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CD/G/521

LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ENTEND LE SOUS-SECRÉTAIRE D'ÉTAT DES ÉTATS-UNIS CHARGÉ DU CONTRÔLE DES ARMEMENTS

24/01/02
Communiqué de presse
CD/G/521


LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT ENTEND LE SOUS-SECRÉTAIRE D'ÉTAT DES ÉTATS-UNIS CHARGÉ DU CONTRÔLE DES ARMEMENTS


Genève, le 24 janvier -- La Conférence du désarmement a entendu ce matin une déclaration du Sous-Secrétaire d'État des États-Unis chargé du contrôle des armements et la sécurité internationale, M. John Bolton, qui a décrit les principaux éléments de la politique de l'administration Bush en matière de sécurité. À ceux qui qualifient cette politique d'«unilatérale», M. Bolton a souligné que «notre politique est tout simplement pro-américaine, comme on pourrait s'y attendre».


M. Bolton a déclaré : «les attaques terroristes du 11 septembre ont mis en évidence les graves menaces qui pèsent sur les nations civilisées du fait de terroristes qui frappent sans prévenir, de leurs commanditaires et des États voyous qui cherchent à acquérir des armes de destruction massive.» Il a réitéré que la lutte contre le terrorisme restera une priorité de premier rang pour la communauté internationale et que les États-Unis et les partenaires qui l'accompagnent dans cette lutte feront face à la menace avec toutes les méthodes à leur disposition.


En ce qui concerne l'avenir de la Conférence du désarmement, les États-Unis estiment qu'elle doit porter son attention sur les nouvelles menaces que représentent notamment les efforts de groupes terroristes d'acquérir des armes de destruction massive. Elle doit aborder de front le grave problème des violations des régimes et traités dans le domaine de la non-prolifération des armes de destruction massive. Enfin, elle doit se mettre au travail sur des questions qui sont mûres pour la négociation, notamment le traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d'armes et autres dispositifs explosifs nucléaires.


La Conférence a également entendu l'Iraq et la République populaire démocratique de Corée, directement mis en cause dans la déclaration du Sous-Secrétaire d'État des États-Unis, et qui ont affirmé qu'ils respectaient les dispositions du Traité sur la non-prolifération nucléaire et acceptaient les visites de l'Agence internationale de l'énergie atomique.


La prochaine séance plénière de la Conférence du désarmement se tiendra le jeudi 31 janvier, à 10 heures.


Déclarations


M. JOHN BOLTON, Sous-secrétaire d'État des États-Unis chargé du contrôle des armements et la sécurité internationale, a présenté le nouvel ambassadeur des États-Unis à la Conférence, M. Eric Javits, soulignant qu'au cours de sa longue carrière, il s'est spécialisé dans les «négociations difficiles».


M. Bolton a souligné que les attaques terroristes du 11 septembre ont mis en évidence les graves menaces qui pèsent sur les nations civilisées du fait de terroristes qui frappent sans prévenir, de leurs commanditaires et des États voyous qui cherchent à acquérir des armes de destruction massive. «Nous devons défendre nos patries, nos forces et nos amis et alliés contre ces menaces», a déclaré M. Bolton. «Et nous devons insister pour que les États qui violent leurs engagements en matière de non-prolifération soient tenus pour responsables». M. Bolton a réitéré que la lutte contre le terrorisme restera une priorité de premier rang pour la communauté internationale. «Les États-Unis et leurs partenaires dans cette lutte feront face à la menace avec toutes les méthodes à leur disposition. Au premier rang des activités menées dans cette lutte, M. Bolton a placé les mesures visant à mettre fin à l'appui étatique à la terreur. Les attaques terroristes du 11 septembre ont appris aux États-Unis au moins une chose, c'est de ne pas sous-estimer les intentions et les capacités des États voyous et des groupes terroristes. Nous n'aurons aucune complaisance face à la menace d'attaques de quelque sorte que ce soit contre les États-Unis, en particulier s'agissant des armes de destruction massive, qu'il s'agisse d'armes chimiques, biologiques et nucléaires et l'emploi de missiles.


S'agissant des armes chimiques, les États-Unis sont préoccupés par l'acquisition de technologie dangereuse par des pays poursuivant des programmes illégaux, a déclaré M. Bolton. Les États-Unis soutiennent fermement la Convention sur les armes chimiques, qui offre plusieurs outils efficaces pour contrer les programmes de guerre chimique. À cet égard, les États-Unis estiment que l'inspection sur mise en demeure peut, dans certains cas, constituer le mécanisme le plus approprié en cas de préoccupations s'agissant du respect des dispositions de la Convention. Certains États prétendent que l'inspection sur mise en demeure constituerait un abus de pouvoir politique, mais les États-Unis estiment qu'au contraire, elles constituent un élément central du régime de vérification de la Convention, dans l'intérêt de toutes les parties, à la fois comme élément dissuasif et en tant qu'instrument d'établissement des faits. M. Bolton a lancé un avertissement aux États qui violent la Convention : «Ne prenez pas une attitude de suffisance en pensant que votre programme de guerre chimique ne sera jamais découvert et exposé à la communauté internationale».


Le Sous-secrétaire d'État des États-Unis au contrôle des armements a rappelé que les États-Unis sont fermement opposés à des arrangements diplomatiques visant à renforcer la Convention sur les armes biologiques tout en augmentant les risques de guerre biologique en n'abordant pas de front le grave problème du non-respect de la Convention. C'est pour cette raison que les États-Unis ont rejeté le projet de Protocole facultatif et la poursuite du mandat du Comité spécial sur la question. Les États-Unis estiment que de nouvelles approches et de nouvelles manières de penser sont nécessaires pour prévenir la prolifération des armes


biologiques. À cet égard, les États-Unis ont présenté des propositions concernant, notamment au niveau national, un renforcement des contrôles à l'exportation, la criminalisation des actes qui violent la Convention, une meilleure préparation et des contrôles renforcés, un renforcement des capacitéss de lutte contre le bioterrorisme.


M. Bolton a rappelé que les États-Unis ont procédé à une révision de leur position en matière d'armes nucléaires. La nouvelle approche est fondée sur le constat que les États-Unis et la Russie ne sont plus des adversaires et que des principes tels que la «destruction mutuelle assurée» n'ont plus cours. C'est pourquoi les États-Unis réduiront leur force stratégique nucléaire pour la ramener à un nombre situé entre 1700 et 2200 ogives nucléaires au cours des 10 prochaines années. Les États-Unis sont davantage préoccupés par la possibilité de recours aux armes nucléaires ou radiologiques par des États voyous ou des groupes terroristes, ainsi que par les graves tensions entre l'Inde et le Pakistan. La prolifération des matières et de la technologie nucléaires représentent une grave menace à la sécurité internationale, a poursuivi M. Bolton, qui a averti que des États tels que la Corée du Nord et l'Iraq doivent cesser leurs violations du Traité sur la non-prolifération nucléaire et permettre les inspections de l'Agence internationale de l'énergie atomique.


Le représentant du gouvernement des États-Unis a en outre attiré l'attention sur le fait que les États-Unis sont sans défense face à une attaque de missiles contre son territoire. «Nous devons combler cette lacune dans nos défenses», a expliqué M. Bolton. C'est pourquoi les États-Unis ont annoncé le mois dernier leur décision de se retirer du Traité sur les missiles antimissiles (ABM). Ils lancent par ailleurs un appel à tous les pays afin qu'ils contrôlent les transferts de technologie s'agissant des missiles et veille à ce que des entreprises privées ne se livrent pas sur leur territoire à des transactions illégales dans ce domaine. Les États-Unis restent attachés au Traité sur les utilisations pacifiques de l'espace et estiment que de nouveaux accords ne sont pas nécessaires.


En ce qui concerne l'avenir de la Conférence du désarmement, les États-Unis estiment qu'elle doit changer sa façon de travailler.  Elle doit porter son attention sur les nouvelles menaces que représentent notamment les efforts de groupes terroristes d'acquérir des armes de destruction massive. Elle doit aborder de front le grave problème des violations des régimes et traités dans le domaine de la non-prolifération des armes de destruction massive. Enfin, elle doit se mettre au travail sur des questions qui sont mûres pour la négociation, notamment le traité interdisant la production de matières fissiles pour la fabrication d'armes et autres dispositifs explosifs nucléaires.


En conclusion, à ceux qui qualifient la politique des États-Unis en matière de sécurité d'«unilatérale», M. Bolton a souligné que «notre politique est tout simplement pro-américaine, comme on pourrait s'y attendre».


M. SAMIR AL-NIMA (Iraq), répondant à la référence à son pays dans la déclaration de M. Bolton, a constaté l'attitude agressive des États-Unis à l'égard de l'Iraq. Cette référence à son pays ne se fonde pas sur la réalité, et c'est pourquoi l'Iraq invite la Conférence à considérer cette déclaration avec précaution. Le représentant iraquien a fait valoir que les rapports de l'Agence


internationale de l'énergie atomique (AIEA) présentés depuis 1992 montrent que l'Iraq n'a pas de programme nucléaire. En 1998, les États-Unis ont empêché le Conseil de sécurité d'adopter le rapport de l'AIEA qui constatait que l'Iraq respectait ses engagements.


M. Al-Nima a assuré que l'Iraq respecte ses engagements au titre du Traité sur la non-prolifération nucléaire et s'est conformé à ses dispositions. Il a regretté que les États-Unis aient recours à deux poids, deux mesures et que seuls deux pays aient été mentionnés dans la déclaration de M. Bolton. Les États-Unis se gardent de mentionner des pays amis qui violent les traités et notamment l'entité sioniste qui possède des armes nucléaires. Il a dénoncé les politiques irresponsables menées par les États-Unis, particulièrement dans le domaine du désarmement, ce pays s'étant notamment retiré du Traité ABM et refusé, après 6 ans de négociations le projet de Protocole facultatif à la Convention sur les armes biologiques. Ces mesures ont une influence négative sur les travaux de la Conférence, a estimé le représentant iraquien.


M. RI THAE GUN (République populaire démocratique de Corée) a rejeté les allégations de la délégation des États-Unis. Il a déclaré que son pays s'acquitte de ses obligations aux termes de l'accord signé en 1994 entre les États-Unis et la République populaire démocratique de Corée, cessant la construction de centrales nucléaires et plaçant ses installations sous la surveillance de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).  Son pays respecte ses engagements au titre des activités de surveillance de l'AIEA, qui a été invitée à effectuer de nouvelles visites dans les laboratoires dans son pays.


Le représentant a souligné les difficultés rencontrées par son pays en ce qui concerne la production d'électricité, avec de graves conséquences sur l'économie du pays. Il a dénoncé les entraves placées par les États-Unis pour la construction de centrales nucléaires dans le pays. La République populaire démocratique de Corée s'est acquittée de ses obligations aux termes de l'accord de 1994 mais les États-Unis n'en ont pas fait de même. Ainsi, les États-Unis devaient construire deux réacteurs nucléaires dans le pays avant 2003, mais affirment maintenant ouvertement que les deux centrales ne seront pas terminées avant 2007. En outre, le pétrole livré par les États-Unis arrive avec deux à six mois de retard, entraînant de graves difficultés économiques. Les allégations des États-Unis sont inacceptables. Ils prétendent que nous sommes une menace, mais le gouvernement n'a l'intention d'attaquer aucun pays à moins d'être attaqué, a déclaré M. Ri. Le pays ne saurait tolérer des menaces ou une invasion et se battra jusqu'au dernier homme. Il a regretté que les États-Unis fassent de telles déclarations dans des instances internationales. Elles sont inacceptables.


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