LA PROMOTION DE LA FEMME PRONEE COMME MOYEN D’ERADICATION DE LA PAUVRETE EN TROISIEME COMMISSION
Communiqué de presse AG/SHC/581 |
Troisième Commission
12e et 13e séances – matin et après-midi
LA PROMOTION DE LA FEMME PRONEE COMME MOYEN D’ERADICATION
DE LA PAUVRETE EN TROISIEME COMMISSION
La mobilisation des gouvernements et des organisations internationales pour atteindre l'objectif de la parité entre les sexes ne faiblit pas, ont affirmé aujourd'hui les intervenants au cours du premier débat sur la promotion de la femme devant la Troisième Commission. Revenant sur les engagements pris lors des grandes conférences des Nations Unies consacrées aux femmes, les délégués se sont pour la plupart félicités des progrès accomplis dans leur propre pays et de la volonté sans faille de leur gouvernement de garantir aux femmes l’exercice de leurs droits et de défendre leurs intérêts.
La Directrice de la division pour la promotion de la femme, Mme Carolyn Hannan, s'est pour sa part réjouie de constater que le système des Nations Unies avait maintenant bien assimilé l'intérêt qu’il y aurait à promouvoir la parité entre les sexes. Mme Noeleen Heyzer de l'UNIFEM a qualifié la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité «d'historique» dans son contenu, mais aussi par le fait qu'un organe comme le Conseil de sécurité se préoccupe désormais des questions relatives aux femmes. Présentant un bilan de l'activité du Comité pour l'élimination de la discrimination contre les femmes (CEDAW), Mme Charlotte Abaka, a indiqué que les experts du Comité étaient désireux de procéder à des échanges de vues avec les Etats Membres. Des missions du CEDAW ont déjà eu lieu, notamment en Albanie, au Kosovo et au Tadjikistan.
Mme Hannan est aussi intervenue sur la situation précaire de l'Institut international de recherche et de formation pour la promotion de la femme (INSTRAW). Revitalisé, cet institut pourrait faire une contribution décisive au système des Nations Unies, a indiqué Mme Hannan. Mais sans ressources suffisantes, a-t-elle mis en garde, son apport sera insignifiant. L'INSTRAW a reçu le soutien appuyé des pays en développement, notamment les Etats membres de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) ainsi que du Groupe des 77 et la Chine qui entendent présenter un projet de résolution à ce sujet.
Parmi les nombreuses délégations qui se sont exprimées, l'intervention du représentant afghan présentait un intérêt particulier, en cela qu'il a fait le bilan d'une année mouvementée pour les femmes afghanes. Après avoir été exclues de l'éducation, du marché de l'emploi et des soins médicaux sous le régime des Taliban, les Afghanes ont été des actrices à part entière dans le processus de paix. Ces changements méritent d'être salués, a déclaré le représentant, mais ils sont surtout significatifs dans la capitale, à Kaboul et pas encore manifestes dans les zones rurales où vivent 85% de la population afghane.
Outre les représentants déjà cités, les délégations suivantes ont pris part aux débats: Danemark, au nom de l'Union européenne et des pays de l'Europe centrale et occidentale associés et des pays associés, Costa Rica, au nom du Groupe de Rio, Chine, Japon, Brésil, Egypte, Cuba, Norvège, Etats-Unis, République islamique d'Iran, Emirats arabes unis, Ukraine, Soudan, Israël, Djibouti, Venezuela au nom du groupe des 77 et la Chine, République dominicaine, République populaire démocratique de Corée, Malawi au nom de la SADC, Qatar, Yémen, Malaisie, Congo et Liban.
La Commission poursuivra l'examen des questions relatives à la promotion de la femme, demain, jeudi 10 octobre à partir de 10 heures.
PROMOTION DE LA FEMME
Documentation
Dans le rapport sur les activités du fonds de développement des Nations Unies pour la femme (A/57/125), le Comité consultatif d’UNIFEM a pris acte de l’écart qui se creuse entre le volume sans cesse croissant des demandes de subventions présentées au Fonds d’affectation spéciale pour les actions visant à éliminer la violence à l’égard des femmes et la base de ressources annuelles relativement constante dudit Fonds. Il a encouragé l’UNIFEM à renforcer ses stratégies de collecte de fonds et, en particulier, à proclamer le 25 novembre Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, offrant ainsi l’occasion de lancer des appels spécifiques aux États Membres et aux autres bailleurs de fonds. Le Comité consultatif a aussi constaté à quel point il était urgent d’associer UNIFEM et les autres fonds connexes à l’exercice global entrepris par le Programme des Nations Unies pour le développement pour rationaliser et simplifier ses systèmes de gestion.
Le rapport du Secrétaire général sur les mesures à prendre en vue d’éliminer les crimes d’honneur commis contre les femmes (A/57/169), le premier du genre, fournit des informations sur les initiatives prises par les Etats Membres et sur les activités menées par le système des Nations Unies pour éliminer les crimes d’honneur commis contre les femmes. Il a été rédigé sur la base des informations fournies par 27 Etats Membres. Il apparaît que si certains pays possèdent des dispositions particulières pour les crimes d’honneur, d’autres ne les distinguent pas des crimes en général.
Le Brésil indique par exemple qu’il n’existe aucune législation particulière relative aux crimes d’honneur, mais depuis le début des années 80, la plupart des tribunaux rejettent l’argument de «la défense de l’honneur». Des centres d’accueil pour les femmes victimes de violence familiale ont été ouverts car des enquêtes ont montré qu’en 1996, 75% des homicides commis contre les femmes avaient lieu dans le foyer. La Jordanie a pour sa part modifié sa législation en abrogeant un article du code pénal qui disculpait les auteurs de crimes d’honneur. Aux Pays Bas, la vengeance, lorsqu’elle est exercée pour laver l’honneur de la famille, n’atténue en rien la gravité du crime. En Turquie, une commission a été créée au sein du ministère de la justice afin de réformer le code pénal qui prévoit des peines réduites en cas de crimes d’honneur ou de tradition.
Le rapport recommande que toutes les formes de violence faites aux femmes et aux fillettes au nom de l’honneur soient érigées en infraction. De même, toute personne qui prend part à de tels actes, les facilite, les encourage ou menace d’en commettre, devrait être passible de sanctions. Les informations faisant état d’actes de violence commis contre des femmes ou des fillettes au nom de l’honneur devraient faire l’objet d’enquêtes rapides, impartiales et approfondies, aux conclusions dûment étayées, et de poursuites pénales efficaces. Dans les pays comprenant des communautés d’immigrés, le rapport recommande d’offrir une protection aux victimes et aux victimes potentielles dans le cadre des procédures d’octroi d’asile et d’immigration.
Le rapport estime également que les agents de la force publique, les juges et les juristes devraient recevoir une formation sur les crimes d’honneur dont sont victimes les femmes. Enfin, il recommande la mise en oeuvre de campagnes d’information, de sensibilisation et d’éducation avec le concours notamment de chefs religieux et communautaires, afin de lutter contre des stéréotypes qui déterminent le regard de la société sur les comportements des hommes et des femmes.
Dans son rapport sur la traite des femmes et des filles (A/57/170), le Secrétaire général note qu’il faudrait que les gouvernements fassent preuve de volonté politique et de résolution dans la lutte contre la traite des êtres humains, en particulier des femmes et des filles. Il est nécessaire d’adopter dans ce domaine une approche pluridisciplinaire. Il importe de prendre à la fois des mesures de prévention et des mesures de soutien et d’assistance aux victimes de la traite. En outre, il conviendrait de prendre des mesures dissuasives à l’adresse des trafiquants. Le Secrétaire général estime aussi qu’il faut conclure des accords aux niveaux international, régional, sous-régional et bilatéral pour garantir et faciliter les poursuites des coupables quels que soient leur nationalité et leur lieu de résidence. Il serait également souhaitable que les États introduisent des mesures extraterritoriales fin de faciliter la poursuite des trafiquants qui agissent depuis l’étranger. Les problèmes de la traite des personnes et de l’exploitation sexuelle et des formes contemporaines d’esclavage devraient être pris en compte dans les projets de réforme de la législation et lors de la formulation des politiques et des programmes.
Le rapport du Groupe de travail chargé d’examiner les activités futures de l’Institut international de recherche et de formation pour la promotion de la femme (A/57/330) et A/57/330/Add.1 (à paraître), recommande le rattachement de l’Institut (INSTRAW) au Département des affaires économiques et sociales du Secrétariat de l’ONU, sous l’autorité directe du Secrétaire général adjoint. À cet effet, il conviendrait de demander au Conseil économique et social d’amender le statut de l’INSTRAW, à savoir de créer un poste de directeur adjoint doté de fonctions précises en matière d’appel de fonds; et d’allouer un montant de 500 000 dollars prélevé sur le budget ordinaire de l’ONU pour financer les activités de base de l’Institut, afin de lui accorder le même statut que les autres instituts du système de l’ONU. Il conviendrait également de laisser l’Institut en République dominicaine; d’examiner la possibilité de créer un comité consultatif composé d’Etats Membres pour remplacer le Conseil d’administration; et de prier le Secrétaire général de nommer un directeur au siège de l’INSTRAW, en République dominicaine. L’INSTRAW est, par ailleurs, invité à prendre des mesures concrètes pour relancer ses activités et coopérer plus étroitement de façon coordonnée, avec d’autres organismes des Nations Unies concernés par la parité entre les sexes et la promotion de la femme, notamment la Division de la promotion de la femme, l’UNIFEM, le Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes, la Commission de la condition de la femme, etc.
Pour l’examen de cette question, la Commission est également saisie du rapport du Comité pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes sur les travaux de sa session extraordinaire (A/57/38 Partie I, II, III); du rapport du Secrétaire général sur l’élimination de toutes les formes de violence contre les femmes (A/57/171); du rapport du Secrétaire général sur l’amélioration de la situation des femmes dans les organismes des Nations Unies (à paraître); du rapport du Secrétaire général sur l’état de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (A/57/406); du rapport du Secrétaire général sur le suivi et l’état d’avancement de l’application de la Déclaration et du Programme d’action de Beijing et des textes issus de la vingt-troisième session extraordinaire de l’Assemblée générale (A/57/286) et des chapitres pertinents du rapport du Conseil économique et social (A/57/3), à paraître.
Déclarations liminaires
Mme CAROLYN HANNAN, Directrice de la division pour la promotion de la femme, a apport des précisions sur la suite donnée à la quatrième Conférence mondiale des femmes. Les gouvernements, les organisations internationales et les ONG se sont mobilisés pour apporter leur contribution sur la parité entre les sexes dans des domaines spécifiques comme l'accès aux ressources économiques, au système de santé, et aux politiques d'égalité entre les sexes. La Déclaration du Millénaire, a-t-elle ajouté, précise qu'il faut atteindre la parité entre les sexes pour pouvoir réaliser les objectifs de la Déclaration et notamment l'élimination de la pauvreté. Elle s'est félicitée de constater que le système des Nations Unies avait maintenant bien intégré l'intérêt de promouvoir la parité entre les sexes.
Mme Hannan a aussi évoqué les rapports sur la violence à l'égard des femmes qui sont soumis à la Troisième Commission et feront l'objet de débats approfondis. Elle a d’autre part rappelé l'attention que les Nations Unies portent à leurs employées. Les femmes représentent désormais 41% des postes attribués sur des critères géographiques, et 35% des administrateurs des Nations Unies titulaires d'un contrat de plus d'un an. Elle s'est aussi inquiétée de la situation préoccupante de l'INSTRAW. Un institut revitalisé pourrait être d'un apport utile à la promotion de la femme. Mais sans ressources suffisantes, a mis en garde Mme Hannan, l'apport de cet institut sera alors insignifiant. Elle a annoncé que l'étude sur l'impact des conflits armés sur les femmes et les fillettes était désormais terminée et serait présentée prochainement au Conseil de sécurité.
Mme SAVIRI BUTCHEY, Directrice adjointe et par intérim de l'Institut international de recherche et de formation pour la promotion de la femme (INSTRAW), a rappelé que l'Institut avait préparé 300 documents pour le Sommet mondial sur le développement durable qui s'est tenu à Johannesburg en septembre dernier. Ces documents concernent, entre autres, les femmes et les ressources en eau potable; les femmes et les énergies renouvelables; les femmes et la préservation de l'environnement. Au vu des thèmes dont sera saisie la Commission de la condition de la femme et en préparation du prochain Sommet mondial sur la société de l'information, qui se tiendra à Genève en 2003 et à Tunis en 2005, l'INSTRAW s'est employé cette année à évaluer l'accès des femmes aux technologies de l'information et de la communication, ainsi que leurs conséquences sur la promotion de la femme. Suite à cette étude couvrant diverses régions, l'Institut prépare actuellement une série de recommandations politiques à l'intention des participants au Sommet. Une collection spéciale d'informations sur cette question est déjà disponible sur le site de l'Institut.
Poursuivant son travail sur la nécessité d'associer les hommes, comme partenaires du changement, en vue de mettre un terme à la violence liée au sexe, l'Institut s'apprête à publier un ouvrage sur cette question qui recense les programmes applicables. Dans cette perspective, l'INSTRAW a également lancé un programme de recherches relatif au rôle des hommes dans la santé reproductive, qui accorde une attention particulière à la question du VIH/sida. L'INSTRAW prévoit aussi de lancer un programme de recherches axé sur les politiques. Les résultats de ces recherches sont disponibles sur le site de l'Institut. À l'issue de la Conférence sur le financement du développement, l'INSTRAW s'est engagé dans un programme de recherches sur l'écart entre les sexes dans ce domaine et les moyens d'y remédier. Outre ces divers programmes de recherches, l'Institut envisage également d'améliorer l'efficacité de ses programmes de formation et sa méthodologie, notamment à travers GAINS, son réseau en ligne. En conclusion, elle a rappelé aux Etats Membres que l'efficacité et le bon fonctionnement de l'Institut dépendent de leur participation et de la stabilité institutionnelle financière qu’ils lui donneront.
Dialogue avec les délégations
Plusieurs représentants, dont le Venezuela et l'Espagne, ont demandé des précisions à la Directrice de la Division de la promotion de la femme sur la question du financement de l'INSTRAW qui ne semble pas trouver de solution. En effet, les provisions au budget ordinaire de l'ONU permettront de financer un poste de directeur et deux d’administrateurs, mais pas de financer les activités de fond de l'Institut.
Répondant à ces interventions, Mme Hannan a reconnu que la question des ressources demeure un grave problème et a estimé que la position du Secrétariat n'était pas différente de celle du Groupe de travail. Pour sa part, la Directrice par intérim de l'INSTRAW a expliqué qu'avec peu de personnel, l'Institut peut poursuivre le travail en cours, mais a besoin de ressources pour poursuivre sa mission.
Mme CHARLOTTE ABAKA (Comité pour l'élimination de la discrimination contre les femmes) a rappelé que le Comité pour l'élimination de la discrimination contre les femmes (CEDAW) était composé de 23 experts et que sa mission consistait à examiner les rapports rédigés par les Etats parties à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'encontre des femmes. Actuellement, la Convention a été ratifiée par 170 Etats, dont le Bahreïn en juin 2002. Le CEDAW a tenu trois sessions en 2002, dont l'une exceptionnelle, au cours desquelles il a examiné 31 rapports de 26 Etats parties. Mme Abaka s'est félicitée de pouvoir annoncer que le CEDAW avait examiné tous les rapports qui lui étaient soumis et avait fait une déclaration officielle de solidarité avec les femmes afghanes. Enfin, elle a annoncé que 12 nouveaux experts avaient été élus au CEDAW en août 2002, et qu'ils prendront leurs fonctions en 2003.
Concernant les rapports en retard, Mme Abaka a déploré qu’il y en ait 264 dont 45 premiers rapports. Comme certains Etats cumulent les documents en retard, elle a suggéré qu'ils n'en fournissent qu'un au CEDAW, qui contiendrait toutes les informations attendues. Mme Abaka a indiqué que l'un des soucis du Comité étant de rendre son travail plus efficace, il a organisé une réunion grâce à la générosité du Gouvernement suédois sur ses propres méthodes de travail pour les réviser et mieux les adapter à sa mission. Elle a fait état du souhait des membres du CEDAW de procéder à des échanges de vues avec les Etats Membres. A cet égard, des missions d'assistance ont déjà eu lieu, notamment en Albanie, au Kosovo et au Tadjikistan.
Débat général
Mme ELLEN MARGRETHE LOJ (Danemark, s'exprimant au nom de l'Union européenne et des pays de l'Europe centrale et orientale associés à l'Union et des pays associés) s'est félicitée des dispositions relatives à la promotion de la femme et à la parité des sexes figurant dans la Déclaration de Johannesburg sur le développement durable. En effet, l'égalité entre les sexes est un élément essentiel du développement durable et la promotion de la femme est un moyen efficace de lutte contre la pauvreté. Ceci étant, l'Union européenne s'emploie à financer des programmes visant à accroître les compétences des femmes et à les aider à devenir les agents de leur développement. Elle a ensuite attiré l'attention sur la situation des femmes dans les conflits armés et s'est réjouie de la nomination de Mme Tagliavini en qualité de Représentante spéciale du Secrétaire général à la tête de l'UNOMIG. Elle a mis en garde contre les réserves apportées par certains États à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes et a appelé tous les États à veiller à son application.
La représentante a réaffirmé que la violence à l'égard des femmes est un délit et que les gouvernements ont la responsabilité d'en punir les auteurs et de venir en aide aux victimes. Cette obligation s'applique également aux situations conjugales et comprend le viol au sein du mariage et toutes les pratiques traditionnelles préjudiciables aux femmes. Elle a dénoncé toutes les formes de violence contre les femmes et les filles perpétrées au nom de l'honneur, qui doivent être considérées comme des crimes et dûment punies. La représentante a estimé qu'il importait également de mettre un terme au crime abject que constitue la traite de personnes, en particulier des femmes et des enfants.
Dans le domaine de la santé, la représentante a recommandé de plus grands efforts pour permettre aux femmes de bénéficier de bonnes conditions de santé mentale et physique. Dans la mesure où la pandémie du VIH/sida frappe de plus en plus cruellement les femmes, il convient également de veiller à ce que les femmes aient une complète liberté de choix sur les questions relatives à leur santé sexuelle et reproductive. À cet égard, elle a estimé qu'il fallait soutenir les efforts du Fonds des Nations Unies pour la population qui fait un travail considérable dans ce domaine. Elle a attiré l'attention sur le travail accompli par les organisations non gouvernementales, et a appelé les gouvernements à soutenir les associations de femmes.
M. BRUNO STAGNO (Costa Rica) a déclaré que le Groupe de Rio au nom duquel il s'exprimait restait intéressé par les domaines énumérés lors de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes. Bien que des progrès aient été réalisés, beaucoup reste à faire, a ajouté M. Stagno. «Chaque fois que nous passons en revue les engagements pris à Beijing, a-t-il déclaré, nous réalisons que des situations persistent dans lesquelles les femmes sont désavantagées et leurs droits sont bafoués». Lors du Sommet de San José, en avril dernier, les dirigeants des Etats du Groupe de Rio ont reconnu que la pauvreté portait atteinte à la dignité humaine et mettait en péril les droits de l'homme. Le Groupe de Rio s'engage à incorporer une perspective de sexospécificité dans toutes les politiques publiques visant au développement économique et social.
Le représentant a insisté sur l'intérêt d'échanger des informations, des programmes et des expériences en faveur des femmes. Il a souligné l'engagement des gouvernements du groupe de Rio en faveur de politiques d'aide aux mères adolescentes. Parmi les problèmes graves qui se posent dans la région, il a évoqué la pandémie du VIH/sida qui serait, selon lui, l'un des principaux obstacles à l'application de la plate-forme de Beijing. Il a annoncé le soutien que le Groupe de Rio entend apporter à l'INSTRAW.
Mme ZHANG MEIFANG (Chine) s'est félicitée de ce que la Commission de la condition de la femme ait abordé les questions relatives à l'éradication de la pauvreté et la gestion de l'environnement. Comme on l'a observé à cette occasion, les femmes jouent un rôle irremplaçable dans l'atténuation des conséquences des catastrophes naturelles et dans la gestion des ressources naturelles. À la suite des recommandations en faveur de la parité et de l'égalité entre les sexes qui figurent dans le consensus de Monterrey et la Déclaration de Johannesburg, elle a exprimé l’espoir que la communauté internationale saura se donner les moyens de les mettre en oeuvre.
La représentante a expliqué que son Gouvernement avait consenti des efforts considérables pour punir les crimes dont sont victimes les femmes, y compris le viol, la traite des femmes et la violence. Dans cette perspective, la Chine a mis au point un système intégré qui vise la prévention, la répression et l'éducation afin de s'attaquer aux racines de ces crimes. En outre, en vue de protéger les droits des femmes dans le développement, le Gouvernement a adopté une stratégie pour le développement des femmes chinoises pour 2001-2010 qui établit des objectifs clairs pour la participation des femmes à la politique, pour l'emploi et la santé des femmes et pour la réduction de la pauvreté.
Mme KAY FUSANO (Japon) a souligné combien la question des femmes était vaste au point que large récemment, le Conseil de sécurité et le Conseil économique et social en ont été saisis. Elle s’est félicitée de cette évolution avant de passer en revue les actions du Gouvernement du Japon en faveur des femmes. Concernant la promotion de la femme, la représentante a annoncé que le Japon avait décidé lors du Sommet mondial sur le développement durable d'accorder 2 milliards de dollars dans les cinq prochaines années pour l'éducation dans des pays à faibles revenus, car pour le Gouvernement japonais, l'éducation est la clef qui donne accès à de nouvelles opportunités. Au sujet de la protection accordée aux femmes, la représentante a rappelé que les Afghanes seront l'une des six priorités de l'aide de son Gouvernement. Et le Japon envisage de financer un projet de l'UNIFEM en faveur des femmes en Afghanistan. Déjà, le Gouvernement a accordé 3 millions de dollars à l'UNIFEM pour lutter contre le VIH/sida en Afrique.
Au niveau national, a expliqué la représentante, le Japon vient d'adopter une nouvelle loi prévenant la violence domestique contre les femmes et portant assistance aux victimes. Elle a ensuite évoqué la nécessité de laisser les femmes participer au processus de décision politique. Son Gouvernement vient d'adopter un programme pour encourager les femmes à rentrer dans l'administration. Au Japon, c'est plutôt le secteur des entreprises qui est en retard par rapport à l'Etat, a conclu la représentante.
M. FERNANDO E.L. DE SALVO COIMBRA (Brésil) a fait part de la création d'un Secrétariat d'État sur les droits des femmes, chargé, entre autres, de prévenir la violence contre les femmes, d'assurer une meilleure représentation des femmes dans l'arène politique et dans le monde du travail. Il a également indiqué que le Brésil s'était doté d'un nouveau Code civil qui a abrogé les dispositions discriminatoires à l'égard des femmes, notamment en ce qui concerne la prérogative du père.
En ce qui concerne l'élimination de la pauvreté des femmes, le représentant a décrit diverses mesures visant, notamment, à améliorer les aides destinées aux mères qui travaillent, à établir des quotas pour l'emploi des femmes. Il a également relaté les efforts de son pays pour éliminer la violence à l'égard des femmes par la création de foyers d'accueil pour les victimes, le lancement de campagnes de sensibilisation, et la mise en oeuvre de programmes thérapeutiques à l'intention des auteurs de ces violences. Plus de trois millions de personnes ont bénéficié de ce Programme national destiné à combattre la violence contre les femmes et du Pacte communautaire contre la violence au sein de la famille, a-t-il précisé. Enfin, le représentant a informé la Commission que le Brésil avait ratifié, le 28 juin dernier, le Protocole facultatif à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes.
Mme HAZEM FAHMY (Egypte) a souligné l'engagement de son pays en faveur de la promotion de la femme et l'attention particulière qui est accordée aux femmes dans l'élaboration de politiques publiques et de lois. La loi la plus importante adoptée récemment en Egypte accorde aux femmes le droit au divorce –ce qui a exigé une grande volonté politique. D'ailleurs, a ajouté la représentante, un conseil national des femmes a été créé en 2000 qui représente le Gouvernement dans les conférences internationales et veille à l'application de la plate-forme de Beijing. La représentante a ensuite évoqué le Sommet arabe des femmes tenu en 2001 au Caire. Elle s'est associée aux déclarations du Secrétaire général qui font de la pauvreté le problème majeur, en particulier dans les pays les moins avancés et espère que la dimension sexospécifique sera prise en compte dans la lutte contre la pauvreté. La délégation égyptienne estime par ailleurs que l'INSTRAW doit être revitalisé.
Mme ANA TERESITA GONZALEZ FRAGA (Cuba) a dénoncé l'écart qui subsiste entre les déclarations d'intention et la réalité de la vie des femmes. Ainsi, les femmes constituent 70% des pauvres des deux milliards de pauvres de la planète. En outre, chaque année, quelque 500 000 femmes meurent des conséquences de la grossesse et 100 000 d'avortements pratiqués dans de mauvaises conditions sanitaires. Elle a également dénoncé les violences qui frappent les femmes et les petites filles, la situation des femmes rurales, les inégalités des salaires. En dépit des Programmes d'action et des recommandations en faveur de la promotion de la femme, d'importantes ressources continuent d'être allouées à l'armement alors qu'elles devraient être consacrées à l'éducation ou à la santé.
Elle a lancé un appel pour que s'instaure un climat de coopération internationale pour appuyer les efforts consentis par les pays en développement. La représentante a brossé un tableau de la politique cubaine en faveur des femmes, et s’est félicitée du fait qu'à Cuba les femmes représentent 44% de la population active, 27,6% des membres du Parlement, 60,6% des étudiants inscrits à l'université. Elle a, en outre, précisé que l'espérance de vie des femmes cubaines était de 78,2 ans. Ceci dit, a-t-elle poursuivi, la politique menée par Cuba en faveur des femmes continue de se heurter aux circonstances adverses créées par le blocus injuste dont souffre Cuba depuis plus de 40 ans.
Mme ARNI HOLE (Norvège) a reconnu qu'atteindre une véritable égalité entre les sexes requérait d'énormes efforts, mais que la clef du succès se résumait en deux mots: volonté politique. Elle a rappelé que 170 Etats avaient ratifié la Convention, mais que beaucoup avaient fait des réserves incompatibles avec les objectifs de cette même Convention. En revanche, la représentante s'est félicitée de la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité. C'est un «jalon» dans la participation des femmes au processus de décision, a-t-elle déclaré. Dans les conflits armés, la violence contre les femmes est une stratégie de guerre et la création de la Cour pénale internationale est un événement historique qui permettra de lutter contre ses tactiques odieuses.
Concernant le trafic des femmes et des filles, la représentante le considère comme l'une des violations les plus flagrantes de la dignité humaine et des droits humains. La Norvège est en train de mettre au point un plan de lutte contre le trafic des femmes, a-t-elle annoncé. La représentante a déploré que le document issu de la session spéciale des Nations Unies sur les enfants ne comprenne pas d'engagement en faveur de la santé reproductive et des droits des enfants. Elle a aussi déploré les résultats très limités du Sommet de Johannesburg dans le domaine des droits de la reproduction.
Mme ELLEN SAVERBREY (Etats-Unis) a replacé les questions relatives à la promotion des femmes dans le domaine des droits de l'homme, insistant sur le fait qu'il fallait résoudre les problèmes dont souffrent les femmes pour améliorer la condition du monde. La représentante a attiré l'attention sur l'éducation qui permettra aux femmes de participer à toutes les étapes du développement. Elle a estimé qu'il fallait aussi veiller à ce que les femmes aient un accès égal à l'emploi et aux activités génératrices de revenus. Dans cette perspective, elle a souligné l'importance des programmes de microcrédits, précisant que USAIDS appuie quelque 700 micro-entreprises dans le monde. Il importe aussi que les femmes aient accès aux technologies de l'information et de la communication, a-t-elle déclaré et s’est félicitée de ce que la Commission de la condition de la femme ait retenu ce thème pour 2003.
La représentante a estimé qu'il fallait aussi accorder une attention particulière au rôle des femmes dans le règlement des conflits et l'atténuation des conséquences des catastrophes naturelles et à cet égard, elle s'est réjouie du fait que des femmes aient été nommées ou élues à des postes de responsabilité en Afghanistan. Elle a précisé que les Etats-Unis avaient fourni quelque 450 millions de dollars d'aide pour la reconstruction de l'Afghanistan et qu'outre les initiatives spécifiques visant les femmes réfugiées, de nombreux programmes accordent une attention particulière aux femmes, comme coordonnatrices ou administratrices.
La représentante a dénoncé la violence contre les femmes et a déclaré attendre avec impatience que la Commission de la condition de la femme examine ce thème en 2003. Elle a estimé qu'il fallait accorder une attention particulière à la traite des femmes et à leurs exploitations sexuelles. Elle a informé la Commission des efforts des Etats-Unis pour aider les Etats à mettre en oeuvre une législation punitive contre ce trafic et à établir des foyers d'accueil et des programmes d'aide aux victimes.
M. FARHAD MAMDOUHI (République islamique d'Iran) a déclaré que toute société tirait bénéfice d'une meilleure égalité entre les sexes. Il a salué l'apport des grandes conférences des Nations Unies sur ce sujet car elles ont fourni une véritable feuille de route. Parmi les défis majeurs à relever, a déclaré le représentant, il faut signaler l’intégration de la sexospécificité dans les programmes et les politiques. Le Sommet mondial pour le développement durable a été par exemple l'occasion de préciser le rôle des femmes dans le développement. A l'échelle nationale, le Gouvernement iranien cherche à sauvegarder les droits et intérêts des femmes. Concernant leur participation à la vie politique, de grands progrès ont été faits, a indiqué le représentant. La violence est un autre sujet d'attention avec la préparation d'une loi sur ce dossier. Le Gouvernement iranien cherche à intégrer les organisations non gouvernementales dans l'élaboration de ces lois, et le représentant a salué leurs nombres toujours plus nombreux.
Mme AMNEH HAMEED AL ALI (Emirats arabes unis) a estimé que l'amélioration réelle de la condition des femmes dans le monde repose sur l'élimination des causes responsables de leur pauvreté, notamment l'occupation étrangère, les conflits ethniques, les guerres civiles et la détérioration des conditions humanitaires et économiques. La communauté internationale a une obligation envers les pays en développement et envers les peuples qui souffrent d'occupation étrangère, a-t-elle estimé. Elle a également appelé les pays développés à donner suite aux recommandations adoptées par la Conférence sur le financement du développement afin de fournir l'assistance financière promise et favoriser l'accès des femmes aux nouvelles technologies.
S’agissant des efforts consentis par les Emirats arabes unis en vue d'assurer l'égalité entre les sexes dans le cadre des principes de l'Islam, il a parlé de gratuité de l'éducation pour tous et à tous les niveaux, de la gratuité des services de santé et à cet égard de l’attention particulière accordée à la maternité et aux soins des enfants. Elle a précisé que l'analphabétisme des femmes avait chuté de 10% et que l'objectif était d'éliminer l'analphabétisme d'ici à 2005. Elle a précisé que les femmes représentent aujourd’hui la majorité des étudiants inscrits dans les universités et constituent 47% de la population active des Emirats. La représentante a également rendu compte de l'aide apportée par son pays aux Etats voisins, en particulier aux femmes palestiniennes dans les territoires arabes occupés.
Mme OKSANA BOIKO (Ukraine) a déclaré que des progrès considérables avaient été accomplis pour la promotion des femmes dans son pays. Un décret présidentiel a été adopté l'an dernier qui vise à promouvoir l’égalité des chances entre les sexes. Malgré ces résultats, il reste encore beaucoup à faire, a-t-elle reconnu. C’est ainsi qu’elle a remarqué que la violence contre les femmes faisait l'objet d'une attention nouvelle; le Parlement ukrainien a notamment adopté une loi qui cherche à prévenir la violence domestique; des centres de crise et d'hébergement d'urgence ont été ouverts et l'Ukraine souhaiterait le soutien de l'UNIFEM dans ce secteur, a-t-elle ajouté.
Le problème de la traite des femmes et des filles est réel en Ukraine, a déclaré la représentante et il s'agit de l'une des pires formes d'exploitation de l'être humain. L'Ukraine a durci les peines à l'encontre de ceux qui se livrent à ce trafic, a déclaré la représentante. Mais la traite des femmes et des filles n'est pas qu'un problème national, elle dépasse largement les frontières de l'Ukraine et la représentante a demandé la coopération des autres pays concernés.
Mme ILHAM IBRAHIM MOHAMED AHMED (Soudan) a estimé qu'il convient de tenir compte des spécificités de chaque pays et non d'essayer d'appliquer un modèle unique de la promotion de la femme. Pour ce faire, elle a attiré l'attention sur les recommandations adoptées dans le cadre du dialogue entre les civilisations. Reconnaissant par ailleurs la responsabilité des gouvernements pour la mise en oeuvre du Programme d'action de Beijing, elle a souligné la nécessité d'une forte coopération internationale pour appuyer les efforts nationaux des pays en développement. En effet, il importe d'adopter des mesures correctives pour aider les pays qui souffrent des conséquences néfastes de la mondialisation, se répercutant plus durement sur les femmes.
S'agissant de l'avenir de l'INSTRAW, elle s'est félicitée des recommandations proposées par le Groupe de travail et a souscrit aux conclusions du rapport qui veulent que l'Institut apporte une contribution utile à la promotion de la femme. Elle a invité la communauté des donateurs et les institutions du système de l'ONU à apporter une contribution financière en vue de permettre à l'INSTRAW de poursuivre ses travaux. La représentante a ensuite dénoncé la traite des femmes et des petites filles et a demandé un renforcement des mesures internationales en vue de mettre fin à ce trafic abject. Par ailleurs, elle a estimé qu'il fallait sanctionner les crimes qui portent atteinte à la dignité des femmes en les soumettant à la prostitution et à la pornographie et a appelé à un retour aux valeurs traditionnelles de la famille. A cet égard, elle a demandé à ce que l'on mette un terme à l'arrogance culturelle qui vise à imposer un seul modèle de développement de la femme.
M. NAFTALI TAMIR (Israël) s'est félicité des progrès enregistrés dans le monde en faveur des femmes. Depuis sa création, a déclaré le représentant, Israël a cherché à promouvoir le rôle des femmes dans la société et à leur garantir les mêmes opportunités qu'aux hommes. Le Gouvernement actuel comporte trois ministres femmes, et 16 membres de la Knesset sur 120 sont des femmes. La création d'une Autorité pour la promotion de la femme placée sous l'autorité du premier ministre prouve que pour Israël les questions de femmes ne sont plus seulement une «affaire de femmes».
L'un des défis à relever demeure les violences dont sont victimes les femmes, a déclaré le représentant. Durant les cinq dernières années, d'importants progrès ont été enregistrés en Israël, à la fois dans l'attention que les pouvoirs publics et que l'opinion accordent à ce problème et dans l'adoption d'une nouvelle législation en la matière. Pas moins de 14 foyers d'accueil pour les femmes battues existent, et 50 centres de prévention de la violence sont disséminés en Israël. Au sujet du trafic de femmes et de fillettes, le représentant a annoncé qu'une nouvelle loi le réprimait. Lorsque les femmes acceptent de témoigner contre ceux qui se livrent à ces trafics, elles ne sont pas condamnées même si elles s'adonnent à des activités illégales ou n'ont pas de papiers en règle, mais se voient offrir de l'aide.
M. ROBLE OLHAYE (Djibouti) a lié les questions relatives à la promotion de la femme au problème plus général du développement et aux conséquences néfastes de la mondialisation, des politiques d'ajustement structurel, de la baisse de l'aide publique au développement et à la faiblesse institutionnelle de nombreux pays en développement. Sans l’élimination de la pauvreté et des conflits, il restera difficile d'améliorer de manière significative la condition des femmes, a-t-il déclaré. Il convient également d'associer étroitement les femmes aux négociations de paix et aux règlements des conflits.
Le représentant a attiré l'attention sur la traite des femmes et des enfants qui sont ensuite exploités dans les fermes, les usines, la domesticité et l'industrie du sexe. Il a également rappelé que le volume de ce trafic augmente dans les zones de conflit. Il a fait part de ses graves préoccupations face à la pandémie du VIH/sida, estimant que là encore, l'amélioration de la condition de la femme était déterminante pour enrayer la propagation de la pandémie. Il importe de permettre aux femmes de prendre une part active au développement durable, en favorisant leur accès aux ressources productives, y compris à la terre et au crédit, a-t-il déclaré.
Mme NOELEEN HEYZER (UNIFEM) a rappelé l'importance des Conférences et des Sommets des Nations Unies pour la promotion des femmes. Elle a qualifié d’historique la résolution 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité. Pour Mme Heyzer, l'un des moyens de s'assurer de la volonté des pays d'appliquer les engagements de la Déclaration du Millénaire consiste à observer la manière dont ils traitent les femmes.
Les thèmes du développement humain et de la sécurité mondiale sont au cœur des programmes de l'UNIFEM. En Afghanistan, l'UNIFEM soutient l'action du Ministère des affaires des femmes et est heureux de constater que les femmes sont parties prenantes au processus de reconstruction. Au sud du Caucase, l'UNIFEM coordonne un projet qui fait avancer la paix entre l'Arménie, l'Azerbaïdjan et la Georgie. Eliminer les violences faites aux femmes et aux fillettes est l'une des priorités de l'UNIFEM. La traite des femmes et des filles ainsi que les crimes d'honneur dont elles sont victimes sont deux domaines dans lesquels intervient le Fonds d'affectation spéciale de l'UNIFEM. La gravité de la pandémie du VIH/sida mobilise un certain nombre de programmes de l'UNIFEM, a-t-elle ajouté.
Mme ADRIANA PULPO (Venezuela, s'exprimant au nom du Groupe des 77 et la Chine) a estimé que l'éradication de la pauvreté restait le plus grand défi à relever si l'on voulait réellement améliorer la condition de la femme. Compte tenu de la féminisation de la pauvreté, la promotion de la femme est un élément essentiel de toute stratégie d'éradication de la pauvreté. Il importe donc de modifier la nature des relations entre hommes et femmes au sein des sociétés de façon à ce que les femmes deviennent enfin des sujets à part entière, en charge de leur propre développement. Elle s'est félicitée du fait que cette nécessité ait été reconnue par la Conférence sur le financement du développement et la deuxième Assemblée mondiale sur le vieillissement. Il n’empêche que la mobilisation des ressources financières et humaines reste décisive pour le suivi des grandes conférences, a-t-elle ajouté, précisant qu'il fallait pour ce faire que les donateurs honorent leurs engagements de consacrer 0,7% de leur PNB à l'aide publique au développement.
Rappelant que le Groupe des 77 et la Chine a consenti des efforts considérables pour assurer la survie de l'INSTRAW, elle a attiré l'attention sur les recommandations proposées par le Groupe de travail chargé d'examiner cette question et a indiqué que son Groupe présenterait un projet de résolution dans ce sens. Elle a exprimé l'espoir qu'il sera adopté par consensus. Elle a appelé les Etats à collaborer pour trouver une solution viable et acceptable par tous en vue d'assurer l'avenir de l'INSTRAW, car il serait ironique de fermer cet Institut à l'heure où la promotion de la femme s'inscrit parmi les priorités de l'organisation.
M. PEDRO PADILLA TONOS (République dominicaine) s'est associé à la déclaration du Groupe des 77 et la Chine et a consacré l'essentiel de son intervention à l'INSTRAW, dont le siège est en République dominicaine. Le Groupe de travail a réalisé un travail honorable, a-t-il déclaré avant de faire sienne la conclusion selon laquelle l'INSTRAW peut apporter une contribution significative aux actions que le système des Nations Unies mène en faveur des femmes. Il a estimé que la fermeture d'un Institut des Nations Unies basé dans un pays en développement et, qui plus est, d'un Institut qui travaille sur la parité entre les sexes, serait malvenue. La délégation dominicaine demande instamment à tous les Etats Membres d’appuyer le projet de résolution sur l'INSTRAW qui sera présenté par le Groupe des 77 et la Chine, a conclu le représentant.
M. KIM CHANG GUK (République populaire démocratique de Corée) s'est déclaré convaincu que le respect des droits humains fondamentaux dépend de la protection et de la promotion des droits de la femme. Il a dénoncé les violations des droits des femmes qui sont perpétrées dans le monde entier, qu'il s'agisse d'esclavage sexuel, de violence rampante à l'égard des femmes, de conditions socioéconomiques iniques, du VIH/sida, ou de la traite des femmes et des enfants. Dans la mesure où les femmes représentent la moitié de la population mondiale, il apparaît donc évident que la solution aux conflits dépend aussi de leur participation au processus de paix et de reconstruction. Dans cette perspective, il importe d'assurer un accès égal à l'éducation et aux ressources. Les pays développés devraient s'abstenir d’assortir leur aide de conditionnalités. Pour sa part, la RPDC s’est dotée d'une législation sur l'égalité entre les sexes. Les femmes bénéficient d'une éducation gratuite et de soins de santé gratuits, ainsi que d'aménagement du temps de travail en accord avec leur rôle de femme.
M. ISAAC LAMBA (Malawi) a déclaré au nom de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) que la promotion de la femme figurait toujours au nombre des priorités de la SADC et que l'un des engagements des gouvernements de la région est de réserver 30% des postes de travail aux femmes. Toutefois, a ajouté le représentant, une grande majorité de la population vit encore dans la plus extrême pauvreté. La plupart des pays de la SADC ont ratifié la Convention pour l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'encontre des femmes, mais voilà encore un domaine qui demande un soutien financier de la communauté internationale, a-t-il ajouté.
Les rapports remis au CEDAW par les Etats Membres détaillent l'évolution du nombre de femmes dans les postes décisionnels ainsi que celui des programmes qui s'adressent aux femmes. Le représentant estime que l'UNIFEM pourrait aider les Etats membres de la SADC à réaliser les objectifs de la plate-forme de Beijing. Il a déploré que la pandémie du VIH/sida ait amené les gouvernements à détourner des ressources de la promotion des femmes pour venir en aide aux familles les plus touchées. Pour conclure, le représentant a appuyé les conclusions du rapport sur l'INSTRAW.
Mme ALMALKI (Qatar)s'est félicitée de l'inclusion de dispositions relatives à la promotion de la femme dans les conclusions adoptées par les grandes conférences des Nations Unies depuis le Sommet du Millénaire. Elle a présenté la stratégie nationale du Qatar élaborée avec l'assistance de l'UNIFEM en vue d'intégrer les femmes qatariennes à tous les niveaux de la société et des processus de prise de décisions. Ainsi, le Conseil pour la promotion de la femme a mené de nombreuses opérations de sensibilisation pour stimuler la participation des femmes à la vie politique. En outre, une nouvelle législation garantit l'égalité des hommes et des femmes dans le travail. Il existe également une nouvelle législation relative à la famille. La représentante a également rendu compte des travaux d'une association de femmes qui s'emploie à intégrer les femmes au développement durable. Elle a annoncé que son pays accueillera en décembre prochain la Journée arabe de la famille. Elle a condamné avec vigueur la traite des femmes qui porte préjudice à leur dignité. Elle a dit sa grande préoccupation devant la situation des femmes dans les territoires arabes occupés et a appelé la communauté internationale à se garder de toute sélectivité et à veiller à mettre fin à ces violations.
M. ABDULMALIK AL-ERYANI (Yémen) a rendu compte des actions menées en faveur de la promotion de la femme, à commencer par la modification de la Constitution de façon à proclamer clairement l'égalité entre les sexes. Il a décrit les mesures visant à renforcer l'accès des femmes aux activités génératrices de revenus, à l'éducation et au processus de prise de décisions. Après avoir relevé que les us et coutumes sont en grande partie responsables de l’absence de progrès rapides, le représentant a parlé de la création de diverses institutions chargées de la promotion de la femme depuis 1990. Il a déclaré que les femmes yéménites représentent 23% du personnel des administrations publiques et que de nombreuses femmes occupent des fonctions élevées dans la magistrature et la police. Le représentant s'est également déclaré préoccupé par la situation des femmes dans les territoires arabes occupés.
M. ROBERT LAU HOI CHEW (Malaisie) s'est associé à la déclaration du Groupe des 77 et la Chine et a déploré que les femmes et les filles continuent de souffrir de préjugés et forment la grande majorité des êtres humains les plus pauvres et les plus défavorisés de la planète. La Malaisie, a-t-il ajouté, applique un programme en faveur des femmes depuis près de neuf ans et l'expérience prouve qu'elles ont un rôle actif dans le développement. Le représentant a souhaité une meilleure participation des femmes au processus de prise de décisions. Il espère que les nouvelles technologies de l'information ne laisseront pas sur le bord du chemin les femmes. Au sujet des violences dont sont victimes les femmes, le représentant s'est déclaré préoccupé par le trafic d'êtres humains et notamment de femmes et de fillettes et appelle à une meilleure coordination internationale contre ce «nouvel esclavage».
Mme FELICITE NZE NGOUKOU (République du Congo) a expliqué que la nouvelle constitution congolaise, promulguée en octobre 2001 interdisait toute discrimination fondée sur le sexe. En outre, la loi garantit l'égalité entre les sexes. Toutefois, les femmes dans les zones rurales continuent d'être victimes de discriminations systématiques. Ainsi, les filles ne représentent que 42% des effectifs de l'enseignement secondaire. En outre, on observe que le taux de mortalité maternelle a augmenté depuis 1990 et que seuls 2% des femmes ont accès à la contraception. On remarque également que les femmes sont principalement représentées dans l'agriculture, mais absentes du secteur tertiaire. La représentante a dénoncé également la discrimination à l'égard des femmes dans l'emploi et restent confinées au petit commerce informel et à la domesticité. Dans la mesure où le nombre de foyers dirigés par des femmes ne cesse d'augmenter, de nombreuses femmes, chefs de famille, se voient contraintes de se livrer à la prostitution pour ne pas voir leurs enfants grandir dans la pauvreté. Elle a déploré le peu d'intérêt que recevaient ces questions dans son pays et a regretté que les femmes congolaises ne s'engagent pas plus fortement sur ces questions.
La représentante a expliqué que les deux guerres civiles qui avaient frappé le pays en 1993 et 1997 avaient considérablement aggravé la situation des femmes. Elle a salué le courage des quelque 2 000 femmes qui ont témoigné contre le recours extensif des viols pendant ces conflits. Elle a attiré l'attention sur les séquelles de ces violences et sur la situation des nombreux enfants nés à de ces viols, précisant que des études étaient en cours pour évaluer l'étendue de ce phénomène dans les zones rurales.
M. SAMIR ZEIDAN (Liban) a rendu hommage aux femmes libanaises qui s'affirment de plus en plus dans tous les domaines. Il s'est réjoui du fait que la scolarisation des filles n'a cessé de croître au cours du dernier quart de siècle. Il a observé que la proportion de filles dépassait maintenant celle des garçons dans le secondaire. Par ailleurs, ce sont les femmes libanaises qui ont permis la préservation de la structure sociale du pays au cours des années de guerre. Il s'est félicité aussi de l'augmentation de la proportion de femmes dans le corps diplomatique et dans la magistrature. Toutefois, il a regretté qu'un nombre trop peu élevé de femmes accèdent aux postes à responsabilité. Si la législation libanaise garantit l'égalité des hommes et des femmes, le représentant a observé que les femmes rurales étaient mal informées de leurs droits. Ainsi, les inégalités persistent en matière de crédit et de succession, en dépit des modifications apportées à la législation.
Le représentant a ensuite attiré l'attention sur les spécificités de l'expérience de la femme palestinienne et de sa résistance à l'agression israélienne. Ne pouvant éviter les feux de l'armée israélienne, elles ont choisi de rester chez elles en abandonnant leur travail. Ainsi la responsabilité de la femme palestinienne s'est limitée à son rôle de femme au foyer et à la garde des enfants, privés de scolarité du fait des bombardements. Aucun déplacement n'est plus possible sans être terrorisé. Le simple fait d'aller faire les courses est devenu chose à éviter, a-t-il regretté. Il a souligné le rôle important des femmes palestiniennes pour la paix, notamment Leïla Khaled et Hana Ashraoui. Ces femmes qui oeuvrent en faveur de la paix sont de plus en plus nombreuses dans le monde. Leurs actions maintiennent l'espoir des Palestiniens d'obtenir la paix dont ils rêvent depuis si longtemps.
M. MOHAMMAD YUNUS BAZEL (Afghanistan) a déclaré qu'en un an, une nouvelle ère s'était ouverte pour les femmes afghanes. Avec la chute du régime des Taliban, les femmes ont retrouvé leur place dans la société. Elles qui avaient été exclues de l'éducation, du marché de l'emploi et des soins médicaux sont aujourd’hui étroitement associées au processus de paix. L'Accord interafghan de Bonn contient des dispositions très claires concernant les droits des femmes et leur participation à la vie politique et sociale du pays. Aujourd'hui, deux femmes ont le rang de ministres dans le Gouvernement, respectivement en charge des questions de la femme et de la santé publique. «Des milliers de femmes afghanes ont regagné leur travail dans la vie publique en tant que fonctionnaires, institutrices, juges et juristes», a-t-il déclaré. Le programme de rentrée scolaire lancé en mars 2002 a permis le retour de plus de 3 millions d'enfants dont des fillettes dans les établissements scolaires du pays. 65% des enseignants à Kaboul sont des femmes, et elles représentent 45% des étudiants dans la capitale.
Ces bons résultats ne sauraient faire oublier que 85% de la population afghane habite dans les zones rurales où leurs conditions de vie sont plus difficiles, a ajouté le représentant. D'après l'UNICEF, 96% des femmes afghanes sont illettrées, et leur taux de mortalité à la naissance de leurs enfants est parmi les plus élevés du monde. Il reste encore beaucoup à faire, a reconnu le représentant. Le renforcement de la sécurité économique des femmes, leur participation à la vie économique et politique et la promotion de leurs droits dépendent largement de la communauté internationale, a conclu le représentant.
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