En cours au Siège de l'ONU

DEV/2393

L’ONU DEVRA ETRE LE CENTRE DE GRAVITE DE TOUT AGENDA POUR LE DEVELOPPEMENT, SUGGERENT DES DELEGATIONS

21/03/2002
Communiqué de presse
DEV/2393


Table Ronde Ministérielle B3

Cohérence pour le développement


L’ONU DEVRA ETRE LE CENTRE DE GRAVITE DE TOUT AGENDA POUR LE DEVELOPPEMENT, SUGGERENT DES DELEGATIONS


L’idée de supprimer l’aide liée est avancée


MONTERREY, 20 mars -- Les deux tables rondes d’hier ont porté sur le «Partenariats pour le développement», celles d’aujourd’hui ont été consacrées à la «Cohérence pour le développement», le tout dans le cadre de la Conférence internationale sur le financement du développement dont les délibérations se feront demain au niveau des chefs d’Etat et de gouvernement.  La table ronde, cet après-midi, a été présidée par M. Ram Sharan Mehat, Ministre des finances du Népal et M. Enrique Iglesias, Président de la Banque interaméricaine de développement.  Elle a donné l’occasion à Cuba, à l’Equateur, à la Turquie, au Japon, au Cameroun, à la Belgique, à l’Espagne (au nom de l’Union européenne) et à la Banque mondiale d’identifier les différentes dimensions du concept de cohérence. 


«Nous devons établir une cohérence entre les objectifs du développement et les instruments politiques, monétaires et financiers qui servent à les atteindre», a déclaré le Président de la Banque interaméricaine de développement.  Il faut explorer les voies qui permettraient de renforcer la cohérence au niveau régional, et au plan international, il faudrait définir les stratégies à adopter pour à la fois soutenir le développement, favoriser les résolutions des conflits et accompagner les réformes économiques et sociopolitiques des pays, a-t-il soutenu.  Pour le Ministre des finances du Népal, toute politique de développement doit d’abord répondre aux besoins de chaque peuple en tenant compte de ses réalités et de ses particularités.  Les objectifs de développement contenus dans la Déclaration du Millénaire et dans le Consensus de Monterrey forment un ensemble cohérent, a-t-il ajouté. 


Un manque de cohérence, a-t-il estimé, s’observe cependant dans de nombreuses décisions prises au niveau international: l’APD ira-t-elle, par exemple, davantage aux pays qui ont respecté leurs engagements de réformes économiques et politiques?  Les bonnes performances sont-elles réellement reconnues et récompensées?  Un accord et des principes de cohérence existent-ils sur des mesures qui devraient accompagner la libéralisation économique, la démocratisation politique et la promotion des droits de l’homme et de l’état de droit?  C’est à ces questions que nous devons répondre. 


Pour le représentant de Cuba, des politiques de développement cohérentes devraient privilégier la solidarité et la justice comme bases de relations entre pays à la place de la froide logique des marchés.  La libéralisation du commerce mondial, a estimé le représentant, devra respecter les différents niveaux de développement des pays et prendre en compte des mesures protégeant les économies


les plus faibles.  Une taxe internationale devrait être imposée sur les opérations boursières et financières spéculatives formant ainsi une source de revenus au financement du développement.  Il est anormal et totalement incohérent, a-t-il poursuivi, que des fonds en provenance des pays pauvres obtenus au titre du remboursement d’une dette insolvable continuent de financer les économies des pays riches.


Toute cohérence dans les politiques et dans les instruments financiers destinés à les financer, a observé le représentant de l’Equateur, devrait s’appuyer sur un «pacte mondial sur la durabilité du développement».  Si cette durabilité devenait un concept systématiquement intégré à l’agenda du développement, les spéculations et autres dérives qui caractérisent les mécanismes actuels de la mondialisation pourraient être évitées ou corrigées.  Appuyant cette proposition, la représentante de la Turquie a ajouté qu’il faudrait éliminer les asymétries résultant de la mondialisation et créer des outils de régulation des marchés.  La cohérence dans le développement devrait nous amener à mettre un accent particulier sur la transparence et la bonne gouvernance. 


Le représentant de la Banque mondiale a estimé que le concept de cohérence pouvait devenir le pont qui lie les assises de Monterrey à celles de Johannesburg.  Elle devra se traduire dans l’évaluation des échecs et des succès des différents plans d’action et politiques de développement.  « La mère de toutes les cohérences devrait être celle qui consiste à savoir comment nous sortirons de la misère les trois milliards de personnes qui vivent avec un dollar par jour », a-t-il souligné.  Le décollage de la Thaïlande, qui a bénéficié de transferts massifs d’APD et de haute technologie de la part du Japon, est l’illustration de ce qu’une démarche cohérente de stimulation du développement peut accomplir, a déclaré le représentant du Japon.  Le Japon est les autres partenaires de la Thaïlande dont les Etats-Unis, n’ont pas hésité à mettre au service de ce pays leurs connaissances les plus avancées dans les secteurs qui sont devenus depuis la base et les points forts de l’économie thaïlandaise.


L’expérience que nous en avons tirée, a poursuivi le représentant, est que le soutien au développement doit être consistant, de longue durée, et qu’il doit investir dans la durabilité; ce qui peut permettre à un pays de passer de l’état de pays sous-développé à celui de pays émergent.  Le pays récipiendaire doit  cependant y collaborer étroitement en créant un cadre politique, juridique et humain réceptif et tourné vers l’apprentissage et le progrès.  Les principes de cohérence devraient aider à créer un cadre de recommandations et de directives sur lequel pourrait se baser le type de soutiens dont a bénéficié la Thaïlande.  La réalisation du développement durable et de l’éradication de la pauvreté qui figure déjà à l’ordre du jour international, devrait bénéficier de normes et de politiques de cohérence, a estimé, à son tour, le représentant du Cameroun.  Plus de cohérence pourrait mettre fin aux contradictions que l’on observe dans les actions des différentes institutions internationales.


Pour le Cameroun et les autres pays en développement, «l’ONU doit être le centre de gravité» de tout agenda du développement, a-t-il insisté.  Bien comprise la cohérence doit mettre fin à la pensée unique qui a trop longtemps prévalu en matière de politique économique internationale et elle doit aussi aider, au niveau national à mieux définir les rôles et les mandats des départements ministériels en charge des affaires financières, économiques et commerciales.  L’APD ne devrait pas être au service des intérêts des pays


donateurs en soutenant leur commerce extérieur, a prévenu le représentant de la Belgique.  Elle ne devrait pas non plus être un outil de pression politique ou diplomatique.  La Belgique soutient donc l’arrêt de toute aide liée.  La cohérence entre le discours et les actes doit mener la communauté internationale à s’investir dans le règlement des conflits.  La cohérence voudrait que les biens et richesses en provenance des zones de conflits soient bannis des marchés internationaux et des circuits économiques des pays industrialisés où on les retrouve trop souvent.


S’exprimant au nom de l’Union européenne, la représentante de l’Espagne a estimé que la cohérence doit viser à mieux établir le phénomène de la mondialisation en y facilitant l’intégration de tous les pays de manière à leur permettre d’en tirer profit.  Les pays donateurs et leurs partenaires de développement devrait parvenir à un accord général sur le financement du développement dont le Consensus de Monterrey peut être la base.


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