LE PRESIDENT DU BURUNDI INFORME LE CONSEIL DE SECURITE QUE LE CLIMAT POLITIQUE S’AMELIORE DANS LE PAYS
Communiqué de presse CS/2256 |
Conseil de sécurité
4467e séance -- matin
LE PRESIDENT DU BURUNDI INFORME LE CONSEIL DE SECURITE QUE LE
CLIMAT POLITIQUE S’AMELIORE DANS LE PAYS
Il invite les membres du Conseil à se rendre de nouveau au Burundi pour
évaluer et soutenir le processus de paix
Après la mise en place des institutions de transition prévues dans l’Accord de paix d’Arusha, le 1er novembre 2001, le climat politique au Burundi s’est considérablement amélioré, a déclaré ce matin le Président de la République du Burundi, M. Pierre Buyoya, devant les membres du Conseil de sécurité. Précisant que tous les partis et groupes politiques signataires de l’Accord d’Arusha siègent au Gouvernement, à l’exception d’une formation, et que les leaders politiques qui vivaient en exil ont regagné le pays et assume aujourd’hui des fonctions politiques de choix au sein des institutions de transition, M. Buyoya a jugé que les institutions désormais en place disposent des moyens d’engager les réformes nécessaires durant la période de transition.
Tout en étant convaincu que la négociation et la signature du cessez-le-feu constituen une étape capitale pour accélérer et réussir les multiples réformes à entreprendre, le Président du Burundi a fait remarquer, à ce titre, que la particularité du processus de paix au Burundi a été de signer l’Accord d’Arusha et de commencer à le mettre en oeuvre sans avoir réussi à conclure un cessez-le-feu et à empêcher la rébellion de poursuivre ses violences dans le pays. La persistance de ces violences est un des défis majeurs pour le processus de paix, a estimé le Président, avant de demander au Conseil de sécurité de continuer de faire pression sur la rébellion burundaise pour qu’elle cesse de prendre en otage le processus de paix et négocie le cessez-le-feu. Il a par ailleurs invité les membres du Conseil à se rendre de nouveau au Burundi pour évaluer et soutenir le processus de paix en cours.
Dans une déclaration adoptée le 8 novembre 2001, à l’issue de consultations officieuses avec les pays membres de l’Initiative régionale pour la paix au Burundi, les membres du Conseil se félicitaient de la mise en place, le 1er novembre 2001, d’un Gouvernement de transition largement représentatif. Ils condamnaient par ailleurs les attaques de civils commises par les groupes rebelles des Forces pour la défense de la démocratie (FDD) et des Forces nationales pour la libération (FNL) et estimaient que la mise en place d’un Gouvernement représentatif faisait de la rébellion armée un moyen d’expression politique inacceptable. Ils exprimaient également leurs profonds remerciements à l’ancien Président Nelson Mandela pour avoir facilité avec dévouement le processus de paix d’Arusha.
La situation au Burundi
M. PIERRE BUYOYA, Président de la République du Burundi, a informé les membres du Conseil de sécurité du climat politique qui prévaut au Burundi, rappelant que son pays a décidé de faire la paix par le dialogue. Il a souligné que, suite à la mise en place des institutions de transition, le 1er novembre 2001, le climat politique au Burundi s’est considérablement amélioré. Tous les partis et groupes politiques signataires de l’Accord de paix d’Arusha, a-t-il fait observer, sont représentés au Gouvernement, à l’exception d’une seule formation politique qui a préféré ne pas y prendre part. Les leaders politiques qui vivaient en exil, certains depuis plus de trois décennies, sont rentrés au Burundi où ils exercent aujourd’hui des fonctions politiques au sein des institutions de transition. Cela, a assuré M. Buyoya, présage d’un mouvement beaucoup plus important dans les jours à venir, soulignant que les réfugiés regagnent le pays par centaines chaque semaine. Les autres institutions de transition telles que l’Assemblée nationale et le Sénat sont également en place. Le Président a déclaré que la population burundaise est aujourd’hui soulagée de voir le processus de paix rapatrié et piloté de l’intérieur du pays par le Comité de suivi de l’Accord de paix d’Arusha qui siège désormais à Bujumbura. M. Buyoya a estimé que l’horizon politique du pays est maintenant éclairci, avant de rappeler que les échéances sont arrêtées avec précision : élections à la base dans dix-huit mois, élections législatives six mois plus tard et élection présidentielle dans trente six mois qui mettra fin à la transition. Il s’est dit convaincu que les institutions en place au Burundi ont les moyens d’engager les réformes nécessaires, tout en se déclarant convaincu que la négociation et la signature du cessez-le-feu constituent une étape capitale pour accélérer et réussir les multiples réformes à entreprendre.
M. Buyoya a poursuivi en soulignant que les défis au processus de paix sont réels, le premier étant la persistance des violences sur le terrain. La particularité de notre processus de paix est d’avoir négocié sans arrêter les violences, d’avoir signé l’Accord d’Arusha sans cessez-le-feu et d’avoir démarré son application pendant que la rébellion poursuit la violence dans le pays. Le Président a remercié le Conseil de sécurité et la communauté internationale de continuer à presser sans se lasser la rébellion burundaise à rejoindre le processus de paix et à négocier le cessez-le-feu avec le Gouvernement. La visite au Burundi, en mai dernier, des membres du Conseil de sécurité avait eu un impact très positif sur les acteurs politiques burundais, mais aussi sur ceux de la sous-région, a tenu à préciser le Président Buyoya, jugeant qu’une nouvelle visite du Conseil pour évaluer et soutenir le processus de paix serait hautement appréciée.
Le Président a estimé que le Conseil de sécurité dispose de moyens pour amener les rebelles burundais à renoncer à la violence, convaincu que si la voie diplomatique ne débouche pas, tous les autres moyens devront être mis à contribution pour empêcher cette rébellion de prendre en otage le processus de paix. Les pays de la sous-région sont également interpellés à faire obstacle à ceux qui déstabilisent le Burundi, car la paix dans la région des Grands Lacs ne sera effective que lorsque chaque pays vivra en paix. Pour ce faire, l’effort doit être à la fois individuel et collectif.
Abordant la question de l’effort de reconstruction du pays, le Président burundais a expliqué qu’après huit ans de crise, l’économie du pays a été mise à mal, le nombre de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté ayant doublé, passant de 35% en 1992 à plus de 60% aujourd’hui. Il a donc demandé au Conseil de sensibiliser davantage la communauté internationale afin d’apporter des appuis substantiels aux efforts de paix du Burundi. A ce titre, M. Buyoya a souligné que ces efforts avaient été récemment couronnés de succès à Genève où les bailleurs de fonds ont promis une enveloppe de plus de 800 millions de dollars pour les trois années à venir. Il a en outre jugé que des apports supplémentaires sont à consentir car les opérations de rapatriement des réfugiés, de réinstallation des personnes déplacées, et de reconstruction des infrastructures endommagées vont exiger de très importants moyens financiers.
Concernant les problèmes de la sous-région des Grands Lacs, le Président Buyoya a jugé que l’amélioration des relations bilatérales avec les pays voisins est une nécessité et que le Gouvernement du Burundi est disposé à jouer son rôle dans la préparation de la Conférence régionale pour la paix dans la région des Grands Lacs afin qu’elle se tienne dans des conditions de succès.
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