LE DROIT DES PEUPLES A L'AUTODETERMINATION EN TANT QUE DROIT INALIENABLE MOBILISE L'ATTENTION DE LA TROISIEME COMMISSION
Communiqué de presse AG/SHC/592 |
Troisième Commission
27e et 28e séances – matin et après-midi
LE DROIT DES PEUPLES A L'AUTODETERMINATION EN TANT QUE DROIT INALIENABLE MOBILISE L'ATTENTION DE LA TROISIEME COMMISSION
Le droit des peuples à l’autodétermination est un droit fondamental, ont rappelé les délégations devant la Troisième Commission. Les grandes vagues de décolonisation et d’indépendance sont passées, mais l’admission récente du Timor-Leste en tant que 191ème Etat de l’Assemblée générale a démontré si besoin en était que le droit à l’autodétermination était toujours d’actualité. Il ne faudrait pourtant pas oublier que l’exercice de ce droit comporte plusieurs options, a rappelé le délégué de Sainte-Lucie, notamment l’indépendance, l’association libre et l'autonomie. Il importe donc de faire connaître ces diverses possibilités et d’informer les populations non autonomes de sorte qu’elles puissent faire un choix informé, a-t-il ajouté en faisant référence aux 16 territoires non autonomes encore recensés par les Nations Unies. Pour ce faire, il a préconisé une amélioration de la coopération entre les divers organes du système des Nations Unies, notamment entre la Troisième et la Quatrième Commissions de l’Assemblée générale.
Le représentant de la Jordanie considère lui aussi que le droit des peuples à l’autodétermination est un droit fondamental et inaliénable car un peuple qui n'aurait pas la possibilité d’exercer ce droit serait nécessairement privé de ses autres droits fondamentaux, comme les droits de l’homme. Il a donc plaidé pour la reconnaissance du droit à l’autodétermination du peuple palestinien. Le délégué du Pakistan a rappelé pour sa part que le droit des peuples à l’autodétermination était reconnu dans les textes fondateurs des Nations Unies, et il a demandé que ce droit soit respecté en ce qui concerne le peuple du Cachemire. Le représentant de l’Inde s’est lui aussi déclaré très attaché au principe de l’autodétermination des peuples. Mais, a–t-il ajouté, le droit à l’autodétermination ne saurait être utilisé par certains Etats pour encourager la sécession de territoires.
Outre les représentants déjà cités, les délégations suivantes ont aussi pris la parole: Brésil, Mali, Roumanie, Equateur, Cuba, Indonésie, Philippines, Ghana, Thaïlande, Angola, Fédération de Russie et Nigéria. Les représentants de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et de l’UNESCO se sont aussi exprimés.
En début de séance, la Commission a entendu la présentation de deux projets de résolution portant respectivement sur les petites filles et la Décennie internationale des populations autochtones, qui doit s’achever en 2004 et devrait conduire à l’adoption d’une déclaration sur les droits des populations autochtones.
La Commission achèvera son débat général sur l’élimination du racisme, de la discrimination raciale et sur le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes le mardi 29 octobre, à partir de 15 heures.
ELIMINATION DU RACISME ET DE LA DISCRIMINATION RACIALE
DROIT DES PEUPLES A L’AUTODETERMINATION
Suite du débat général
Mme MARIA LUIZA RIBEIRO VIOTTI (Brésil) a appuyé les mesures prises par le Groupe antidiscrimination du Haut Commissariat aux droits de l’homme, notamment dans le cadre de l’appui aux plans d’action nationaux et de ses campagnes d’information. Elle a estimé que le Programme d’action de Durban donnait la possibilité aux Etats de se réconcilier avec leur passé et de réparer les injustices. Elle s’est félicitée du fait que le Programme d’action de Durban attire l’attention sur la situation des personnes d’ascendance africaine et des populations autochtones. Elle s’est déclarée convaincue que l’application de Durban demandera la participation de tous les secteurs de la société, notamment de la société civile et qu’il fallait, au plan international, mobiliser la volonté politique et les ressources nécessaires. Elle a indiqué que son pays avait, pour sa part, lancé un plan national d’action avec l’appui des institutions nationales chargées des droits de l’homme.
M. ISSA KONFOUROU (Mali) s’est associé à la déclaration du Groupe des 77 et la Chine et s’est félicité que la Déclaration et le Programme d’action de Durban aient fermement condamné et qualifié de crimes contre l’humanité l’esclavage et la traite des esclaves. Il a souligné l’importance de lutter contre les pratiques discriminatoires dont sont victimes les migrants dans leurs pays d’accueil. Il importe pour ce faire de former les personnels de l’immigration et des douanes, a déclaré le représentant. Selon lui, les enfants et les jeunes doivent être éduqués à des valeurs de tolérance et d’accueil et cette campagne doit être étendue aux médias afin qu’ils s’abstiennent de relayer des messages de haine et de racisme.
Selon le représentant, le Mali n’a pas attendu la Conférence de Durban pour prendre des mesures contre la discrimination raciale qui est condamnée par la constitution malienne. Il a rappelé la légendaire hospitalité des Maliens et s’est inquiété de constater des actes et comportements discriminatoires et xénophobes en Afrique. Ces comportements doivent être dénoncés, combattus et punis, a déclaré le représentant, car la protection de la vie et des biens des personnes étrangères est un devoir pour tout gouvernement. La construction d’un monde fraternel passe par la coopération internationale dans la lutte contre le racisme et la discrimination raciale. Les principaux acteurs de cette lutte sont les gouvernements et la voie est toute tracée par la Déclaration et le Programme d’action de Durban, a conclu le représentant du Mali.
M. EARL S. HUNTLEY (Sainte-Lucie) a attiré l’attention sur les 16 territoires qui figurent sur la liste des territoires non autonomes. A quelques exceptions près, ces territoires sont de petits Etats insulaires en développement de l’Atlantique et du Pacifique peuplés, en majorité, de descendants des siècles de colonialisme, notamment des survivants de l’esclavage et de la servitude. Il a estimé que ce n’est qu’en accordant l’autodétermination à ces peuples que l’on éliminerait les derniers vestiges de cette période malheureuse. Il a insisté pour que le droit à l’autodétermination de ces petits Etats ne soit pas ignoré et pour que l’on mobilise les ressources nécessaires à cette fin. A cet égard, il importe de donner une chance de réussir à la deuxième Décennie internationale pour l’éradication du colonialisme, a-t-il déclaré.
Il a rappelé que l’exercice du droit à l’autodétermination comporte plusieurs options, notamment l’indépendance, l’association libre et l’autonomie. Il apparaît donc essentiel de faire connaître ces diverses possibilités et d’informer les populations non autonomes de sorte qu’elles puissent faire un choix informé, a-t-il insisté. Pour ce faire, il a préconisé une amélioration de la coopération entre les divers organes du système des Nations Unies, notamment la Troisième et la Quatrième Commissions de l’Assemblée générale, mais aussi les mécanismes chargés de l’application des traités, dont le Comité pour les droits civils et politiques et le Comité des droits de l’homme. A cet égard, il a regretté que l’information soumise aux comités qui siègent à Genève ne soit que rarement reprise ou diffusée au Siège. Il a demandé que cet appel à une meilleure coopération au sein du système soit reflété dans le projet de résolution sur l’autodétermination qui sera présenté cette année.
Mme MIHAELA BLAJAN (Roumanie) a indiqué que son pays avait adopté en 2002 une loi antidiscrimination qui couvrait toutes les formes de discrimination fondées sur la race, la nationalité, l’ethnicité, la langue, la religion, la classe sociale, l’opinion, le sexe, l’orientation sexuelle ou l’appartenance à une catégorie de population marginalisée. Ce texte, a-t-elle poursuivi, sanctionne les comportements discriminatoires dans tous les domaines de la vie publique et prévoit l’adoption de mesures spéciales pour la protection des personnes et groupes défavorisés. La représentante a précisé qu’un Conseil national contre la discrimination avait été créé qui fonctionne depuis le mois d’août dernier en vue de veiller à l’application de la loi antidiscrimination.
S’agissant du suivi des recommandations de Durban visant à l’élimination de la discrimination à l’égard des Roms, Tsiganes et Sinti, la représentante a expliqué que les autorités roumaines accordent une grande importance à l’éducation des Roms. Des professeurs ont été formés à la langue romani et des manuels dans cette langue ont été introduits dans les écoles. En outre, la Roumanie a adopté un système de quotas en faveur des étudiants roms dans les collèges et les universités et un Département pour l’étude de la langue de Roms a été créé à l’université de Bucarest. Cette stratégie en faveur des Roms a été mise en place depuis 2001, a-t-elle rappelé, précisant que le Gouvernement avait depuis lors nommé un représentant distingué de cette ethnie en position de Coordonnateur du programme national. En dernier lieu elle a appelé tous les États qui ne l’ont pas encore fait à ratifier la Convention pour l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale en vue de réaliser l’objectif énoncé à Durban et de parvenir à une ratification universelle pour 2005.
M. MUNIR AKRAM (Pakistan) a rappelé que le droit des peuples à l’autodétermination est un droit reconnu dans les textes fondateurs des Nations Unies. L’Inde et le Pakistan sont deux Etats qui sont apparus en 1947 dans la vague de décolonisation et d’émancipation, a-t-il rappelé. Mais l’Inde continue de nier le droit à l’autodétermination du peuple du Cachemire. Et quand le peuple du Cachemire se révolte, l’Inde envoie des troupes pour les mater. Le représentant du Pakistan a rappelé que les Nations Unies ne reconnaissent pas le territoire du Cachemire comme faisant partie de l’Inde, et pourtant l’Inde continue d’occuper ce territoire. 80 000 personnes sont mortes au cours de cette occupation, des milliers d’autres sont emprisonnées, des récoltes ont été brûlées et les dirigeants politiques du Cachemire sont emprisonnés ou tués, a-t-il ajouté. Ses affirmations, a-t-il déclaré, sont reprises des rapports effectués par des organisations non gouvernementales comme Amnesty international.
La question du Cachemire a déjà déclenché trois guerres entre le Pakistan et l’Inde. Le Pakistan, a-t-il déclaré, a tout fait pour ne pas envenimer ce conflit, mais l’Inde a refusé toute négociation. Le Pakistan a retiré ses troupes de la frontière et espère que l’Inde fera de même. Il a déclaré que son pays ne cèderait jamais aux tentatives d’intimidation et a rejeté les résultats des dernières élections car elles se sont déroulées sous occupation étrangère. Il a demandé qu’une solution durable à la question du Cachemire soit trouvée et qu’elle tienne compte du désir réel de la population.
Mme NADIA RASHEED (Observateur de la Palestine) a rappelé que 3,5 millions de Palestiniens vivent sous l’occupation brutale des forces israéliennes depuis plus de 30 ans. Elle estime que l’escalade des mesures d’oppression appliquées contre les Palestiniens depuis deux ans ont été dictées par un gouvernement raciste à l’égard des Palestiniens. Pour la représentante, les politiques d’Israël au cours des deux dernières années ont conduit à la mort de plus de 1 880 Palestiniens et fait plus de 35 000 blessés. Elle s’est indignée du fait qu’Israël ait désormais transformé son occupation en une colonisation en transférant illégalement quelque 400 000 colons israéliens dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est. Une telle politique coloniale est inacceptable au XXIe siècle, a-t-elle déclaré et dans le même ordre d’idées, elle a dénoncé l’attitude d’Israël qui refuse d’accepter le retour des quatre millions de Palestiniens déplacés depuis 1948. En outre, elle a stigmatisé le racisme institutionnel que subissent les citoyens arabes d’Israël, qui vivent dans des conditions plus difficiles que la moyenne des citoyens israéliens. A cet égard, elle a fait observer qu’Israël n’avait pas de constitution et était le seul pays au monde à établir une différence entre la citoyenneté et la nationalité. Elle a exprimé l’espoir de voir la communauté internationale mobiliser ses efforts pour soulager les souffrances des Palestiniens qui vivent sous occupation israélienne, y compris dans Jérusalem-Est.
M. BISHER H. AL-KHASAWNEH (Jordanie) a déclaré que la Jordanie tenait pour fondamental et inaliénable le droit des peuples à l’autodétermination. Si un peuple n’a pas la possibilité d’exercer ce droit fondamental, nul doute que d’autres droits fondamentaux, comme les droits de l’homme, lui sont déniés. Il estime que le droit à l’autodétermination n’admet aucun compromis et, qu’en lui-même, ce droit ne menace en rien l’intégrité territoriale et politique d’autres Etats. Or la Jordanie estime que le peuple palestinien qui vit sous occupation étrangère a un droit inaliénable à l’autodétermination. Le peuple palestinien doit pouvoir choisir son statut politique et établir, s’il le souhaite, un Etat indépendant avec Jérusalem-Est comme capitale. C’est pourquoi Israël doit se retirer des villes et territoires palestiniens pour que le processus de paix puisse reprendre au plus vite.
M. GUSTAVO PALACIO URRUTIA (Equateur) a souligné le lien qui existe entre le racisme et le passé colonial des pays, époque où la couleur de la peau déterminait la classe sociale. En outre, il a estimé que l’émergence de l’État nation a reproduit ce phénomène d’exclusion et contribué à instaurer un ordre international marqué par l’exclusion et la pauvreté. Partant, le représentant a démontré que l’exclusion raciale aboutissait à l’exclusion économique, politique et sociale non seulement des minorités mais aussi des majorités des pays en développement. Il a dénoncé le racisme comme une construction théorique qui privilégie une race sur une autre et a estimé que le meilleur moyen de le combattre était l’éducation. Ainsi, pour combattre le racisme, il importe de lancer un grand débat académique tant aux plans national qu’international.
Le représentant a ensuite présenté les mesures adoptées par son pays, sous les auspices du conseil équatorien, du front social, du congrès national et des universités. Plusieurs études universitaires ont ainsi été publiées, un plan social a été adopté, mettant l’accent sur l’éducation des populations autochtones et des populations d’ascendance africaine. En outre, des plans de microfinancement ont été mis en place en vue de favoriser le développement d’entreprises dirigées par des autochtones et des personnes d’ascendance africaine. Par ailleurs, il a indiqué que le recensement national avait comporté des questions portant sur l’identité ethnique afin de revaloriser la composition multiethnique de la société équatorienne. Faisant part de son inquiétude devant la résurgence du racisme dans diverses parties du monde, il a mis l’accent sur la nécessité de s’unir pour protéger les droits des travailleurs migrants et des réfugiés.
M. ENCHO GOSPODINOV (Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge) a déclaré que la tâche centrale dans le monde aujourd’hui est d’aider tous ceux qui sont dans le besoin, sans considération de race, de sexes, d’opinions politiques, de croyances religieuses ou autres. C’est la base du travail de la Fédération internationale, a indiqué le représentant. L’Humanité, c’est le respect de l’autre, a-t-il ajouté, et la lutte contre la discrimination est une idée aussi vieille que la création de la Croix-Rouge. Répondant à l’augmentation de la violence et de la discrimination depuis les événements du 11 septembre, la Fédération a lancé une opération de lutte contre la discrimination raciale, à laquelle est associé le Haut Commissariat aux droits de l’homme. Ainsi, la Fédération internationale travaille avec les sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant Rouge pour renforcer les interactions. La lutte contre le racisme et la discrimination raciale exige la participation de tous, a-t-il ajouté. Les ressources en sont fournies par les 100 millions de membres et de volontaires des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant Rouge. Pour mettre en application la Déclaration de Durban, il faut donner la priorité à la formation de partenariats, afin qu’en commençant à respecter le droit de chacun à être différent, le monde en devienne encore plus beau.
M. LUIS ALBERTO AMOROS NUNEZ (Cuba) a rappelé que le droit des peuples à l’autodétermination était un pilier du droit international. L’exercice de ce droit est un préalable à l’exercice d’autres droits fondamentaux, a-t-il déclaré. Le représentant a exprimé sa préoccupation concernant l’occupation par Israël des territoires palestiniens et apporté son soutien au peuple palestinien. Il a également exprimé l'espoir de voir un jour le Liban et la Syrie libres de toute occupation étrangère. Le représentant s’est inquiété des menaces que pose à la paix mondiale un droit qualifié d’intervention préventive par certains Etats. Il a critiqué la mondialisation qui prive des populations de leur territoire et a aussi apporté son soutien à la lutte du peuple porto-ricain pour son autodétermination. Le représentant a évoqué le rapport sur les mercenaires du Rapporteur spécial, M. Ballesteros, et a condamné les activités des mercenaires. Cuba a fait l’objet d’activités mercenaires à des fins terroristes, le tout organisé par le Gouvernement des Etats Unis, a–t-il déclaré et à cet égard il a fait état de l’emprisonnement au Panama de mercenaires qui préparaient un coup de force contre son pays. Cuba réitère sa demande de jugement de ces quatre terroristes détenus au Panama.
M. BONANZA P. TAIHITU (Indonésie) a expliqué que la mise en oeuvre du plan national d’action en faveur des droits de l’homme pour 1998-2003 a conduit le Gouvernement indonésien à revoir toute sa législation à la lueur de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale. Il a ajouté qu’un comité permanent avait été institué pour veiller à l’application, sans discrimination d’aucune sorte, des lois en vigueur. En outre, a-t-il précisé, un projet de loi pour lutter contre la discrimination raciale et ethnique est actuellement à l’examen. Il a déclaré que la compétence de ce comité permanent s’étendait également aux lois antiterroristes qui ont été adoptées après l’attentat tragique de Bali.
S’agissant de la question du droit à l’autodétermination, le représentant s’est déclaré convaincu que le règlement du conflit israélo-palestinien passe par le retrait complet d’Israël de tous les territoires arabes occupés et le respect des droits de tous les Etats de la région à vivre en sécurité à l’intérieur de frontières sûres et internationalement reconnues. Il a insisté sur la nécessité de reconnaître le droit des Palestiniens à l’autodétermination, y compris à l’établissement d’un Etat ayant pour capital Al Qods Al Charif.
M. DANTON BUESER (Philippines) a estimé que la Déclaration de Durban constituait un jalon dans la lutte contre le racisme et les discriminations raciales. Il s’est félicité de l’établissement du Groupe antidiscrimination sous la direction du Haut Commissariat aux droits de l’homme. Le représentant a insisté sur l’importance des programmes d’éducation pour la lutte contre l’intolérance. Il faut apprendre aux enfants et aux jeunes quels sont leurs droits, mais il est tout aussi important de leur faire comprendre la nécessité de respecter les droits des autres. Le représentant des Philippines a aussi fait part de la préoccupation de sa délégation quant aux discriminations dont sont victimes les migrants. Sous prétexte qu’ils ne sont pas citoyens de leur pays d’accueil et qu’ils n’y seraient pas les bienvenus, toute protection leur est refusée, a-t-il déclaré. Or, le plus souvent, ces migrants quittent leur pays pour se rendre dans des pays qui ont besoin de leurs services. Les travailleurs migrants rendent service au pays d’accueil comme à leur pays d’origine, a estimé le représentant. Il faut donc leur donner un traitement juste et équitable, a-t-il plaidé.
Mme MAVIS KUSORGBOR (Ghana) s’est déclarée encouragée par l’adoption en avril dernier d’une résolution de la Commission des droits de l’homme ayant pour objectif de faciliter l’application du Programme d’action et de la Déclaration de Durban. Favorable aux travaux menés par le Groupe antidiscrimination du
Haut Commissariat, elle a émis l’espoir de le voir doté des ressources nécessaires à son fonctionnement. Elle a expliqué la législation antidiscrimination de son pays, tout en insistant sur le fait qu’il ne fallait pas minimiser l’apport de la communauté internationale dans ce domaine. A cet égard, faisant écho au Groupe des 77, elle a appelé les deux groupes régionaux qui ne l’ont pas encore fait à désigner rapidement des candidats pour le Groupe d’experts indépendants sur la personne d’ascendance africaine créé par la résolution de la Commission des droits de l’homme.
M. APIRATH VIENRAVI (Thaïlande) a rappelé que le racisme, les discriminations raciales et la xénophobie avaient nourri de nombreuses violations des droits de l’homme et tout autant de conflits. Le représentant s’est félicité de la Déclaration et du Programme d’action adoptés à Durban et a indiqué que le Gouvernement de son pays avait organisé un séminaire de suivi de la Conférence de Durban afin de d'élaborer un programme d’action pour appliquer les décisions prises lors de la Conférence mondiale. Les événements du 11 septembre n’ont fait que rendre ces décisions encore plus nécessaires et urgentes. L’éducation, les échanges interculturels et le dialogue entre les civilisations doivent être encouragés, pendant que la pauvreté qui nourrit le racisme doit être combattue et éradiquée. Il a souligné l’importance de la coopération internationale pour
lutter contre le racisme. Cependant, a-t—il reconnu, les gouvernements doivent intervenir les premiers. Le rôle de la famille doit être renforcé, car c'est là que se construit une culture de la tolérance. Il s’est félicité que son pays ne soit pas vraiment concerné par le racisme et la discrimination raciale. D’ailleurs a-t-il souligné, la constitution reconnaît que toute discrimination est illégale.
M. ANTONIO LEAL CORDEIRO (Angola) a rappelé qu’en 2000 le Conseil de sécurité avait reconnu que le racisme et la discrimination raciale figuraient parmi les causes de l’instabilité et des conflits et parmi les obstacles au développement en général. Il a regretté que les nombreux réfugiés en provenance d’Angola soient souvent exposés à des pratiques discriminatoires et a exprimé l'espoir qu’avec l’appui de la communauté internationale, il sera possible de mettre fin à ces pratiques. Dans ce contexte, le représentant s’est félicité de l’instauration d’un Groupe antidiscrimination au sein du Haut Commissariat aux droits de l’homme.
Par ailleurs, le représentant a vivement condamné l’utilisation de mercenaires et s’est déclaré préoccupé par l’emploi de “soldats de fortune” pour empêcher les populations d’exercer leur droit à l’autodétermination. A cet égard, il s’est inquiété du fait qu’une interprétation erronée du rapport de
M. Ballesteros sur cette question pourrait conduire certains à conclure que le Gouvernement angolais appuyait l’utilisation de mercenaires dans les situations de conflit. Il a précisé qu’une telle interprétation erronée serait contraire à la politique et à la pratique du Gouvernement angolais en la matière. Le représentant a déclaré qu’il appuyait le rapport présenté au nom de M. Ballesteros et s’est déclaré favorable à une prorogation de son mandat en qualité de Rapporteur spécial sur la question de l’utilisation de mercenaires.
M. DMITRY V. KNYAZHINSKIY (Fédération de Russie) a déploré que malgré les efforts de la communauté internationale, le racisme et l’intolérance fleurissent encore dans de nombreux pays ou régions. La Déclaration et le Programme d’action de Durban ont pourtant balisé le chemin de la lutte contre le racisme, a-t-il admis. La lutte contre le racisme et l’extrémisme est l'un des objectifs de la politique mise en oeuvre par la Fédération de Russie, qui a élaboré un programme visant à prévenir les conflits et à régler les incidents qui pourraient avoir lieu. Le représentant a insisté sur le rôle des médias et de l’éducation dans la lutte contre l’intolérance. Il a annoncé qu’une loi venait d’être adoptée pour lutter contre toute activité extrémiste. S'agissant du Groupe antidiscrimination, le représentant a exprimé le souhait que son action soit efficace. Il a rappelé que l'application du Programme d’action de Durban était censée se faire de manière volontaire. Tous les organes du système des Nations Unies doivent travailler à son application.
M. G.O.O. ALABI (Nigéria) s’est félicité des diverses initiatives régionales en vue de mettre en oeuvre les Documents finaux de Durban, notamment le séminaire sur les populations d’ascendance africaine qui s’est tenu au Honduras en mars 2002. Il a expliqué que son gouvernement avait mis en place un comité spécial chargé de veiller à l’application du Programme d’action de Durban et s’employait, entre autres, à mettre en oeuvre les dispositions des documents finaux de Durban concernant les personnes atteintes du VIH/sida.
Le représentant a dénoncé les pratiques discriminatoires dont sont victimes les migrants, notamment les femmes et les enfants non accompagnés, d’origine africaine, dans les pays dits développés. En outre, il s’est déclaré profondément préoccupé par l’émergence du nationalisme et des partis d’extrême droite dans plusieurs pays du monde, par les nouvelles mesures restreignant l’immigration, par les mesures de sécurité adoptées depuis le 11 septembre dernier et par la stigmatisation des Noirs et des Arabes qui s'en est suivie. Dans un tel contexte, il a exhorté la communauté internationale à s’unir pour lutter contre ce fléau et les Etats qui ne l’ont pas encore fait à ratifier la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale afin de parvenir à l’objectif d’une ratification universelle en 2005, fixée à Durban. A cet égard, il s’est félicité de la création d’un Groupe antidiscrimination au sein du Haut Commissariat aux droits de l’homme et a demandé qu’on lui alloue les ressources nécessaires à l’exécution de son lourd mandat.
M. AJIT KUMAR PANJA (Inde) a déploré qu’en ce début du XXIème siècle, de nouvelles manifestations d’intolérance et de racisme apparaissent un peu partout dans le monde. Les rapports soumis à la Troisième Commission confirment cette inquiétante évolution, a-t-il poursuivi. Le représentant qui a rappelé combien son pays était attaché à la lutte contre la discrimination, s’est dit convaincu que la population de l’Inde et son Gouvernement étaient unis par cette même philosophie qui peut se résumer en quelques mots: “Le monde est une grande famille”. Il y a quelques jours, a-t-il continué, le Pakistan est revenu sur la tragédie de Godhra dans la province indienne de Gujarat. Le représentant de l’Inde a précisé que son Gouvernement s’était rendu sur les lieux et que des mesures avaient été prises pour éviter tout nouvel affrontement entre les communautés.
Le représentant a rejeté en bloc les accusations portées contre son pays par celui du Pakistan. L’Inde est très attachée au principe de l’autodétermination des peuples, et il est inutile de revenir sur le combat de sa population contre l’occupation étrangère, a-t-il rappelé. La majorité des Membres de l’ONU sont des anciennes colonies et doivent donc beaucoup à ce principe. Mais, a –t-il ajouté, le droit à l’autodétermination ne saurait être utilisé par certains Etats pour encourager la sécession, ainsi que l’a fait le délégué du Pakistan. Il a dénoncé le terrorisme perpétré par le Pakistan qui a causé la mort de tant d’innocents parmi la population de l’Etat du Jammu et Cachemire. Il a rappelé que le Cachemire faisait partie de l’Inde et a accusé le Pakistan d’encourager le terrorisme contre l’Inde. Il a estimé que les appels au dialogue du Pakistan étaient vides de sens et a justifié les mesures prises par l’Inde pour protéger ses frontières à la suite des attaques contre le Parlement en décembre dernier. Revenant sur la note du Secrétaire général concernant l’utilisation de mercenaires, le représentant a demandé que l’on accorde une attention particulière à ses implications dans le trafic des armes et dans le terrorisme.
M. ALFATIH HAMAD (UNESCO) s’est félicité de la nomination de M. Doudou Diene, ancien directeur de programmes à l’UNESCO, en qualité de Rapporteur spécial sur les formes contemporaines de racisme. Rappelant les propos de M. Diene devant cette Commission, il a appuyé sa vision consistant à adopter une stratégie intellectuelle qui va au-delà des instruments normatifs souvent battus en brèche par les clichés, les idées fausses et les comportements. Le représentant a ensuite présenté les mesures prises par l’UNESCO pour mettre en oeuvre le Programme d’action adopté à Durban. Ainsi, une section a été créée au sein du secrétariat de l’UNESCO afin de lutter spécifiquement contre le racisme. Il a ajouté que l’UNESCO déploierait d'importants efforts dans le domaine de l’éducation, notamment en encourageant la révision de tous les manuels scolaires en vue d’éliminer toute allusion raciste. Un atelier sur ce thème sera organisé par l’UNESCO et le Haut Commissariat les 27 et 28 novembre 2002.
Le représentant a présenté d'autres initiatives de l’UNESCO dans le domaine scientifique, afin de dénoncer l’absence de base scientifique des théories racistes. Par ailleurs, conformément au mandat de l’UNESCO qui comprend également la communication, le représentant a expliqué que l’Organisation n’épargnerait aucun effort pour assurer le respect du pluralisme et de la diversité dans le cyberespace. Il a indiqué que les partenariats avec la société civile étaient indispensables et a précisé que l’UNESCO poursuivrait ses programmes en faveur de l’accès universel à l’information.
PRESENTATION DE PROJETS DE RESOLUTION
Présentant le projet de résolution relatif aux petites filles (A/C.3/57/L.24/Rev.1), la représentante de la Namibie a déclaré que ce nouveau projet reconnait le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée parmi les facteurs qui dégradent les conditions des femmes et les exposent à la misère et à la violence.
S’agissant du projet de résolution concernant la Décennie internationale des populations autochtones (A/C.3/57/L.27), la représentante de la Norvège,s’exprimant au nom des pays nordiques, a rappelé que l’adoption d’une Déclaration internationale sur les droits des populations autochtones compte parmi les objectifs de cette Décennie qui s’achèverait en 2004.
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