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CD/G/526

CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT : LE MINISTRE ROUMAIN DE LA DÉFENSE SOUHAITE UNE SORTIE DE L'IMPASSE CETTE ANNÉE

07/03/02
Communiqué de presse
CD/G/526


CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT : LE MINISTRE ROUMAIN DE LA DÉFENSE SOUHAITE UNE SORTIE DE L'IMPASSE CETTE ANNÉE


Genève, le 7 mars -- La Conférence du désarmement a entendu, ce matin, le Ministre de la défense nationale de la Roumanie et une déclaration adressée à la Conférence par les organisations non gouvernementales participant au Séminaire de la Journée des Nations Unies pour les droits de la femme et la paix réuni à Genève sur le thème «Le terrorisme, l'ordre mondial, les armes et la défense antimissile». Elle a en outre approuvé la désignation de trois coordonnateurs spéciaux sur les questions de procédure.


M. Ian Mircea Pascu, Ministre roumain de la défense, a souligné que la coalition internationale qui a vu le jour après les attaques du 11 septembre 2001 témoigne d'une large solidarité internationale, d'une volonté de coopération et d'une volonté politique qui devrait servir également à la mise en place d'un régime de vérification de la Convention sur les armes biologiques et d'autres accords dans le domaine du désarmement. La Roumanie souhaite que cette session annuelle permettra à la Conférence de sortir de l'impasse. Pour sa part, elle continue d'accorder la priorité à la reprise des négociations sur un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d'armes et autres dispositifs explosifs nucléaires.


Les organisations non gouvernementales participant au Séminaire organisé à l'occasion de la Journée pour les droits de la femme ont exprimé leur vive déception et préoccupation que la Conférence demeure dans l'impasse alors qu'il y a un besoin évident de négociations sur le désarmement nucléaire, la prévention d'une course aux armements dans l'espace, un traité interdisant la production de matières fissiles et un programme complet de désarmement. S'agissant de la réponse apportée aux attaques terroristes du 11 septembre, elles font remarquer que des armes sophistiquées ne sauraient protéger les populations de ces nouveaux actes terroristes et qu'une meilleure distribution des ressources pour améliorer la vie des gens serait un moyen plus efficace d'éliminer le terrorisme.


La Conférence a en outre approuvé la désignation des trois Coordonnateurs spéciaux chargés, respectivement, du réexamen de l'ordre du jour de la Conférence, de l'élargissement de sa composition et de l'amélioration de son efficacité et de son fonctionnement. Ainsi, M. Eui-Yong Chung, Ambassadeur de la République de Corée, a été désigné Coordinateur spécial chargé du réexamen de l'ordre du jour de la Conférence; M. Dimiter Tzantchev, Ambassadeur de Bulgarie, Coordonnateur


spécial l'élargissement de sa composition; et M. Prasad Kariyawasam, Ambassadeur de Sri Lanka, Coordonnateur spécial sur l'amélioration du fonctionnement de la Conférence. Le Président a précisé que ces mandats ne s'appliquent qu'à la durée de la session de 2002. Il a demandé aux Coordonnateurs spéciaux de commencer dès que possible leurs consultations.


En fin de séance, le Président, M. Fisseha Yimer (Éthiopie), se félicitant que ses consultations sur les Coordonnateurs spéciaux aient abouti à une conclusion positive, a toutefois indiqué que, s'agissant du programme de travail, il n'avait pas constaté de changement sensible dans les positions des délégations et il a indiqué qu'il n'était pas en mesure de faire de nouvelles propositions sur cette question.


La prochaine séance plénière de la Conférence se tiendra jeudi prochain, 14 mars, à 10 heures.


Aperçu des déclarations


M. IAN MIRCEA PASCU, Ministre de la défense nationale de la Roumanie, a souligné que l'année dernière avait été particulièrement difficile pour le désarmement multilatéral et le processus de non-prolifération, particulièrement en ce qui concerne les régimes sur les armes de destruction massive, ainsi que dans le contexte des évolutions et changements rapides intervenus en matière de sécurité internationale et de stabilité. Il a attiré l'attention, à cet égard, sur les problèmes rencontrés dans le renforcement de la Convention sur les armes biologiques et la menace posée par le terrorisme mondial. Il a souligné que la coalition internationale qui a vu le jour après les attaques du 11 septembre 2001 témoigne fortement d'une large solidarité internationale, d'une volonté de coopération et d'une volonté politique fondées sur des efforts communs pour l'adoption rapide de mesures aux niveaux international et national. Le Ministre roumain a estimé qu'il fallait en tirer une leçon qui doit être gardée à l'esprit dans le cadre de la mise en place d'un régime de vérification de la Convention sur les armes biologiques et d'autres accords dans le domaine du désarmement.


Le Ministre roumain de la défense a déclaré que son pays était fermement attaché au cadre multilatéral des accords en matière de désarmement international et de non-prolifération aux niveaux tant mondial que régional et qu'il continuerait à mettre en œuvre de bonne foi ses obligations en vertu des régimes juridiques auxquels il est partie. Son attachement à la sécurité collective est inconditionnel et la Roumanie ne peut être d'accord avec ceux qui souhaitent abandonner le multilatéralisme et la sécurité internationale. Elle s'associe à ceux qui soulignent la nécessité de renforcer et, si nécessaire, d'adapter les accords existants en tenant compte de la réalité du présent, tout en poursuivant des négociations et en concluant de nouveaux accords internationaux multilatéraux dans le domaine du désarmement.


M. Pascu a constaté que, ces trois dernières années, la Conférence ne s'était pas acquittée de sa tâche principale. Le maintien de cette situation ne ferait que détériorer davantage la crédibilité de la Conférence. L'adoption rapide de la décision de nommer à nouveau les trois coordonnateurs spéciaux sur les questions de procédure est un signe encourageant pour la Conférence, mais elle ne saurait remplacer le travail de fond sur les points du programme de travail, qui constitue la tâche principale de la Conférence. La Roumanie continue d'accorder la priorité à la reprise des négociations sur un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d'armes et autres dispositifs explosifs nucléaires. Le Ministre roumain de la défense a indiqué que son pays a adopté une position de souplesse s'agissant de la proposition Amorim sur le programme de travail (document CD/1624) et était disposé à l'appuyer en l'état. La Roumanie est également disposée à débattre de la question de la transparence dans les armements, qui constitue l'un des points du programme de travail ne faisant pas l'objet de différends.


En conclusion, M. Pascu a observé que la Conférence était un baromètre très sensible aux évolutions de sécurité internationales et au climat politique entre les acteurs principaux sur la scène internationale. La Roumanie, comme beaucoup d'autres membres, aborde cette session annuelle dans l'espoir d'une évolution positive de la situation afin que la Conférence puisse sortir de l'impasse dans laquelle elle se trouve depuis si longtemps. Elle continue de croire en l'avenir du désarmement multilatéral international et à l'utilité de la Conférence du désarmement en matière de paix et de sécurité.


M.  ENRIQUE ROMAN MOREY, Directeur général adjoint de la Conférence, a donné lecture d'une déclaration adressée à la Conférence du désarmement par les organisations non gouvernementales participant au Séminaire de la Journée internationale pour les droits de la femme et la paix internationale réuni à Genève sur le thème «Le terrorisme, l'ordre mondial, les armes et la défense antimissile». Les participants au séminaire soulignent que, depuis des décennies, les femmes constatent, en particulier dans les régions en conflit, à quel point la paix et le désarmement sont nécessaires pour l'amélioration de leurs conditions de travail et de vie et pour assurer l'égalité entre hommes et femmes. Elles considèrent en outre que le désarmement est indispensable pour limiter les conflits, prévenir la guerre et libérer des ressources afin de permettre l'amélioration de conditions économiques et sociales pour elles-mêmes, leurs familles et leurs communautés.


Les organisations non gouvernementales participant au Séminaire ont été vivement déçues et préoccupées que la Conférence demeure dans l'impasse. Constatant que les membres de la Conférence sont d'accord pour considérer que la proposition Amorim constitue une bonne base pour les consultations, elles demandent pourquoi on se trouve encore dans l'impasse alors qu'il y a un besoin évident de négociations sur le désarmement nucléaire, la prévention d'une course aux armements dans l'espace extra-atmosphérique, un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d'armes et autres dispositifs explosifs nucléaires et un programme complet de désarmement. La société civile a le droit de recevoir une réponse de la part de la Conférence, car les questions de désarmement concernent tout un chacun.


Les organisations non gouvernementales estiment que la réponse aux attaques terroristes du 11 septembre s'est principalement exprimée en termes militaires, entraînant une demande d'accroissement des dépenses militaires pour développer et produire des armes plus récentes et en plus grande quantité et un entêtement à développer un système de défense antimissile qui menace de relancer une nouvelle course aux armements et d'affaiblir un traité de désarmement en vigueur depuis longtemps. Les participants au Séminaire font toutefois remarquer que des armes sophistiquées ne sauraient protéger les populations de ces nouveaux actes terroristes. Une meilleure distribution des ressources pour améliorer la vie des gens serait un moyen plus efficace d'éliminer le terrorisme.


En conclusion les participants au Séminaire de la Journée internationale pour les droits de la femme consacré au désarmement craignent que la Conférence ne soit plus en mesure de s'acquitter de son mandat, exprimant leur inquiétude, dans ces circonstances, quant à l'avenir du désarmement. Ils expriment par ailleurs l'espoir que des discussions pourront être engagées entre la Conférence et les organisations non gouvernementales s'agissant de la relation qui doit s'établir entre elles et de la façon dont les organisations non gouvernementales pourraient contribuer utilement aux débats de la Conférence au sujet de cette relation.


M. JORGE IVAN MORA GODOY (Cuba), au nom du Groupe des 21, a exprimé sa gratitude aux organisations non gouvernementales participant au Séminaire de la Journée des Nations Unies pour les droits de la femme et la paix pour leur message important adressé à la Conférence. Le Groupe des 21 apprécie vivement le rôle de femmes dans tous les domaines, en particulier dans le mouvement international pour la paix.  Le Groupe des 21 salue leur contribution aux travaux de la Conférence et leur contribution au désarmement complet.


M. LES LUCK (Australie), au nom du Groupe occidental, a remercié les organisations non gouvernementales participant à cette manifestation à l'occasion de la Journée des Nations Unies pour les droits de la femme et a indiqué qu'il était d'accord avec elles pour dire que le monde fait face à de nouveaux défis dans un environnement mondial en évolution. C'est pourquoi la Conférence doit agir maintenant, aujourd'hui plus que jamais. Pourtant, elle demeure dans l'impasse. Le Groupe occidental appelle la Conférence à adopter son programme de travail et indique qu'il est disposé à commencer immédiatement les négociations sur un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d'armes et autres dispositifs explosifs nucléaires.


M. ANATOLY ANTONOV (Fédération de Russie) au nom du Groupe des pays d'Europe de l'Est, a remercié les organisations non gouvernementales participant au Séminaire pour le message qu'elles viennent d'adresser à la Conférence. Il les a remerciées de leur appui et de leur coopération avec la Conférence et s'est dit convaincu qu'elles contribuent de façon importante à un monde plus sûr et plus pacifique.


M. HU XIAODI (Chine) a déclaré qu'il appréciait le message adressé par les représentants d'organisations non gouvernementales à l'occasion de la Journée pour les droits de la femme. Il a souligné que les femmes constituent un groupe vulnérable et que, dans de nombreuses parties du monde, elles souffrent des fléaux de la guerre et accordent une importance particulière aux efforts de désarmement. Elles ont par conséquent des attentes particulières à l'égard de la communauté internationale pour assurer leur sécurité. Le représentant chinois a souligné qu'il fallait maintenir et consolider le régime juridique en place concernant les accords multilatéraux internationaux qui ont été conclus, et non lui porter atteinte ou l'affaiblir. La Chine est préoccupée du rejet récent d'un traité dans le domaine de la limitation des armements. Selon la Chine, la mentalité de guerre froide ne doit plus avoir cours. M. Hu a rappelé qu'à Pékin, la Conférence mondiale sur les droits de la femme s'était prononcée en faveur d'un traité universel multilatéral des essais nucléaires, qui a depuis été ouvert à signature; mais on ne peut que s'inquiéter de ce que son avenir paraisse très sombre. La Chine s'associe à toutes les femmes pour sauvegarder la paix et promouvoir le désarmement.


M. FISSEHA YIMER (Éthiopie), Président de la Conférence, a déclaré qu'il avait appuyé ses efforts sur les acquis de son prédécesseur, le représentant de l'Égypte, s'agissant notamment de la décision de nommer des Coordonnateurs spéciaux sur les questions relatives à l'ordre du jour, à la composition et à l'amélioration du fonctionnement de la Conférence. À cet égard, il a mené des consultations sur l'hypothèse d'une répartition géographique équitable pour les trois postes à pourvoir, et il a été décidé que l'attribution de ces postes ferait l'objet d'un roulement à chaque session de la Conférence. Le Président s'est félicité que ses consultations aient abouti à une conclusion positive et que la Conférence ait été en mesure de nommer les trois Coordonnateurs spéciaux aujourd'hui.


S'agissant toutefois du programme de travail, le Président n'a pas constaté de changement sensible dans les positions des délégations et il a indiqué qu'il n'était pas en mesure de faire de nouvelles propositions sur cette question. La proposition «Amorim» (document CD/1624) est acceptable pour toutes les délégations, mais il subsiste des différences sur les questions relatives aux mandats des organes subsidiaires à mettre sur pied s'agissant du désarmement nucléaire et de la course aux armements dans l'espace extra-atmosphérique. Le Président a indiqué qu'il poursuivait les consultations sur le programme de travail.


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