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CD/G/532

LA CONFERENCE DU DESARMEMENT ENTEND DES INTERVENTIONS SOULIGNANT L'IMPORTANCE DE SES TRAVAUX FACE A LA MENACE DU TERRORISME

13/06/2002
Communiqué de presse
CD/G/532


LA CONFERENCE DU DESARMEMENT ENTEND DES INTERVENTIONS SOULIGNANTL'IMPORTANCE DE SES TRAVAUX FACE A LA MENACE DU TERRORISME


GENÈVE, le 13 juin -- La Conférence du désarmement a entendu, ce matin, les déclarations des représentants du Kazakhstan, du Maroc et des Pays-Bas, qui ont en particulier attiré l'attention sur l'importance, dans le contexte des menaces que fait peser le terrorisme sur la communauté internationale, de mesures d'instauration de la confiance et de nouveaux progrès dans le domaine du désarmement.


Le Maroc a notamment souligné que les tragiques événements du 11 septembre on mis en évidence combien la sécurité internationale et celle des pays sont fragiles.  De même, ils ont fait ressentir le besoin urgent de renforcer aussi bien le régime international de non-prolifération que l'approche multilatérale dans l'examen des questions de sécurité internationale et de désarmement.  La Conférence du désarmement a un rôle primordial à jouer à cet égard.  Le Maroc estime que l'établissement d'un comité chargé de négocier un traité d'interdiction des matières fissiles s'impose plus que jamais, surtout dans l'ère post-11 septembre. En outre, le Maroc souhaite vivement la mise en place d'un comité sur le désarmement nucléaire doté d'un mandat de négociation visant l'élimination de toutes les armes nucléaires.


Le Kazakhstan a informé la Conférence des résultats du premier Sommet des États parties à la Conférence sur la coopération et les mesures de confiance en Asie qui s'est tenu au début du mois à Almaty, soulignant l'importance de cet événement dont l'objectif est la création d'un mécanisme de diplomatie préventive en Asie ainsi que la mise au point d'un nouveau système de relations entre les États de la région, afin d'assurer la sécurité et la stabilité sur le continent asiatique.  Le Sommet a adopté une déclaration sur l'éradication du terrorisme et la promotion du dialogue entre les civilisations, qui mentionne notamment des obligations dans le domaine de la lutte contre le terrorisme et le séparatisme.  Les États participants ont également souligné la nécessité de développer le dialogue entre les civilisations en tant que moyen essentiel pour éliminer les causes du terrorisme et prévenir les conflits.


Les Pays-Bas ont pour leur part rendu compte d'une réunion informelle qu'ils ont organisée le 7 juin dernier, au cours de laquelle a été discutée la question de l'élaboration d'un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d'armes et autres dispositifs explosifs nucléaires, certains soulignant que ce traité serait une importante contribution à la non-prolifération et contribuerait en particulier à réduire les risques du terrorisme nucléaire.  La discussion a également porté sur des questions telles que la protection des stocks de matières fissiles et les risques du terrorisme nucléaire.  Une autre réunion sur ces questions sera organisée à la mi-septembre.


Le nouvel ambassadeur de l'Autriche a également fait une brève déclaration.


Le Président de la Conférence du désarmement, l'Ambassadeur français Hubert de La Fortelle, a rendu compte des consultations bilatérales qu'il a menées auprès des membres de la Conférence, déclarant qu'à une semaine de la fin de la présidence française, ses réflexions ne seraient «pas entièrement optimistes» et qu'elles se résumaient en deux mots : «frustration et persévérance».  Il a assuré que la délégation française poursuivrait les consultations jusqu'à la fin de la présidence française «pour ne pas laisser passer la moindre chance, si minime soit-elle, de nous entendre sur un socle minimal, dans l'attente d'un déclic venu d'ailleurs que nous appelons de tous nos vœux et qui nous permettrait de nous accorder sur un programme de travail».


La prochaine séance plénière de la Conférence du désarmement se tiendra le jeudi 20 juin 2002 à 10 heures.


Déclarations


M. WOLFGANG PETRITSCH (Autriche), qui commence aujourd'hui ses fonctions de représentant de son pays auprès de la Conférence, l'a assurée de la pleine coopération de l'Autriche dans ses travaux et de celle de sa délégation.  Il a souligné la vive préoccupation de l'Autriche devant l'impasse dans laquelle se trouve la Conférence et a assuré la présidence de sa pleine coopération dans ses efforts pour en sortir.


M. NOURIAN DANENOV (Kazakhstan) a informé la Conférence de la tenue, au début du mois, à Almaty, du premier Sommet des États parties à la Conférence sur la coopération et les mesures de confiance en Asie.  Il a souligné l'importance de cet événement pour tous les pays de la région, ajoutant que le document final a été signé par des pays tels que la Russie, la Chine, l'Inde, le Pakistan, la Turquie et d'autres.  M. Danenov a fait valoir que l'idée de cette conférence avait tout d'abord été défendue par le Président du Kazakhstan devant l'Assemblée générale des Nations Unies en 1992.  L'essentiel de cette initiative du Kazakhstan est la création d'un mécanisme de diplomatie préventive en Asie ainsi que la mise au point d'un nouveau système de relations entre les États de la région afin d'assurer la sécurité et la stabilité sur le continent asiatique.


Le Sommet montre qu'un nouveau processus politique voit le jour sur le continent pour «garantir le potentiel d'un dialogue multilatéral et la participation des pays asiatiques pour renforcer la stabilité et la sécurité et l'instauration d'un climat de confiance et de coopération dans ce système de sécurité régionale» sur la base de la sécurité territoriale, de la souveraineté nationale et de la non-ingérence, ainsi que sur le principe selon lequel la négociation est la seule façon de régler les situations de crise.


Ce sont ces principes qui sont reflétés dans le texte de la déclaration sur l'éradication du terrorisme et la promotion du dialogue entre les civilisations adoptée par le Sommet.  Le texte mentionne la nécessité de mise en œuvre parallèle de mesures de confiance et de règlement des différents, ainsi que la mise au point d'une liste de mesures propres à instaurer la confiance en vue de l'élimination des armes de destruction massive, la création en Asie d'une zone dénucléarisée,

l'adoption d'obligations dans le domaine de la lutte contre le terrorisme, le séparatisme, etc.  La déclaration adoptée constitue une réponse des États d'Asie au défi que posent le terrorisme et l'extrémisme.  Ils ont ainsi mis au point une position unique face à ce fléau.  Ils ont également souligné la nécessité de développer le dialogue entre les civilisations; c'est en effet un des moyens essentiels pour éliminer les causes du terrorisme et prévenir les conflits entre différents peuples et pays.


M. OMAR HILALE (Maroc) a souligné que les tragiques événements du 11 septembre on mis en évidence combien la sécurité internationale et celle des pays sont fragiles.  De même, ils ont fait ressentir le besoin urgent de renforcer aussi bien le régime international de non-prolifération que l'approche multilatérale préconisée jusqu'à présent dans l'examen des questions de sécurité internationale et de désarmement.  Il a insisté sur le fait que l'application effective de toutes les dispositions des traités internationaux, la coopération internationale et la consolidation du multilatéralisme représentent des éléments fondamentaux pour édifier un monde meilleur avec la paix et la sécurité pour tous.  À cet effet, la communauté internationale est appelée à faire preuve de détermination politique, de solidarité et d'engagement collectif.  La Conférence du désarmement a un rôle primordial à jouer à cet égard : elle doit remplir son mandat de forum de négociation et, à défaut, de dialogue constructif et substantiel.


M. Hilale a déclaré qu'une «nouvelle page de l'histoire du désarmement a été écrite le 14 mai à Moscou» avec la signature par les Présidents Bush et Poutine d'un Traité de désarmement remplaçant le Traité ABM de 1972 et engageant la Russie et les États-Unis d'Amérique à réduire leurs têtes nucléaires.  Malgré ses imperfections, ce Traité constitue un développement important et prometteur vers l'objectif qui nous est si cher, en l'occurrence l'élimination de toues les armes nucléaires de notre planète.  Il a, en outre, le mérite de générer une nouvelle dynamique de désarmement auprès tant d'années de stagnation.  Il a souligné que tout accord, combien même modeste, est un jalon dans l'édification d'un monde libéré de la menace nucléaire.  Rappelant que la Conférence de 2000 du TNP avait enregistré des progrès notoires en matière de désarmement nucléaire en adoptant par consensus «l'engagement sans équivoque» des États nucléaires pour l'élimination totale de leurs arsenaux nucléaires et de la mise en œuvre d'une série de mesures pratiques pour l'application concrète du Traité, le Maroc souhaite vivement la mise en place, dans le cadre de la Conférence du désarmement, d'un comité sur le désarmement nucléaire doté d'un mandat de négociation visant l'élimination de toutes les armes nucléaires.  Cependant, à défaut d'un mandat de négociation, le Maroc est disposé à appuyer toute formule favorisant un examen substantiel des mesures spécifiques de désarmement nucléaires.  De même, le Maroc estime que l'établissement d'un comité chargé de négocier un traité d'interdiction des matières fissiles s'impose plus que jamais surtout dans l'ère post-11 septembre.  Il est évident qu'un tel traité constituera une contribution essentielle tant à la sécurité internationale qu'au désarmement et à la non-prolifération nucléaire, à condition qu'il ne soit pas discriminatoire et préserve le droit de tous les pays à l'accès à l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire. 


Le représentant marocain a indiqué que son pays vient de reprendre une série de mesures confortant son choix stratégique d'œuvrer pour la prescription de toutes les catégories d'armes de destruction massive et la consolidation du régime de non-prolifération.  Il a annoncé la ratification par le Maroc, le 1er mars 2002, de la Convention sur l'interdiction du développement, de la production et du stockage des armes bactériologiques (biologiques) et toxiques et de leur destruction.  Le Maroc a , en outre, souscrit, le 19 mars 2002, aux dispositions de la Convention sur l'interdiction ou la limitation de certaines armes classiques qui peuvent être considérées comme produisant des effets traumatiques excessifs ou comme frappant sans discrimination, et à trois de ses protocoles annexes, dont le Protocole sur la limitation de l'emploi des mines, pièges et autres dispositifs tel qu'il a été modifié.  Par cette ratification, le Maroc voudrait exprimer sa détermination à contribuer à l'effort de la communauté internationale tendant à éradiquer ce fléau que représentent les armes inhumaines.  «À l'heure où de nouveaux défis pèsent sur notre univers, la réponse de la communauté internationale devrait intégrer le renforcement et le perfectionnement du régime international de non-prolifération par l'application stricte et non sélective de toutes les dispositions consacrées dans les divers traités du désarmement et du contrôle d'armements».  Plus que jamais, la Conférence a besoin de moins de discours platonique et de plus de souplesse politique, de sages et de détermination afin qu'elle ne se transforme guère en organe de délibération.  Cet objectif passe impérativement par le renforcement du multilatéralisme.


M. CHRIS SANDERS (Pays-Bas) a déclaré que son pays avait organisé, le 7 juin, une réunion informelle à participation ouverte sur la question de l'interdiction de la production de matières fissiles pour des armes nucléaires et autres dispositifs explosifs nucléaires.  Dans sa présentation, le professeur Barnaby, un physicien nucléaire bien connu et ancien directeur du SIPRI à Stockholm, a expliqué les raisons pour lesquelles un tel traité était nécessaire, soulignant qu'il constituerait, en fixant une limite quantitative à la production de matières fissiles, une importante contribution à la non-prolifération et une mesure importante en faveur du désarmement nucléaire.  Un tel traité contribuerait en outre à réduire les risques du terrorisme nucléaire.


La discussion a mis en évidence le besoin d'une meilleure compréhension du sujet, i la notamment été question des risques de prolifération du plutonium et d'uranium hautement enrichi, la protection physique des stocks de matières fissiles, le retraitement, le MOX-ing, les utilisations «semi-militaires» telles la propulsion navale, le terrorisme nucléaire et la faisabilité de fabriquer une «bombe sale» avec de l'uranium hautement enrichi.


M. Sanders a indiqué que les Pays-Bas avaient l'intention d'organiser la prochaine réunion sur ces questions à la mi-septembre.


M. HUBERT DE LA FORTELLE (France), Président de la Conférence, rendant compte des consultations bilatérales qu'il avait conduites avec près de cinquante délégations, ainsi que les coordonnateurs des groupes, a déclaré qu'à une semaine de la fin de la présidence française, ses réflexions ne seraient «pas entièrement optimistes».  Il a ajouté qu'elles se résumaient en deux mots : «frustration et persévérance».  La plupart des collègues s'étonnent de l'inaction et de la

paralysie dont souffre la Conférence.  Tout en mesurant à sa juste valeur l'impact du contexte stratégique international sur son fonctionnement, ils manifestent incrédulité et même exaspération face à cette «tyrannie du statu quo ou de l'immobilisme».  Pourquoi serait-il impossible de dialoguer, y compris pour constater nos désaccords, comme ce fut le cas pendant la guerre froide dans cette enceinte.  À cette époque, il existait un dialogue, a insisté le Président.


S'agissant de la persévérance, le Président a indiqué qu'il avait recueilli un certain nombre de suggestions, «en général assez modestes» qu'il continue de «tester» auprès de toutes les délégations, en particulier celles qui jouent un rôle clé et avec lesquelles il se coordonne en permanence.  Il a assuré qu'il ne négligeait aucune piste, fidèle au dicton «impossible n'est pas français».  C'est pourquoi la délégation française poursuivra les consultations jusqu'à la fin de la présidence française «pour ne pas laisser passer la moindre chance, si minime soit-elle, de nous entendre sur un socle minimal, dans l'attente d'un déclic venu d'ailleurs que nous appelons de tous nos vœux et qui nous permettrait de nous accorder sur un programme de travail».  Le Président a indiqué à cet égard qu'il prenait note avec intérêt de la nouvelle proposition chinoise sur l'espace communiquée hier à la présidence.  Il a souligné à ce propos qu'il est bon que des propositions nouvelles ou améliorées soient proposées à la Conférence par ceux qui sont en position de le faire et qu'il est souhaitable que les États membres réagissent à ces propositions.


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