CONFERENCE DU DESARMEMENT: PLUSIEURS PAYS DRESSENT LE BILAN DE LA SESSION DE 2002 ET SALUENT L'ADMISSION DE LA SUISSE A L'ONU
Communiqué de presse CD/G/560 |
Conférence du désarmement: plusieurs pays dressent le bilan de la session de 2002 et saluent l'admission de la Suisse à l'onu
Selon plusieurs intervenants, si l'année 2002 reste pour la Conférence une nouvelle
année d'inertie, cette session a néanmoins été marquée par certains signes encourageants
GENEVE 12 septembre – La Conférence du désarmement a achevé, ce matin, les travaux de la troisième et dernière partie de sa session de 2002 en adoptant son rapport annuel à l'Assemblée générale tel que contenu dans le document CD/WP/527 et révisé dans le document CD/WP/528. Ce document souligne notamment que cette année, une fois de plus, la Conférence n'est pas parvenue à se mettre d'accord sur un programme de travail et n'a ni rétabli ni établi un quelconque mécanisme au titre de l'un quelconque des points inscrits à son ordre du jour.
Nombre de délégations qui se sont exprimées ce matin ont souhaité la bienvenue à la Suisse qui a rejoint cette semaine la grande famille des Nations Unies. Les intervenants se sont en outre efforcés de dresser un bilan de la session de 2002 de la Conférence. Le Nigéria, l'Argentine, les Etats-Unis d'Amérique, le Danemark (au nom de l'Union européenne et des pays associés), l'Irlande, le Japon, la Norvège, la France, la Suisse, le Pakistan et l'Algérie ont fait des déclarations.
Le Président de la Conférence, l'Ambassadeur de Hongrie András Szabó, a souligné que l'on peut entrevoir des éléments négatifs et des éléments positifs dans les activités de la Conférence au cours de l'année 2002. Ainsi, le fait que la Conférence soit restée inactive pour la quatrième année consécutive témoigne une fois de plus de l'incapacité de ses membres à se mettre d'accord sur un programme de travail susceptible d'assurer un équilibre entre les divers intérêts et priorités. En dépit de cette situation, nous ne pouvons qu'être plus optimistes qu'il y a un an, a poursuivi le Président. L'année 2002 a en effet vu les débats au sein de la Conférence gagner en vivacité et la recherche d'un compromis s'intensifier. Plusieurs nouvelles initiatives ont émergé, injectant de nouvelles idées dans la réflexion collective visant à parvenir à un programme de travail global et équilibré. La Conférence a été sur le point de parvenir à un accord sur la création de trois comités spéciaux portant respectivement sur un traité d'interdiction des matières fissiles, sur le désarmement nucléaire et sur
les garanties négatives de sécurité. La même constatation peut être faite pour ce qui est de la nomination de coordonnateurs spéciaux au titre du programme global de désarmement et de la transparence dans le domaine des armements. Une nouvelle proposition avancée par la présidence allemande de la Conférence de passer de nouveau en revue la question des armes radiologiques à la lumière des nouvelles menaces et de nommer un coordonnateur spécial à cette fin a également été débattue. En revanche, comme cela avait été le cas lors des sessions précédentes, une profonde controverse persiste quant à la manière d'aborder la question de la prévention de la course aux armements dans l'espace extra-atmosphérique. Du point de vue des futurs travaux de la Conférence, la question de savoir si et comment les divergences concernant cette dernière question peuvent être surmontées rapidement restera une question cruciale, a affirmé M. Szabó.
Le Président a par ailleurs indiqué qu'il ressort des consultations qu'il a menées au cours du dernier mois que parmi les nombreuses propositions avancées cette année, l'initiative d'un groupe dit des Cinq Ambassadeurs a donné un nouvel élan aux efforts visant à sortir la Conférence de l'impasse dans laquelle elle se trouve. Le Président a donc encouragé les cinq ambassadeurs à poursuivre leurs efforts afin de développer leur initiative.
En début de séance, le Président de la Conférence s'est associé à tous ceux qui ont rendu hommage à la mémoire des victimes des attentats du 11 septembre 2001. Il a lui aussi félicité la Suisse pour son adhésion aux Nations Unies, officialisée ce mardi 10 septembre par l'Assemblée générale des Nations Unies à New-York. M. Szabó a par ailleurs souhaité la bienvenue au nouvel Ambassadeur du Pakistan, M. Shaukat Umar.
La prochaine séance plénière de la Conférence se tiendra le mardi 21 janvier 2003, à 10 heures, sous présidence indienne conformément au principe de rotation de la présidence par ordre alphabétique anglais des pays.
Aperçu des déclarations
M. PIUS IKPEFUAN AYEWOH (Nigéria) a noté avec préoccupation qu'une fois de plus, l'année 2002 s'est écoulée sans qu'aucun progrès substantiel ne puisse être enregistré du point de vue des travaux de fond de la Conférence. Comme cela est le cas depuis six ans, la Conférence reste incapable de se mettre d'accord sur un programme de travail susceptible de faciliter un examen de fond des questions inscrites à l'ordre du jour de cette instance. La paralysie de la Conférence qui s'ensuit, outre qu'elle atteint notre moral, a eu pour effet de nous écarter encore davantage de notre objectif et de nos espoirs communs qui sont de voir les progrès réalisés ici contribuer à favoriser la paix et la sécurité internationales par le biais d'un désarmement nucléaire effectif et de la non-prolifération des armes de destruction massive. Le Nigéria ne s'en réjouit pas moins de la lueur d'espoir que constitue selon lui l'initiative dite des Cinq Ambassadeurs (présentée par cinq anciens présidents de la Conférence – les ambassadeurs de l'Algérie, de la Belgique, de la Colombie, de la Suède et du Chili – dans le
document CD/PV.912). Ayant étudié avec soin les divers aspects de cette initiative, le Nigéria est en mesure d'apporter son soutien à ce document afin qu'il constitue la base des travaux de la Conférence pour l'année 2003 et que puisse une fois pour toute être mis un terme à l'inertie qui caractérise la Conférence depuis des années. Au cours de la session de l'Assemblée générale des Nations Unies qui vient de s'ouvrir, le Nigéria restera une fois de plus, avec d'autres, au premier rang des efforts mondiaux visant à préserver les générations futures du fléau de la guerre, à préserver l'égale souveraineté des États et à renforcer l'interdiction de l'utilisation de la force dans les relations internationales.
M. MARCELO VALLE FONROUGE (Argentine) a souhaité la bienvenue à la Suisse qui a rejoint cette semaine la grande famille des Nations Unies. Il a souligné qu'hier, le gouvernement de son pays, renouvelant sa solidarité avec le peuple et le gouvernement des Etats-Unis, a réitéré sa condamnation des attaques qui se sont produites le 11 septembre 2001 et qui causèrent la mort de milliers d'innocents. L'Argentine estime que les actes de terrorisme international, dont elle a elle-même été victime sur son propre territoire, constituent non seulement une menace pour la paix et la sécurité internationales mais aussi une menace pour la vie et la dignité humaine, la coexistence pacifique et civilisée, mettant par là-même en péril la stabilité et la consolidation de la démocratie ainsi que le développement socioéconomique des nations.
M. Valle a par ailleurs exhorté toutes les délégations à examiner les possibilités offertes par l'initiative dite des Cinq Ambassadeurs de voir la Conférence engager sans délai ses travaux sur les questions de fond, à l'ouverture de sa session de 2003. L'Argentine se félicite des travaux officieux menés à bien par les délégations de l'Afrique du Sud, des Pays-Bas, du Japon et de l'Australie afin de préserver et d'amplifier le dialogue et la compréhension sur les questions relatives à une négociation sur une convention interdisant la production de matières fissiles (cut-off), considérée comme prioritaire par la communauté internationale. M. Valle a par ailleurs mis l'accent sur les efforts déployés par l'Ambassadeur Heinsberg lors de sa présidence de la Conférence, qui ont permis de donner un nouvel élan à la réflexion sur les armes radiologiques. Même si le contexte stratégique et international en matière de sécurité continue de conditionner les progrès vers une forme quelconque de consensus permettant à la Conférence d'avancer sur les questions de fond, il n'en demeure pas moins que la Conférence en elle-même est un formidable moyen de promouvoir la confiance et dispose de tous les attributs nécessaires pour renforcer les régimes de désarmement et de non-prolifération pour le bénéfice de tous.
M. ERIC JAVITS (Etats-Unis) a souhaité la bienvenue à la Suisse en tant que nouveau membre des Nations Unies. Il a rappelé qu'hier, 11 septembre, les Etats-Unis ont célébré solennellement le premier anniversaire des attentats qui ont frappé New-York, Washington et la Pennsylvanie. M. Javits a reconnu qu'en tant qu'Américain lié à New-York personnellement et professionnellement, il lui est difficile d'être objectif sur ce sujet. Il n'en demeure pas moins que personne ne devrait oublier les horribles images d'avions de ligne heurtant les tours jumelles. Le terrorisme est un problème mondial et c'est pourquoi seul un monde résolument uni parviendra à contrer ce fléau, a-t-il poursuivi. Il a assuré que l'action collective de la communauté internationale a permis de progresser sur la voie de la sécurité globale comme en témoigne le fait que plus de 90 nations, de
l'Espagne à Singapour, aient arrêté ou détenu plus de 2 400 terroristes et que plus d'une centaine de millions de dollars d'avoirs de terroristes aient été gelés de par le monde dans 160 pays. L'Afghanistan, qui était auparavant un refuge pour les terroristes, a choisi un gouvernement intérimaire après qu'il eut été mis fin au régime brutal des taliban et plus d'un million et demi de réfugiés afghans sont rentrés chez eux cette année. La lutte contre le terrorisme est néanmoins loin d'être finie. Les Etats-Unis sont entièrement engagés à ce que les armes les plus destructives ne tombent pas entre les mains des personnes les plus dangereuses et le Président Bush a souligné que ne rien faire à cet égard ne saurait constituer une option.
La communauté internationale a confié à la Conférence du désarmement un rôle essentiel pour négocier les accords qui permettront de contrer les menaces du nouveau siècle mais la Conférence ne parvient toujours pas à agir. Par respect pour les victimes du 11 septembre, nous leur devons plus qu'une minute de silence et nous leur devons d'utiliser tous les moyens dont nous disposons – y compris la Conférence – afin que l'abomination du 11 septembre ne puisse se répéter.
M. HENRIK RÉE IVERSEN (Danemark, au nom de l'Union européenne et des pays associés) a souligné que la communauté internationale est défiée par les risques que fait peser la prolifération des armes de destruction massive et de leurs vecteurs. Rappelant qu'une année s'est écoulée depuis les horribles attentats du 11 septembre 2001 contre les Etats-Unis d'Amérique, il a souligné que ces événements n'ont fait que rendre plus urgent le déploiement par tous les pays d'efforts communs visant à assurer la sécurité mutuelle. Aussi, ne pouvons-nous que regretter que cette année de session s'achève une fois de plus sans que la Conférence soit parvenue à se mettre d'accord sur un programme de travail, a affirmé M. Iversen. Cela est d'autant plus regrettable que les membres et les observateurs de la Conférence partagent un fort intérêt commun de voir débuter le plus tôt possible les travaux de fond, a-t-il insisté. Ceci dit, a poursuivi M. Iversen, en matière de désarmement et de non-prolifération, l'année 2002 n'a pas été qu'une année de "reculs". L'Union européenne se félicite en effet du traité conclu entre les Etats-Unis et la Fédération de Russie sur les réductions d'armes offensives stratégiques ainsi que de la déclaration conjointe des Présidents Bush et Poutine sur le nouveau partenariat stratégique entre les deux pays. L'Union européenne se félicite en outre des engagements pris par les États parties afin de faire du processus d'examen du Traité de non-prolifération (TNP) un nouvel instrument de valeur dans la lutte contre le danger permanent de prolifération d'armes nucléaires – engagements qui se sont déjà concrétisés par le lancement réussi du Comité préparatoire du TNP en avril dernier, à New-York. À cet égard, l'Union européenne tient à rappeler son engagement en faveur de la mise en œuvre effective du document final de la Conférence d'examen du TNP de l'an 2000 ainsi que des décisions et de la résolution adoptées lors de la Conférence d'examen et de prolongation du TNP de 1995. S'agissant de la Conférence du désarmement, cela fait référence en particulier à deux mesures pratiques d'importance sur lesquelles tous les États parties au TNP se sont mis d'accord, à savoir la négociation d'un traité cut-off sur les matières fissiles sur la base du mandat Shannon, d'une part, et la création d'un organe subsidiaire approprié ayant mandat pour traiter du désarmement nucléaire, avec d'autres éléments du programme de travail, de l'autre. Avec l'entrée en vigueur du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, le lancement immédiat de négociations sur un traité cut-off constitue la prochaine étape essentielle dans le domaine du désarmement et de la non-prolifération nucléaires.
L'Union européenne regrette que la Conférence n'ait pas été capable, pour la quatrième année consécutive de ses travaux, de se mettre d'accord sur un programme de travail. Elle a déjà indiqué que le document CD 1624 (proposition Amorim) contient les éléments permettant d'arriver rapidement à un accord si tous les membres de la Conférence font preuve d'esprit d'ouverture et de pragmatisme. L'Union européenne se réjouit en outre des efforts déployés par les ambassadeurs de l'Algérie, de la Belgique, de la Colombie, de la Suède et du Chili pour élaborer un programme de travail pour la Conférence. Elle espère que de telles initiatives susciteront dans les mois à venir une attention constructive de la part de toutes les délégations à la Conférence.
MME MARY WHELAN (Irlande), relevant que cette session de la Conférence s'achève un an après les terribles événements du 11 septembre 2001, a souligné que les événements intervenus au cours de l'année écoulée ont nettement mis en relief les dangers auxquels la communauté internationale est confrontée. Les menaces de notre époque couvre toute la gamme des armes nucléaires, chimiques, biologiques et conventionnelles, a-t-elle ajouté. Dans un tel contexte, il serait totalement aberrant que la Conférence continue à faire dépendre d'une seule question les réponses qui doivent être apportées à l'ensemble de ces menaces. Mme Whelan a assuré que les intérêts nationaux et multilatéraux des États peuvent se compléter et se renforcer mutuellement.
L'Irlande est favorable à la création rapide d'un organe subsidiaire portant sur le désarmement nucléaire, a par ailleurs indiqué Mme Whelan avant d'ajouter que son pays estime que la Conférence devrait engager sans délai les négociations sur un traité d'interdiction des matières fissiles sur la base du mandat Shannon. L'Irlande juge par ailleurs favorablement l'idée de s'engager dans un processus qui pourrait mener à la non-militarisation de l'espace extra-atmosphérique. Abordant la question de l'élargissement de la Conférence, Mme Whelan a affirmé que la détermination très forte de voir la Conférence se démocratiser doit se concrétiser. Elle a par ailleurs regretté que la Conférence reste pratiquement hermétique aux ONG à un moment où les groupes de la société civile sont reconnus comme étant des participants et des contributeurs essentiels dans presque tous les domaines des efforts collectifs de l'humanité. Mme Whelan a d'autre part affirmé que les efforts déployés par le groupe dit des Cinq Ambassadeurs afin de promouvoir la concrétisation de la proposition Amorim constituent une réelle opportunité pour la Conférence de rétablir son rôle de leader en tant que seule instance multilatérale de négociation sur les questions de désarmement.
MME KUNIKO INOGUCHI (Japon) a félicité la Suisse pour son entrée à l'ONU en tant que 190ème État membre, officialisée cette semaine.Elle a également réaffirmé la solidarité de son pays avec les Etats-Unis d'Amérique dans leur lutte contre le terrorisme. Les attaques du 11 septembre ont affecté de nombreux citoyens innocents dont 24 citoyens japonais, a-t-elle rappelé avant de souligner que de nombreux facteurs sont à l'origine de cet événement, au nombre desquels figurent non seulement l'existence même des terroristes mais aussi des problèmes plus structurels qui affectent le monde contemporain. Des conflits internationaux doivent être résolus et il existe des problèmes de pauvreté, de sous-développement et d'éducation, a-t-elle poursuivi. À cet égard, il convient de relever que le récent Sommet de Johannesbourg a traité de certaines des questions soulevées et est parvenu à dégager un plan d'action. Mme Inoguchi a par ailleurs mis l'accent sur le problème de la disponibilité des armes et déclaré que la Conférence du désarmement ne pourra s'inscrire avec pertinence dans la réalité actuelle que lorsqu'elle aura agi efficacement dans ce domaine. En fait, a-t-elle poursuivi, cette année a été importante pour le désarmement et le contrôle des armements. En effet, le Traité de Moscou a constitué un progrès bilatéral de taille. Le G8 a par ailleurs lancé une importante initiative afin de prévenir la prolifération de technologies et de matériels sensibles liés aux armes de destruction massive. Nombre d'importantes initiatives régionales ont également vu le jour. Il ne manque plus qu'à enregistrer des progrès dans le domaine du désarmement multilatéral, a constaté Mme Inoguchi. À cet égard, elle s'est dite encouragée par les efforts déployés par les Cinq Ambassadeurs. Il n'en demeure pas moins que la Conférence ne parvient toujours pas à avancer dans le nouvel environnement international en matière de sécurité, a-t-elle reconnu.
M. SVERRE BERGH JOHANSEN (Norvège) a rappelé qu'il y a exactement un an, le monde était choqué et horrifié par les attaques terroristes qui frappaient les Etats-Unis. La lutte contre le terrorisme international devenait alors notre premier objectif à tous. L'Assemblée générale des Nations Unies adoptait sans vote une résolution soulignant la nécessité de renforcer la coopération multilatérale en matière de désarmement et de non-prolifération afin de contribuer à la lutte contre le terrorisme. C'est pourquoi la Norvège est particulièrement préoccupée par le blocage qui continue de caractériser les travaux de la Conférence du désarmement. Ce blocage porte atteinte non seulement à la crédibilité de la Conférence mais aussi à celle du multilatéralisme en général. La Norvège se dit cependant particulièrement encouragée par la récente initiative lancée par les Cinq Ambassadeurs qui constitue une base constructive pour parvenir à un accord si nécessaire sur un programme de travail. À cet égard, il faut espérer que les prochaines consultations intersession permettront de parvenir à un accord sur un programme de travail pour la Conférence.
M. HUBERT FORQUENOT DE LA FORTELLE (France) a rappelé que c'est à M. Dominique de Villepin qu'est revenu l'honneur de présenter à l'Assemblée générale le projet de résolution portant adhésion de la Suisse aux Nations Unies. M. de la Fortelle a lu un extrait de ce discours dans lequel M. de Villepin soulignait que dès 1430, la France ouvrait une représentation diplomatique en Suisse et que les deux pays sont en paix depuis 1515. La France, parce qu'elle est très attachée au renforcement de l'ONU se réjouit profondément de ce que la Suisse sera désormais en mesure d'apporter pleinement aux Nations Unies toutes les qualités que nous lui connaissons, affirmait également M. de Villepin dans ce discours. Son caractère multiculturel et son plurilinguisme fourniront une contribution essentielle au dialogue des civilisations, aujourd'hui indispensable à la communauté des États, ajoutait-il.
M. CHRISTIAN FAESSLER (Suisse) a fait part de sa très profonde reconnaissance pour la chaleur de l'accueil réservé à la Suisse, "chaleur qui n'allait peut-être pas de soi après 57 ans d'abstinence". Il a remercié les pays voisins pour leur parrainage de la candidature de la Suisse et s'est dit très touché par la teneur des propos tenus par le Ministre français des affaires étrangères devant l'Assemblée générale des Nations Unies à l'occasion de l'admission officielle de la Suise. Désormais, la Suisse va devoir assumer toutes ses responsabilités afin de contribuer à la construction d'un monde meilleur, a souligné M. Faessler. Notre adhésion aux Nations Unies va nous inciter à redoubler d'efforts pour que la Conférence puisse commencer ses travaux, a-t-il ajouté Le multilatéralisme et le droit sont le meilleur moyen pour préserver la paix et la sécurité dans le monde, a souligné M. Faessler.
M. SHAUKAT UMAR (Pakistan) a remercié le Président pour les paroles de bienvenue qu'il a prononcées à son adresse. Il a rappelé l'attachement très fort de son gouvernement à la Conférence qui reste le seul organe multilatéral de négociations dans le domaine du désarmement. La Conférence devrait commencer ses travaux dès que possible sur la base d'un programme équitable et juste, a-t-il affirmé.
M. MOHAMED SALAH DEMBRI (Algérie) a exprimé sa solidarité avec les Etats-Unis qui furent affectés le 11 septembre 2001 par un acte terroriste sans précédent. Le premier Président à avoir exprimé sa sympathie au peuple américain ce jour-là en contactant le Président Bush fut le Président Bouteflika, a rappelé M. Dembri. L'Algérie, qui se situe aux confluents des mondes européen, africian et oriental, ne peut se reconnaître dans les actes de violence terroriste commis au nom d'une confession ou d'une race par des personnes membres de sectes ou affectées par des dérives sectaires. On ne saurait néanmoins faire l'économie d'une réflexion générale sur l'évolution de notre monde, a souligné M. Dembri. Il faut mettre fin à l'amalgame trop souvent étalé par des "spécialistes" autoproclamés qui parlent d'un prétendu choc de civilisations, a-t-il également déclaré. Il n'y a pas des civilisations mais une civilisation humaine composée de l'ensemble de nos cultures, a souligné M. Dembri. Nous devrions donc nous élever contre tout ce qui nourrit la culture de la peur. Plus que jamais, le rôle de solidarité des Nations Unies est capital et nous devrions tous nous retrouver au sein des Nations Unies pour assurer la paix et la sécurité dans le monde. M. Dembri a par ailleurs salué l'adhésion de la Suisse aux Nations Unies et a souhaité la bienvenue à son nouveau collègue du Pakistan.
M. ANDRAS SZABO, Président de la Conférence, a souligné que l'immense tragédie humaine qu'ont constituée les événements du 11 septembre 2001 a eu un impact décisif sur la manière dont la communauté internationale perçoit les défis auxquels nous sommes confrontés en matière de sécurité. Le rôle de la Conférence du désarmement en tant qu'unique instance multilatérale ayant pour mandat de négocier des instruments juridiques internationaux dans les domaines du désarmement et de la non-prolifération a aussi été mis à rude épreuve au cours des délibérations que la Conférence a eues cette année. On peut entrevoir des éléments négatifs et des éléments positifs dans les activités de la Conférence au cours de l'année 2002, a poursuivi le Président. Ainsi, le fait que la Conférence soit restée inactive pour la quatrième année consécutive témoigne une fois de plus de l'incapacité de ses membres à se mettre d'accord sur un programme de travail susceptible d'assurer un équilibre entre les divers intérêts et priorités. La Conférence a donc laissé passer une autre année sans contribuer de manière significative au renforcement de la paix et de la sécurité internationales. Le danger continue de peser au-dessus de nos têtes de voir cette instance marginalisée, c'est-à-dire être tenue en marge de son rôle d'outil dont dispose la communauté internationale pour établir de nouvelles normes et de nouvelles mesures favorisant la sécurité globale.
En dépit de cette situation, nous ne pouvons qu'être plus optimistes qu'il y a un an. L'année 2002 a en effet vu les débats au sein de la Conférence gagner en vivacité et la recherche d'un compromis s'intensifier. Plusieurs nouvelles initiatives ont émergé, injectant de nouvelles idées dans notre réflexion collective en vue de parvenir à un programme de travail global et équilibré. La Conférence a été sur le point de parvenir à un accord sur la création de trois comités spéciaux portant respectivement sur un traité d'interdiction des matières fissiles, sur le désarmement nucléaire et sur les garanties négatives de sécurité, ainsi que sur leurs mandats respectifs. La même constatation peut être faite pour ce qui est de la nomination de coordonnateurs spéciaux au titre du point 6 de l'ordre du jour (programme global de désarmement) et du point 7 de l'ordre du jour (transparence dans le domaine des armements). Une nouvelle proposition avancée par la présidence allemande de la Conférence de passer de nouveau en revue la question des armes radiologiques à la lumière des nouvelles menaces et de nommer un coordonnateur spécial à cette fin a également été débattue. En revanche, comme cela avait été le cas lors des sessions précédentes, une profonde controverse persiste quant à la manière d'aborder le point 3 de l'ordre du jour relatif à la prévention de nla course aux armements dans l'espace extra-atmosphérique. Du point de vue des futurs travaux de la Conférence, la question de savoir si et comment les divergences concernant cette dernière question peuvent être surmontées rapidement restera une question cruciale.
M. Szabo a par ailleurs indiqué qu'il ressort des consultations qu'il a menées au cours du dernier mois que parmi les nombreuses propositions avancées cette année, l'initiative d'un groupe dit des Cinq Ambassadeurs a donné un nouvel élan aux efforts visant à sortir la Conférence de l'impasse dans laquelle elle se trouve. Le Président a donc encouragé les cinq ambassadeurs à poursuivre leurs efforts afin de développer leur initiative.
* *** *