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DEV/2400

LA GESTION DE LA MONDIALISATION ET DE SES CONSEQUENCES AU CENTRE D’UNE TABLE RONDE CONJOINTE DES DEUXIEME ET TROISIEME COMMISSIONS

01/11/02
Communiqué de presse
DEV/2400


Table ronde sur le thème                                    DEV/2400

“la gestion de la mondialisation”                           1er novembre 2002


LA GESTION DE LA MONDIALISATION ET DE SES CONSEQUENCES AU CENTRE D’UNE TABLE RONDE CONJOINTE DES DEUXIEME ET TROISIEME COMMISSIONS


Contrôle des marchés et des capitaux, suppression des barrières commerciales

et des subventions, et bonne gouvernance pour une mondialisation plus équilibrée


La gestion de la mondialisation pour une meilleure répartition des richesses et la lutte contre ses conséquences néfastes a été au centre des réflexions d’une table ronde organisée ce matin par la Division de l’appui au Conseil économique et social et de la coordination du Département des affaires économiques et sociales, co-présidée par MM Marco Antonio Suazo (Honduras) et Christian Wenaweser (Liechtenstein) respectivement président des Deuxième et Troisième Commissions.  Au cours de ces débats animés par l’Administrateur du PNUD, M. Mark Malloch Brown, ont été entendus des exposés présentés par M. Roberto Bissio, Coordonnateur pour social Watch; Mme Eveline Herfkens, Coordinatrice exécutive du Secrétaire général pour la Campagne des Objectifs du Millénaire en matière de développement; Mme Ann Pettifor, Directrice du Centre for International Finance and Governance, New Economic Foundation et M. Adrian Wooldridge, The Economist et par ailleurs coauteur du livre «A Future Perfect: the Challenge and Hidden Promise of Globalization», qui ont fait part de leurs expériences dans les domaines économique et social. 


Alors que le Président de la Deuxième Commission a rappelé qu’une mondialisation mal gérée est une arme à double tranchant qui risque de porter atteinte au développement, M. Mark Malloch Brown, s’est demandé pour sa part, dans son introduction, si nous disposons d’institutions adaptées pour gérer la mondialisation, notant que les instruments dont nous disposons ont été créés, il y a plus de 50 ans, dans un monde alors totalement différent.  Lors de la première série d’exposés, Mme Pettifor et M. Adrian Wooldridge ont fait part de leur pessimisme relatif à l’évolution de la mondialisation et ont souligné tout particulièrement la nécessité de s’attaquer au problème de la dette pour baisser les tensions entre créditeurs et pays endettés.  M. Wooldridge a déclaré que les attentats du 11 septembre ont porté atteinte au symbole de la mondialisation, alors que la succession de scandales financiers, comme Enron et la crise économique argentine ont fragilisé la confiance dans le capitalisme et le libéralisme.  Selon lui, c’est plus l’absence de mondialisation que ses excès qui pose problème.  À titre d’illustration, il a souligné que le PIB des 24 pays en développement les plus ouverts a augmenté de 5% par an pendant 10 ans, alors que celui des 24 pays les moins ouverts a baissé de 1% par an durant la même période. 


De son côté, Mme Pettifor a fortement critiqué les effets de la mondialisation en expliquant que le libre échange ne pouvait pas être synonyme d’égalité, car il privilégie les riches aux dépens des pauvres.  Elle a évoqué l’inadéquation du système financier international avec les réalités de terrain et a appelé à réformer les institutions du FMI et de la Banque mondiale en facilitant la participation de la société civile à ses prises de décisions. Elle a regretté que les institutions financières aient imposé des politiques déflationnistes aux pays en développement alors que la libéralisation a limité les pouvoirs des gouvernements.  Elle a souligné les contradictions existantes, notamment celle de voir le FMI accorder des prêts à des pays dont on sait qu’ils ne seront pas capables de rembourser. 


La responsabilité des Etats-Unis, qui ont besoin de 4 milliards de dollars par jour pour financer leur déficit a été souligné dans la fragilité du système financier international.  A titre d’illustration, il a également été précisé que sur les 100 milliards de dollars de dette de l’Argentine, une grande partie provient des fuites de capitaux, qui se retrouvent finalement investis aux Etats-Unis.  En 2000, a-t-il été entendu, 90% des transactions sont financières, contre 10% seulement d’ordre commercial.  Mme Eveline Herfkens, qui a réfuté la théorie selon laquelle la Banque mondiale et le FMI étaient trop éloignés des réalités de terrain, a suggéré que le processus de nomination par les gouvernements de leurs représentants auprès de ses institutions soit amélioré.  Chaque pays membre de ces institutions dispose de la possibilité de nommer un représentant.  Le problème, a-t-elle souligné, est qu’ils envoient souvent un spécialiste du développement pour traiter de problèmes bancaires et financiers. 


Illustrant l’ambiance générale de ces exposés, Mme Eveline Herfkens a estimé que le problème n’était pas la mondialisation en elle-même, mais plutôt la manière de la gérer afin d’en répartir plus équitablement les bienfaits et limiter ses conséquences néfastes. L’amélioration de la mondialisation passe aussi par la bonne gouvernance et l’augmentation des budgets sociaux.  Les différents intervenants ont souligné l’importance de l’interventionnisme du secteur public (les gouvernements et les organisations internationales) pour déterminer les règles du jeu.  Il faut que privé et public coopèrent pour éviter que les bénéfices de la mondialisation ne s’évaporent, a-t-il été souligné.  Il faut éviter la polarisation des richesses et que le fossé se creuse entre riches et pauvres.


De son côté, M. Roberto Bissio, a rappelé que le succès des décisions économiques passe par leur harmonie avec les traités internationaux, notamment en ce qui concerne le respect des droits de l’homme.  La principale menace à la mondialisation n’est pas l’extrémisme religieux, a-t-il ajouté, mais les subventions des gouvernements des pays développés à leurs produits. A titre d’illustration, il a mis en évidence cette contradiction qui voit les éleveurs de vaches européens recevoir 2 dollars de subvention par jour et par tête alors que la moitié de la population vit avec moins de 2 dollars par jour.  La société civile, a-t-il ajouté, doit pouvoir demander des comptes aux gouvernements et aux organisations internationales.


Témoignant des différents points de vue de ce débat, la représentante de Sainte Lucie a mis en cause l’utilité de la mondialisation, alors que le représentant de l’Inde a expliqué comment son pays a profité de cette mondialisation, notamment en matière de développement des technologies de la communication et de l’information.  Le représentant de la Chine, quant à lui, a souligné la nécessité de mettre en place un système international complet, égalitaire, transparent et démocratique pour accompagner la mondialisation. D’une manière générale les représentants des pays en développement, ont souligné les tensions qui ne cessent de s’accroître du fait des excès de la mondialisation dont ils souffrent.  A cet égard,  ils ont évoqué la détérioration des termes de l’échange, la fermeture des marchés, l’injustice des subventions des pays développés, le poids de la dette, et la lutte contre la pauvreté qui exige des moyens considérables. 


Parmi les réponses données, il a été souligné la nécessité de redonner une autonomie politique aux gouvernements et subordonner les marchés aux priorités arrêtées par des représentants et responsables de gouvernements élus.  La taxe Tobin a également été présentée par certains comme un outil intéressant, pour assurer une meilleure répartition des richesses.  Même s’il a été convenu que les Nations Unies ne sont peut-être pas la meilleure tribune pour juger et prendre des décisions en matière d’emprunts, il a été souligné la nécessité d’une supervision des créditeurs par une groupe d’experts indépendants nommés par l’ONU.  Il a également été évoqué la nécessité d’une harmonisation des accès aux marchés et d’un meilleur contrôle des capitaux.  En conclusion, les experts ont mis en évidence la nécessité de trouver un bon dosage entre plus de contrôle de la part de la société civile et du secteur public sur les institutions financières internationales tout en évitant une paralysie qui serait le produit d’une trop grande lourdeur administrative. 


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