LE COORDONNATEUR SPECIAL DU PROCESSUS DE PAIX AU MOYEN-ORIENT PRESENTE LE PLAN EN TROIS PHASES DU QUARTET AUX MEMBRES DU CONSEIL DE SECURITE
Communiqué de presse CS/2362 |
Conseil de sécurité
4613e séance – matin
LE COORDONNATEUR SPECIAL DU PROCESSUS DE PAIX AU MOYEN-ORIENT PRESENTE LE PLAN
EN TROIS PHASES DU QUARTET AUX MEMBRES DU CONSEIL DE SECURITE
Si l'on veut sortir de l'impasse, les initiatives doivent
être efficaces mais aussi susciter l'espoir, souligne M. Roed-Larsen
La feuille de route sur laquelle les membres du Quartet sont tombés d’accord doit reposer non seulement sur l’efficacité et les résultats, mais aussi sur l’espoir, car en privilégiant l’un au détriment de l’autre, nous risquons de demeurer dans l’impasse, a averti le Coordonnateur spécial pour le processus de paix au Moyen-Orient et Représentant personnel du Secrétaire général, M. Terje Roed-Larsen, alors qu'il informait, ce matin, le Conseil de sécurité de l’évolution de la situation au Moyen-Orient, y compris la question palestinienne. M. Larsen a d’emblée indiqué que depuis la dernière réunion sur la question, le 22 août dernier, la situation humanitaire dans le Territoire palestinien occupé s’est encore dégradée, obligeant le Secrétaire général à dépêcher sur place Mme Catherine Bertini, comme Envoyée personnelle pour évaluer la situation humanitaire. En outre, les six semaines de calme relatif en Israël ont été rompues, il y a deux jours, par deux attentats-suicide commis en Israël et par le bombardement d’une école palestinienne.
Le processus de paix a, quant à lui, été marqué par les trois réunions des membres du Quartet (Etats-Unis, Fédération de Russie, Union européenne et Nations Unies), le 17 septembre dernier; entre eux d’une part, avec cinq ministres arabes ensuite, puis avec les représentants des deux parties. Ces réunions étaient axées sur la situation humanitaire, les questions de sécurité, les réformes institutionnelles et le processus politique. Les membres du Quartet se sont dits très fortement préoccupés par la situation humanitaire qui, selon les conclusions de Mme Bertini, pourrait en quelques mois devenir incontrôlable. La moitié de la population palestinienne dépend désormais de l’aide alimentaire distribuée par l’UNRWA et par le PAM. Dans le même temps, le taux de chômage est désormais de 50% et plus de 70% de la population à Gaza et 55% de celle de la Cisjordanie vit dans la pauvreté. Les blocages persistants freinent non seulement l’aide humanitaire mais font également obstacle à la mise en œuvre des réformes promises, y compris la tenue des élections prévues le 20 janvier 2003. A cet égard, les membres du Quartet ont reconnu que la crédibilité de la réforme dépendra largement de l’amélioration des conditions de vie et des perspectives politiques perçues par les Palestiniens. Il est aussi clair qu’il ne peut y avoir d’amélioration de la situation humanitaire tant qu’Israël ne modifiera pas sa politique sécuritaire. Une mission des Nations Unies, rassemblant les institutions du système qui jouent un rôle clef dans la région, va être envoyée sur place pour préparer un plan détaillé sur les défis humanitaires et de développement. Ce plan sera prêt pour la réunion ministérielle des pays donateurs de décembre prochain.
Les membres du Quartet se sont aussi accordés sur un plan d’action en trois phases afin de parvenir, d’ici trois ans, à la coexistence de deux Etats, a indiqué M. Larsen, avant de préciser que compte tenu du manque de confiance mutuelle, l’évolution de sa mise en oeuvre sera surveillée et évaluée par un mécanisme extérieur établi par le Quartet. Un important pas en avant pourrait être la déclaration, si les Palestiniens le veulent, d’un Etat défini par des frontières, dans un premier temps, provisoires, dès le début de l’année 2003. Une avancée dont le Quartet se dit prêt à accepter sous réserve des résultats de l’évaluation du processus de réforme. Les membres du Quartet entendent aussi faire clairement comprendre à Israël que des mesures doivent impérativement être prises pour l’amélioration de la liberté de mouvement des Palestiniens, le retrait des territoires réoccupés depuis octobre 2000, l’arrêt des assassinats ciblés et le gel des colonies de peuplement. Une fois ceci réalisé, la troisième phase du plan relatif aux négociations sur le statut permanent pourraient démarrer vers la mi-2004 et une conférence internationale abordant tous les aspects du processus de paix pourrait avoir lieu.
M. Roed-Larsen a ensuite rappelé que les réformes se poursuivaient au sein de l’Autorité palestinienne en particulier dans le domaine des finances. Le Parlement palestinien attend en outre la désignation d’un nouveau gouvernement par le Président Arafat suite à la démission de l’équipe précédente menacée par un vote de défiance des parlementaires, a-t-il expliqué, ajoutant que les parlementaires souhaitent que soit créée une fonction de Premier Ministre. Mais la situation sécuritaire et les incursions répétées compromettent les efforts de réforme. En effet, si la période du 4 août au 18 septembre a été la moins meurtrière depuis novembre 2000, le siège du quartier général du Président Arafat par les forces de défense israéliennes a été repris depuis hier, entraînant des destructions nombreuses.
S’agissant de la situation au Sud-Liban, le Coordonnateur spécial a rappelé qu’après quatre mois de stabilité relative et tendue, la situation s’est détériorée le 29 août lorsque le Hezbollah a lancé une attaque contre les positions militaires israéliennes dans les fermes de Chebaa, tuant un soldat et en blessant deux autres. Plus récemment, la tension s’est accentuée en raison de la décision prise par le Liban de construire une réserve d’eau en pompant les eaux des Sources de Wazzani. Israël considère que cette décision unilatérale aura un impact sur l’approvisionnement en eau du pays et l’absence de données précises sur la nature et l’ampleur du projet ont contribué à aggraver la situation, a noté M. Roed-Larsen qui a fait part d’initiatives prises pour apaiser la crise visant, avant tout, à obtenir des informations techniques indépendantes sur ce projet et sur ses conséquences. A cette fin, deux experts en eau des Etats-Unis ont été désignés pour une mission d’établissement des faits en accord avec les parties israélienne et libanaise et le Gouvernement libanais a été encouragé, entre autres, par les Nations Unies, à fournir des informations précises sur le projet.
Revenant en conclusion, sur les réunions du Quartet, M. Roed-Larsen a insisté sur les mesures qui doivent être prises par les Israéliens et les Palestiniens dans certains domaines. Il a mentionné notamment le renforcement de la sécurité et l’assistance humanitaire qui sont des domaines essentiels mais qui ne pourront progresser durablement que grâce à des mesures dans le domaine politique. Ces mesures doivent êtres prises dans une démarche parallèle, en insistant sur la sécurité certes, mais aussi dans une démarche complémentaire et réciproque.
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