LES LIENS ETROITS ENTRE LE TRAFIC ILLICITE DE DROGUES, LA CRIMINALITE TRANSFRONTIERE ORGANISEE ET LE TERRORISME MIS EN EVIDENCE EN TROISIEME COMMISSION
Communiqué de presse AG/SHC/575 |
Troisième Commission AG/SHC/575
4e séance – matin 1er octobre 2002
LES LIENS ETROITS ENTRE LE TRAFIC ILLICITE DE DROGUES, LA CRIMINALITE TRANSFRONTIERE ORGANISEE ET LE TERRORISME MIS EN EVIDENCE EN TROISIEME COMMISSION
Le lien entre la criminalité, le terrorisme et le trafic de drogues n'a cessé d'être rappelé au cours des débats de ce jour à la Troisième Commission. Le caractère transnational de ces fléaux a été souligné par l'ensemble des intervenants qui, sans dégager les gouvernements de leurs responsabilités, ont appelé à davantage de coopération internationale et à une forte implication du système des Nations Unies. Ainsi le représentant de la Gambie a plaidé pour un renforcement de l’Institut africain des Nations Unies pour la prévention du crime et le traitement des délinquants en soulignant son rôle vital pour les pays africains. L’Algérie a, pour sa part, exprimé son appui à l'élargissement des mandats du Centre de prévention de la criminalité internationale et a réclamé un budget à la hauteur de sa mission.
Les représentants des pays producteurs de drogues ont présenté les politiques mises en place par leurs gouvernements pour lutter contre les narcotrafiquants. Ainsi le représentant du Myanmar a expliqué que la production de drogues avait diminué de 70% en trois ans, grâce à un programme de substitution de culture et une action plus efficace de la police. Le Viet Nam est parvenu à réduire de 90% la production de pavot et de marijuana et s'attache autant à éradiquer la production qu'à réprimer le trafic et traiter les toxicomanes. L'Afghanistan a rappelé l'engagement du Gouvernement transitoire dans la lutte contre la drogue et a indiqué que deux décrets avaient déjà été adoptés en 2002 pour éradiquer la culture du pavot et interdire l'exportation d'opium. Mais il a imputé au manque de ressources le peu de succès que rencontre la bonne volonté de son gouvernement.
Les pays concernés par le trafic de drogues, comme la Turquie et le Kazakhstan, au nom de la Communauté des Etats indépendants, ont souligné la nécessité de prendre des mesures au niveau international pour lutter contre le trafic de stupéfiants. Ils ont attiré l’attention sur le lien entre les revenus de ce trafic et le terrorisme et ont estimé que pour assurer la sécurité mondiale il faudrait au préalable tarir les ressources des réseaux terroristes ce qui revient à mettre fin au blanchiment de l'argent de la drogue. L'action des Nations Unies à cet égard a été soulignée. Plusieurs délégations ont appuyé les travaux du Comité chargé de l'élaboration d'une convention contre la corruption qui devrait achever ses travaux d'ici à la fin de 2003. L'Argentine a rappelé combien la corruption grève les chances de développement, déstabilise la démocratie et discrédite la classe politique. La République de Corée a indiqué pour sa part qu'elle accueillerait à Séoul en mai 2003 la onzième réunion de ce Comité. Quant au Népal, il a estimé que la future convention devrait prévoir des mesures visant à la restitution et au rapatriement des fonds illicites provenant de la corruption.
Outre les délégations déjà citées, les représentants des pays suivants ont aussi pris la parole: Bélarus, Inde, Algérie, Pakistan, Malaisie, Israël, Turquie, Saint-Marin, Argentine, Nigéria, Iraq et Jamahiriya arabe libyenne.
La Troisième Commission poursuivra l'examen de ces points le mercredi 2 octobre à partir de 10 heures.
PRÉVENTION DU CRIME ET JUSTICE PÉNALE ET CONTRÔLE INTERNATIONAL DES DROGUES
Débat général
U KYAW TINT SWE (Myanmar) a rappelé les efforts incessants de la communauté internationale pour combattre le fléau de la drogue. L'apparition de nouvelles formes de stupéfiants, comme les amphétamines, complique encore la tâche des autorités nationales et internationales. Le combat contre la drogue, a-t-il poursuivi, doit tenir compte de toutes les facettes du trafic. Malgré ses ressources limitées, le Myanmar a fait du combat contre la drogue l'une de ses priorités. En trois années, la production de drogues a diminué de 70%. En juin, un programme d'échange de semences a été mis en place. Les paysans ont remis 290 tonnes de graines de pavot qui, si elles avaient été plantées, auraient donné 55 tonnes d'héroïne pure d'une valeur marchande de 2,2 milliards de dollars auraient été mises en circulation. Parallèlement à ce programme, les autorités ont effectué d'importantes saisies de drogues illicites et des tonnes de drogues de douze types différents ont été brûlées sur la place publique. Le Myanmar a aussi adopté une loi contre le blanchiment d'argent.
Le PNUCID a reconnu les efforts du gouvernement et la diminution des superficies cultivées en pavot. Une étude dans la province de Shan a montré que le revenu des ménages qui cultivent le pavot à opium serait de l'ordre de 500 dollars par an. Ce sont les narcotrafiquants qui deviennent riches, pas les paysans. De même, l'addiction à l'opium est particulièrement forte chez les 60-64 ans, qui n'ont pas les moyens d'acheter des médicaments. La reconnaissance, par la communauté internationale, des efforts du Myanmar dans la lutte contre la drogue serait un signe d'encouragement pour son gouvernement, a conclu le représentant.
Mme MADINA JARBUSSYNOVA (Kazakhstan, au nom de la Communauté des Etats indépendants) a estimé qu'il importait de prendre au niveau international des mesures dissuasives contre le trafic de stupéfiants qui posent de graves défis à la santé mondiale et sert à financer le terrorisme international. Elle a fait part de l'appui des pays de la CEI à une stratégie mondiale à mettre en oeuvre sous l'égide de l'ONU. Pour sa part, la communauté des Etats indépendants est déterminée à prendre toutes les mesures tant financières que juridiques destinées à lutter contre ce trafic, a-t-elle déclaré. Ainsi, un programme spécifique à la CEI devrait être exécuté d'ici à 2005. Dans ce contexte, la communauté régionale se réunit annuellement pour coordonner son action et échanger des informations. Cette coopération permet de faire des prévisions d'ensemble et de s'attaquer conjointement à la mafia qui profite de ce commerce illicite, a-t-elle précisé. La représentante a exprimé les graves préoccupations de la CEI face à la situation qui prévaut en Afghanistan, le trafic venant de ce pays n'ayant en rien diminué et continuant de s'élever à quelque 300 tonnes par an. La représentante a appelé de ses vœux toutes mesures qui seraient prises par l'ONU en vue de circonvenir le trafic d'opiacés en provenance de ce pays.
M. ALEG IVANOU (Bélarus), au nom des pays de la Communauté des Etats indépendants (CEI), a estimé que les atteintes à la sécurité mettaient en cause le développement social. Les programmes des Nations Unies sont donc les bienvenus, et toutes les actions qui pourront prévenir la criminalité doivent être soutenues par la communauté internationale. Il faut renforcer les dispositions légales en vigueur dans les différents pays, a déclaré le représentant. Les pays de la CEI saluent les efforts des Nations Unies pour promouvoir la Convention contre la corruption. Il faut aussi réduire la marge de manœuvre des pays qui soutiennent la criminalité.
Les pays de la CEI ont fait de la lutte contre le terrorisme une de leurs préoccupations majeures. Ces pays sont en train de rédiger un rapport qui recensera tous les actes criminels commis dans tous les pays de la CEI. Ce rapport fournira une base de travail solide pour lutter contre la criminalité et améliorer la coopération, en particulier judiciaire. Contre les activités terroristes, le Centre antiterroriste de la communauté a pris des mesures préventives en septembre dernier. Un système d'alerte précoce devrait être mis en place prochainement entre les pays de la CEI. Des structures inter-parlementaires ont été créées, et intégreront des pays de l'Union européenne.
Mme PHAM THI KIM ANH (Viet Nam) a souligné le lien étroit entre le terrorisme et la criminalité organisée. Elle a insisté sur le fait que la lutte contre le terrorisme doit s'appuyer sur la répression de la criminalité transnationale et du trafic de drogues. La représentante a rappelé que la drogue compromet le développement durable et le fondement des sociétés. Dans la mesure où la lutte contre la drogue est un travail de longue haleine qui présente de multiples facettes, il importe de privilégier la coopération tant bilatérale que multilatérale. La représentante s'est félicitée de la coopération qui s'est instaurée entre les pays de l'ANASE et a déclaré que leur objectif était de libérer la région de la drogue d'ici à 2015. Donnant les détails de la législation de son pays en la matière, elle a expliqué que son gouvernement s'attaquait aussi bien à l'éradication de la production, qu'à la répression du trafic et au traitement des toxicomanes. Ainsi le Viet Nam est parvenu à réduire la production de pavot et de marijuana de 90%. La représentante s'est félicitée de l’aide fournie par les organismes des Nations Unies, notamment par l'établissement de principes directeurs, la coopération technique et l'appui aux cultures de substitution.
Mme MUKTA D. TOMAR (Inde) a déclaré que l'Inde était en première ligne dans la lutte contre le terrorisme et se réjouissait que le terrorisme soit considéré comme un crime grave. Le renforcement de la branche antiterroriste à Vienne a été souhaité. En revanche, la représentante a estimé que les finances du Centre n'étaient pas à la hauteur des tâches demandées. Au sujet de la corruption, elle a demandé que la Convention contre la corruption soit «musclée». Concernant la drogue, la représentante s'est inquiétée du nombre de consommateurs qui, loin de décroître, ne cesse d’augmenter. De même, si les drogues traditionnelles tendent à disparaître, l'apparition de nouveaux types de drogues comme les amphétamines, doit susciter la mobilisation sans faille de la communauté internationale. La représentante a estimé que la lutte contre le terrorisme et contre le trafic illicite de stupéfiants devraient être les deux actions prioritaires de la communauté internationale.
M. ABDELOUAHAB OSMANE (Algérie) a rendu hommage à l'action menée par le Centre de prévention de la criminalité internationale en faveur du processus de ratification de la Convention contre la criminalité transnationale et a indiqué que son pays s'apprêtait à accueillir les 29 et 30 octobre 2002 une conférence ministérielle régionale en vue de promouvoir, en Afrique, cette convention et ses protocoles additionnels. Le représentant a exprimé son appui au renforcement du service de prévention de terrorisme établi auprès du Centre pour la prévention du crime et a souscrit aux recommandations visant à l'élargissement des mandats du Centre dans ce domaine ainsi qu'à l'allocation de ressources suffisantes. Il a regretté que le rapport du Secrétaire général sur le renforcement de la branche anti-terrorisme n'ait pas été transmis à la Cinquième Commission et a formé le vœu de voir l'Assemblée générale, au cours de sa 57e session, donner une suite favorable et immédiate aux recommandations du Secrétaire général sur ce point.
Le représentant a expliqué que la détérioration de la situation économique et les conflits en Afrique avaient grandement contribué au développement des activités illicites et spéculatives en tout genre. Dans ce contexte, a-t-il poursuivi, les États africains ont adopté en février 2000, à Alger, un plan africain s'étalant sur cinq ans qui mérite l'appui du système des Nations Unies et en particulier du PNUCID, a-t-il estimé. Il a ensuite détaillé les mesures prises par son gouvernement allant dans le sens de la réduction de la demande, de l'offre et du trafic de drogues.
M. ISHTIAQ HUSSAIN ANDRABI (Pakistan) a estimé que la prévention de la criminalité demande encore des efforts de la part de la communauté internationale. Les crimes remettent en cause le tissu social d'une société et menacent la sécurité internationale. Le terrorisme a donné une nouvelle dimension à la criminalité organisée. En tant que victime du terrorisme, le Pakistan ne peut qu'être extrêmement préoccupé. Contraire à l'Islam et à toutes les religions de paix, le terrorisme doit être éradiqué. Dans les pays en développement, il faut s'attaquer à ses causes et lutter contre les inégalités. Les pays industrialisés doivent aider au développement. Il ne faudrait pas donner à la lutte contre le terrorisme une dimension politique car ce serait contre-productif. Les transferts de fonds de la corruption sont un vrai problème. Il est rassurant de voir que les textes des Nations Unies s'attaquent au secret bancaire et prévoient le retour des fonds dans leurs pays d'origine.
La toxicomanie pose le problème de l'offre mais aussi de la demande de drogues. Il faut continuer d'aider les pays producteurs en limitant la production, mais il faut aussi s'intéresser au problème des toxicomanes dans ces pays. L'apathie des pays donateurs pour cette question est inquiétante. Le Pakistan a modifié sa législation et toutes les activités économiques liées à la drogue ont été criminalisées. La possession de drogues est condamnée. Le Pakistan n'a plus de culture de pavot et a, au sein de son Gouvernement, un ministère en charge de la drogue. Le Gouvernement souhaite encore augmenter ses moyens. En 2000, 9,5 tonnes d'héroïne ont été saisies. Un programme d'aide aux toxicomanes existe, mais ses effets sont encore limités et le Pakistan souhaite obtenir une aide de la communauté internationale.
Mme LIM BEE KAU (Malaisie) a exprimé des craintes devant la montée de la criminalité dans le monde et l'utilisation des nouvelles technologies à des fins criminelles. Face à une telle évolution, elle a estimé qu'il était fondamental de promouvoir une coopération renforcée qui recouvrirait également le transfert de technologies afin de permettre aux États de se protéger des crimes informatiques. Elle a ensuite attiré l'attention sur l'importance de la Convention contre la criminalité transnationale organisée, précisant que son pays l'avait signée et envisageait de la ratifier rapidement.
Abordant la question du terrorisme, la représentante a insisté sur le fait que les efforts de lutte contre ce fléau resteraient vains si l'on ne s'attaquait pas à ses causes, notamment l'occupation étrangère, l'injustice, l'exclusion et la pauvreté. A son avis, les Nations Unies constituent le meilleur cadre pour mener ce combat. Aussi a-t-elle réitéré l'appel de son pays en faveur de la convocation rapide d'une conférence internationale sous les auspices de l'ONU sur cette question. Elle a ensuite rendu compte de la réunion ministérielle des États de l'ANASE en mai 2002, dans le cadre du Plan régional de lutte contre la criminalité transnationale. La représentante a par ailleurs indiqué que son pays continuerait à participer activement aux délibérations en vue d'élaborer une convention contre la corruption d'ici à la fin de l'année 2003. Elle a remercié le Gouvernement du Mexique pour son offre généreuse d'accueillir la conférence de haut niveau en vue de la signature de cette future convention.
M. GARY KOREN (Israël) a déclaré qu'Israël soutient les efforts du PNUCID dans la lutte contre la criminalité. Israël se félicite des efforts des Nations Unies visant l'adoption d'une Convention contre la corruption et fera tous les efforts nécessaires pour mettre en conformité sa législation. Israël a déjà créé un organisme chargé de la lutte contre le blanchiment d'argent et ses effets se sont déjà fait sentir. En ce qui concerne la drogue, Israël soutient la lutte de la communauté internationale. L'administration israélienne contribue déjà à la lutte contre le trafic de drogues et la toxicomanie. Seule une importante coopération internationale permettra de lutter contre ce fléau. Israël est prêt à partager toutes ses informations avec les pays qui le souhaitent et organise aussi des séminaires de formation pour ceux qui le demandent. Israël regrette l’absence de coopération dans sa propre région du Moyen-Orient et est particulièrement préoccupé par le développement des cultures de cannabis et de pavot au Liban. En ce moment même, c'est la fin de la récolte du cannabis et le début des semences de pavot au Liban. Il n'est pas nécessaire d'expliquer le lien entre le trafic de drogues et le terrorisme au Moyen-Orient. Le Hezbollah est financé par le trafic de drogues, comme l’ont démontré les opérations de police israélienne.
Mme SUSHILA KARKI (Népal) s'est félicitée de la campagne de ratification de la Convention contre la criminalité transnationale organisée et ses protocoles, et de la création d'un Fonds pour la prévention du crime et la justice pénale. Elle a exhorté la communauté internationale à lui allouer les ressources nécessaires de façon à lui permettre d'apporter une assistance technique suffisante aux pays en développement en vue de renforcer leurs capacités de mettre en oeuvre ces instruments internationaux. Elle a ensuite appuyé le choix du thème de la lutte contre le trafic d'êtres humains pour la douzième session de la Commission de la prévention du crime et la justice pénale et a recommandé que la Commission adopte une perspective sexospécifique et prenne en considération les souffrances des groupes les plus vulnérables que sont les femmes et les enfants.
La représentante s’est félicitée du fait que le 11e Congrès des Nations Unies sur la prévention du crime aura pour thème la création d'alliances stratégiques en vue de lutter et a remercié le Gouvernement de la Thaïlande de son offre d'accueillir le Congrès en 2005. S'agissant de la lutte contre la corruption, la représentante s'est félicitée des efforts du Comité chargé de son élaboration et a exprimé l’espoir qu'il pourrait achever ses travaux d'ici à la fin de 2003. Quant aux transferts de fonds illicites provenant de la corruption, elle a insisté pour que la convention envisage des mesures en vue de la restitution de ces fonds. Elle a ensuite estimé que la communauté internationale devrait appuyer les efforts des Etats en vue de renforcer leur capacité institutionnelle en vue de prévenir la corruption et de lutter contre le blanchiment et le transfert des fonds qui en sont issus.
M. HAKAN TEKIN (Turquie) a déclaré que la Turquie occupait une position charnière entre l'Est et l'Ouest et était donc confrontée au trafic de drogues et à la criminalité. Mais, les efforts de la Turquie seule ne sont pas suffisants pour en venir à bout. La Turquie est partie prenante à toute action internationale contre ces fléaux. Le lien entre le trafic de drogues et le terrorisme est de plus en plus étroit et les Etats Membres devraient envisager le renforcement du CICP. La nature polyvalente du problème de la drogue implique une approche globale. La coordination et la coopération entre autorités policières sont l’un des moyens les plus efficaces pour remporter des victoires sur ce front. La Turquie coopère depuis longtemps avec le PNUCID. Des études épidémiologiques sur la consommation de drogues permettent d'asseoir les politiques de lutte contre la toxicomanie sur une base solide. Pour sa part, la Turquie a adopté une nouvelle législation condamnant le blanchiment d'argent. Mais les trafiquants et les criminels utilisent les avancées technologiques et la communauté internationale devraient se pencher sur la cybercriminalité. Le caractère transnational de tous ces crimes implique une forte coopération internationale.
M. YUNUS BAZEL (Afghanistan) a rappelé que les deux décrets présidentiels adoptés en février et en avril 2002, concernant l'éradication de la culture du pavot et l'interdiction de l'exportation de l'opium, témoignaient de l'engagement de son pays dans la lutte contre la drogue. Il a rappelé que les forces de police et de sécurité oeuvraient activement dans ce sens et, comme l'a signalé le Secrétaire général dans son rapport du 11 juillet 2002, le Gouvernement afghan a détruit l'équivalent de 8 milliards de dollars de pavot, au prix de sa revente dans les rues. Le représentant a attiré l'attention sur le manque de ressources du gouvernement dont la politique ne pourrait être couronnée de succès que s’il y a une volonté et un engagement fermes de la communauté internationale à l’aider. En effet, il importe de proposer des solutions économiques durables aux communautés rurales pour qu'elles n'aient plus recours à la culture du pavot. Une telle stratégie doit s'appuyer sur un déminage efficace ainsi que la réhabilitation des systèmes d'irrigation et des infrastructures rurales. Il convient aussi de veiller au renforcement des institutions afin d'assurer la primauté du droit, a-t-il poursuivi. Seule une stratégie multiforme, comprenant des campagnes d'information et une politique de réhabilitation des toxicomanes, et appuyée par la communauté internationale, permettra à l'Afghanistan de venir à bout de ce fléau, a-t-il déclaré.
M. LAMIN FAATI (Gambie) a déclaré que la Gambie considérait la prévention de la criminalité, la justice pénale et la lutte contre le trafic de drogues comme des phénomènes interdépendants. Il a exprimé l’espoir que tous les organes des Nations Unies en charge de ces questions feront preuve d’une réelle volonté de coopération. La Gambie est préoccupée par le trafic de cannabis. Même si certains réseaux de trafiquants ont été démantelés, même si des saisies de drogues ont été opérées, une coopération régionale s'impose pour venir à bout du trafic. Les récentes études sur la consommation de cannabis montrent que le nombre d'usagers augmente et cela est préoccupant. Le Gouvernement de la Gambie a mis en place, avec l'aide du Gouvernement britannique, un nouveau programme qui cherche à réinsérer les jeunes délinquants. La situation financière de l'Institut africain des Nations Unies pour la prévention du crime et le traitement des délinquants est un sujet de préoccupation. Le rôle vital de cet institut doit être souligné, a-t-il déclaré avant de lancer un appel pour une aide accrue de la communauté internationale à cet institut.
Mme SOO-HYUN KIM (République de Corée) a attiré l'attention sur le trafic d'êtres humains qui est en augmentation constante. Face à cette évolution préoccupante, elle a estimé qu'il importait de prendre des mesures nationales, régionales et internationales pour prévenir et réprimer ces flux illégaux et protéger ceux qui en sont victimes. Elle a expliqué que la Corée avait alloué des ressources dans ce sens et encouragé la participation de la société civile pour prévenir ce fléau au niveau national.
Elle s'est félicitée du fait que la communauté internationale ait décidé de se doter d'une convention contre la corruption qui constituera un autre pilier de la lutte contre la criminalité transnationale organisée. Elle a exprimé l'espoir que le Comité chargé de son élaboration parviendra à achever ses travaux d'ici à la fin de 2003. Pour sa part, le Gouvernement de la République de Corée a inscrit la lutte contre la corruption au rang de ses priorités. En effet, les administrations locales ont un rôle important à jouer dans la construction d'un environnement sain. La République de Corée accueillera en mai 2003 la réunion du Comité spécial sur la corruption et compte sur la participation du plus grand nombre d'Etats possible dans le but de relancer la lutte contre la corruption et les crimes qui s'y rattachent. Face aux formes multiples prises par la criminalité et l'accroissement du trafic de drogues, la représentante a, de nouveau, insisté sur la nécessité de renforcer la coopération internationale et de mener des actions concertées.
Mme ELENA MOLARONI (Saint-Marin) a déclaré qu'après les attentats du 11 septembre 2001, une nouvelle approche s’impose dans la lutte contre la criminalité et le trafic de drogues. Saint-Marin appuie la rédaction d'une Convention contre la corruption et appelle tous les pays qui ne l'ont pas encore fait à ratifier les conventions relatives à la lutte contre le terrorisme. Saint-Marin, a-t-il indiqué, a élaboré de nouvelles lois pour lutter contre le terrorisme, même s'il est conscient que la seule réponse au terrorisme est la démocratie. Le fléau de la toxicomanie concerne l'ensemble de la communauté internationale et particulièrement les jeunes. Ces derniers sont même concernés de plus en plus jeunes, ce qui ne peut qu'inquiéter les gouvernements. Parallèlement, les problèmes d'alcoolisme sont nombreux. Un récent sondage parmi les jeunes de Saint-Marin indique qu'ils considèrent la toxicomanie comme un problème urgent. La législation à Saint-Marin est sévère car l'usager de drogues est condamné même s'il n'est en possession que de faibles quantités. Les cultures de substitution sont une solution pour lutter contre la production de drogues.
M. LUIS E. CAPPAGLI (Argentine) a dénoncé la corruption grevant les ressources qui devraient être consacrées au développement et à la protection sociale. La corruption jette également le discrédit sur la classe politique et déstabilise les démocraties, a-t-il déclaré. Il importe donc de s'attaquer à tous les aspects de ce phénomène, de condamner aussi bien le corrupteur que le corrompu, et ceux qui perçoivent des bénéfices sur le blanchiment de l'argent de la corruption. A cet égard, il est indispensable pour les pays en développement que la prochaine convention contre la corruption prévoie des mécanismes de restitution des fonds provenant de la corruption et des mesures permettant de sanctionner l'enrichissement illicite des fonctionnaires publics. L'Argentine continuera à participer activement aux négociations sur ce nouvel instrument, a-t-il indiqué avant de remercier le Mexique qui s'est proposé d'accueillir, en 2003, la conférence de signature de cette convention.
Le représentant a en outre insisté sur le rôle des Nations Unies qui doivent fournir une assistance technique aux Etats pour les aider à lutter contre la criminalité organisée. Il a appelé de ses vœux le renforcement du Programme des Nations Unies pour la prévention du crime et a salué les efforts du Secrétaire général visant à renforcer la branche terrorisme. Le représentant a rappelé dans ce contexte le lien indéniable qui existe entre le financement du terrorisme et la criminalité transnationale organisée.
M. LAFIAJI (Nigéria) a évoqué le trafic de drogues qui représente 8% du commerce mondial et le blanchiment d'argent qui atteint 5% du produit mondial brut. Il est évident, a-t-il ajouté, que ces revenus financent le terrorisme. Selon le représentant, l’Afrique connaît des conflits armés financés par les revenus des narcotrafiquants. Les attentats du 11 septembre 2001 ont sensibilisé et incité la communauté internationale à élaborer une convention contre la corruption. Les principes de bonne gouvernance et d'Etat de droit doivent être réaffirmés et la création de la Cour pénale internationale va dans ce sens. Pour les Etats africains, cette institution revêt une grande importance dans la mesure où ils ont ainsi l'assurance que les auteurs de crimes ne resteront plus impunis. Un bon nombre d'Etats ont déjà introduit les principes des Nations Unies dans leur législation. Le Nigéria pour sa part a saisi cette année plus de 200 tonnes de drogue et des trafiquants ont été arrêtés et traduits en justice.
L'Assemblée nationale examine en ce moment un projet de loi contre la criminalité organisée. Désormais, les banques devront identifier ceux qui se rendent coupables de blanchiment d'argent. C’est ainsi que vingt-deux établissements financiers ont été sanctionnés par la Banque centrale du Nigéria. Le transfert de fonds depuis les pays en développement vers les banques des pays industrialisés est un véritable crime contre le développement. Il faut à tout prix récupérer ces fonds transférés et les restituer aux pays auxquels ils reviennent légitimement.
M. SAID SHIHAB AHMAD (Iraq) a estimé que la communauté internationale doit se mobiliser pour lutter contre le trafic illicite de drogues et la toxicomanie. Il a rappelé que son pays était partie aux instruments internationaux s'y rapportant. Il a déclaré que la situation géographique de l'Iraq, qui se trouve entre pays producteurs et pays consommateurs, tend à en faire un pays de transit des stupéfiants et c’est pour cette raison qu’un comité national de lutte contre le trafic a été créé qui veille à ce que l'Iraq ne devienne pas un pays de transit. Il a également fait part des campagnes d'information menées dans son pays et a regretté qu'au nord du pays, notamment du fait des incursions étrangères, certains éléments se soient sentis encouragés à cultiver la coca. Le représentant a précisé que son gouvernement a informé les institutions internationales de cet état de fait et rend compte régulièrement des importantes saisies de cannabis qu'il a effectuées. Toutefois, force est de reconnaître que les sanctions imposées à l'Iraq grèvent l'action du gouvernement dans ce domaine et crée un environnement économique désastreux qui incite les ruraux à cultiver des substances illicites.
M. AHMED Y.Y. GZLLAL (Jamahiriya arabe libyenne) a salué l'assistance fournie par les Nations Unies aux pays en développement pour les aider à lutter contre le trafic de drogues. Il a rappelé les dangers de la toxicomanie pour les êtres humains et son rôle dans la pandémie du VIH/sida. L'abus de drogues, a-t-il déclaré, non seulement menace la dignité humaine mais il met également en danger la jeunesse. Ce fléau étant transfrontière, la communauté internationale se doit de se mobiliser aux niveaux national, régional et international. Le représentant a aussi fait état de son inquiétude face à l'usage des technologies les plus modernes par les trafiquants de drogues. La Jamahiriya arabe libyenne est un pays de transit pour les drogues et cette situation s'est aggravée avec l'ouverture des frontières commerciales. De nouvelles lois ont dû être adoptées pour lutter contre le trafic de drogues; elles prévoient des peines de prison et même la peine capitale. Malgré cette volonté évidente, les résultats ne sont pas encore suffisants et une coopération internationale s'impose.
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