DEVANT LA TROISIEME COMMISSION, M. JEAN ZIEGLER PRONE LA REFORME AGRAIRE POUR VAINCRE LA FAIM DANS LE MONDE
Communiqué de presse AG/SHC/606 |
Troisième Commission
43e et 44e séances – matin et après-midi
DEVANT LA TROISIEME COMMISSION, M. JEAN ZIEGLER PRONE LA REFORME AGRAIRE POUR VAINCRE LA FAIM DANS LE MONDE
La Troisième Commission a entendu lundi 11 novembre M. Jean Ziegler, Rapporteur spécial sur le droit à l'alimentation, qui a dressé un tableau alarmant de la situation alimentaire dans le monde. M. Ziegler a rappelé que le droit à l'alimentation est protégé par le droit international et que les gouvernements ont l'obligation légale de le respecter. Pourtant, a-t-il rappelé, la faim et la malnutrition continuent de condamner des millions de personnes au sous-développement et à une mort précoce. Il a indiqué que plus de 815 millions de personnes souffrent de faim et de malnutrition chronique et plus de 36 millions meurent, directement ou indirectement, de faim chaque année. Et tout cela intervient dans un monde de plus en plus riche qui a les moyens de nourrir le double de la population mondiale actuelle, a-t-il dénoncé. Pour M. Ziegler, la faim n'est pas de l'ordre du destin. Elle est une conséquence d'actions ou d'inactions humaines. "Quiconque meurt de faim meurt assassiné", a-t-il insisté. Selon le Rapporteur spécial, la solution passe par des réformes agraires, car "partout où elles ont eu lieu, la situation alimentaire s'est améliorée".
Au cours du dialogue qui s’en est suivi avec les délégations après sa présentation, M. Ziegler s'est félicité des réformes foncières en cours au Brésil, qui auront pour effet de diminuer la concentration inégale des terres. Mis en cause par le représentant américain pour avoir critiqué les aliments génétiquement modifiés (OGM), M. Ziegler a répondu avoir relayé les déclarations de certains chefs d'Etat africains inquiets de la nature des aliments qui leur sont remis dans le cadre du Programme alimentaire mondial. M. Ziegler a reconnu qu'il était personnellement contre les OGM par respect du principe de précaution. Il a rappelé que la communauté scientifique était divisée sur cette question et que certains scientifiques s'inquiétaient des risques à long terme que présentent les aliments transgéniques. Il a également attiré l'attention sur la situation de dépendance dans laquelle les grandes multinationales et les OGM placent les paysans, puisque cela les oblige à acheter les semences chaque année. Si cette dépendance financière se généralise, il est clair que la pauvreté financière des paysans les plus pauvres va continuer de croître, a prédit M. Ziegler.
Outre les délégations déjà citées, les représentants suivants se sont exprimés au cours du débat général: Ouganda, République de Corée, République arabe syrienne, Bélarus, Fédération de Russie, Japon, Thaïlande et Colombie.
La Troisième Commission poursuivra l'examen de ce point demain, mardi
12 novembre, à partir de 10 heures.
QUESTIONS RELATIVES AUX DROITS DE L'HOMME
Suite du débat général
M. HAROLD ACEMAH (Ouganda) a regretté que la Rapporteuse spéciale sur les droits de l'homme en République démocratique du Congo n'ait pas consulté les autorités ougandaises. Il a dénoncé son rapport comme étant déséquilibré et a expliqué que conformément à l'Accord de Lusaka le MLC administre les territoires qu'il contrôle. En ce qui le concerne, l'Ouganda avait retiré ses troupes du territoire de la RDC depuis mai 2001, hormis un bataillon qui est toujours stationné à Bunia, à la demande du Secrétaire général des Nations Unies. Le représentant a expliqué que le conflit entre les Hama et les Lendu était le résultat d'une dispute foncière et que l'Ouganda n'était pour rien dans cette situation. Il a demandé à la Rapporteuse spéciale de corriger son rapport de façon à reconnaître les causes réelles de ce conflit. Il a estimé qu'étant donné que la Rapporteuse spéciale ne s'est pas rendue dans l'Est du pays, elle n'était pas en mesure de tirer des conclusions sur la situation des droits de l'homme dans cette partie du territoire. C'est ainsi, a-t-il fait remarquer, que la Rapporteuse spéciale ne sait pas que le bataillon ougandais était stationné en RDC pour des motifs sécuritaires et omet de mentionner les attaques terroristes qu'ils ont subies, provoquées, notamment, par les interahamwe et l'ex-FAR. Le représentant a appelé à un renforcement de la MONUC afin d'accélérer le processus de désarmement, démobilisation, réintégration, rapatriement et réinstallation. Il a également regretté que la Rapporteuse spéciale n'ait pas rendu compte des progrès accomplis en RDC et du dialogue intercongolais. Il a exhorté la Rapporteuse spéciale de se concentrer à l'avenir sur l'application complète du cessez-le-feu de la part de l'Ouganda et de réclamer un plus grand déploiement des forces de maintien de la paix afin que l'Ouganda puisse retirer ses troupes de Bunia d'ici au 15 décembre 2002.
Mme KYUNG-WHA KANG (République de Corée) a déclaré que sous l'égide des Nations Unies, la communauté internationale a parcouru un long chemin en matière de promotion des droits de l'homme. Cependant, a-t-elle poursuivi, trop d'hommes et de femmes continuent de se voir dénier leurs droits et libertés. Les violations des droits de l'homme persistent dans le monde, qu'il s'agisse de cas de torture, de discrimination raciale, d'exécutions extrajudiciaires, de violences contre des personnes vulnérables et de pauvreté. Les causes de ces abus sont complexes, et la lutte contre ces fléaux doit être une véritable entreprise à long terme qui vise à construire un avenir meilleur. A cet égard, elle a rappelé l'importance de l'éducation aux droits de l'homme, de même que celle de la formation des agents de l'Etat en charge de l'ordre public et de la justice. En République de Corée, a-t-elle ajouté, une commission des droits de l'homme a été mise en place l'an dernier, et sa mission est d'enquêter et de faire des recommandations indépendantes pour tous les cas de violations des droits de l'homme y compris les cas de discrimination. Cette commission a fait une demande pour devenir membre du Forum Asie Pacifique des commissions nationales des droits de l'homme, a-t-elle indiqué.
Mme RANIA AL HAJ ALI (République arabe syrienne) a invité la communauté internationale à adopter une attitude qui respecte à la fois les spécificités de chacun et l'universalité des droits de l'homme. Elle a regretté que la communauté internationale continue d'ignorer le non-respect du droit au développement et des droits fondamentaux des populations qui vivent sous domination étrangère. Elle a souligné le rôle des Nations Unies qui restent la meilleure instance pour traiter des cas de discrimination et de nettoyage ethnique. Ainsi, elle a insisté sur la nécessité de mettre en œuvre les importants engagements pris à Durban.
S'agissant des mécanismes des droits de l'homme, elle a recommandé que les rapporteurs spéciaux respectent rigoureusement le mandat qui leur a été confié. Elle a estimé que la menace la plus grave qui pèse sur les droits de l'homme est leur récupération par certains pays qui s'en servent pour pratiquer une politique d'ingérence sous des prétextes humanitaires. La représentante a rappelé le principe d'égalité de tous les Etats des Nations Unies. Elle a mis l'accent sur le droit au développement et a appelé à la protection des droits des populations vivant sous domination étrangère. Elle a aussi dénoncé les mesures coercitives unilatérales. Revenant sur le Rapport portant sur la situation des droits de l'homme dans les territoires occupés par Israël depuis 1967, la représentante a salué le courage de M. John Dugard et appuyé ses conclusions. Elle a réaffirmé l'engagement de son pays à respecter les droits de l'homme, notamment la liberté d'expression et la participation de tous les citoyens à la vie publique.
Mme ANZHELA K. KORNELIOUK (Bélarus) a rappelé que l'une des caractéristiques d'une démocratie est son respect des droits de l'homme que son pays partage. Le Bélarus présente une grande diversité ethnique, a-t-elle indiqué, et depuis l'indépendance, aucun heurt n'est à déplorer, car la discrimination est interdite dans la Constitution. Les langues maternelles sont respectées et l'histoire des minorités est enseignée. Près de 80% de citoyens ont des parents d'une autre nationalité et ce n'est pas une source de conflit, a ajouté la représentante qui a aussi insisté sur la liberté religieuse, autre liberté garantie par la Constitution. Près de 50% de la population pratique une religion, dont une grande majorité d'orthodoxes. Des religions totalement nouvelles se sont installées dans le pays, a-t-elle indiqué, tout en précisant que toute discrimination religieuse a été éliminée. Concernant la Commission des droits de l'homme, elle a appelé à sa transformation en une Commission apolitique qui évite le travers des «deux poids et deux mesures».
M. BORIS TSEPOV (Fédération de Russie) a mis l'accent sur l'importance accrue des droits de l'homme qui sont désormais intégrés à toute l'action des Nations Unies. Il a estimé que le rôle du Haut Commissaire aux droits de l'homme n'est pas celui d'un juge mondial, mais l’a prié de faire tout ce qui est possible pour favoriser la réalisation de tous les droits de l'homme. Pour ce faire, il a plaidé en faveur des programmes d'assistance technique qui représentent l'aide la plus concrète qui puisse être apportée aux Etats en matière de droits de l'homme. Il importe aussi que ces programmes visent, avant tout, à renforcer les systèmes judiciaires nationaux. Il a appelé à la générosité des donateurs de façon à renforcer le rôle du Haut Commissariat et son engagement dans la coopération technique avec les Etats. Le représentant a préconisé un renforcement de la justice et de la démocratie. Il a estimé qu'il importait d'éradiquer le terrorisme qui menace les droits de l'homme et a souligné le rôle de l'ONU dans ce cadre, notamment dans le renforcement du dialogue entre les civilisations.
M. KOICHI HARAGUCHI (Japon) a déclaré que son pays était convaincu que les droits de l'homme devaient être promus et respectés à travers le monde. Chaque Etat est le premier responsable du respect des droits de l'homme pour ses propres ressortissants, a-t-il rappelé. Il est revenu sur l'enlèvement de Japonais et a indiqué qu'en septembre dernier, après plus de 20 ans de dénégations, la Corée du Nord avait enfin reconnu que ces Japonais avaient été enlevés. Il s'agit d'une grave violation des droits de l'homme, a repris le représentant, et le Japon voudrait demander à la communauté internationale d'enquêter sur ces cas et sur d'autres afin d'agir et d'en prévenir de nouveaux.
Concernant la situation des droits de l'homme, le représentant a recommandé une approche équilibrée et pratique. Il a annoncé l'établissement du premier dialogue entre le Japon et le Soudan. L'objectif n'est pas d'accuser, a-t-il repris, mais d'encourager le respect des droits de l'homme. Au sujet du Cambodge, il a demandé que les responsables des atrocités commises sous les Khmers rouges soient traduits en justice, car l'impunité n'est pas tolérable. Il a souhaité la reprise des discussions entre les Nations Unies et le Gouvernement cambodgien sur ce point et a indiqué que, pour son pays, l'évolution des droits de l'homme au Cambodge allait dans le bon sens. Au sujet du Myanmar, le Japon appuie les efforts qui tendent à faire avancer la cause de la démocratie. Il a salué le rôle de l'Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies dans ce pays.
DROIT A L’ALIMENTATION
Documentation
M. Jean Ziegler, Rapporteur spécial de la Commission des droits de l'homme sur le droit à l'alimentation dénonce, dans le rapport sur le droit à l'alimentation (A/57/356), le peu de progrès réalisés depuis le Sommet mondial pour l'alimentation de 1996 qui visait à réduire de moitié le nombre de personnes sous-alimentées. Il estime inadmissible que la faim et la malnutrition continuent de condamner des millions de personnes au sous-développement et à une mort précoce. Plus de 815 millions d'êtres humains souffrent de la faim et 36 millions meurent chaque année des effets directs ou indirects de la malnutrition. De plus, dénonce le rapport, les victimes de la faim sont condamnées à une existence marginale marquée par la malnutrition et la pauvreté qui se transmet de génération en génération. Tout ceci, indique M. Ziegler, intervient dans un monde qui n'a jamais été aussi riche et qui produit plus de nourriture qu'il n'en faut pour subvenir aux besoins de la population mondiale. La faim, conclut-il, n'est pas une fatalité, elle est la conséquence des actes ou de l'inaction des hommes.
Après ce constat, le rapporteur estime qu'une plus grande attention devrait être accordée aux modèles alternatifs proposés par la société civile, notamment au concept de souveraineté alimentaire, qui donne la primauté du droit à l'alimentation sur toute autre considération et notamment sur le commerce international. Il estime que la réforme agraire est la clé du droit à l'alimentation et que l'accès des femmes à la terre doit être reconnu et garanti. Tout en reconnaissant que la coopération internationale est une des solutions à la malnutrition, M. Ziegler rappelle que les Etats ont une responsabilité première dans le respect du droit à l'alimentation de leur pays. Il demande que les directives d'application facultative relatives à la concrétisation du droit à l'alimentation et proposées dans la Déclaration finale du Sommet mondial de l'alimentation soient appliquées. Selon l'auteur, ces mêmes directives devraient fournir des mécanismes de surveillance, d'obligation redditionnelle et des mesures correctrices et devraient être élaborées avec la participation du Haut Commissariat aux droits de l'homme.
Déclaration liminaire
M. JEAN ZIEGLER, Rapporteur spécial sur le droit à l'alimentation, a rappelé que le droit à l'alimentation est protégé par le droit international et les gouvernements ont l'obligation légale de le respecter, de le protéger et de le réaliser. Pourtant, a-t-il fait observer, la faim et la malnutrition continuent de condamner des millions de personnes au sous-développement et à une mort précoce. Reprenant les chiffres contenus dans son rapport, il a indiqué que plus de 815 millions de personnes souffrent de la faim et de la malnutrition chronique et plus de 36 millions meurent, directement ou indirectement, de faim chaque année. Et tout cela intervient dans un monde de plus en plus riche qui a les moyens de nourrir le double de la population mondiale actuelle. Pour
M. Ziegler, la faim n'est pas de l'ordre du destin. Elle est une conséquence d'actions ou d'inactions humaines. "Quiconque meurt de faim meurt assassiné",
a-t-il insisté. Le Rapporteur spécial a fait référence au Sommet mondial pour l'alimentation de 1996 et à la Deuxième Conférence de 2001 appelée Rome +5. Cette Deuxième Conférence a été un échec, a rappelé M. Ziegler, car les grands chefs d'Etat des pays industrialisés étaient absents, à quelques exceptions près. La Conférence n'a rien fait d'autre que de constater l'échec des objectifs de 1996. Dans les territoires occupés de Palestine, 13% des enfants sont sous alimentés. Il y a eu cependant quelques succès, au Bangladesh et à Cuba notamment, mais cela ne saurait compenser le fait que des millions de personnes sont actuellement menacées de mort de faim en Afrique. Nous sommes en présence d’une véritable hypocrisie, a poursuivi M. Ziegler. Le budget de la FAO est de
349 millions de dollars, alors que les subventions des pays riches à leurs agricultures atteignent 349 milliards de dollars.
M. Ziegler a largement commenté son rapport et a indiqué que la réforme agraire en était le pivot. Car parmi les plus pauvres, 75% habitent en zone rurale. Le paradoxe est que ceux qui sont chargés de produire de quoi nourrir le reste de la population sont les plus frappés par la faim. L'une des raisons majeures est que ces travailleurs agricoles n'ont pas accès à la terre. Au Brésil par exemple, 2% des propriétaires possèdent 56% des terres cultivables du pays. Toute réforme agraire augmente le niveau alimentaire, a-t-il assuré, ainsi que le prouvent les précédents en Chine, à Cuba et en République de Corée. M. Ziegler a insisté sur la contradiction qui existe à l'intérieur du système des Nations Unies. Cette contradiction rend difficile voire impossible la réalisation du droit à l'alimentation. Ainsi, a-t-il expliqué, les institutions de Bretton Woods ont une approche néolibérale et considèrent que le capitalisme va apporter une solution à tous les problèmes de pauvreté. "C'est faux," a indiqué M. Ziegler. Partout où le FMI impose un plan d'ajustement structurel, la sous-alimentation augmente car dans ce cas, on privilégie les terres qui servent à l'exportation et permettent de rapporter des devises. A l'inverse, des institutions comme la FAO travaillent dans une toute autre direction. Si la communauté internationale veut vaincre la tragédie de la faim, il faut s'opposer à la théorie néo-libérale de la privatisation sans limite.
Réponse des parties concernées et dialogue avec les délégations
Répondant aux commentaires du Brésil, M. Ziegler s'est félicité des réformes foncières en cours, qui auront pour effet, comme l'a signalé le représentant, de diminuer la concentration inégale des terres. M. Ziegler a remercié le Brésil de l'accueil qui a été réservé à son équipe et s'est félicité de la transparence et de l'esprit de dialogue qui avaient présidé à cette visite. Il a indiqué que son rapport de visite était en cours d'élaboration et serait présenté à la prochaine session de la Commission des droits de l'homme. Il s'est émerveillé du potentiel du Brésil qui sous l'effet de la nouvelle politique menée par le gouvernement obtiendra sans aucun doute des résultats positifs.
M. Ziegler a commenté la victoire du Bangladesh qui est parvenu à assurer sa sécurité alimentaire. Il s'est aussi félicité de l'accueil qu'il a reçu et a indiqué que son rapport de visite serait publié pour la prochaine session de la Troisième Commission. S'agissant de la différence entre sécurité alimentaire, but politique, et droit à l'alimentation, il a expliqué que la sécurité alimentaire était communément admise, tandis que le droit à l'alimentation était un droit fondamental qui faisait obligation aux Etats et ouvrait un droit de recours. Le droit à l'alimentation est un progrès sur la sécurité alimentaire, c'est un saut qualitatif, a-t-il déclaré.
S'agissant de la codification du droit à l'alimentation, M. Ziegler a répondu au représentant de Cuba qu'une proposition pour un code de conduite avait été présentée, par le Groupe des 77 et la Chine, lors du Sommet mondial pour l'alimentation, qui s'est tenu à Rome, en juin dernier. Il a précisé que ce code de conduite, retranscrit dans son rapport, avait été refusé. Il a rendu compte de la déception de nombreux États. Toutefois, il a tempéré cette déception en expliquant qu'il fallait attendre les résultats des travaux du Groupe de travail intergouvernemental, chargé d'élaborer des directives sur la réalisation du droit à l'alimentation.
Répondant aux délégations du Mali et du Bénin, qui font partie des pays confrontés à la charge de la dette, M. Ziegler a confirmé que les stratégies de réduction de la pauvreté offrent des perspectives plus larges que les anciens programmes d'ajustement structurel. Il a confirmé que restait le problème de la détérioration des termes de l'échange qui affecte plus gravement les pays les plus pauvres. Il a félicité ces deux pays pour leurs efforts en vue d'assurer la sécurité alimentaire de leurs populations.
Suite du débat général
M. APIRATH VIENAVI (Thaïlande) a évoqué les actes de terrorisme commis à
New York, Bali et Moscou, que "rien ne peut justifier". Mais ils ne sauraient amener la communauté internationale à répondre à la violence par la violence, a indiqué le représentant. Dans ce but, la Thaïlande soutient l'initiative du Mexique de présenter un projet de résolution sur "la promotion des droits de l'homme et des libertés fondamentales tout en combattant le terrorisme". Le représentant a précisé que pour son pays, la notion de droits de l'homme était inclusive, car les droits de l'homme ne sauraient exclure personne. Selon cette logique, la Thaïlande est donc favorable au projet de convention pour la protection et la promotion des personnes handicapées. De plus, a ajouté le représentant, la Thaïlande est également favorable au droit au développement, ce qui inclut des droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels.
Sur le plan national, le Gouvernement thaï travaille sans relâche pour encourager la participation de tous les citoyens. Enfin, toutes les politiques nationales visent à assurer le bien-être de tous les citoyens. La peine de mort est autorisée par la législation thaïe, mais l'Etat y a recours avec la plus grande précaution, a ajouté le représentant, et aucun mineur n'y a été condamné. Cependant, pour se mettre en conformité avec la Convention sur les droits de l'enfant, la législation va être modifiée pour interdire formellement l'application de la peine de mort aux jeunes de moins de 18 ans, a-t-il annoncé.
M. SICHAN SIV (Etats-Unis) a rappelé que 14,5 millions de personnes étaient menacés de famine en Afrique australe et que son pays fournissait plus d'un demi-million de tonnes métriques d'aide alimentaire. Il est revenu sur la déclaration faite le 15 octobre dernier par M. Ziegler, qui accorde plus de crédibilité aux organisations non gouvernementales selon lesquelles les aliments génétiquement modifiés ne seraient pas sans risque pour la santé, alors même que l'Organisation mondiale de la santé, dans une déclaration commune avec le Programme alimentaire mondial, a conclu que, selon les informations disponibles, les aliments transgéniques distribués en Afrique australe sont innoffensifs pour la santé humaine et que ces aliments peuvent être consommés sans risque. Il s'est indigné que M. Ziegler, dans un contexte de famine imminente en Afrique australe, ait déclaré que la production d'aliments transgéniques n'est motivée que par le profit et qu'il y a avait suffisemment d'aliments non transgéniques pour nourrir l'humanité. Le représentant a rappelé au Rapporteur spécial que les termes de son mandat disposent qu'il doit établir une coopération avec les gouvernements et les organisations intergouvernementales, en particulier l'Oganisation pour l’alimentation et l'agriculture, en vue de promouvoir et d'assurer la réalisation effective du droit à l'alimentation, et faire des recommandations en vue de sa réalisation, en tenant compte des travaux effectués dans ce domaine par le système des Nations Unies. Il a accusé M. Ziegler d'avoir, en contradiction avec les termes de son mandat, exhorté les gouvernements à affamer leurs populations en leur refusant l'aide alimentaire disponible dès à présent.
Répondant à cette intervention, M. ZIEGLER, Rapporteur spécial sur le droit à l'alimentaion, a regretté que le représentant reprenne des extraits d'articles de journaux écrits à la suite d'une conférence de presse, qu'il a tenue à Genève et qui ont déformé ses propos. Au contraire, il a félicité les Etats-Unis, qui sont le plus gros contributeur du Programme alimentaire mondial, pour leur générosité. Il s'est dit révolté par la tragédie qui se joue en Afrique australe et a rappelé les propos de certains chefs d'Etat africains qui s'étaient inquiétés des aliments transgéniques donnés au Programme alimentaire mondial. Toutefois, M. Ziegler a reconnu qu'il était personnellement contre les OGM par obéissance au principe de précaution. Il a rappelé que la communauté scientifique était divisée sur cette question et que certains scientifiques s'inquiétaient des risques à long terme. Le Rapporteur spécial a reconnu qu'il n'avait pas à se prononcer sur les propos tenus par les chefs d'Etat sur telle ou telle question, ni à émettre un jugement sur tel ou tel avis donné par une communauté scientifique. Néanmoins, il a précisé que son mandat lui faisait obligation de rendre compte des avis émis également par les grandes organisations non gouvernementales, telles Oxfam, Paysans sans terre du Brésil ou la Confédération paysanne, et du débat au sein du système des Nations Unies. Il a indiqué en outre que c'est M. Jacques Diouf, agronome, qui a émis cet avis selon lequel il y avait suffisamment d'aliments non génétiquement modifiés pour nourrir l'humanité. Il a également attiré l'attention sur le système de dépendance dans lequel les OGM plaçaient les paysans face aux grandes multinationales, puisque cela les oblige à acheter les semences chaque année. Ainsi, si cette dépendance financière se généralise, il est clair que la pauvreté financière des paysans les plus pauvres va continuer à croître. De nouveau, M. Ziegler a salué la générosité américaine face au drame qui se prépare en Afrique australe et a répété qu'il n'avait pris position sur aucun des avis émis par les présidents concernés par cette question.
Reprenant la parole, le représentant des Etats-Unis a demandé à M. Ziegler s'il conseillerait à sa femme et à son fils, menacés de famine, de manger des aliments transgéniques. M. Ziegler a déclaré que plutôt que de les laisser mourir de faim, il leur recommanderait de manger ce qu'ils pouvaient et ce qui était disponible. Il a toutefois souligné la différence entre la réponse à une extrémité d'urgence et une question de principe, pour laquelle il a demandé à ce que l'on respecte le principe de précaution préconisé par de nombreux scientifiques et l'Union européenne en la matière.
M. ALFONSO VALDIVIESO (Colombie) s'est félicité de ce que le
Haut Commissaire aux droits de l'homme fasse du renforcement de l'état de droit l'axe central de son action. Les conflits armés sont la cause de l'affaiblissement de l'état de droit, a observé le représentant avant d'indiquer que son Gouvernement avait fait du rétablissement de la sécurité la priorité de son action. Et cette politique se fait dans le respect des droits de l'homme, a-t-il précisé. La Colombie n'accepte pas de violations des droits de l'homme, que ce soit pour combattre l'Etat ou pour défendre l'Etat. C'est pourquoi l'Etat colombien condamne les enlèvements et les violences. L'engagement du Gouvernement est de maîtriser aussi bien les insurgés que les groupes d'autodéfense et aucune indulgence n'est à attendre, a précisé le représentant. Il a mis en garde les différents groupes sociaux contre la tentation d'avoir recours à des défenseurs, car cela ne contribue pas au renforcement de l'état de droit. Il s'est ensuite exprimé sur le drame des personnes déplacées en Colombie et a indiqué qu'un programme de retour sous la protection du Gouvernement colombien est en cours. Des accords spéciaux avec des institutions des Nations Unies ont été signés pour cela, a-t-il indiqué.
Droits de réponse
Le représentant de la République populaire démocratique de Corée, répondant à l'intervention faite par le Japon, ce matin, a rappelé que c'était le Japon qui avait envahi la péninsule coréenne et l'avait occupée illégalement pendant 40 ans. C'est le Japon qui a massacré un million de Coréens et a contraint 200 000 femmes coréennes à l'esclavage sexuel. Le représentant a insisté sur le fait que c'est aussi le Japon qui a refusé de reconnaître ses crimes, ce qui a vicié les relations bilatérales. Il a souligné la générosité de son pays qui accepte de sièger face au Japon. Le représentant a ensuite appelé l'attention sur les éléments fondamentaux de la Déclaration de Pyonyang, qui a pour objectif de régler les problèmes du passé. Il a regretté que le Japon n'accepte pas les propositions formulées dans ce contexte par son pays.
La représentante du Japon a reconnu que la rencontre au Sommet qui s'est tenu le 17 septembre entre le Premier Ministre japonais et Kim Jung II représentait un pas dans la bonne direction. Toutefois, beaucoup de chemin reste à parcourir, a-t-elle déclaré, tout en insistant sur la nécessité d'assurer la réunification des cinq victimes japonaises qui restent encore à Pyonyang avec leur famille. Elle a demandé à la "Corée du Nord" de transmettre également des informations concernant les disparus.
Le représentant de la République démocratique de Corée a déclaré que la Troisième Commission n'était pas la tribune idoine pour débattre de cette question, qui devait être traitée dans un cadre bilatéral. Il a précisé à la représentante du Japon que son pays s'appelait République populaire démocratique de Corée et non pas "Corée du Nord".
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