CONFERENCE DU DESARMEMENT : LA MINISTRE SUEDOISE DES AFFAIRES ETRANGERES LANCE UN APPEL A LA COOPERATION CONTRE LES ARMES DE DESTRUCTION MASSIVE
Communiqué de presse CD/G/523 |
CONFERENCE DU DESARMEMENT : LA MINISTRE SUEDOISE DES AFFAIRES ETRANGERES LANCE UN APPEL A LA COOPERATION CONTRE LES ARMES DE DESTRUCTION MASSIVE
La Chine, le Royaume-Uni, le Canada, les États-Unis, le Myanmar, l'Iraq, Cuba
et la République populaire démocratique de Corée font également des déclarations
Genève, 7 février -- La Conférence du désarmement a entendu ce matin la déclaration de la Ministre des affaires étrangères de la Suède, Mme Anna Lindh, qui a déclaré que la coopération est indispensable pour débarrasser le monde des armes de destruction massive et de leurs vecteurs.
Mme Lindh a estimé que le Traité sur la non-prolifération nucléaire est un «coupe-feu» contre la prolifération d'armes nucléaires et constitue les fondations du désarmement nucléaire. Elle a en outre appelé de ses vœux une coopération internationale pour mettre fin définitivement aux essais nucléaires. Elle a exprimé la préoccupation de son pays qu'une décision unilatérale par les États-Unis de développer une défense stratégique antimissile risquait d'avoir un impact négatif sur le désarmement international et les efforts de non-prolifération. Il est temps pour la Conférence de commencer des négociations sur un traité interdisant la production de matières fissiles; de créer un organe subsidiaire pour traiter le désarmement nucléaire; et de traiter la prévention d'une course aux armements dans l'espace extra-atmosphérique, a par ailleurs déclaré la ministre.
L'Iraq, la Chine et la République populaire démocratique de Corée sont intervenus pour exprimer leurs objections concernant les parties de la déclaration de Mme Lindh mentionnant leurs pays respectifs.
Dans une déclaration en début de séance, la Chine a estimé que le régime juridique dans le domaine du désarmement est aujourd'hui confronté à des défis sans précédent, notamment du fait des efforts visant à remplacer la coopération internationale par des mesures unilatérales. Elle souligne que ce n'est que par la coopération multilatérale et collective que le terrorisme pourra être éliminé. Pour la Chine, la négociation de traités juridiquement contraignants devrait continuer d'être au centre des efforts de désarmement. Face à la remise en cause du Traité ABM et la volonté de mettre au point des armes spatiales, la Chine estime que la Conférence devrait créer un comité spécial sur la prévention de la course aux armements dans l'espace extra-atmosphérique.
Pour le Royaume-Uni, il faut à tout prix éviter de «dilapider» les réalisations et les accords qui ont coûté tant d'efforts. Le monde est, à bien des égards, plus dangereux et imprévisible que pendant la guerre froide. Le recours possible à des armes de destruction massive représente plus que jamais une menace pour les populations civiles. Le Royaume-Uni appuie fermement un traité interdisant la production de matières fissiles et est déterminé à faire en sorte que la Conférence surmonte les obstacles qu'elle rencontre actuellement. La Conférence est actuellement «un bastion de temporisation et d'inactivité» et il faut la convertir en un véritable moteur du progrès, capable de véritables réalisations.
Le Canada estime que, pour permettre à la Conférence d'accomplir son mandat et de négocier des accords multilatéraux juridiquement contraignants, il faut une approche qui reconnaisse à la fois la nécessité du droit d'autodéfense et le besoin de tous de faire en sorte que les institutions multilatérales et le droit international soient aussi efficaces et respectés que possible. Le Canada estime que la proposition Amorim reste le meilleur espoir de la Conférence. Elle permettrait l'engagement de toutes les parties dans les travaux de la Conférence, seule instance multilatérale de négociation sur le désarmement nucléaire, la prévention d'une course aux armements dans l'espace, les garanties négatives de sécurité et l'interdiction des matières fissiles.
Les États-Unis ont qualifié de «lamentablement erronée» l'interprétation selon laquelle leur décision de se retirer du Traité ABM était une preuve d'unilatéralisme de leur part. Pour les États-Unis également, le multilatéralisme est un principe fondamental des négociations dans le domaine du désarmement et de la non-prolifération. Ils ajoutent que, bien que la sauvegarde de la paix et de la sécurité internationales soit le but principal, la protection de la sécurité nationale est tout aussi nécessaire et essentielle. L'intérêt mutuel est un facteur déterminant s'agissant d'un traité de limitation des armements visant à renforcer la sécurité de tous les États parties. Les États-Unis sont fermement convaincus que des résultats sur une base multilatérale ne peuvent être obtenus qu'au terme d'un processus global fondé sur la transparence et un véritable engagement des parties.
Le Myanmar a demandé à la Conférence d'envisager de nommer trois Coordonnateurs spéciaux sur l'amélioration du fonctionnement de la Conférence, sa composition et l'examen de l'ordre du jour. Il estime en outre que la Conférence devrait nommer des coordonnateur spéciaux sur les questions de fond.
Cuba souligne qu'elle adopte une approche ferme et constructive dans le domaine du désarmement. Selon Cuba, le multilatéralisme l'emportera sur les intentions unilatérales lorsque la communauté internationale prendra des mesures en matière de désarmement nucléaire, et lorsque cesseront les menaces contre l'intégrité du territoire cubain.
La prochaine séance plénière de la Conférence du désarmement se tiendra jeudi prochain, 14 février 2002 à 10 heures.
Déclarations
M. HU XIAODI (Chine) a déclaré que le processus de contrôle des armements et de désarmement connaît une situation très grave et est confronté à d'énormes difficultés. Le Traité ABM sur les missiles antimissiles, considéré comme la «pierre angulaire de la stabilité stratégique» par la communauté internationale à la Conférence d'examen de 2000 du Traité sur la non-prolifération nucléaire, sera nul et non avenu dans quelques mois. Après sept ans, les négociations sur un protocole pour renforcer la Convention sur les armes biologiques ont été abandonnées et l'avenir du Groupe de travail ad hoc est incertain. Le rejet du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires a compromis ses perspectives d'aboutir alors que plane la menace d'une reprise d'essais nucléaires. Cette évolution n'a pas manqué d'avoir un impact négatif sur la confiance mutuelle entre les États et, de façon générale, sur la confiance dans les efforts multilatéraux dans le domaine de la limitation des armements et de désarmement. M. Hu a déclaré que le régime juridique dans le domaine du désarmement est aujourd'hui confronté à des défis sans précédent, notamment aux efforts visant à remplacer la coopération internationale par des mesures unilatérales et l'adoption de politiques «expéditives» s'agissant des instruments juridiques internationaux dans le seul intérêt de la sécurité nationale «absolue».
Le représentant chinois a estimé qu'au vu de cette situation nouvelle, il est de la responsabilité commune de la communauté internationale de préserver l'intégrité et la crédibilité du système de contrôle des armements et de désarmement, car ce système revêt une importance vitale pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales. Les États devraient collaborer à la sauvegarde et à la promotion de ce système; ce qu'il faut c'est la coopération plutôt que la confrontation, des normes communes plutôt que deux poids deux mesures. Pour la Chine, les objectifs en matière de limitation des armements et de désarmement à l'avenir doivent viser à préserver la stabilité stratégique mondiale, à consolider, développer et promouvoir les régimes juridiques internationaux en matière de limitation des armements et de désarmement, prévenir l'introduction d'armes ou de systèmes d'armes dans l'espace extra-atmosphérique, compléter l'interdiction et la destruction totale de toutes les armes nucléaires et autres armes de destruction massive, assurer la non-prolifération de telles armes et de leurs vecteurs.
M. Hu a souligné qu'au vu de l'évolution de la situation internationale en matière de sécurité et du fait de l'augmentation des menaces «non-traditionnelles» venant de sources diverses, le régime actuel de limitation des armements et de désarmement doit encore être renforcé et amélioré. Ce n'est que par la coopération multilatérale et collective que nous pourrons éliminer le terrorisme, ennemi commun de tous les pays, a déclaré M. Hu, qui a ajouté que le sain développement des efforts de limitation des armements et de désarmement ne manqueront pas de contribuer à la lutte mondiale contre le terrorisme. Pour la Chine, la négociation de traités juridiquement contraignants devrait continuer d'être au centre du processus international de limitation des armements et de désarmement. De tels instruments doivent être vérifiables et prévoir des mécanismes pour s'occuper de la question du non-respect.
En conclusion, le représentant chinois a souligné que l'abrogation du Traité ABM et la mise au point accélérée de systèmes de défense antimissile et d'armes spatiales risquent de mener à une militarisation de l'espace. C'est pourquoi, de l'avis de la Chine, la Conférence du désarmement devrait créer un comité spécial sur la prévention de la course aux armements dans l'espace extra-atmosphérique, chargé de négocier et de conclure un instrument juridiquement contraignant. La Chine exprime l'espoir que la Conférence reprendra immédiatement ses travaux de fond sur cette question de façon à pouvoir également commencer ses travaux de fond sur d'autres questions importantes, notamment le désarmement nucléaire et l'interdiction de la production de matières fissiles.
M. DAVID BROUCHER (Royaume-Uni) a mis l'accent sur les améliorations importantes intervenues l'an dernier dans le domaine du désarmement, notamment s'agissant de la Convention sur les armes chimiques l'extension du Traité sur la non-prolifération nucléaire, le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires, la Convention d'Ottawa. La Conférence du désarmement a contribué à ces progrès importants au milieu des années 90. Il a indiqué que le Ministre britannique des affaires étrangères, M. Jack Straw, avait déclaré hier que la limitation des armements «représente l'un des succès les plus importants en matière de politique internationale» des cinquante dernières années. Toutefois, a ajouté M. Broucher, la communauté internationale, après ces succès, court maintenant à nouveau un risque de blocage. L'an dernier a aussi comporté des déceptions, notamment l'incapacité des États parties à la Convention sur les armes biologiques de s'entendre sur des mesures de renforcement de la Convention et l'incapacité de la Conférence du désarmement de s'entendre, pour la troisième année consécutive, sur un programme de travail.
M. Broucher a souligné qu'il ne faut surtout pas dilapider les réalisations et les accords qui ont coûté tant d'efforts. Le monde est, à bien des égards, plus dangereux et imprévisible que pendant la guerre froide. Le recours possible à des armes de destruction massive représente plus que jamais une menace pour les populations civiles. Selon les calculs de M. Broucher, 2000 heures de négociation mises à disposition par les Nations Unies n'ont pas été utilisées par les délégations. Il n'est pas étonnant, dès lors, qu'il y ait une tendance à maintenir ou à porter les efforts de limitation des armements hors de la Conférence du désarmement.
Le représentant britannique a indiqué que M. Straw avait réaffirmé hier l'appui ferme du Royaume-Uni à un traité interdisant la production de matières fissiles et sa détermination à faire en sorte que la Conférence du désarmement surmonte les obstacles sur son chemin et avance dans ses travaux. À cet égard, il estime que la meilleure façon de parvenir à un accord sur le programme de travail consiste à mener un débat au sein du comité spécial prévu par les propositions Amorim (CD/1624). Rappelant que le Royaume-Uni a joué un rôle actif dans la négociation et la mise en œuvre d'accords dans le domaine de la limitation des armements, M. Broucher a déclaré que son pays continuerait de la faire, notamment s'agissant du renforcement de la Convention sur les armes biologiques, la négociation prochaine sur les débris de guerre explosifs, la poursuite des travaux sur la Commission préparatoire de l'organisation du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires et d'autres. La Conférence du désarmement est actuellement un bastion de temporisation et d'inactivité, a déclaré M. Broucher, qui a déclaré que «nous devons travailler ensemble pour la convertir en un véritable moteur du progrès, capable de véritables réalisations».
M. CHRISTOPHER WESTDAL (Canada) a déclaré que les mois qui ont suivi les attaques du 11 septembre ont été extrêmement riches en événements dans le domaine du désarmement et que les pays s'efforcent encore d'en comprendre toutes les conséquences. Ces attaques ont bien entendu provoqué une réaction d'autodéfense efficace de la part des États-Unis, avec une appui politique massif de la part de ses alliés et partenaires du Conseil de sécurité et de la communauté internationale. Quant à la menace plus générale des armes de destruction massive, le Président Bush n'aurait pu être plus clair dans son discours à la nation : «Les États-Unis ne permettront pas les régimes les plus dangereux de la planète de nous menacer avec les armes les plus destructrices». L'indignation, la sympathie, la vulnérabilité et la solidarité provoquées par ces attaques ont soudé une coalition massive contre la terreur et suscité une nouvelle entente historique dans les relations entre grandes puissances. Le 11 septembre a rappelé qu'aucun pays, si faible ou si puissant soit-il, n'est seul et que le multilatéralisme est le principe fondamental de la sécurité internationale.
C'est sur cette toile de fond que M. Westdal a souhaité attirer l'attention sur différents aspects de la situation fâcheuse dans laquelle se trouve la Conférence et suggérer les conditions préalables pour son bon fonctionnement. Il a souligné l'importance, s'agissant des instruments de non-prolifération, en particulier du Traité sur la non-prolifération nucléaire, de la crédibilité de l'engagement de chacun en faveur du désarmement. Le Traité, la non-prolifération et le désarmement sont des éléments interdépendants. Le représentant canadien a également souligné l'importance, dans le cadre de la crise actuelle dans le domaine du désarmement, de la question du non-respect des accords existants. La valeur d'instruments multilatéraux a été régulièrement remise en question, mais il ne faut pas abandonner une loi parce qu'elle a été violée, il faut au contraire tenter de renforcer sa mise en application. Dernièrement, la communauté internationale n'a pas suffisamment essayé, ou tenté assez efficacement, de renforcer les divers traités s'agissant de la surveillance du respect de leurs dispositions et de leur application, de façon à promouvoir leur acceptation universelle et assurer la disponibilité des ressources nécessaires.
Le Canada estime que, pour permettre à la Conférence d'accomplir son mandat et de négocier des accords multilatéraux juridiquement contraignants, il faut une approche qui reconnaisse à la fois la nécessité du droit d'autodéfense et le besoin commun de faire en sorte que les institutions multilatérales et le droit international soient aussi efficaces et respectés que possible. La Conférence ne doit pas s'imaginer qu'un monde interdépendant est facile à gérer, mais il est évident que les pays doivent tirer le meilleur parti possible du droit international et de structures multilatérales de plus en plus efficaces dotées de davantage de pouvoir d'application des règles. La transparence et les inspections sont essentielles pour que le multilatéralisme soit efficace. Tous les États doivent partager à la fois le fardeau et les bénéfices des instruments à caractère obligatoire. La sécurité mondiale durable peut être réalisée au mieux et au bénéfice de tous, y compris les plus puissants, à travers le multilatéralisme.
En conclusion, M. Westdal a déclaré que, pour son pays, la proposition Amorim reste le meilleur espoir de la Conférence. Elle ne doit pas admettre que les différences s'agissant de la prévention d'une course aux armements dans l'espace empêche ses membres de reconnaître le grand potentiel de ce document pour permettre les progrès et la reprise de l'élan dans les travaux de la Conférence.
La proposition Amorim entraînerait l'engagement de toutes les parties dans les travaux de la Conférence, seule instance multilatérale de négociation sur le désarmement nucléaire, la prévention d'une course aux armements dans l'espace, les garanties négatives de sécurité et l'interdiction des matières fissiles. Le Canada estime en outre importants les mandats et le travail des trois coordonnateurs spéciaux, dont la nomination ne saurait se substituer au travail de fond, mais qui pourrait faciliter l'avancement des travaux une fois qu'un programme de travail aura été adopté.
M. ERIC JAVITS (États-Unis) a déclaré qu'après tant d'années dans l'impasse, gaspiller encore une autre année reviendrait pour la Conférence à échapper à sa responsabilité collective. Les États-Unis souhaitent que la Conférence adopte un programme complet de travail sur la base des propositions de M. Celso Amorim du Brésil.
M. Javits a déclaré que l'histoire retiendra peut-être que les événements du 11 septembre ont été un tournant dans les efforts communs pour vivre dans un monde meilleur, car l'horreur causée par les attaques terroristes ont engendré une coopération sans précédent entre les gouvernements et les peuples. Le 14 novembre, le Président Bush et le Président Poutine ont publié une déclaration commune dans laquelle ils ont déclaré que les États-Unis et la Fédération de Russie ont dépassé l'époque de la Guerre froide, ajoutant qu'ils ne se considèrent plus désormais comme ennemis ni comme une menace l'un pour l'autre.
Le 13 décembre, le Président Bush annonçait que les États-Unis se retireraient du Traité de 1972 sur les missiles antimissiles (ABM). En effet, les États-Unis ont acquis la certitude que certains États, notamment des États qui ont commandité des attaques terroristes par le passé, ont investi lourdement pour acquérir des missiles qui pourraient éventuellement être employés contre les États-Unis, ses alliés et amis. Afin de réduire le risque que des missiles soient utilisés comme des instruments de contrainte et d'agression, les États-Unis doivent moderniser leurs moyens de dissuasion. M. Javits a déclaré que les États-Unis sont engagés dans des discussions avec la Fédération de Russie sur des mesures pour vérifier des réductions de têtes nucléaires dans le cadre général établi par le Traité ABM. Dans ses discussions avec un grand nombre d'alliés et amis, le gouvernement a expliqué les raisons pour lesquelles il estime que l'adoption de mesures allant au-delà de celles prévues par le Traité ABM contribuerait à la paix et la sécurité internationales.
Notant que certains ont interprété la décision des États-Unis de se retirer du Traité ABM comme une prétendue preuve d'unilatéralisme, M. Javits a assuré que cette interprétation était lamentablement erronée. Pour les États-Unis également, le multilatéralisme est un principe fondamental des négociations dans le domaine du désarmement et de la non-prolifération en vue de préserver et de renforcer les instruments universels et d'étendre leur portée. Les États-Unis appuient plusieurs accords dans le domaine du contrôle des armements multilatéraux, tels le Traité sur la non-prolifération nucléaire, le Traité de l'espace extra-atmosphérique, la Convention sur les armes biologiques, le Traité sur les forces classiques en Europe et la Convention sur les armes chimiques. Bien que la sauvegarde de la paix et de la sécurité internationales soient le but principal, la protection de la sécurité nationale est tout aussi nécessaire et essentielle. L'intérêt mutuel est un facteur déterminant s'agissant d'un traité de limitation des armements visant à renforcer la sécurité de tous les États parties.
En conclusion, M. Javits a déclaré que les propositions de M. Amorim concernant le programme de travail prévoient des négociations sur un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d'armes et autres dispositifs explosifs nucléaires, dans un cadre que la communauté internationale a réaffirmé à plusieurs reprises. M. Amorim avait aussi prévu l'établissement de comités spéciaux sur deux autres questions prioritaires, à savoir le désarmement nucléaire et l'espace extra-atmosphérique. Il avait toutefois proposé une discussion générale sur ces questions et non le commencement de négociations sur des traités. Les États-Unis sont fermement convaincus que des résultats sur une base multilatérale ne peuvent être obtenus qu'au terme d'un processus global fondé sur la transparence et un véritable engagement des parties; transparence en ce qui concerne les mesures qui sont prises et les objectifs, et engagement à rechercher en commun des solutions pratiques et des bénéfices mutuels. Pour leur part, les États-Unis s'engageront activement et énergiquement dans les travaux de tous les organes subsidiaires que la Conférence décidera d'établir, a assuré le représentant.
MME ANNA LINDH, Ministre des affaires étrangères de la Suède, a déclaré que ces dernières années, il y avait eu à la fois des progrès que des reculs dans les efforts menés en faveur du désarmement mondial et de la sécurité internationale. Ainsi, les négociations multilatérales sur la limitation des armements ont produit des résultats impressionnants, mais la prolifération des armes de destruction massive a continué de menacer la sécurité internationale. Le désarmement international, la non-prolifération et un monde sans armes de destruction massive sont des priorités de longue date pour le Gouvernement suédois. L'avenir de tous dépend de la capacité et de la détermination à trouver des solutions communes aux défis mondiaux
La ministre suédoise a déclaré que la coopération est indispensable pour débarrasser le monde des armes de destruction massive. Pour arrêter la prolifération des armes de destruction massive et leurs vecteurs, des mesures doivent être prises au niveau mondial. La réponse multilatérale doit se fonder sur le «filet de sécurité» déjà en place contre la prolifération des armes. Le Traité sur la non-prolifération nucléaire est un coupe-feu contre la prolifération d'armes nucléaires, et constitue les fondations du désarmement nucléaire. Le Traité sur la non-prolifération nucléaire doit inclure tous les États. Elle a invité les quatre États qui n'en sont pas encore partie, Cuba, l'Inde, Israël et le Pakistan, à adhérer au Traité et de signer des accords sur les mesures de sécurité avec l'Agence internationale de l'énergie atomique.
Mme Lindh a en outre appelé de ses vœux une coopération internationale pour mettre fin définitivement aux essais nucléaires. Il est dans l'intérêt de tous les États d'adhérer au Traité d'interdiction complète des essais nucléaires. Elle a invité tous les États à adhérer au Traité et les pays suivants de le ratifier afin de permettre son entrée en vigueur : Algérie, Chine, Colombie, République démocratique du Congo, République populaire démocratique de Corée, Égypte, Inde, Indonésie, Iran, Israël, Pakistan, États-Unis et Viet Nam. La Ministre a souligné qu'il devait également y avoir une coopération pour assurer le respect des instruments internationaux dans le domaine du désarmement et de la non-prolifération. À cet égard, elle a invité l'Iraq à respecter ses obligations et à permettre à la communauté internationale de vérifier qu'il ne se trouve aucune
arme de destruction massive dans le pays. La ministre suédoise a exprimé sa préoccupation que l'Agence internationale de l'énergie atomique ne soit toujours pas en mesure de vérifier la déclaration initiale de la République populaire démocratique de Corée sur son matériel nucléaire. Elle a invité ce pays à respecter pleinement l'accord sur les mesures de sécurité et de coopérer entièrement et promptement avec l'Agence.
Soulignant également la nécessité de coopérer pour démonter les vieux systèmes, Mme Lindh a déclaré que la Suède avait exprimé à plusieurs reprises son inquiétude qu'une décision unilatérale par les États-Unis de développer une défense stratégique antimissile risquait d'avoir un impact négatif sur le désarmement international et les efforts de non-prolifération. La Suède est en outre préoccupée par les conséquences de la décision des États-Unis de se retirer du Traité sur les missiles antimissiles. Elle a exprimé l'espoir que les consultations qui se poursuivent entre le Gouvernement des États-Unis et d'autres pays mèneront à une solution acceptée par tous qui contribuera positivement au désarmement et à la non-prolifération. En même temps, elle a souligné qu'il était inacceptable que la Chine se serve des projets de défense antimissile des États-Unis comme argument pour poursuivre ses propres programmes d'armes nucléaires. S'agissant de la nécessaire coopération pour parvenir à l'interdiction complète des armes biologiques et chimiques, la ministre a souligné que les événements tragiques des derniers mois avaient augmenté la crainte de prolifération d'armes biologiques et de terrorisme biologique. Il est donc plus important que jamais de renforcer la Convention sur les armes biologiques en tant qu'instrument pour un monde plus sûr. La ministre a par ailleurs souligné que des mesures spéciales doivent être prises contre la prolifération des armes classiques ayant des effets particulièrement inhumains ou qui frappent de façon aveugle.
En conclusion, la Ministre suédoise des affaires étrangères de la Suède a vivement regretté que l'année dernière ait été une autre année d'immobilisme pour la Conférence. Il faut sortir de l'impasse à la Conférence et commencer les travaux sur les questions de fond. La Suède estime que la proposition Amorim est acceptable pour tous et elle est disposée à commencer les travaux sur la base de cette proposition. Elle n'accepte pas que le programme de travail soit retardé en créant des liens artificiels entre les questions. Il est temps de commencer des négociations sur un traité interdisant la production de matières fissiles; de créer un organe subsidiaire pour traiter le désarmement nucléaire; et de traiter la prévention d'une course aux armements dans l'espace extra-atmosphérique. Le Gouvernement suédois a toujours bon espoir que la Conférence sera en mesure de surmonter les obstacles très bientôt. Chacun doit faire des efforts spéciaux pour sortir de l'impasse.
M. MYA THAN (Myanmar) a déclaré que sa délégation avait pris note de la déclaration de la Ministre des affaires étrangères de la Suède. Il a déclaré en particulier que son pays est très soucieux de maintenir la crédibilité de la Conférence du désarmement en tant qu'instance unique de négociation multilatérale dans le domaine du désarmement. La Conférence doit absolument surmonter la paralysie dont elle souffre actuellement et le Myanmar appuie les efforts déployés par le Président pour parvenir à un consensus sur le programme de travail de manière à pouvoir avancer les travaux de la Conférence sur les questions de fond. En même temps, il a estimé que la Conférence devrait envisager de nommer, comme l'an dernier, des coordonnateurs spéciaux sur l'amélioration du fonctionnement de la Conférence, sa composition et l'examen de l'ordre du jour. Il a constaté qu'il y avait consensus à ce sujet. Il a en outre estimé que la Conférence devrait nommer des coordonnateurs spéciaux sur les questions de fond.
M. SAMIR AL-NIMA (Iraq) a déclaré qu'il avait écouté avec attention la déclaration de la Ministre des affaires étrangères de la Suède et a exprimé sa confiance que la Conférence lui accordera tout l'intérêt qu'elle mérite. Il a souhaité apporter une clarification s'agissant de la mention de son pays dans la déclaration de la ministre, qui a affirmé que l'Iraq n'avait pas rempli ses obligations dans le domaine de l'élimination des armes de destruction massive. M. Al-Nima a déclaré que cette affirmation n'était pas fondée sur une évaluation indépendante de la situation. Il a rappelé que son pays avait présenté sa position par écrit au Secrétaire général des Nations Unies en ce qui concerne le respect de tous ses engagements en vertu des résolutions sur le désarmement de l'Iraq. Le représentant iraquien aurait souhaité que la Ministre suédoise des affaires étrangères ait pris connaissance de ces informations. Il aurait aussi souhaité que le Conseil de sécurité ait pris des dispositions pour faire une évaluation objective de l'armement iraquien. Mais il est évident que certains veulent le maintien du blocus contre l'Iraq et que des pressions sont exercées pour maintenir ce blocus.
M. ÁNGEL-ALEJANDRO CASTILLO SANTANA (Cuba) a salué le discours de la Ministre suédoise des affaires étrangères dans laquelle elle a exprimé des préoccupations légitimes que Cuba partage pleinement. Il a ajouté que son pays adopte une position ferme et constructive dans le domaine du désarmement. La guerre, pour des pays en développement comme le Cuba, n'est pas un commerce, a ajouté M. Castillo. Il a estimé que le multilatéralisme l'emportera sur les visées unilatérales lorsque la communauté internationale prendra des mesures en matière de désarmement nucléaire, lorsque cesseront les menaces contre l'intégrité du territoire cubain. Lorsque cela se produira, Cuba s'associera à toutes les initiatives mentionnées par la Ministre suédoise des affaires étrangères.
M. HU (Chine) a déclaré que sa délégation était d'accord avec la majeure partie de la déclaration de la Ministre des affaires étrangères de la Suède, mais qu'elle est en désaccord sur un petit nombre de points. S'agissant de l'allusion de la Ministre au programme d'armement nucléaire de la Chine, M. Hu a souligné que la Chine a toujours fait preuve d'une exptrême modération dans ce domaine et que les mesures qu'elle prend se limitent à garantir sa sécurité nationale. La déclaration de la Ministre des affaires étrangères comporte, à cet égard, des contrevérités sans fondement que sa délégation rejette.
M. RI THAE GUN (République populaire démocratique de Corée) a déclaré que l'essentiel de la déclaration de la Ministre suédoise des affaires étrangères était juste et que sa délégation l'appréciait. Il a toutefois souhaité faire une brève observation sur ce qui a été dit sur son pays, en particulier que l'Agence internationale de l'énergie atomique ne serait pas encore en mesure de vérifier la déclaration initiale de la République populaire démocratique de Corée sur son matériel nucléaire. La ministre a ajouté que cette situation risquait de compliquer la mise en œuvre du projet d'organisation de développement de l'énergie de la péninsule coréenne. M. Ri a déclaré que cette affirmation montrait une incompréhension totale de la réalité et une interprétation erronée de la situation. L'accord avec les États-Unis prévoit différentes phases. Nous avons rempli nos obligations mais il y a eu des retards de la part de l'autre partie dans la réalisation du projet, a déclaré M. Ri. C'est pourquoi la République populaire démocratique de Corée n'a pu poursuivre l'application des phases suivantes. M. Ri. A déclaré que la Suède est un pays épris de paix, mais que la déclaration faite par la ministre est fondée sur des informations erronées provenant d'autres sources.
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