En cours au Siège de l'ONU

DEV/2396

L’AIDE PUBLIQUE, LE COMMERCE INTERNATIONAL ET LA DETTE EXTERIEURE ONT FAIT L’OBJET DE PLUSIEURS PROPOSITIONS

22/03/02
Communiqué de presse
DEV/2396


Conférence internationale sur le

financement du développement

4e séance plénière – après-midi


L’AIDE PUBLIQUE, LE COMMERCE INTERNATIONAL ET LA DETTE EXTERIEURE

ONT FAIT L’OBJET DE PLUSIEURS PROPOSITIONS


MONTERREY, 21 mars -- Réunie depuis lundi 18 mars, la Conférence internationale sur le financement développement est entrée dans sa phase finale avec la réunion au sommet au cours de laquelle les chefs d’Etat et de gouvernement ont eu l’occasion d’expliciter leur adhésion au « Consensus de Monterrey », texte qu’ils adopteront, demain 22 mars, à l’issue de leurs travaux.  Cet après-midi, ce sont les questions du financement du développement en Afrique, en Amérique latine et en Asie qui ont particulièrement retenu l’attention, et dans ce cadre les questions de l’aide publique au développement (APD), des flux de capitaux privés, du commerce international, et de la dette extérieure ont fait l’objet de commentaires et de mesures qu’ont suggéré des délégations.. 


Ainsi, le Président du Sénégal, M. Abdoulaye Wade, a critiqué le binôme aide-dette sur lequel l’Afrique « a prétendu se développer».  Le Président a jugé « paradoxal » de conditionner le développement de tout un continent à la générosité des donateurs.  Cette aide, M. Wade l’a comparée à « l’appoint d’une machine qui marche déjà par ses propres moyens ».  Une vision contraire, a-t-il prévenu, serait une grave erreur et ne pourrait conduire qu’à de graves désillusions.  Ne voyant le salut de l’Afrique que dans les investissements privés, entre autres, M. Wade a évoqué le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), consacrant le partenariat public/privé, qui a été abondamment commenté par les délégations africaines.  Le Président du Sénégal a observé, à cet égard, que jusqu’ici ce sont les systèmes politiques africains qui ont servi de « repoussoir » pour le capital international.  Il s’est livré à un plaidoyer pour la bonne gouvernance et ses éléments constitutifs. 


Le Président de l’Algérie, M. Abdelaziz Bouteflika, a manifesté sa volonté de « préparer la transition vers une économie productive et pour cela il faudra sortir des économies de surendettement ».  S’il a souscrit aux prescriptions du Président Wade au plan national, il n’a pas pour autant écarté le rôle de la communauté internationale qui seule peut redresser le système monétaire international - fondamental pour financer le développement- qui souffre de maux tels que les mouvements spéculatifs de capitaux, le blanchiment d’argent, le financement du terrorisme et le problème persistant de l’endettement. A cet égard, le Ministre fédéral de la coopération économique et du développement de l’Allemagne, Mme Heidemarie Wieczorek-Zeul, a fait part d’une étude de faisabilité qui a montré que l’imposition d’une taxe sur les transactions transnationales en devises permettraient de réduire la volatilité des flux financiers et de lutter contre les transactions spéculatives.  Le représentant du Liban a cité une autre source de financement: les multinationales qui participeraient de façon contraignante réglementée et institutionnalisée à un système de contributions financières à des fins du développement.


Le dysfonctionnement du système monétaire international a été évoqué par le Président de l’Argentine, M. Eduardo Duhalde, qui a dénoncé la situation « très injuste» dans laquelle se trouve son pays en raison de l’instabilité des flux de capitaux.  Imputant la situation au manque d’ouverture des marchés, il a espéré que le cycle de négociations de Doha, entamé en novembre 2001, permettra de modifier les pratiques commerciales qui entravent les échanges et la rigidité des organismes internationaux de crédit. 


L’iniquité du système commercial international a été évoquée par de nombreuses délégations.  « Chaque fois que nous arrivons à devenir compétitifs, s’est, par exemple, plaint le Président de la Bolivie, on invente des nouvelles normes pour nous bloquer ou nous faire reculer ».  M. Andres Pastrana Arango a dénoncé l’interprétation de l’Accord sur les droits de propriété intellectuelle touchant au commerce ; « On veut nous faire croire que le droit aux royalties d’un brevet de propriété intellectuelle est plus important que le droit à la santé et à la vie de nos populations », s’est-il plaint. 


A propos de la dette, de nombreuses délégations ont salué l’initiative du Président Bush d’augmenter les quotas des dons au détriment des prêts dans les opérations de l’Association internationale de développement (AID)de la Banque mondiale à savoir 50% pour les dons et 50% pour les prêts. Le Ministre des affaires économiques de la Mauritanie a, par exemple, souhaité que cette proposition soit sérieusement examinée pour qu’un compromis puisse naître des discussions relatives à la reconstitution des ressources de l’AID et du Fonds africain du développement. 


Dans le même ordre d’idées, le Ministre de l’administration du Ghana,

M. Joseph Henry Mensah, a conseillé à la Banque d’ouvrir un troisième guichet d’aide, en rappelant que le guichet « AID » a été ajouté à la structure de la Banque après l’expérience d’un premier guichet. Pour sa part, le Ministre des finances de l’Equateur, M. Carlos Julio Emanuel, a proposé un fonds compensatoire international pour améliorer la structure de la dette des pays à revenu intermédiaire qui serait constitué par des émissions de droits de tirages spéciaux.  Rappelant que son pays connaît une crise de l’endettement, le Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Indonésie, M. Maskarim Wibisono, a préconisé la création d’un mécanisme international d’allègement de la dette pour « parvenir à la viabilité financière ».


Outre les délégations citées, les Présidents, Vice-Présidents, Premiers Ministres, Vice-Ministres et Secrétaires d’Etat des pays suivants ont pris la parole : Panama, Gabon, Tchad, Bolivie, Luxembourg, Norvège, Thaïlande, Tunisie, Barbade, Philippines, Swaziland, Rwanda, Israël, Arabie saoudite, Tuvalu, Tanzanie, Bhoutan, Chine, Ukraine, Pakistan, Suriname, Suède, Guinée, Bangladesh, Mauritanie, Danemark, Malte, Suisse, Irlande, Sainte-Lucie, Lituanie, Lesotho, Cameroun, Lettonie, Grèce, Autriche, Indonésie, Yougoslavie et Singapour. Les représentants du Kazakhstan, du Sri Lanka, du Koweit, de l’Azerbaïdjan, de Nauru et de la Hongrie se sont aussi exprimés ainsi que le Gouverneur de la Banque centrale du Qatar et l’Observateur du Saint-Siège.


En plus de leur intervention en plénière, les Chefs d’Etat et de gouvernement participent à des tables rondes sur le thème « Conférence de Monterrey et l’avenir ». 


En début séance, la Conférence internationale a complété son Bureau en élisant M. Hazem Fahmi de l’Egypte au poste de Rapporteur *


* La composition du Bureau est parue dans notre communiqué de presse DEV/M2


REUNION AU SOMMET


Echange de vues


M. ANDRES PASTRANA ARANGO, Président de la Colombie, a dit que lorsque l’on regarde le monde tel qu’il est, la nécessité de la tolérance devient une évidence.  Que faire pour que ce village global soit plus juste, plus humain et plus pacifique?, s’est-il interrogé en soulignant que c’est précisément là l’objectif de la Conférence de Monterrey.  Nous avons à notre disposition de nombreux outils pour améliorer la justice sociale.  Les pays les plus développés, les pays à revenus intermédiaires, les pays à faibles revenus et les pays les moins avancés forment une seule et même communauté internationale.  Il faut donc faire en sorte que tous trouvent les moyens d’améliorer leur situation.  C’est le principe de la responsabilité partagée qu’a lancé la Colombie, en particulier dans le domaine de la lutte contre les drogues, a expliqué le Président.  Il a souhaité que cette responsabilité partagée touche des domaines aussi divers que la lutte contre le terrorisme, contre la course à l’armement, contre l’absence d’accès aux nouvelles technologies ou encore contre la détérioration de l’environnement.  La responsabilité partagée doit aussi s’appliquer au financement du développement.  Pour ce faire, le Président a, par exemple, préconisé la création d’un environnement favorable au développement et le renforcement d’associations dans lesquelles gouvernements, secteur privé et ONG peuvent travailler ensemble.  Il s’agit aussi, a-t-il ajouté, de renforcer le rôle de l’IED, d’augmenter l’APD ou encore de refondre l’architecture financière internationale. 


Selon le Président, la situation ne peut s’améliorer que si chacun acceptait de bonne foi le Consensus de Monterrey.  Il a mis en garde contre la tentation de limiter le financement du développement à des questions de croissance économique car, à son avis, le développement va bien au-delà des statistiques macroéconomiques.  On ne peut parler de développement, a-t-il insisté, sans régler les questions du financement, de la coopération internationale et du commerce. Cette Conférence et son Consensus sont des points fondamentaux de la réalisation des objectifs agréés de développement.


M. KJELL MAGNE BONDEVIK, Premier Ministre du Royaume de Norvège, a rappelé que les dirigeants du monde s’étaient engagés lors du Sommet du Millénaire à n’épargner aucun effort pour réduire la pauvreté dans le monde d’ici 2015.  Aussi, 18 mois plus tard, les yeux sont braqués sur nous, ici à Monterrey, car les populations les plus démunies attendent que l’on réalise de réelles avancées dans la lutte contre la pauvreté qui est une des sources du terrorisme.  Le 11 septembre a abattu la barrière érigée entre les riches et les pauvres et nous avons pris conscience de la nécessité d’agir efficacement dans la lutte contre la pauvreté, a dit le Premier Ministre.  Il s’agit désormais de donner à tous le droit et la possibilité de participer de leur plein gré à l’activité économique dans le cadre de l’Etat de droit.  Il faut maintenant se concentrer sur ce que nous pouvons donner, a dit M. Bondevik, rappelant que la Norvège a adopté un plan d’action contre la pauvreté.  Ce plan comprend des mesures telles que la promotion de la cohérence dans les politiques d’aide au développement, l’annulation de la dette des pays éligibles à l’initiative PPTE, la garantie d’un accès sans obstacle des produits des pays en développement à nos marchés, conformément à l’initiative « Tout sauf les armes ».  Aucun des objectifs du millénaire n’est à la portée de la communauté internationale sans efforts du Nord comme du Sud, et cela passe par une meilleure coordination entre pays développés et par l’augmentation de l’APD, a déclaré le Premier Ministre.  De leur côté, les pays en développement doivent agir sur les objectifs de bonne gouvernance et de respect de l’état de droit. 

M. Bondevik a jugé que le Consensus de Monterrey est un bon « menu » mais nous devons utiliser les ressources pour améliorer la vie des populations dans le besoin, car un « menu ne nourrit pas celui qui a faim», a-t-il observé.  Se félicitant des progrès des Etats-Unis et de l’Union européenne qui ont annoncé qu’ils augmenteraient leur part de l’APD, il a exigé que des calendriers clairs soient adoptés quant à la mise en œuvre de l’objectif de 0,7% du PNB. 


M. THAKSIN SHINAWATRA, Premier Ministre du Royaume de Thaïlande, a déclaré que la Thaïlande est d’avis qu’outre les modèles traditionnels de développement, il faudrait envisager des processus novateurs pour efficacement lutter contre la pauvreté.  L’accès des personnes aux capitaux doit être renforcé en vue de leur permettre de se prendre en charge et de créer des activités génératrices de revenus et d’emplois.  La Thaïlande a lancé un programme de microcrédits et une formule de création de petites et moyennes entreprises qui pourraient aider ses populations rurales ou pauvres à produire en fonction des besoins du marché.  Nous pensons qu’il faut donner aux populations la possibilité de prendre en main leur propre destin.  La création de banques populaires va dans ce sens.  Celles que nous avons créés fonctionnent de manière harmonieuse, le taux de retard ou de non-remboursement des prêts s’élevant, 8 mois après l’ouverture de ces banques, à 0,3% seulement des prêts.  Nous sommes disposés à partager avec nos partenaires de développement notre expérience de lutte contre les cultures de drogue, source de déstabilisation, qui est basée sur un soutien aux cultures de substitution.  Au plan mondial, nous pensons que les pays industrialisés devraient aider ceux en développement à devenir de meilleurs partenaires du développement.  La Thaïlande abritera du 25 avril au 3 mai prochains à Bangkok, la conférence d’évaluation à mi-parcours de la mise en oeuvre des recommandations et du plan d’action adoptés à l’issue des travaux de la 10ème Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED X).


M. ABDOULAYE WADE, Président du Sénégal, a rappelé que depuis l’admission des pays « sous-développés » au fonctionnement du système de financement international, le développement international repose sur le binôme « aide-crédit ».  L’APD et son objectif de 0,7% n’en est qu’à la moitié et à supposer qu’aujourd’hui ici à Monterrey, le taux soit atteint, qu’aura-t-on résolu dans les problèmes de développement? s’est interrogé le Président. Au rythme où l’APD évolue, elle ne pourra atteindre cet objectif que dans 30 ans.  Il ne s’agit pas de partir de Monterrey avec l’annonce d’un taux d’APD de x% car cela soulèverait des espoirs alors que nous sommes loin du compte.   L’APD, a précisé le Président, est un sacrifice des populations du Nord qui la donne mais elle ne saurait être qu’un appoint à un système qui fonctionne déjà et non pas l’essentiel qui fait fonctionner le système.  Pour sa part, la dette a abouti à la situation insoluble de l’endettement.  Face aux problèmes actuels de l’Afrique, on constate l’échec du binôme.  Ce qui est paradoxal, c’est de lier la solution des problèmes de l’Afrique à la générosité des donateurs.  En fait, il apparaît que l’’Afrique a voulu se développer selon un modèle inconnu à savoir par l’aide et la dette. Il faut chercher autre chose, a dit le Président en attirant l’attention sur le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) qui consacre le  partenariat secteurs public/privé pour financer le développement.  Cette question fera d’ailleurs l’objet d’une réunion en avril à Dakar.

C’est le secteur privé, a poursuivi M. Wade, qui a développé les pays du Nord qui ont utilisé le facteur éducation - formation.  L’Afrique doit s’orienter vers cette voie.  L’essentiel des ressources nationales et de l’aide doivent aller dans ces deux secteurs.  S’agissant de la dette, M. Wade a soutenu l’idée de faire désormais de l’allocation de ressources au développement à raison de 50% de prêts et de 50% de dons car « il ne sert à rien de prêter tout en sachant que le débiteur ne pourra pas payer ».  Annonçant la réunion prochaine des signataires du NEPAD avec le G8 en juin, le Président a ajouté aux différentes sources de financement, les droits de tirage spéciaux.  Il a conclu en insistant sur le fait que les flux de capitaux privés s’orienteront vers l’Afrique, si elle crée de véritables démocraties, des régimes de transparence, la sécurité et les conditions de profitabilité avec libre rapatriement, de stabilité à long terme.  L’aide sous toutes ses formes ainsi que les interventions financières des institutions internationales ne peuvent être qu’un appoint à une machine qui marche par ses propres moyens.  Une vision contraire serait une grave erreur et ne pourrait conduire qu’à de graves désillusions.


M. ABDELAZIZ BOUTEFLIKA, Président de la République algérienne démocratique et populaire, a estimé que le financement du développement constitue un enjeu majeur et l’un des vecteurs essentiels de la lutte contre la pauvreté.  Cette Conférence qui se réunit au plus haut niveau est porteuse d’espoir pour un développement mondial plus équitable et plus rationnel.  A Doha, la communauté internationale a jeté les bases d’un système multilatéral plus ouvert, expurgé des obstacles posés à la participation des pays en développement au commerce mondial.  Cette Conférence est une étape cruciale dans la perspective du Sommet mondial pour le développement durable de Johannesburg, a ajouté M. Bouteflika.  Il a estimé que la persistance du problème de l’endettement, des mouvements spéculatifs de capitaux, du blanchiment d’argent et du financement du terrorisme se présentent comme des dysfonctionnements du système monétaire international.  D’où la nécessité de prendre en compte le caractère global des enjeux monétaires, financiers et économiques et d’élaborer une architecture monétaire au service d’une croissance saine et durable a estimé le Président algérien.  Il a ajouté qu’il fallait préparer la transition vers une économie productive et pour cela sortir des économies de surendettement actuelles. 


Pour cela, M. Bouteflika a précisé quelques principes soulignant qu’au plan national, l’Etat doit veiller à ce que le marché réponde aux impératifs de croissance, attire les investissements et crée des emplois.  Au plan régional, il faut promouvoir l’aménagement d’un environnement de nature à favoriser les flux d’investissements a poursuivi le Président, tandis qu’au plan mondial, il faut intensifier le processus d’adaptation des institutions existantes aux exigences de la mondialisation par un élargissement de la coopération internationale. Une croissance équilibrée est du domaine du possible mais suppose une meilleure coordination et une plus grande symétrie orientée vers la valorisation du potentiel des pays en développement, a souligné M. Bouteflika.  Une plus grande participation des pays en développement à l’économie mondiale par la mobilisation des flux financiers privés, l’augmentation de l’APD et le règlement de la question de la dette ont aussi été mentionnés.  Cette Conférence se tient à un moment crucial pour l’Afrique, qui, à l’heure du Nouveau partenariat pour le développement africain, en appelle à la solidarité internationale pour aider ce continent à forger son devenir.  Il a suggéré de promouvoir des partenariats

opérationnels, une meilleure gestion de la coopération financière internationale pour mettre la mondialisation au service de la croissance et du développement.  A ce titre, il a salué les pays membres du « club du 1% » de leur PNB consacré à l’APD et a exhorté les autres Etats à accroître leurs contributions, saluant la décision des Etats-Unis d’une part et de l’Union européenne de l’autre, d’augmenter leurs montants. 


Mme MIREYA ELISA MOSCOSO RODRÍGUEZ, Présidente de la République du Panama, a déclaré qu’après avoir connu tous les modèles sociopolitiques et économiques possibles, Panama semblait avoir trouvé sa voie de développement qui aujourd’hui, encore, privilégie la lutte contre la pauvreté tout en ouvrant son économie à la libre concurrence.  Ceci a permis de tirer parti d’apports extérieurs et de transferts de technologie.  Mais comme les autres pays en développement, Panama est soumis à des normes et à des conditionnalités qui ont fini par paralyser son économie.  La démocratie ne se limite pas à des suffrages organisés de manière régulière. Elle doit aussi prendre en compte les besoins économiques des populations.  Cette Conférence ne pourra pas se contenter d’entendre de vagues déclarations de politique générale.  Nous attendons qu’on prenne des engagements fermes de contribution financière.  Les institutions internationales et les pays développés ont imposé, ces dernières décennies, des programmes économiques et des exigences politiques insoutenables.  Sources de bouleversements économiques et de changements sociaux radicaux, ces programmes ont souvent profondément déstabilisé nos pays.  La contrepartie ne nous est cependant jamais parvenue.  Quand des crises sociales ont éclaté, nous n’avons pas reçu l’aide dont nous aurions eu besoin pour ramener la paix sociale.  Monterrey doit être une Conférence pour le développement et la paix pour tous les peuples.


M. MOHAMED GHANNOUCHI, Premier Ministre de la Tunisie, a espéré que l’adoption par l’Assemblée générale de l’initiative de son pays tendant à créer un Fonds mondial de solidarité de lutte contre la pauvreté donnera lieu à la mise en place de mécanismes nécessaires pour concrétiser ce Fonds dans les plus brefs délais.  Evoquant le fossé numérique, obstacle du développement, le Premier Ministre a rappelé une autre initiative de son pays tendant à convoquer un Sommet international sur le financement du développement dont la Tunisie accueillera une partie en 2005.  Il a plaidé pour la réalisation de l’objectif de 0,7% du PNB pour l’APD arguant de la complémentarité entre l’aide publique et la promotion de relations commerciales constructives, conformément aux principes de l’OMC, y compris les principes du traitement préférentiel au profit des pays en développement.


Le Premier Ministre a conclu sur la question de la dette, en déclarant ne pas trouver de justification à l’exclusion des pays à revenu moyen du bénéfice de facilités appropriées, après les efforts considérables qu’ils ont consentis en vue d’introduire des ajustements structurels dans leurs économies et d’honorer leurs engagements, en comptant essentiellement sur leurs capacités propres. Tout en soulignant l’harmonisation des politiques commerciales, financières et monétaires dans le monde, et d’intensifier la coopération entre les diverses institutions et organisations internationales spécialisées, le Premier Ministre a préconisé que l’ONU demeure le cadre approprié pour la réalisation de ces objectifs.  


M. EL HADJ OMAR BONGO, Président de la République gabonaise, a déclaré qu’en dépit de l’engagement ferme des Etats africains dans la voie des réformes, les grandes rencontres internationales à l’instar de celle-ci restent de grandes messes sans lendemain.  A notre engagement en faveur de la bonne gouvernance ne correspond pas celui des pays riches à lutter avec nous contre la pauvreté.  Est-il normal que 10% de la population de la planète ne représentent que moins de 2% du commerce mondial, a demandé M. Bongo.  Depuis les années 1960, comment se fait-il que l’objectif des 0,7% du PNB alloués à l’aide publique au développement (APD) n’a jamais été atteint.  On ne peut pourtant pas construire un monde démocratique et de paix dans la pauvreté ni mobiliser des ressources pour l’amélioration des conditions de vie du plus grand nombre.  Donnons-nous ici les moyens de passer de la rhétorique à la pratique, a suggéré le Président.  La démocratie a droit de cité en Afrique, la bonne gouvernance s’installe, nous payons nos dettes et le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) a été adopté par les dirigeants africains, a-t-il observé, prônant la reconnaissance de centre d’intérêts communs entre pays développés et pays riches.  Ces intérêts communs passent par le respect de l’engagement sur l’APD, la gestion de la dette, la lutte contre le VIH/sida et la pauvreté et en fin l’ouverture des marchés.  Il nous serait difficile de progresser sans des mesures efficaces pour encourager le développement, a dit M. Bongo qui s’est interrogé sur la notion de « pays à revenu intermédiaire » qui est une invention injuste qui fait que des pays comme le Gabon se trouvent exclus des avantages accordés aux autres pays en développement. 


M. NAGOUM YAMASSOUM, Premier Ministre de la République du Tchad, a déclaré que 1,5 milliard de personnes vivent avec moins d’1 dollar par jour. Le nombre de PMA n’a cessé de croître ces dernières années, passant de 24, en 1971, à 49 en 2001.  L’Afrique est le continent le plus frappé par la misère, la famine et l’instabilité politique.  34 PMA sont africains.  Mais l’Afrique veut prendre en main son propre destin.  Le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) est le résultat de l’engagement  du continent à trouver des solutions à ses problèmes.  Enclavé au cœur de l’Afrique, le Tchad s’inscrit résolument dans la nouvelle démarche africaine.  Son gouvernement s’est engagé à enrayer le cycle infernal des maux qui l’ont accablé.  Il a réussi à réaliser le rêve des Tchadiens, vieux de 30 ans, de voir mise en oeuvre l’exploitation du pétrole de Doba.  Le Tchad  soutient la proposition des Etats-Unis d’Amérique d’augmenter les quotas de dons au détriment des prêts dans les opérations de l’Association internationale de développement, branche de la Banque mondiale.  Nous osons espérer que cette proposition sera accompagnée d’un effort d’accroissement des contributions américaines. 


M. OWEN ARTHUR, Premier Ministre et Ministre des finances de la Barbade, a estimé que la Conférence de Monterrey peut donner à l’humanité une véritable chance de développement civilisé, arguant que les défis de la mondialisation ne sauraient être relevés par un système financier datant de plus de 50 ans.  Pour le Premier Ministre, la Conférence permet à la communauté internationale de concevoir un nouveau système pour les générations à venir et de réfléchir davantage à la mise en place d’une organisation internationale chargée de superviser les marchés des capitaux ou d’une organisation fiscale internationale.  La Conférence est donc un début et non une fin et c’est la raison pour laquelle la Barbade se joint avec satisfaction au Consensus.  


M. EDUARDO DUHALDE, Président de la République argentine, a dit que son pays est en crise.  Mais l’Argentine a décidé de changer et le changement est en soi une forme de crise.  Pour changer, pour redémarrer, a-t-il dit, nous avons mis un terme au désastre financier et monétaire qui a conduit le pays à la crise financière la plus grave de notre histoire.  Pour cela, le changement passe par un équilibre du budget de l’Etat, une monnaie unique nationale, un taux de change flottant et une élimination progressive des restrictions financières.  Nous sommes favorables à une économie de marché concurrentielle de nature à renouer avec la croissance et à retrouver notre place dans le commerce mondial.  Le changement nécessite cependant que la communauté internationale fasse preuve de compréhension et de coopération avec l’Argentine, a observé le Président.  Le respect des libertés, de la démocratie et de la répartition inégale des richesses est à la base du débat sur le développement.  Nous nous trouvons dans une situation très inégale pour financer le développement en raison de l’instabilité des flux de capitaux et du manque d’ouverture des marchés.  Les inégalités s’accroissent de jour en jour a dénoncé le Président, demandant la mise en place d’une nouvelle architecture financière pour le développement et exhortant les pays riches à renoncer au protectionnisme et aux mesures unilatérales de contrainte qui engendrent des troubles sociaux.  Le commerce est essentiel pour le développement de pays comme l’Argentine qui espère que le cycle de négociations de Doha permettra de modifier les pratiques commerciales et la rigidité des organismes internationaux de crédit.


M. JORGE QUIROGA RAMÍREZ, Président de la Bolivie, a déclaré que l’indigence, la pauvreté et le terrorisme sont les maux auxquels doit répondre la Conférence de Monterrey. Comment pouvons-nous aider les familles qui, dans le monde en développement, cherchent désespérément les moyens qui pourraient donner une chance à leurs enfants?  Nous devrions créer des structures de financement du développement dont les critères soient sensibles aux besoins réels des pays et des populations, et non pas aux seules exigences et intérêts des créanciers, prêteurs et des investisseurs.  La Bolivie a mis en place des programmes en faveur des communautés autochtones et nous aimerions que la communauté internationale continue de lui fournir des services et des ressources non liées à des conditions favorables.  Ce principe a été accepté par nos partenaires, et notre pays a pu atteindre les objectifs qui lui avaient été assignés dans le cadre des programmes de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE), dont il a bénéficié.  Nous proposons qu’à l’avenir, on nous accorde une aide préférentielle dont l’usage sera fonction des résultats obtenus et soumis à des contrôles réguliers. 


Concernant la corruption, notre gouvernement a lancé des programmes et des mesures spéciales pour l’éliminer le plus rapidement possible des secteurs où elle se pratiquait le plus: les douanes et les passations de marchés.  Quant à l’accès aux marchés, je viens d’un pays qui, il y a 15 ans, n’était pas prêt à participer aux échanges commerciaux internationaux.  Nous avons fait des efforts depuis.  Mais le jeu continue d’être truqué:  on nous impose des tarifs douaniers arbitraires, et des  normes sanitaires insoutenables.  Les pays riches versent aussi des subventions à leurs producteurs dans les domaines où nous pourrions être gagnants.  Les institutions internationales créent des règles qui nous paralysent.  Chaque fois que nous arrivons à devenir compétitifs, on invente des nouvelles


normes pour nous bloquer ou nous faire reculer.  Nos connaissances traditionnelles sont allègrement pillées sans contre-partie, et on veut nous faire accepter que le droit aux royalties d’un brevet de propriété intellectuelle est plus important que le droit à la santé et à la vie de nos populations.  Monterrey doit être le début d’un nouveau partenariat et d’une nouvelle vision du monde.


M. CHARLES GOERENS, Ministre de la coopération et de l’action humanitaire du Luxembourg, a estimé qu’un commerce plus équitable, une responsabilisation générale de tous en matière de lutte contre le changement climatique, un vrai partenariat Nord-Sud et une politique de santé globale sont autant d’éléments permettant d’appréhender une mondialisation pas trop débridée et d’imprimer un cachet plus humaniste à une gouvernance mondiale trop balbutiante.  Il a indiqué que depuis une dizaine d’années, son gouvernement a régulièrement augmenté son APD et qu’il a décidé de poursuivre cette augmentation pour atteindre 1% de son PNB d’ici le milieu de la décennie.  A cet égard, il s’est félicité des conclusions du Conseil de l’Europe visant à augmenter la moyenne de l’APD des Etats membres jusqu’à 0,39% d’ici 2006. 


Le Ministre de la coopération a considéré que le Consensus de Monterrey comme étant un texte inclusif et équilibré en jugeant important, en l’occurrence, que les pays en développement doivent réaliser des réformes indispensables pour assurer la bonne gouvernance.  Il a conclu en appelant la communauté internationale à intensifier ses efforts pour assurer la cohérence des politiques au niveau international.  Cela veut dire, a-t-il expliqué, que les objectifs du développement durable et de la lutte contre la pauvreté doivent être appuyés par toutes les politiques menées au niveau multilatéral, qu’il s’agisse de politiques agricole, commerciale, environnementale ou financière.


M. TEOFISTO GUINGONA Jr, Vice-Président et Ministre des affaires étrangères des Philippines, a déclaré que la crise financière de juillet 1997 avait compromis les efforts des Philippines en matière de développement économique et social et fait passer la dette extérieure à plus de 50 milliards de dollars.  Aujourd’hui, plus de 30 millions de Philippins vivent en-dessous du seuil de pauvreté mais le nouveau gouvernement est déterminé à œuvrer pour corriger ces effets, a assuré

M. Guingona.  Il a regretté, entre autres, que les multinationales mettent au point des programmes de recherche coûteux qui se répercutent sur les prix des médicaments, d’où la difficulté de se soigner pour les populations car il n’est pas possible de fabriquer des médicaments génériques.  Il a ajouté que la modernisation de l’agriculture pourrait permettre au monde rural d’accroître ses rendements mais nous sommes confrontés aux difficultés d’accès aux résultats de la recherche biotechnologique qui ne sont pas bon marché pour nos agriculteurs pauvres a regretté le Vice-Président.  Il a lancé un appel aux transferts  de technologies et a condamné les licences d’exclusivité qui sont encore en vigueur pour plus de 20 ans dans certains domaines scientifiques. 


S’interrogeant sur les moyens d’éliminer la pauvreté dans les pays en développement, il a assuré que son pays ne veut pas l’aumône, mais il veut simplement accéder aux nouvelles technologies avancées tant dans les domaines de l’informatique que de l’agriculture et de la santé.  Le peuple philippin est créatif mais il lui faut pouvoir avoir accès à ces technologies à bas prix.  Il a déclaré que son pays est prêt à acheter des ordinateurs à bas prix, des technologies modernes efficaces à condition que les coûts de ceux-ci lui soient  accessibles.  Les agriculteurs ont un avenir sombre, a-t-il dit, aucune perspective ne leur permettant de surmonter les barrières du sous développement sans moyens.  Il a proposé un échange de la dette contre des transferts de technologie, la dette contre des services sociaux, la dette contre des programmes de logements pour les populations défavorisées.


M. MAJOZI SITHOLE, Ministre des finances du Swaziland, a noté avec inquiétude la baisse de l’APD et les problèmes résultant de la dégradation des termes de l’échange.  D’autre part, le VIH/sida constitue un obstacle majeur au développement de notre pays.  Il menace l’ensemble de l’Afrique, et nous lançons un appel aux bailleurs de fonds pour qu’ils nous aident à mener la lutte contre ce mal.  Il est fondamental que nous ayons des ressources supplémentaires pour faire face aux crises multiples qui nous affectent.  Avec le soutien de la Banque mondiale et du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) nous organiserons à Genève une conférence sur les besoins de financement de notre pays en matière d’infrastructures, et ensuite nous ferons parvenir à nos partenaires de développement toutes les informations liées à ces besoins.  Le Swaziland remercie les Etats-Unis d’avoir créé le cadre de l’”African Growth Opportunity Act” (AGOA) pour donner aux pays de notre continent une chance d’écouler nos produits sur le marché américain et d’en tirer des ressources financières qui seront précieuses au développement. 


M. DONALD KABERUKA, Ministre des finances du Rwanda et de la planification, a plaidé pour un nouveau contrat entre les pays riches et les pays pauvres qui mette à la disposition des derniers des ressources prévisibles, acheminées par des mécanismes souples.  Il faut un engagement et un partenariat à long terme, a souhaité le représentant en précisant qu’il ne s’agit aucunement de dresser  le Nord contre le Sud mais, bien au contraire, de faire en sorte qu’ils travaillent ensemble.  Un tel contrat, a-t-il affirmé, est consacré par le NEPAD dans lequel les pays africains ont manifesté leur détermination à se prendre en charge et ce faisant, à minimiser les risques d’un investissement en Afrique qu’il soit africain ou étranger.  En attendant, la réputation de l’Afrique étant ce qu’elle est, les pays africains sont en droit d’attendre de la communauté internationale un appui à leurs initiatives et à la création d’un environnement favorable au développement qui se caractériserait par la mobilisation de ressources additionnelles et l’accès aux marchés.


Les objectifs de la Déclaration du millénaire peuvent être réalisés si la conditionnalité de l’aide était remplacée par l’appropriation des programmes de développement par les pays bénéficiaires, a estimé le représentant.  Ils peuvent être réalisés, en outre, si les inconsistances des politiques, de la part des donateurs comme des récipiendaires, étaient éliminées, si les coûts de transaction de l’aide étaient réduits substantiellement, et si la voix des pays pauvres était réellement prise en compte dans les forums internationaux.  Le Consensus de Monterrey est une avancée importante même s’il se contente d’effleurer certaines préoccupations concernant l’acheminement de l’aide.  Toutefois, si la communauté internationale faisait de ce Consensus un plan opérationnel à partir duquel les progrès sont possibles, Monterrey restera gravée dans les mémoires comme le lancement de l’action du développement définie dans la Déclaration du Millénaire.

M. RON MILO, Ministre pour la coopération régionale d’Israël, a déclaré qu’un grand nombre d’activités du Centre israélien pour la coopération internationale (MASHAV) ont été lancées pour répondre à la plupart des questions dont débat aujourd’hui la Conférence de Monterrey.  Israël investit une part de son APD dans les principaux domaines dont parle le Consensus de Monterrey.  Nous pensons que le meilleur usage qui peut être fait de l’APD est celui du soutien aux questions essentielles du financement du développement.  Bien que notre pays n’ait institué de statistiques officielles sur l’APD que depuis 1999, les sommes alloués à cette aide montrent que notre pays a régulièrement accru son niveau d’engagement financier dans ce domaine.  Nous versons aujourd’hui 0,15% de notre PNB à l’APD.  Israël a contribué aux trois dernières opérations de refinancement des fonds de l’Association internationale de développement (IDA), aidant ainsi les programmes d’éducation, de santé et de lutte contre le VIH/sida dans les pays en difficulté. Notre pays participe à l’initiative PPTE de la Banque mondiale et du FMI, et, en tant que membre du Club de Paris, nous soutenons en ce moment trois pays en difficulté dans leurs efforts de réduction et de rééchelonnement de la dette.  En tant que Ministre de la coopération régionale d’Israël, je peux affirmer que notre perception de la promotion de projets conjoints et de la consolidation des liens économiques entre nations est placée sous l’angle de la création et du renforcement de la paix, a dit M. Milo.  Nous travaillons à promouvoir des projets d’infrastructures avec nos voisins pour parvenir à une intégration régionale au Moyen-Orient.  L’impératif moral du Judaïsme, qui préconise de faire profiter la communauté des biens que l’on acquiert, est respecté par la politique étrangère d’Israël.


M. IBRAHIM AL-ASSAF, Ministre des finances et de l’économie nationale du Royaume d’Arabie saoudite, a déclaré que la paix et le développement se renforcent mutuellement.  Sans paix, les pays ne peuvent progresser, et ils régressent inéluctablement, comme c’est le cas en Palestine où la destruction systématique des biens et les mesures extrêmes prises par les forces de la puissance occupante causent énormément de peine et de souffrances aux Palestiniens.  Le Royaume d’Arabie saoudite ne ménage pas ses efforts pour leur venir en aide, comme le démontrent les récentes propositions du Prince héritier Abdallah bin Abdulaziz, qui ont reçu un accueil positif de la part de la communauté internationale.


Le commerce international est un moteur du développement, et représente la source la plus importante de financement du développement que l’on puisse créer.  Mais les politiques  protectionnistes du monde industrialisé  et les subventions qu’il accorde à ses producteurs faussent la règle du commerce international.  La Banque mondiale nous indique que ces subventions ont dépassé 300 milliards de dollars par an ces dernières années.  Cette somme équivaut à six fois le montant de l’APD.  Depuis le milieu des années 1970, notre pays a alloué plus de 75 milliards de dollars à l’assistance au développement, à travers des institutions bilatérales et multilatérales. Nous versons environ 4% de notre PNB à l’aide extérieure.  41 pays africains, 23 asiatiques et 9 sur les autres continents en bénéficient.  Le Fonds saoudien pour le développement, créé en 1974, a pour sa part distribué 7 milliards de dollars au profit du développement.  Ses interventions ont bénéficié à 370 projets de développement dans 65 pays, dont les plus pauvres.  Il faut noter que l’aide saoudienne n’est pas liée et qu’elle consiste surtout en dons.  En dehors de l’assistance bilatérale, nous avons étendu notre aide aux pays arabes et aux institutions internationales de financement du

développement.  Nous leur avons versé au cours de la dernière décennie 21 milliards de dollars.  L’Arabie saoudite contribue aussi, auprès du FMI, au fonds de mise en oeuvre de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE), et de manière bilatérale, notre pays a annulé 6 milliards de dollars de dettes en faveur des pays les plus pauvres.


M. SAUFATU SOPOANGA, Ministre des finances, de la planification économique et des industries de Tuvalu, a déclaré que son pays est venu à Monterrey avec de grands espoirs, le premier étant de voir cette ville devenir le berceau d’un partenariat pour aborder franchement les problèmes de pauvreté et d’écart de richesses.  Condamnant un monde où 20% de la population cumule 80% des richesses, il a jugé cette situation inacceptable et porteuse de frustrations et de tensions qui exigent des réponses efficaces.  Notre mission ici doit rester ciblée sur le but ultime, à savoir le financement du développement, ajoutant que le succès de Monterrey sera jugé à l’aune des partenariats qui en découleront et non à l’aune des promesses qui seront faites.  Il convient de développer une compréhension et le respect du rôle de chacun dans ce partenariat.  Nous sommes très engagés à l’égard d’une bonne gestion des finances à Tuvalu mais, comme beaucoup de petits Etats insulaires en développement, nous sommes isolés et vulnérables au réchauffement climatique et à l’élévation du niveau de la mer, a regretté le Ministre.  Aussi, le maintien des services publics ne peut être possible sans l’aide publique au développement (APD) venant de pays tels que l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Royaume-Uni, le Japon ou l’Union européenne.  Pour autant, nous sommes préoccupés par la baisse générale de l’APD et considérons que tous les efforts d’augmentation de cette aide doivent être les bienvenus comme doit l’être la récente décision des Etats-Unis d’augmenter leur aide.  Il a recommandé une appropriation directe par les communautés locales des programmes de développement.  Chaque pays a la responsabilité première de son propre développement mais des pays comme Tuvalu sont limités dans leurs efforts et ont besoin d’aide de la communauté internationale.


M. JAKAYA M. KIKWETE, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de la Tanzanie, s’est félicité des décisions prises récemment par l’Union européenne et le Président Bush dans le domaine de l’aide publique au développement tout en soulignant que le financement durable de la dette est l’élément fondamental de la mobilisation des ressources aux fins du développement.  A cet égard, il a estimé que l’Initiative renforcée HIPC/PPTE soulève un certain nombre de questions auxquelles il faut trouver des réponses.  Il s’est félicité de la proposition du Président Bush d’augmenter les quotas des dons au détriment des prêts en disant attendre plus de précisions de la part de l’administration américaine.  S’exprimant sur les questions commerciales, le Ministre a émis l’espoir que la Conférence de Monterrey ajoutera sa voix aux appels en faveur de l’assistance nécessaire à la diversification de la production dans les PMA. 


Le Ministre a dénoncé les barrières commerciales et autres mesures protectionnistes.  Concernant la chute de l’investissement privé, il a lancé un appel aux pays du Nord pour qu’ils se montrent plus volontaristes et encouragent, par de véritables stimulants, le secteur privé à investir en Afrique.  Ce continent  a-t-il souligné, a réalisé beaucoup de progrès, et il faut le faire savoir aux investisseurs.  


M. LYONPO YESHEY ZIMBA, Ministre des finances du Bhoutan, a rappelé que lors du Sommet du millénaire, les dirigeants des pays riches et des pays pauvres s’étaient accordés sur des objectifs communs de lutte contre la pauvreté et de promotion du développement.  Il a ajouté que le thème de la pauvreté qui frappe plus d’1,2 milliard de personnes sur la planète est abordé depuis quelques années dans la plupart des rencontres internationales, que ce soit à la Banque mondiale, à l’Organisation mondiale du commerce ou aux Nations Unies.  Alors que beaucoup de promesses ont été faites, bien peu a été réalisé de manière concrète, a regretté le Ministre qui a souligné que, alors que l’aide publique au développement (APD) était censée augmenter, elle avait progressivement diminué au cours de ces dernières années.  Bien sûr, les pays en développement ne sauraient compter uniquement sur l’APD pour financer leur développement et doivent avant tout mobiliser l’épargne nationale.  L’APD doit venir en complément des fonds domestiques et les gouvernements doivent mettre en œuvre des politiques cohérentes, durables et à long terme pour attirer les investissements.  Au Bhoutan, nous avons déployé tous les efforts pour mobiliser les ressources nationales mais il importe de reconnaître que cette tâche est difficile et que certains pays enclavés ou insulaires ont du mal à attirer l’investissements étranger direct (IED). 


Les pays en développement doivent toutefois respecter les piliers du développement que sont l’investissement dans les domaines économique et social, la bonne gouvernance, la préservation des valeurs culturelles et la conservation de l’environnement.  Dans le même temps, les pays riches doivent faire preuve de souplesse et de flexibilité en renonçant aux mesures de conditionnalité et en augmentant leurs contributions à l’APD, le Ministre se félicitant des annonces récentes d’augmentation de l’APD en Europe et aux Etats-Unis.  « La population de la planète, qu’elle soit riche ou pauvre, a une destinée commune, alors faisons de ce nouveau millénaire celui de l’espoir, de la paix et du développement » a conclu M. Zimba.


M. XIANG HUAICHENG, Ministre des finances de la Chine, a plaidé pour l’établissement d’un cadre global de financement du développement qui mènerait à un nouvel ordre économique international respectueux du droit au développement.  Il a souhaité des réformes dans les systèmes internationaux pour encourager les courants des capitaux. Il a souhaité une meilleure ouverture des marchés, un mouvement plus facile de la main-d’œuvre, et le renforcement de la pratique des droits de tirages spéciaux, et la circulation des personnes.  En termes de mouvements des capitaux, le représentant a jugé qu’il était juste de demander aux pays qui ont des réserves importantes de devises d’assumer une responsabilité particulière dans la stabilisation des marchés.   Le Ministre a appelé de ses vœux le renforcement de la coopération régionale et la participation de chaque pays à l’élaboration des règles de l’économie mondiale.


Plaidant, pour une augmentation de l’APD, il a souligné qu’il ne s’agit nullement de charité mais bien d’un moyen d’aider les pays en développement à assurer leur décollage économique.  Le Ministre a souhaité que les banques multilatérales internationales renforcent leur rôle en la matière.  L’appropriation des programmes de développement par les pays doit être encouragée, a encore dit le représentant en appelant la communauté internationale à respecter le droit de chaque pays à choisir son propre mode de développement.

M. VOLODYMYR PERSHYN, Secrétaire d’Etat et Ministre de l’économie et de l’intégration européenne de l’Ukraine, a déclaré qu’en raison de l’interdépendance des économies, il fallait mieux répartir les bénéfices de la croissance mondiale entre pays riches, en développement et en transition.  La Conférence de Monterrey doit réaffirmer l’engagement de réduire de moitié la pauvreté mondiale d’ici à 2015.  L’Ukraine soutient l’esprit du Consensus de Monterrey, qui vise une utilisation rationnelle et responsable des ressources financières nationales et mondiales.  Nous soutenons en outre une ouverture des marchés accompagnée de l’élimination des subventions à l’agriculture.  Sur le plan national, notre pays continue de souffrir des conséquences de la catastrophe de Tchernobyl, et nous demandons à la communauté internationale de nous aider à y faire face.  L’avenir proche de l’humanité dépendra en grande partie de la mise en oeuvre effective des engagements contenus dans le Consensus de Monterrey. 


M. SHAUKAT AZIZ, Ministre des finances du Pakistan, a souhaité que Monterrey débouche sur un partenariat durable pour l’éradication de la pauvreté et pour le développement d’un système économique mondial plus juste et plus équitable.  La pauvreté est le défi le plus grave à relever aujourd’hui, et il faut la considérer de manière holistique car elle ne se limite pas à l’absence de revenus.  La pauvreté se manifeste dans l’absence de participation, d’éducation et plus généralement dans tout sentiment de privation humaine, a estimé M. Aziz.  L’aide publique au développement (APD) est un complément essentiel à la mobilisation de l’épargne nationale des pays à faible revenu, a-t-il souligné.  Il faut par conséquent améliorer l’APD en termes de quantité, de qualité et d’efficacité, a poursuivi le Ministre, se félicitant des initiatives américaine et européenne d’augmenter leur part d’aide.  Il a jugé que davantage doit être fait en matière d’APD et que son efficacité doit se mesurer à ses résultats.  L’APD doit permettre aux pays en développement de créer un environnement favorable à la mobilisation de capitaux privés.  Il faut lancer des réformes structurelles, a estimé le Ministre, soulignant la nécessité de promouvoir la bonne gouvernance et l’état de droit, de lutter contre la corruption et, à terme, d’apprendre à marcher tout seuls.  « Aidez-nous à nous aider nous-mêmes » doit être le message clair que nous envoyons aux donateurs, a déclaré M. Aziz, lançant un appel aux pays riches pour un allègement du fardeau de la dette, une mobilisation des investissements privés et pour la mise au point d’un mécanisme de gestion des retards de paiement de la dette des pays ne faisant pas partie de l’Initiative PPTE.  L’allègement de la dette permettrait aux pays de devenir autonomes et d’avoir un meilleur accès aux marchés des pays riches, ce qui leur permettra de réaliser le développement durable, a défendu le Ministre. 


M. FERMECHEND RAGHOEBARSING, Ministre de la planification et de la coopération économique du Suriname, a salué le Consensus de Monterrey qu’il a qualifié de bon départ pour l’action en matière de développement. Il faut des engagements forts et honnêtes et reconnaître que le respect de ces engagements profitera à tous.  Il faut passer des bonnes intentions à l’action et la performance de chacun - donateurs ou instituions financières internationales - doit être évaluée et contrôlée.  Enfin, il est de l’intérêt des pauvres que les processus d’évaluation des résultats et d’élaboration de mesures correctives soient confiés à l’ONU. En toute chose, a ajouté le Ministre, l’être humain doit rester au centre.  Pour le Ministre, Monterrey sera assorti d’un prix à payer et il faut espérer que les ressources seront suffisantes pour concrétiser toutes les

bonnes intentions.  Toutefois, la raison d’être de Monterrey n’est pas l’argent mais l’avenir.  Monterrey offre une occasion unique de traiter, de façon efficace, les graves problèmes que le monde connaît aujourd’hui.  Il faut trouver des solutions dans l’intérêt des peuples et des pays et qui mènent vers une ONU renouvelée.


M. JOSEPH HENRY MENSAH, Ministre principal pour l’administration et les affaires du Ghana, a déclaré que les pays du monde devraient se mettre d’accord sur la création de puissants nouveaux instruments internationaux de financement et d’un nouveau partenariat pour mobiliser les importantes sommes dont le financement du développement a besoin.  Les déficiences actuelles de structures économiques et sociales de l’Afrique ne permettent pas à ce continent d’envisager sereinement l’avenir, a dit M. Mensah.  Le Ghana remercie le Président des Etats-Unis de mettre fin à la tendance à la baisse de l’aide au développement et de promettre des fonds additionnels en sa faveur, et nous saluons également la décision de l’Union européenne de mettre fin à la stagnation et au recul de son APD.  Nous espérons que nous sommes à l’aube d’une nouvelle forme de Plan Marshall et que les canaux d’acheminement de la nouvelle solidarité qui s’annonce seront mis au point durant les réunions de suivi de cette Conférence.  Le Ghana suggère la création d’un nouveau guichet d’aide à la Banque mondiale.  Rappelons-nous que le guichet de l’Association internationale de développement a été créé dans la structure de la Banque à la suite du premier guichet du Plan Marshall.  La Conférence de Monterrey devrait aider à financer une nouvelle étape dans la voie des arrangements institutionnels de financement internationaux. 


M. BOSSE RINGHOLM, Ministre des finances de la Suède, a déclaré que la Conférence de Monterrey est une occasion unique pour prendre des mesures urgentes pour lutter contre la pauvreté et créer les conditions favorables du développement.  La clé de la stabilité et de la croissance consiste à adopter pour les pays en développement des politiques structurelles et macroéconomiques durables et prévisibles.  Il s’est dit encouragé par l’engagement des pays en développement de mobiliser l’épargne nationale pour financer leur développement et a estimé que la réponse des pays du Nord devait se traduire dans l’accroissement de l’APD.  Il a suggéré la création des conditions justes et équitables d’échanges internationaux qui passent par l’élimination des subventions aux exportations et des barrières tarifaires.  Il a considéré que la politique agricole commune (PAC) de l’Union européenne devait être réformée de manière à pouvoir bénéficier aux pays en développement.


M. Ringholm s’est prononcé pour une meilleure coordination des efforts des donateurs pour lutter contre les pratiques fiscales injustes.  S’agissant de l’APD, il a invité les pays de l’OCDE à fixer un délai pour atteindre les 0,7% de leur PNB alloués à l’APD bien avant 2015 et les a exhortés à atteindre au minimum 0,33% d’ici 2006.  L’APD conjointe atteindra en 2006 0,39% du PNB de l’Union européenne a précisé le Ministre, soit 7 milliards de dollars annuels.  La Suède, qui répond déjà l’impératif des 0,7%, s’engage à atteindre les 1% pour renforcer les capacités des pays en développement à bénéficier de la mondialisation.  Il a insisté sur quatre domaines prioritaires: l’aide liée au commerce pour permettre aux pays en développement de participer aux travaux de l’OMC ; le renforcement des capacités dans la gestion des finances publiques des pays en développement ; le

renforcement des capacités pour la gestion des politiques macroéconomiques ; et enfin la gestion de la dette.  Il a souhaité une direction politique ferme qui permettra de mettre en œuvre le Consensus de Monterrey et d’impliquer tous les partenaires, car l’objectif de réduction de la pauvreté à l’horizon 2015 exige des mesures immédiates a déclaré le Ministre. 


M. CARLOS JULIO EMANUEL, Ministre de l’économie et des finances de l’Equateur, s’est dit convaincu de la nécessité d’un effort international sérieux pour assurer l’instauration d’un système économique mondial plus équitable.  Le fardeau de la dette, a-t-il poursuivi, a atteint un niveau insoutenable dans un grand nombre de pays.  Jusqu’ici les mesures proposées - toujours conformes aux intérêts des créanciers- n’ont pas porté de fruits car elles ont toujours évité les questions de fond.  Toutefois, l’histoire du 20ème siècle montre qu’il est possible de parvenir à des solutions définitives en matière de dette.  Il est important de rappeler que le Plan Marshall s’est révélé un instrument efficace qui explique le relèvement de l’Europe après la guerre.  Le meilleur exemple en est le plan de Londres qui a permis à l’Allemagne de régler la question de son endettement.  Il faut souligner que le rapport entre le service de la dette et les exportations de l‘Allemagne était de 4,2% en 59, ce qui est comparable à la situation de l’Amérique latine l’année dernière.  En Equateur, la dette représente plus de 40% du budget de l’Etat.


Le Ministre a estimé que les pays en développement ont besoin d’un plan qui devrait faire preuve de la même imagination et de la même créativité que le Plan Marshall car aujourd’hui ce qui se passe dans les pays en développement est plus grave que les destructions durant la deuxième guerre mondiale. En effet, aujourd’hui, les pays du Sud sont en plus victimes de pratiques qui faussent les relations commerciales.  C’est pourquoi l’Equateur propose un fonds compensatoire international pour améliorer la structure de la dette des pays à revenus intermédiaires qui serait constitués par des émissions de droits de tirages spéciaux. 


M. EL HADJ OUMAR KOUYATE, Secrétaire d’Etat au plan de la République de Guinée, a déclaré que la Guinée, pays essentiellement exportateur de matières premières dont les cours sont fixés dans les pays développés, subit la dégradation des termes de l’échange qui a un impact négatif sur la balance des paiements et sur la croissance économique.  C’est ce qui justifie l’adhésion de la Guinée au groupe de pays qui pensent que l’OMC doit lancer un nouveau cycle de libéralisation des échanges au cours duquel il faudra revoir les réglementations qui sont contre-productives pour les pays en développement.  Ce cycle commercial devra aussi éliminer les subventions à l’exportation, limiter le soutien aux producteurs dans le cadre de la libéralisation des échanges, et réduire les mesures protectionnistes qui affectent les échanges de produits textiles et de confection.  La Guinée remercie sur ce dernier point les Etats-Unis pour les avantages qu’ils donnent aux pays africains à travers l’AGOA.


Concernant l’APD, la Guinée regrette que ses mécanismes ne favorisent pas le transfert de compétences aux nationaux.  Une politique intégrée et cohérente de coopération internationale devrait se fonder sur des priorités nationales et une mise en oeuvre politique et technique visant une meilleure gestion de l’assistance technique et un transfert renforcé des compétences.  Notre gouvernement salue la proposition américaine appelant la Banque mondiale et notamment l’IDA, à verser 50% de son aide sous forme de dons.  Nous notons avec satisfaction l’aide


supplémentaire de 5 milliards de dollars annoncée  par le Gouvernement des Etats-Unis.  Nous espérons d’autre part que la mise en oeuvre du Consensus de Monterrey contribuera à dynamiser la coopération internationale pour la lutte contre la pauvreté et la pandémie du VIH/sida.  


M. SAIFUR RAHMAN, Ministre des finances et de la planification du Bangladesh, a regretté le fossé entre pays pauvres et pays riches qui ne cesse de se creuser et exige que la communauté internationale prenne en main le processus de développement sous la forme d’une alliance internationale.  Les Etats doivent être au cœur du processus de développement et les pays développés doivent quant à eux consentir des efforts sur les montants de l’APD.  Toutes les parties prenantes doivent participer à un tel effort, a souligné le Ministre, que ce soit le monde des affaires, la société civile ou les pouvoirs publics.  Convaincu de la nécessité de privatiser les entreprises publiques pour mobiliser l’épargne nationale au Bangladesh, M. Rahman a souligné que les autres leviers de l’investissement étranger direct (IED) sont la bonne gouvernance, la lutte contre la corruption et les réformes institutionnelles.  Nous avons, au Bangladesh, fait le choix de renforcer le pouvoir des femmes en améliorant leur accès au crédit et à l’emploi par le développement du micro-crédit.  Pour autant, à l’échelle d’une population de 130 millions d’habitants, de tels programmes exigent une aide internationale consistante, a déclaré le Ministre.  C’est pourquoi, afin de mobiliser les flux de capitaux étrangers, le Bangladesh compte intensifier les réformes dans les domaines douanier et fiscal.  Il a demandé la cohérence entre les organismes financiers internationaux et a exigé l’ouverture des marchés pour respecter le principe d’égalité des chances entre pays pauvres et pays riches afin de permettre l’émergence d’un monde libéré de la pauvreté et de la famine. 


M. MOHAMED OULD NANY, Ministre des affaires économiques de Mauritanie, a estimé que le succès de la Conférence de Monterrey repose sur la capacité de la communauté internationale de trouver des réponses appropriées aux questions relatives à l’APD, à la dette, à l’intégration des pays du Sud au commerce international et à la réduction du fossé numérique.  Le Ministre s’est félicité de la décision du gouvernement américain d’augmenter de 5 milliards de dollars l’APD et de celle de l’Union européenne de porter à 0,39% du PIB son aide.  Le Ministre a déclaré avoir enregistré avec beaucoup d’intérêt la proposition du Président Bush visant à accroître la part des dons dans les opérations des banques multilatérales de développement.  Cette proposition, a-t-il dit, doit être sérieusement examinée pour qu’un compromis puisse naître des discussions relatives à la reconstitution des ressources de l’AID et du Fonds africain du développement.  Souhaitant que l’Initiative HIPC/PPTE soit consolidée, le Ministre a annoncé la finalisation par son pays du cadre stratégique de lutte contre la pauvreté qui a été élaboré dans le contexte de l’Initiative à laquelle la Mauritanie vient d’être déclarée éligible et dont le point d’achèvement est prévu au cours du premier semestre de cette année.


M. JOHN DALLI, Ministre des finances de Malte, soulignant que le monde avait connu ces dernières années un formidable développement socio-économique marqué par les nouvelles technologies, a regretté que les bénéfices de cette prospérité aient été inégalement partagés entre monde développé et monde en développement.  Cette réalité déconcertante, cette fracture entre riches et pauvres sont inacceptables et nous devons agir de manière efficace pour répondre aux objectifs de développement du millénaire, a estimé le Ministre.  La Conférence de Monterrey devrait aboutir à la mise en œuvre d’un mécanisme financier adéquat pour répondre aux défis du développement et intervenir sur le développement des infrastructures et des capacités nationales.  Pour cela, mon Gouvernement est convaincu que seules des mesures concrètes au niveau national pour maximiser l’épargne peuvent encourager le développement, a dit le Ministre.  Il a cité la bonne gouvernance, la transparence, les réformes institutionnelles, la protection sociale et la lutte contre la corruption qui sont autant de facteurs de nature à encourager les investissements.  S’agissant des pays disposant de peu de moyens et de peu de ressources, l’APD doit aider à mobiliser cet investissement afin d’aider les PMA à s’intégrer dans le commerce international.  Il a prôné l’élimination des obstacles aux exportations et la levée des subventions par les pays développés qui sont les moteurs du développement mais semblent avoir perdu leur dynamisme et érigent des barrières protectionnistes a regretté le Ministre.  Il a recommandé l’allègement de la dette et le renforcement de l’initiative PPTE renforcée et mis en avant les résultats de Malte qui a connu des résultats positifs depuis son indépendance notamment dans la mobilisation de l’épargne nationale pour attirer les investissements étrangers.  Le Ministre a mis en garde contre les crises financières internationales qui ont des effets dévastateurs et a lancé un appel à des pratiques plus cohérentes.


M. PER SRIG MOLLER, Ministre des affaires étrangères du Danemark, a déclaré que 3 pauvres sur 4 vivent dans les zones rurales et ne pourront sortir de leur état que si on mettait à leur disposition les infrastructures routières adéquates et les structures de santé et d’éducation nécessaires.  Les femmes sont le principal moteur du changement et du développement.  Nous ne les avons pas suffisamment soutenus.  Elles continuent de ne pas avoir accès à la propriété de la terre, et bien souvent, au crédit.  Le secteur public doit être mis au service de la société civile et du secteur privé.  A défaut de cela, les initiatives de développement se trouvent bloquées.  Nous devons préparer le terrain pour le pacte mondial en faveur du développement durable qui devra être conclu à Johannesburg. Le Consensus de Monterrey est un exemple de base de partenariat consensuel.  Les investissements privés devraient être reconnus comme un élément essentiel de promotion de la croissance.  Mais les pays riches doivent s’acquitter de leurs autres obligations.  La cible de 0,7& de leur PNB à verser à l’APD doit être atteinte. Les ventes annuelles de Coca-Cola et de Pepsi-Cola sont de 40 milliards de dollars.  Il faudrait simplement que nous, Etats industrialisés, ajoutions 10 milliards de dollars à la somme des ventes de ces compagnies privées pour permettre la réalisation des objectifs du millénaire, qui sortiraient des centaines de millions de personnes de la pauvreté abjecte.  Le Danemark est prêt à participer à ce nouveau partenariat.


M. JOSEPH DEISS, Ministre des affaires étrangères de la Confédération helvétique, a estimé que la Conférence de Monterrey est cruciale pour le succès des efforts mondiaux de développement durable et de ce fait, une étape incontournable sur le chemin de Johannesburg.  Le gouvernement suisse, a-t-il déclaré, est déterminé à s’engager davantage encore pour améliorer l’efficacité de l’APD et à l’augmenter pour atteindre graduellement 0,4% du PNB en 2010.  En matière de financement, il est important de respecter la clarté des modalités d’appui, et à cet égard, maintenir la division du travail entre les fonds et programmes des Nations Unies – qui attribuent des ressources sous formes de dons- et les institutions internationales de financement –qui accordent des prêts-.  Parlant du commerce international, le Ministre s’est prononcé en faveur du renforcement des mesures d’accompagnement du processus d’adhésion à l’OMC.  Il a

indiqué que son pays énoncerait des négociations en vue de transformer l’Agence de coopération et d’information pour le commerce international en une organisation intergouvernemental.  S’agissant de la coopération entre pouvoirs publics et opérateurs économiques privés, le Ministre a dit l’intention de son pays de faciliter ce dialogue avec le concours de partenaires comme le Forum économique mondial.


M. RAYMOND LIM, Ministre d’Etat aux affaires étrangères, au commerce et à l’industrie de Singapour, a déclaré que la question du financement du développement n’est pas nouvelle.  Elle s’est simplement accélérée ces dernières années à cause de la mondialisation de l’économie.  Nous sommes tous dans ce contexte liés les uns aux autres.  L’Histoire a montré que depuis la Deuxième guerre mondiale, aucun pays n’est sorti de la pauvreté sans s’être intégré à l’économie mondiale.  Ayant bénéficié de l’assistance technique que lui ont fournie d’autres pays dans les années où il se jetait dans la bataille du développement, Singapour est prête à partager ses compétences et son expérience avec les pays en développement.  A travers le Programme de coopération de Singapour, et ses autres cadres d’assistance, notre pays a fourni des programmes de formation à plus de 15 000 personnes originaires de 139 pays en développement.  Nous avons collaboré avec la Banque mondiale pour fournir une assistance technique aux pays en développement dans de nombreux domaines, dont la gestion de l’environnement, les processus budgétaires, la gestion bancaire, l’administration publique, le développement urbain et l’administration de la santé.  Les pays en développement doivent faire preuve de volonté politique et entreprendre les réformes structurelles nécessaires pour leur intégration dans l’économie mondiale.  Quant aux institutions internationales, elles devraient mettre en place des programmes de renforcement des capacités pour aider les pays en développement à entrer dans la mondialisation et la révolution des connaissances.


MME LIZ O’DONNELL, Ministre de la coopération pour le développement de l’Irlande, a estimé que l’interdépendance du monde globalisé requiert davantage de solidarité et un effort accru pour s’attaquer aux problèmes de pauvreté et d’injustice sociale qui sont souvent la source des conflits et du terrorisme.  Si nous voulons aider les pauvres et les faibles, ce n’est pas parce que nous voyons en eux une menace, c’est par obligation éthique et morale.  C’est pourquoi nous considérons que l’aide publique au développement doit être rendue disponible et les donateurs doivent mettre fin à la prolifération des projets gérés par eux, renoncer à l’aide liée et promouvoir l’appropriation, a jugé la Ministre.  De leur coté, les pays en développement doivent respecter les principes de bonne gouvernance, d’équité sociale et de réformes institutionnelles de nature à rationaliser les efforts de développement et à encourager les investissements étrangers a ajouté Mme O’Donnell.  Aussi, l’Irlande en appelle-t-elle aux pays de l’OCDE afin qu’ils respectent au plus vite l’objectif de 0,7% du PNB alloué à l’APD. 


En Irlande, notre programme d’aide au développement augmentera de 65% en 2002 pour atteindre 0,44% du PNB, ce qui constitue une mesure intérimaire, a-t-elle précisé.  Nos partenariats augmenteront progressivement et, dans le contexte de Doha, nous sommes engagés à la mise en œuvre des objectifs de l’ordre du jour de l’OMC.  Nous apporterons par conséquent des fonds aux pays en développement pour leur permettre de faire valoir leurs droits.  S’agissant de l’initiative PPTE, la Ministre a jugé insuffisantes les politiques suivies à ce jour, en particulier pour les pays lourdement endettés. 


M. JOHN DALLI, Ministre des finances de Malte, soulignant que le monde avait connu ces dernières années un formidable développement socio-économique marqué par les nouvelles technologies, a regretté que les bénéfices de cette prospérité aient été inégalement partagés entre monde développé et monde en développement.  Cette réalité déconcertante, cette fracture entre riches et pauvres sont inacceptables et nous devons agir de manière efficace pour répondre aux objectifs de développement du millénaire, a estimé le Ministre.  La Conférence de Monterrey devrait aboutir à la mise en œuvre d’un mécanisme financier adéquat pour répondre aux défis du développement et intervenir sur le développement des infrastructures et des capacités nationales.  Pour cela, mon Gouvernement est convaincu que seules des mesures concrètes au niveau national pour maximiser l’épargne peuvent encourager le développement, a dit le Ministre.  Il a cité la bonne gouvernance, la transparence, les réformes institutionnelles, la protection sociale et la lutte contre la corruption qui sont autant de facteurs de nature à encourager les investissements.  S’agissant des pays disposant de peu de moyens et de peu de ressources, l’APD doit aider à mobiliser cet investissement afin d’aider les PMA à s’intégrer dans le commerce international.  Il a prôné l’élimination des obstacles aux exportations et la levée des subventions par les pays développés qui sont les moteurs du développement mais semblent avoir perdu leur dynamisme et érigent des barrières protectionnistes a regretté le Ministre.  Il a recommandé l’allègement de la dette et le renforcement de l’initiative PPTE renforcée et mis en avant les résultats de Malte qui a connu des résultats positifs depuis son indépendance notamment dans la mobilisation de l’épargne nationale pour attirer les investissements étrangers.  Le Ministre a mis en garde contre les crises financières internationales qui ont des effets dévastateurs et a lancé un appel à des pratiques plus cohérentes.


M. JULIAN HUNTE, Ministre des affaires extérieures de Sainte-Lucie, a déclaré que son pays souhaite une réévaluation globale du système économique et financier international actuel.  Notre pays souscrit au principe selon lequel tout pays est en premier responsable de son propre développement. Mais en même temps, nous savons tous que les efforts nationaux sont souvent mis en échec par les conditions négatives existant au niveau international.  Notre pays comme tous les petits Etats insulaires en développement est handicapé par un certain nombre de facteurs, dont sa petite taille.  Nous n’avons fait que subir les effets et les mécanismes de la mondialisation et notamment l’état de ses marchés, dont beaucoup d’obstacles injustes nous empêchent d’en tirer parti.  Ajouté au coût économique qu’entraînent l’ouverture des marchés et la libéralisation de l’appareil économique, l’ajustement structurel a créé des conditions difficiles pour des petits pays comme le nôtre.


Sainte-Lucie propose que des arrangements institutionnels soient créés entre les organisations multinationales comme la Banque mondiale, l’OMC, et les Nations Unies. Ce genre d’arrangements aiderait à développer plus de cohérence et de consistance dans les décisions politiques que prennent ces institutions.  A cet effet, nous recommandons la création d’un Comité interorganisationnel de coordination sous la présidence du Secrétaire général des Nations Unies. Notre pays lance aussi un appel au redémarrage des activités de l’Unité des Nations Unies sur les entreprises transnationales en vue de surveiller les activités de ces compagnies.  Nous exprimons d’autre part nos inquiétudes face à la situation

créée par certains groupes de pays et d’organisations, qui violent et usurpent la souveraineté des Etats sur la question des politiques fiscales.  Toute entité qui prétendrait mettre au point des normes et des codes devant être imposés à des Etats devrait auparavant requérir l’approbation et la participation de ces derniers.


Mme DELIA GRYBAUSKAITE, Ministre de l’éducation de la Lituanie, a estimé que la mobilisation de ressources nationales, la bonne gouvernance et l’appropriation des programmes représentent des outils clés pour le développement.  Rappelant que son pays aspire à devenir membre de l’Union européenne et de l’OTAN, la Ministre a précisé que son pays avait mis en œuvre un processus de réformes structurelles orientées vers la libéralisation de l’économie et l’ouverture des marchés.  Insistant sur la nécessité pour les pays en transition de respecter les droits de l’homme et la participation, elle a souligné que le secteur privé pouvait être un partenaire essentiel pour la mise en oeuvre de programmes de développement des investissements en coopération avec les partenaires internationaux. 


M. MPOHO MALIE, Ministre des finances et de la planification du Lesotho, a fait valoir que le NEPAD est un engagement clair des Africains à mettre le continent dans la voie d’un développement et d’une croissance durable en participant pleinement à l’économie mondiale.  Le NEPAD représente de ce point de vue un appel à la communauté internationale pour un partenariat permettant d’inverser la tendance à une répartition inéquitable des richesses.  Les réformes entreprises en Afrique doivent être récompensées par des financements plus substantiels du développement.  Le Ministre a, dans ce cadre, plaidé pour une augmentation de l’APD, une véritable libéralisation du commerce et une mise en œuvre rapide des accords relatifs aux traitements différenciés.  Il s’est prononcé

en faveur d’un un système commercial ouvert, juste, équitable, et non discriminatoire sous la direction de l’OMC.  Il a rappelé les engagements pris en matière de renforcement des capacités pour améliorer la participation des PMA aux travaux de l’Organisation mondiale du commerce. Annonçant la tenue prochaine d’élections dans son pays, il a invité les observateurs qui manifesteront la volonté de les surveiller. 


Mme HEIDEMARIE WIECZORECL-ZEUL, Ministre fédéral de la coopération économique et du développement de l’Allemagne, a déclaré que la création d’un haut conseil mondial  pourrait permettre de résoudre le problème de la mauvaise représentation des pays en développement dans les forums de discussions et de prises de décisions économiques et financières mondiales.  En ce qui concerne l’aide au développement, indispensable à la réalisation des objectifs du Millénaire, les Etats membres de l’Union européenne viennent juste de s’engager à la porter à 0,39% de leur PNB d’ici à 2006.  Ils s’engagent aussi à atteindre l’objectif agréé de 0,7%.  La décision de l’Union européenne se traduira par le passage de son APD de 25 milliards de dollars aujourd’hui à 32 milliards en 2006, ce qui représente un ajout de 7 milliards.  Face aux énormes besoins en ressources financières, une discussion ouverte et transparente sur de nouvelles sources de mobilisation de fonds et sur les biens publics mondiaux doit avoir lieu comme le souligne le Consensus de Monterrey. Dans ce contexte, le ministère allemand du développement a présenté une étude de faisabilité  pour une taxe sur  les transactions financières internationales.  Cette étude montre comment cette taxe pourrait fonctionner dans la pratique.  Les pays en développement bénéficieraient de la réduction de la volatilité des flux financiers qui en résulterait, et de la plus grande stabilité qu’en tireraient les marchés financiers.  Cette taxe permettrait de réduire les attitudes de spéculation.


M. FRANCOIS-XAVIER NGOUBEYOU, Ministre d’Etat chargé des relations extérieures du Cameroun, a rappelé que les Chefs d’Etat et de Gouvernement avaient adopté, lors du Sommet du millénaire, des mesures visant l’élimination de la pauvreté, le développement durable, la promotion de la paix et la sécurité internationale et accordé une attention particulière aux besoins spécifiques de l’Afrique.  De leur côté, a-t-il poursuivi, les dirigeants africains ont pris la juste mesure des défis auxquels est confronté leur continent et adopté le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD).  Le NEPAD est à la fois une stratégie et un plan d’action pour accélérer la croissance économique, réduire la pauvreté et favoriser l’intégration de l’Afrique à l’économie mondiale a précisé le Ministre.  Aussi, le Cameroun attend de cette conférence la définition claire et volontariste des voies et moyens de mobiliser les ressources nécessaires à la réalisation des objectifs du millénaire.  A ce titre, il s’est félicité de la teneur du Consensus de Monterrey et des décisions annoncées par les pays de l’Union européenne, les Etats-Unis et le Canada en faveur de l’accroissement de leur APD.  M. Ngoubeyou a toutefois plaidé, dans la perspective de mise en œuvre du NEPAD, pour une annulation de la dette, une augmentation de l’APD qui se rapproche de l’objectif de 0,7% du PNB et pour la promotion de l’accès aux marchés des pays développés, le développement des capacités commerciales des pays en développement et la levée des subventions agricoles.


M. MARIS RIEKSTINS, Secrétaire d’Etat au Ministère des affaires étrangères de la Lettonie, a manifesté l’intention de son pays de poursuivre sa participation aux programmes d’aide offerts par le PNUD, la Banque mondiale et le FMI.  Avec son adhésion à l’Union européenne, la Lettonie devrait devenir membre du plus grand contributeur à l’aide publique au développement.  Toutefois, le commerce international doit rester un moteur essentiel du développement.  C’est la raison pour laquelle la Lettonie a appuyé fermement le lancement d’un cycle du développement au sein de l’OMC.  La Lettonie a  accordé un accès sans quotas ni restrictions aux produits des PMA.


M. ANDREAS LOVERDOS, Ministre adjoint des affaires étrangères de la Grèce, a déclaré que la Grèce était encore il y a quelques années considérée comme un pays en développement.  Elle est aujourd’hui membre de la zone Euro, et son APD a connu une augmentation de 300% depuis 1997.  Notre pays pense que les efforts de développement devraient être basés sur une série de principes clés: la participation, la solidarité, l’équité, la coresponsabilité, l’appropriation des politiques et des projets, la capacité d’analyse et de prévision, et les partenariats.  Le partenariat est cependant le principe le plus important pour deux raisons: il promeut la coordination, la cohérence et la complémentarité en aidant l’implantation de la bonne gouvernance.  Ensuite, il aide à créer des relations de confiance entre les parties prenantes en favorisant la transparence.


M. FRANZ MORAK, Secrétaire d’État de l’Autriche, a rappelé que le Mexique et l’Autriche avaient coprésidé en 1991 la Conférence de Cancun.  Il a souligné que son pays entend faire passer à 0,39% la part de son PNB alloué à l’aide publique au développement (APD) d’ici à 2006.  L’objectif demeure à terme de la faire passer à 0,7% de notre PNB a assuré le Secrétaire d’État, jugeant toutefois que les ressources financières ne vont pas toutes dans le développement.  Il convient, a-t-il poursuivi, que dans leurs efforts de responsabilisation, les pays en développement élargissent leurs structures économique, sociale et commerciale.  C’est pour encourager cela que l’Autriche a privilégié dans ses politiques d’assistance la bonne gouvernance, le renforcement de l’état de droit et le renforcement des capacités nationales.  Ce sont là des principes essentiels pour assurer la bonne gestion de l’investissement national et encourager les flux financiers internationaux.  Dans l’architecture du développement, a poursuivi M. Morak, l’Etat doit créer l’environnement économique, juridique et politique propice à l’économie de marché, le secteur privé doit générer des capitaux, et la société civile doit être le garant des règles de bonne gouvernance.  A Cancun, il y avait 22 pays représentés et ici à Monterrey nous sommes plus de 160 Etats, a observé M. Morak, souhaitant que ces progrès sensibles se concrétisent à Johannesburg lors du Sommet sur le développement durable. 


M. MASKARIM WIBISONO, Vice-Ministre des affaires étrangères de l’Indonésie, a estimé que la Conférence de Monterrey est une occasion en or pour traiter des défis découlant de la mondialisation et pour débloquer le potentiel du développement en en revitalisant le financement. La tâche principale est de mobiliser les ressources nationales et internationales aux fins du développement tout en évitant les crises financières.   Il faut se concentrer sur certains domaines clés du développement et d’abord la mobilisation des ressources nationales qui exigent la mise en œuvre de politiques macroéconomiques saines.  Les économies étant de plus en plus interdépendantes, un appui international est nécessaire pour susciter des courants accrus d’IED.  Comme la plupart des pays en développement n’ont pas accès aux flux de capitaux privés, l’APD reste essentielle pour le développement.  Le commerce international est également une question essentielle qui exige la coopération internationale.  Les actions unilatérales des pays développés pour améliorer l’accès des produits du Sud à leurs marchés sont indispensables.  La Déclaration de Doha doit, à cet égard, être absolument mise en œuvre. 


S’agissant de la dette, l’Indonésie, qui connaît le poids de ce fardeau, préconise un mécanisme international d’allègement de la dette pour parvenir à la viabilité financière.  Les crises financières ayant révélé les problèmes systémiques de l’architecture financière internationale, il faut demander au FMI de renforcer ses efforts de surveillance des marchés des capitaux, a conclu le représentant. 


Mme JELICA MINIC, Vice-Ministre fédéral des affaires étrangères de la République fédérale de Yougoslavie, a déclaré que le Consensus de Monterrey aura la responsabilité de servir de base de mobilisation des ressources du financement du développement.  Après plus d’une décennie d’instabilité régionale sévère et de conflits, la République fédérale de Yougoslavie s’est lancée dans des réformes qui lui permettront de faire partie de l’économie de marché d’abord au niveau européen.  Notre pays a cependant besoin d’assistance, d’investissements étrangers directs et de mesures de rééchelonnement ou de réduction de la lourde dette héritée des régimes du passé.  Les nouvelles autorités issues des réformes démocratiques ont besoin de l’appui de la communauté internationale pour renforcer la démocratie, et elles soutiennent le rôle de l’ONU dans la promotion de relations internationales plus justes.  Notre pays participera à tous de processus visant la réalisation des objectifs de la Déclaration du Millénaire dans toute la mesure de ses capacités.


M. RENATO MARTINO, chef de la délégation du Saint-Siège, trop de familles dans le monde sont confrontées à la survie au quotidien et sont privées de leur rôle d’acteur dans la société.  Le fardeau de la dette prive ces mêmes populations des pays en développement de l’accès aux soins de santé, à l’éducation à l’activité productive et il est temps de remettre l’être humain au cœur des programmes de développement.  Le financement du développement représente une tâche trop grande pour pouvoir être assumée par un seul partenaire et il importe de susciter une démarche solidaire et collective des bailleurs de fonds potentiels.  En dépit des efforts des deux dernières décennies déployés par les pays développés, les pays en développement et les instituions financières, les conditions de pauvreté ont continué de se détériorer, a déploré M. Martino, imputant ces échecs d’une part à la mauvaise gouvernance qui s’est souvent manifestée dans les pays en développement et, d’autre part, dans les pays développés, en raison de mécanismes financiers et sociaux qui accentuent les positions de richesses des plus développés et affectent les conditions des pays les moins avancés.  Il a recommandé une analyse de ces politiques sous l’angle moral et éthique, jugeant que la dignité humaine doit être au cœur des préoccupations des politiques de développement. 


Mme MADINA JARBUSSYNOVA (Kazakhstan) a souligné que malgré les progrès économiques et sociaux accomplis par son pays, l’instabilité aux frontières sud, le terrorisme, le trafic des drogues et l’explosion de la criminalité dans les pays voisins continuent de constituer une réelle menace.  Elle s’est prononcée pour un système efficace de sécurité régionale.  En matière de développement, elle a reconnu le rôle fondamental des politiques nationales en arguant cependant que le financement extérieur reste essentiel, notamment pour les pays en développement sans littoral.  C’est la raison pour laquelle, a-t-elle dit, le Consensus de Monterrey est un texte bienvenu parce qu’il réaffirme la validité de l’APD.  La représentante a souligné l’importance du commerce international en rappelant que malgré les progrès accomplis, les barrières directes et indirectes  continuent d’affecter un nombre considérable de biens.  Il est donc nécessaire de rétablir le dialogue entre les partenaires du commerce pour obtenir une nouvelle libéralisation des échanges internationaux.  Il faut améliorer la coordination des institutions internationales et en ce nouveau siècle de libéralisation commerciale et d’interdépendance économique, il faut espérer que tous les pays coopèreront afin de faire de ce monde un monde meilleur.


M. WARNESA RASAPUTRAM, chef de la délégation du Sri Lanka, a déclaré que son pays soutient le Consensus de Monterrey.  Ce dont le monde a besoin actuellement, c’est d’un renforcement du paradigme du développement par un plan d’action de lutte contre la croissance et la promotion de la croissance dont la mise en oeuvre se ferait sur une période déterminée.  Cette initiative doit être lancée immédiatement pour profiter de l’atmosphère actuelle sur la sécurité internationale.  Le problème de la pauvreté a été mis sur le devant de la scène mondiale après les attentats du 11 septembre.  La sécurité internationale et le développement et la future croissance mondiale dépendront de l’éradication de la misère par la même coalition de forces qui a joint ses énergies pour attaquer les forces de la terreur.  Bien qu’elle ne soit pas la seule raison du terrorisme, un plan d’action mondial contre la pauvreté pourra préparer l’approche holistique qui rendra possible la création d’un environnement de paix et d’harmonie.


M. MAMAD A. ABULHASAN, chef de la délégation du Koweït, a rappelé les efforts du Gouvernement du Koweït pour assurer un développement économique à son peuple depuis l’indépendance de 1961.  Ces politiques reposent sur les principes de bonne gouvernance, a-t-il ajouté et le Gouvernement a mis en œuvre un programme de lutte contre la pauvreté au plan national.  Au plan international, notre Gouvernement a créé le Fonds koweïtien pour le développement économique qui vient en aide prioritairement aux pays arabes.  Ce fonds a permis à ce jour d’octroyer 616 prêts à 97 pays et s’élevant au total à plus de 11 milliards de dollars. La part du PNB du Koweït consacrée à l’APD est de 8,2% ce qui nous place en tête des donateurs internationaux.  L’aide est indispensable pour favoriser le développement et nous devons créer des volets d’assistance technique aux pays en développement orientés sur des priorités telles que la pauvreté et l’éducation.  Nous essayons de rendre plus transparentes les relations financières avec les pays en développement, a ajouté M. Abulhasan.  Il a demandé aux pays développés d’accroître leur APD jusqu’à 0,7 de leur PNB, de lever les barrières douanières et de supprimer les mesures de distorsion commerciale.  Le Koweït qui a été un des premiers à annuler la dette de certains pays en développement il y a 8 ans en appelle aujourd’hui aux pays riches pour qu’ils annulent la dette des pays en développement.


M. NOUHAD MAHMOUD (Liban) a dit constater que l’écart socioéconomique dans les sociétés et entre les pays est source de conflits et de troubles pour les générations futures.  Il ne peut y avoir de développement, a-t-il dit, sans paix,  ni sécurité ni respect du droit international dans les relations entre Etats.  Même si la question du terrorisme l’emporte ces jours-ci, il ne faut pas oublier que le droit international est notre héritage commun et qu’il faut le chérir en tant que tel.  Le développement est tributaire du financement, a poursuivi le représentant en appelant à l’action. Il a, à cet égard, jugé judicieux d’exiger la contribution des multinationales qui possèdent de grandes quantités de ressources financières souvent acquises dans les pays en développement.  Le représentant a dit attendre le jour où la participation des multinationales dans le développement sera obligatoire, réglementée et institutionnalisée.  En fait, il s’agirait de contributions financières plus libres qui ne viendraient pas seulement de l’aide publique ou de l’IED.  La participation des multinationales dans un système global de financement est juste, raisonnable et faisable, a estimé le représentant.


M. ALTAI EFENDIEV, chef de la délégation de l’Azerbaïdjan, a déclaré que l’aide au développement devrait être considérée comme un puissant outil de promotion et de récompense du respect des valeurs et de l’esprit de la Charte des Nations Unies et de la Déclaration du Millénaire, ainsi que des normes et règlements du droit international.  L’aide est un puissant canal de communication de messages, et ceux-ci devraient être clairs, justes et sans parti pris.  L’aide ne devrait pas servir à financer les conflits.  Par conséquent, les pays qui en bénéficient devraient respecter les normes internationales, qui devraient être les critères de leur éligibilité.  Tout en soutenant et endossant le Consensus de Monterrey, l’Azerbaïdjan exprime des réserves sur la partie du document qui concerne la coopération sous-régionale.  Nous ne pouvons en effet, au vu de la situation qui y règne, nous engager à une coopération sans entrave avec les pays du sud du Caucase jusqu’à ce que le conflit qui y règne soit réglé de manière juste et durable.


M. FREDRICK PITCHER, chef de la délégation de Nauru, a rappelé que son pays est le plus petit Etat membre et accorde à ce titre une importance cruciale à cette Conférence.  Il s’est félicité des dispositions du Consensus de Monterrey en faveur du développement des petits Etats insulaires en développement et s’est dit encouragé par les engagements pris à Doha en faveur de l’aide aux pays à taille réduite pour les aider à développer leurs capacités nationales.  Les petits États insulaires en développement ne peuvent pas effectuer une transition sans heurt puisque les pays riches consentent de moins en moins d’aide au développement, a noté M. Pitcher.  Rappelant que le Japon, Singapour et Taiwan avaient disposé pour leur développement de sources de financement considérables, il a estimé que seuls les investissements étrangers peuvent aider au développement.  Les petits États insulaires en développement doivent changer radicalement leur perception des échanges internationaux, a admis le représentant qui a souligné et doivent faire des efforts dans la diversification de leur production et dans la recherche d’avantages comparatifs. Pour cela, a-t-il ajouté, il nous faut également ajuster nos marchés aux impératifs de l’OMC mais cette tâche sera difficile à remplir sans assistance internationale.  Il a salué l’élan créé à Monterrey et a souhaité que le Sommet de Johannesburg soit l’occasion de traduire ces promesses en actes pour le développement durable.


M. GUYLA NEMETH (Hongrie) a souligné qu’en se dirigeant vers le développement, les pays en développement doivent mettre en place des politiques économiques favorisant un environnement susceptible de générer l’épargne domestique et d’attirer l’investissement étranger.  Il a toutefois convenu que le relèvement de la Hongrie aurait été impossible sans une assistance financière extérieure.  La Hongrie, a-t-il affirmé, s’engage à collaborer avec toutes les parties prenantes et à partager les différents aspects de son expérience dans la création des institutions, l’établissement d’une économie de marché, la bonne gouvernance.  Elle entend ainsi participer aux efforts visant la mobilisation aux fins du développement.  Au cours de l’année dernière, a encore dit le représentant, le pays a mis en place un programme national de coopération au développement.  La Hongrie a l’intention d’accroître sa capacité en la matière pour contribuer à la mise en œuvre des objectifs de développement de la communauté internationale.


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