ECOSOC/6009

LE CONSEIL SAISIT L’URGENCE DE LA SITUATION MONDIALE DANS LES DOMAINES DE L’EDUCATION ET DE LA SANTE RECONNUS DESORMAIS COMME MOTEURS DE LA CROISSANCE ECONOMIQUE

02/07/2002
Communiqué de presse
ECOSOC/6009


Conseil économique et social

Session de fond de 2002

8et 9èmes séances plénières – matin et après-midi


LE CONSEIL SAISIT L’URGENCE DE LA SITUATION MONDIALE DANS LES DOMAINES DE L’EDUCATION ET DE LA SANTE RECONNUS DESORMAIS COMME MOTEURS DE LA CROISSANCE ECONOMIQUE


La place centrale de l’être humain dans les processus de développement a été reconnue par toutes les grandes conférences de l’ONU.  Quel élément nouveau le Conseil économique et social peut-il ajouter au débat? s’est interrogé le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales.  M. Nitin Desai s’exprimait dans le cadre du débat de haut niveau que le Conseil a poursuivi aujourd’hui sur le thème «mise en valeur des ressources humaines, notamment dans les domaines de l’éducation et de la santé, et sa contribution au développement».  A cette question, le Secrétaire général adjoint a apporté quatre éléments de réponse. 


Pour lui, le Conseil doit d’abord et avant tout créer un sentiment d’urgence car, a prévenu M. Desai, le rythme actuel des choses ne permettra pas d’atteindre les objectifs du Millénaire étant donné que l’accès à l’éducation est refusé à 120 millions d’enfants et celui à la santé à 2 milliards de personnes.  M. Desai a ensuite cité la nécessité d’intégrer les secteurs de l’éducation et de la santé dans les processus globaux de lutte contre la pauvreté, compte tenu du rôle reconnu de l’éducation et de la santé dans la croissance économique; celle de reconnaître les liens entre l’éducation et la santé, et entre ces secteurs et d’autres secteurs du développement humain; et celle d’admettre l’absence des ressources nécessaires.  Des engagements substantiels ont été faits et la nécessité de les respecter doit être répétée sans relâche. 


Les engagements pris dans la lutte contre le VIH/sida ont également été rappelés, ce matin, par le Directeur exécutif du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), M. Peter Piot.  Tout en reconnaissant le saut qualitatif de la réponse internationale, M. Piot a tout de même indiqué que son Programme ne dispose que de trois milliards de dollars par an alors qu’il faudrait 10 milliards de dollars par an pendant dix ans pour combattre le sida dans les pays à revenus moyens et faibles.  Citant le rapport d’analyse biannuel d’ONUSIDA qu’il a présenté, M. Piot a souligné que «la plus grande épidémie que l’humanité a connue, en termes absolus» pourrait provoquer la mort prématurée de 68 millions de personnes supplémentaires d’ici 2020.  En effet, moins de 4% des 28,5 millions de personnes atteintes en Afrique, 6,6 millions en Asie et dans le Pacifique, et 2 millions en Amérique latine et dans les Caraïbes, ont accès au traitement antirétroviral.  En Afrique, seuls 30 000 personnes recevaient un traitement en 2001.  Établissant aussi le lien entre éducation et santé, le Directeur exécutif d’ONUSIDA a plaidé pour la mise au point d’un «vaccin social» par l’éducation et la sensibilisation.  Le caractère fondamental de l’éducation sexuelle et des programmes de prévention a également été souligné par la Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) qui a aussi demandé un soutien politique et financier en faveur du Fonds.  La réalisation des objectifs en matière de santé représente 34 dollars par an et par personne, a souligné le Directeur exécutif de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).


Compte tenu des ressources limitées dont disposent les fonds, programmes et institutions spécialisées des Nations Unies, le processus de réforme des activités opérationnelles de développement et d’harmonisation des activités au niveau des pays doit être encouragé, a estimé le Secrétaire d’Etat au Ministère des affaires étrangères du Danemark.  Ce dernier, qui s’est exprimé au nom de l’Union européenne et des pays associés, a rappelé le rang de l’Union comme plus grand donateur de l’aide publique au développement (APD) et la volonté de plusieurs de ses membres de s’approcher de l’objectif visant à octroyer 0,7% du PNB à l’APD.  Soulignant ainsi l’adhésion de l’Union au Consensus de Monterrey et aux résultats de la quatrième réunion ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à Doha, le représentant a rappelé l’Initiative commerciale «Tout sauf les armes» à l’intention des pays les moins avancés avant de lier la volonté de l’Union européenne d’assurer la mobilisation des ressources financières aux fins du développement à celle des partenaires de développement de s’engager dans la voie de la bonne gouvernance, des institutions démocratiques, de la primauté du droit et des droits de l’homme.  Insistant sur les mêmes conditions, le représentant des Etats-Unis s’est félicité de l’initiative de la Banque mondiale dans le domaine de l’éducation aussi longtemps que la sélection des pays se fera sur la base de performances crédibles et en coordination avec les autres donateurs.


A cet égard, des délégations africaines ont attiré l’attention sur le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) en saluant la décision du G-8 d’y contribuer.  Il faut attendre davantage des pays les plus industrialisés, a estimé pour sa part le Vice-Ministre pour le développement international de la Norvège qui a souligné que l’approche orientée vers les résultats et les engagements financiers ne s’excluent pas mais doivent aller de pair.  A propos d’engagements, de nombreuses délégations ont rappelé ceux pris à la quatrième réunion ministérielle de l’OMC à Doha sur la mise en place d’un système commercial réellement juste et ouvert comme moyen de mobiliser des fonds aux fins du développement.  S’agissant de la dette extérieure, le représentant du Pakistan a rappelé que des programmes d’allègement bien menés pourraient dégager une somme de 78 milliards de dollars, soit bien plus que les sommes requises pour la réalisation des objectifs du Millénaire. 


Outre les intervenants déjà cités, ont pris la parole les Ministres, Vice-Ministres et représentants des pays suivants: Croatie, Mexique, Andorre, Ghana, Guatemala, Chili, République islamique d’Iran, Japon, Italie, Fédération de Russie, Cuba, Roumanie, Nigéria, Gambie, Namibie, Suède, République de Corée, Egypte, Chine, Bangladesh, Kenya, Pérou et Népal.  Le Directeur général pour le développement de la Communauté européenne et le Directeur du Fonds commun des produits de base ont également pris la parole.


Entre les deux séances du Conseil, une table ronde a été organisée sur le thème «Priorités de la santé en Afrique: sommes-nous dans la bonne direction pour atteindre les objectifs de développement du Millénaire dans le domaine de la santé?».


Le Conseil économique et social a, en outre, décidé de procéder à l’audition des ONG énumérées dans le document E/2002/74.  A cette liste, il faut ajouter «Human Rights Watch», qui fera une déclaration au nom de dix ONG, et «Asia Crime Prevention Foundation».


Demain, mercredi 3 juillet, le Conseil économique et social devrait achever son débat de haut niveau par l’adoption d’une déclaration ministérielle. 

LA MISE EN VALEUR DES RESSOURCES HUMAINES, NOTAMMENT DANS LES DOMAINES DE L’EDUCATION ET DE LA SANTE, ET SA CONTRIBUTION AU DEVELOPPEMENT


Déclarations liminaires


M. NITIN DESAI, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales et Secrétaire général du Sommet mondial pour le développement durable, a présenté le rapport pertinent du Secrétaire général paru sous la cote E/2002/46.  Il a souligné que l’accent mis sur les ressources humaines est le fil conducteur de toutes les grandes conférences internationales de l’ONU, notamment celle de Rio sur le développement durable.  Depuis Rio, a-t-il précisé, le thème directeur des conférences ultérieures a porté plus clairement sur l’importance centrale de l’être humain et la nécessité d’élaborer des politiques pour favoriser la justice sociale, l’égalité entre les sexes ou encore les droits de l’homme.  La Déclaration du Millénaire est venue, à son tour, concrétiser ce principe.


Depuis cette Déclaration, les questions relatives à la santé ont été abordées dans le cadre de conférences comme les sessions extraordinaires consacrées au VIH/sida ou aux enfants, a ajouté M. Desai avant de faire observer que l’une des questions est de savoir ce que l’on peut ajouter au débat.  Les buts et objectifs sont, en effet, déjà définis et il faut se demander ce que le Conseil économique et social peut faire pour assurer une valeur ajoutée à ce débat.  Apportant des éléments de réponse, le Secrétaire général a d’abord appelé le Conseil à créer un sentiment d’urgence.  Le rythme actuel ne permettra pas d’atteindre les objectifs du Millénaire, a-t-il prévenu en souhaitant des mesures plus rapides dans les domaines de l’éducation et de la santé, en particulier dans le domaine du VIH/sida.


Il faut ensuite, a-t-il poursuivi, intégrer ce qui a été fait dans les secteurs qui ont vu le jour dans le contexte de l’élimination de la pauvreté et notamment dans celui de la Conférence sur le financement du développement, qui s’était tenue du 18 au 22 mars à Monterrey.  C’est au niveau des pays que le défi doit être relevé.  Il faut, en fait, intégrer les secteurs de la santé et de l’éducation dans les processus de planification sectorielle lancés par le système des Nations Unies et par l’assistance bilatérale.


Il convient aussi, a encore dit M. Desai, de reconnaître les liens entre l’éducation et la santé, et entre ces secteurs et d’autres secteurs comme l’approvisionnement en eau potable.  Enfin, il faut admettre que les ressources nécessaires manquent pour appliquer les programmes au niveau des pays.  Des engagements substantiels ont été faits et il faut répéter sans relâche la nécessité de respecter les engagements pris, a-t-il conclu.


M. PETER PIOT, Directeur exécutif du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), a rappelé qu’il y a six ans, on ne savait pas encore que le sida deviendrait une épidémie si dévastatrice.  Il a souligné que l’épidémie de VIH/sida continue de progresser partout dans le monde, et nous ne sommes qu’au début de la plus grande épidémie dans l’histoire de l’humanité.  Nous ne sommes pas encore arrivés au point de saturation, le niveau d'arrêt de la maladie dépendra donc de la réaction des sociétés.  Il a fait remarquer que les Caraïbes sont la deuxième région la plus touchée par le VIH/sida.  Il a ensuite souligné les effets dévastateurs de la pandémie sur les pays les plus touchés.  Par

exemple, un million d’enfants en Afrique sont privés d’instituteurs qui sont morts du sida; on note également une baisse sensible de la production agricole.  Il a précisé que 730 000 personnes suivent actuellement un traitement, mais la répartition géographique de ce traitement est choquante.  En effet, en Afrique, seules 30 000 personnes sont traitées.  Moins de 4% de ceux qui ont besoin de traitement dans les pays à revenus moyens ou faibles en bénéficient.


M. Piot a en outre fait remarquer que nous entrons dans une nouvelle ère, car dans tous les pays du monde, les dirigeants prennent les choses en main.  Les ressources destinées aux programmes augmentent.  La solution réside dans des interventions à bas coûts, comme au Cambodge qui a ralenti la progression de la maladie ou au Sénégal et en Pologne qui ont pu la maintenir.  Il faut aussi mettre au point un «vaccin social».  L’éducation et la sensibilisation doivent viser toute la population, ce qui est le cas dans peu de pays.  Les pays à faible et moyen revenus ont besoin de 10 milliards par an.  Nous en sommes à 3 milliards: il y a donc encore beaucoup à faire.  Pour combler ce manque, il faut augmenter les ressources nationales et internationales d’environ 50% chaque année pour atteindre les objectifs fixés par l’Assemblée générale en 2005, a-t-il précisé.  Le VIH/sida annule, dans beaucoup de pays, les acquis et les efforts de développement.  Il a indiqué que si l’on ne peut pas maîtriser le sida, il faudra oublier bien des objectifs du Millénaire, car la lutte efficace contre le VIH/sida est une priorité.  La réponse internationale a cependant effectué un saut qualitatif en avant au cours de ces dernières années, a-t-il conclu.


Débat de haut niveau


Mme ZELJKA ANTUNOVIC, Vice-Premier Ministre de la Croatie, a estimé que le développement des ressources humaines implique un investissement en faveur des enfants.  En effet, si l’on n’investit pas dans les domaines de la santé et de l’éducation des jeunes, les générations futures seront privées des opportunités fondamentales de développement.  Nous lançons, par conséquent, un appel pour la mise en œuvre rapide et effective de la Déclaration et du Plan d’action récemment adoptés à l’issue de la session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée aux enfants.  La Croatie appuie en outre entièrement le renforcement du rôle du Conseil économique et social et ses efforts pour construire une culture de paix et poursuivre les objectifs de développement par une coopération étroite avec l’Assemblée générale, le Conseil de sécurité, les institutions de Bretton Woods et la société civile.


En ce qui concerne l’éducation, le Vice-Premier Ministre a fait savoir que son pays estime qu’il est essentiel que tous les acteurs concernés soient impliqués dans la réforme du système éducatif, à savoir les étudiants, leurs familles, les enseignants, la société civile, l’administration publique, le secteur privé mais également les médias.  La Croatie tente actuellement d’harmoniser sa législation en matière d’éducation avec les normes européennes afin que les principes de démocratie, de décentralisation, d’autonomie, de pluralisme et de mondialisation soient inclus à tous les niveaux de l’enseignement.  La décentralisation du système éducatif permettra en outre la croissance de nouveaux partenariats fondés sur le développement local.  Mme Antunovic a également insisté sur l’importance de l’apprentissage tout au long de la vie prenant place dans le secteur privé avec la coopération de partenaires sociaux.


Il est en outre essentiel, a-t-elle ajouté, de tenir compte de l’interdépendance entre le secteur de la santé et celui de l’éducation lorsque l’on élabore des politiques économiques et sociales.  Dans ce contexte, le Gouvernement croate a adopté un programme de santé pour la période 2000-2004 qui prévoit des mesures en faveur de la prévention des risques et d’un mode de vie plus sain.  Il est, à cet égard, important que le ministère de la santé et celui de l’éducation collaborent à l’élaboration de politiques en faveur du développement humain.  Une action coordonnée de la communauté internationale est également importante.  Les médias ont aussi un rôle important à jouer en matière de promotion d’un mode de vie plus sain et de prévention des risques.


M. CARSTEN STAUR, Secrétaire d’Etat au Ministère des affaires étrangères du Danemark, au nom de l’Union européenne et des pays associés, a souligné que la mise en valeur des ressources humaines, en particulier dans les domaines de l’éducation et de la santé, est une donnée essentielle du développement.  Il a jugé important que les pays aient la capacité d’atteindre les buts ambitieux définis notamment dans la Déclaration du Millénaire.  En la matière, l’appropriation nationale des politiques et programmes est essentielle.  La mise en valeur des ressources doit prendre la forme d’une approche holistique grâce à la participation et l’émancipation de chaque segment de la société, a-t-il dit.  Il est important, dans ce contexte, d’élaborer des plans sectoriels pour traiter les problèmes démographiques et de sexospécificité.


Les Ministres du développement de l’Union européenne, a-t-il indiqué, ont récemment réaffirmé l’importance de la santé génésique pour lutter contre la pauvreté, le VIH/sida, la mortalité maternelle et infantile ou encore les inégalités entre les sexes.  Ils ont souligné la nécessité d’appuyer le Programme d’action du Caire, adopté en 1994 à l’issue de la Conférence internationale sur la population et le développement.  Poursuivant, le représentant a convenu que la pandémie du VIH/sida exige que davantage de ressources soient mobilisées.  L’effet négatif de cette pandémie sur la mise en valeur des ressources humaines est particulièrement dévastateur, a-t-il souligné avant d’indiquer que le Plan d’action de l’Union européenne propose des interventions concrètes dans les domaines du VIH/sida, de la tuberculose et du paludisme. 


En la matière, a estimé le représentant, l’éducation est le facteur le plus puissant.  Le représentant a ainsi appuyé le Plan d’action du Forum mondial de l’éducation qui s’est tenu à Dakar.  Reconnaissant le lien entre éducation et santé, en invoquant par exemple l’impact du VIH/sida sur l’éducation, il a estimé que la capacité des institutions nationales ne suffit toujours pas à relever les défis.  Le développement des capacités va au-delà des ressources humaines, a-t-il souligné, et vise à permettre à chaque être humain d’apporter sa contribution à la société.  Il faut donc promouvoir l’intégration des politiques sociales et économiques. 


L’Union européenne, a affirmé le représentant, entend rechercher des mesures concrètes et réalistes pour réduire la pauvreté, améliorer la productivité et encourager le développement national.  Se félicitant de la tenue prochaine du Sommet mondial sur la société de l’information, il a voulu que ce soit l’occasion de discuter de l’impact des nouvelles technologies sur l’éducation et la santé avec l’OMS et l’UNESCO.  Il a ensuite fait part des mesures prises par l’Union dans le domaine de la mobilisation des ressources aux fins du financement.  Il a ainsi cité l’Initiative «Tout sauf les armes», l’assistance au renforcement des

capacités commerciales des pays du Sud et l’augmentation de l’Aide publique au développement (APD) décidée par plusieurs membres de l’Union européenne.  Mais, a-t-il prévenu, le succès de ces efforts dépendra de la volonté des partenaires de développement de s’engager dans la voie de la bonne gouvernance, des institutions démocratiques, de la primauté du droit et des droits de l’homme.  Le représentant a conclu en fixant comme rendez-vous le Sommet mondial pour le développement durable.


M. JULIO FRENK MORA, Ministre de la santé du Mexique, a souligné la valeur intrinsèque de la santé et de l’éducation tout en rappelant qu’elles ont aussi une valeur de croissance économique.  Il a ajouté que les pays pauvres sont confrontés à des retards et aussi à des risques d’urbanisation.  Au Mexique, la formule retenue englobe une politique économique et sociale, la prise en compte des relations entre les différents secteurs sociaux, et celle des relations entre le Gouvernement et la société civile afin de remplacer la vision traditionnelle d’assistance par le concept de responsabilité commune.  Il a énuméré les mesures mises en place dans son pays, comme le transfert de revenus aux familles par des bourses plus importantes pour les filles que pour les garçons, la promotion d’une meilleure alimentation, le lancement de programmes s’adressant aux femmes pour assurer l’égalité entre les sexes, la mise en place d’un programme de sécurité sociale élargie.  La ressource naturelle d’un pays se trouve dans les esprits et les mains de sa population, a-t-il conclu.


M. JULI MINOVES-TRIQUELL, Ministre des affaires étrangères de la Principauté d’Andorre, a fait remarquer que la santé et l’éducation sont les paramètres principaux du développement humain.  Le niveau d’investissement dans les domaines de la santé et de l’éducation a un impact direct sur le niveau du capital humain et à long terme sur le niveau général de développement.  Parallèlement, un bon niveau d’éducation promeut le développement humain, réduit les inégalités et à long terme atténue la pauvreté.  Cependant, les investissements en matière de santé et d’éducation doivent être soutenus de façon complémentaire.  En effet, il a par exemple été constaté que le niveau d’éducation de la mère affecte directement le niveau du bien-être de l’enfant.  Les efforts des politiques nationales dans les secteurs de la santé et de l’éducation doivent recevoir aussi l’appui ferme de la communauté internationale, notamment par le biais de la coopération internationale aussi bien dans le domaine de la recherche que dans le domaine du financement du développement.  Dans le domaine de la santé, Andorre se réjouit de la création du Fonds mondial pour le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme et, dans le domaine de l’éducation, de la création par le G-8 d’un groupe de travail chargé d’étudier les mesures à prendre pour réaliser les objectifs pris à Dakar.


Le Ministre a également insisté sur la menace constante que font peser les conflits armés sur la réalisation complète de la synergie de la mise en valeur des ressources humaines et sa contribution au processus de développement.  C’est pourquoi, la prévention des conflits est la condition préalable au bon fonctionnement des politiques visant les ressources humaines.  Il faut éduquer les enfants dans l’amour de la paix, les familiariser avec les droits de l’homme et surtout leur garantir la scolarisation en les maintenant à l’écart des conflits.  Il faut soutenir les idéaux de la jeunesse envers la paix en favorisant une culture qui valorise les droits de l’homme et rejette les intolérances.  Il faut enfin renforcer les institutions internationales visant à garantir la paix et à assurer la promotion des droits de l’homme.


M. KWESI NDUOM, Ministre de la planification économique et de l’intégration régionale du Ghana, a imputé la situation mondiale dans le domaine de l’éducation et de la santé au manque de volonté politique et des ressources nécessaires.  De son côté, a-t-il affirmé, le Ghana entend continuer à consacrer une large part de son budget aux secteurs sociaux.  La responsabilité de la communauté internationale, de l’avis du Ministre, est essentielle à la création d’unenvironnement conforme aux résultats de Dohaet de Monterrey.  Dans ce cadre, il a souligné l’importance de l’appui technique pour notamment permettre aux pays en développement d’intégrer les mesures politiques nécessaires au développement durable.  Pour intégrer ces politiques, il faut aussi, a ajouté le Ministre, que les pays en développement bénéficient de l’accès aux marchés et de l’allègement de leur dette.  Le représentant a donc dénoncé les subventions agricoles pratiquées par les pays du Nord au moment même où les pays du Sud se sont engagés dans les réformes libérales.  Il s’est donc félicité de la réponse du G-8 au Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD).


M. JULIO CESAR OVANDO CARDENAS, Vice-Ministre de la santé publique et de l’assistance sociale du Guatemala, a fait remarquer que les défis rencontrés en matière d’éducation et de santé sont particulièrement difficiles dans une société pluriculturelle, pluriethnique et multilingue telle que celle du Guatemala.  Au nombre des programmes menés dans son pays figurent notamment le programme pour l’amélioration des services de santé, l’élargissement de la couverture médicale, le programme de santé reproductive, le programme national d’immunisation, en particulier contre la rougeole et la rubéole, le programme de promotion de l’accès aux médicaments, le programme de nutrition, le programme de nutrition consécutif à la sécheresse et la famine de septembre 2001, et le programme de développement de ressources humaines.


Le Vice-Ministre a rappelé la loi générale concernant le VIH/sida qui considère cette maladie comme un problème social d’urgence nationale.  Il a mentionné le Fonds mondial de lutte contre le VIH/sida, la tuberculose et la malaria qui constitue un exemple remarquable de coopération et d’association pour le développement, en appelant à des contributions stables et prévisibles.  Il a également souligné l’engagement de son pays dans le domaine de l’éducation par une réforme dont le point central est la revitalisation de l’éducation publique à différents niveaux.


M. JAVAD ZARIF, Vice-Ministre des affaires étrangères de la République islamique d’Iran, a estimé que le Conseil économique et social (ECOSOC) et les autres organes des Nations Unies devaient se concentrer davantage sur les questions de transfert de technologies et de connaissances afin de renforcer les capacités dans les pays en développement.  A cette fin, il a exhorté les Nations Unies à définir des programmes de développement de stratégies nationales reposant sur cette dynamique des transferts technologiques et a prôné un nouveau partenariat entre pays développés et pays en développement afin d’atteindre les objectifs de développement.  Regrettant que jusqu’à présent le système des Nations Unies ne soit pas parvenu à mobiliser les ressources nécessaires et suffisantes, le Vice-Ministre a souhaité que la récente Conférence internationale sur le

financement du développement marque un tournant et que le Consensus de Monterrey permette de parvenir à des mesures concrètes et à un engagement des Etats et des organisations internationales.  M. Zarif a rappelé ensuite que, dans la perspective du Sommet de Johannesburg, il fallait bien garder à l’esprit que les questions de santé publique, de lutte contre la mortalité infantile et maternelle, et de lutte contre les maladies infectieuses, demeurent essentielles pour parvenir à un développement durable et réduire la pauvreté d’ici à 2015.  Il a également mentionné les questions d’éducation ainsi que la mise en oeuvre d’Action 21 comme des points essentiels qui devront aboutir à des mesures concrètes à Johannesburg.


Le Vice-Ministre a pris l’exemple de son pays, la République islamique d’Iran, où des mesures ont été prises dans les domaines de l’éducation et de la santé dans le cadre du développement des ressources humaines, mesures qui se sont concentrées en priorités sur les zones rurales et les zones les plus vulnérables du pays.  Des mesures ont également été prises dans les domaines des échanges commerciaux et notamment la levée des barrières douanières non tarifaires, ou encore l’harmonisation des taux de change au plan national et le remboursement d’une part importante de la dette.  Il a salué le concours des organisations internationales et a exprimé la disponibilité de l’Iran à partager son expérience avec d’autres pays en développement dans le cadre de la coopération Sud-Sud.  Il a exhorté la communauté internationale à créer un environnement international propice à la croissance et au développement économique durable en s’attaquant avec force à tous les obstacles posés.


M. MASAHIRO IMAMURA, Secrétaire parlementaire aux affaires étrangères du Japon, a souligné que la consolidation des nations est fondée sur le développement des ressources humaines.  Le Japon, a-t-il dit, a toujours attaché une grande importance à l’éducation et à la santé et durant les premiers stades de son développement, le pays a fondé sa politique sur l’éducation de base.  Cette tendance perdure et dans le domaine de la santé, des efforts ont été faits pour augmenter le nombre de médecins mais aussi introduire des soins de santé publique dans chaque ville et village.  Le lien entre éducation et santé est une réalité au Japon qui a renforcé l’éducation en matière d’hygiène dans les écoles.


Les efforts dans ce cadre n’exigent pas de ressources financières considérables.  Chaque pays peut mettre au point des mesures novatrices et créatives que le Japon est prêt à appuyer.  Le pays a d’ailleurs apporté un appui d’un milliard de dollars à des programmes d’assistance concrets.  Le Japon contribue aussi à ONUSIDA.  En matière d’éducation, le Japon a, par exemple, participé à hauteur de 40% du coût total du programme «Education pour tous» en Afghanistan.  Le représentant a conclu en plaidant pour une augmentation de l’Aide publique au développement (APD).


M. ALFREDO MANTICA, Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Italie, a estimé que cette session était l’occasion de témoigner du rôle actif que peut et doit jouer le Conseil économique et social (ECOSOC) dans la lutte contre la pauvreté et comme pierre angulaire des objectifs du Millénaire.  Au-delà de la priorité accordée aux questions de ressources humaines, de santé et d’éducation dans le cadre de la stratégie à adopter pour le développement, M. Mantica a ajouté celle de la lutte contre la faim.  Malnutrition, maladies et analphabétisme sont la cause, et pas seulement les effets de la pauvreté qui affecte des milliards d’êtres humains, a-t-il ajouté avant d’insister sur les conclusions du Sommet sur la sécurité alimentaire qui s’est tenu à Rome, le mois dernier.


Le Vice-Ministre a rappelé les quatre facteurs complémentaires qui sont essentiels pour que l’Europe et les Etats-Unis s’engagent à augmenter leur aide publique au développement, à savoir des réformes structurelles des pays industrialisés afin d’atteindre un taux de croissance mondial plus fort, une mise en oeuvre ponctuelle des engagements de Doha sur l’ouverture du commerce, y compris dans le domaine agricole, une accélération et si possible une extension du processus de remise de la dette et enfin un climat de bonne gouvernance plus favorables aux investissements productifs dans les pays en développement. 


M. Mantica a souhaité que les ressources dégagées par la remise de la dette dans le cadre des programmes stratégiques de réduction de la pauvreté (PRSP) soient utilisées prioritairement dans les domaines de l’éducation et de la santé ainsi que dans le renforcement des ressources humaines.  Il a prôné le renforcement du partenariat entre les secteurs public et privé, notamment dans le cadre du Fonds mondial pour la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.  Il a également mentionné l’objectif visant à assurer l’enseignement primaire pour tous d’ici à 2015 et l’engagement pris par les pays du G-8 à Kananaskis (Canada) de consentir un effort supplémentaire dans ce domaine.  Il a invité les pays en développement à consacrer des ressources financières importantes à l’éducation primaire à hauteur de 10% au moins de leurs budgets nationaux.  Il a également fait part des initiatives prises, notamment au sein du G-8, pour réduire le fossé numérique et augmenter la capacité d’accès des pays en développement aux nouvelles technologies informatiques.


M. U.V. FEDOTOV, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Fédération de Russie, a estimé que des actions combinées et efficaces aux niveaux international, régional et national sont nécessaires en matière de santé et d’éducation.  Malgré les difficultés dues aux transformations structurelles dans le pays, le système d’éducation de la Russie conserve son potentiel élevé.  Il a mentionné le Plan national d’éducation pour tous qui se concentre sur la modernisation du système d’éducation russe tout entier.  Il a également indiqué que le Parlement russe examine actuellement le projet de loi sur des normes visant à améliorer la qualité de l’éducation générale.  L’enseignement à distance est aussi pris en considération.  Il faut aussi tenir compte du fossé numérique.  Le Vice-Ministre a rappelé la préoccupation de son pays concernant l’enseignement, dans leur langue maternelle, des Russes à l’étranger.


En matière de santé, M. Fedotov a fait remarquer que le Président Poutine a attiré l’attention sur la nécessité de mettre en place un système d’assurance médicale sur l’ensemble du pays.  Parmi les objectifs prioritaires figurent la facilitation de l’accès aux médicaments de base et aux soins de santé primaires pour les classes sociales les plus défavorisées. Dans le cadre de la lutte contre les maladies les plus graves, la Fédération de Russie appuie le Fonds international de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.  En conclusion, il a estimé que le développement des ressources humaines est un instrument efficace pour atteindre les objectifs du Millénaire mais il faut une démarche complexe, plurisectorielle où les questions sociales peuvent être liées au développement économique.


M. ABELARDO MORENO, Vice-Ministre des affaires étrangères de Cuba, estimé impossible de concevoir l’avenir du monde sans garantir la mise en valeur des ressources humaines.  Dans le cadre de l’ONU, a-t-il convenu, des étapes importantes ont été effectuées mais qu’est-il advenu de l’objectif de l’éducation pour tous formulé durant le Forum mondial sur l’éducation à Dakar.  En Amérique latine, a indiqué le représentant, 20 millions restent en dehors des circuits scolaires et aujourd’hui encore, 2 milliards de personnes n’ont toujours pas accès à des médicaments essentiels.  L’abîme entre riches et pauvres ne cesse de se creuser et il faut bien constater que l’ordre économique mondial a condamné au sous-développement 75% de la population mondiale.  Il s’agit là du système d’exploitation et de mise à sac le plus cruel de l’histoire.


Le processus de néocolonialisme économique et de la mondialisation néolibérale n’a pu que pérenniser les inégalités, a poursuivi le représentant avant de souligner qu’au cours de la dernière décennie, le monde a assisté à un recul important de l’aide publique au développement (APD).  En 2000, l’APD ne représentait que 0,22% du PNB alors que l’objectif est de 0,7%.  Aujourd’hui, a-t-il encore dit, des pays vont même jusqu’à contester les engagements pris dans le passé.  Le problème croissant de la dette continue, de même que les échanges commerciaux inégaux et le manque d’accès aux nouvelles technologies.  Dans de telles circonstances, le développement des ressources devient un problème complexe, a conclu le représentant avant de faire part des succès enregistrés par son pays dans le domaine de l’éducation et de la santé et dans le domaine de la coopération internationale liée à ces secteurs.


M. RADU MIRCEA DAMIAN STATE, Secrétaire au Ministère de l’éducation et de la recherche de la Roumanie, a estimé que les soins de santé doivent être accessibles à tous.  Il a fait remarquer que le financement du système de santé a augmenté en Roumanie et a mentionné entre autres le Programme de santé communautaire, le programme d’immunisation, le Programme de prévention et de contrôle des maladies non infectieuses et le Programme de la santé de la famille et des enfants qui tente notamment de réduire la mortalité infantile, de faire baisser le nombre d’avortements.  La formation des médecins est aussi une priorité pour qu’elle soit adaptée aux directives de l’Union européenne.


M. State a ensuite souligné que le rôle crucial de l’éducation est reconnu par la loi en Roumanie.  L’éducation est essentielle pour assurer le développement durable.  Il incombe au Gouvernement roumain de la garantir: elle est de ce fait considérée comme un bien commun.  Elle est gratuite et obligatoire jusqu’au niveau secondaire.  La participation de l’éducation privée devient de plus en plus courante.  M. State a indiqué qu’une nouvelle stratégie a été appliquée aux écoles normales pour améliorer la formation des enseignants.  Des programmes spéciaux en faveur des groupes désavantagés sont mis en place, notamment pour les Roms afin d’éliminer l’exclusion sociale.  Les enfants de la rue, les personnes temporairement privées de liberté peuvent aussi bénéficier de programmes particuliers.


M. OLAV KJORVEN, Vice-Ministre pour le développement international de la Norvège, a indiqué que son Gouvernement a choisi l’éducation comme la priorité de ses efforts de coopération pour le développement au motif que l’éducation est aussi un moyen de réaliser tous les autres objectifs de développement.  En la matière, a fait valoir le Vice-Ministre, il convient d’abord d’examiner les priorités, les plans et les pratiques des pays en développement et de voir la place qu’occupe l’éducation dans les stratégies nationales de réduction de la

pauvreté.  Il faut, à cet égard, contribuer au renforcement des capacités au niveau national.  Il faut ensuite, a estimé le Vice-Ministre, évaluer le type d’appui que les pays en développement reçoivent dans le domaine de l’éducation.  Troisièmement, il faut recourir davantage à une approche orientée vers les droits.  Le droit à l’éducation est un des droits de l’homme les plus fondamentaux, a insisté le Vice-Ministre en considérant qu’il faut enfin fournir davantage de ressources. 


A ce propos, il a fermement appuyé l’Initiative que la Banque mondiale met au point avec l’UNESCO, l’UNICEF et plusieurs donateurs bilatéraux.  La Norvège, a poursuivi le représentant, appelle tous les donateurs à s’assurer qu’aucun pays qui s’engage réellement en faveur de l’éducation et de la santé ne voit pas ses efforts compromis par un manque de ressources financières.  Se félicitant de l’engagement du G-8 de lutter contre la pauvreté, il a estimé qu’il faut attendre davantage des pays les plus industrialisés.  L’approche orientée vers les résultats et les engagements en matière de ressources financières ne s’excluent pas.  Ils doivent aller de pair, a insisté le représentant en voulant que la pression soit maintenue sur les pays développés pour les forcer à consacrer 0,7% de leur PNB à l’APD.  Pour sa part, a-t-il indiqué, la Norvège accroîtra son APD à 1% du PNB d’ici 2005.  Actuellement, le pays consacre plus de 10% de cette aide à la santé et a décidé d’accroître la part de l’éducation en la faisant passer de 8% à 15% d’ici 2005.


Mme THORAYA A.OBAID, Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a fait remarquer qu’aucun pays ne peut rester fort et prospère sans l’éducation des citoyens.  Et l’investissement en faveur des femmes est l’un des plus payants.  Aujourd’hui, beaucoup de pays manquent de ressources, de services de base, cela est aussi vrai pour les femmes et cela entraîne des résultats tragiques.  La mauvaise santé des mères est en effet une cause importante de mortalité et occasionne un coût énorme pour les familles et la société.  Elle a rappelé que la communauté internationale a fait des femmes du monde une priorité essentielle, pour réduire la mortalité maternelle et l’inégalité entre les sexes.  Elle a également souligné que beaucoup de femmes qui ne veulent plus avoir d’enfants ou repousser les naissances n’ont pas accès aux services de planification.  A ce jour, 20 % des couples des pays en développement voudraient ainsi espacer les naissances.


La Directrice exécutive du FNUAP a ensuite indiqué que la moitié des nouvelles victimes du VIH/sida sont des jeunes.  Ils sont les plus vulnérables mais représentent aussi le meilleur espoir de renverser la tendance.  L’éducation sexuelle et des programmes de prévention sont fondamentaux pour stopper la progression du sida.  Les femmes et les couples qui ont accès à la planification ont moins d’enfants et consacrent plus d’argent à chaque enfant.  Les pays développés qui ont investi dans les domaines de la santé et l’éducation ont enregistré une croissance économique supérieure à ceux qui ne l’ont pas fait.  Pour conclure, elle a demandé un soutien politique et financier en faveur du FNUAP.  En réduisant les ressources de ce Fonds, on porte atteinte aux populations dont il s’occupe.



M. JACOBUS RICHELLE, Directeur général pour le développement de la Commission européenne, a salué les progrès intervenus du côté des bailleurs de fonds qui sont parvenus à adopter des stratégies de réduction de la pauvreté complémentaires et cohérentes axées notamment sur l’éducation, la santé et les ressources humaines.  Cependant, il a rappelé que l’appropriation des programmes de développement est une des conditions premières pour en assurer la durabilité et a rappelé également les mesures agréées, au sein du Conseil économique et social (ECOSOC) pour harmoniser les politiques et développer les échanges de vues entre pays développés et pays en développement mais qui n’ont pas été suivies d’effets.  M. Richelle a estimé que les faibles progrès enregistrés dans la mise en oeuvre des politiques étaient dus à une mauvaise coordination entre partenaires de développement qui ne sont pas parvenus à répondre aux attentes des populations des pays en développement dans les domaines de la santé, de l’éducation et en matière de renforcement des capacités en ressources humaines.  Les structures de gouvernance sont parfois inadaptées aux enjeux, a-t-il ajouté, avant de suggérer l’adoption d’approches intégrées relatives à la lutte contre la pauvreté et au développement durable.


M. Richelle a estimé que les mesures prises dans ces domaines sensibles devaient être concertées entre partenaires nationaux et bailleurs de fonds et viser à associer la société civile et le secteur privé au sein de partenariats.  Il a prôné le renforcement des capacités nationales des pays en développement afin de favoriser le dialogue sur les programmes mis en oeuvre en matière de développement durable.  M. Richelle a déclaré que la Commission européenne s’investissait déjà dans les pays en développement pour permettre aux populations locales de se réapproprier les projets de développement.  Il a suggéré que des mesures soient prises pour soutenir les processus de décentralisation, pour encourager la participation de la société civile aux débats sur les choix de gouvernance, et pour harmoniser les procédures et initier un système de données qui permettront de suivre l’évolution des programmes de développement durable.  Enfin, il a prôné une approche à la fois régionale et mondiale en matière de renforcement des capacités institutionnelles pour le développement et plaidé en faveur d’un accroissement de l’aide publique au développement dans les secteurs de la santé et de l’éducation.


M. ROLF W. BOEHNKE, Directeur du Fonds commun des produits de base, a souligné que sans une assise économique solide, il ne saurait être possible de financer les services sanitaires, la santé et l’éducation.  D’un autre côté, la croissance économique ne peut se réaliser sans une population éduquée, bien formée et en bonne santé.  L’économie, la santé et l’éducation sont les différents aspects d’un même problème.  Les projets du Fonds commun des produits de base traite, en conséquence, du triangle de la viabilité économique, de la responsabilité sociale et de la durabilité écologique.  Il est temps de traduire les déclarations en résultats concrets, a conclu le Directeur du Fonds en assurant que son organisme est disposé à travailler en étroite collaboration avec les partenaires nationaux et internationaux.


M. BABALOLA BORISHADE, Ministre de l’éducation du Nigéria, a attiré l’attention du Conseil sur les enseignements qu’il faut tirer des processus de développement.  Il a mis l’accent, ce faisant, sur la situation de son pays où, a-t-il dit, malgré les meilleures intentions, les résultats se sont révélés mitigés voire décevants.  Le PNUD, a-t-il poursuivi, range le Nigéria au 136ème rang dans son rapport de 2001 sur le développement humain.  Mais, a rétorqué le Ministre, le concept du développement est beaucoup trop complexe et beaucoup trop profond pour être objectivement reflété par un index composite et même par une série d’indicateurs statistiques détaillés. 


En plus, la méthode de catégorisation suppose une uniformité du développement durable.  Selon le Ministre, la vérité est que les efforts ne peuvent être évalués et l’ampleur des partenariats appréciée si les défis historiques et idéologiques sont ignorés.  De plus, seul un processus de développement conforme aux conditions socioéconomiques et politiques d’une nation peut être durable.  C’est l’essence même de l’appropriation nationale et il faut se féliciter que les partenaires du développement aient désormais commencé à tenir compte de ces principes.  Il reste à espérer que le personnel international sur le terrain adhère également à ce nouvel esprit, a souhaité le Ministre.


Faisant part des initiatives de son pays dans les secteurs de l’éducation et de la santé, le Ministre nigérian de la santé a reconnu que la tâche à accomplir reste considérable en citant comme obstacles l’absence de ressources financières, la dette extérieure, le manque d’accès aux marchés, la fuite des cerveaux et le coût élevé des médicaments.  Dans ce cadre, il a accueilli avec satisfaction la volonté commune du G-8 de contribuer au développement des ressources humaines.  L’Afrique, a-t-il conclu, a besoin de partenariats et de ressources financières.


Mme ANN THERESE NDONG-JATTA, Secrétaire d’Etat de l’éducation de la Gambie,a attiré l’attention sur le lien entre la croissance économique et le développement social et économique d’une part et les taux élevés d’alphabétisation, de couverture médicale et d’accès aux soins, de productivité, de santé d’autre part.  Elle a estimé que si nous ne sommes pas capables de développer les ressources humaines dans les pays en développement, il sera impossible d’atteindre les objectifs de développement du Millénaire.  La plus grande partie de ce que peuvent faire les pays en développement, a-t-elle fait observer, dépendra de la bonne volonté de leurs partenaires de développement de la communauté internationale.  Elle a souhaité un renforcement de la coopération Sud-Sud.  En outre, Mme Ndong-Jatta a demandé que l’on recherche des moyens novateurs et efficaces visant à réduire l’illettrisme dans le monde entier et accroître les connaissances et les compétences au sein des populations les moins favorisées.  Elle a aussi jugé urgent de préparer beaucoup d’enseignants dans les pays en développement et a reconnu que l’Université «Portes ouvertes» promet beaucoup et devrait donc être soutenue.


Ensuite, la Secrétaire d’Etat gambienne pour l’éducation a expliqué le coup fatal qui a été porté à l’enseignement universitaire en Afrique, rappelant les fortes pressions exercées par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international pour canaliser les ressources sur l’éducation primaire, alors qu’il fallait qu’autant de jeunes que possible puissent profiter et du primaire et du secondaire.  Des millions de dollars ont été consacrés à de mauvaises politiques.  Les décideurs des politiques dans les pays en développement sont peut-être pauvres mais ne sont pas inintelligents, a-t-elle fait remarquer, ajoutant que les nouveaux partenariats doivent se fonder une nouvelle attitude. 


En matière de santé, Mme Ndong-Jatta a estimé que l’absence de main d’oeuvre bien formée impose des contraintes supplémentaires.  Plusieurs pays africains se sont lancés dans des programmes onéreux de formation de personnel médical, mais ceux-ci partent ensuite travailler ailleurs, faute d’emploi dans leurs pays.  La situation économique a poussé de plus en plus d’Africains à recourir aux systèmes de santé traditionnels, surtout dans les campagnes.  C’est pourquoi, a-t-elle estimé, il faudrait renforcer ces systèmes traditionnels.


M. HANNO RUMPF, Secrétaire permanent de la Commission de la planification nationale de la Namibie, a souligné que les défis auxquels est confronté son pays dans les domaines du développement humain, de l’éducation et de la santé sont nombreux; l’un des principaux étant la pandémie du VIH/sida.  L’évaluation de cette pandémie ne peut se limiter aux secteurs de l’éducation et de la santé.  Financièrement, a indiqué le Secrétaire permanent, la lutte contre le VIH/sida détourne des fonds des autres programmes nationaux, y compris ceux du Ministère de la santé.  Du point de vue de l’éducation, l’impact du VIH/sida se manifeste par la perte des enseignants et des éducateurs, l’absentéisme du personnel affecté et le grand nombre d’orphelins.  A l’heure actuelle, la mise en valeur des ressources humaines ne peut être que limitée en Namibie, a admis le Secrétaire permanent.


La mise en valeur de ces ressources n’est pas seulement compromise mais, dans la plupart des cas, les acquis ont été anéantis par l’impact du VIH/sida.  Dans l’état actuel des choses, les efforts nationaux ne pourront porter leurs fruits en l’absence d’une assistance soutenue de la part de la communauté internationale.  La Namibie appelle donc à une fourniture gratuite des antirétroviraux et à d’autres formes d’aide pour lutter contre la pandémie du VIH/sida.  En concluant, le Secrétaire permanent a aussi appelé à un appui ferme en faveur du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) qui, selon lui, doit développer des objectifs significatifs de mise en valeur des ressources humaines et notamment formuler des mesures et des programmes de lutte contre le VIH/sida. 


Mme GUN-BRITT ANDERSSON, Secrétaire d’Etat, Ministère des affaires étrangères de la Suède, a souligné que les objectifs de développement du Millénaire peuvent apparaître ambitieux, mais elle a fait remarquer qu’en réduisant la pauvreté de moitié seulement, nous aurons failli pour l’autre moitié.  C’est pourquoi, il est fondamental de les atteindre et de passer maintenant à l’action.  Une éducation améliorée contribue à une bonne santé et vice versa.  Elle a souligné que l’on ne met pas suffisamment l’accent sur l’éducation des filles.  Les femmes ayant été à l’école envoient leurs enfants à l’école.  Les taux de mortalité maternelle et infantile au sein de ce groupe sont plus faibles.


La Secrétaire d’Etat s’est dite en faveur de la suppression de toute tradition de barrière culturelle rendant plus difficile la possibilité pour les filles d’aller à l’école.  Elle a jugé absolument nécessaires les stratégies nationales en matière d’éducation et de santé.  A cet égard, les Nations Unies ont un rôle fondamental à jouer pour promouvoir les objectifs de développement du Millénaire.  Les programmes d’éducation et de santé mériteront toujours une assistance financière.  Chaque enfant a droit à une éducation de qualité, a souligné Mme Andersson, tout en estimant que cela ne suffit pas.  Il faut assurer les moyens nécessaires qui peuvent contribuer à l’éradication de la pauvreté et au développement durable.


M. SUN JOUN-YUNG (République de Corée) s’est dit fermement convaincu que la mise en valeur des ressources humaines par l’éducation et la santé est fondamentale pour la réalisation des objectifs de développement économique global.  Les investissements dans les domaines de l’éducation et de la santé doivent être perçus comme un investissement direct dans la croissance économique, a-t-il insisté.  L’engagement de la communauté internationale en faveur de l’éducation primaire pour tous peut assurer le progrès social dans le monde en développement.  L’amélioration et la formation des enseignants, la collecte de données sur les écoles et la mise au point de programmes éducatifs répondant aux demandes actuelles sont essentielles pour réaliser le développement humain, a dit le représentant.


Les programmes d’alimentation scolaire peuvent aussi, a-t-il ajouté, améliorer la santé des enfants tout en augmentant les taux d’inscription.  L’éducation comme «vaccin contre le VIH/sida» est un autre aspect qui vient monter l’importance de l’éducation, a insisté le représentant.  Les initiatives en la matière, a-t-il souligné, n’exigent pas un engagement financier élevé.  Dans le contexte de la nouvelle économie fondée sur le savoir, il ne faut pas oublier le rôle des nouvelles technologies de l’information et de la communication.  Compte tenu de leurs coûts, il revient aux pays développés de trouver des moyens novateurs pour fournir une assistance technique aux pays du Sud.  Les pays développés devraient aussi aider les pays du Sud à trouver les ressources nécessaires au développement conformément au Consensus de Monterrey.  En outre, une coopération Sud-Sud doit être promue de façon à ce que l’échange d’expériences similaires permettent de réelles avancées, a conclu le représentant.


M. AHMED ABOUL GHEIT (Egypte) a jugé inutile de mettre sur pied des établissements scolaires si l’on ne peut garantir des soins de santé pour les élèves, ni permettre aux parents de lire les prescriptions médicales.  Il a fait observer que de nombreux pays en développement constatent une détérioration du niveau d’enseignement et une augmentation du taux de mortalité parmi les enfants.  Il faut faire face à toutes les maladies et en faire l’axe de développement dans toutes les sociétés.  Il a en outre jugé étonnant que les pays les moins développés ne puissent pas garantir plus de 15 dollars en dépenses annuelles de santé par individu, alors que ces dépenses atteignent 2 000 dollars par individu dans les pays développés. 


S’il y a bien une attention sincère d’atteindre les objectifs de développement annoncés au niveau international, il faut alors augmenter l’aide officielle au développement, en particulier pour les services de santé.  En ce qui concerne l’éducation, le représentant a notamment fait remarquer l’importance croissante de l’enseignement secondaire et la nécessité d’y accorder des ressources suffisantes.


M. WANG YINGFAN (Chine) a estimé que la promotion de la mise en valeur des ressources humaines exige un nouveau concept de développement.  En effet, le développement devrait désormais se fonder sur le principe selon lequel l’être humain est mis au centre de toute action.  Le développement, a poursuivi le représentant, doit aussi viser à améliorer la qualité de vie des populations par l’éducation et la capacité à s’adapter à la mondialisation et aux nouvelles technologies de l’information et de la communication.  De plus, la promotion de la mise en valeur des ressources humaines doit viser à améliorer la santé des populations.  Un système de santé fondé sur le principe de la santé pour tous est le meilleur moyen de briser le cercle vicieux de la pauvreté et de la maladie, a souligné le représentant. 


En outre, la promotion de la mise en valeur des ressources humaines doit conduire à la mise au point d’un système éducatif permanent et orienté vers les besoins de la société.  La promotion de cette mise en valeur doit encore conduire à une coopération internationale renforcée pour accélérer le renforcement des capacités, combler le fossé entre le Nord et le Sud et promouvoir un développement coordonné.  Les pays développés doivent également mettre tout en oeuvre pour combler le fossé numérique, accélérer la mise en place de réseaux d’information et de communication, fournir une assistance technique, partager les connaissances et améliorer la qualité de vie de la population active.


M. SICHAN SIV (Etats-Unis) a rappelé la conviction du Président Bush selon laquelle la capacité des nations à progresser économiquement se fonde sur la santé, l’éducation et la formation de ses citoyens.  Des citoyens en bonne santé et instruits sont la moelle épinière des démocraties et de l’état de droit.  M. Siv a souligné la volonté des Etats-Unis d’oeuvrer avec la communauté mondiale pour combler l’écart entre les pays qui progressent et ceux qui ne progressent pas.  Il a rappelé la promulgation de la loi «aucun enfant à la traîne» qui encourage l’excellence dans l’éducation.  Il a jugé essentiel que les pays pauvres consacrent assez de ressources à l’éducation.  Lorsque c’est le cas, la Banque mondiale devrait augmenter son assistance à ces pays.  Il a en outre rappelé l’annonce par le Président Bush de doubler les fonds pour l’Initiative en faveur de l’éducation de l’Afrique.  Cette initiative comprend notamment la formation de 42 000 enseignants et plus de 250 000 bourses pour les filles africaines.


Par ailleurs, M. Siv a reconnu que le VIH/sida est un obstacle gigantesque au développement de l’Afrique et a précisé l’intention de son pays de consacrer 500 millions de dollars supplémentaires pour éviter la transmission du virus du sida de la mère à l’enfant, en renforçant notamment l’accès aux soins préventifs et la mise sur pied des systèmes de santé en faveur du plus grand nombre de femmes possible.  C’est l’initiative la plus importante visant à prévenir la transmission du virus de la mère à l’enfant, a-t-il fait remarquer.  Il a cependant demandé que les efforts soient entrepris conjointement et qu’ils reposent sur des politiques nationales solides, une bonne gouvernance, tout en précisant que les investissements essentiels dans les domaines de l’éducation et de la santé doivent être financés par des dons, et non pas par des prêts.


M. IFTEKHAR AHMED CHOWDHURY (Bangladesh) s’est déclaré fermement convaincu que la croissance du capital humain par l’éducation et la santé représente la seule façon de rompre le cercle vicieux de la pauvreté.  Il faut une action concertée entre les pays développés et les pays en développement, entre les gouvernements et la société civile, et entre les riches et les pauvres, a souligné le représentant en arguant que la réalisation des objectifs du Millénaire exige des ressources financières telles que les pays en développement ne peuvent les mobiliser seuls.  La coopération internationale est, par conséquent, une donnée essentielle.  Le représentant a ensuite fait part des avancées enregistrées dans son pays dans les domaines de l’éducation et de la santé.


Les succès, a-t-il expliqué, sont dus à la faculté du pays à mobiliser la capacité intellectuelle de sa population et cela ne peut se faire que dans un contexte démocratique et respectueux des droits de l’homme.  Aujourd’hui, a conclu le représentant, les pays du Sud sont moralement déterminés à améliorer la qualité de vie de leurs populations et intellectuellement convaincus que la responsabilité en incombe aux gouvernements nationaux.  Pourtant, les ressources continueront à manquer.  Il est donc urgent de créer un climat international propice à la mobilisation des ressources financières.  En cela, la question de l’accès aux marchés est une donnée capitale.  Le message est simple et beaucoup refusent de l’entendre, a ajouté le représentant.


M. BOB F. JALANG’O (Kenya) a estimé que la mise en valeur des ressources humaines est fondamentale dans le processus de développement.  Il faut réaliser des progrès dans d’autres domaines clefs comme l’accès à l’eau potable, le logement, et la protection de l’environnement.  Il a souligné que le Kenya a réalisé des progrès remarquables dans les domaines de l’éducation et de la santé mais ces progrès ont été sapés par l’impact de la réduction de finances publiques résultant des ajustements structurels ainsi que par la pandémie du VIH/sida.  La productivité de la main d’oeuvre a été très touchée.  Il a indiqué que le Gouvernement kenyan a mis l’accent sur un accès équitable à l’éducation.  Une politique de mise en valeur de l’enfance a aussi été lancée.  Pour la santé, le Gouvernement a tenté d’améliorer la qualité, l’accès aux soins de santé en ciblant plus particulièrement les pauvres.  Il a jugé nécessaire les apports des donateurs multilatéraux et bilatéraux et a demandé qu’ils soient coordonnés en utilisant les mécanismes comme le Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD).  Il a demandé la mise en oeuvre des engagements pris notamment au cours du Sommet du Millénaire et au Forum sur l’éducation mondiale de Dakar.


Le représentant a ajouté que le fardeau de la dette extérieure continue d’empêcher l’investissement dans le domaine de la santé.  Il a souligné que certains pays dépensent plus de 30% de leur produit national brut pour le service de la dette.  Le Kenya, pour sa part, a utilisé plus de ressources pour la dette qu’il n’en a reçu des donateurs.  La situation ne peut plus durer, a-t-il conclu, rappelant la faiblesse des aides publiques au développement et des investissements directs étrangers.


M. OSWALDO DE RIVERO (Pérou) a regretté que depuis plus d’une décennie, la priorité soit donnée à un modèle de développement fondé sur les flux internationaux de capitaux au détriment du développement humain et de la protection de l’environnement.  Par conséquent, il a estimé qu’en matière de lutte contre la pauvreté, il est nécessaire d’investir dans les ressources humaines, et non pas de se contenter de réaliser des investissements matériels.  Dans ce contexte, les domaines de l’éducation, de la santé, du développement de la population urbaine, la création de davantage de capital humain et le renforcement des institutions démocratiques sont prioritaires si l’on veut lutter efficacement contre la pauvreté et la corruption.  Le problème de la pauvreté ne saurait en effet être résolu par des formules économiques mais plutôt par l’investissement social permettant aux populations d’être en meilleure santé et d’être mieux préparées au marché de l’emploi.  De même, l’investissement social permet de créer des sociétés plus égalitaires où la justice règne au profit de la solidarité.  Le représentant a regretté que les secteurs de l’éducation et de l’économie n’aient pas d’objectifs communs.  Le secteur éducatif ne fournit pas de professionnels de qualité et en quantité suffisante.  Le secteur économique, quant à lui, ne donne pas au secteur éducatif des signes lui permettant de réorienter ses contenus et ses priorités. 


En matière de santé, il est essentiel de résoudre le problème du manque d’eau et d’assurer la sécurité alimentaire des populations.  M. De Riviero a également regretté que les subventions agricoles des pays développés ne permettent pas aux producteurs des pays en voie de développement d’être concurrentiels. Dans l’objectif d’accroître l’investissement social, le Gouvernement du Pérou a réduit ses dépenses militaires afin de dégager des ressources économiques et financières qui favorisent l’investissement dans les domaines de la santé, de l’éducation et de la sécurité alimentaire.  Cette décision a encouragé les Etats Membres de la Communauté andine à rédiger la Charte andine pour la paix et la sécurité par laquelle les gouvernements s’engagent à agir en commun au niveau régional pour promouvoir la limitation des armes conventionnelles afin de dégager des ressources au profit du développement. 


M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a estimé que les programmes d’allègement de la dette qui, selon les estimations de 1999, pourraient dégager une somme de 78 milliards de dollars -soit plus que le montant requis pour réaliser les objectifs du Millénaire- constituent un des moyens de mobiliser des ressources nécessaires à l’élargissement des allocations budgétaires dans les domaines de l’éducation et de la santé.  Soulignant que les contraintes budgétaires et le manque de ressources humaines ne sont pas les seuls obstacles en la matière, le représentant a dénoncé l’absence de recherches scientifiques pour les maladies qui affectent les populations des pays en développement ainsi que les règles internationales et les pratiques des sociétés pharmaceutiques qui empêchent la vente de médicaments à des prix abordables. 


Dans ce contexte, le représentant a considéré que la Déclaration relative à l’Accord sur les aspects des droits de propriété intellectuelle touchant au commerce (TRIPS) adoptée à l’issue de réunion de Doha est un pas dans la bonne direction.  Il a souhaité que l’attention requise soit apportée aux efforts de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) visant à promouvoir le droits de tous les pays à accéder aux médicaments vitaux.  L’Accord TRIPS et certaines restrictions relatives à l’accès et au transfert des technologies sont des obstacles non seulement à la santé mais aussi à l’éducation, a ajouté le représentant.


Il a ensuite expliqué la politique de son pays en matière d’éducation, de santé et d’élimination de la pauvreté perçus comme éléments essentiels d’une renaissance de l’économie et d’une croissance économique durables.  Il a invité le Programme alimentaire mondial (PAM) à se joindre aux efforts ainsi que les organisations non gouvernementales et le secteur privé.  Soulignant que les institutions de développement se sont multipliées au même rythme que le sous-développement s’est accru, le représentant a estimé qu’en plus de la bonne gouvernance, de l’investissement dans l’être humain, de la diversification des économies, et de la mobilisation des ressources financières aux fins du développement, il faut aussi créer un environnement commercial juste et ouvert, mettre en place un système financier équitable et stable et assurer une bonne gouvernance au niveau international.


M. MURARI RAJ SHARMA (Népal) a rappelé que le développement des ressources humaines constitue à la fois la finalité et un moyen du processus de développement durable et un des objectifs de progrès pour l’humanité.  Toutefois, a-t-il rappelé, alors qu’une minorité d’être humains bénéficie de ces progrès, la plus grande partie de l’humanité vit dans le sous-développement et la pauvreté.  Le développement des ressources humaines est un moyen de remédier à l’analphabétisme, aux maladies, à la faim et à l’extrême pauvreté, a ajouté le représentant.  La communauté internationale est aujourd’hui confrontée à la nécessité d’aider ces personnes à bénéficier d’une éducation de qualité, de soins de santé, d’eau potable, de logements et de la sécurité alimentaire.  Le représentant a toutefois insisté sur les aspects éducatif et sanitaire dans la perspective du développement des ressources humaines et a souligné qu’il fallait aider des milliards d’êtres humains à s’extirper du cycle de la pauvreté, de l’ignorance et des maladies telles que le VIH/sida.  Il a souhaité que, par le biais de campagnes «Santé pour tous» et «Éducation pour tous», la santé et l’éducation soient rendus accessibles à tous les êtres humains. 


Il a regretté ensuite l’absence d’engagement politique en faveur de ces campagnes jusqu’à présent, exhortant donc les Etats Membres à soutenir les objectifs de développement du Millénaire.  M. Sharma a demandé aux pays en développement de faire preuve d’engagement politique et de leadership dans la mise en oeuvre de mesures de bonne gouvernance et de mobilisation des ressources nationales et les a exhortés à accorder la priorité aux questions de santé et d’éducation.  Pour leur part, les pays développés doivent privilégier la mise en oeuvre de partenariats et agir dans des domaines tels que: la réduction de la dette des pays les moins avancés et l’augmentation de l’aide publique au développement, a jugé le représentant du Népal. 


M. DAVID NABARRO, Directeur exécutif chargé du développement durable et du lien entre la santé et l’environnement, Organisation mondiale de la santé (OMS), a souligné que l’impact global de la maladie et les conflits sont les principales menaces sur la sécurité humaine.  Il a fait observer que des investissements modestes peuvent produire des résultats importants dans le domaine de la santé, précisant qu’un investissement annuel de seulement 34 dollars par personne est nécessaire.  Il a conseillé de se concentrer sur des interventions efficaces, comme certaines maladies ciblées ou la mauvaise santé génésique.  Il faut surtout une analyse soignée et des réponses adaptées, il faut prêter une attention particulière à la dimension sexospécifique.  La reconstruction des systèmes de santé associée à des investissements à long terme est nécessaire, de même qu’une gouvernance vigoureuse de la part des gouvernements.  Les efforts de l’OMS mettront l’accent sur l’analyse et la planification de l’action.  Parmi les grands défis à relever figurent notamment l’accès universel aux médicaments et l’adoption de systèmes de gestion.  Il a également souligné la nécessité d’une convergence dans les politiques des institutions de développement.


Le Directeur exécutif a en outre estimé que beaucoup de pays peuvent déjà utiliser des ressources rares pour la santé de façon très judicieuse et a indiqué que beaucoup d’entre eux feront débuter des initiatives macroéconomiques pour la santé et adopteront des démarches adaptées à leurs propres intérêts plutôt que sur la base de «formulaires internationaux standards».  Il a en outre proposé de créer des alliances autour de certains objectifs, y compris les objectifs du Millénaire.  Si ces mesures sont suivies, a-t-il conclu, elles pourraient mener à la mobilisation de ressources supplémentaires et aboutir à de grands progrès.


Table ronde sur le thème: «Priorités de la santé en Afrique: sommes-nous dans la bonne direction pour atteindre les objectifs de développement du Millénaire dans le domaine de la santé?»


Dans son introduction à cette discussion, M. IVAN SIMONOVIC (Croatie), Président du Conseil économique et social (ECOSOC), a rappelé certains des objectifs de développement du Millénaire ayant trait à la santé, tels la réduction de deux tiers de la mortalité infantile d’ici à 2015, la réduction de moitié de l’expansion du VIH/sida ou encore la réduction de moitié de l’incidence de la malaria.  Autant de domaines dans lesquels l’Afrique connaît les plus gros problèmes au monde et qui justifient que le Conseil consacre à nouveau cette année une table ronde à cette question.


Premier expert à intervenir, M. DAVID  NABARRO, de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a estimé qu’il faudra déployer beaucoup d’efforts pour réaliser les objectifs du Millénaire en Afrique, notamment avec l’expansion du VIH/sida et la résurgence de la tuberculose qui l’accompagne.  Le problème est que trop de populations n’ont aucun accès aux soins de santé et que le coût des antirétroviraux rend difficile la lutte contre le VIH/sida.  La question des ressources est donc cruciale.  Or, les dépenses de santé des pays africains sont victimes du service de la dette.  La plupart des pays dépensent moins de 20 dollars par personne par an, alors que le minimum requis est estimé à 34 dollars.  Le manque de ressources fait de plus que l’Afrique est victime d’une déperdition de ses ressources humaines les plus qualifiées dans le domaine de la santé en faveur notamment de l’Europe. 


Pour M. BENSON C. MORAH, du Service d’appui technique aux pays du FNUAP à Addis-Abeba (Ethiopie), si l’on veut espérer atteindre les objectifs de développement du Millénaire en Afrique, notamment sub-saharienne, il ne faut pas seulement se concentrer sur les épidémies comme celles du VIH/sida, de la malaria ou autre maladie infectieuse, mais également sur la santé reproductive et l’autonomisation des femmes.  Il faut aussi reconnaître que les chances de succès dépendent davantage des actions en faveur de la santé entreprises au niveau communautaire que des systèmes formels de santé en tant que tels, en raison du caractère essentiellement «communautaire» du continent africain.  Déjà un grand nombre de «travailleurs communautaires de la santé» ont été utilisé pour fournir des soins de santé de base, ainsi que pour informer et éduquer le public.  Par ce biais, le taux de prévalence du VIH/sida en Ouganda et au Sénégal a par exemple été sensiblement réduit.  Outre les activités communautaires, les initiatives du secteur privé, comme par exemple le «marketing social» sont aussi un élément clef de l’amélioration des conditions de santé en Afrique.  Par conséquent, il convient d’intensifier encore les efforts pour responsabiliser les communautés, développer l’éducation et l’information sur la santé, en tenant compte des caractéristiques culturelles et religieuses, continuer de lutter contre la pauvreté extrême en général, autonomiser de plus en plus les femmes africaines dans la mesure où elles ont la plus grande influence sur la santé des familles et des communautés, et en dernier lieu orienter davantage les efforts et les ressources vers l’amélioration de la santé reproductive des femmes africaines, entre autres, car limiter les grossesses non désirées permettra de réduire la mortalité maternelle dans la région. 


De son côté, M. JEFFREY SACHS, Conseiller spécial du Secrétaire général pour les objectifs de développement du Millénaire, a expliqué que les connaissances médicales et technologiques actuelles permettent parfaitement de sauver la majeure partie de la population du globe.  Le noeud du problème réside donc ailleurs.  On sait que 35 à 40 milliards dollars d’investissement par an sont nécessaires chaque année pour fournir des soins de santé de base à chaque habitant du globe, mais le problème tient aux énormes disparités entre les pays.  Ainsi alors que les Etats-Unis dépensent 4 400 dollars par an par personne, au Malawi, où le revenu par habitant n’est que de 138 dollars par an, il n’est pas possible de dépenser les 34 dollars minimums évoqués plus haut, car cela équivaudrait à 18,8% de son PNB.  La pauvreté est donc responsable de la mort de ces gens, et tant qu’elle persistera, aucune bonne gouvernance ne pourra résoudre les problèmes qui existent.  C’est une affaire de simple calcul.  Si rien n’est fait, des millions de personnes vont continuer à mourir chaque année.  Les pays riches, soit le cinquième de la population du globe, contrôlent 25 trillions de dollars, une somme dont une toute petite partie pourrait résoudre les problèmes de la majorité pauvre.  Seul le refus de faire et de reconnaître ce calcul empêche ces pays d’agir.  L’Afrique a besoin de 10 à 20 milliards de dollars par an, soit à peine un millième du revenu des pays riches, c’est-à-dire un centime pour chaque 10 000 dollars de dépenses.  Ces ressources permettraient de mettre un frein à la pandémie du VIH/sida, d’éviter que 40 millions d’enfants africains soient demain orphelins et que la tuberculose ne décime le continent. 


Quant à elle, Mme AWA MARIE COLL SECK, Ministre de la santé du Sénégal, a expliqué que la question essentielle est de savoir comment et qui va améliorer les choses et permettre d’atteindre les objectifs de développement du Millénaire.  Une autre question est de savoir si ces objectifs ne sont pas par trop ambitieux par rapport à la situation de pays comme le Sénégal, classé depuis 2001 parmi les pays les moins avancés et éligible à l’initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE).  Le problème est qu’il est un manque général de ressources humaines et financières et que certains stéréotypes ou comportements négatifs subsistent.  Pour lutter contre ces barrières, l’accent est mis à juste titre sur le renforcement des capacités communautaires, mais l’un des problèmes qui subsistent est que trop souvent les partenaires se spécialisent sur certaines régions, leur donnant des moyens alors que d’autres régions dans le besoin restent à l’écart et sans soutien.  Si les pays eux-mêmes doivent être mieux organisés, il est clair que les objectifs de développement du Millénaire ne pourront être atteints sans une aide financière, humaine et technique de la communauté des donateurs. 


Lors de l’échange de vues avec les délégations qui a suivi, le représentant de la République-Unie de Tanzanie, appuyé par la représentante de la Gambie, a regretté que les panélistes n’aient pas parlé de la position du dernier Sommet du G-8 sur l’Afrique.  La réunion du G-8 a clairement montré que ses pays membres sont disposés à mieux s’organiser mais ne sont toujours pas prêts à fournir les ressources financières nécessaires.  Par conséquent, l’Afrique devrait aussi explorer les pistes de la coopération Sud-Sud.  Ce à quoi, M. Nabarro a répondu que l’élément clef était de parvenir à considérer l’aide publique au développement (APD) comme un investissement à faire fructifier selon les orientations définies par chaque gouvernement.  Il a aussi souligné que l’usage de l’APD devrait être mieux justifié auprès des contribuables des pays de l’OCDE.  Interrogé également sur les chances de voir les médicaments devenir meilleur marché, il a expliqué qu’à l’heure actuelle, 90% des médicaments n’exigent pas un brevet et peuvent donc être acquis à bon prix.  C’est essentiellement dans la lutte contre le VIH/sida que le problème se pose, les antirétroviraux étant encore brevetés.  Toutefois, des initiatives comme l’accord TRIPS montrent que des progrès sont possibles.


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