LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ENTEND LE MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DU PAKISTAN ET LE VICE-MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DE L'IRAN
Communiqué de presse CD/G/528 |
LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ENTEND LE MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DU PAKISTAN ET LE VICE-MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES DE L'IRAN
Elle termine la première partie de sa session de 2002
GENÈVE, 28 mars -- La Conférence du désarmement a entendu, ce matin, le Ministre des affaires étrangères du Pakistan et le Vice-Ministre des affaires étrangères de la République islamique d'Iran, ainsi que les représentants de la Chine, de la Fédération de Russie, de l'Inde et du Pakistan.
M. Abdul Sattar, Ministre des affaires étrangères du Pakistan, a déclaré que l'ampleur de la tragédie du 11 septembre avait donné à la communauté mondiale la volonté d'intensifier la coopération internationale afin de renforcer la paix et la sécurité. Elle a permis de forger une coalition internationale pour combattre le terrorisme.
Le ministre a toutefois souligné que l'Asie du Sud a été décrite comme la région la plus dangereuse du monde. L'Inde a déployé des forces massives, notamment des missiles balistiques en position de combat, le long de la frontière du Pakistan et de la ligne de contrôle au Cachemire. Des déclarations irresponsables ont été prononcées, envisageant une «guerre limitée» contre le Pakistan - qui ne manquerait pas de protéger sa souveraineté et son territoire de toute agression ou incursion. Le ministre a rappelé que le Pakistan a fait des propositions raisonnables pour le dialogue et a souligné que, pour alléger les tensions et normaliser les relations entre le Pakistan et l'Inde, il fallait parvenir à un règlement juste de la question du Cachemire. M. Sattar a rappelé que le Pakistan avait acquis une capacité nucléaire et en matière de missiles uniquement pour l'autodéfense. Il demeure attaché au principe de la non-prolifération et ne doute pas que la prolifération d'armes de destruction massive serait déstabilisante pour la sécurité mondiale, régionale et nationale.
Le Vice-Ministre des affaires étrangères de la République islamique d'Iran, M. Javad Zarif, a pour sa part déclaré que la remise en question des travaux sur la Convention sur les armes biologiques, le retrait unilatéral du Traité sur les missiles antimissiles (ABM) et la poursuite de projets militaires gigantesques comme la Défense antimissile nationale (NMD) a exacerbé les préoccupations internationales quant à une course aux armements et à une militarisation de l'espace extra-atmosphérique.
L'Iran, pour sa part, considère que la mise au point et l'utilisation d'armes de destruction de masse étaient inhumaines, immorales, illégales et allaient à l'encontre de ses principes fondamentaux. Ces armes n'ont pas leur place dans la doctrine de défense de son pays. Bien que la communauté internationale souhaite des décisions multilatérales, la coopération et le dialogue, une seule voix parle aujourd'hui de l'escalade de la guerre et de décisions unilatérales. Or, le 11 septembre a montré que les problèmes mondiaux, du terrorisme à l'environnement, en passant par les armes de destruction massive, exigent des réponses mondiales et non pas unilatérales.
Alors que s'achève la première partie de session de 2002 de la Conférence du désarmement, le Président a souligné qu'il reste encore à la Conférence à commencer ses travaux de fond. Il a estimé que l'idée suggérée ce matin par la délégation du Japon d'organiser des conférences ministérielles sur le désarmement était une bonne proposition. Il a par ailleurs indiqué que le Président a préparé un document concernant les consultations informelles, qui sera distribué aux participants cet après-midi.
La prochaine séance plénière de la Conférence du désarmement aura lieu le jeudi 16 mai 2002 à 10h00.
Déclarations
M. ABDUL SATTAR, Ministre des affaires étrangères du Pakistan, a déclaré que la situation de la sécurité mondiale avait été transformée l'année dernière. Les attentats terroristes du 11 septembre ont souligné avec éclat les nouvelles dimensions de l'insécurité et de l'instabilité internationales. Ils ont démontré que les menaces à la sécurité peuvent émaner de différentes sources, internes et externes; que même les États les plus puissants sont vulnérables; et que les causes de ces menaces sont complexes, tout comme leurs conséquences.
M. Sattar a remarqué que l'ampleur de la tragédie avait donné à la communauté mondiale la volonté d'intensifier la coopération afin de renforcer la paix et la sécurité. Elle a permis de forger une coalition internationale pour combattre le terrorisme et a créé la possibilité de finalement instaurer la paix et d'entamer la reconstruction en Afghanistan. La communauté mondiale est maintenant engagée dans une analyse plus honnête des causes à l'origine du terrorisme sous toutes ses formes et ses manifestations. La reconnaissance du problème de la pauvreté en a été favorisée, tout comme la compréhension de la nécessité de traiter et résoudre les conflits et les différends.
M. Sattar a noté que certains événements avaient sapé les perspectives du désarmement mondial. La dénonciation du traité ABM, et les plans pour la mise au point de systèmes de défense antimissile pourraient porter atteinte à la stabilité aux niveaux mondial et régional. Les perspectives de l'entrée en vigueur du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires sont devenues plus sombres. La reprise des essais nucléaires et la mise au point d'armes nucléaires dites «utilisables» pourraient déclencher une nouvelle course aux armements nucléaires. Les probabilités d'achever la rédaction du Protocole à la Convention sur les armes biologiques semblent également minces après la rupture des négociations en décembre dernier. Et la Conférence du désarmement est demeurée dans l'impasse sur la question de ses programmes de travail, dans l'attente des négociations sur un traité relatif aux matières fissiles, sur le désarmement nucléaire et sur les mesures de prévention d'une course aux armements dans l'espace extra-atmosphérique.
L'Asie du Sud a été décrite comme la région la plus dangereuse du monde, a poursuivi M. Sattar. L'Inde a déployé ses forces massives, notamment des missiles balistiques en position de combat, le long de la frontière internationale du Pakistan et la Ligne de contrôle au Cachemire. Menaçant d'utiliser la force, l'Inde a présenté des exigences unilatérales au Pakistan. Des déclarations irresponsables ont été prononcées par ses porte-parole politiques et militaires qui envisagent une «guerre limitée» contre le Pakistan. Face à des tentatives grossières de diplomatie coercitive bien évidemment inadmissibles - et le Pakistan ne manquerait pas de protéger sa souveraineté et son territoire de toute agression ou incursion - le Gouvernement pakistanais a fait des propositions raisonnables pour le dialogue. Le Pakistan pense que des progrès pourraient être accomplis si, au lieu de poser des revendications unilatérales, l'Inde entamait un dialogue avec le Pakistan.
M. Sattar a souligné que pour alléger les tensions et normaliser les relations entre le Pakistan et l'Inde, il fallait parvenir à un règlement juste de la question du Cachemire. Le principe et la recommandation d'un règlement pacifique ont été entérinés par des résolutions du Conseil de sécurité. L'Inde a l'obligation d'appliquer ces résolutions et, comme elle s'y est engagée, de laisser la population de l'État exercer son droit à l'autodétermination. L'Inde a trahi ses visées hégémoniques, non seulement pas son recours à la répression et à la terreur contre le mouvement de libération du Cachemire, mais aussi par l'accroissement de son arsenal d'armes classiques et stratégiques. Au cours des trois dernières années, elle a augmenté ses dépenses militaires de 50%. Le Pakistan n'a pas voulu se laisser entraîner dans une course stérile aux armements en Asie du Sud. Depuis 1999, il a gelé son budget de défense. Néanmoins, le Pakistan doit conserver la crédibilité de sa position de dissuasion.
En conclusion, M. Sattar a rappelé que le Pakistan avait acquis une capacité nucléaire et de missiles limitée, uniquement pour l'autodéfense. Il demeure attaché au principe de la non-prolifération et ne doute pas que la prolifération d'armes de destruction massive serait déstabilisante pour la sécurité mondiale, régionale et nationale. C'est pourquoi le Pakistan a renforcé son système déjà strict de contrôle des exportations, et il est prêt à rendre plus sévère la législation de manière à se prémunir contre la prolifération.
M. JAVAD ZARIF, Vice-Ministre des affaires étrangères de la République islamique d'Iran, a déclaré qu'après la fin des négociations sur le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, la Conférence du désarmement n'a pas été capable de se mettre d'accord sur un programme de travail. Le rejet du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires par une grande puissance nucléaire a fait s'envoler les espoirs d'une entrée en vigueur rapide de cet instrument et il ne semble pas y avoir de raison d'espérer un changement de politique de ce côté. Les résultats de plus de six années de négociations dans le Groupe spécial sur un protocole renforçant la mise en œuvre de la Convention sur les armes biologiques ont fait l'objet d'un veto et la validité du mandat du Groupe spécial a été remise en question. De surcroît, la cinquième Conférence chargée de l'examen de la Convention sur les armes biologiques a été suspendue en raison de l'approche unilatérale appliquée à des questions qui intéressent tous les membres de la communauté internationale. Le retrait unilatéral du Traité ABM joint à la poursuite de projets militaires gigantesques comme la Défense antimissile nationale (NMD) a exacerbé les préoccupations internationales quant à une course aux armements plus dangereuse et à une militarisation de l'espace extra-atmosphérique.
M. Zarif a souligné que son pays considérait que la mise au point et l'utilisation d'armes de destruction de masse étaient inhumaines, immorales, illégales et allaient à l'encontre de ses principes fondamentaux. Ces armes n'ont pas leur place dans la doctrine de défense de son pays. La République islamique d'Iran ne possède pas de telles armes, ne cherche pas à s'en procurer et n'acceptera ni ne tolérera en aucun cas des allégations de la part de ceux qui se sont clairement placés et ont placé leur protégé en dehors de la loi. Dans une situation aussi explosive, où des approches unilatérales inacceptables sont même glorifiées, le mécanisme des Nations Unies relatif au désarmement, et la Conférence en particulier, ont un rôle crucial à jouer.
M. Zarif a poursuivi en affirmant que bien que la communauté internationale souhaite des décisions multilatérales, la coopération et le dialogue, une seule voix parle de l'escalade de la guerre et de décisions unilatérales. «Nous devons décider de nos approches individuelles et collectives. Nous avions pensé et espéré que tous les acteurs avaient acquis la maturité suffisante pour comprendre que les politiques égocentriques qui sont "simplement en faveur" d'un pays ou d'un autre sont tout simplement démodées. Nous devons construire des politiques qui sont pour l'humanité», a-t-il ajouté.
Les événements tragiques du 11 septembre ont prouvé sans l'ombre d'un doute que «nous avons tous un point commun: notre vulnérabilité», a-t-il rappelé. L'horreur de cette journée montre qu'aucun pays, pour puissant qu'il soit, n'est à l'abri des menaces qui pèsent sur le reste de la communauté internationale. Elle a montré que les problèmes mondiaux du terrorisme à l'environnement, en passant par les armes de destruction massive, exigent des réponses mondiales et non pas unilatérales.
M. LEONID A. SKOTNIKOV (Fédération de Russie) a affirmé que son pays était profondément préoccupé, en particulier, par les récents rapports concernant la politique nucléaire des États-Unis. Malgré des explications rassurantes à cet égard, il semble que ce pays ait modifié son approche au recours des armes nucléaires et qu'il reconnaisse que ces armes peuvent être utilisées dans des conflits régionaux, notamment contre un pays non doté d'armes nucléaires. S'agissant du premier comité préparatoire qui se tiendra prochainement, la portée des problèmes liés au Traité sur la non-prolifération nucléaire est au premier rang des priorités de la Fédération de Russie. Elle considère que le Traité est un fondement du système de sécurité internationale. C'est principalement cet instrument qui a permis de restreindre la propagation d'armes nucléaires, favorisant en même temps le développement de la coopération internationale dans les utilisations pacifiques de l'énergie atomique.
Abordant les travaux de la Conférence, M. Skotnikov a rappelé que sa délégation avait présenté une proposition d'ensemble sur le programme de travail de la Conférence en vue de parvenir à un accord sur les deux principales questions en suspens: le désarmement nucléaire et la prévention d'une course aux armements dans l'espace extra-atmosphérique. La Fédération de Russie a accordé une attention spéciale à la «proposition Amorim», qui bénéficie d'un soutien considérable parmi les délégations. La Fédération de Russie ne rejette pas les idées de l'ambassadeur Amorim, mais elle a tenté de les développer. Après des consultations avec l'immense majorité des membres de la Conférence du désarmement, la délégation russe a proposé la création de deux comités spéciaux, pour examiner la question du désarmement nucléaire et pour négocier «un régime capable de prévenir une course aux armements dans l'espace extra-atmosphérique», qui pourrait prendre la forme d'un instrument liant les parties.
La Fédération de Russie appuie les aspirations des États non dotés d'armes nucléaires parties au Traité sur la non-prolifération nucléaire qui veulent des assurances contre l'emploi ou la menace d'armes nucléaires. La Fédération de Russie soutient le rétablissement d'un comité spécial avec le mandat de négociation qui avait été décidé précédemment s'agissant des garanties de sécurité. Elle n'objecterait pas non plus à l'élaboration dans la Conférence d'un accord mondial sur les garanties de sécurité nucléaire, pourvu que cet accord tienne compte des réserves de la Fédération de Russie sur les cas d'utilisation des armes nucléaires afin de repousser une agression.
La Fédération de Russie attache une grande importance à la question de la transparence dans les armements classiques, qui peut contribuer à créer un climat de confiance entre différents pays, a affirmé M. Skotnikov. La transparence pourrait être un instrument clé pour prévenir le stockage déstabilisant d'armes et éviter les conflits armés. La Fédération de Russie pense néanmoins qu'il serait important, aux fins de vérification des stocks d'armes classiques, que la transparence vienne d'abord de tous les importateurs. C'est précisément pour eux, plutôt que pour les exportateurs, que l'information sur les achats d'armement est une question névralgique du point de vue de la sécurité nationale.
M. HU XIAODI (Chine) a déclaré qu'au cours des vingt années écoulées depuis le dévoilement de l'Initiative de la guerre des étoiles, d'énormes progrès ont été réalisés dans le domaine militaire et dans le domaine des technologies de l'armement en rapport avec l'espace extra-atmosphérique. Les armes et systèmes d'armement qui n'étaient que des chimères hier encore sont devenus des réalités. Le projet de défense antimissile qui est avancé comporte une forte composante liée aux systèmes d'armes extra-atmosphérique. M. Hu a rappelé qu'il y a un an, le premier «exercice de guerre de l'espace» a simulé l'utilisation d'armes anti-satellites, de systèmes de défense antimissile et d'armes terrestres à laser pour attaquer des cibles situées dans l'espace. Le projet de contrôle de l'espace est entré dans sa phase de mise en œuvre, a affirmé le représentant chinois.
M. Hu a déclaré que les événements du 11 septembre ont démontré une fois de plus que la menace qui pèse sur la sécurité de la communauté internationale est mondiale, qu'elle revêt plusieurs aspects et que les États doivent de plus en plus compter les uns sur les autres pour assurer cette sécurité. Tout pays, quelle que soit son importance, doit participer et renforcer sa coopération avec les autres. C'est le seul moyen de relever les divers défis à la sécurité et d'assurer une paix et une sécurité globales et durables. La position de la Chine s'agissant de l'espace n'a pas varié, a-t-il assuré. La Conférence devrait rétablir un comité spécial pour la prévention de la course aux armements dans l'espace et commencer à négocier en vue de l'élaboration d'un ou de plusieurs instruments visant à interdire la militarisation de l'espace. En outre, la Chine a toujours appuyé la conclusion d'un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d'armes et autres dispositifs explosifs nucléaires par la voie des négociations et reste convaincue que la conclusion d'un tel traité aurait une grande importance dans la promotion du désarmement nucléaire et de la non-prolifération nucléaire.
M. LES LUCK (Australie) a souligné que les intérêts fondamentaux des États ne seraient pas menacés si la Conférence décidait d'aborder les principaux sujets dont elle est saisie d'une manière qui serait acceptable pour ses membres. L'Australie estime que la prochaine étape pour la Conférence doit consister à accorder la priorité à la recherche d'un consensus durable sur la négociation d'un traité interdisant la production future de matières fissiles pour la fabrication d'armes et autres dispositifs explosifs nucléaires. Un tel traité serait une étape utile - et même essentielle - au progrès dans le domaine du désarmement nucléaire. Les négociations sur les réductions exigent en effet la garantie que la production de matières fissiles à des fins militaires soit gelée. Le délégué estime donc nécessaire que de telles négociations débutent rapidement, et que soient mises en application des mesures de vérifications.
M. Luck a reconnu que les États ont des priorités divergentes. Il a aussi admis que les questions qui ne sont pas reliées au traité sur les matières fissiles n'ont pas été traitées avec la même priorité. Mais la Conférence n'est-elle pas en train de perde une bonne occasion d'agir ? Le représentant australien a enfin plaidé pour un approfondissement du dialogue et, s'agissant du traité sur les matières fissiles, a suggéré que la Conférence entame les négociations.
M. SEIICHIRO NOBORU (Japon) a déploré que la Conférence n'ait pas réussi, au cours des cinquante-quatre dernières sessions, à se mettre d'accord sur un programme de travail, ni à s'engager dans des négociations, ni à s'engager dans des discussions substantielles. L'impasse où se trouve la Conférence est donc frustrante et regrettable aux yeux de tous les membres. Cependant, le représentant a estimé qu'il ne s'agit pas là de temps perdu. Il s'agit plutôt d'un processus inévitable par lequel la Conférence doit passer avant de déboucher sur un accord significatif. M. Noboru a estimé que ce processus laborieux ne saurait se poursuivre longtemps encore: en effet, la communauté internationale exige des progrès en matière de désarmement multilatéral.
La Conférence attend depuis plusieurs années maintenant que s'instaure un climat de sécurité acceptable au niveau international, a noté le représentant japonais. Malheureusement, cette patience a été vaine et ne laisse guère présager de progrès à venir. Le délégué a donc conclu qu'il était temps que la Conférence adopte une attitude plus engagée. Depuis les attaques terroristes du 11 septembre, a-t-il noté, la question du désarmement a pris une importance croissante sur la scène internationale, notamment dans ses aspects multilatéraux. D'autre part, les menaces contre la sécurité et la paix ont augmenté de façon beaucoup plus rapide que prévu. Dès qu'un programme de travail pourra être établi, la Conférence pourra jouer un rôle important dans la résolution des ces questions. Le représentant japonais a suggéré, à cet égard, la tenue régulière de conférences ministérielles qui permettrait de donner à la Conférence du désarmement une plus forte dynamique politique.
Le représentant de l'Inde a déclaré que l'intervention du Ministre des affaires étrangères du Pakistan rapportait des faits inexacts. L'Inde a été l'initiateur d'un dialogue avec le Pakistan, qui a permis la signature d'un certain nombre d'accords depuis 1972. La poursuite du dialogue entre l'Inde et le Pakistan est essentielle pour résoudre certaines questions en suspens, particulièrement celle du Cachemire. La poursuite du dialogue demandait néanmoins un engagement dans ce sens et ne pouvait se fonder que sur la confiance. L'agression transfrontalière signifiait donc que cette confiance n'existait pas pour le Pakistan.
Le représentant a ensuite déclaré qu'au cours de ces dernières années, le Pakistan avait été conduit à réviser ses choix. Il s'est dit encouragé par la déclaration prononcée, le 12 janvier dernier, par le Président pakistanais dans laquelle il envisageait de prendre des mesures en vue de réglementer l'activité des écoles coraniques, les «madrasas», qui dispensaient un entraînement militaire, et annonçait l'interdiction de sept organisations, dont une était compromise dans les attaques contre le parlement indien. Le Pakistan a dû faire des choix
difficiles, mais l'Inde souhaiterait néanmoins voir quelques preuves de la part du Pakistan qu'elle s'efforce de livrer les terroristes vivant sur son territoire, de mettre fin aux infiltrations transfrontières, et s'engage à renforcer le dialogue. Pour assurer le succès des prochaines élections dans l'État de Jammu-et-Cachemire, beaucoup dépend du Pakistan. Le Pakistan doit également faire preuve de son sérieux en tant que membre de la coalition contre le terrorisme.
Le représentant du Pakistan a souligné que la menace qui pèse sur la sécurité dans sa région procède du fait que l'Inde a annoncé l'adoption d'une doctrine nucléaire. L'Inde dispose de quelque 400 têtes nucléaires et d'une capacité de seconde frappe. L'Inde envisage en outre d'acquérir de nouveaux armements dans les années à venir. À l'heure actuelle, un million de militaires indiens sont déployés en ordre de bataille à la frontière indo-pakistanaise et des missiles ont également été déployés. Le Pakistan, alors qu'il serait justifié de le faire, a choisi de ne pas imiter l'Inde, a fait observer le représentant pakistanais avant de mettre l'accent sur le danger d'une telle doctrine qui amène l'Inde à envisager de livrer une guerre limitée au Pakistan.
Le représentant a reconnu que comme tout pays, le Pakistan a des problèmes. Il a souligné que son gouvernement a l'honnêteté de le reconnaître et s'efforce de lutter contre tout extrémisme et contre tout terrorisme. Le Parti indien (Indian Party), qui fait partie de la coalition au pouvoir à New Delhi, a massacré des musulmans devant l'indifférence des responsables gouvernementaux de l'application des lois. Les musulmans ont également été victimes d'autres atrocités commises par les hindous. Qui donne le droit à l'Inde de demander au Pakistan de livrer des terroristes? L'Inde devrait punir ses propres terroristes qui ont tué des musulmans.
La lutte au Jammu-et-Cachemire est légitime et vise l'autodétermination, a par ailleurs déclaré le représentant pakistanais, avant d'ajouter que les combattants ne sont pas des terroristes mais des combattants pour la liberté. Les 80 000 jeunes tués par l'armée indienne au Cachemire n'étaient pas des terroristes transfrontaliers mais des combattants sur leurs propres terres.
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