L’ECOSOC ADOPTE UNE DECLARATION MINISTERIELLE QUI CONSACRE L’EDUCATION ET LA SANTE COMME ELEMENTS ESSENTIELS DE LA MISE EN VALEUR DES RESSOURCES HUMAINES
Communiqué de presse ECOSOC/6010 |
Conseil économique et social
Session de fond de 2002
10et 11èmes séances plénières – matin et après-midi
L’ECOSOC ADOPTE UNE DECLARATION MINISTERIELLE QUI CONSACRE L’EDUCATION ET LA SANTE COMME ELEMENTS ESSENTIELS DE LA MISE EN VALEUR DES RESSOURCES HUMAINES
Les ministres et chefs de délégation se déclarent résolus à mobiliser
les 10 milliards de dollars nécessaires par an à la lutte contre le VIH/sida
A l’issue d’un débat de haut niveau de trois jours sur le thème de la «mise en valeur des ressources humaines notamment dans les domaines de l’éducation et de la santé, et sa contribution au développement», le Conseil économique et social a adopté aujourd’hui une Déclaration ministérielle* qui fait la somme des mesures préconisées, durant le débat, pour réaliser les objectifs fixés dans la Déclaration du Millénaire de 2000.
«Nous, ministres et chefs de délégation participant du 1er au 3 juillet 2002 au débat de haut niveau de la session de fond du Conseil économique et social, reconnaissons que la mise en valeur des ressources humaines est un aspect fondamental de la lutte contre la pauvreté et un élément essentiel du développement durable». L’éducation et la santé sont reconnues, dans cette Déclaration, comme composantes essentielles de la mise en valeur des ressources humaines et une demande est formulée pour que ces secteurs soient pleinement intégrés aux politiques macroéconomiques.
La bonne gouvernance, à tous les niveaux, des politiques économiques saines, des institutions démocratiques fortes, la paix et la sécurité, la stabilité, le respect des droits de l’homme, la règle de droit et l’égalité entre les sexes sont perçus comme essentiels aux progrès dans les domaines de l’éducation et de la santé. En matière de santé, la question du VIH/sida occupe une bonne place dans la Déclaration. Dix milliards de dollars par an étant nécessaires pour réaliser les objectifs dans ce domaine, les ministres et chefs de délégation se déclarent résolus à intensifier les efforts pour mobiliser les ressources notamment en apportant des fonds supplémentaires au Fonds mondial pour la lutte contre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme. La création de nouveaux partenariats est également préconisée dans les domaines de l’éducation au VIH/sida et de l’accès aux médicaments.
A ce propos, un encouragement est donné à l’industrie pharmaceutique pour qu’elle mette à la disposition des pays en développement les médicaments à des prix abordables. Toujours à ce propos, la Déclaration rappelle les termes de la Déclaration relative à l’Accord sur les aspects du droit de propriété intellectuelle touchant au commerce (TRIPS), adoptée à Doha lors de la réunion de l’OMC.
La Déclaration souligne aussi le rôle de la communauté internationale et des institutions multilatérales et cite, en l’occurrence, la coopération Nord-Sud, la coopération Sud-Sud et la coopération triangulaire. L’accès aux nouvelles technologies de l’information et des communications à des termes concessionnels, préférentiels et favorables, et la nécessité de respecter les engagements pris en matière d’aide publique au développement (APD) ainsi que celle de la rendre plus efficace sont également soulignés dans la Déclaration de même que l’importance d’un système commercial multilatéral universel, fondé sur des règles, ouvert, non discriminatoire et équitable.
Dans la Déclaration, les ministres et chefs de délégation apportent un appui au Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) et appellent le système des Nations Unies à renforcer son rôle catalyseur et d’appui dans la promotion de la mise en valeur des ressources humaines, en ce qui concerne l’éducation et la santé. Ils appellent aussi le Conseil économique et social à mobiliser et à promouvoir une action coordonnée au sein du système des Nations Unies pour la mise en oeuvre de cette Déclaration.
Après le Président du Conseil économique et social, les représentants des Etats-Unis, de l’Inde, du Japon et de l’Australie ont pris la parole.
Le débat de haut niveau, qui a ouvert la session de fond du Conseil économique et social dont la fin est prévue pour le 26 juillet, a été lancé lundi dernier en présence du Secrétaire général, M. Kofi Annan, et du Secrétaire américain au Trésor, M. Paul O’Neill. Ce même jour, le Conseil a entendu le Directeur général du Fonds monétaire international (FMI), le Secrétaire général de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), ainsi que les représentants de la Banque mondiale et de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) qui se sont ensuite livrés à un échange de vues avec les délégations. Le thème du débat de haut niveau a également fait l’objet de quatre différentes tables rondes sur les sous-thèmes de la mise en valeurs des ressources en Afrique; des partenariats en la matière; du renforcement des capacités institutionnelles pour le développement durable; et de la cohérence des politiques et du financement.
Ont pris part au débat aujourd’hui les ministres, hauts responsables et représentants des pays suivants: El Salvador, Malaisie, Ouganda, Australie, Chili, Suisse, Suriname, Ukraine, Brésil, Inde, Qatar, Maroc, Paraguay, Bélarus, Bhoutan, Canada, Botswana, Costa Rica, Indonésie, Iraq, Ethiopie, Burkina Faso, Mongolie, Nauru (au nom du Forum des îles du Pacifique), Malawi, Fidji, Argentine, Belize, Azerbaïdjan, Tunisie, Jamahiriya arabe libyenne etAfrique du sud. Ont également pris la parole le Président du Conseil de sécurité, les Représentants de la Banque mondiale, de l’Organisation international du travail (OIT), de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) et de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Les Représentants du Comité interétats de la Communauté des Etats indépendants (CEI) et de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, ainsi que des ONG Soroptomist International, Médecins du Monde, Association mondiale des guides et des éclaireuses et l’Association internationale «Znanie» se sont, en outre exprimés.
Le Conseil économique et social reprendra ses travaux le vendredi 5 juillet à 10 heures pour entamer l’examen des activités opérationnelles de développement.
* La Déclaration paraîtra en français à une date ultérieure.
MISE EN VALEUR DES RESSOURCES HUMAINES, NOTAMMENT DANS LES DOMAINES DE LA SANTÉ ET DE L’ÉDUCATION, ET SA CONTRIBUTION AU DÉVELOPPEMENT
Débat de haut niveau
M. YEFIM M. MALITIKOV, Président du Comité interétats de la Communauté des Etats indépendants, a fait observer, au sujet du développement durable, que les objectifs de la Déclaration de Rio ne sont toujours pas atteints. Il a estimé que le problème résidait dans l’inertie et le processus administratif trop conservateur. Et aussi dans le fait que le savoir est disséminé trop lentement. Le rôle de l’éducation dans le développement durable ne peut pas se limiter à l’éducation supérieure. Il faut une nouvelle formule, une éducation continue pendant toute la vie, c’est la priorité des politiques de l’Etat. Il a rappelé que près de 880 millions de personnes sont tout à fait analphabètes. Il y a un déficit de 15 millions d’enseignants. Le déficit en matière d’éducation sur la planète représente 6 % du PIB de chaque pays. Il a en outre souligné que la coopération des ONG dans le domaine du transfert des connaissances est essentielle. Depuis 1997, a-t-il indiqué, les ONG et les gouvernements des Etats de la CEI ont travaillé ensemble au sein de la Commission interétats pour la promotion des connaissances et de l’éducation pour les adultes.
Mme JOAN CROMER, Soroptomist International, s’est dite préoccupée par la question de l’exploitation des êtres humains. Ce commerce illégal, a-t-elle indiqué, réduit en esclavage plus de 4 millions de femmes et d’enfants par an. La majorité des femmes victimes de ce trafic viennent de familles pauvres et peu éduquées. C’est la raison pour laquelle l’ONG s’efforce de financer des programmes d’éducation et de santé comme par exemple en Fédération de Russie et en Inde. L’ONG met également en place des alternatives à la prostitution. Un budget a ainsi été voté pour financer un projet dans le nord de la Thaïlande. Le projet pilote lancé il y a un an a produit des résultats remarquables. Les jeunes femmes de 12 à 19 ans ont bénéficié d’une éducation sur le sida, de stages de formation et d’activités génératrices de revenus. Dix villages ont été ciblés qui ont nécessité une somme d’un million de dollars. En 8 mois, le taux de prostitution est tombé de 80% à 0%. Ce succès montre l’importance de l’éducation et de la santé dans le développement durable. Il est temps que les gouvernements respectent leurs engagements de lutter contre toutes les formes de violence à l’égard des femmes. Ils doivent collaborer avec les ONG pour protéger les femmes et les fillettes de l’exploitation, a conclu la représentante.
M. RYOKICHI HIRONO, Professeur à l’Université Sekei du Japon et Président du Comité des politiques de développement, a expliqué que ce Comité recommande que les gouvernements, en coopération avec les organisations internationales, améliorent les systèmes d’éducation et de santé ainsi que l’accès universel aux services intégrés dans ces deux secteurs, consolidant ainsi les effets de synergie des interventions. Le Comité recommande en outre que les gouvernements assurent une bonne qualité des services, conservent une certaine souplesse et prévoient des ressources pour les temps de crises et l’éducation permanente nécessaire pour relever les nouveaux défis du monde du travail et de la société en général. Le renforcement des capacités sociales pour permettre à tous de s’organiser à tous les niveaux est également recommandé.
Pour ce faire, le Comité recommande aux gouvernements de mettre en place des cadres institutionnels novateurs en assurant la participation de toutes les parties prenantes dans la formulation des politiques d’éducation et de santé. Il est également recommandé d’assurer la participation du secteur privé dans la fourniture des services d’éducation et de santé et ce faisant, et il est utile de renforcer le rôle régulateur et coordonnateur des gouvernements pour assurer des services de bonne qualité et une concurrence saine au sein du secteur privé. Le Comité recommande aussi que les gouvernements saisissent les possibilités offertes par les nouvelles technologies de l’information et des communications pour réduire les coûts de l’éducation et de la santé. Pour ce qui est du financement, il est recommandé de mettre en place des systèmes novateurs avec la contribution des ménages, des communautés, du secteur privé, de la coopération internationale ou encore l’introduction de nouvelles taxes internationales sur les transactions.
Mme MARIA EUGENIA BRIZUELA DE AVILA, Ministre des relations extérieures d’El Salavador, a indiqué qu’un processus de réforme a été lancé dans son pays. Il concerne la formation et vise aussi à élargir la couverture médicale, l’éducation de base, la qualité de l’éducation et l’amélioration du PIB du pays. Elle a admis la nécessité de réduire les inégalités au niveau de la formation du capital humain et a admis la nécessité de transformer l’appareil de l’Etat à cette fin. Elle a estimé que le fait d’améliorer le niveau de l’éducation contribue à une diminution de la pauvreté.
Elle a reconnu l’importance d’intégrer les politiques de la santé et de l’éducation aux stratégies d’éradication de la pauvreté. Il faut aussi, a –t-elle ajouté, doter l’ECOSOC de davantage de capacités, notamment dans les domaines du financement du développement et de la promotion des ressources humaines. Elle s’est aussi dite en faveur d’une ouverture commerciale internationale qui faciliterait cette démarche. Elle a également insisté sur la coopération entre les secteurs public et privé et la participation de la société civile. Elle a d’autre part jugé indispensable de conclure des alliances multisectorielles. Elle a en outre rappelé que le Salvador a survécu à une décennie de conflits, atteignant un niveau de développement relativement acceptable mais qu’il a toujours besoin de l’appui international pour réaliser les objectifs de développement du Millénaire.
M. BERNARD DOMPOK, Ministre, Département du Premier Ministre de la Malaisie, a indiqué que la philosophie qui sous-tend les initiatives de développement de la Malaisie est fondée sur l’idée selon laquelle la croissance n’est pas une fin en soi. Elle doit être accompagnée d’une distribution équitable afin que tous les segments de la société en bénéficient. Les initiatives dans les domaines économique et social doivent par conséquent être intégrées et coordonnées car elles sont interdépendantes et se renforcent mutuellement. La Malaise estime en outre qu’il est essentiel que l’ECOSOC considère sérieusement la proposition de consacrer des financements internationaux au développement d’infrastructures dans les pays en développement. L’existence d’infrastructures est en effet indispensable à la promotion du développement durable, à l’éradication de la pauvreté et à l’amélioration de la qualité de vie des individus. Les pays en développement ne disposant pas de ressources suffisantes, il faut par conséquent une plus grande coopération et collaboration pour régler ce problème.
Les pays en développement, a poursuivi le représentant, doivent en outre pouvoir profiter des nouvelles technologies de l’information et de la communication (TIC). Il faut donc déployer des efforts concertés aux niveaux national, régional et international pour s’assurer qu’ils pourront bénéficier des TIC à des prix raisonnables. La question du fossé numérique est très importante et le deviendra encore davantage. C’est pourquoi, a conclu M. Dompok, il est nécessaire que l’ECOSOC continue de se pencher sur les moyens de le combler.
M. TOM BUTIME, Ministre d’Etat aux affaires étrangères de l’Ouganda, a rendu compte des progrès réalisés par son pays dans la lutte contre le VIH/sida. Il a ainsi indiqué qu’aujourd’hui, la sensibilisation au virus est estimée à 99,7% de la population et la connaissance des méthodes de prévention à 78%. Aujourd’hui, au moins deux méthodes acceptables de prévention sont connues de la population. Parmi la population adulte, le taux de prévalence est tombé de 6,9% en 200l à 6,1% aujourd’hui. Il y a dix ans, il était de 30% dans les zones urbaines et de 18% dans la population globale. La diminution de ce taux témoigne d’un changement de comportement; l’abstinence est le message clef. Elle a aussi contribué considérablement à diminuer le nombre de grossesses parmi les adolescentes.
Le pays a, par ailleurs, effectué des progrès remarquables dans la gestion des maladies sexuellement transmissibles et les transfusions sanguines se font maintenant sans danger dans presque toute l’étendue pays. La prévention de la transmission de la mère à l’enfant a été menée vigoureusement; les antirétroviraux ayant été fournis dans les cinq hôpitaux principaux. Il est à espérer que cette politique contribuera à réduire ce type de transmissions de 30 à 50%. Le principal obstacle à la prévention est l’ignorance. Des études ont montré la relation étroite entre le manque d’éducation et le peu de connaissances des méthodes de prévention, d’une part, et la prévalence du VIH/sida, d’autre part. Le secret de la réussite des programmes de prévention est la volonté politique et l’engagement au plus haut niveau pour mobiliser la population contre la pandémie.
Poursuivant sur la question de l’éducation, le Ministre a indiqué que la promotion de l’éducation pour tous continue de représenter un défi en raison du manque de ressources, de la forte demande, du manque de capacités, de la pauvreté des ménages et de la menace des maladies, en particulier le VIH/sida. C’est la raison pour laquelle l’Ouganda a continué de recourir aux approches sectorielles, ce qui a conduit à un renforcement de la coordination chez les donateurs et à l’augmentation des ressources dans les divers secteurs comprenant une dimension éducation.
M. GEOFF RABY, Premier Sous-Secrétaire de l’Organisation internationale et division juridique du Département des affaires étrangères et du commerce à Canberra (Australie), a estimé que l’élargissement de l’accès à la santé et à l’éducation est essentiel en termes de droits humains mais également en termes de croissance économique, de réduction de la pauvreté et de développement durable. Les principes de la bonne gouvernance permettent également de réduire la pauvreté et d’assurer le développement durable. Son pays, a-t-il indiqué, fournira, pour la période 2002-2003, 230 millions de dollars d’aide aux pays en développement pour financer des programmes de santé. Cette aide concerne spécifiquement la
lutte contre le virus du sida, la tuberculose et le paludisme ainsi que la santé reproductive, les maladies non contagieuses et le développement de politiques nationales. La lutte contre le VIH/sida est en outre une priorité. Dans ce contexte, l’Australie joue un rôle clef en matière d’engagement contre la propagation du virus dans la région Asie-Pacifique. De même, nous encourageons les Nations Unies à prendre des mesures appropriées pour maintenir la dynamique internationale sur les questions du VIH/sida.
En matière d’éducation, a poursuivi le représentant, l’Australie s’efforce d’accroître le nombre de personnes ayant accès au système éducatif, à promouvoir l’égalité des chances et à améliorer la qualité de l’enseignement. Dans les pays en voie de développement, la demande de connaissances dépasse souvent l’offre et de nombreux individus n’ont aucun accès à l’information. C’est pourquoi en 2001, le Gouvernement australien, en partenariat avec la Banque mondiale, a lancé une initiative majeure qui se fonde sur l’expertise australienne afin de résorber le fossé numérique. Nous nous félicitons en outre, a ajouté M. Raby, de l’importance donnée dans le rapport du Secrétaire général à l’intégration d’une perspective sexospécifique à tous les niveaux du processus de développement. L’Australie reconnaît en effet les liens qui existent entre la pauvreté, la croissance et l’inégalité entre les sexes. Les programmes d’aide de l’Australie intègrent par conséquent la nécessité de lutter contre les inégalités entre les hommes et les femmes. Enfin, le représentant a fait savoir qu’étant donné les liens existant entre la pauvreté et les conflits, son Gouvernement a adopté cette année une nouvelle politique qui s’articule autour de la paix, des conflits et de la coopération. Cette politique identifie une approche globale visant à prévenir les conflits et à travailler pour la paix.
M. FERNANDO MUNOZ, Ministre de la santé par intérim du Chili, a estimé que l’amélioration de l’accès aux services de santé est un des éléments clés de la stratégie de développement durable. Le Gouvernement chilien a entrepris une large réforme de son système de santé, a précisé le représentant, afin d’assurer une plus grande équité et solidarité dans le financement et la mise à disposition de la protection sociale. Le Chili a défini un cadre d’intervention avec des objectifs réalistes et à long terme en matière de protection sociale et de qualité des soins dispensés. Il a également encouragé une meilleure utilisation des ressources et introduit une culture de responsabilité dans la gestion du budget alloué à la santé et à la protection sociale. Les réformes dans le domaine de la santé publique et privée constituent les axes d’interventions prioritaires du Président Ricardo Lagos, a ajouté le représentant chilien, et les dépenses de santé représentent 7% du PIB. Cependant, M. Muñoz a fait part de certaines craintes de la population face à la couverture des soins de santé par les assurances privées de même que face à certaines imperfections du système de santé public. Aussi, a-t-il plaidé en faveur d’un effort mondial pour améliorer les systèmes de santé comme élément ayant un impact immédiat sur le développement durable. Il a fait part d’une initiative récente de son Gouvernement intitulée «Explicit Guaranteed Universal Access Plan (AUGE)» afin de répondre aux enjeux actuels dans le domaine de la santé (publique et privée) au Chili. Le Plan AUGE a pour objectif de redynamiser les services de santé et de garantir une plus grande équité dans l’accès aux soins, de même qu’une meilleure couverture des soins par les assurances. Ce Plan envisage également des programmes de formation continue pour le personnel médical qui compte 80 000 personnes et de mobiliser des partenariats avec les entreprises privées afin d’améliorer les systèmes de santé au Chili, a précisé M. Muñoz.
M. WALTER FUST, Directeur de la Direction du développement et de la coopération, Département fédéral des affaires étrangères de la Suisse, a demandé de ne pas oublier que le développement durable présuppose une sécurité intérieure et une administration qui fonctionne bien, et a regretté qu’un nombre croissant de pays connaissent une délitescence des services de l’Etat et des problèmes de sécurité. Je ne peux m’empêcher de penser, a-t-il ajouté, à ce que serait la situation de certains pays si seulement la moitié des dépenses d’armement avaient été investies dans l’éducation et la santé. Concernant le développement des ressources humaines, il a estimé que les institutions du système des Nations Unies devront collaborer de façon beaucoup plus étroite et concentrer leurs activités dans les domaines de leurs mandats respectifs. Il a aussi précisé que les Nations Unies ont besoin de plus de ressources.
Il a en outre fait remarquer que les programmes de la Banque mondiale bénéficient de moyens financiers croissants, notamment l’Association internationale de développement (AID) de la Banque mondiale, alors que les programmes de base et les fonds des Nations Unies ont vu leurs ressources financières progresser marginalement ou même parfois diminuer. Il a aussi demandé que La Banque mondiale et les fonds et programmes des Nations Unies précisent leurs rôles respectifs. Les Nations Unies devraient se concentrer davantage sur les politiques de développement, le renforcement des capacités et des institutions. Enfin, soulignant qu’aucune instance multilatérale n’évalue la situation générale en matière de développement, il a proposé que l’ECOSOC soit chargé de cette tâche, y compris en ce qui concerne l’aide humanitaire.
M. CORNELIS A.F. PIGOT, Conseiller spécial du Président de la République du Suriname, s’est félicité de la participation du FMI, de la Banque mondiale, de l’OMC et de la CNUCED, entre autres, aux travaux de cette session de l’ECOSOC, estimant que cela permettrait de placer la valorisation des ressources humaines au premier rang des priorités de la communauté internationale. Pour le Suriname, a-t-il déclaré, le développement durable supposait en premier lieu la réduction de la pauvreté et une répartition équitable des richesses. A cette fin, M. Pigot a recommandé à l’ECOSOC de servir de lien entre les pays en développement et les institutions financières internationales afin de pouvoir mobiliser les ressources financières nécessaires aux réformes de fond. Il a admis que les pays en développement doivent de leur côté faire preuve de volonté en assurant une bonne gouvernance et une optimisation des ressources financières nationales et internationales. Il a mis en avant les efforts de nombreux pays en développement, au premier rang desquels le Suriname, pour mettre en oeuvre des programmes axés sur l’éducation de base et la santé publique et a souhaité que, dans le prolongement du Consensus de Monterrey, les institutions telles que le PNUD, l’UNICEF ou l’OMS puissent disposer de fonds pour épauler ces pays dans leurs efforts de développement durable.
M. VALERY P. KUCHINSKY (Ukraine) a reconnu, au nom de son Gouvernement, l’importance qu’il y a à accroître les dépenses sociales, en particulier dans les domaines de l’éducation et de la santé. Il a souligné, à cet égard, qu’en dépit de la croissance économique, son pays demeure parmi les pays dotés d’un système de santé public sous-financé. Le représentant a considéré que la tâche principale de son Gouvernement est d’assurer la durabilité de la croissance économique et d’en faire partager les bénéfices à toute la population. Nous avons besoin de la force des investissements extérieurs qui sont indispensables au succès de la mise en valeur des ressources humaines.
Un autre facteur important est l’accès aux marchés européens et mondiaux, a ajouté le représentant en estimant que l’accession de son pays à l’OMC fournira un élan supplémentaire au renforcement des réseaux éducatifs et de santé de son pays. Il a conclu sur la question du VIH/sida en indiquant que 2002 a été déclarée en Ukraine, Année de la lutte contre le VIH/sida. La lutte en la matière exige des ressources, a-t-il insisté en exprimant sa reconnaissance à l’assistance internationale, en particulier ONUSIDA, la Banque mondiale et le Fonds mondial pour la lutte contre le VIH/sida, le paludisme et la tuberculose. Il a dit espérer qu’après la visite du Secrétaire général, l’action en la matière sera intensifiée et élargie.
M. GELSON FONSECA (Brésil) a souligné qu’au Brésil, les stratégies d’éradication de la pauvreté sont liées notamment aux principes de partenariat, de solidarité et de décentralisation. Des progrès considérables ont été accomplis dans l’éducation ces dix dernières années, il y a plus de 54 millions d’étudiants, ce qui correspond à peu près au tiers de la population. Les femmes sont incitées à suivre de près leurs enfants dans les écoles. Dans le domaine de la santé, depuis 1981, le Brésil a changé sa stratégie avec notamment des initiatives de prévention, en particulier pour le HIV/sida. Le taux de mortalité infantile a été réduit d’un tiers, les moyens de contraception se sont propagés. La stabilisation de l’épidémie du VIH/sida au Brésil est due à un programme combinant prévention et traitement. Plus de cent mille personnes ont accès aux médicaments nécessaires. Depuis 1996, tout Brésilien séropositif a accès aux thérapies adaptées. Le représentant a également exposé la double approche concernant les droits de l’homme: on essaie à la fois de combattre la stigmatisation dont est victime le malade du sida et également de promouvoir l’accès aux soins de santé. Il a fait remarquer que beaucoup d’obstacles ont cependant entravé ces efforts qui, pour être couronnés de succès, demandent un environnement international favorable. Il faut des ressources financières humaines de qualité et en quantité suffisante, de nouveaux partenariats doivent être développés et le rôle du système des Nations Unies doit être renforcé.
M. VIJAY K. NAMBIAR (Inde) a souligné que dans son pays, les politiques ont toujours été fondées sur le postulat essentiel que la mise en valeur des ressources humaines constitue l’unique facteur déterminant, essentiel et durable de l’élimination de la pauvreté. L’expérience indienne a montré que l’investissement dans les secteurs de la santé et de l’éducation contribue à l’accélération de la croissance économique. Ainsi, la croissance de l’industrie des nouvelles technologies de l’information et des communications est attribuable à l’existence d’une large main-d’oeuvre qualifiée. Cette industrie a produit des revenus annuels de 400 millions de dollars et son taux de croissance annuelle est estimé à quelque 40%. Le représentant a, à cet égard, souscrit aux propos du Secrétaire général selon lesquels la mondialisation et les sociétés fondées sur le savoir exigent de nouvelles compétences et une mise à jour constante des approches relatives à la mise en valeur des ressources humaines. Le représentant a donc appelé les pays développés à mettre à la disposition des pays en développement les nouvelles technologies à des termes concessionnels pour accélérer les différentes étapes du développement.
En matière de santé, le représentant a estimé que la recherche médicale peut fournir une réponse efficace à la prévention et au traitement de nombreuses maladies. Il s’est donc dit préoccupé du fait que moins de 10% des 60 milliards de dollars alloués chaque année à la recherche médicale visent directement le traitement des maladies qui affectent 90% de la population des pays en développement. Il faut rétablir l’équilibre et offrir les médicaments essentiels à des prix abordables. A cet égard, le représentant a réitéré l’importance que son pays attache à la Déclaration ministérielle adoptée à la réunion de l’OMC à Doha relative à l’Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle touchant au commerce (TRIPS). La Déclaration stipule, en effet, que l’Accord doit être interprété de manière favorable au droit de protéger la santé publique, en particulier, la promotion de l’accès aux médicaments.
M.NASSIR ABDULAZIZ AL-NASSIR (Qatar) a fait observer que le VIH/sida, la malaria et la tuberculose continuent à progresser et que si aucun changement n’intervient, les acquis obtenus jusqu’ici et qui se reflètent notamment dans l’augmentation de l’espérance de vie, seront sapés. Il faut disposer des ressources nécessaires, a-t-il ajouté. Il a illustré ce point en indiquant qu’avant la découverte du pétrole, le peuple du Qatar ne disposait que d’une ressource: la pêche des perles. Après la découverte du pétrole, le Qatar s’est efforcé de promouvoir le système d’éducation en établissant en 1952 un système éducatif formel, en offrant une assistance aux étudiants et en encourageant les parents à scolariser leurs enfants. Parallèlement, un programme d’alphabétisation a été mis en place, des écoles professionnelles ont été ouvertes. Aujourd’hui, l’Etat du Qatar est devenu un centre où plusieurs universités de renom ont ouvert des branches. Une fois les ressources disponibles, l’Etat du Qatar a aussi développé le secteur de la santé. Le représentant a préconisé, outre les ressources, des partenariats ainsi que la coopération avec le secteur privé.
M. MOHAMED BENNOUNA (Maroc) a jugé que la valorisation des ressources humaines était un aspect fondamental du processus de développement car elle contribue à atténuer la pauvreté, à promouvoir la croissance économique et à améliorer la situation dans les domaines de la santé et de l’éducation. En effet, a ajouté M. Bennouna, on ne peut réduire de moitié, d’ici à 2015, la population vivant dans la pauvreté absolue sans améliorer nos politiques dans le domaine de la santé et garantir l’accès des pauvres aux services de santé les plus élémentaires. Les Nations Unies peuvent aider les pays en développement à accéder aux médicaments essentiels ou génériques à des prix abordables, en particulier pour les pays les plus démunis d’Afrique où sévissent de façon dramatique les fléaux du sida et de la malaria, a-t-il ajouté. Jugeant que l’investissement dans les secteurs de l’éducation et de la santé a un effet multiplicateur indéniable pour le développement humain et la lutte contre la pauvreté, M. Bennouna a plaidé en faveur d’un système éducatif performant et évolutif, et intégrant la fille et la femme car, a-t-il souligné, l’éducation de ces deux catégories sociales constitue un investissement socioéconomique que les pays en développement doivent
entreprendre. Il a ajouté que la généralisation de l’enseignement et de l’éducation dans les zones rurales, qui sont les plus touchées par l’analphabétisme, demeure une condition essentielle pour la réussite des systèmes d’enseignement et des modèles de développement socioéconomique avant de souligner que l’usage massif des technologies de l’information et de la communication est crucial pour la modernisation des systèmes éducatifs dans les pays en développement et pour la formation d’une main-d’oeuvre opérationnelle et compétitive dans le contexte de la mondialisation. Il a illustré son propos par des initiatives prises au Maroc, notamment le programme de réforme du système éducatif ainsi que le Plan quinquennal pour le développement économique et social (2000-2004) qui accorde à la santé une place centrale dans le processus de développement. M. Bennouna a plaidé en faveur d’une assistance accrue de la part des pays développés, assistance qui ne peut se limiter à l’augmentation de l’aide publique au développement (APD) mais qui doit également viser à encourager des investissements étrangers et à améliorer l’accès aux marchés aux exportations provenant des pays en développement.
M. ELADIO LOIZAGA (Paraguay) a souligné l’importance de l’assistance internationale dans la mise en valeur des ressources humaines. L’engagement international, a-t-il insisté, doit se concrétiser par des contributions financières et techniques. Le représentant a aussi souligné la nécessité d’impliquer le secteur privé, les ONG et l’ensemble de la société civile. Il a, dans ce contexte, appelé au respect des engagements pris dans les Déclarations du Millénaire, de Doha et de Monterrey. Il a insisté sur l’accès aux marchés et le rétrécissement du fossé numérique.
M. SERGEI LING (Bélarus) a affirmé que l’approche intégrée est devenue la préoccupation centrale de son Gouvernement, notamment par le biais du mécanisme de la Commission nationale pour le développement durable. Il s’est par ailleurs félicité du niveau de coopération en matière de développement des ressources humaines entre les Etats et le PNUD, l’UNICEF et l’OMS. Il faut poursuivre cette coopération, a-t-il insisté. Il a appuyé une meilleure coordination de l’aide internationale et a préconisé que les conditions de l’aide tiennent compte des priorités socioéconomiques des Etats.
M. OM PRADHAN (Bhoutan) s’est félicité de ce que la communauté internationale ait pris conscience du fait qu’aucun pays ne serait épargné par les conséquences de la détérioration de l’environnement, de la propagation du virus du sida et de la pauvreté dans les pays en voie de développement. Le rôle de l’ECOSOC est dans ce contexte d’une importance cruciale. La réalisation des objectifs et des stratégies définis dans la Déclaration d’engagement sur le VIH/sida requiert en outre l’allocation de ressources plus importantes. C’est pourquoi le représentant a exhorté les pays donateurs et le secteur privé à accroître leurs contributions au Fonds mondial contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Il faut en outre augmenter le montant de l’aide publique au développement (APD).
Le Gouvernement du Bhoutan, a fait savoir le représentant, a pour sa part développé un programme autorisant un accès gratuit à l’éducation et aux soins de santé. Ce programme vise également à conserver la richesse de la flore et de la faune du pays. Nous avons également déployé des efforts pour enrichir la vie des gens par le biais d’une valorisation de la tradition, de l’art, de l’architecture et de la religion. Le Bhoutan a enregistré depuis 1961 des progrès importants. Dans le domaine de l’éducation notamment, 85% de la population bénéficie d’un accès à l’éducation primaire et sur le nombre total d’enfants scolarisés, près de
la moitié sont des filles. De même, 90% de la population a accès à des services de santé de base. Ainsi, l’aide et la coopération de nos partenaires permettent au Bhoutan de réaliser progressivement les objectifs de la Déclaration du Millénaire. Cependant, la nature géographique du pays rend la construction et la maintenance des infrastructures de communication très difficiles et restreint l’accès de la population aux services de santé et d’éducation. Le Gouvernement du Bhoutan est par conséquent inquiet du déclin de l’aide publique au développement. C’est pourquoi M. Pradhan a invité l’ECOSOC à déterminer l’impact de ce déclin sur la pauvreté ainsi que ses conséquences économiques et sociales sur les pays en développement.
M. GILBERT LAURIN (Canada) a rappelé que son pays préconise depuis longtemps dans son travail avec l’OMS, la Banque mondiale et d’autres organes multilatéraux, de mettre l’accent sur les ressources humaines dans les secteurs de la santé et de l’éducation. «Un enfant bien nourri est en meilleure santé et donc plus apte à étudier», a déclaré le représentant, avant d’ajouter que la pandémie du VIH/sida est aussi un défi à relever pour les systèmes d’éducation et la mise en valeur des ressources humaines en général. En matière de santé publique, les grandes priorités doivent rester l’allègement du lourd fardeau de la maladie et de décès dans les pays en développement, la lutte contre les maladies transmissibles et l’amélioration de la santé maternelle et infantile, ce qui englobe la santé sexuelle et de la reproduction, a jugé M. Laurin. Il a prôné ensuite le renforcement des capacités humaines, techniques et institutionnelles indispensables à la mise en oeuvre et à la gestion durables des programmes et services de santé.
Abordant le soutien apporté au Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) par le G-8 la semaine dernière, il a précisé que le plan d’action présenté à Kananaskis comprend des mesures relatives à la santé et à l’éducation avant de préciser que le Canada s’est engagé à verser 6 milliards de dollars canadiens sur 5 ans en appui à ce plan. Il a salué les résultats prometteurs de la Conférence de Monterrey sur le financement du développement et a rappelé que le Canada avait augmenté en 2001 son aide publique au développement (APD). Pour autant, l’APD ne peut à elle seule créer le type de croissance qui mène à un développement véritable, a-t-il dit, avant d’exhorter les pays en développement à créer un cadre propice à une croissance économique durable et à des investissements féconds du secteur privé. Il a réaffirmé enfin le rôle central de l’ECOSOC qui doit selon lui promouvoir un cadre complet et intégré pour s’attaquer aux problèmes de santé, d’éducation et de mise en valeur des ressources humaines et jouer un rôle de pivot pour s’assurer que ces points sont intégrés aux politiques et programmes macroéconomiques et sociaux de l’ONU.
M. LEUTLWETSE MMUALEFE (Botswana) a estimé que son pays représente un excellent exemple de l’impact de la santé sur les perspectives de développement. Il a ainsi indiqué que le VIH/sida est un défi qui constitue non seulement une tragédie humaine mais une réelle menace aux acquis socioéconomiques. Le pays, a-t-il expliqué, est confronté à une situation dans laquelle un montant considérable des ressources est détourné des autres priorités de développement pour lutter contre la pandémie du VIH/sida. Par conséquent, le pays aura besoin d’une aide substantielle de la communauté internationale et d’une coopération accrue. D’ailleurs, a ajouté le représentant, le principe de gratuité de l’éducation est aujourd’hui mis en cause. Le pays est, en effet, en train de mener des consultations sur les modalités futures de financement de l’éducation en envisageant même le partage des coûts avec les parents.
Le financement, a insisté le représentant, est une question clé et une myriade de questions y sont liées comme le commerce, l’APD, ou encore le transfert des technologies. Il est temps de mettre en place une nouvelle architecture du développement. Le concept de développement, a voulu le représentant, doit être élargi, inclure la fourniture de dons pour des domaines clés comme l’éducation et la santé, et embrasser la mise en valeur des ressources humaines et le renforcement des capacités. A cet égard, a indiqué le représentant, le NEPAD a délibérément choisi la mise en valeur des ressources humaines comme un de ses domaines stratégiques. Il a donc lancé un appel urgent à l’ensemble de la communauté internationale et à toutes les parties prenantes du développement dont le secteur privé pour qu’ils se joignent aux pays africains dans la réalisation d’un développement véritablement durable.
Mme MARIA ELENA CHASSOUL (Costa Rica) a préconisé une notion ample du développement, il faut satisfaire les besoins dans de nombreux domaines et également éliminer les obstacles structurels comme le manque de capital pour les investissements, les restrictions à l’accès aux marchés internationaux. Elle a également demandé de renforcer le rôle des familles, cellules de base dans les sociétés et de garantir la pleine participation politique des femmes et favoriser leur accès aux positions de haut niveau. Elle a cependant souligné le manque de ressources financières disponibles et a estimé que la réduction des dépenses militaires au profit de celles de santé et du développement sont la meilleure option. Les pays en développement ne peuvent pas gaspiller leurs ressources pour acquérir des armes, comme ils le font pour un montant de 191 milliards de dollars.
M. DARMANSJAH DJUMALA (Indonésie) a mis en garde contre la tendance à privilégier un aspect du développement durable au détriment des deux autres. Un environnement sain est un élément essentiel à la mise en valeur des ressources humaines mais il ne faut pas oublier les dimensions du développement social et de la croissance économique lorsque l’on examine le lien entre la mise en valeur des ressources humaines et le développement durable. Du point de vue économique, une population saine et éduquée n’est pas seulement un objectif du développement mais aussi un facteur clé. La santé et l’éducation sont à la fois le moyen et la fin du développement durable. La réalisation des objectifs du Millénaire exige que l’on reconnaisse les synergies entre l’éducation et la santé et les autres aspects du développement. Il faut se garder de penser l’éducation et la santé isolément mais commencer à envisager une approche intégrée des services sociaux de base notamment l’éducation, la santé, la nutrition, la reproduction, l’eau potable et l’assainissement.
A la veille du Sommet de Johannesburg, il faut commencer à réfléchir aux moyens de réaliser les objectifs du Millénaire et reconnaître qu’un des obstacles principaux est le manque de ressources. Appelant à une augmentation de l’APD, le représentant a aussi cité parmi les obstacles le manque d’accès aux technologies de l’information et des communications. Poursuivant, il a estimé que l’une des questions importantes à la fois pour l’éducation et la santé est la mise à disposition d’un nombre approprié de professionnels. Il a reconnu, à cet égard, le manque d’infrastructures de formation dans les pays en développement mais aussi le phénomène de la fuite des cerveaux. Il a donc appelé les pays développés à satisfaire leurs propres besoins en matière de main-d’oeuvre sans drainer les ressources vitales et limitées dont disposent les pays pauvres.
M. ABDUL MUNIM AL-KADHE (Iraq) a estimé que les progrès en matière de développement réalisés n’ont été ni homogènes, ni adéquats. Il a souligné que son Gouvernement a démontré l’intérêt qu’il accorde à l’être humain en offrant à sa population l’éducation et l’alphabétisation gratuites. Avant 1991, les indicateurs socioéconomiques de l’Iraq dépassaient de manière générale ceux des pays de la région. Il a ajouté qu’après l’agression militaire dont le pays a été victime et le blocus injuste imposé contre lui, la situation sanitaire s’est détériorée. Les centres de santé n’ont pas pu fournir les services nécessaires à cause du manque d’eau et d’électricité. Les maladies infectieuses ont réapparu. Les effets catastrophiques de l’utilisation de l’uranium appauvri sont visibles.
Le représentant a également fait remarquer que le taux de scolarisation a diminué. Plus de 8 500 écoles ont été endommagées. De plus en plus de familles dépendent de leurs enfants pour un revenu. La communauté scientifique iraquienne vit marginalisée, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Il a indiqué que toute une génération d’Iraquiens demeure coupée du monde. Il a expliqué que la réponse aux besoins essentiels des êtres humains «pétrole contre nourriture» ne saurait permettre de réaliser le développement économique et social. Il a appelé le Conseil économique et social à demander la fin du blocus.
M. JEREMY GREENSTOCK (Royaume-Uni), Président du Conseil de sécurité pour le mois de juillet, a rappelé que dans son rapport sur la prévention des conflits armés, le Secrétaire général a reconnu la nécessité pour le Conseil de sécurité et le Conseil économique et social de travailler plus étroitement sur la question, en particulier le VIH/sida. Le Président du Conseil de sécurité s’est félicité des progrès accomplis jusqu’ici en citant pour exemples la décision de renforcer la sensibilisation et de développer des programmes de formation au VIH/sida à l’intention de toutes les institutions humanitaires et les forces des opérations de maintien de la paix; le développement de stratégies nationales à l’intention des services nationaux et des forces de défense civiles; et l’attention particulière accordée aux besoins des femmes et des enfants et à l’impact du VIH/sida sur cette catégorie de la population.
Attirant l’attention sur la résolution 1325 et 1379 du Conseil de sécurité sur les enfants et les conflits armés, le représentant a estimé que le défi est maintenant de tirer parti du travail effectué jusqu’ici. Le défi est aussi d’en tirer les leçons et de les appliquer aux plans futurs. Pour le Président du Conseil de sécurité, il faut commencer par mettre en oeuvre efficacement les décisions prises et évaluer ensuite les actions à prendre. Il faut aussi appuyer les organisations professionnelles qui travaillent sur le terrain et écouter la voix de ceux qui tous les jours luttent contre le VIH/sida. Aujourd’hui plus que jamais, le système des Nations Unies a compris les liens entre la paix, le développement durable, la sécurité et le respect des droits de l’homme. Le Secrétaire général montre la voie et affiche la volonté politique nécessaire. Le défi est de l’aider et de travailler les uns avec les autres pour aboutir à des résultats tangibles, a conclu le Président du Conseil de sécurité.
M. CARLOS MAGARINOS, Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), a expliqué que l’industrie est l’un des plus grands contributeurs à la mise en valeur des ressources humaines. Elle crée des emplois, diffuse l’information. Il a fait remarquer que les méthodes traditionnelles d’éducation et de formation sont parfois inadaptées avec l’ouverture de la concurrence. Il faut mettre davantage l’accent sur une formation spécialisée de haut niveau. Il a également souligné l’effet modernisateur de la croissance industrielle qui contribue à ce que toutes les autres activités se renforcent dans les pays en voie de développement. L’industrie peut aussi rendre plus égales les possibilités d’emploi.
Il a par ailleurs expliqué que l’ONUDI facilite l’accès à la formation et l’adaptation des technologies modernes, elle dissémine les connaissances et a lancé 44 programmes intégrés dans 40 Etats. En 2001, plus de 100 programmes de formation de groupes ont été mis en oeuvre dont la moitié venait d’Afrique. Environ 1 000 bourses individuelles ont en outre été offertes. Une aide aux entreprises en matière de gestion a aussi été proposée. L’ONUDI coopère avec le secteur privé et les instituts de recherche, a-t-il conclu, ajoutant que ce n’est qu’en travaillant ainsi de concert que l’ONUDI apportera une différence.
M. EDUARDO DORYAN (Banque mondiale) a estimé qu’il est plus que jamais indispensable que le Conseil économique et social (ECOSOC) et la Banque mondiale travaillent en étroite coopération. Pour réaliser les objectifs de la Déclaration du Millénaire, a-t-il ajouté, il faut identifier les synergies existantes entre d’une part les domaines économique, social, environnemental et d’autre part le secteur du commerce, de l’assistance et du redressement de la dette. Il est également nécessaire d’envisager les problèmes posés par la qualité de l’eau et la productivité agricole afin de renforcer la croissance. De même, une éducation et des services de santé de qualité permettront de renforcer les capacités humaines, la sécurité et la capacité des populations pauvres à accomplir les objectifs de la Déclaration du Millénaire. Il est essentiel que la biodiversité du monde soit préservée afin d’assurer un environnement durable. Les objectifs principaux de la Banque mondiale en matière de développement doivent être réalisés par les pays eux-mêmes et être sous-tendus par un cadre de développement global et des stratégies de réduction de la pauvreté fondées sur l’idée selon laquelle le développement doit être guidé par une vision intégrée à long terme des besoins et des solutions. Une telle approche requiert la participation des gouvernements, de la société civile et du secteur privé.
Il s’agit à présent, a poursuivi le représentant, d’harmoniser le travail de la Banque mondiale et des Nations Unies par une simplification des procédures et un travail en commun. Il faut également poser la question de la coordination et du suivi des conférences. Il est en effet important de s’assurer que les recommandations qui en ressortent puissent être effectivement mises en oeuvre par les pays. Enfin, le représentant s’est félicité de ce que l’ordre du jour de l’ECOSOC de la présente session de fond comporte des éléments transversaux tels que la recherche d’une cohérence entre les conférences politiques et les activités opérationnelles dans le contexte notamment du suivi de la Conférence de Monterrey et du prochain Sommet de Johannesburg.
M. JEAN-FRANÇOIS TREMEAUD, Directeur exécutif chargé des régions et de la coopération technique de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a souligné que le manque d’instruction et de formation est un obstacle majeur à la réalisation du potentiel humain. Il faut, a-t-il dit, un cadre d’ensemble permettant de cordonner l’action privée et l’action publique pour le développement des ressources humaines et éviter que certains ne soient laissés pour compte. Pour le Directeur exécutif, le débat de haut niveau doit tenter de cerner les mécanismes les plus efficaces pour mobiliser, stabiliser et optimiser les ressources financières nécessaires à l’éducation et à la formation. Le Directeur exécutif a cité cinq défis à relever à savoir l’investissement dans l’éducation et la formation; l’investissement dans le savoir et les compétences de base; la modification des systèmes d’enseignement et de formation professionnels; la reconnaissance des compétences; et enfin la consolidation du dialogue social en tant qu’instruments de l’élaboration des programmes d’éducation et de formation.
M. JONES KYAZZE, s’exprimant au nom du Directeur général de l’UNESCO, a salué la démarche des Nations Unies qui entendent placer l’éradication de la pauvreté dans le cadre plus général de la protection des droits de l’homme. Il a assuré que l’UNESCO faisait en sorte, pour sa part, que les programmes de lutte contre la pauvreté axés sur l’éducation s’inscrivent dans cette approche humaniste. Rappelant ensuite les objectifs fixés lors du Forum mondial de l’éducation de Dakar, il a exhorté la communauté internationale à accélérer la mise en oeuvre de mesures afin de remplir ces objectifs. M. Kyazze a souligné les efforts déployés par l’UNESCO pour assurer la parité dans le système éducatif d’ici 2005, notamment par le lancement de l’initiative des Nations Unies pour l’éducation des filles. L’année 2003 sera le point de départ, a-t-il ajouté, de la Décennie en faveur de l’alphabétisation, qui s’inscrit directement dans les efforts de lutte contre la pauvreté dans la mesure où plus de 800 millions d’êtres humains souffrent de l’analphabétisme. Il a prôné ensuite une approche novatrice concernant l’initiative «éducation pour tous» qui vise à adapter les programmes aux réalités locales et aux défis de chaque région. Il a encouragé la mise en oeuvre de partenariats avec les organisations non gouvernementales et le secteur privé afin de remplir les objectifs fixés à Dakar. Par ailleurs, M. Kyazze a évoqué les mesures prises par l’UNESCO pour répondre aux objectifs qui lui ont été assignés par Action 21 en matière d’éducation pour le développement durable et mentionné en particulier celles visant à combler le fossé qui existe en matière d’éducation de base entre zones rurales et urbaines.
M. ENCHO GOSPODINOV (Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-rouge) a souhaité que le débat de haut niveau du Conseil économique et social tienne compte du rôle que les volontaires, les gouvernements individuels, les organisations intergouvernementales et les institutions telles que les sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge peuvent jouer dans l’application des recommandations de l’Assemblée générale en matière d’appui au volontariat. En ce qui concerne le développement des ressources humaines, il est particulièrement important de tenir compte, entre autres, de la recommandation qui consiste à inciter à prendre des mesures générales en faveur de la préparation, de la formation et de la reconnaissance des volontaires. Depuis la célébration de l’Année des Volontaires qui s’est tenue l’année dernière, la Fédération internationale a travaillé à la réalisation de ces recommandations, au niveau interne en favorisant la formation des volontaires et, au niveau externe, en développant des partenariats, notamment avec les Volontaires des Nations Unies et
l’Union interparlementaire. Il faut également tenir compte du rôle que peuvent jouer les personnes âgées. Comme cela a été souligné dans le cadre de l’Assemblée mondiale sur le vieillissement à Madrid en avril dernier, elles peuvent non seulement contribuer elles-mêmes à l’amélioration de leur situation mais également participer activement à la vie de la société.
Le représentant a estimé en outre qu’il est nécessaire d’accorder une importance particulière aux personnes migrantes, en particulier celles qui sont dans une situation illégale et qui se trouvent exclues des systèmes de santé, surtout les enfants. Nous souhaitons également, a poursuivi le représentant, que les personnes infectées par le virus du sida, la tuberculose et les autres maladies infectieuses puissent avoir accès aux soins. Enfin, il a rappelé le rôle fondamental de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge qui s’efforcent depuis de nombreuses années de réduire la souffrance humaine.
M. ABDUL MEJID HUSSEIN (Ethiopie) a déploré le manque de structures éducatives et de santé publique qui traduit une absence de développement puisque l’éducation et la santé en sont les fondements. Il a appelé la communauté internationale à consentir un effort pour le développement en intervenant prioritairement dans les domaines de la valorisation des ressources humaines, de la santé et de l’éducation. A cet effet, M. Hussein a souhaité que les engagements pris lors des diverses conférences internationales de ces dernières années (session extraordinaire des Nations Unies sur le VIH/sida ou sur les enfants, Conférence de Monterrey) soient traduits en actes et que l’aide publique au développement (APD) augmente notamment en direction des secteurs de la santé et de l’éducation. Il s’est toutefois félicité de la place accordée aux préoccupations du continent africain lors de cette session de fond de l’ECOSOC et a souhaité que le Conseil joue un rôle central dans la mise en oeuvre de programmes de développement durable.
Il a ensuite mis en avant le programme de réduction de la pauvreté du Gouvernement éthiopien qui est axé sur le développement du secteur agricole, l’accès élargi aux soins de santé publique, notamment au niveau des communautés locales, et la prévention et la lutte contre le VIH/sida. Cette question fait l’objet d’un plan stratégique quinquennal (2000-2004) qui a à la fois une portée aux niveaux régional et national tandis que le Gouvernement a également mis en oeuvre un programme de développement du secteur de l’eau afin d’étendre la couverture nationale en eau potable. M. Hussein a également mentionné les projets de son Gouvernement en matière de protection de l’environnement et souligné la prise en compte de ces questions dans les modules scolaires. Dans le cadre de la campagne «éducation pour tous», a précisé M. Hussein, l’Éthiopie est parvenue, entre 1995 et 2000, à faire passer le taux de scolarisation dans le primaire de 24,1% à 51% tandis que pour les filles, ce taux est passé de 20% à 40% durant la même période.
M. MICHEL KAFANDO (Burkina Faso) a rappelé que le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) a fait de la santé et de l’éducation la pierre angulaire de la lutte contre le sous-développement en Afrique. Il a expliqué qu’il s’agit à terme de créer les conditions propices à la croissance, à l’éradication de la pauvreté et au développement durable par un juste équilibre entre les exigences de la croissance économique, les besoins sociaux et la protection de l’environnement. Le Burkina Faso a conçu un plan décennal de
l’éducation de base dont le but est de parvenir à l’éducation pour tous et de tous. Il a précisé que l’essentiel des efforts est porté en toute priorité vers les zones déshéritées. Outre une large couverture vaccinale et la création de centres de santé primaire, l’accent est mis sur l’accessibilité aux soins essentiels, à travers la mise à disposition des médicaments génériques et la participation des usagers et des communautés dans la gestion et le développement des activités de santé.
Le représentant a en outre préconisé d’adapter constamment les stratégies de valorisation des ressources humaines aux besoins changeants créés par la mondialisation et de réaliser une synergie entre les politiques de la santé et d’éducation et les autres politiques sectorielles. La stratégie existe, a-t-il conclu, ce sont la volonté et les fonds qui manquent le plus. Il a souligné que les pays les plus pauvres ne peuvent, à eux seuls, réaliser entièrement ces objectifs. Les pays industrialisés doivent respecter des engagements contenus dans la Déclaration du Millénaire et dans le consensus de Monterrey.
M. JARGALSAIKHANY ENKHSAIKHAN (Mongolie) s’est félicité du débat d’aujourd’hui qui peut, selon lui, contribuer à la réalisation des objectifs de la Déclaration du Millénaire et favoriser une meilleure compréhension des objectifs communs de la communauté internationale ainsi que des défis et des difficultés auxquels elle doit faire face. Il a ajouté qu’il est essentiel que les pays soient en mesure de relever les défis de la mondialisation et de construire des sociétés démocratiques fondées sur la primauté du droit, la protection des droits de l’homme et le développement de l’économie. Il est, dans ce contexte, indispensable de réviser périodiquement nos politiques et nos stratégies afin de tenir compte des nouveaux défis qui émergent.
Le représentant a également formulé l’espoir que les conclusions et les recommandations contenues dans le rapport du Secrétaire général en matière de santé et d’éducation figurent dans le document final de ce débat de haut niveau de l’ECOSOC. La Mongolie, en tant que pays en développement enclavé dont l’économie est en transition, attache une importance particulière au développement de ses ressources humaines. C’est pourquoi, nous lançons un appel pour une mobilisation supplémentaire de ressources aux niveaux national et international afin de réaliser les objectifs de développement de la Déclaration du Millénaire.
M. VINCI NIEL CLODUMAR (Nauru), s’exprimant au nom du Forum des îles du Pacifique, a fait remarquer que les compétences sont rares dans les îles de cette région. Même les actions des ONG et de la société civile sont limitées à certaines îles. Le représentant a souligné les efforts considérables déployés ces dernières années pour définir des politiques régionales d’éducation et de santé. Il a indiqué que la principale stratégie dans le Pacifique visant à améliorer la santé des enfants est la gestion intégrée des maladies infantiles. Il a également mentionné le Réseau de surveillance de la santé publique du Pacifique qui cherche à prévenir et à contrôler les épidémies à l’aide de nouveaux instruments de communication comme le courrier électronique ou l’Internet. Concernant le combat contre le VIH/sida, il a souligné la vulnérabilité de la région du Pacifique, certains signes insidieux de l’épidémie étant apparus sur certaines des îles et a mentionné la Stratégie régionale contre le VIH/sida du Pacifique. La santé reproductive est un sujet sensible dans les îles et rarement abordé dans le cadre familial.
Concernant l’éducation, un Plan d’action pour une éducation de base a été développé et aborde notamment la formation des professeurs, l’éducation des enfants en bas-âge, la technologie de l’information, le financement des programmes. L’éducation à distance offre des potentialités intéressantes. Le représentant a fait remarquer que la région doit relever plusieurs défis dans le contexte d’une mondialisation rapide et doit adapter son système éducatif aux besoins et priorités de développement. Il a reconnu qu’il fallait en faire davantage pour améliorer la cohésion des programmes intersectoriels. Il a demandé que L’ONU continue à soutenir les efforts nationaux, régionaux et mondiaux visant à intégrer les programmes de développement des ressources humaines dans les stratégies de réduction de la pauvreté. L’ONU et l’ECOSOC doivent maintenir leur attention au développement des ressources humaines dans le cadre du suivi de la Conférence internationale sur le financement du développement.
M. ISAAC C. LAMBA (Malawi) a estimé que l’éducation et la santé sont les instruments les plus efficaces pour assurer le développement humain, réduire la pauvreté et les inégalités, et pour redynamiser la croissance économique. Au-delà de la mise à disposition d’un enseignement primaire de qualité, le représentant a également insisté sur le défi que constitue la pandémie du VIH/sida pour le développement durable, prenant l’exemple de son pays où un million d’orphelins du sida sont dans le besoin et où le système éducatif a été décapité du fait du nombre d’enseignants morts du sida. Le Malawi accorde la plus grosse part de son budget à l’éducation et à la santé mais en raison d’un manque de moyens, il demeure en deçà des objectifs de développement du Millénaire. Le représentant a salué l’initiative du Secrétaire général qui a permis la création du Fonds mondial de lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose pour aider les pays en développement à surmonter les défis posés au développement par les maladies infectieuses.
Il a ensuite souhaité que la communauté internationale apporte tout son appui au Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) afin de permettre à des pays comme le Malawi de remplir les objectifs de développement du Millénaire. M. Lamba a souligné que le PNB par habitant est actuellement de 170 dollars pour le Malawi, ce qui n’assure même pas un revenu d’un dollar par jour à chaque habitant. Il a également souhaité que les conclusions de la Conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce à Doha et le Consensus de Monterrey soient mises en oeuvre sous la forme de stratégies de financement du développement et de réduction de la pauvreté, et sur l’ouverture des marchés aux exportations des produits des pays en développement.
M. AMRAIYA NAIDU (Fidji) a estimé que la mise en valeur des ressources humaines doit être au coeur des processus de développement. Les synergies entre l’éducation et la santé sont essentielles pour le développement durable de tout pays, a-t-il ajouté avant de se dire convaincu que la réalisation des objectifs du Millénaire dépendra de la manière dont seront intégrés la mise en valeur des ressources humaines et les politiques macroéconomiques. Faisant part des initiatives prises par son pays en la matière, le représentant a souligné que seuls les pays en développement ne pourront réaliser tous les objectifs. L’implication, les efforts et les sacrifices de toutes les parties prenantes sont nécessaires, en particulier la bonne volonté et l’assistance des pays développés et l’engagement ferme des gouvernements nationaux. La mise au point des stratégies nécessaires, a encore estimé le représentant, fait partie du rôle de coordination que l’ONU peut diriger en renforçant la coopération Sud-Sud et Nord-Sud, en formulant les politiques de mise en valeur des ressources humaines et en surveillant leur application.
M. LUIS ENRIQUE CAPPAGLI (Argentine) a souligné la nécessité d’augmenter les dépenses d’éducation dans les pays en voie de développement afin de fournir une éducation pour tous. En ce qui concerne la santé, il faut contrôler les maladies transmissibles et réduire les taux de mortalité élevés. Pour ce qui est du VIH/sida, la communauté internationale doit coordonner ses efforts et la prévention et le traitement doivent aller de pair avec l’élimination de la pauvreté. Il faut en outre garantir une éducation primaire de qualité en accordant une attention particulière aux fillettes. Il a aussi souligné l’importance de compléter l’éducation primaire avec une formation technique.
Le représentant a fait remarquer que l’Argentine passe par une crise sociale et économique profonde. Depuis la dévaluation de la monnaie nationale, le PIB par habitant a chuté brutalement. Le taux de chômage est d’environ 25%. Les Argentins émigrent et il y a une réelle fuite des cerveaux. Il a demandé aux pays d’accueil de faire preuve de sympathie vis-à-vis de cette situation, rappelant que l’Argentine a accueilli généreusement des centaines de milliers d’étrangers, notamment entre les deux guerres mondiales.
M. STUART W. LESLIE (Belize) a souligné qu’aujourd’hui le commerce et la participation à l’économie mondiale sont présentés comme la solution à l’élimination de la pauvreté. Si, en effet, ils peuvent être une partie de la solution, il ne faut pas perdre de vue que pour participer à l’économie mondiale en tant que partenaires égaux, il faut d’abord renforcer ses capacités économiques et pour ce faire, améliorer la qualité de l’éducation et de la santé. Comme de nombreux pays dotés d’une population majoritairement jeune, le Belize a accordé la plus haute priorité à l’éducation. Le débat de haut niveau l’a reconnu, l’éducation et la santé sont intrinsèquement liés. Or, l’accès aux médicaments nécessaires, notamment pour le VIH/sida, continue d’être une lutte quotidienne.
Ces questions sont des questions de développement et pour les pays en développement et elles sont étroitement liées à la capacité de participer au commerce mondial. Partant, à la veille du Sommet mondial pour le développement durable, il faut reconnaître l’urgence qu’il y a à lutter contre la pauvreté dans le contexte du commerce et du développement. Le Belize continuera à plaider pour que les pays développés respectent les engagements pris à Rio et fournissent 0,7% de leur PNB à l’APD, a conclu le représentant.
M. YASHAR ALIYEV (Azerbaïdjan) a estimé qu’il faut utiliser les nouvelles technologies de communication afin de renforcer les possibilités de développement. La parité et l’accès égal des garçons et des filles à tous les niveaux d’éducation sont importants. Mais il a fait remarquer que les économies en transition ne peuvent pas toujours aborder l’éducation et la santé de façon durable. Il est essentiel que les donateurs augmentent leur aide publique. Le représentant a annoncé l’intention de son Gouvernement de diminuer de moitié d’ici à l’an 2015 le nombre de pauvres et indiqué que la stratégie nationale élaborée à cet effet incorpore le développement des ressources humaines. Un projet de réforme de la santé vise la transformation des systèmes de santé au niveau des districts.
M. NOUREDDINE MEJDOUB (Tunisie) a souhaité que le Sommet mondial sur la société de l’information qui aura lieu en 2003 à Genève et en 2005 à Tunis se penche sur les meilleurs voies et moyens d’une exploitation judicieuse des effets des nouvelles technologies de l’information et de la communication sur l’éducation. Soulignant, à son tour, que la santé et l’éducation sont complémentaires et se renforcent mutuellement, le représentant a fait part de sa conviction que la lutte contre les maladies endémiques qui affectent plusieurs régions du monde, notamment l’Afrique, bénéficient de la part des pays concernés et de la communauté internationale de toute l’attention requise par la gravité de la situation. La pénurie des ressources combinée au coût croissant des soins et des médicaments constituent les principaux obstacles à l’application de stratégies efficaces. Le représentant a donc réitéré son appel pour que l’assistance internationale soit considérablement accrue, notamment pour financer le Fonds mondial de lutte contre le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme. Il a aussi appelé à la mise en place du Fonds mondial de solidarité pour l’élimination de la pauvreté et le développement humain.
Il a également appelé au renforcement de l’APD, à l’allègement de la dette et à son annulation, à l’amélioration de l’accès aux marchés et à l’augmentation des échanges. Il a enfin souligné la nécessité du transfert des technologies et du renforcement des capacités de recherche-développement des pays du Sud. La création de nouveaux partenariats aux fins de la valorisation des ressources humaines est également à encourager, a ajouté le représentant en se félicitant de l’appui accordé par la communauté internationale au NEPAD et la réaffirmation de l’engagement du G-8 en faveur de l’Afrique.
M. ABUZED OMAR DORDA (Jamahiriya arabe Libyenne) a indiqué que son pays se concentrait sur la couverture médicale générale des habitants et sur les moyens législatifs permettant une synergie entre les services de santé et d’autres secteurs, les logements et l’eau potable -considérée comme prioritaire- par exemple. Il a également fait remarquer que la mortalité infantile a chuté et l’espérance de vie a augmenté. Il y a aussi plus d’hôpitaux et plusieurs instituts spécialisés.
Des milliers d’écoles ont été bâties pour assurer la gratuité de l’éducation pour les deux sexes, sur un pied d’égalité. Les efforts se sont notamment concentrés sur une évaluation des programmes scolaires, l’instauration d’instituts d’études supérieures partout dans le pays et sur la formation professionnelle. Le représentant a affirmé que malgré ces efforts, les sanctions économiques imposées contre la Libye depuis déjà plus de vingt ans ont affecté négativement le développement. L’intransigeance des Etats-Unis n’a pas permis jusqu’à présent au Conseil de sécurité de lever ces sanctions injustes.
M. HENRI STEPHAN RAUBENHEIMER (Afrique du Sud) a estimé qu’en matière de financement du développement, s’il faut se féliciter des promesses faites à la Conférence internationale sur le financement du développement, il faut néanmoins demander un engagement plus fort lié à un calendrier fixe pour réaliser l’objectif visant, pour les pays développés, à octroyer 0,7% de leur PNB à l’APD. Il a aussi souligné l’importance qu’il y a à respecter les engagements en faveur de l’accès aux marchés et plaider pour des partenariats plus forts entre le secteur public et le secteur privé pour renforcer l’accès aux médicaments à des prix abordables.
Le représentant a poursuivi en soulignant l’importance des programmes d’allègement de la dette. Il a aussi sollicité l’assistance des divers institutions, fonds et programmes des Nations Unies pour renforcer l’efficacité des activités de renforcement des capacités par l’apport d’un appui aux experts nationaux. Dans le même temps, il s’est prononcé pour la protection des connaissances traditionnelles.
L’accès à la technologie est essentiel à la fois pour l’éducation et la santé, a-t-il ajouté, en jugeant impérative la fourniture d’une assistance en la matière. Il a aussi dénoncé l’impact de la fuite des cerveaux et des maladies contagieuses comme le VIH/sida et la tuberculose sur les ressources humaines. Il a conclu en plaidant pour la consolidation de la coopération Sud-Sud et soulignant que la réalisation des objectifs de développement exige des gouvernements nationaux qu’ils assument la responsabilité de la mise en oeuvre des stratégies de développement avec la coopération de la communauté internationale, de la société civile et du secteur privé.
M. PETER SCHATZER, Directeur des relations extérieures à l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), a regretté que dans le contexte du développement durable, la question des migrants ne soit pas abordée plus en profondeur alors même qu’elle constitue une des préoccupations majeures de la communauté internationale. Il a salué l’initiative prise par l’ECOSOC de prendre en considération les problèmes rencontrés par les migrants dans l’approche plus globale du développement durable et de la valorisation des ressources humaines. La question des ressources humaines est étroitement liée à celle des migrations dans la mesure où dans de nombreux pays, les travailleurs migrants sont une source de richesse. Aussi, dans les pays en développement et dans les pays en transition, établir le lien entre les besoins en développement à l’échelle nationale et le capital économique que représentent les diasporas peut permettre de contribuer efficacement à la croissance économique, a jugé M. Schatzer.
Les ressources financières des migrants constituent un atout important pour le financement des actions de développement, a-t-il ajouté, soulignant en revanche le manque à gagner pour les pays en développement et en transition en matière de fuite du capital humain. L’exode touche en priorité les secteurs de l’éducation, de la santé et de l’agriculture a regretté M. Schatzer avant de mentionner l’approche innovante développée par l’OIM par le biais de l’initiative «Migration pour le développement en Afrique» qui permet d’assurer un lien économique et social entre les migrants et leur pays d’origine et d’optimiser leurs investissements. Il a recommandé à l’ECOSOC d’encourager une approche qui fasse des migrations un élément moteur du développement, tant pour les pays d’émigration que pour les pays d’immigration et a plaidé pour l’intensification des partenariats en cours avec des organismes comme le PNUD ou l’OIT.
M. KUSHEN (Médecins du monde) a attiré l’attention sur la nécessité de développer la capacité des bénéficiaires de soins à jouer un rôle actif dans l’amélioration des services de santé mis à leur disposition. Il est en effet regrettable que dans la plupart des pays du monde, les professionnels de la santé adoptent une attitude paternaliste envers leurs patients : la connaissance est du domaine des professionnels et le patient ignorant n’est pas considéré comme étant capable de participer activement à son propre traitement. Cet état de fait nuit au domaine de la santé publique et peut mener à la violation des droits des bénéficiaires des systèmes de santé. En matière de lutte contre le virus du sida, le représentant a insisté sur la nécessité d’éduquer les groupes marginalisés,
notamment les toxicomanes. L’expérience a montré que l’investissement dans l’éducation en matière de santé a donné des résultats probants. Par exemple, Médecins du monde mène actuellement avec succès une campagne d’information sur la santé reproductive auprès de la communauté Rom du Kosovo. Il résulte de cette campagne une augmentation de la demande d’accès à des services de santé qui à son tour permet d’accéder à une meilleure qualité de vie. Le représentant a en outre insisté sur la nécessité d’éduquer les personnes qui souffrent de troubles mentaux ou de maladies mentales chroniques. Elles manquent en effet souvent de connaissances et ne peuvent parfois pas donner leur consentement aux traitements qui les concernent. Dans de nombreux pays, ces personnes sont placées en institutions sans leur consentement et ne peuvent bénéficier d’aucune autonomie alors qu’elles pourraient jouer un rôle actif dans leur propre traitement et contrôler davantage leurs propres vies si les personnels de santé les y autorisaient.
Mme WRIGHT, de l’Association mondiale des guides et des éclaireuses, a rappelé l’importance de l’éducation non formelle, soulignant qu’elle permet d’inculquer des valeurs solides. Le monde change rapidement, l’éducation non formelle permet d’avoir confiance en soi et d’accepter les changements. Elle a rappelé que des milliards de jeunes ont pu profiter des programmes de l’association. Elle a demandé au Conseil de prendre en compte les pratiques et les cultures qui mettent en danger les jeunes filles, notamment concernant le mariage et la sexualité. Le monde relève de notre responsabilité à tous, pas seulement de celle des gouvernements.
M. M. MALITIKOV, Président de l’Association internationale «Znanie», a expliqué que cette organisation regroupe des scientifiques de tous les pays du monde. Il a plaidé pour l’éducation qu’il a présentée comme le facteur clé du développement durable. L’éducation, a-t-il affirmé, doit être conforme à l’ordre du jour du XXIè siècle dont un des principes est l’éducation permanente et la formation continue. Il a conclu en appelant à des investissements plus lourds dans l’éducation.
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