans l’économie.  S’agissant du long terme, le pays est en train de préparer son document stratégique pour la réduction de la pauvreté qui devrait être remis en juillet 2003.  La stratégie se fondera sur une évaluation globale de la pauvreté laquelle sera suivie de consultations populaires pour s’assurer que la stratégie reflète bien les points de vue des divers groupes.


M. CHRISTIAN BALSLEV-OLESEN, Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), a rappelé que des civils ont été déplacés en Erythrée ainsi qu’en Ethiopie.  La sécheresse s’est développée au début des années 98.  La guerre combinée à la sécheresse a aggravé la situation, avec un coût humain et économique très important.  D’où des déplacements massifs internes, avec une surpopulation sur certains lieux créant des défis pour l’accès à l’eau et les services de santé.  La situation a ensuite été encore compliquée par les mines terrestres.  De nombreuses écoles ont été fermées, le nombre d’enseignants a diminué aboutissant à un ratio de 80 élèves pour un enseignant.  Il faut également mentionner la menace de la propagation du VIH/sida, les conséquences du stress traumatique.  Le représentant de l’UNICEF a précisé qu’un tiers de la population dépendait de l’aide alimentaire et que la plupart des terres cultivables étaient devenues inaccessibles.


M. NHONGO a présenté la structure de coordination en Erythrée.  Il a mentionné les 6 groupes sectoriels thématiques relatifs à l’alimentation et la sécurité alimentaire, l’eau et l’assainissement, les foyers, la santé et la nutrition, le retour et la réinsertion et enfin l’éducation.  Il y a par ailleurs un Centre de coordination de l’information qui relève de la Commission réinsertion (ERREC).  Il a souligné que ces groupes présentent la caractéristique d’être présidés à la fois par le Gouvernement ainsi que par les organismes de l’ONU.  11 mécanismes permettent d’échanger les informations, de mettre à jour les publications.  Il a mentionné plusieurs des résultats obtenus en Erythrée: en premier lieu, les acteurs pertinents peuvent évaluer et définir des réponses ciblées à temps.  Une coordination efficace a réduit le double emploi et la compétition pour les ressources.  L’accès aisé aux informations humanitaires par le biais d’analyses collectives a permis d’améliorer la planification inter-institutions.


Concernant les contraintes rencontrées, il a signalé un manque de ressources humaines.  Il n’y avait par exemple pas assez de spécialistes en alimentation e il a fallu s’appuyer sur des spécialistes des Nations Unies.  Il a également mentionné des retards dans la création de mécanismes de coordination, et des incertitudes quant à l’ampleur des ressources pour faire face à cette crise.  Les enseignements ont été également nombreux.  Les groupes thématiques ont été très efficaces mais ils exigent une motivation constante.  La présence d’une unité d’appui du Bureau de coordination des affaires humanitaires renforce l’efficacité de la coordination humanitaire dans une situation d’urgence.  Enfin, la coordination entre les institutions et la Mission des Nations Unies était ici très étroite mais ce n’est pas toujours le cas dans tous les pays. 


M. NSUE-MILANG, Représentant de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a indiqué que le groupe thématique santé et alimentation a été créé pour coordonner la réponse humanitaire dans ce domaine, surveiller les tendances en la matière, échanger les informations et mobiliser des ressources suffisantes.  Le Groupe comprend parmi ses membres les institutions de l’ONU, la Commission de secours et de réhabilitation érythréenne, les donateurs bilatéraux, et le Mouvement de la Croix-Rouge.  A la suite de l’évaluation, les interventions ont porté sur des campagnes de vaccination contre la rougeole, la nutrition des mères et des enfants, la prévention et le traitement du paludisme, la prévention au VIH/sida et aux maladies sexuellement transmissibles (MST), le renforcement des services de santé reproductive et les soins psychosociaux. 


La coordination a donc conduit à des réponses appropriées, à la mobilisation de ressources adéquates pour répondre aux besoins des personnes déplacées durant deux ans, à la conclusion d’un accord rapide sur les directives de l’intervention d’urgence, et à la réduction de la malnutrition et la prévention des maladies principales.  Au titre des obstacles, le représentant de l’OMS a cité les chevauchements des actions menées parallèlement par l’OMS et les autres partenaires humanitaires, la quantité limitée de médicaments et d’autres fournitures médicales; et le manque d’eau potable; et l’affaiblissement de l’appui des donateurs.


A son tour, M. BRUCE CAMPBELL, Représentant du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), parlant des instruments d’évaluation et de planification, a mis l’accent sur l’évaluation des personnes vulnérables et des coûts opérationnels.  Un accent particulier a été mis sur l’écart entre les besoins et les ressources fournies et ceci a permis d’évaluer avec précision les ressources nécessaires.  Au titre des résultats, le représentant du FNUAP a cité la collecte de données démographiques simples pour toutes les interventions dans le domaine de la santé et l’élaboration d’instruments pour préciser et hiérarchiser les interventions en matière de santé.  Au titre des obstacles, il a indiqué que certains partenaires se sont avérés incapables de partager les données financières.  En conclusion, le représentant a affirmé que des instruments simples peuvent être élaborés pour identifier les populations vulnérables et les ressources nécessaires.


S’agissant de la jonction entre la réponse humanitaire et le développement durable, M. NHONGO a expliqué l’élaboration des instruments du bilan commun de pays qui a été publié en décembre 2000; le processus bilan et Plan-cadre s’est poursuivi en 2001.  Le Comité directeur du processus Plan-cadre a été mis en place la même année et en mai le PNUD, le FNUAP, l’UNCEF ont harmonisé et lancé leur programme de coordination.  Le 15 mai, le Plan-cadre a pu être lancé. 


M. CAMPBELL a mentionné les 3 objectifs stratégiques du  Plan-cadre en Erythrée, à savoir la promotion de la gouvernance démocratique, la promotion de l’accès aux services sociaux de base et la promotion d’une croissance économique.  Le Gouvernement est chef de file et les Nations Unies coprésident.  Il a ensuite expliqué que l’action se déroule dans les groupes thématiques, qui doivent se réunir tous les trimestres.  Il a ajouté qu’au cours de ces dernières années, une fusion s’est effectuée entre les groupes sectoriels formés pendant le conflit et les groupes thématiques du Plan-cadre.  En outre, la gestion est basée sur les résultats et les cycles des évaluations.  Le représentant du FNUAP a ensuite expliqué sa responsabilité, notamment pour ce qui est de l’évolution des 448 indicateurs choisis, incluant les 20 indicateurs dans le domaine de la santé.  Concernant par exemple la proportion de naissances assistées par du personnel médical, des données sont disponibles sur deux années.  Il a expliqué qu’à partir de cet indicateur, il surveille l’évolution dans les années suivantes, la responsabilité lui incombant si aucune amélioration n’est constatée.


M. NHONGO, présentant des conclusions, a rappelé que le Plan-cadre est la première occasion d’un travail structuré en commun sur le terrain de toutes les institutions des Nations Unies, ce qui est nouveau.  Le Plan-cadre a permis de rationaliser les interventions et de renforcer les capacités.  Le Coordonnateur humanitaire résident a précisé que les trois objectifs stratégiques du Plan-cadre sont appuyés par des indicateurs qui incluent ceux définis dans les Objectifs du Millénaire.  Le Bilan commun a en outre facilité le ciblage des populations les plus vulnérables.  Il a souligné que l’Erythrée est en train de sortir de cette phase d’urgence complexe.  Le processus  a été possible grâce à la présence d’une unité du Bureau de coordination des affaires humanitaires.  Il a précisé que le Gouvernement s’est approprié tout ce processus, l’intégration des ressources extérieures doit être complétée par les efforts nationaux.  Les questions sexospécifiques jouent un rôle très important.


Il a énoncé certaines recommandations.  Il faut d’abord disposer d’un plan d’urgence, il n’y en avait pas après le début des hostilités en Erythrée.  Les partenaires eux-même peuvent utiliser leurs compétences sur le court-terme en période de crise.  Les capacités des différents ministères devraient être renforcées par la formation et la fourniture de matériel.  Des mécanismes de coordination devraient être mis en place dès le début de l’urgence.  Il faut aussi renforcer le rôle du coordonnateur résident.  Il a ensuite parlé des défis qui restent à relever.  Il doit d’abord y avoir une responsabilité nationale, une propriété par les pays de ce processus de développement.  Il a indiqué qu’il fallait une disponibilité des ressources, avec notamment un cadre de financement pluriannuel.  Enfin, la programmation conjointe, élément essentiel dans le cadre du Plan-cadre, est aussi un véritable défi pour l’équipe de pays.


Questions-réponses


      Posant la première question, le représentant de l’Italiea souhaité en savoir davantage sur le rôle des donateurs bilatéraux.  Quels sont les critères qui permettraient leur participation aux groupes thématiques et quels sont les mécanismes de coordination prévus pour assurer leur implication dans les efforts sur le terrain?  Le représentant de l’Ouganda a, lui, insisté sur l’importance de la coordination régionale.  Les efforts en la matière ont-ils été fructueux, a-t-il souhaité savoir. 


Pour la représentante des Etats-Unis, la question a été de savoir si les problèmes financiers ont concerné tous les organismes sur le terrain.  Quels sont les causes de ces problèmes? a-t-elle demandé avant de soulever la question de l’absence d’un groupe thématique sur les personnes déplacées.  Est-ce la présence du Bureau de la coordination des secours d’urgence qui a rendu inutile une telle initiative?


      Répondant à la question de l’Italie, le représentant du FNUAP a rappelé que le Plan-cadre est un processus qui ne concerne que les organes des Nations Unies.  Il a toutefois précisé que les groupes thématiques ont prévu des mécanismes pour la participation des donateurs bilatéraux.  Dans le domaine de la santé, une réelle collaboration existe entre les organes de l’ONU et les partenaires bilatéraux, a ajouté le représentant de l’OMS.  S’agissant des autres questions, le Coordonnateur humanitaire résident a d’abord répondu à celle sur la coordination régionale. 


Cette coordination est assurée dans la Corne de l’Afrique par l’IGAD, a-t-il indiqué en soulignant que même dans ces circonstances, l’équipe de pays en Erythrée a été capable d’organiser des réunions avec l’équipe de l’Ethiopie comme manière de contribuer aussi aux efforts visant à renforcer la confiance entre les deux pays.  En 2001, une réunion s’est tenue pour la première fois à Asmara et cette année, la réunion s’est tenue à Addis-Abeba qui a rassemblé les ressortissants des deux pays. 


Autant que possible, les équipes essayent de collaborer les uns avec les autres.  Parlant d’une réunion sur le VIH/sida, la représentante de la Banque mondiale a attiré l’attention sur le niveau de participation de l’Erythrée et de l’Ethiopie et l’échange d’informations qui s’est fait entre ces deux pays.  Le rapprochement entre les deux pays est effectif dans le domaine de la santé, a ajouté le représentant de l’OMS qui a ainsi attiré l’attention sur les activités transfrontières concernant notamment l’élimination de la polio. 


S’agissant des problèmes financiers, le Coordonnateur humanitaire résident a convenu que ces problèmes sont des caractéristiques des situations d’urgence complexes.  Les ressources financières ne viennent presque jamais au rythme attendu, a-t-il dit, en précisant que pour surmonter les contraintes financières, les organes de l’ONU collaborent entre eux.  En raison des procédures compliquées pour acheminer les ressources, il s’est trouvé, par exemple, que le PNUD a dû acheminer ses propres ressources en attendant que les fonds promis par l’Italie parviennent sur le terrain.  Ce sont surtout les secteurs non alimentaires qui ont connu un déclin des ressources dès la deuxième année des opérations, a indiqué le représentant de l’UNICEF.  Cela peut être attribuable à la hiérarchisation des priorités en Erythrée mais aussi dans d’autres régions du monde.  Des expériences très positives ont été vécues pour transformer les ressources de base en ressources pour les opérations humanitaires d’urgence, a tenu à ajouter le représentant du FNUAP qui a plaidé pour davantage d’harmonisation en la matière.  Des mécanismes du type «fonds de roulement» pourraient être développés plus avant, a-t-il encore estimé.


S’agissant de l’absence d’un groupe thématique sur les personnes déplacées, il a été expliqué par le Coordonnateur humanitaire résident que sa création n’a pas été une priorité aux premiers stades de l’opération.  Aujourd’hui, cette question et la constitution d’un groupe sont prévues dans le cadre du Plan-cadre.  Pour les personnes déplacées, la programmation conjointe est importante pour parvenir aux objectifs du Plan-cadre.  Aujourd’hui, les organes envisagent une planification conjointe et un appel conjoint aux donateurs est envisagé pour les personnes déplacées au Soudan, a ajouté le représentant de l’UNICEF.  Le représentant de la Suède a demandé comment il était possible de s’appuyer sur différents fonds et programmes lorsqu’on effectue une programmation conjointe.  Il a également souhaité avoir plus de renseignements le processus de bilan commun.


Le Coordonnateur humanitaire résident a répondu que la programmation conjointe reste un défi.  Il est difficile de mettre les finances dans un même panier car les institutions des Nations Unies ont différents mandats et traitent avec différents ministères gouvernementaux.  Il a fait remarquer qu’il est cependant possible de travailler séparément quand on traite avec différents ministères tout en visant le même objectif.  Le représentant de l’UNICEF a pour sa part indiqué qu’il y a intégration entre les programmes spécifiques de pays et le Plan-cadre car ils sont quasiment signés en même temps.  Les programmes de pays reflètent les décisions contenues dans le Plan-cadre.  Il a lui aussi souligné la difficulté de la programmation conjointe, précisant que la partie clef est la mise en oeuvre conjointe et qu’il y a encore à cet égard un long chemin à faire pour trouver les véritables procédures


Le représentant du FNUAP a pris l’exemple du groupe thématique VIH/sida, précisant que l’instrument opérationnel est un plan de travail intégré qui est résultat d’une évaluation faite par tous les partenaires.  Il a en outre estimé que les programmes de pays sont des miroirs des bilans communs et du Plan-cadre.  La représentante de la Banque mondiale a ensuite fait remarquer que les gouvernements sont les chefs de file du Document stratégique de réduction de la pauvreté.  L’important, a-t-elle ajouté, est l’implication dans son élaboration d’un grand nombre de partenaires, y compris les organisations non gouvernementales. 


Réunion avec le groupe thématique des Nations Unies sur l’éducation en Inde


M. SUMIT BOSE, Secrétaire adjoint au Ministère du développement des ressources humaines, a présenté le programme «Janshala» (écoles communautaires).  Il a d’abord rappelé que ces dernières années, de grands progrès ont été accomplis dans l’éducation de base en Inde.  Plusieurs difficultés majeures se posent encore: les trois quarts de la population masculine sont scolarisés mais la moitié des femmes ne le sont pas.  Les deux tiers des enfants qui ne vont pas à l’école sont des filles.  Il faudrait, a-t-il ajouté, 24 milliards de dollars sur 10 ans pour assurer une éducation pour tous.  Des mesures sont prises en ce sens.  Les deux chambres du Parlement ont en outre adopté une loi faisant de l’éducation un droit pour tous.


Le programme Janshala, qui inclut une collaboration entre le Gouvernement indien et le système des Nations Unies, a été lancé afin de renforcer et soutenir la participation de la communauté dans des systèmes scolaires efficaces, d’améliorer les méthodes d’enseignement, d’encourager le partenariat avec les organisations non gouvernementales.  Le Programme a permis notamment de créer 2 000 écoles et de former 60 000 enseignants et de progresser vers l’universalisation des écoles de façon plus durable, il ne s’agit pas seulement par exemple de construire des écoles mais de les entretenir.


A son tour, Mme BRENDA MC SWEENY, Coordonnatrice résidente, a souligné que bien avant le lancement de la réforme de l’ONU, l’équipe de pays en Inde pensait déjà à travailler de manière concertée.  Ainsi, l’Inde est parmi les premiers 18 pays dans lesquels a été lancé le Plan-cadre des Nations Unies.  La mise en place de ce processus a impliqué les organismes des Nations Unies, le Gouvernement, les ONG, les médias, le secteur privé et les médias; les deux thèmes multisectoriels étant l’égalité entre les sexes et le renforcement de la décentralisation.


Aujourd’hui, le système des Nations Unies compte en Inde onze groupes thématiques chargés de questions qui vont de la décentralisation, à l’égalité entre les sexes en passant par l’éducation.  En matière de financement, 92% du budget sont assurés par l’Etat et 8% par l’APD dont 3% sont réservés aux organismes des Nations Unies.  Le rôle de l’ONU dans le domaine de l’éducation a été un catalyseur pour atteindre l’objectif de l’accès universel à l’éducation. 


Le Groupe thématique, créé en 1996, regroupe l’OIT, le PNUD, l’UNESCO, le FNUAP et l’UNICEF.  Aujourd’hui le microprojet Janshala illustre cette vision commune entre le Gouvernement de l’Inde et le programme des Nations Unies.  Ce projet répond aux besoins dans le domaine de la participation des communautés.  Ces dernières ont en effet participé à la préparation, à la mise en oeuvre et à la surveillance du projet.


M. BUSSI, Directeur adjoint de l’Organisation internationale du travail (OIT), a lui abordé les questions de financement en indiquant que pour simplifier les procédures, il a été décidé de faire transiter les fonds par les bureaux de l’UNICEF dans les neuf Etats qui accueillent le projet.  Les efforts de coordination dans tous les domaines ont ainsi permis une plus grande complémentarité des rôles des différents acteurs et la réduction des coûts de

transaction.  L’expérience la plus réussie a été la conduite des études participatives communes.  Les liens de Janshala avec les thèmes multisectoriels ont été la base de tous les programmes prévus dans le Plan-cadre.  Des liens ont également été établis avec les programmes du Gouvernement en faveur des populations rurales ou dans la lutte contre le travail des enfants.


Mme MARIA CALIVIS, Représentante du Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF), a mentionné quatre leçons apprises et a ensuite formulé quelques conclusions concernant la programmation conjointe.  Elle a d’abord demandé quels sont les facteurs qui sous-tendent le succès du groupe de travail interinstitutions?  Tout a commencé par un simple groupe de débat qui a par la suite élaboré avec le Gouvernement un plan stratégique.  Parmi les facteurs qui ont favorisé le succès figure en premier lieu une compréhension partagée des facteurs permettant d’assurer l’éducation primaire pour tous.  En outre, une répartition très claire des compétences a été effectuée entre les institutions.  Chacune dispose d’un représentant auprès du groupe de travail.  Chaque institution a ses financements.  D’autre part, a-t-elle ajouté, c’est le Gouvernement qui est aux commandes.  On a aussi tenu compte du rôle des Nations Unies, qui est d’innover, de trouver des solutions novatrices à des problèmes difficiles.  Enfin, la participation des organisations non gouvernementales, des universités, a aussi contribué au succès du programme conjoint.


Une autre leçon apprise est que le processus se concentre sur la gestion des programmes.  D’autre part, il consacre l’importance des principes directeurs plutôt que celle des projets d’action collective.  Jeter les bases d’une collaboration constitue un élément fondamental.  Il faut tomber d’accord dès le début.  Elle a ajouté que la programmation conjointe est un processus complexe qui permet de fusionner des compétences différentes et des outils différents afin d’atteindre un objectif commun.  Elle a ajouté que le succès se mesure par l’impact de la contribution de cette programmation conjointe.  Elle ne signifie pas l’élaboration par un comité d’un méga-programme.  La prochaine étape sera une évaluation programmée, a-t-elle conclu.


M. JOB ZACHARIA, Directeur pour l’éducation élémentaire et Directeur de programme pour le Programme Janshala Rajasthan, a rappelé qu’un grand nombre de filles ne sont pas scolarisées.  Les communautés doivent être impliquées dans les programmes.  Le programme Janshala a choisi d’agir au niveau du village.  Avant ce programme, il n’y avait pas d’éducation communautaire, tout le monde pensait que c’était au Gouvernement de s’en charger.  Au moment de la décision de l’implantation du programme en 1999-2000, il a fallu avant tout sensibiliser la communauté.  Ensuite, il y a eu une microplanification avec des réunions au sein des villages pour localiser les foyers qui n’envoyaient pas leurs enfants à l’école et ceux qui les envoyaient.  Après cela, les villages eux-mêmes ont fait leurs propres plans.  Le programme a donc été programmé et réalisé par la communauté elle-même.


Aujourd’hui, a-t-il poursuivi, 96 % des garçons et des fillettes dans ces villages sont scolarisés.  Il y a des associations communautaires de maires, d’enseignants et d’autres écoles ont été ouvertes sur décision des villages.  Tous les enseignants ont été formés.  Le Directeur a mentionné une résistance de la part des enseignants qui voulaient prendre seuls les décisions.  Dans certains cas, lorsque les enseignants ont fait grève, les parents les ont alors remplacés.  Les parents se sont aussi occupés des champs des enseignants pour permettre à ceux-ci de travailler à l’école.


Mme SHARDA JAIN, Membre du Comité permanent du programme Janshala et Directrice d’une ONG, a parlé du thème multisectoriel de l’égalité entre les sexes.  Il faut partir de là dans tout programme communautaire, a-t-elle dit, et pour ce faire, construire toute une chaîne de modifications pour arriver à la parité.  La stratégie doit être d’impliquer toutes les adolescentes, qui sont des modèles pour les fillettes, dans tout programme éducatif.  Le vrai changement ne viendra que de la perception de la communauté internationale.  Il faut s’attaquer aux asymétries dans les relations sociales et Janshala vise à ce que les rêves des filles deviennent une réalité.  Pour cela, il faut de l’énergie de la part des partenaires et des efforts de la part de toutes les générations pour créer un environnement propice au changement.


Questions-réponses


      Le représentant du Ghana a demandé des informations supplémentaires sur le partage des responsabilités entre les communautés et le Gouvernement fédéral.  Quels sont les mécanismes financiers qui ont été mis en place?  A son tour, le représentant du Burundi a voulu connaître les implications du programme Janshala sur les paliers de l’éducation dans le système indien.  Qu’en est-il de l’éducation secondaire dans les villages en Inde et que comptez-vous faire à ce sujet, a demandé pour sa part le représentant du Japon.  Comment évaluer les résultats du renforcement des capacités en ce qui concerne les enseignants, a-t-il encore demandé.


Le représentant de l’Inde a expliqué que la construction des écoles repose sur des programmes nationaux spécifiques auxquels les communautés apportent leurs contributions.  Il y a maintenant un programme national d’universalisation de l’éducation élémentaire.  Quand des enfants auront terminé leur éducation élémentaire, a-t-il ajouté, il y a aura donc davantage de pression pour élargir le secondaire.  Mais actuellement, les deux tiers du budget national pour l’éducation vont à l’éducation élémentaire qui est prioritaire.


Le Directeur du Programme Janshala a fait remarquer que le programme de renforcement des capacités a commencé véritablement il y a deux ans.  Il a par ailleurs précisé que les fonds circulent du district vers le bloc, qui est une sous-division du district et parfois même directement du district au village.  La membre de la Commission permanente pour le Programme Janshala a indiqué que deux notions ont été explorées, d’une part les nouvelles techniques pédagogiques et d’autre part la recherche d’une plus grande motivation.


La Coordonnatrice résidente a souligné pour sa part que l’évaluation est à trois niveaux: une évaluation continue, un examen annuel dans chaque Etat et enfin une évaluation indépendante à la fin de l’année, dont l’ECOSOC, a-t-elle annoncé, devrait précisément débattre l’année prochaine.


Documentation


Le Rapport du Conseil d’administration du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) (E/2002/34 part I) porte sur les travaux de sa première session ordinaire de 2002 qui s’est tenue du 21 au 25 janvier à New York.  Celle-ci a pris connaissance du rapport annuel présenté par la Directrice générale de l’UNICEF au Conseil économique et social (ECOSOC), rapport qui traite notamment des activités opérationnelles menées en relation avec la Banque mondiale, le FNUAP et le PAM, en particulier concernant les documents de stratégie pour la réduction de la pauvreté.  Le rapport du Conseil d’administration contient également des notes de pays réparties par régions, à savoir Afrique de l’Est et australe, Afrique de l’Ouest et centrale, Amérique et Caraïbes, Asie de l’Est et Pacifique, Asie du Sud, et Moyen-Orient et Afrique du Nord.  Il aborde également les questions relatives à l’immunisation et la sécurité vaccinale et aux procédures d’examen et d’approbation des propositions relatives aux programmes de coopération de pays.  Le rapport comporte également des comptes rendus de diverses rencontres organisées ces derniers mois, notamment la Conférence internationale de Tokyo sur l’aide à la reconstruction de l’Afghanistan (janvier 2002) et la session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée aux enfants (mai 2002).


La Note du Secrétaire général (E/2002/54) transmet le Rapport annuel de la Directrice exécutive du Programme alimentaire mondial (PAM) pour 2001.  Il y est indiqué qu’en 2001, le PAM est venu en aide à 77 millions de personnes parmi les plus pauvres de la planète victimes de catastrophes naturelles ou de conflits.  Ces opérations ont été menées, entre autres, dans la Corne de l’Afrique, en Asie centrale, en Corée du Nord et également en Afghanistan où le PAM a lancé une des plus vastes opérations de secours de son histoire en faveur de plus de 6 millions de personnes.  Le PAM a enregistré en 2001 un niveau record de contributions de l’ordre de 1,9 milliard de dollars, en progression de 12% par rapport à l’an 2000, qui ont permis de couvrir 83% des besoins alimentaires dans 82 pays au total.  Toutefois, est-il souligné, 800 millions d’êtres humains souffrent de sous-alimentation.


Le rapport présente les mesures prises par le PAM en matière de renforcement des capacités d’organisation dans le courant de 2001, à savoir la décentralisation complète de ses opérations et la mise en place d’un nouveau Système mondial et réseau d’information (WINGS).  Un système d’analyse, de traitement et de suivi du mouvement des produits (COMPAS) adapté aux besoins opérationnels des bureaux de pays a été mis en place, et des mesures de renforcement des capacités institutionnelles ont été prises.  En outre, un programme de perfectionnement des compétences de gestion et un projet pilote de formation à distance via Internet ont été lancés par le PAM en 2001.  En outre, le rapport fait état de progrès en matière d’obligation de résultats dans la gestion des projets (Bureau d’évaluation et de suivi, création d’un Département de l’administration…) ainsi que d’approches novatrices telles que le système satellitaire «Argos» utilisé dans le suivi des activités d’alimentation scolaires. 


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