En cours au Siège de l'ONU

CD/G/520

LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT OUVRE LES TRAVAUX DE SA SESSION DE 2002

22/01/02
Communiqué de presse
CD/G/520


LA CONFÉRENCE DU DÉSARMEMENT OUVRE LES TRAVAUXDE SA SESSION DE 2002


Genève, le 22 janvier -- La Conférence du désarmement a ouvert ce matin les travaux de sa session de 2002 en adoptant son ordre du jour, qui prévoit l'examen des questions de fond suivantes : cessation de la course aux armements nucléaires et désarmement nucléaire; prévention de la guerre nucléaire; prévention d'une course aux armements dans l'espace extra-atmosphérique; arrangements internationaux efficaces pour garantir les États non dotés d'armes nucléaires contre l'emploi ou la menace de ces armes; nouveaux types et systèmes d'armes de destruction massive et armes radiologiques; programme global de désarmement; transparence dans le domaine des armements. Le Président de la conférence a précisé que s'il y a consensus au sein de la conférence pour examiner une question, cette question pourra être traitée dans le cadre des points de cet ordre du jour.


Dans un message à la Conférence, le Secrétaire général des Nations Unies,

M. Kofi Annan, regrette l'absence de progrès l'an dernier dans les efforts de désarmement multilatéral, notamment la fin brutale des négociations sur un protocole visant à renforcer la Convention sur les armes biologiques, l'annonce des États-Unis de se retirer du Traité sur les missiles antimissiles et le fait que le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires ne soit pas encore entré en vigueur. Rappelant que l'Assemblée générale a souligné la nécessité de réaliser des progrès en matière de coopération multilatérale dans le domaine du désarmement et de la non-prolifération afin de contribuer aux efforts mondiaux contre le terrorisme, le Secrétaire général exprime l'espoir que la Conférence relèvera ces défis avec dynamisme et détermination. Il souligne que cela implique une rupture définitive avec l'inactivité qui caractérise la Conférence depuis un certain temps. Il ajoute à cet égard que les négociations en vue de l'interdiction de la production de matières fissiles à des fins d'armement sont indispensables et il a encouragé la Conférence à continuer de rechercher le consensus avec persévérance et détermination.


Le Président de la Conférence, M. Mohamad Tawfik, d'Égypte, qui assume la présidence de la Conférence pour une période de quatre semaines, a souligné que la solidarité suscitée par les actes terroristes du 11 septembre a montré que la communauté internationale est déterminée à œuvrer ensemble pour atteindre des objectifs communs en matière de sécurité. Il a estimé que cette dynamique ouvrait de nouvelles possibilités dans le cadre des travaux de la Conférence du désarmement. Il a par ailleurs souligné qu'une paralysie prolongée de la Conférence porterait atteinte à sa crédibilité et à sa capacité d'atteindre ses objectifs d'assurer que tous les peuples vivent en paix, libérés de la menace des armes de destruction massive.


Intervenant après l'adoption de l'ordre du jour, le Pakistan a notamment souligné l'importance de mener des travaux dans le domaine du désarmement sur le plan régional. La Turquie a pour sa part fait observer que les événements récents soulignent la nécessité d'éliminer les armes de destruction massive. La Fédération de Russie a déploré la décision des États-Unis de se retirer du Traité sur les missiles antimissiles et a indiqué qu'elle était favorable au commencement de négociations intensives sur la prévention d'une course aux armements dans l'espace. Elle s'est en outre prononcée en faveur du commencement des travaux sur un traité interdisant la production de matières fissiles aux fins de fabrication d'armes nucléaires.


La Conférence a décidé d'accepter les demandes de participation à ses travaux présentées par les 32 États non-membres suivants : Albanie, Arabie saoudite, Arménie, Azerbaïdjan, Bosnie-Herzégovine, Chypre, Croatie, Danemark, Estonie, Gabon, Géorgie, Ghana, Grèce, Guinée, Jamahiriya arabe libyenne, Jordanie, Lettonie, Liban, Lituanie, Luxembourg, Madagascar, Malte, Monaco, Oman, Portugal, Qatar, République tchèque, Saint-Marin, Saint-Siège, Singapour, Soudan et Thaïlande.


La prochaine séance plénière de la Conférence du désarmement se tiendra le jeudi 24 janvier, à 10 heures.


Déclarations


M. MOHAMED TAWFIK (Égypte), Président de la Conférence du désarmement, a souligné la lourde responsabilité qui est la sienne en ce début de session pour faire avancer les travaux de la Conférence. Il a assuré les membres de la Conférence que la présidence égyptienne est déterminée à donner une forte impulsion aux travaux de la Conférence qui est l'unique instance multilatérale de la communauté internationale pour les négociations sur le désarmement.


M. Tawfik a attiré l'attention sur les changements fondamentaux intervenus depuis la dernière session de la Conférence, en particulier à la suite des attentats du 11 septembre. Ces actes ont été condamnés unanimement et la solidarité internationale contre le terrorisme qu'ils ont suscitée a mis en évidence l'importance que revêtent les questions de sécurité pour tous les peuples et montré que la communauté internationale est déterminée à œuvrer ensemble pour atteindre des objectifs communs en matière de sécurité.  Le Président de la Conférence a estimé que cette dynamique ouvre de nouvelles possibilités dans le cadre des travaux de la Conférence du désarmement.


Le Président a d'autre part estimé que les signes négatifs enregistrés récemment en matière de limitation des armements et le non-respect des demandes adressées par l'Assemblée générale et la Conférence d'examen du Traité sur la non-prolifération nucléaire ne devaient pas être considérés comme définitifs mais encourager les États membres à revitaliser les travaux de la Conférence.


Pour sa part, la présidence égyptienne de la Conférence fera tout son possible pour parvenir à un accord sur le Programme de travail sur la base des débats de l'an dernier et de la proposition de programme de travail proposée par l'ambassadeur Celso Amorim du Brésil (document CD/1624). Le Président a déclaré qu'il mènerait des consultations et qu'il souhaitait écouter toutes les propositions visant à rapprocher les points de vue concernant le programme de travail de la Conférence. Il a souligné qu'il était de la responsabilité collective de tous les membres de la Conférence de parvenir à un programme de travail. M. Tawfik a exprimé l'espoir que tous feraient preuve de souplesse dans le respect des intérêts de chacun.


En conclusion, le Président a souligné qu'une paralysie prolongée de la Conférence porterait atteinte à sa crédibilité et à sa capacité d'atteindre ses objectifs d'assurer que tous les peuples vivent en paix, libres de la menace des armes de destruction massive. Alors qu'elle entame une nouvelle session, la Conférence doit envoyer un nouveau message dans lequel elle doit affirmer que les efforts de désarmement constituent une démarche humanitaire dans l'intérêt de tous les peuples. Il a demandé à tous d'abandonner les positions d'immobilisme et de développer des idées permettant de faire avancer les travaux de la Conférence dans un nouvel esprit afin de faire face aux défis qui la confrontent. Il a souhaité que la Conférence commence ses travaux sur la base de la confiance.


M. ENRIQUE ROMÁN MOREY, Vice-Secrétaire général de la Conférence du désarmement, a donné lecture d'un message de M. Kofi Annan, dans lequel le Secrétaire général souligne que les événements du 11 septembre et leurs conséquences ont fait prendre conscience que les questions du désarmement et de la non-prolifération n'ont pas encore été réglées. Les mesures existantes doivent absolument être renforcées et il faut en élaborer de nouvelles pour mettre un frein à la prolifération des armes de destruction massive et mener des efforts concertés pour éliminer totalement ces armes. Le Secrétaire général souligne également que ces événements nous ont également rappelé que des mesures efficaces doivent être prises et rapidement mises en œuvre pour éliminer le risque que des armes de destruction massive n'arrivent en possession de terroristes.


M. Annan rappelle à la Conférence que l'Assemblée générale a unanimement réaffirmé que le multilatéralisme est un principe central de négociations sur le désarmement et la non-prolifération. Elle a souligné la nécessité de réaliser des progrès en matière de coopération multilatérale dans le domaine du désarmement et de la non-prolifération afin de contribuer aux efforts mondiaux contre le terrorisme. Le Secrétaire général exprime l'espoir que la Conférence relèvera ces défis avec dynamisme et détermination. Il souligne que cela implique une rupture définitive avec l'inactivité qui caractérise la Conférence depuis un certain temps. M. Annan regrette l'absence de progrès l'an dernier dans les efforts de désarmement multilatéral, notamment la fin brutale des négociations sur un protocole visant à renforcer la Convention sur les armes biologiques, l'annonce des États-Unis de se retirer du Traité missiles antimissiles et le fait que le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires ne soit pas encore entré en vigueur.


Le Secrétaire général relève toutefois quelques signes encourageants, notamment, la réduction annoncée de l'arsenal nucléaire des États-Unis, l'adoption d'un programme d'action pour la coopération internationale et régionale dans le domaine du trafic illicite d'armes de petit calibre et d'armes légères et la décision d'étendre la portée de la Convention sur certaines armes classiques.


La Conférence elle-même a connu des évolutions positives bien que des divergences subsistent. Le Secrétaire général souligne à cet égard que les négociations en vue de l'interdiction de la production de matières fissiles à des fins d'armement sont indispensables et il encourage la Conférence à continuer de rechercher le consensus avec persévérance et détermination.

En conclusion, le Secrétaire général a exprimé l'espoir que les événements de 2001 serviront de catalyseur dans la recherche de nouvelles approches visant à surmonter la stagnation dans les travaux de la Conférence. Il a assuré la Conférence de la pleine coopération des Nations Unies dans ses efforts pour sortir de l'impasse.


Déclarations après l'adoption de l'ordre du jour


M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a regretté que la Conférence du désarmement, en raison des contraintes auxquelles elle est soumise, ne soit en mesure d'adopter qu'un ordre du jour qui date de plusieurs décennies. M. Akram a souligné que la question des missiles dans tous ses aspects constitue l'un des éléments nouveaux intervenus dans le contexte stratégique mondial. L'Assemblée générale, à sa dernière session, a insisté sur la nécessité de négociations sur les missiles en vue de parvenir à la paix et la sécurité internationales. Le Pakistan estime pour sa part que cette question, y compris la question des systèmes antimissiles, doit faire l'objet d'un examen et, éventuellement, de négociations en vue de mettre en place un régime visant la stabilité et la sécurité régionales dans ce domaine.


M. Akram a souligné que l'Assemblée générale a adopté deux résolutions traitant du désarmement sur le plan régional, affirmant notamment que le désarmement mondial et le désarmement régional sont complémentaires et qu'il faut donc mener de front les deux processus dans l'intérêt de la paix et de la sécurité régionales et internationales (résolution 56/24H §2). L'Assemblée générale a en outre prié la Conférence d'envisager de dégager les principes qui pourraient servir de cadre aux accords régionaux sur la maîtrise des armes classiques (résolution 56/24I §2). Pour sa part, le Pakistan estime que la conférence doit répondre à ces recommandations et conclusions de l'Assemblée.


Le représentant a tenu à préciser que le Pakistan a accepté l'ordre du jour à la lumière de la déclaration du Président selon laquelle une question ne faisant pas partie de l'ordre du jour pourrait être examinée s'il existe un consensus. Le Pakistan se réserve le droit de soulever certaines questions dans le contexte des discussions qui seront menées concernant le programme de travail.


M. MURAT SUNGAR (Turquie) a souligné que les événements du 11 septembre et l'apparition du terrorisme biologique ont profondément influencé la situation stratégique mondiale, exposant notre vulnérabilité. Notre capacité à changer le monde dépendra de notre capacité à tirer des leçons de ces événements, a déclaré M. Sungar. Du point de vue de la Conférence du désarmement, ces attaques soulignent à nouveau le caractère indispensable du désarmement et de la non-prolifération. Il faut empêcher que le terrorisme obtienne les ingrédients qui lui permettraient de mener des attaques. Les événements récents, a poursuivi le représentant turc, soulignent la nécessité d'éliminer les armes de destruction massive.


Il est temps pour la Conférence du désarmement de relever ces nouveaux défis, a déclaré M. Sungar qui a ajouté : «Nous devons justifier notre existence, et nous ne pouvons le faire qu'en produisant des résultats». Au cours de ses débats, la Conférence doit s'attendre à être critiquée si elle ne parvient pas à convenir d'un programme de travail encore cette année en raison de positions inflexibles. L'an dernier, la Conférence a nommé trois coordonnateurs spéciaux sur l'ordre du jour chargés, respectivement, des questions du réexamen de l'ordre du jour de la Conférence, de l'élargissement de sa composition et de l'amélioration de son fonctionnement. Tout en estimant que la priorité doit être accordée à l'examen des questions de fond, la Turquie estime que les  nouveaux coordonnateurs spéciaux sur ces trois questions devraient être nommés le plus tôt possible dans la session.


M. LÉONIDE SKOTNIKOV (Fédération de Russie) a rappelé que le Président russe avait jugé erronée la décision des États-Unis de se retirer unilatéralement du Traité sur les missiles antimissiles (ABM). Les dimensions internationales des questions relatives à la stabilité stratégique et au Traité ABM exercent une influence directe sur la stabilité et la sécurité internationales. La Fédération de Russie estime que la décision des États-Unis de se retirer du Traité ABM n'obéit pas à la nécessité de répondre aux menaces actuelles que représentent les missiles. Cette décision traduit une approche unilatérale qui va à l'encontre des intérêts en matière de sécurité d'autres pays et de la communauté internationale dans son ensemble. La Fédération de Russie exprime l'espoir que les États-Unis ne traiteront pas de la même manière d'autres accords relatifs à la limitation des armements et au désarmement.


       M. Skotnikov a déclaré que le bilan positif auquel on est parvenu dans le domaine de la sécurité internationale au cours des dernières décennies doit être maintenu et démultiplié afin de mener un dialogue constructif et productif. La Fédération de Russie est convaincue que la question de la prolifération des missiles peut et doit être résolue sans détruire le régime actuel de stabilité stratégique. Les négociations sur la réduction des armes offensives stratégiques doivent être poursuivies. La Fédération de Russie souhaite la conclusion d'accords juridiquement contraignants dans ce domaine. Tout en maintenant ses efforts importants sur le plan bilatéral, la Russie continuera à renforcer et à diversifier ses efforts sur le plan multilatéral.


Revenant sur la décision des États-Unis de se retirer du Traité ABM,

M. Skotnikov a déclaré que la Fédération de Russie était vivement préoccupée par l'aspect le plus négatif des multiples implications qu'une telle mesure pourrait avoir, à savoir l'extension d'une course aux armements dans l'espace. Empêcher un tel scénario est au premier rang des priorités de la Fédération de Russie et concerne l'ensemble de la communauté internationale. La délégation russe est favorable au commencement de négociations intensives sur la prévention d'une course aux armements dans l'espace au sein de la Conférence, qui pourraient avoir lieu dans le cadre d'un comité spécial approprié. La Fédération de Russie est déterminée à contribuer aux efforts communs visant à trouver un compromis sur le programme de travail de la Conférence.


M. Skotnikov a rappelé que l'an dernier, la délégation russe avait soumis une proposition prévoyant la création simultanée de deux comités spéciaux chargés respectivement des questions du désarmement nucléaire et de la prévention d'une course aux armements dans l'espace, ayant pour mandat de mener des négociations sur ces questions. La Russie est disposée à poursuivre le dialogue en vue d'apporter des améliorations à ses propositions. Elle est en outre favorable au commencement des travaux sur un traité interdisant la production de matières fissiles aux fins de fabrication d'armes nucléaires et autres dispositifs explosifs nucléaires, et appuie le rétablissement du comité spécial chargé de négocier un tel instrument.


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