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CD/G/522

LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ENTEND L'AUSTRALIE, LE BRÉSIL ET LE GROUPE DES 21

31/01/2002
Communiqué de presse
CD/G/522


LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ENTEND L'AUSTRALIE, LE BRÉSIL ET LE GROUPE DES 21


Tous souhaitent l'adoption rapide d'un

programme de travail et le commencement des travaux de fond


Genève, 31 janvier -- La Conférence du désarmement a entendu ce matin les déclarations de l'Australie et du Brésil, qui ont présenté leurs positions sur les travaux que devrait mener la Conférence, ainsi que de la Colombie, qui a présenté la position du Groupe des 21 pays non alignés membres de la Conférence du désarmement. Tous les intervenants ont mis l'accent sur le défi que constituent les changements intervenus dans l'environnement stratégique international et les risques croissants de prolifération d'armes de destruction massive et de vecteurs.


L'Australie place au premier rang de ses priorités le commencement rapide de négociations sur un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d'armes et autres dispositifs explosifs nucléaires. Elle espère que la bonne volonté et l'esprit de coopération qui ont présidé aux travaux de la Conférence des États parties à la Convention sur certaines armes classiques, qu'elle a présidée au mois de décembre, aura une influence positive sur les travaux de la Conférence du désarmement.


Le Brésil a souligné que les questions relevant de la sécurité internationale sont de nature universelle et qu'elles exigent des réponses multilatérales fondées sur la responsabilité collective. Selon le Brésil, en matière de stabilité et de garanties, rien ne saurait remplacer des instruments juridiquement contraignants, fruits de négociations multilatérales.


Le Groupe des 21 exprime pour sa part sa vive préoccupation devant l'érosion du multilatéralisme et souligne également l'importance d'efforts collectifs internationaux pour renforcer et préserver la sécurité et la paix internationales. Il rappelle en outre que le désarmement nucléaire continue d'être la priorité première de la Conférence du désarmement et demande à nouveau que soit créé un comité spécial sur le désarmement nucléaire pour négocier un traité sur les matières fissiles.


Le Président de la Conférence, M. Mohamad Tawfik, d'Égypte, présentant les résultats des consultations officieuses qu'il a menées depuis le début de la session, a assuré qu'il a veillé à mener ces consultations dans un souci d'efficacité et dans la plus grande transparence. Le Président a relevé un très grand intérêt des délégations pour sauvegarder la crédibilité de la Conférence en tant qu'unique instance multilatérale de négociation dans le domaine du désarmement. Mais il a aussi constaté une réelle inquiétude face à la paralysie dont souffre la Conférence alors que le monde est la scène de grands changements,


notamment dans le domaine du désarmement. Toutes les délégations ont exprimé leur attachement au cadre multilatéral, en particulier au vu des événements internationaux. Néanmoins, le Président n'est pas actuellement en mesure de proposer une solution pour permettre à la Conférence de sortir de la paralysie dans laquelle elle se trouve depuis plusieurs années et qui s'explique par le contexte international. M. Tawfik a indiqué que la présidence poursuivra ses efforts pour parvenir à un accord en examinant les choix et les alternatives qui permettraient à la Conférence de commencer ses travaux de fond.


La Conférence a décidé d'accéder à la demande du Costa Rica, des Philippines et de la Slovénie de participer aux travaux de la Conférence.


La prochaine séance plénière de la Conférence du désarmement se tiendra jeudi prochain, 7 février 2002 à 10 heures du matin.


Déclarations


M. LES LUCK (Australie) a observé que la Conférence est confrontée à d'importants défis en matière de sécurité internationale. Les changements dans l'environnement stratégique et les risques croissants de prolifération d'armes de destruction massive et de vecteurs, y compris vers des acteurs non étatiques, exigent de nouveaux efforts pour assurer un monde plus sûr. Depuis sa création, la Conférence du désarmement a joué un rôle central dans l'élaboration d'un régime multilatéral de contrôle des armements et de désarmement. Mais en dépit des nombreux défis auxquels la communauté internationale est confrontée, l'Australie est vivement déçue qu'il n'ait pas été possible depuis des années de s'entendre sur un programme de travail de la Conférence, ni de faire quelque contribution concrète que ce soit à l'examen des questions complexes et urgentes auxquelles elle est confrontée. M. Luck a estimé que la Conférence est menacée de marginalisation dans les efforts internationaux dans le domaine de la sécurité. Il a estimé qu'il est du devoir de tous d'utiliser cette instance importante plus efficacement pour faire avancer les objectifs de limitation des armements, de désarmement et de non-prolifération.


L'Australie estime que le programme de travail proposé par l'Ambassadeur Amorim du Brésil à l'été 2000 offre une approche réaliste et équilibrée tenant compte des intérêts de tous les membres de la Conférence du désarmement. M. Luck suggéré que les délégations se posent la question de savoir «s'il valait mieux adopter un tel programme de travail ou s'il est préférable de laisser dépérir la Conférence encore une année». L'Australie place au premier rang de ses priorités le commencement rapide de négociations sur un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d'armes et autres dispositifs explosifs nucléaires. Elle estime que le plafonnement de la quantité de matières fissiles disponibles est essentiel pour rendre irréversible le désarmement nucléaire et que le traité serait un élément central et indispensable d'un régime de vérification en vue d'un monde exempt d'armes nucléaires. Si les travaux dans ce domaine ne pouvaient être commencés au sein de la Conférence au début de la session, il a suggéré que des travaux informels se poursuivent sur la question afin de contribuer aux travaux de la Conférence lorsqu'elle commencera les négociations. En attendant, M. Luck a lancé un appel à tous les États concernés de se joindre au moratoire sur la production de matières fissiles destinées aux armes nucléaires.


S'agissant d'autres initiatives et instruments dans le domaine du désarmement qui ont l'appui de l'Australie, M. Luck a notamment lancé un appel à tous les États parties au Traité sur la non-prolifération nucléaire de faire preuve d'un esprit de coopération dans le cadre du processus d'examen de 2005 en ayant à l'esprit les intérêts communs de maintenir et de renforcer ce traité vital pour la communauté internationale. L'Australie poursuivra ses efforts en vue d'assurer l'entrée en vigueur du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires et demande à ceux qui ne l'ont pas fait de le signer. L'Australie est en outre attachée à l'adoption universelle d'un code de conduite international contre la prolifération des missiles. En ce qui concerne la Conférence des États parties à la Convention sur certaines armes classiques, que M. Luck a présidée au mois de décembre, l'Australie espère que la bonne volonté et l'esprit de coopération qui a présidé à ses travaux auront une influence sur les travaux de la Conférence du désarmement.  Enfin, M. Luck a salué l'engagement des États-Unis et de la Fédération de Russie de réduire de façon importante leurs arsenaux nucléaires. Suite à la décision des États-Unis de se retirer du Traité ABM, l'Australie invite les deux principales puissances à intensifier leur dialogue sur un nouveau cadre stratégique permettant de renforcer la sécurité mondiale.


M. LUIZ FELIPE DE SEIXAS CORREA (Brésil) a souligné que les attaques terroristes du 11 septembre ont créé un consensus sans précédent sur la nécessité d'adopter des mesures décisives contre l'horrible crime qu'est le terrorisme.  Les attaques terroristes et la possibilité que leurs auteurs aient recours à des armes de destruction massive ont mis en lumière l'importance des régimes de désarmement et de non-prolifération fondés sur des instruments négociés sur un plan multilatéral. Les événements récents dans le domaine de la sécurité internationale et les nouveaux défis auxquels est confrontée la communauté internationale dans le domaine du désarmement, de la non-prolifération et de la sécurité internationale sont autant de questions qui préoccupent vivement le Brésil.


M. Correa a déclaré que le Brésil ne juge pas logique un système fondé sur l'accumulation et le perfectionnement des armements pour assurer la stabilité. Fidèle à la Charte des Nations Unies, le Brésil est convaincu que le désarmement ne saurait être dissocié du processus plus global de la promotion de l'état de droit. Il estime que les questions relevant de la sécurité internationale sont de nature universelle et qu'elles exigent des réponses multilatérales fondées sur la responsabilité collective. Selon le Brésil, en matière de stabilité et de garanties, rien ne saurait remplacer des instruments juridiquement contraignants, fruits de négociations multilatérales. Pour sa part, le Brésil reste attaché à la Conférence du désarmement en tant qu'unique instance multilatérale de négociation dans le domaine du désarmement et à la cause du désarmement général et complet, sous contrôle international efficace. Le Brésil est en outre déterminé à parvenir à l'élimination totale de toutes les armes de destruction massive.


Le chef de la délégation brésilienne, rappelant que la Conférence commence une quatrième année consécutive de travaux sans programme de travail, a joint sa voix à celles qui soulignent les conséquences de la paralysie sur la crédibilité de la Conférence. Il a rappelé que la Conférence est saisie d'une proposition de programme de travail, le document CD/1624, proposé par son prédécesseur, M. Celso Amorim et pour lequel les membres de la Conférence n'ont cessé depuis plus d'un an de réitérer leur appui. Il est temps maintenant de faire preuve de la volonté politique nécessaire pour vaincre les différences qui empêchent la Conférence de s'entendre sur un programme de travail. Il est impératif de sortir de l'immobilisme.


M. Correa a souligné que l'existence des armes nucléaires et l'absence de ferme engagement à les éliminer totalement ont pour conséquence d'augmenter les risques de prolifération. Le maintien par les États dotés d'armes nucléaires d'arsenaux nucléaires est par conséquent incompatible avec la préservation de l'intégrité et de la pérennité du régime de non-prolifération et de l'objectif plus général de la paix et de la sécurité internationales. Le processus préparatoire de la Conférence d'examen de 2005 du Traité sur la non-prolifération nucléaire permettra de mettre à l'épreuve la volonté des États dotés d'armes nucléaires de respecter leurs engagements et de satisfaire les attentes qu'ils ont suscitées. Rappelant que le Brésil appartient à une région exempte de conflits internationaux, M. Correa a attiré l'attention sur les instruments régionaux et sous-régionaux qui témoignent de l'attachement de l'Amérique latine et des Caraïbes à la paix et la sécurité internationales.


M. CAMILO REYES RODRÍGUEZ (Colombie), intervenant au nom du Groupe des 21 (pays non alignés membres de la Conférence du désarmement), a déclaré que la Conférence commence cette année ses travaux alors que la communauté internationale est confrontée à des défis variés dans le domaine du désarmement, de la non-prolifération sous tous ses aspects et de la sécurité internationale, en particulier s'agissant des efforts de certains pour justifier leur intention de posséder indéfiniment des arsenaux nucléaires, de maintenir en vigueur les concepts de dissuasion nucléaire sur la base d'un nouveau cadre stratégique et d'élargir les possibilités de recourir ou de menacer de recourir à l'usage de la force. Selon le Groupe des 21, la Conférence du désarmement devrait réagir à ces défis et tenir compte des intérêts et priorités de tous ses membres, ainsi que des aspiration de la communauté internationale dans le domaine du désarmement, de la non-prolifération sous tous ses aspects et de la paix et la sécurité internationale. Le Groupe des 21 regrette que la Conférence n'ait pas été en mesure, depuis 1999, de commencer des travaux de fond sur la base d'un accord sur le programme de travail en dépit de la souplesse dont a fait preuve de Groupe s'agissant des diverses propositions.


Le Groupe des 21 souligne que le désarmement nucléaire continue d'être la priorité première de la Conférence du désarmement. Il souligne que la possibilité d'une guerre nucléaire est importante, ainsi que les menaces qui pèsent sur l'humanité du fait de l'existence d'armes nucléaires et de la possibilité de recours ou de menace de recours aux armes nucléaires. Le Groupe insiste sur la nécessité de parvenir à l'élimination totale des armes nucléaires et souligne l'urgence de commencer des négociations sans tarder. Il rappelle sa demande, faite en 1998, que soit créé un comité spécial sur le désarmement nucléaire pour négocier un traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d'armes et autres dispositifs explosifs nucléaires. En outre, la décision de l'un des États parties au Traité sur les missiles antimissiles (ABM) constitue un nouveau défi s'agissant de la prévention de la course aux armements dans l'espace et le Groupe des 21 souligne l'urgence de commencer les travaux de fond sur la question.  Au vu de la situation qui prévaut au sein de la Conférence du désarmement, le Groupe des 21 est vivement préoccupé par l'érosion du multilatéralisme et souligne l'importance des efforts collectifs internationaux pour renforcer et préserver la sécurité et la paix internationales. Or, de tels efforts ne sont possibles qu'au moyen de traités non discriminatoires sur le désarmement et de non-prolifération qui auront fait l'objet de négociations multilatérales. Le Groupe des 21 invite le Président à intensifier ses efforts pour trouver un accord sur le programme de travail de façon à ce que la Conférence commence ses travaux de fond sans tarder.


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